17/05/2012
Les Gérard du cinéma 2012
Hier commençait le festival de Cannes, présidé par Nanni Moretti ♥♥.
En même temps que j’écris ceci, je regarde la cérémonie en parallèle sur Canal+, la commente sur Twitter et réponds à mes « follower » (mémé nulle en nouvelle technologie essaie de faire croire qu’elle est trop hype, mais ne trompe personne hein ?) Ah oui, et je mange aussi. Je fais 4 choses en même temps, ma concentration est donc au top.
Vous attendez la liste des films en compétition ? Mémé toujours en retard de deux trains vous la donnera dans six mois comme d’habitude, quand la cérémonie sera finie. Non, je préfère vous dévoiler le palmarès d’un évènement tout aussi glamour, sérieux et essentiel… Les Gérard du cinéma. Les intitulés ne jouent pas dans la finesse, ni dans le politiquement correct. Cette année ils sont moins drôles, moins humour potache et bon enfant, et certains sont vraiment limites, mais d’autres font sourire et jettent un (petit) pavé ou plutôt parpaing dans la mare.
Gérard de l'acteur qui ferait bien d'arrêter de se la jouer et d'apprendre à jouer tout court :
Tomer Sisley dans Largo Winch 2 de Jérôme Salle
Jean-Paul Rouve dans Low Cost de Maurice Barthélémy (ex Robin des bois)
Anna Mouglalis dans Chez Gino de Samuel Benchetrit
Eric Cantona dans De force de Franck Henry
Louis Garrel dans Les Bien-aimés de Christophe Honoré
Je suis d’accord avec cette sélection, sauf pour Jean-Paul Rouve qui me semble au contraire plutôt humble. Anna Mouglalis est très belle, mais sa voix éraillée et son attitude un peu snob me congèlent.
Gérard du film avec des malades, des handicapés, des béquilles, des brancards, des fauteuils roulants, de l'Actifed, du Voltarène, du Primpéran, des bilans sanguins, des feuilles de remboursement, des courbes de température et des plateaux repas avec de la macédoine tiède. Et un petit suisse.
La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, avec Jérémie Elkaïm
Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache, avec François Cluzet et Omar Sy
Lourdes de Jessica Hausner, avec Sylvie Testud
Je n'ai rien oublié de Bruno Chiche, avec Gérard Depardieu
Ma compagne de nuit d'Isabelle Brancard Brocard, avec Emmanuelle Béart
C’était à prévoir, mais pour une fois que le cinéma français parvient à sortir du mélo et faire rire d’un évènement tragique, il faut se réjouir.
Gérard du membre de duo qui l'a dans le cul :
Olivier Baroux, comparse de Kad Merad
Yvan Le Bolloch’, comparse de Bruno Solo dans Caméra café
Fred Testot, comparse d’omar Sy dans le S.A.V
Alexandra Lamy, compagne de Jean Dujardin
Kool Shen, comparse de Joey Starr dans le groupe N.T.M
Quel titre délicat. Fred Testot ne rencontre pas autant de succès avec ses films que son ami du S.AV. Son rôle dramatique dans Gardiens de l’ordre cassait son image de comique, mais le film n’était pas transcendant et est passé inaperçu. Testot apparaît dans trois films cette année, dont Le marsupilami, carton au box office. Dépressions et des potes et le dernier Sea no sex and sun sont mal notés par les critiques. Le césar ne reviendra pas tout de suite à Fred, mais il peut se consoler avec son parpaing.
Gérard du film tellement riche en sucre, en miel et en guimauve que si t'as le malheur d'avoir pris du pop-corn, t'es sûr de dégueuler dans le seau :
La Délicatesse de David Foenkinos, avec Audrey Tautou
Ma part du gâteau de Cédric Klapisch, avec Karine Viard
Le Fils à Jo de Philippe Guillard, avec Gérard Lanvin
Mon père est femme de ménage de Saphia Azzeddine, avec François Cluzet
Monsieur papa de et avec Kad Merad
Encore un intitulé raffiné. Je n’ai vu que Mon père est femme de ménage, effectivement assez gnangnan et plein de bons sentiments, et Ma part du gâteau, je me suis endormie devant. Si quelqu’un peut me raconter la fin, j’en étais au moment où ils arrivent à Londres puis me suis retrouvée subitement au générique…
Gérard du film qui n'existe pas. Encore.
Le Vélo rouillé des frères Dardenne, avec Emilie Dequesne et Olivier Gourmet
Pa ni pwoblem de Lucien Jean-Baptiste, avec Firmine Richard et Edouard Montoute
La Famille Rossignol de Christophe Baratier, avec Gérard Jugnot, Kad Mérad, Gérard Jugnot et Mathilde Seigner. Et Gérard Jugnot.
Bisexuality Tokyo 2 AM de Christophe Honoré, avec Louis Garrel et Chiara Mastroiani
Yakuza Furious Game d'Olivier Mégaton et Luc Besson, avec Jason Statham, Jet Li et Louise Bourgoin
Tous coupables de Mathieu Kassovitz, avec Mathieu Kassovitz
Moi de Frédéric Beigbeder, avec Gaspard Ulliel et Pauline Lefèvre
Mon Gérard préféré ! Les intitulés pour Christophe Honoré, Beigbeder et les frères Dardenne sont particulièrement bien pensés ! En revanche le deuxième est vraiment lourd. Kassovitz ne pouvait que gagner avec sa polémique sur les césars, comme je l’ai déjà mentionné ici « Une seule nomination aux César. J’enc.. le cinéma français. Allez vous faire bais... avec vos films de m.. » (J’ai censuré).
Gérard de l'ancien Robins des bois qui devrait arrêter, maintenant. Ou à la limite reformer les Robins des bois. Mais loin. A Sherwood, par exemple.
Jean-Paul Rouve dans Légitime défense de Pierre Lacan
Jean-Paul Rouve dans Low Cost de Maurice Barthélémy
Jean-Paul Rouve dans Les Tuche d'Olivier Barroux
Jean-Paul Rouve dans Poupoupidou de Gérarld Hustache-Mathieu
Le comique était un peu mon chouchou, à cause de sa dégaine de Gaston sans doute (je me retrouvais en lui). Il faisait un sosie parfait de Polnareff dans Podium, il était drôle dans les Robins…N'est-ce pas une erreur de se lancer dans les rôles dramatiques… Je l’ai vu dans Poupoupidou, j’ai apprécié le film et sa prestation ne m’a pas trop gênée. Mais Légitime défense… je sais pas, peut-être que je reste sceptique parce que j’imagine toujours Jean Paul Rouve avec une perruque blonde et des lunettes noires ? L’erreur vient peut-être de la direction d’acteur et des dialogues calamiteux ?
J’avoue avoir éclaté de rire quand il téléphone à son père : « Papa t’es où ? Ils ont tué Filou ! » et pourtant, on parlait bien de son chat tué par les méchants (j’ai hurlé lors de cette scène, tuer un CHAT QUOI).
Quant à Tuche diffusé en ce moment sur Canal+, vu la bande annonce qui passe en boucle, je ne me sens pas le courage. Et pourtant je regarde quasiment tous les films de la chaîne (j’ai l’impression de rentabiliser mon abonnement)
Gérard de l'actrice qui bénéficie le mieux des réseaux de son mari :
Arielle Dombasle dans Crédit pour tous de Jean-Pierre Mocky
Comme chaque année.
Girard di film halal :
Beur sur la ville avec Booder
Omar m'a tuer avec Sami Bouajila
Halal police d'état avec Eric Judor et Ramzy Bedia
La Source des femmes avec Leïla Bekhti
Or noir avec Tahar Rahim
Décidément les gérard ont décidé de taper dans ce genre d’humour limite… Et là je me rends compte que j’ai raté tous ces films !
Gérard de l'acteur culte qui tournait dans des bons films. Et puis, un jour visiblement, ça l'a fait chier.
Jean-Pierre Bacri dans Avant l'aube de Raphaël Jacoulot
Valérie Lemercier dans Bienvenue à bord d'Eric Lavaine
Clovis Cornillac dans Une folle envie de Bernard Jeanjean
Jean Reno dans Comme un chef de Daniel Cohen
Christian Clavier dans On ne choisit pas sa famille de Christian Clavier
Je ne suis pas d’accord. J’ai aimé ce film et la prestation de Bacri, toute en retenue. Je n’ai pas vu les autres nommés.
Gérard de l'acteur, on espère que tu l'aimes bien, parce que t'es parti pour voir sa gueule partout pendant les trente prochaines années :
François Cluzet dans Intouchables
Omar Sy dans Intouchables
Joey Starr dans Polisse
Gilles Lellouche dans Les Infidèles
Jean Dujardin dans The Artist
Evidemment ! Gilles Lellouche joue aussi dans de nombreux films, et comme il est ami avec Dujardin il va certainement encore plus profiter de son réseau.
Jérar du film tro golri : ))) ROTFLOL ! ! ! ! ! ! XDDDD ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! fo tro k jaille le voir av les soss, pke jkiff tro c jore de film c tro bi1 ! ! ! MDRRRRR ma louloutte jte kiff kissoukissou ! ! !
Sur la piste du Marsupilami avec Jamel Debbouze et Alain Chabat
Halal police d'état avec Eric Judor et Ramzy Bedia
Les Mythos avec Stéphanie Crayencour
Hollywoo… avec Florence Foresti et Jamel Debbouze
Case départ avec Thomas Ngijol et Fabrice Eboué
Pitié pour mémé, on pourrait avoir une traduction de cet intitulé ? Merci d’avance. (je suis sûre qu’un jeune de moins de 20 ans me lit et comprend ce langage)
Gérard du film en costumes qui s'est pris une veste :
Henri IV de Jo Baier, avec Julien Boisselier
Jeanne Captive de Philippe Ramos, avec Clémence Poésy
La Fille du puisatier de et avec Daniel Auteuil
Or noir de Jean-Jacques Annaud, avec Tahar Rahim
Le Moine de Dominik Moll, avec Vincent Cassel
Ils se sont tellement tapés des vestes que je ne les ai même pas vus, et pour certains, n’en avais même pas entendus parler…
Gérard du rôle de sa vie :
Jean Rochefort dans Amaguiz
Alain Delon dans Krys
Pierre Arditi dans LCL
Charlotte Rampling dans Allianz
Robert Hossein dans Audika
J’aurais voté pour Delon, puis Rampling. Rochefort♥♥♥ me déçoit de jouer dans une pub, mais que voulez-vous, il reste mon chouchou.
Gérard du désespoir masculin :
Louis Garrel dans Les Bien-aimés de Christophe Honoré
Franck Dubosc dans Bienvenue à bord d'Eric Lavaine
Jérémie Elkaïm dans La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli
Jean Reno dans Comme un chef de Daniel Cohen
Elie Semoun dans L'Elève Ducobu de Philippe de Chauveron
Gérard du désespoir féminin :
Mathilde Seigner dans La Guerre des boutons de Yann Samuell
Monica Bellucci dans Un été brûlant de Philippe Garrel
Pauline Lefèvre dans Voir la mer de Patrice Leconte
Judith Godrèche dans Low Cost de Maurice Barthélémy
Audrey Tautou dans La Délicatesse de David Foenkinos
Mais pourquoi ne pas récompenser Mathilde qui s’est si formidablement distinguée aux César ? Même si la voix et l'attitude nunuche de Godiche Godrèche m'insupportent.
Gérard du film :
Les Bien-aimés de Christophe Honoré, avec Louis Garrel
Comme un chef de Daniel Cohen, avec Jean Reno et Michael Youn
La Croisière de Pascale Pouzadoux, avec Charlotte de Turkheim
Hollywoo… de Frédéric Berthe, avec Florence Foresti et Jamel Debbouze
La Guerre des boutons et La Nouvelle guerre des boutons de Yann Samuell et de Christophe Barratier avec Eric Elmosnino et Matilde Seigner et avec Laetitia Casta et Guillaume Canet
Les Gérard ont mis les deux films rivaux dans le même sac de billes.
Et vous, que pensez-vous de cette sélection ?
19:14 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (14) | | Facebook
13/05/2012
Le retour de Gaston Lagaffe
Coucou ya quelqu’un ?
J’étais à la cambrousse dans mon trou perdu sans Internet. D’ailleurs je reviens ici et la connexion foire par intermittence, ou ne fonctionne pas des jours entiers. Sans doute parce que j’ai frit, j’ai rien compris.
Mon boulot pourri était enfin achevé (je faisais des petites croix sur le calendrier, comme un prisonnier sur les murs de sa geôle). Mes quatre collègues embauchés en même temps que moi se réjouissaient :
« J’ai JAMAIS fait un travail aussi nul et mal rémunéré !
- Oui mais c’est pas sûr que l’intérim nous trouve autre chose !
- Ca ne peut pas être pire ! On ne peut pas être moins payés ailleurs, vu qu’on est au smic, sans aucun avantage à côté, même pas d’indemnités repas… »
Pourtant, une semaine avant la fin de mon contrat, le DRH me dit :
« Comme on a encore du travail, on va garder une seule personne. On a sélectionné celle qui avait le plus fourni d’effort, et c’est vous. Vous êtes contente hein ?
Moi qui bosse le plus ? ! Mes collègues ne foutaient vraiment rien ! (Bientôt sur vos écrans : la saga « la folie des glandeurs », j’ai déjà écrit 5 chapitres).
J’ai envie de lui répondre: « Attendez, je téléphone à l’agence d’intérim girlpower pour savoir s’ils n’ont rien de mieux à me proposer », mais je n’ose pas.
- Bon le travail n’est pas terrible (c’est le chef lui-même qui le dit hein !) mais c’est toujours ça…
- Et ce serait pour combien de temps ?
- Pour deux mois, mais vous pouvez prendre une pause, le travail n’est pas urgent, je sais qu’il est difficile, faut souffler un peu... (Pourquoi tant de sympathie ? J’étais à deux doigts de lui demander des congés payés et de me payer le train. Il ne trouve personne d’autre à embaucher ou quoi ?)
-Je peux prendre combien de temps ?
-Autant que vous voulez ! Une semaine, 15 jours… Vous revenez quand ça vous chante ! »
En mai, fait ce qu’il te plaît. Je suis donc partie longtemps… Puis j’ai calculé que dans ma cambrousse, ma mère me nourrissait très bien et gratos (j’ai enfin pu remanger de la viande régulièrement) (et des gâteaux maison) (j’ai pris deux kilos) (un estomac sur pattes ne peut résister aux tiramisu, tarte au citron meringuée, brioche à la praline.) Je ne dépensais quasiment rien (pour vous dire, j’ai oublié le code de ma carte de retrait !)
Bien évidemment, il a plu tous les jours, mais je me suis obstinée à me balader quand même dans la cambrousse (« mais si regarde, un rayon de soleil ! ») Je finissais 500 mètres plus loin par m’abriter sous les cabanes pendant les averses de grêle (« nan mais ça va pas durer… »). Effectivement l’anticyclone est enfin arrivé, 15 jours après, deux heures avant mon départ, avec 30 degrés et grand ciel bleu.
J’ai décidé d’aller me promener, même si je risquais de rater mon train, le dernier de la journée (j’avais tellement hâte de retourner bosser le lendemain). Je n’étais pas la seule visiblement à vouloir profiter de la chaleur.
Après 10 mètres dans l’herbe haute, une couleuvre est sortie pour me siffler dessus. Je suis repartie en hurlant dans le sens inverse « haaaaa un serpeeeent !!!! » prête a courir jusqu'à mon train 15 km plus loin (idée pour vous remettre au sport : mettez un monstre derrière vous). Mais mon frère a rigolé : « c’est rien, il suffit de taper des pieds pour les faire fuir ! » Indiana Jones s’est taillé un chemin dans la jungle hostile à l’aide de son fouet bâton. Je n’ai pas voulu faire la chochotte et je l’ai suivi. On a encore croisé une couleuvre et j’ai entendu plusieurs fois des glissements derrière mes pieds. Brr.
J’ai pensé trouver refuge dans les bois, sans compter sur nos autres amis les tiques, qui se laissent tomber des branches pour s’accrocher au cou des passants, leur sucer le sang et éventuellement leur refiler la terrifiante maladie de Lyme.
Après avoir scruté et tapé le sol pendant deux kilomètres à l’aller, j’ai donc guetté le ciel, les bras repliés sur la tête pendant les deux kilomètres du retour. Pour faciliter la tâche, beaucoup de branches étaient arrachées et nous frôlaient les cheveux, à cause de la grande tempête que la région a subie (le vent a détaché la gouttière du toit et ma chambre est située juste en dessous. J’ai déménagé à deux heures du matin en réveillant toute la famille : « le ciel me tombe sur la tête ! »)
Hostile la nature. Enfin, je préfère toujours affronter les serpents et les tiques que la vie parisienne. Je n’avais même pas posé les pieds à Paris, que la voyageuse devant moi, s’apprêtant à passer la porte du train, me regarde d’un air méchant et me crie : « roh ça va hein !
-Meuh ?
-Oui ben vous voyez bien que je descends !
- M'enfin, je n’ai rien dit !
Elle s’énerve :-mais c’est pas possible ces gens, j’en ai marre !
Je jette un coup d’œil interrogateur pour voir si quelqu’un a compris la scène, mais les autres me répondent d’un regard blasé. Ils voient ça tous les jours. Un homme peste « bon on peut descendre ?! » et la femme se met à hurler de plus belle en gesticulant, bouchant la seule issue. Un type la pousse violemment et se faufile par la sortie, renversant les bagages de la femme, qui reste interdite. Les autres voyageurs le suivent. Comme je ne veux pas sortir lâchement, je relève brièvement une des valises de la femme, mais au lieu de me remercier elle m’arrache l'objet des mains. Elle a dû penser que j’allais le voler.
Le lendemain matin, je retrouve la joie du métro bondé aux heures de pointe, où chacun se rue sur les places libres comme si des billets de 200 euros étaient posés dessus. Une station avant mon arrêt, j’entends la voix automatique : « en raison d’un incident technique… » J’arrive donc avec 20 bonnes minutes de retard pour mon premier jour de boulot.
En poussant la porte de l’open space, les collègues me lancent :
-T’es enfin de retour, c’est pas trop tôt !
- Je vous ai manqué ? C’est vrai sans moi ya plus d’ambiance !
Le chef me lance un sale regard. Il n’apprécie pas vraiment mon humour ni mes chansons. (Ce qui fait que j’en rajoute toujours trois couches.)
- Tu nous as pas ramené le soleil !
- T’as apporté quelque chose à manger?
- Non pourquoi ?
- Ah ben sympa ! Moi j’étais en Bretagne la semaine dernière et j’ai ramené des galettes !
- Et moi j’ai aussi fait le pont et j’ai ramené du far breton !
- Je repars si vous voulez ! Pour ramener un saucisson de Lyon?
- c’est nul… »
Je m’installe devant mon écran. Quand j’écris mes deux mots de passe, l’ordinateur énonce un gros BIP de mécontentement.
Au bout du sixième bip, le chef soupire. Je peux lire très clairement ses pensées : « on a eu 15 jours de tranquillité, mais ça y est Gaston Lagaffe est revenu et me soule dès la première minute… »
Je tente un timide : -Euh… je crois que j’ai oublié mes codes d’accès…
Prunelle se lève comme s’il portait toute la misère du monde (il m’a déjà sur le dos) et s’approche de mon écran. Il a vite compris que j’étais une mémé face aux nouvelles technologies : le premier jour de boulot, je n’ai pas su allumer l’ordinateur. Je ne connaissais pas ces unités centrales qui se collent sous l’écran ! Mémé possède un ordi vieux de 8 ans qui fait le bruit d’une locomotive du Far west et met deux plombes à démarrer.
- Vous avez peut-être appuyé sur la touche des majuscules?
Très fière de ma gaffe : - Ah non non, j’ai tout simplement oublié mon mot de passe, hihi !
Quelle idée aussi de nous imposer des codes secrets impossibles à retenir, à base de suite de lettres et chiffres incompréhensibles comme XbKj-3_487gv.
-Vous ne l’avez pas noté sur le carnet qu’on vous a donné ?
-euh… je l’ai oublié aussi.. (bonjour ! je viens au boulot les mains dans les poches ! mais je n’ai pas oublié le plus important : mon casse-croûte.)
J’entends nettement Fantasio grincer des dents : -bon, je vais téléphoner à l’informaticien …
Comme d’habitude, toujours les pieds dans le plat, je fais de l’humour: - haha, je crois que j’ai encore besoin de vacances ! » (En fait je suis aussi rouge de honte et des gouttes perlent sur mon front)
Pendant la récupération du mot de passe, comme je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre, j’ose poser la question qui me taraude :
-et sinon, rassurez-moi, ici, le lundi de Pentecôte est bien férié? »
J'imagine Prunelle grommeler "rogntjdjû". Un jour je le dériderai, si si.
Le soir, comme j’ai perdu une heure de travail entre le métro bloqué et le mot de passe d’ordinateur oublié, je dois logiquement bosser plus longtemps. Il ne reste plus que moi et le chef. Ce dernier met sa veste: « Vous fermerez la porte à clé quand vous partirez !
- Ah… c’est que… j’ai aussi oublié les clés du bureau… »
Je pense que le chef va m’offrir un billet pour Lyon sans le retour.
Et vous, vous avez fait le pont ? Bientôt les vacances ?
20:11 Publié dans Mémé et la technologie, Parfois, je travaille, Souvent, je suis en vacances | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : travail, gaston lagaffe | | Facebook
14/04/2012
Les documentaires de la semaine : Titanic, La pyramide de Kheops...
Arte a diffusé La fabuleuse machine d’Anticythère, retrouvée en 1901. Ce curieux objet datant de -87 avant J-C serait tout simplement une... calculatrice annonçant des positions astronomiques très précises, avec un système de roues dentelées très en avance pour l’époque. Comme le film était diffusé le premier avril, j’ai regardé les 80 minutes d’un air sceptique, persuadée qu’il s’agissait d’une blague. J’ai vérifié, visiblement non.
Ce sujet m’a fait penser à l’excellent livre Le matin des magiciens, expliquant que l’on juge spontanément que notre époque est la plus évoluée, alors que de nombreuses découvertes ont été faites dans l’antiquité et oubliées ensuite… Par exemple comme l’explique les auteurs dans le chapitre 4 : « D’aristarque de Samos aux astronomes de 1900, l’homme a mis plus de 22 siècles pour calculer avec une approximation satisfaisante la distance de la terre au soleil : 149 400 000 km. Il eut suffi de multiplier par un milliard la hauteur de la pyramide de Kheops, construite 2500 av JC. Nous savons aujourd’hui que les pharaons ont consigné dans les pyramides les résultats d’une science dont nous ignorons l’origine et les méthodes. On y trouve le nombre Pi, le calcul exact de la durée d’une année solaire, du rayon et du poids de la Terre… »
Mardi, France 2 diffusait justement un documentaire passionnant : Khéops révélé. Contrairement à ce que nos manuels d’histoire essayaient de nous faire croire, 4500 ans après, on ne sait toujours pas comment la pyramide a été construite. Un simple architecte français donne une méthode révolutionnaire qu’il nous explique dans ce film : Khéops n’aurait pas été bâti de l’extérieur (trop de matériaux à fournir) mais de l’intérieur. Quand Jean-Pierre Houdin dévoile sa théorie, confirmée par des images de synthèse calculant les variables, on s’écrie comme dans les cinq dernières minutes : « bon sang mais c’est bien sûr ! » (cliquez sur le lien pour voir les reconstitutions).
Avant ce documentaire, France 2 en diffusait deux autres, dont Expédition Bismark. Comme il l'avait fait pour le Titanic, James Cameron part à 5000 mètres de profondeur, à la découverte du navire allemand coulé par la Royal Navy en 1941. La plongée dans les abysses (ou plutôt Abyss pour citer le film du réalisateur) est fascinante et oppressante à souhait. Aucun vestige des 2000 hommes qui périrent dans la bataille, à part des bottes d’officier en cuir. Seule la terrible machine de guerre a subsisté, mais les canons sont aujourd’hui recouverts d’inoffensives étoiles de mer…
En première partie, comme souvent, la chaîne diffusait le document le moins intéressant, un docu-fiction sur le Titanic, à partir de témoignages des survivants. Je n’ai pas accroché au désastreux doublage en français. Télérama écrivait : « des animations en 3D plus vraies que nature. Un plongeon de plaisir ! » Je ne sais pas ce que le journaliste a bu (la tasse ?) mais j’ai trouvé que les images de synthèse étaient plutôt loupées. J’espère que la 3 D de James Cameron est mieux réussie pour la sortie 2012 du film. La version « classique » et en VF (sacrilège !) est programmée dimanche soir sur France 2.
Je vais aussi me refaire avoir et partir chougner au cinéma pour voir Léo crever en trois dimensions. 15 ans déjà que Titanic est sorti ! Je m’en souviens comme si c’était hier, fait assez rare pour être souligné. Un silence religieux régnait dans la salle pendant la fameuse scène des adieux, puis des reniflements s’entendaient ici et là… Un type de ma connaissance qui s’autoproclamait artiste parce qu’il faisait du design de housse de téléphone portable (à ce niveau là je suis écrivain parce que je tiens un blog) se moquait de moi et a refusé de voir le film comme un pseudo rebelle de 14 ans (il en avait le double). Ce snob estimait le film commercial et grand public, donc forcément nul. Je me demande s’il a fini par accepter de voir Titanic, et s’il l’a fait, s’il lui a concédé des qualités ou s’il s’est obstiné à les nier.
Et vous, avez-vous vu ces documentaires ? Irez-vous voir Titanic en 3 D ?
17:17 Publié dans A la télé cette semaine | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : télé, cinéma, titanic, bismark, james cameron, khéops révélé, le matin des magiciens | | Facebook
08/04/2012
La rubrique nécrologique de la semaine : Claude Miller
La mort nous fascine… Dans ma cambrousse, un vieux rend visite à ma mère uniquement lorsque une personne de leur connaissance est décédée. Comme ils habitent un village où tout le monde se connaît, le vieux vient donc souvent. Lui et ma mère discutent gravement : « Mais il n’était pas si âgé ! C’est terrible tous ces cancers… Et sa femme qu’est ce qu’elle va faire, etc… » Une petite vieille se rend systématiquement à toutes les messes d’enterrements, même des personnes qu’elle ne côtoyait pas. C’est sa sortie du week-end, comme les autres vont se promener au parc.
Je ne connais personne dans notre village, et quand ma mère me dit :
« Le Jacquot est mort…
-Qui don’?
–Mais te sais ben, le Jacquot, on allait chercher le lait à la ferme…
- J’étais pas née je pense à l’époque… » (Quand je suis à la cambrousse je reprends l’accent et les mots patois)
Avec mon frère on a le même intérêt pour les morts, mais pour les célèbres. Je me souviens quand il m’a annoncé le décès de Gainsbourg (on était sur le pont à côté de chez nous et on a regardé longuement l’eau couler, j’en ai déjà parlé) Il avait aussi ouvert la porte de notre chambre brusquement et m’avait réveillée en sursaut pour me dire « Lady Di est morte ! » On laissait de longues et tristes plages de silence pour la mort de Serrault♥♥♥ et Noiret♥♥♥…
Quand l’un de nous apprend le décès d’un artiste, il téléphone à l’autre pour lui faire deviner le nom… Je sais, c’est un jeu morbide, mais vous savez que j’adore les quiz…
Ca n’a donc pas loupé jeudi. Mon frère me téléphone :
"- T’as vu qui est mort ?
A son ton chagriné je comprends que c’est un artiste qu’on appréciait. (J’ai employé le même récemment pour Davy Jones des Monkees, et lui pour m’apprendre le décès de Gérard Rinaldi.)
- Non ! Un Français ?
-Oui.
- Un acteur ?
-Non. (ouf, Jean Rochefort♥♥♥ y a échappé)
- Un réalisateur ?
-Oui.
- Encore un ! Alain Resnais ? (Il a 89 ans…)
-Non, plus jeune… 70 ans
-Oh non, pas Claude Miller quand même ?!
-Si… »
Dans ses films, Claude Miller dévoilait à merveille la complexité des sentiments et rapports humains. Il excellait dans les duels psychologiques, comme avec La meilleure façon de marcher ou Garde à vue. Il s’est aussi attaché à démontrer les affres de l’enfance tourmentée et solitaire, à travers des films comme L’effrontée ou La classe de neige. A part le dernier, je les ai tous vus, et je les appréciais tous :
1976 : La Meilleure Façon de marcher
1977 : Dites-lui que je l'aime
1981 : Garde à vue
1983 : Mortelle randonnée
1985 : L'Effrontée
1988 : La Petite Voleuse
1992 : L'Accompagnatrice
1994 : Le Sourire
1998 : La Classe de neige
2001 : Betty Fisher et autres histoires
2003 : La Petite Lili
2007 : Un secret
2009 : Je suis heureux que ma mère soit vivante
2011 : Voyez comme ils dansent
2012 : Thérèse D
Son premier long métrage est un de mes préférés, une vraie claque quand je l’ai découvert. Dans une colonie de vacances des années 60, un moniteur, Patrick Dewaere♥♥♥, surprend un collègue (Patrick Bouchitey) déguisé en femme. Dès lors, détenteur du secret qui lui accorde un moyen de pression et de supériorité, mais également troublé, il n’a de cesse de provoquer et d’humilier son collègue. Ce dernier est fiancé à la délicate Christine Pascal (qui comme Dewaere s’est suicidée). Un film perturbant, la scène du bal est d’anthologie. La meilleure façon de marcher est programmé ce soir à 20h30 sur France 2, ne le ratez pas.
J’apprécie beaucoup le deuxième film du cinéaste, qui n’a cependant pas trouvé le succès. Il est adapté de Patricia Highsmith (L’inconnu du Nord Express, Plein soleil). Gérard Depardieu y incarne un homme qui sombre par dépit amoureux dans la folie meurtrière. J’ai découvert Dites-lui que je l’aime alors que j’étudiais les chapitres de la passion et du désir en philosophie, et je trouve que le film en est une bonne illustration.
Avec Garde à vue, Miller reçoit à la fois un succès critique et public, et une foule de récompenses (césar du meilleur scénario, meilleur acteur pour Serrault). Deux grands du cinéma s’affrontent en huis clos le soir du 31 décembre : Lino Ventura le commissaire, tentant de faire avouer Michel Serrault le supposé meurtrier, pendant que la femme de ce dernier, Romy Schneider, l’attend… Arte le diffuse ce soir.
Dans Mortelle randonnée, Michel Serrault interprète un détective qui a perdu la trace de sa fille (emmenée par son épouse). Il se prend d’affection pour une meurtrière (Isabelle Adjani) qu’il suit dans son périple et protège, comme si elle était sa propre fille… A noter que Serrault et Audiard le scénariste ont tous deux perdu un enfant dans des accidents de voiture avant le tournage (la fille de Serrault, à 19 ans, en 1977, et le fils d’Audiard en 75 –son deuxième fils n’est autre que le réalisateur d’Un prophète.) Paris première diffuse Mortelle randonnée à 22h40.
Miller poursuit son exploration des tourments de l’âme avec ce magnifique portrait d’adolescente, qui a marqué nombre d’entre nous : L’effrontée, lançant la carrière de Charlotte Gainsbourg. Une fille un peu sauvage, à part, s’ennuie dans sa campagne. Elle découvre un monde de rêve avec une belle pianiste de son âge en vacances dans la région. Elle imagine que sa nouvelle « meilleure amie » va la sauver de sa condition et l’emporter loin…
Avec La petite voleuse, on retrouve Charlotte Gainsbourg dans un personnage de campagnarde tout aussi effronté et voulant s’émanciper. Cette fois-ci, l’adolescente rebelle devient femme.
Romane Bohringer remplace Charlotte Gainsbourg dans le rôle de la fille idéalisant une amie, et confrontée à un monde différent. Dans L’accompagnatrice, pendant la seconde guerre mondiale, une pianiste timide suit une célèbre cantatrice dans son exil londonien.
Le sourire est un film mineur dans la carrière de Claude Miller, mais les éternels rapports ambigus s’y retrouvent, entre Richard Bohringer et Jean-Pierre Marielle♥♥♥ attiré par la troublante Emmanuelle Seigner.
Avec La classe de neige, adapté du roman d’Emmanuel Carrère (D’autres vies que la mienne, L'adversaire) le réalisateur dépeint encore un jeune tourmenté qui se plaît à raconter ses pensées sombres à son meilleur ami...
Dans Betty Fisher, cette fois-ci trois femmes adultes s’affrontent : une modeste serveuse (Mathilde Seigner), une écrivain talentueuse (Sandrine Kiberlain). La mère de cette dernière va provoquer la rencontre de ces univers différents, à travers le destin tragique de leurs enfants… TV5 monde le programme lundi.
Dans La petite Lili, librement inspirée de La mouette de Tchekhov, un jeune homme naïf qui rêve de devenir cinéaste (Robinson Stevenin) s’éprend d’une belle jeune fille de son âge, (Ludivine Sagnier). Mais l’ambitieuse prend à la place dans ses filets un cinéaste reconnu et plus âgé, Bernard Giraudeau♥♥♥. 5 ans plus tard, devenue célèbre, la jeune femme apprend que son ancien amoureux transi est enfin réalisateur et tourne un film inspiré de leur histoire, où il révèle la vraie personnalité de l’actrice… Un drame sentimental sur l’ambition, les rêves et illusions perdues…
Claude Miller livre encore un film bouleversant avec Un secret, tiré du livre autobiographique de Philippe Grimbert (qui est devenu psychanalyste, on comprend pourquoi il a eu besoin d’explorer l’âme humaine, après le terrible secret de famille qu’il a découvert). Si vous ne connaissez pas l’histoire, je ne veux rien vous en révéler pour ne pas gâcher l’émotion qui ne manquera pas de vous submerger.
Je suis heureux que ma mère soit vivante met encore en scène un adolescent mal dans sa peau. Il part à la recherche de sa mère qui l’a abandonné. Le film est adapté d’un faits-divers relaté par Emmanuel Carrère. Nouvelle révélation, Vincent Rottiers et son regard bleu acier, nommé mais qui ne remportera pas comme Charlotte Gainsbourg le césar du meilleur espoir. France 3 le programme ce soir à 22h45.
Je n’ai pas vu encore Voyez comme ils dansent, et le dernier film de Claude Miller sortira en octobre, il s’inspire du célèbre roman de François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, avec Audrey Tautou dans le rôle titre.
Encore une grande figure du cinéma français qui s’en va…
Et vous, quel est le film de Claude Miller que vous préférez ?
16:37 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : claude miller, télé, cinéma français | | Facebook