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07/11/2020

C'est la fête, encore

cest la fete saute.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

Relire le début ici et .
Après 8 mois de pandémie et malgré sa progression, on s'y habitue et la banalise. Au premier confinement, la peur régnait, accentuée par les journaux télévisés qui chaque soir consacraient une "édition spéciale" sur le coronavirus et débutaient en donnant le nombre de décès du jour. Pour ce deuxième confinement, j'ai noté samedi dernier qu'au JT de france 2, le covid n'était abordé qu'à la 20ème minute et les statistiques brièvement, à la 25ème. On attendait la 2è vague comme prévu en novembre, qui était encore niée par certains récemment. Aujourd'hui on évoque déjà une 3è vague au printemps et d'autres qui se succèderont jusqu'en été ou la fin de l'année prochaine.
bring out your dead.jpegDepuis le temps qu'on en rêvait
Et qu'on en crevait
Elle est arrivée
C'est la fête, la fête

Depuis l'instauration du deuxième confinement, je remarque peu de changements. Toujours autant de monde dans ma rue, toujours autant de bruit, de voitures, de déplacements, et toujours pas de retour salutaire du chant des oiseaux
dernier train.jpgMerde que ma ville est belle
Sans ces putains de camions
Plus de gazoil mais du gazon
Jusque sur le goudron

Je vois des voisins discuter entre eux sans masque, ou posés au parc avec leurs enfants, comme si de rien était. Pire, cette nuit, j'ai même entendu des groupes de jeunes faire la fête dans des appartements, confirmé par cet article.
confinement,coronavirus,cinémaMerde que ma ville est belle
Avec ces gosses qui jouent
Qui rigolent et qui cassent tout
Qui n'ont plus peur du loup !

Au point que j'ai vérifié si je ne m'étais pas trompée dans la date du confinement. Je sors bien avec mon attestation, calculant le temps et quittant à regret mes petits canards du parc pour être rentrée chez moi dans les délais. Mais contrairement à ma mésaventure du premier confinement raconté ici, je n'ai croisé aucun policier pour me contrôler.
shaun confinement.jpgVenez danser dans la rue
Ce n'est plus défendu
C'est la fête, la fête
En vérité je vous le dis, c'est le paradis
C'est la fête, la fête

En revanche, j'ai remarqué immédiatement deux caractéristiques du premier confinement : ceux qui se ruent dans les supermarchés pour acheter du PQ, et le retour des corona joggeurs, ceux qui ne courent que pendant le confinement. Retour à l'anormal.
nuit des morts confi.jpgC'est comme un grand coup de soleil
Un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui
On a les yeux écarquillés sur la liberté
Et la liberté
C'est la fête, la fête.

 

05/11/2020

C'est la fête, suite

cest la fete pif gadget.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

J'ai trouvé qu'il ne tentait pas de cacher la gravité de la situation, en employant des termes forts et alarmistes : "Bilan dramatique" "Pire que la première vague" "Pas assez de lits dans les hôpitaux, Tri entre les malades" "Si rien n'est fait, 400 000 morts dans quelques mois." "on va tous crever c'est horriiible branle-bas de combat sauve qui peut au secouuurs je déclare les Hunger games ouverts, puisse le sort vous être favorable."
Le monde mort et enterré a ressuscité
On peut plus respirer
C'est la fête, la fête

confinement,coronavirusLe président n'y allait pas avec des pincettes, même s'il tournait autour du pot : bien 10 minutes avant qu'il crache sa pastille pour nous dire à quelle sauce on allait être mangé. Vu sa longue introduction qui nous préparait au pire (attaque de zombies ? Pénurie de chocolat ?) je m'attendais à des mesures encore plus strictes que la première fois (un confinement de 2 mois direct, toute personne vue le nez dehors abattue au lance-rocket sans sommation...)
Macron emploie enfin le mot confinement, ce qu'il n'avait pas fait pour le premier (voilà, on ressortira en 2023...) Et puis là, il annonce enfin les mesures : on continue de sortir pour aller travailler ou étudier.

M'enfin ? Il explique que c'est pire qu'avant, mais il assouplit le confinement ? Il précise que les jeunes propagent le virus, mais il laisse les écoles ouvertes ? (où il est compliqué d'aérer en plein mois de novembre, de faire respecter les distances dans les salles de classe, le masque dans la cour, encore moins à la cantine). Il précise que "jamais" il ne sacrifiera la santé à l'économie, mais ils nous laissent partir travailler, prendre les transports en communs bondés pour se rendre dans des bureaux en open space et côtoyer les collègues à la machine à café ?
confinement,coronavirusEn quoi ce confinement change du couvre-feu à 21 heures ? (j'apprends aujourd'hui avec la polémique du couvre-feu rétabli, annoncé puis démenti, que le couvre-feu était en fait annulé par le confinement. Décidément, rien n'est clair).
Il instaure un confinement d'un mois minimum, mais vu que le premier plus strict devait durer 15 jours et qu'on est resté cloîtré 55, à ce rythme-là, on n'est pas sorti de l'auberge et on fête noël en juillet comme préconise sérieusement une scientifique.
C'est la fête, la fête

Je tente une supposition : comme la population commence à être lassée des mesures restrictives, le gouvernement n'a peut-être pas voulu être trop sévère au début, pour pouvoir dire dans 15 jours, quand il réévaluera la situation : "voilà, je vous avais prévenu qu'on courait à la catastrophe et qu'il fallait faire attention, mais la pandémie a encore empirée. Vous n'avez pas été sages ! maintenant on est obligé d'être plus sévère et de vous punir au coin !" Il nous fait porter le chapeau, le bonnet d'âne.
Pourtant, la population n'est pas la seule à blâmer. Les entreprises aussi, qui n'instaurent pas autant qu'elles pourraient le télétravail, pourtant vivement encouragé. Dans mon boulot, on est 2000 mais mes collègues continuent d'aller bosser et la cantine reste ouverte.
Le gouvernement est critiqué aussi, qui n'a pas donné de consignes claires ou a tardé à les instaurer (nous inciter à partir en vacances à la Toussaint, pour 15 jours plus tard nous interdire de sortir à plus d'un km parce que le virus s'est propagé dans toute la France. Ne pas savoir quels commerces laisser ouverts, puis ne pas s'accorder sur les produits jugés essentiels -maquillage je m'en fiche, tant que vous me laissez ma raclette et mon chocolat...)
confinement,coronavirusLe pain et le vin sont gratuits
Et les fleurs aussi
C'est la fête, la fête

Il est facile de critiquer, mais face à la nouveauté et à l'ampleur de l'épidémie, face aux avis contradictoires des "experts", il est difficile de prendre des décisions claires. Il faut maintenir l'éducation et l'économie, tout en étant confinés.
Ce flou nourrit la lassitude, la colère et la rébellion. Les consignes sont bien moins respectées. Partout autour de moi, j'entends la même réflexion : "j'ai porté mon masque, respecté les distances sociales, je suis peu sorti, mais je n'ai plus le droit d'aller voir mon copain / ma soeur/ mon chat ? Je dois juste faire "métro/boulot/dodo ? Si je veux éviter les transports bondés, je dois me taper une heure à pieds sous la pluie et le froid pour me rendre au travail ? Hors de question !

Plus de bruit, plus de fumée
Puisqu'on va tous à pieds
C'est la fête, la fête

à suivre...

 

04/11/2020

C'est la fête

cest la fete.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

J'ai cette chanson en tête depuis une semaine, en remplaçant malgré moi "c'est la fête" par "c'est la merde".
La veille de l'allocution de Macron, je fais mes courses du mois et je croise un gars qui veut me racketter ma raclette, raconté ici (notez l'allitération). Plus tard, comme j'ai oublié d'acheter un truc, je retourne rapidement dans la supérette en bas de chez moi. A l'intérieur du petit magasin je ne vois que 2 personnes, qui n'achètent qu'un seul produit : du papier toilette. C'est un signe : c'est la merde, c'est reparti comme en 40.

Les deux idolâtres du PQ parviennent en même temps à la caisse et se disputent pour passer en premier : "j'étais là avant ! Arrêtez de me coller, un mètre de distance !" Ils mettent plus de temps à s'invectiver qu'à payer leur précieux : ça valait le coup.
Je me rends ensuite à la pharmacie renouveler mes médicaments. En remarquant l'affiche "Plus de vaccins anti grippe" un vieillard baisse son masque pour s'adresser au pharmacien : "mais comment je vais faire ? je suis à risque !"
Son interlocuteur s'impatiente : "Oui vous vous plaignez tous, mais j'y peux rien, ya pénurie ! Et mettez votre masque !" avec un geste sur l'autre affiche, sur le port du masque, pourtant collée à celle du vaccin anti-grippe.
A chaque fois, je vois des gens qui baissent leur protection ainsi quand c'est à leur tour de parler. Pareil quand certains croisent des voisins qui les interpellent dans la rue. Ils cachent peut-être derrière leurs masques de la laine de verre, des parpaings isolants ou des bouts de fenêtre triple vitrage. Ou bien 12 couches de foulards et mouchoirs improvisés comme moi en avril, quand les masques n'étaient pas encore obligatoires (voire déconseillés!) et introuvables. Ou alors ils pensent que leurs interlocuteurs sont tous sourds et doivent lire sur les lèvres. C'est plutôt eux qui sont durs de la feuille et aveugle, à ne toujours pas comprendre les consignes d'hygiène pourtant répétées en long et en large partout depuis des mois et affichées sous leur nez comme des panneaux publicitaires clignotants à Times square...
Jeunes et vieux, grands et petits
On est tous amis
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

suite demain...

 

29/05/2020

Les oiseaux, partie 8

confinement,coronavirusSubjuguée par les mésanges, je n'ai pas vu le temps passer. On est la veille du déconfinement, je dois encore posséder une attestation garantissant que je me trouve à moins d'un kilomètre de chez moi et sortie moins d'une heure. Or j'ai dépassé de 200 mètres et il ne me reste plus que 6 minutes pour rentrer. Je marche vite mais là, c'est de la télétransportation qu'il me faudrait.
Je ne m'inquiète pas : "tout de même, à un jour près, les flics vont être indulgents... la première fois que je m'éloigne, que je sors si longtemps... je n'ai pas été contrôlée une seule fois en deux mois alors que j'étais à 500 mètres de chez moi, je ne vais quand même pas l'être aujourd'hui !
Je repars confiante, ragaillardie par les oiseaux et mes photos floues, et là, lorsque je tourne à l'angle de la rue...Les flics.
 
confinement,coronavirusVite, je recule et me plaque contre le mur du parc. Je me risque à pencher la tête hors de ma cachette pour observer la situation de loin. Comme dans les films d'horreur et d'espionnage.
Un car de police bloque l'accès à l'escalier. Les flics sont nombreux, éparpillés sur la vaste pelouse, et contrôlent tout le monde. Pas un n'en réchappe. Si je tente un autre passage, je m'éloigne encore plus du kilomètre autorisé. S'ils sont sournois, ils auront mis des postes de contrôle devant toutes les issues vers la zone libre. Une copine s'est fait alpaguer alors qu'elle traversait un quai en zone interdite, le flic l'a rassurée "c'est bon, ça ira pour cette fois." Mais ce lâche fourbe a gardé son attestation et lui a envoyé une amende en douce par la poste une semaine après. Il n'avait pas contrôlé sa carte d'identité, juste le pauvre bout de papier écrit à la main. Ce qui signifie qu'à sa place, j'aurais pu mettre le nom de ma voisine foldingo, et c'est elle qui aurait payé l'amende.
 
confinement,coronavirusPas le choix, je dois passer devant les flics. Comment faire pour les éviter ?
Je ne peux pas rester là à essayer de me fondre dans le mur comme le passe-murailles, faut bien que j'avance. Plus j'attends, plus je dépasse l'heure, plus je risque de me faire verbaliser.
Je repense à la situation quelques mois en arrière. Malgré toute mon imagination et ma tendance à l'exagération, si on m'avait dit qu'un jour on allait devoir fournir une attestation pour sortir de chez soi, et que j'allais me retrouver à me planquer des flics comme de la gestapo pour échapper au couvre feu, j'aurais rigolé "oui mais bien sûr ! Faut pas pousser !"
Bon allez, j'assume, j'arrête de me cacher, je fais front. Je vais être honnête. Si je mens, ça va se voir tout de suite. Je vais dire la vérité : "j'ai dépassé la distance et le temps autorisé, car j'ai entendu des bébés mésanges au loin et je n'ai pas vu l'heure passer à force de m'extasier devant eux !" et là je démontre mes propos, preuves à l'appui : "regardez, j'ai les photos ! mais si là, dans l'angle, le petit point bleu au-dessus de la poubelle !" Je suis sûre que les flics seront sensibles à ma sincérité et à la beauté de mes clichés.
Puis je repense à l'attitude effarée des gamins devant ma tentative de cours d'ornithologie. je comprends que si des enfants censés s'émerveiller facilement ne se montrent pas réceptifs, j'ai encore moins de chance avec des flics aux airs de Gérard Jugnot Adolfo Ramirez contrôlant la famille dans Papy fait de la résistance  : "Rassurez vous madame c'est français, c'est la police française. Alors ausweispapier ! Au trot ! Tiens pendant que vous y êtes, rajoutez moi les tickets de pain."
 
confinement,coronavirusJ'avance à pas de velours. Des flics s'approchent. Vite, je me cache derrière le manège. Masquée par le cheval de bois, j'observe depuis mon poste de vigie l'attitude de l'ennemi.
Il sort quoi de sa poche ? Un flingue, une matraque, une grenade ? Une amende ! ça y est c'est foutu, ils vont me verbaliser, je vais être ruinée, je vais plus pouvoir payer mon loyer et j'irai vivre dans le parc avec les petits oiseaux !
Un jeune qui était assis là parlemente, rien à faire, le policier lui colle une contravention.
Ah là là, c'est pas des tendres, ils font du zèle, ils vont me faire payer. Faut absolument pas qu'ils me voient !
 
N'écoutant que mon courage qui ne me disait rien, je décide d'avancer en frôlant le mur du parc et en me cachant derrière les arbres que je croise. Il ne me manque plus que le pardessus et les lunettes de soleil d'apprenti détective, comme Antoine Doinel ou Jean Rochefort espionnant sa femme dans Nous irons tous au paradis.
Prochaine cachette à 15 mètres : un banc de pierre. Pas assez haut pour me dissimuler. Je ne vais quand même pas m'accroupir derrière et avancer à genoux ? :
"Vous faites quoi ?
- J'ai perdu mes clés, j'ai dû les faire tomber par ici !"
 
confinement,coronavirusPas de planque sur le reste du parcours. Je ne peux pas ramper non plus : "c'est pour me muscler ! regardez j'ai coché activité sportive sur mon attestation ! quoi j'ai choisi promenade ? qui a dit que pour se promener, il fallait obligatoirement marcher ? quel meilleur moyen d'être proche de la nature que de ramper le nez dans l'herbe, à respirer le parfum des fleurs, les abeilles me butinant le nez..."
Non, impossible d'avancer en rampant, en volant... Je cours ? Je vais attirer l'attention, ils vont comprendre que j'ai un crime à me reprocher, ils vont se mettre à ma poursuite, sifflets en bouche, ils vont braquer les projecteurs sur moi, faire hurler la sirène, me plaquer au sol, me menotter et me pendre aux grilles du parc avec un écriteau autour du cou pour donner l'exemple : "voilà ce qu'il vous attend si vous approchez du parc pour regarder les petits oiseaux ! restez chez vous !
 
confinement,coronavirusPour ne pas attirer l'attention... Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien. Marchons tranquillement en sifflotant gaiement, comme si je n'avais rien à me reprocher.
Je me rapproche... 20 mètres, 10, bientôt le fourgon devant le passage de la délivrance. 5 mètres. Un des flics m'aperçoit. Je fais des yeux de lapin pris dans les phares et m'immobilise comme dans 1 2 3 soleil. Puis là un groupe de jeunes tente de passer devant lui, il les intercepte. Vite, j'en profite, tel un enfant qui pointe le ciel derrière son ennemi pour qu'il se retourne "oh un ovni !" Je pique un sprint, contourne le fourgon et monte en courant l'escalier. Je m'arrête en plein milieu pour reprendre une attitude normale moins suspecte (j'avoue, je suis essoufflée aussi après cet exploit sportif) je jette un coup d'oeil en arrière. Le flic m'aperçoit et me désigne " !" puis il hausse les épaules et retourne à ses amendes.
Il est libre Max
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
 

16/05/2020

Les oiseaux, partie 6

oiseaux cage.jpgJe ne pensais pas qu'on allait permettre aux Franciliens de sortir, puisque les hôpitaux sont toujours saturés, mais visiblement, l'économie est plus importante que la santé. Les masques étaient inutiles quand on n'en avait pas, mais aujourd'hui qu'on en trouve vendus dix fois le prix normal, ils sont nécessaires. Dans d'autres pays, on vérifie les protections et on en fournit gratuitement si les gens n'en portent pas, mais chez nous, on verbalise. On peut prendre les transports en commun bondés pour aller travailler, mais on ne peut pas se promener dans les parcs désertés les jours de semaine.
L'étudiante en médecine qui avait fait une soirée le lendemain de l'annonce du confinement "une dernière pour la route ! ça va on va pas s'arrêter de vivre !" en refait déjà une. J'entends défiler dans le hall, sa musique pourrie et ses grosses pattes marteler le sol au-dessus de ma tête. Comme si elle sortait de deux mois de colle, comme si le confinement était une punition de sortie pour enfants turbulents, et pas une mesure de santé. Comme si déconfinement signifiait fin de l'épidémie. Dans le déni, elle brave la mort comme une ado qui teste ses limites, après avoir survécu à l'hôpital en contact avec les malades, elle doit penser qu'elle est désormais invincible. Si même le personnel soignant aux premières loges ne donne pas l'exemple, je comprends mieux pourquoi certains ne respectent pas les précautions...
 
michel blanc perruque.jpgAvant même le déconfinement, j'ai observé un net relâchement, avec autant de monde dans les rues qu'avant. Toujours sans masques : "on sort bientôt, c'est pas quelques jours qui vont changer les choses !" J'ai ainsi pu voir un homme assis sur un banc et une femme qui lui coupait les cheveux. Je ne sais pas ce qu'ils ont pu cocher sur leur attestation : "première nécessité, refaire ma teinture car tout le monde va se rendre compte que je suis un faux blond". 
A quoi ça va me servir d'aller me faire couper les tifs ?
Est-ce que ma vie sera mieux, une fois que j'aurai mon certif ?
 
Moi aussi j'ai fini par sortir de mon cachot plus souvent que ma sortie hebdomadaire, sans prendre non plus le risque de m'évader "quotidiennement dans la limite d'une heure autorisée" et bien sûr, en portant toujours 38 couches de protection sur le visage. La veille du déconfinement, j'ai même délaissé mon sempiternel tour de la cour de prison pour pousser plus loin, à la limite du km autorisé... jusqu'au parc.
 
Enfin, "le parc". Il reste fermé. Avant le confinement je faisais le tour du vaste domaine, aujourd'hui je fais la même chose, mais depuis l'extérieur, sur le trottoir étroit, trop proche des nombreux passants. Pour m'en éloigner le plus possible, je longe les murs du paradis. A travers les grilles, je regarde la jungle qui a poussé sans entretien et surtout, je vois les oiseaux. Bien plus nombreux que d'habitude, en pleine période d'envol des petits, ils se posent sur les bancs, sur les chemins habituellement occupés par les citadins. Les rôles semblent inversés, avec les animaux libérés allant à leur guise et moi accrochée aux grilles de ma cage, tendant le bras à travers les barreaux pour les prendre en photo : "laissez-moi venir avec vous !"
confinement,parisiensOuvrez, ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez les s'envoler, c'est beau
les enfants si vous voyez
Des confinés prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté
 
Et là, j'entends, au loin, au-delà du kilomètre autorisé, le piaillement caractéristique des bébés mésanges...
à suivre
 

11/05/2020

Ca puire !

visiteurs parfum.jpgAlors les déconfinés, ça bosse ? ça se contamine ?
Pas moi ! Non merci sans façon, après vous, je vous en prie. Je vous laisse faire les cobayes pour ce retour à l'anormal, vous me raconterez les nouvelles du front.
Ceux qui sont obligés de sortir travailler, je les plains. Mais les files d'attentes interminables devant Sephora comme on peut en voir depuis ce matin... Les pouffes vont se maquiller sous leur masque qui couvre le visage ? A un mètre de distance, personne ne verra leurs points noirs, et on n'a pas envie de choper la migraine en sentant leurs parfums polluer les environs. S'asperger de parfum pour se faire remarquer de loin, c'est comme un chien qui pisse dans tous les coins pour marquer son territoire. ("j'ai dépensé 120 balles dans ce remugle censé montrer ma personnalité, alors qu'il est le dernier relent à la mode et qu'on est des milliers à le porter.") 
 
A propos d'odeur nauséabonde, certains pensaient courir de joie dans la rue à minuit pour fêter le déconfinement, comme si à minuit pile, le virus disparaissait aussi d'un goût de baguette magique. Mais une exhalaison pestilentielle s'est répandue dans la région francilienne au même moment. Le parfum de ma collègue ? Après avoir réussi à envahir tout l'étage et les ascenseurs, elle a atteint tout Paris ? Ca sentait le soufre. Comme au travail avec la collègue harceleuse donc. Comme en enfer. Comme pour nous avertir : "si vous sortez, vous allez crever".
Après le covid, l'incendie à Tchernobyl, les incendies en Australie, l'invasion de criquets en Afrique, les pluies diluviennes de samedi puis dimanche le soufre et les entrailles de l'enfer qui se réveillent, Paco Rabanne et les mayas s'étaient juste trompés de date, l'apocalypse n'était pas pour 1999, ni 2012, mais 2020. Je lance donc ma propre secte : la secte des confinés tous seuls. Je prêcherai la bonne parole depuis mon ordi : rejoignez ma secte... en restant chez vous.
 
Officiellement pour l'odeur pestilentielle, pour ne pas alarmer la population, on évoque les égouts qui refoulent après les violents orages de samedi. Ce phénomène se produit fréquemment avec les canalisations du village reliés à la rivière dans le jardin familial, malgré nos plaintes à la mairie. Je peux donc dire que je connais bien l'odeur des égouts (avec la rivière, mais aussi les propos et le parfum de ma collègue), et ce n'est pas du tout celle que j'ai perçue hier. Le soufre, l'odeur d'oeufs pourris, non plus. Je l'ai senti dans les fumerolles en Islande, ou moins exotique, à la station madeleine à Paris, creusée à proximité d'une nappe phréatique riche en soufre. Ca sentait plutôt le brûlé toxique, comme un insecte grillé sur une lampe halogène. Le directeur de recherche au CNRS au labo de physique chimie de l’environnement estime que ce se serait plutôt : un rejet en douce, ponctuel, comme une centrale d’appoint ou un incinérateur qui se remet en marche et dont les panaches auraient été dispersés par le vent ». On fait cramer en douce tous les morts du covid non déclarés ?
 
confinement,covidJe ne pensais pas qu'on allait permettre aux Franciliens de sortir aujourd'hui, puisque les hôpitaux sont toujours saturés, mais visiblement, l'économie est plus importante que la santé. ça pue vraiment. Préparez vos surfs pour la deuxième vague.

07/05/2020

Les oiseaux, partie 5

goelands drone.jpgLe matin aux saisons nouvelles
Je vais au bord de la ruelle
Regarder les oiseaux
Ils viennent pas quand je les appelle
Caresser l'eau du bout des ailes
Et fientent sur les bobos
 
Depuis le temps qu'on nous le promet, enfin c'est vrai : "la nature reprend ses droits". Des goélands ont niché sur le toit de l'immeuble d'en face. Cet édifice hideux qui me gâche la vue sert enfin à quelque chose (et plus à héberger des cons qui font du bruit). Je ne vois pas les oiseaux vu que j'habite comme les gueux de Métropolis au ras du sol, mais j'entends leurs cris à la fois plaintif et moqueur si caractéristiques. Certains de mes congénères parigots têtes de veaux s'en plaignent pourtant sur BFM tv, une chaîne reflet de leur intelligence :
(J'ai enlevé leur nom de famille, car sans honte, ils ont osé le donner.) Ces cris rauques nous embêtent !" déplore Anne Connasse, une psychanalyste. (qui aurait besoin de se faire soigner, les cordonniers sont les + mal chaussés.) "C'est infernal ! C'est une catastrophe de les entendre brailler, de les entendre pleurer", vitupère Rodolphe Gerbant, un agent de sécurité. "Catastrophe", rien que ça, on ne peut pas trouver pire. La pandémie, la pollution, c'est rien à côté.
Fatigués, abandonnent
Et s'enfoncent dans le ciel
Pour aller chercher de l'air plus haut
 
Entre les cris des goélands et ceux du merdeux qui pleure en permanence :"APPOLINE ELLE M'A VOLE MON PLAYMOBIL ! NON JE VEUX PAS LA SALADE !!" Je choisis les oiseaux. Au moins eux, on ne comprend pas ce qu'ils disent. A mon avis, avec leurs cris qui ressemblent à des rires, ils se moquent de nous les confinés. 
Plus haut que nous ne pourrons aller avant longtemps
C'est si loin
 
allan-barte-la-liberte-c-est-surfait.jpgGrâce aux goélands qui couvrent enfin le bruit des perceuses et de la corde à sauter de la voisine, j'ai l'impression d'être au bord de la mer, et plus cloîtrée dans mon studio parisien. Continuez les copains, et continuez aussi à attaquer les drones de surveillance de 1984. A ce propos, je vous conseille vivement l'excellent documentaire d'Arte "Tous surveillés, 7 milliards de suspects" disponible jusqu'au 19 juin, en lien ici.
Loin de moi que mes yeux déçus
Aveuglés aux voûtes d'azur
N'y croient plus
 

02/05/2020

Les oiseaux, partie 4

oiseaux,confinement
Fly away through the midnight air
As we head across the sea
And at last we will be free
I'm a bluebird, I'm a bluebird
Les deux fenêtres du cabinet médical sont ouvertes pour la première fois. Peut-être pour aérer entre deux patients infectés, mais moi, je connais bien la vraie raison, bien plus importante, vitale : pour écouter les petits oiseaux !
Le docteur continue son discours désabusé : "Les gens n'en peuvent plus du confinement. C'est difficile pour eux de ne pas sortir voir leurs proches... Vous tenez le coup ?
- Je vois peu de personnes d'habitude, c'est surtout me promener dans la nature qui me man.. OH j'entends une mésange charbonnière aussi !!
L'étonnement se lit à nouveau sur le visage du médecin, mais compréhensif, il se met à mon niveau : - Oui on a de la chance avec cette cour intérieure, pas de bruit, les oiseaux sont tranquilles, on les entend bien...
- Han un troglodyte cette fois ! Mais c'est le paradis ici !"
Le docteur interrompt mon cours d'ornithologie : - Bon, vous étiez venue pour des piqûres et vaccins...
 
mesange-charbonniere-.jpgJe lui parle des oiseaux, ces êtres doux et divins, et il me répond piqûre infernale qui fait mal, qui est ce démon ?
- Nan mais je préfère écouter les oiseaux en fait
- Vous pourrez le faire pendant que je vous vaccine. Ca ne fait pas mal du tout, c'est très rapide, regardez :
En un éclair digne d'un magicien, il me pique le bras gauche et je confirme : - J'ai rien senti !
- Je vous l'avais dit ! Regardez les oiseaux par la fenêtre maintenant.
Je me tourne vers la vitre à gauche, et pendant ce temps, le docteur m'empale le bras droit en douce.
Moi, choquée : - MAIS !
Docteur, content comme un gosse qui a collé un poisson d'avril dans le dos de son voisin : - Hé hé ! Je vous ai eu !! 
- Mais il fait mal celui-là !
- Oui ! C'est pour ça que je vous ai dit de regarder les oiseaux !
- On les voit même pas en plus !!"
Bernée comme une gamine de 5 ans.
 
troglodyte mignon.jpgJe reprends une conversation d'adulte : - Je peux faire des effets secondaires ? Que je me dise pas que j'ai chopé le corona quoi...
- Bof, non c'est rien...
- Ah ?
- Bon c'est possible, surtout qu'on a fait plusieurs vaccins... Peut-être de la fatigue, des douleurs au bras, des boules au niveau des injections, de la fièvre...
 
3 fois rien quoi, juste une petite gangrène. Je sors du cabinet en faisant ma guerrière revenue du front : "les piqûres, je les fais toutes d'un coup, tournée générale, cocktail molotov, même pas mal."
4 heures après, je regarde la dernière saison du Bureau des légendes et tout d'un coup je passe d'une conversation dans les locaux de la DGSE à une scène dans le désert avec un nouveau personnage et un mort ressuscité. En fait je me suis endormie comme une grosse larve et j'ai loupé un épisode. Mes bras me font atrocement mal, et je vois que deux nouveaux biceps ont poussé. Soit je suis Hulk somnambule et j'ai fait 3000 pompes sans m'en rendre compte, soit, plus plausible, je fais une réaction aux vaccins comme Coluche en fait aux moustiques dans Banzaï. Pendant 3 jours, je comate dans mon lit en me réveillant en sursaut dès que mes bras touchent le matelas.
"ça ne fait pas mal" "c'est rien du tout" qu'il disait.
 
Le 3ème jour, ce n'est pas la douleur qui me réveille du coma, mais un bruit. L'éternelle guitare du voisin, la corde à sauter de la voisine ? Non. Un son très agréable. Le chant du merle. C'est sûr, il a quitté le médecin pour moi :"Une fan apprécie mon talent à sa juste valeur, je déménage pour suivre mon public éclairé." En 13 ans à Paris, je ne l'entendais qu'exceptionnellement. Depuis, il chante du matin au soir, sa voix puissante résonne et couvre celle du clodo aviné et des perceuses. Je ne l'ai pas encore vu, il est certainement perché sur le toit car les merles aiment se placer en hauteur pour dominer, comme les chats. Merlounet nous gueule à longueur de journée (je vous fais la traduction, je parle couramment le merle) : "restez chez vous, ne faites pas de bruit, écoutez-moi, c'est moi le roi !" et je bois ses paroles religieusement. Depuis le début du confinement je mettais des chants d'oiseaux sur youtube pour oublier Paris. Plus besoin, je laisse la fenêtre ouverte. Il fait 14 degrés et un vent à décorner les cocus, mais je préfère m'enrouler dans mon plaid et risquer la pneumonie pour entendre mon nouvel ami. 
 
Blackbird singing in the dead of night
Take these broken wings and learn to fly
All your life
You were only waiting for this moment to arise

25/04/2020

Les oiseaux, partie 2

 
Réveille-toi !
Debout !
Tiens-toi droit !
On va leur montrer
Qu'on peut tout changer
 
Je sors donc de chez moi. Je me rends d'abord à la pharmacie chercher mes vaccins (pas contre le coronavirus malheureusement) Pour cela, je dois me faufiler entre les clients de la boucherie qui tiennent une file d'attente de 30 mètres pour aller bouffer du pangolin. Cette fois-ci, ils ont fait un effort : ils portent des masques, des vrais, ces précieux trésors introuvables. Mais ils les laissent autour du cou. Oui, ils les baissent pour pouvoir discuter entre eux...
Quant aux distances de sécurité, déjà, un mètre, je trouvais que c'était trop peu : lors de ma dernière sortie, le gamin qui m'a doublé en trottinette a échappé (jeté ?) son mouchoir, lequel avec le vent s'est immédiatement retrouvé 10 mètres plus loin. Alors avec les crachats de joggeurs, les gens qui toussent... La distance à maintenir à été remontée à 2 mètres minimum, et des médecins admettent que les postillons et éternuements peuvent se répandre à 5 mètres à la ronde.
 
J'ai bricolé un masque à ma façon. Certains prétendaient au début que c'était inutile, mais tous les hivers, je porte mon écharpe autour du nez dans le métro, et je suis rarement malade (enfin à part des maladies chroniques non contagieuses), pas même un rhume. J'ai donc imaginé une protection avec une superposition de filtre à café, de sopalin, de foulard puis de tour du cou. Au top de la mode pour la collection printemps-été 2020. 26 degrés, j'étouffe sous mes 4 couches de protection (et même 8 car les foulards sont pliés en deux). La prochaine fois, j'en rajoute une 9ème avec une serviette hygiénique. Je pars en mission commando suicide.
Il faudrait retrouver les oiseaux blessés
Ils sont bien quelque part, on peut les sauver
Vaut mieux tout recommencer, on peut pas se suicider
 
Parvenant tant bien que mal à me glisser entre deux pestiférés, je rentre dans la pharmacie. C'est la première fois en 5 semaines que je parle à quelqu'un de visu (si l'on excepte le simple "bonjour" avec les voisins devant les poubelles). Je suis si contente de tenir enfin une conversation (ah les médicaments, ma passion) que je me montre volubile. Sauf qu'avec mes 8 couches de protection sur la gueule, la pharmacienne ne comprend rien.
Moi : "fé  fou fé fan fi fote feu faq faufou fu cou
Pharmacienne : - Pardon?
 Plus fort : FE FOU FE FAN FI FOTE... 
La pharmacienne grimace et tend l'oreille. J'articule : - F'est fou ces gens qui fautent
Elle se rapproche encore. Rah et la distance de sécurité... Par réflexe d'agacement de ne pas me faire comprendre, j'écarte un peu ma super protection sans la baisser :
" C'est fou ces gens qui portent leurs masques autour du cou !"
- Oui ! C'est ce qu'on se dit tous ici en les voyant. C'est désolant. ça ne sert à rien... Puis en touchant leur protection, ils la contaminent."
 
Un ange passe. Me croyant jouer à 1,2,3 soleil, je m'immobilise comme lorsque le maître du jeu se retourne pour voir si on a bougé : car j'ai la main sur mon foulard. J'essaie de le redresser tant bien que mal car les 28 couches de protections se disloquent. Hum.
Respire! On va leur montrer
Respire! Qu'on peut tout changer
Respire ! Debout, souffle
Réveille-toi
 
Après la pharmacienne, je dois à présent affronter le médecin...
à suivre
 

20/04/2020

Les oiseaux, partie 1

coronavirus, confinement, chanson française, musiquePleure pas, crie pas
N'oublie pas que tu n'as plus vingt ans
Ne te laisse pas sortir
Ou tu vas mourir
Notre vie n'est pas foutue
Faut pas qu'on s'habitue
 
Deux pigeons roucoulent devant ma fenêtre ouverte à 1 mètre de moi. Ils ne respectent pas la "distance de sécurité" ni les "gestes barrières" ni la limite "d'une heure autorisée". Ils me narguent en marchant sur la margelle, faisant crisser leurs serres sur le zinc : "alors comme ça, on ne peut pas sortir ? Frustrant hein ?" 
Confinement J+ je sais plus combien. Et on n'a même pas subi la moitié. Parce que le 11 mai, j'y crois autant qu'à la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu. En plus je fais partie des "personnes à risque" (contre toutes les apparences : pas parce que je suis une mémé) qui "vont devoir rester confinées plus longtemps". Pas près de revoir mes oiseaux ni les marmottes (et vérifier si c'est vrai pour le papier d'alu). (J'ai un doute, elles sont capables de tout ces petites bestioles).
 
J'ai eu une bonne excuse pour sortir : me faire soigner, car les médecins s'alarmaient que "la situation est aussi dramatique pour les malades chroniques que l'on a perdus, ils n'osent plus venir nous voir."
coronavirus, confinement, chanson française, musiqueRéveille-toi
Debout, tiens-toi droit!
On va leur montrer
Qu'on peut tout changer
Je sais bien que les oiseaux perdus
Ne reviendront jamais
 
Alors je me suis résolue à me rendre chez le docteur, qui m'a sorti son sempiternel "mais pourquoi vous avez attendu !" Déjà parce qu'à chaque fois je pense "nan c'est rien, ça va passer, oublie que t'as aucune chance, on sait jamais sur un malentendu ça peut marcher". Puis en ce moment, la "petite grippette" ne m'encourage pas à sortir. Et pour des piqûres, encore moins. La dernière fois ya deux mois, après 5 jours d'empalements par des perfusions grosses comme le pipeau du déconfinement prochain, mes veines ne pouvaient tellement plus supporter que les infirmières ont dû s'y prendre à 3 pour me piquer 7 fois : "désolées pour le massacre" à la tronçonneuse. Mes bras ont ressemblé pendant 3 semaines à ceux d'une toxico du canal saint martin. J'aurais bien tenté les piqûres par téléconsultation sinon, je suis sûre que mon médecin a un petit côté marabout. Il pourrait sinon me lancer la seringue de loin comme l'infirmière le fait à De funès dans L'aile ou la cuisse (voir en lien) mais mon docteur n'est pas aussi sadique.
Mais arrête de dire dans ton lit
Que tu vas faire tout sauter
Toussoter 
 
Je téléphone d'abord pour savoir comment on procède, car je n'ai pas spécialement envie de me retrouver dans une salle d'attente bondée alors que je slalome déjà entre les joggeurs et crachats dès que je sors de chez moi.
Secrétaire :
- Oui vous pouvez venir cet après-midi, il est réservé aux patients atteints du covid.
- Mais je l'ai pas moi ! Et je suis à risque en + ! 
- Ah non pardon, je voulais dire que le covid, c'est le matin, l'après midi, c'est les téléconsultations.
- Il va me vacciner par téléphone ? (un marabout, j'en étais sûre !)
- Non (ah flûte) mais vous pouvez venir, la salle d'attente sera vide."
Allons viens et calme-toi
Parle-nous, ouvre-toi
 
Je sors donc de chez moi...
à suivre...