17/12/2013
Mandela, un long chemin vers la liberté
Je n'écris pas de synopsis de ce biopic, vous n’aurez qu’à le voir… en attendant, regardez la bande annonce. Mandela est un film essentiel pour mieux connaître cet homme qui vient juste de décéder. Non, les jeunes qui ont mis des photos sur Twitter : Morgan Freeman n’est pas mort, il est l’acteur qui a incarné Nelson Mandela dans le film Invictus de Clint Eastwood. Non, « I have I dream », n’est pas de Mandela, mais de Martin Luther King.
Enfin, on se moque, on se moque, mais j’étais bien contente d’en apprendre plus sur le personnage, car je ne connaissais que les bases : premier avocat noir de Johannesburg, militant au sein de L’ANC, Congrès National Africain, lutte contre l’apartheid, enfermé pendant 27 ans suite à des attentats, puis pacifisme alors que sa femme Winnie prône la lutte armée, premier président noir à être élu en Afrique du Sud… (je ne spoile pas trop quand même, vous le saviez ?)
La sortie du film était sans doute calculée (« les gars, il est malade et en fin de vie depuis des mois, avec un peu de chance il va crever pour la sortie du film, ça nous fera de la pub, diffusons-le en décembre »). Je ne blâme pas ce calcul, au contraire : Les jeunes (qui ont mis les photos sur twitter) auront peut-être vu le reportage au JT de TF1 la chaîne de la culture (« C’est qui lui ? Ah oui l’acteur d’invictus !) Comme toutes les télés ont parlé du décès de Mandela, l’info leur donnera peut-être envie de découvrir cet homme politique. Et quoi de mieux qu’un film grand public pour toucher le plus grand nombre ? (Je conclus qu’un livre ou un documentaire ne plaira pas aux jeunes, puisque je suis la seule à live-tweeter les documentaires d’Arte pendant que les autres réagissent sur la téléréalité).
Le film débute sur des ralentis et une musique grandiloquente, un enfant qui court dans la nature vers le soleil levant, une voix off... Aïe, j’ai peur. Mais dès la deuxième scène, il quitte ce lourd travers et le rythme s’accélère. On entre dans le vif du sujet, Mandela est déjà un avocat en pleine bataille. Surtout, le film ne verse pas dans l’hagiographie : on ne cache pas que Mandela trompait sa femme (au moins trois gonzesses en 10 minutes de film, bravo c’est du joli). J’ai particulièrement aimé le plan où il est à table avec ses camarades hommes de lutte. Il peste contre l’apartheid, l’inégalité infâme entre les Noirs et Les Blancs, mais ordonne à son épouse sans lui adresser un regard d’apporter à manger aux hommes. L’égalité, c’est bien, mais avec la femme, qui ne représente que 50 % de l’humanité et je déclare avec Aragon, est l’avenir de l’homme, faut pas pousser non plus.
L’épouse délaissée se barre très vite avec les gamins sous le bras. Elle est remplacée par une forte tête qui entend bien obtenir l’égalité avec les Blancs, mais aussi avec son mari, non mais. Winnie, pas franchement un ourson, torturée en prison, opte pour la lutte armée, son mari, après 27 ans derrière les barreaux, pardonne et se range vers le pacifisme.
Le discours solennel de Mandela à son procès m'a fait dresser mes poils de chat. La partie en prison me semble la plus intéressante, intense et émouvante. Le film pourrait basculer dans le misérabilisme et l’apitoiement, mais reste pudique et fort, à l’image de son charismatique héros. Impossible de ne pas être touché lorsque Mandela découvre enfin sa fille après interdiction de la voir avant ses 16 ans. Le générique de fin, sur la chanson de U2 Ordinary love, est superbe également.
Après un déroulement relativement sobre et nerveux, le film se clos sur le même travers que la scène initiale : Mandela en contre plongée qui s’avance au ralenti vers le balcon où la foule l’acclame, c’est un peu too much… Le film est un peu trop long, 2h30, pourtant il avait des choses à dire puisque la vie de Mandela est passionnante. Ces longueurs sont sans doute dues au manque d’explication.
Le film passe sous silence certains faits pour les plus pointilleux (au hasard, moi). Il est adapté de l’autobiographie de Nelson Mandela, et croyez-en ma longue expérience de lectrice de biographies, une autobiographie, même de Mandela, ne sera jamais aussi honnête et objective qu’une biographie écrite par un journaliste people et envieux. J’ai le souvenir de l’autobiographie en 950 pages de Chaplin lu à 15 ans, (qu’un futur réalisateur m’a empruntée pour tourner un film muet sans jamais me la rendre, voleur, jsuis sûre que je peux choper ton adresse par le festival de Clermont, je vais te retrouver saligaud) ben croyez-moi, la vie selon Chaplin lui-même n’est pas aussi idyllique (et marrante) que selon Kenneth Anger et son Hollywood babylone. Chaplin, vilain pédophile.
La chronologie dans Mandela n’est pas toujours très claire, et j’ai eu besoin d’étudier des essais à la bibliothèque de lire Wikipédia pour mieux comprendre. On ne saisit pas trop comment Winnie passe d’un taudis à une maison luxueuse, ni ce que devient l’un des gosses de Mandela, qui apparaît au début mais dont on entend plus parler ensuite… (après vérification à la bibliothèque, il est mort du sida) En voyant le film on a l’impression que Mandela a élevé trois enfants, et après recherche, on s’aperçoit qu’il en a eu six… Pourtant la vie privée des grands hommes intéresse beaucoup les pipelettes permet d’humaniser et de s’identifier à leur combat, dommage que ce versant n’ait pas été plus approfondi. Donc si vous voulez écrire une thèse sur Mandela, lisez plutôt une biographie. Sinon, pour la grande majorité d’entre nous, le film sera suffisant.
Le film est signé Justin Chadwick, déjà auteur de Deux sœurs pour un roi, où Natalie Portman et Scarlett Johansson incarnent les filles Boleyn se partageant le roi Henri VIII. Le film est plaisant et romanesque, mais pour la vérité historique, j’ai des doutes…Ainsi on ne peut pas attendre vraiment une grande précision historique de la part du réalisateur.
Le charismatique Idris Elba, Luther le justicier, est l’acteur parfait pour le rôle du leader politique.
Je cherche la petite bête, mais Mandela, un long chemin vers la liberté est un film que je vous conseille vraiment, instructif et émouvant. Ne le ratez pas.
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17:07 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, mandela, mandela film, idris elba | | Facebook
Commentaires
Je ne sais pas si j'ai envie de voir ce film ou pas. Oui pour en apprendre un peu plus (même beaucoup en fait) sur sa vie mais si ce n'est pas complètement honnête, ni si bien retracé, je ne sais pas en fait...
Écrit par : Betty | 18/12/2013
Betty : Je pense que le film est honnête, c'est juste qu'il ne raconte pas tout, mais la vie de Mandela a été si remplie, il fallait trancher.... on apprend beaucoup de choses, l'histoire est prenante et émouvante. J'ai trouvé que c'était un bon film et je suis contente de l'avoir vu. N'hésite pas à revenir nous dire si tu l'as vu ou pas finalement ;-)
Écrit par : Papillote | 18/12/2013
Nan, y'a vraiment des jeunes qui ont confondu Morgan Freeman et Mandela sur twitter ?!!!!
Et tu penses qu'ils ont vraiment attendu la mort de Mandela pour sortir le film ??!!!!
( je n'ai pas du tout l'âme d'une pipelette, moi non plus ^-^)
Écrit par : anacoluthe | 18/12/2013
Anacoluthe : oui, des jeunes ont vraiment confondu les deux...
Ils n'ont pas attendu sa mort pour la sortie du film, elle était prévue depuis longtemps le 18 décembre, mais je pense qu'ils ont un peu calculé quand même...
Écrit par : Papillote | 18/12/2013
Je vais essayer d'y aller même si en ce moment le timing est serré!
Écrit par : My Little Discoveries | 19/12/2013
My little discoveries : oui pour moi aussi, je n'ai pas le temps de tout faire,. je vais devoir abandonner des articles de ciné pour préserver ma santé mentale et enfin me reposer ! (je m'endors à 5h du mat')
Écrit par : Papillote | 20/12/2013
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