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08/01/2014

Lovelace

lovelace.jpgComme les fidèles le savent, j’adore les biographies. J’adore les films qui soulèvent des questions sur la nature et la psychologie humaine. Et à ce titre, la vie de Linda Lovelace est fascinante : comment peut-on se laisser manipuler comme ça ? Comment une jeune fille élevée au sein d’une famille stricte et puritaine, se retrouve l’héroïne du film porno le plus connu de tous les temps, Gorge profonde ? Ce dernier rapporta 600 millions, mais l’actrice sur laquelle reposait tout le film ne reçut que 1250 dollars, confisqués par son mari tyrannique et pseudo maquereau…
 
J’avais vu le documentaire Inside deep throat et la vie, la psychologie de Linda Lovelace m’avait très intriguée. J’ai donc beaucoup apprécié ce film de Rob Epstein et Jeffrey Friedman. L’histoire se déroule à la fin des années 60. L’époque baba cool, de libération des mœurs qui commence, est parfaitement retranscrite, dans les fêtes, les décors, les vêtements et jusqu’au grain grossier et la couleur de la pellicule, comme on les utilisait à cette période.
Le film est de façon originale découpé en deux parties : la première, qui montre la version officielle, et la deuxième, l’envers du décor… Je lis peu de critiques, et en tout cas jamais avant d’avoir vu les films ou de publier mon propre avis. Mais en tapant le titre pour trouver une photo, j’ai lu quelques avis en diagonale, qui expliquent que le film ne rend pas justice à la pauvre Linda Lovelace. Alors soit je suis restée focalisée sur l’histoire de manipulation (c’est possible, et je n’ai pas fait un mémoire de recherche sur Linda Lovelace, je n’ai vu qu’un seul documentaire à son sujet) soit ces journalistes ont quitté la salle avant la seconde moitié du film qui révèle le calvaire de l’héroïne ? (j’en ai vu un partir par exemple).

lovelace acteurs.jpgBien sûr, le film ne peut pas tout raconter et être totalement objectif. Seul le mari est mis en cause, les participants au film porno aident même Linda à se défendre. L’actrice est présentée comme une victime qui n’a vraiment rien vu venir, et on a quand même dû mal à le croire qu'on peut être aussi cruche. C’est seulement 9 ans après la sortie du film qu’elle a annoncé qu’elle avait été forcée, et qu’elle s’est mise à militer contre la pornographie.
On comprend qu’elle a grandi dans une famille très puritaine, qui la rejette quand elle se retrouve enceinte, et la refile au premier gars qui veut bien d’elle. Qu’elle tombe sur un manipulateur pervers charmeur et redoutable qui lui promet protection et monts et merveilles…  Le lent et implacable piège se referme sur elle. Quand elle constate son erreur, la culpabilité et la honte l’empêchent de révéler ses tourments à ses proches et elle préfère s’en éloigner : elle se retrouve donc seule face à son bourreau et s’enfonce dans son martyr.

Je salue d’ailleurs l’impressionnante performance de l’acteur Peter Sarsgaard, charismatique et glacial. Linda Lovelace est interprétée par Amanda Seyfried, qui abuse un peu de ses grands yeux globuleux moches pour faire la niaise, et de sa grande bouche (forcément) pour minauder et se mordre les lèvres (cette suggestion est assez lourde). La mère prude et démissionnaire est jouée par Sharon Stone, que je n’avais pas reconnue tellement elle est vieillie et enlaidie… rien que pour ça, le film vaut le coup ! En résumé, je vous invite à voir ce film pour mieux comprendre la lente descente aux enfers de Linda Susan Boreman, alias Lovelace…

07/01/2014

2 automnes, 3 hivers

2_automnes_3_hivers.jpg« Le jour de mes 33 ans, ça a été le jour de la révélation : il faut que j’arrête de fumer, il faut que je me mette au sport, il faut que je trouve un vrai métier, parce que là comme activité dans la vie, ben… j’enchaîne des petits boulots plus ou moins intéressants…plutôt moins que plus, pour être tout à fait exact… et puis je démissionne. Bon là, je suis dans une grosse période de démission… Donc j’ai 33 ans, il faut que vraiment, vraiment, quelque chose se passe »

Non, ce n’est pas moi qui m’exprime, mais Arman (sans d) interprété par Vincent Macaigne, le héros du film 2 automnes, 3 hivers de Sébastien Betbeder. Comme la majorité d’entre nous en ce début d’année, il prend de bonnes résolutions. En faisant du jogging, il heurte une jeune femme (Maud Wyler). Dès lors, elle sera sa motivation pour courir : il tente de la retrouver pour vivre une histoire avec elle, que nous suivrons pendant deux automnes et trois hivers…

J’ai regardé le début un sourire béat aux lèvres, en pensant : « voilà enfin le film que je voulais voir, le film que j’aurais voulu faire… » Les acteurs s’adressent directement à la caméra et au spectateur, ce qui crée d’emblée une forte empathie. Les personnages commentent leur vie : un texte littéraire, j’adore. Ils remarquent et s’amusent des petits détails de la vie, comme les enfants (comme moi quoi).

Autre grande originalité que j’admire, le film n’hésite pas à citer d’autres œuvres, comme Arman expliquant qu’il est allé voir le dernier Judd Appatow, racontant le pitch sous forme de dessin ! Il écoute aussi Joy Division ou Fleet foxes.
Ceci pourrait être excluant si on ne connaît pas les références. Pourtant il y en a pour tous les goûts : mémé radio nostalgie atteinte de chansonnite aiguë a évidemment adoré la séquence du vélo dans le 4ème arrondissement de Paris, avec le héros qui écoute « il était cinq heures du matin, on avançait dans les marais… »
Sans habiter Paris, sans être trentenaire, Arman évoque des faits précis du quotidien auxquels on peut tous reconnaître un moment vécu. Par exemple dans cet extrait au supermarché, où la caisse ferme sous le nez du héros et qu’il se retrouve derrière une mémé et ses 15 boîtes de pâtés pour chats.

vincent macaigne tignasse affreuse.jpgLes personnages sont attachants, on s’identifie à eux, même si Vincent Macaigne a une voix insupportable, est mollasson et moche (m’enfin ! pourquoi cette tignasse ? Quand on est à moitié chauve, on ne se laisse pas pousser les trois poils qui restent sur le caillou dans tous les sens, beurk !)
Le réalisateur a parfaitement su représenter certains trentenaires d’aujourd’hui, qui ne se destinent pas à une vie toute tracée et la prennent du bon côté, et avec humour, décident d’en profiter.
Le film n’hésite pas à évoquer les sujets graves qui font le plus peur à mémé. Perdre ses facultés mentales en faisant par exemple un AVC (première cause de mortalité chez les femmes) (j’aime énumérer les pires morts possibles quand je ne trouve pas le sommeil) (je me demande bien pourquoi je ne dors pas après) et pour une fille surtout, la peur d’être agressée la nuit dans une ruelle déserte. Sur le coup, encore euphorique, j’étais décontenancée : « m’enfin pourquoi, ça commençait si bien ? »

Mais 2 automnes, 3 hivers nous apprend que même ce qui est effrayant, on s’en remet, et on peut y trouver du positif : au final, en apparence léger et anecdotique, le film devient profond et sage. Grâce à lui, j’ai appris qu’on pouvait guérir d’un AVC, et que l’acteur Vincent Macaigne en a même fait deux (c’est pour ça qu’il est mou et bizarre? ce n’est pas bon signe.) L’AVC est tombé en deuxième position de mes pires craintes désormais, la rupture d’anévrisme est en tête.
Si le film commence dans la comédie et les citations, il se termine sur une partie plus mélancolique qui m’a beaucoup moins intéressée. Mais il reste une bonne surprise.

Petit quiz On connaît la chanson : quelle est la chanson citée lors de la scène en vélo ?

21/12/2013

Philomena de Stephen Frears : places de ciné à gagner

philomena.jpgIrlande, 1952. Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Rejetée par sa famille, elle est envoyée au couvent de Roscrea. En compensation des soins prodigués par les religieuses avant et pendant la naissance, elle travaille à la blanchisserie, et n’est autorisée à voir son fils, Anthony, qu’une heure par jour. À l’âge de trois ans, il lui est arraché pour être adopté par des Américains. Pendant des années, Philomena essaiera de le retrouver.
Quand, cinquante ans plus tard, elle rencontre Martin Sixmith, journaliste désabusé, elle lui raconte son histoire, et ce dernier la persuade de l’accompagner aux Etats-Unis à la recherche d’Anthony.

Ce film est un gros coup de cœur, le meilleur que j'ai vu parmi ceux qui sortiront en début d’année (le 8 janvier). Déjà, il est tiré d’une histoire vraie, le genre que je préfère, car comme je le pense toujours : la réalité dépasse la fiction. Et là, on est servi.
Ensuite, vu le sujet, Philomena pourrait être larmoyant, mais pas du tout. Ce qui frappe avant tout, c’est que le film reste pudique, subtil et drôle. Typiquement anglais quoi. Philomena fait confiance à l’intelligence du spectateur et ne souligne pas tous les effets. Pas de violons ni gros plans sur des visages pleins de larmes, ce film anglais reste dans la sobriété et l’intelligence. Il mêle habilement le tragique et le comique, on traverse tout naturellement la palette des émotions. On est constamment sous le charme, transporté.

philomena persos.jpgCe road movie explore le choc des cultures entre deux personnages, aux caractères, éducations et milieux sociaux opposés. Le thème pourrait rappeler l’excellent et éprouvant Magdalene Sisters de Peter Mullan, le journaliste fait d’ailleurs une allusion humoristique sur ce film. Pourtant, d’un sujet particulier, le scénariste en tire une histoire universelle, qui touche chacun d’entre nous.
En plus, j’adore apprendre de nouvelles choses, et dénoncer les injustices telle une passionaria. Philomena m’a permis de découvrir des faits de société que j’ai envie de révéler au monde entier ! Mais comme je ne peux pas raconter tout le film, je vous incite grandement à aller le voir pour découvrir par vous même. Voici déjà la bande annonce.

L’acteur et co-scénariste Steve Coogan joue traditionnellement des rôles comiques (les cultes Tonnerre sous les tropiques, Very bad cops). Il apporte un souffle de légèreté et de drôlerie à cette histoire dramatique. Il est irrésistible avec son œil qui frise et son air malicieux. Quant à « dame» Judi Dench, on a l’habitude de la voir dans des rôles prestigieux (M dans James Bond, Lady Catherine de Bourg dans Orgueil et préjugés). Cette femme d’apparence glaciale et autoritaire est étonnante dans ce rôle à contre emploi, où elle joue une petite vieille simple et modeste, sympathique et émouvante, mais avec un sacré tempérament... Un rôle magnifique pour un personnage entier.

Le réalisateur de The Queen, Stephen Frears, revient donc ici à son meilleur (après un calamiteux Lady Vegas). On retrouve l’humour et l’intelligence de High fidelity, l’émotion de My beautiful Laundrette, l’aspect social de Dirty pretty things

Philomena sort en salles le 8 janvier. Je vous propose de gagner des places pour ce film. Pour cela, il vous suffit de m’envoyer un mail en cliquant sur « me contacter » en haut de la colonne de gauche, entre mon avatar et l’affiche de Philoména. Les cinq gagnants seront tirés au sort. Les billets sont valables dans tous les cinémas de France, à toutes les séances, le jeu se limite à la France métropolitaine. Vous avez jusqu’au 8 janvier pour participer. Vous pouvez toujours par ailleurs laisser un commentaire sous cet article, ça fait toujours plaisir.
Pour en apprendre plus sur Philomena, vous pouvez également regarder la page facebook du film en lien ici.

A vous de jouer, bonne chance !

8 janvier : le concours est fini ! Les gagnants ont été prévenus par mail. Il s'agit d'Elise, Lola42, Didier,  Mélanie H. et Laurence. Merci à tous pour vos participations !



17/12/2013

Mandela, un long chemin vers la liberté

mandela.jpgJe n'écris pas de synopsis de ce biopic, vous n’aurez qu’à le voir… en attendant, regardez la bande annonce. Mandela est un film essentiel pour mieux connaître cet homme qui vient juste de décéder. Non, les jeunes qui ont mis des photos sur Twitter : Morgan Freeman n’est pas mort, il est l’acteur qui a incarné Nelson Mandela dans le film Invictus de Clint Eastwood. Non, « I have I dream », n’est pas de Mandela, mais de Martin Luther King.
Enfin, on se moque, on se moque, mais j’étais bien contente d’en apprendre plus sur le personnage, car je ne connaissais que les bases : premier avocat noir de Johannesburg, militant au sein de L’ANC, Congrès National Africain, lutte contre l’apartheid, enfermé pendant 27 ans suite à des attentats, puis pacifisme alors que sa femme Winnie prône la lutte armée, premier président noir à être élu en Afrique du Sud… (je ne spoile pas trop quand même, vous le saviez ?)

La sortie du film était sans doute calculée (« les gars, il est malade et en fin de vie depuis des mois, avec un peu de chance il va crever pour la sortie du film, ça nous fera de la pub, diffusons-le en décembre »). Je ne blâme pas ce calcul, au contraire : Les jeunes (qui ont mis les photos sur twitter) auront peut-être vu le reportage au JT de TF1 la chaîne de la cultureC’est qui lui ? Ah oui l’acteur d’invictus !) Comme toutes les télés ont parlé du décès de Mandela, l’info leur donnera peut-être envie de découvrir cet homme politique. Et quoi de mieux qu’un film grand public pour toucher le plus grand nombre ? (Je conclus qu’un livre ou un documentaire ne plaira pas aux jeunes, puisque je suis la seule à live-tweeter les documentaires d’Arte pendant que les autres réagissent sur la téléréalité).

mandela freedom.jpgLe film débute sur des ralentis et une musique grandiloquente, un enfant qui court dans la nature vers le soleil levant, une voix off... Aïe, j’ai peur. Mais dès la deuxième scène, il quitte ce lourd travers et le rythme s’accélère. On entre dans le vif du sujet, Mandela est déjà un avocat en pleine bataille. Surtout, le film ne verse pas dans l’hagiographie : on ne cache pas que Mandela trompait sa femme (au moins trois gonzesses en 10 minutes de film, bravo c’est du joli). J’ai particulièrement aimé le plan où il est à table avec ses camarades hommes de lutte. Il peste contre l’apartheid, l’inégalité infâme entre les Noirs et Les Blancs, mais ordonne à son épouse sans lui adresser un regard d’apporter à manger aux hommes. L’égalité, c’est bien, mais avec la femme, qui ne représente que 50 % de l’humanité et je déclare avec Aragon, est l’avenir de l’homme, faut pas pousser non plus.
L’épouse délaissée se barre très vite avec les gamins sous le bras. Elle est remplacée par une forte tête qui entend bien obtenir l’égalité avec les Blancs, mais aussi avec son mari, non mais. Winnie, pas franchement un ourson, torturée en prison, opte pour la lutte armée, son mari, après 27 ans derrière les barreaux, pardonne et se range vers le pacifisme.

Le discours solennel de Mandela à son procès m'a fait dresser mes poils de chat. La partie en prison me semble la plus intéressante, intense et émouvante. Le film pourrait basculer dans le misérabilisme et l’apitoiement, mais reste pudique et fort, à l’image de son charismatique héros. Impossible de ne pas être touché lorsque Mandela découvre enfin sa fille après interdiction de la voir avant ses 16 ans. Le générique de fin, sur la chanson de U2 Ordinary love, est superbe également.

mandela 2.jpgAprès un déroulement relativement sobre et nerveux, le film se clos sur le même travers que la scène initiale : Mandela en contre plongée qui s’avance au ralenti vers le balcon où la foule l’acclame, c’est un peu too much… Le film est un peu trop long, 2h30, pourtant il avait des choses à dire puisque la vie de Mandela est passionnante. Ces longueurs sont sans doute dues au manque d’explication.
Le film passe sous silence certains faits pour les plus pointilleux (au hasard, moi). Il est adapté de l’autobiographie de Nelson Mandela, et croyez-en ma longue expérience de lectrice de biographies, une autobiographie, même de Mandela, ne sera jamais aussi honnête et objective qu’une biographie écrite par un journaliste people et envieux. J’ai le souvenir de l’autobiographie en 950 pages de Chaplin lu à 15 ans, (qu’un futur réalisateur m’a empruntée pour tourner un film muet sans jamais me la rendre, voleur, jsuis sûre que je peux choper ton adresse par le festival de Clermont, je vais te retrouver saligaud)  ben croyez-moi, la vie selon Chaplin lui-même n’est pas aussi idyllique (et marrante) que selon Kenneth Anger et son Hollywood babylone. Chaplin, vilain pédophile.

La chronologie dans Mandela n’est pas toujours très claire, et j’ai eu besoin d’étudier des essais à la bibliothèque de lire Wikipédia pour mieux comprendre. On ne saisit pas trop comment Winnie passe d’un taudis à une maison luxueuse, ni ce que devient l’un des gosses de Mandela, qui apparaît au début mais dont on entend plus parler ensuite… (après vérification à la bibliothèque, il est mort du sida) En voyant le film on a l’impression que Mandela a élevé trois enfants, et après recherche, on s’aperçoit qu’il en a eu six… Pourtant la vie privée des grands hommes intéresse beaucoup les pipelettes permet d’humaniser et de s’identifier à leur combat, dommage que ce versant n’ait pas été plus approfondi. Donc si vous voulez écrire une thèse sur Mandela, lisez plutôt une biographie. Sinon, pour la grande majorité d’entre nous, le film sera suffisant.

Le film est signé Justin Chadwick, déjà auteur de Deux sœurs pour un roi, où Natalie Portman et Scarlett Johansson incarnent les filles Boleyn se partageant le roi Henri VIII. Le film est plaisant et romanesque, mais pour la vérité historique, j’ai des doutes…Ainsi on ne peut pas attendre vraiment une grande précision historique de la part du réalisateur.
Le charismatique Idris Elba, Luther le justicier, est l’acteur parfait pour le rôle du leader politique.

Je cherche la petite bête, mais Mandela, un long chemin vers la liberté est un film que je vous conseille vraiment, instructif et émouvant. Ne le ratez pas.

Je rappelle que vous pouvez toujours gagner des places de cinéma pour Belle et Sébastien ici.