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24/06/2012

Le grand soir

grand soir.jpgBenoît Poelvoorde♥♥ incarne « un punk à chien », «Not», du nom gravé sur son front. Il vient traîner dans la zone commerciale où ses parents (la mère Brigitte Fontaine, toujours aussi chtarbée) tiennent une « pataterie » et son frère (Albert Dupontel ♥♥) est vendeur dans un magasin de literie. Ce dernier, qui veut mener une existence classique (il est marié et a un bébé) ne jure que par le confort matériel. Il ne voit pas d’un bon œil la venue du marginal. Pourtant, suite à son licenciement, Dupontel quitte le rang pour suivre la punk-attitude de son frère : rejeter la société de consommation et vivre sa vie comme il l’entend… (voir bande annonce en lien ci-dessous)

Le grand soir est signé par le duo de Groland, Gustave Kerven et Benoît Délépine. Ils ont réalisé ensemble quatre films, et je trouve que ce dernier est le meilleur. Pour Aaltra et Avida, je n’étais pas habituée à cet univers particulier, cet humour noir et absurde, ces personnages pitoyables. J’ai plus apprécié Louise Michel, avec Yolande Moreau (ex Deschiens) : son patron délocalisant l’usine, elle paie un tueur à gages ridicule (Bouli lanners) pour le faire assassiner. J’ai aussi aimé Mammuth, où Depardieu part à la recherche de ses points de retraite manquants.

grand soir feu.jpgLe grand soir, qui fait référence à la notion révolutionnaire prônant une société nouvelle, commence par la longue errance de Poelvoorde/Not dans les rues de sa ville jusqu’au centre commercial, à la recherche de bières et de quelqu’un avec qui les partager. Comme souvent chez les réalisateurs, le début est  lent et contemplatif, pour signifier le vide et la dure vie du punk, et j’ai craint de m’ennuyer, à tort. On voit ensuite toute la famille réunie autour d’un repas surréaliste. Les deux fils parlent en même temps de choses totalement différentes : le punk de son mode d’existence et de l’accueil que lui font les habitants, le fils rangé du dernier appareil high tech à la mode et de l’achat à crédit.  Toute la salle de cinéma explosait de rire, ce qui était le but, mais je ressentais d’abord le malaise que crée ce décalage. J’ai eu la même sensation lorsque Dupontel, licencié, le compte en banque vidé par sa femme qui l’a foutu dehors, tente de s’immoler en plein supermarché, devant tous les clients poussant leur chariot, sans que personne ne réagisse. Le film illustre l’individualisme de la société et le repli sur soi en temps de crise. S’il crée un goût de révolte à travers les actes des personnages pour s’en sortir et réveiller les consciences, il ne donne pas vraiment d’espoir.

grand soir not dead.jpgLes réalisateurs utilisent souvent des plans larges afin de montrer l’absence de communication entre les personnages, comme pour la scène dans le supermarché. J’ai éclaté de rire lorsque Poelvoorde tente lamentablement de vanter les mérites de son frère licencié en tendant un C.V trempé à une hôtesse, tandis qu’à l’arrière plan on voit Dupontel  crever des ballons un par un (voir l'extrait en lien). Plus tard, avec un magnifique plan séquence dans un vaste champ, Dupontel/Don Quichotte se battra contre un pauvre arbuste.
J’ai vraiment estimé que le film démarrait et devenait drôle lorsque Dupontel se met à péter les plombs. Comme les autres spectateurs, j’ai pu rire de bon cœur à de maintes reprises face aux situations absurdes. Certaines idées scénaristiques sont même poétiques : les personnages décident d’aller littéralement « droit devant eux » sans dévier de leur chemin pour prendre la route balisée. Ainsi ils traversent un lotissement en escaladant les barrières, rentrant chez les habitants, ressortant par la porte du jardin, tout simplement parce qu’ils vont « tout droit ». L’utilisation des lettres des enseignes publicitaires est également une belle idée poétique.

L’humour noir est toujours de mise, par exemple lorsque les deux frères surprennent un homme la corde au cou et tentent de le dissuader de se suicider : « mais ce n’est pas original comme façon de faire ! » « Tu vois, je suis psychologue, j’ai senti qu’il n’allait pas bien ». L’homme suivra le conseil : il mettra finalement fin à ses jours de manière beaucoup plus spectaculaire.

Comme pour Aaltra, la B.O est signée par Les wampas, qui ont d’ailleurs enflammé la croisette au dernier festival. On voit un concert du groupe lors du film. Poelvoorde slame au-dessus du public, pensant communier avec lui, mais les spectateurs le portent jusqu’à une poubelle… Comme beaucoup je pense, j’ai découvert les Wampas avec leur fameuse chanson polémique, qui comme toute œuvre censurée provoque inéluctablement l’effet inverse escompté : le public curieux se presse de découvrir l’objet de la discorde. Je parle de la chanson Chirac en prison (« j’attends 2007, c’est mon seul espoir de sortir du brouillard, c’est ma dernière chance, faut que j’aie confiance en la justice française ».) Lors du passage de la pub, le nom du président était barré par un rectangle noir et un « bip » pour ne pas le reconnaître ! La télé refusant d’en faire un clip,  les Guignols s’en chargeront. Les Wampas ont ensuite connu le succès avec leur hit Manu Chao. Dans Le grand soir, on entend leur chanson Comme un punk en hiver.
grand soir chien.jpgOn peut écouter aussi des refrains de Noir Désir ou Brigitte Fontaine : je suis in- inadaptée. La chanteuse a d’abord refusé d'apparaître dans le film, expliquant qu’elle ne voulait jouer qu’une « sorcière dans la forêt ». Les réalisateurs ont alors réécrit le scénario en remplaçant le terme « la mère » par « la sorcière dans la forêt » et Brigitte Fontaine a accepté le rôle…
Autre star du film, le chien bien évidemment ! La même race que celui de The artist, mais pas du tout le même caractère : il a mordu toute l’équipe durant le tournage, envoyant même le premier assistant à l’hôpital. Un vrai rebelle, un punk quoi.

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Commentaires

J'préfère pas lire l'article parce que je vais aller le voir ! Mon opinion ne sera pas biaisée comme ça !

Écrit par : Poppy Rawson | 24/06/2012

Tu as raison, tu reviendras nous dire ce que tu en as pensé après alors ;-)

Écrit par : Papillote | 24/06/2012

Je suis partagée pour ce film : j'ai très envie de le voir et en même temps, j'ai peur d'être déçue...

Écrit par : Lalydo | 24/06/2012

Excellent, le coup de "la sorcière dans la forêt"!!! ;o)

Écrit par : My Little Discoveries | 24/06/2012

Lalydo : eh bien je pense que tu n'as plus qu'à y aller pour te faire une opinion... profite de la fête du cinéma, si tu n'aimes pas le film, au moins la place ne t'auras pas coûté beaucoup ;-)

My little discoveries : ça m'a bien fait rire aussi !

Écrit par : Papillote | 24/06/2012

Excellent cet article ! Le Grand soir est un très bon film, on passe un excellent moment. Un film qui dénonce comme tu l'expliques clairement l'égoïsme, les foutus codes humains créés dans notre foutue société de consommation, les travers de la grande distrib, absolument dégueulasse comme dans le film d'Audiard De Rouille et d'os (d'ailleurs, on y voit aussi Bouli Lanners !). J'avais aussi vu Louise Michel et Mammuth, je crois que mon préféré reste comme toi Le Grand Soir. Poelvoorde montre ici (comme dans Les émotifs anonymes ou Quand je serai petit) à quel point il est un grand acteur lorsqu'on lui demande autre chose que de faire des grimaces débiles. Bises ma Papillote !

Écrit par : Le Chat Masqué | 24/06/2012

Le chat masqué : su tu aimes bien Poelvoorde toi aussi je te conseille si tu ne l'as pas vu "cowboy"; il est passé récemment sur la TNT, je trouve que c'est carrément sa meilleure performance ! il le dit lui-même d'ailleurs, qu'il ne veut plus faire que des films comme celui-là, où il reste "grave", et plus des gros budgets où il fait des grimaces (mais il en a refait quand même ensuite). J'ai mis des liens du film sur facebook hier ;-) j'ai bien aimé les émotifs anonymes mais je n'ai pas vu le film de Jean Paul Rouve (que j'aime beaucoup aussi)

Écrit par : Papillote | 24/06/2012

Ta critique donne très envie d'aller le voir!

Écrit par : M* | 25/06/2012

Merci pour ce billet ! De retour la Papillote, en forme ! Un seul billet ?

Bon, si ta critique est excellente, je ne pense pas que j'irai le voir. (et puis je m'envole vendredi donc ...)

Pourtant je le dis et le redis : j'adore Poelvoorde dans des rôles graves (oui il est super acteur dans ce registre) et Dupontel également. Mais j'ai du mal à les regarder péter un câble, jouer les dingues. Je ne me l'explique pas. De même que toi, j'ai du mal à rire de situations graves mais bon je le regarderai sur Canal dès sa diffusion of course !

Écrit par : Electra | 25/06/2012

M* : merci, c'est l'objectif ;-)

Electra : peut-être que tu as du mal à les voir jouer les dingues (dupontel dans bernie n'était pas mal non plus) parce que tu sais qu'au fond d'eux ce n'est pas vraiment feint, par exemple quand Poelvoorde joue les types saouls. Dans la vie il boit pas mal, en début d'année je crois, il était venu sur le plateau du grand journal complètement ivre et hagard, il me faisait de la peine je n'ai pas pu regarder !

Christophe : j'avais lu cette interview, elle est très bien. j'adore poelvoorde

Écrit par : Papillote | 01/07/2012

Bonsoir, j'ai (nous) bien apprécié le grand soir pour tous les arguments que tu avances dans ton billet bien foutu... toutefois, si 'le grand soir" m'a plu j'ai encore beaucoup plus aimé "Mamuth" la "débine" du Depardieu sur les routes Charentaises m'avait vraiment enchanté...

Bleck

Écrit par : Bleck | 18/07/2012

Les commentaires sont fermés.