Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/11/2020

Nobody told me

shadok solution.jpgA part "tiens tout a changé ce matin, je n'y comprends rien" j'ai aussi souvent en tête depuis le confinement "noboby told me there'd be days like these". Je vous livre donc une parodie des paroles de John Lennon. Attention, vous allez être subjugué par mon talent inné pour les rimes et le nombre de pieds. Je tiens le tube de l'hiver 2020. Poète, poète, pouet-pouet ouais!
Ecoutez la version originale de Nobody told me ici en lien. J'ai recopié la traduction sur le site coccinelle :

Everybody's talking and no one says a word
Tout le monde parle et personne ne dit un mot
Everybody's making love and no one really cares
Tout le monde fait l'amour et personne n'a vraiment d'affection
There's nazis in the bathroom just below the stairs
Il y a des nazis dans la salle de bains juste sous les escaliers
Always something happening and nothing going on
Il se passe toujours quelque chose et rien n'avance
There's always something cooking and nothing in the pot
Il y a toujours quelque chose en train de cuire et rien dans la casserole
They're starving back in China so finish what you got
Ils sont en train de crever de faim en Chine alors finis ton assiette

shadok einstein.jpgNobody told me there'd be days like these
Personne ne m'a dit qu'il y aurait des jours comme ceux-ci 
Strange days indeed
Des jours étranges à vrai dire 

Ma version 2020 :

Tout le monde parle et personne ne dit un son
Tout le monde donne son avis et personne n'a la solution
Il y a Trump qui ne veut pas quitter la maison blanche
Il se passe toujours quelque chose et rien n'avance
il y a distance sociale mais on est serrés en classe
Ils crèvent à l'hôpital alors sois pas à la ramasse 

Personne ne m'a dit qu'il y aurait des jours comme ça
Des jours étranges ma foi

Everybody's running and no one makes a move
Tout le monde court et personne ne bouge
Everyone's a winner and nothing left to lose
Tout le monde gagne et il n'y a plus rien à perdre
Everybody's flying and no one leaves the ground
Tout le monde vole et personne ne quitte le sol
Everybody's crying and no one makes a sound
Tout le monde pleure et personne ne fait de bruit

Nobody told me there'd be days like these

shadok essai.jpgTout le monde fait du jogging et personne ne bouge
Tout le monde est confiné mais personne respecte la loi
Il ya confinement mais on part de chez soi
Tout le monde sort bosser mais personne voit ses amis
Tout le monde veut lire mais personne peut acheter en librairie

Personne ne m'a dit qu'il y aurait des jours comme ceux-ci. 

Everybody's smoking and no one's getting high
Tout le monde fume et personne ne plane
Everybody's flying and never touch the sky
Tout le monde vole et personne ne touche le ciel
There's a UFO over New York and I ain't too surprised
Il y a un OVNI au-dessus de New-York et je ne suis pas trop surpris

confinement,coronavirus,shadoksTout le monde veut un vaccin mais personne veut se vacciner
Certains crient au complot avec un vaccin à la 5G
Il y aurait un OVNI au-dessus de Paris que je serais pas trop surpris

Personne ne m'a dit qu'il y aurait des jours comme ceux-ci. 

Personne veut être contaminé mais on porte nos masques sous le nez
La 2è vague est pire qu'avant mais on assouplit le confinement 
En octobre on devait partir en vacances, là on dépasse pas 1 km de distance  
On peut aller à la fnac et darty, mais pas en librairie
On peut acheter un aspirateur, mais pas aller chez le coiffeur
Il y a confinement, mais peu de changements
Des déplacements, des fêtes dans les appartements.
Tout le monde se ruent pour acheter du PQ, les coronaggeurs sont de retour dans la rue. 
 
Personne ne m'a dit qu'il y aurait des jours comme ceux-ci. 

 

 

 

 

07/11/2020

C'est la fête, encore

cest la fete saute.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

Relire le début ici et .
Après 8 mois de pandémie et malgré sa progression, on s'y habitue et la banalise. Au premier confinement, la peur régnait, accentuée par les journaux télévisés qui chaque soir consacraient une "édition spéciale" sur le coronavirus et débutaient en donnant le nombre de décès du jour. Pour ce deuxième confinement, j'ai noté samedi dernier qu'au JT de france 2, le covid n'était abordé qu'à la 20ème minute et les statistiques brièvement, à la 25ème. On attendait la 2è vague comme prévu en novembre, qui était encore niée par certains récemment. Aujourd'hui on évoque déjà une 3è vague au printemps et d'autres qui se succèderont jusqu'en été ou la fin de l'année prochaine.
bring out your dead.jpegDepuis le temps qu'on en rêvait
Et qu'on en crevait
Elle est arrivée
C'est la fête, la fête

Depuis l'instauration du deuxième confinement, je remarque peu de changements. Toujours autant de monde dans ma rue, toujours autant de bruit, de voitures, de déplacements, et toujours pas de retour salutaire du chant des oiseaux
dernier train.jpgMerde que ma ville est belle
Sans ces putains de camions
Plus de gazoil mais du gazon
Jusque sur le goudron

Je vois des voisins discuter entre eux sans masque, ou posés au parc avec leurs enfants, comme si de rien était. Pire, cette nuit, j'ai même entendu des groupes de jeunes faire la fête dans des appartements, confirmé par cet article.
confinement,coronavirus,cinémaMerde que ma ville est belle
Avec ces gosses qui jouent
Qui rigolent et qui cassent tout
Qui n'ont plus peur du loup !

Au point que j'ai vérifié si je ne m'étais pas trompée dans la date du confinement. Je sors bien avec mon attestation, calculant le temps et quittant à regret mes petits canards du parc pour être rentrée chez moi dans les délais. Mais contrairement à ma mésaventure du premier confinement raconté ici, je n'ai croisé aucun policier pour me contrôler.
shaun confinement.jpgVenez danser dans la rue
Ce n'est plus défendu
C'est la fête, la fête
En vérité je vous le dis, c'est le paradis
C'est la fête, la fête

En revanche, j'ai remarqué immédiatement deux caractéristiques du premier confinement : ceux qui se ruent dans les supermarchés pour acheter du PQ, et le retour des corona joggeurs, ceux qui ne courent que pendant le confinement. Retour à l'anormal.
nuit des morts confi.jpgC'est comme un grand coup de soleil
Un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui
On a les yeux écarquillés sur la liberté
Et la liberté
C'est la fête, la fête.

 

05/11/2020

C'est la fête, suite

cest la fete pif gadget.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

J'ai trouvé qu'il ne tentait pas de cacher la gravité de la situation, en employant des termes forts et alarmistes : "Bilan dramatique" "Pire que la première vague" "Pas assez de lits dans les hôpitaux, Tri entre les malades" "Si rien n'est fait, 400 000 morts dans quelques mois." "on va tous crever c'est horriiible branle-bas de combat sauve qui peut au secouuurs je déclare les Hunger games ouverts, puisse le sort vous être favorable."
Le monde mort et enterré a ressuscité
On peut plus respirer
C'est la fête, la fête

confinement,coronavirusLe président n'y allait pas avec des pincettes, même s'il tournait autour du pot : bien 10 minutes avant qu'il crache sa pastille pour nous dire à quelle sauce on allait être mangé. Vu sa longue introduction qui nous préparait au pire (attaque de zombies ? Pénurie de chocolat ?) je m'attendais à des mesures encore plus strictes que la première fois (un confinement de 2 mois direct, toute personne vue le nez dehors abattue au lance-rocket sans sommation...)
Macron emploie enfin le mot confinement, ce qu'il n'avait pas fait pour le premier (voilà, on ressortira en 2023...) Et puis là, il annonce enfin les mesures : on continue de sortir pour aller travailler ou étudier.

M'enfin ? Il explique que c'est pire qu'avant, mais il assouplit le confinement ? Il précise que les jeunes propagent le virus, mais il laisse les écoles ouvertes ? (où il est compliqué d'aérer en plein mois de novembre, de faire respecter les distances dans les salles de classe, le masque dans la cour, encore moins à la cantine). Il précise que "jamais" il ne sacrifiera la santé à l'économie, mais ils nous laissent partir travailler, prendre les transports en communs bondés pour se rendre dans des bureaux en open space et côtoyer les collègues à la machine à café ?
confinement,coronavirusEn quoi ce confinement change du couvre-feu à 21 heures ? (j'apprends aujourd'hui avec la polémique du couvre-feu rétabli, annoncé puis démenti, que le couvre-feu était en fait annulé par le confinement. Décidément, rien n'est clair).
Il instaure un confinement d'un mois minimum, mais vu que le premier plus strict devait durer 15 jours et qu'on est resté cloîtré 55, à ce rythme-là, on n'est pas sorti de l'auberge et on fête noël en juillet comme préconise sérieusement une scientifique.
C'est la fête, la fête

Je tente une supposition : comme la population commence à être lassée des mesures restrictives, le gouvernement n'a peut-être pas voulu être trop sévère au début, pour pouvoir dire dans 15 jours, quand il réévaluera la situation : "voilà, je vous avais prévenu qu'on courait à la catastrophe et qu'il fallait faire attention, mais la pandémie a encore empirée. Vous n'avez pas été sages ! maintenant on est obligé d'être plus sévère et de vous punir au coin !" Il nous fait porter le chapeau, le bonnet d'âne.
Pourtant, la population n'est pas la seule à blâmer. Les entreprises aussi, qui n'instaurent pas autant qu'elles pourraient le télétravail, pourtant vivement encouragé. Dans mon boulot, on est 2000 mais mes collègues continuent d'aller bosser et la cantine reste ouverte.
Le gouvernement est critiqué aussi, qui n'a pas donné de consignes claires ou a tardé à les instaurer (nous inciter à partir en vacances à la Toussaint, pour 15 jours plus tard nous interdire de sortir à plus d'un km parce que le virus s'est propagé dans toute la France. Ne pas savoir quels commerces laisser ouverts, puis ne pas s'accorder sur les produits jugés essentiels -maquillage je m'en fiche, tant que vous me laissez ma raclette et mon chocolat...)
confinement,coronavirusLe pain et le vin sont gratuits
Et les fleurs aussi
C'est la fête, la fête

Il est facile de critiquer, mais face à la nouveauté et à l'ampleur de l'épidémie, face aux avis contradictoires des "experts", il est difficile de prendre des décisions claires. Il faut maintenir l'éducation et l'économie, tout en étant confinés.
Ce flou nourrit la lassitude, la colère et la rébellion. Les consignes sont bien moins respectées. Partout autour de moi, j'entends la même réflexion : "j'ai porté mon masque, respecté les distances sociales, je suis peu sorti, mais je n'ai plus le droit d'aller voir mon copain / ma soeur/ mon chat ? Je dois juste faire "métro/boulot/dodo ? Si je veux éviter les transports bondés, je dois me taper une heure à pieds sous la pluie et le froid pour me rendre au travail ? Hors de question !

Plus de bruit, plus de fumée
Puisqu'on va tous à pieds
C'est la fête, la fête

à suivre...

 

04/11/2020

C'est la fête

cest la fete.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

J'ai cette chanson en tête depuis une semaine, en remplaçant malgré moi "c'est la fête" par "c'est la merde".
La veille de l'allocution de Macron, je fais mes courses du mois et je croise un gars qui veut me racketter ma raclette, raconté ici (notez l'allitération). Plus tard, comme j'ai oublié d'acheter un truc, je retourne rapidement dans la supérette en bas de chez moi. A l'intérieur du petit magasin je ne vois que 2 personnes, qui n'achètent qu'un seul produit : du papier toilette. C'est un signe : c'est la merde, c'est reparti comme en 40.

Les deux idolâtres du PQ parviennent en même temps à la caisse et se disputent pour passer en premier : "j'étais là avant ! Arrêtez de me coller, un mètre de distance !" Ils mettent plus de temps à s'invectiver qu'à payer leur précieux : ça valait le coup.
Je me rends ensuite à la pharmacie renouveler mes médicaments. En remarquant l'affiche "Plus de vaccins anti grippe" un vieillard baisse son masque pour s'adresser au pharmacien : "mais comment je vais faire ? je suis à risque !"
Son interlocuteur s'impatiente : "Oui vous vous plaignez tous, mais j'y peux rien, ya pénurie ! Et mettez votre masque !" avec un geste sur l'autre affiche, sur le port du masque, pourtant collée à celle du vaccin anti-grippe.
A chaque fois, je vois des gens qui baissent leur protection ainsi quand c'est à leur tour de parler. Pareil quand certains croisent des voisins qui les interpellent dans la rue. Ils cachent peut-être derrière leurs masques de la laine de verre, des parpaings isolants ou des bouts de fenêtre triple vitrage. Ou bien 12 couches de foulards et mouchoirs improvisés comme moi en avril, quand les masques n'étaient pas encore obligatoires (voire déconseillés!) et introuvables. Ou alors ils pensent que leurs interlocuteurs sont tous sourds et doivent lire sur les lèvres. C'est plutôt eux qui sont durs de la feuille et aveugle, à ne toujours pas comprendre les consignes d'hygiène pourtant répétées en long et en large partout depuis des mois et affichées sous leur nez comme des panneaux publicitaires clignotants à Times square...
Jeunes et vieux, grands et petits
On est tous amis
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

suite demain...

 

29/05/2020

Les oiseaux, partie 8

confinement,coronavirusSubjuguée par les mésanges, je n'ai pas vu le temps passer. On est la veille du déconfinement, je dois encore posséder une attestation garantissant que je me trouve à moins d'un kilomètre de chez moi et sortie moins d'une heure. Or j'ai dépassé de 200 mètres et il ne me reste plus que 6 minutes pour rentrer. Je marche vite mais là, c'est de la télétransportation qu'il me faudrait.
Je ne m'inquiète pas : "tout de même, à un jour près, les flics vont être indulgents... la première fois que je m'éloigne, que je sors si longtemps... je n'ai pas été contrôlée une seule fois en deux mois alors que j'étais à 500 mètres de chez moi, je ne vais quand même pas l'être aujourd'hui !
Je repars confiante, ragaillardie par les oiseaux et mes photos floues, et là, lorsque je tourne à l'angle de la rue...Les flics.
 
confinement,coronavirusVite, je recule et me plaque contre le mur du parc. Je me risque à pencher la tête hors de ma cachette pour observer la situation de loin. Comme dans les films d'horreur et d'espionnage.
Un car de police bloque l'accès à l'escalier. Les flics sont nombreux, éparpillés sur la vaste pelouse, et contrôlent tout le monde. Pas un n'en réchappe. Si je tente un autre passage, je m'éloigne encore plus du kilomètre autorisé. S'ils sont sournois, ils auront mis des postes de contrôle devant toutes les issues vers la zone libre. Une copine s'est fait alpaguer alors qu'elle traversait un quai en zone interdite, le flic l'a rassurée "c'est bon, ça ira pour cette fois." Mais ce lâche fourbe a gardé son attestation et lui a envoyé une amende en douce par la poste une semaine après. Il n'avait pas contrôlé sa carte d'identité, juste le pauvre bout de papier écrit à la main. Ce qui signifie qu'à sa place, j'aurais pu mettre le nom de ma voisine foldingo, et c'est elle qui aurait payé l'amende.
 
confinement,coronavirusPas le choix, je dois passer devant les flics. Comment faire pour les éviter ?
Je ne peux pas rester là à essayer de me fondre dans le mur comme le passe-murailles, faut bien que j'avance. Plus j'attends, plus je dépasse l'heure, plus je risque de me faire verbaliser.
Je repense à la situation quelques mois en arrière. Malgré toute mon imagination et ma tendance à l'exagération, si on m'avait dit qu'un jour on allait devoir fournir une attestation pour sortir de chez soi, et que j'allais me retrouver à me planquer des flics comme de la gestapo pour échapper au couvre feu, j'aurais rigolé "oui mais bien sûr ! Faut pas pousser !"
Bon allez, j'assume, j'arrête de me cacher, je fais front. Je vais être honnête. Si je mens, ça va se voir tout de suite. Je vais dire la vérité : "j'ai dépassé la distance et le temps autorisé, car j'ai entendu des bébés mésanges au loin et je n'ai pas vu l'heure passer à force de m'extasier devant eux !" et là je démontre mes propos, preuves à l'appui : "regardez, j'ai les photos ! mais si là, dans l'angle, le petit point bleu au-dessus de la poubelle !" Je suis sûre que les flics seront sensibles à ma sincérité et à la beauté de mes clichés.
Puis je repense à l'attitude effarée des gamins devant ma tentative de cours d'ornithologie. je comprends que si des enfants censés s'émerveiller facilement ne se montrent pas réceptifs, j'ai encore moins de chance avec des flics aux airs de Gérard Jugnot Adolfo Ramirez contrôlant la famille dans Papy fait de la résistance  : "Rassurez vous madame c'est français, c'est la police française. Alors ausweispapier ! Au trot ! Tiens pendant que vous y êtes, rajoutez moi les tickets de pain."
 
confinement,coronavirusJ'avance à pas de velours. Des flics s'approchent. Vite, je me cache derrière le manège. Masquée par le cheval de bois, j'observe depuis mon poste de vigie l'attitude de l'ennemi.
Il sort quoi de sa poche ? Un flingue, une matraque, une grenade ? Une amende ! ça y est c'est foutu, ils vont me verbaliser, je vais être ruinée, je vais plus pouvoir payer mon loyer et j'irai vivre dans le parc avec les petits oiseaux !
Un jeune qui était assis là parlemente, rien à faire, le policier lui colle une contravention.
Ah là là, c'est pas des tendres, ils font du zèle, ils vont me faire payer. Faut absolument pas qu'ils me voient !
 
N'écoutant que mon courage qui ne me disait rien, je décide d'avancer en frôlant le mur du parc et en me cachant derrière les arbres que je croise. Il ne me manque plus que le pardessus et les lunettes de soleil d'apprenti détective, comme Antoine Doinel ou Jean Rochefort espionnant sa femme dans Nous irons tous au paradis.
Prochaine cachette à 15 mètres : un banc de pierre. Pas assez haut pour me dissimuler. Je ne vais quand même pas m'accroupir derrière et avancer à genoux ? :
"Vous faites quoi ?
- J'ai perdu mes clés, j'ai dû les faire tomber par ici !"
 
confinement,coronavirusPas de planque sur le reste du parcours. Je ne peux pas ramper non plus : "c'est pour me muscler ! regardez j'ai coché activité sportive sur mon attestation ! quoi j'ai choisi promenade ? qui a dit que pour se promener, il fallait obligatoirement marcher ? quel meilleur moyen d'être proche de la nature que de ramper le nez dans l'herbe, à respirer le parfum des fleurs, les abeilles me butinant le nez..."
Non, impossible d'avancer en rampant, en volant... Je cours ? Je vais attirer l'attention, ils vont comprendre que j'ai un crime à me reprocher, ils vont se mettre à ma poursuite, sifflets en bouche, ils vont braquer les projecteurs sur moi, faire hurler la sirène, me plaquer au sol, me menotter et me pendre aux grilles du parc avec un écriteau autour du cou pour donner l'exemple : "voilà ce qu'il vous attend si vous approchez du parc pour regarder les petits oiseaux ! restez chez vous !
 
confinement,coronavirusPour ne pas attirer l'attention... Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien. Marchons tranquillement en sifflotant gaiement, comme si je n'avais rien à me reprocher.
Je me rapproche... 20 mètres, 10, bientôt le fourgon devant le passage de la délivrance. 5 mètres. Un des flics m'aperçoit. Je fais des yeux de lapin pris dans les phares et m'immobilise comme dans 1 2 3 soleil. Puis là un groupe de jeunes tente de passer devant lui, il les intercepte. Vite, j'en profite, tel un enfant qui pointe le ciel derrière son ennemi pour qu'il se retourne "oh un ovni !" Je pique un sprint, contourne le fourgon et monte en courant l'escalier. Je m'arrête en plein milieu pour reprendre une attitude normale moins suspecte (j'avoue, je suis essoufflée aussi après cet exploit sportif) je jette un coup d'oeil en arrière. Le flic m'aperçoit et me désigne " !" puis il hausse les épaules et retourne à ses amendes.
Il est libre Max
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler
 

25/04/2020

Les oiseaux, partie 2

 
Réveille-toi !
Debout !
Tiens-toi droit !
On va leur montrer
Qu'on peut tout changer
 
Je sors donc de chez moi. Je me rends d'abord à la pharmacie chercher mes vaccins (pas contre le coronavirus malheureusement) Pour cela, je dois me faufiler entre les clients de la boucherie qui tiennent une file d'attente de 30 mètres pour aller bouffer du pangolin. Cette fois-ci, ils ont fait un effort : ils portent des masques, des vrais, ces précieux trésors introuvables. Mais ils les laissent autour du cou. Oui, ils les baissent pour pouvoir discuter entre eux...
Quant aux distances de sécurité, déjà, un mètre, je trouvais que c'était trop peu : lors de ma dernière sortie, le gamin qui m'a doublé en trottinette a échappé (jeté ?) son mouchoir, lequel avec le vent s'est immédiatement retrouvé 10 mètres plus loin. Alors avec les crachats de joggeurs, les gens qui toussent... La distance à maintenir à été remontée à 2 mètres minimum, et des médecins admettent que les postillons et éternuements peuvent se répandre à 5 mètres à la ronde.
 
J'ai bricolé un masque à ma façon. Certains prétendaient au début que c'était inutile, mais tous les hivers, je porte mon écharpe autour du nez dans le métro, et je suis rarement malade (enfin à part des maladies chroniques non contagieuses), pas même un rhume. J'ai donc imaginé une protection avec une superposition de filtre à café, de sopalin, de foulard puis de tour du cou. Au top de la mode pour la collection printemps-été 2020. 26 degrés, j'étouffe sous mes 4 couches de protection (et même 8 car les foulards sont pliés en deux). La prochaine fois, j'en rajoute une 9ème avec une serviette hygiénique. Je pars en mission commando suicide.
Il faudrait retrouver les oiseaux blessés
Ils sont bien quelque part, on peut les sauver
Vaut mieux tout recommencer, on peut pas se suicider
 
Parvenant tant bien que mal à me glisser entre deux pestiférés, je rentre dans la pharmacie. C'est la première fois en 5 semaines que je parle à quelqu'un de visu (si l'on excepte le simple "bonjour" avec les voisins devant les poubelles). Je suis si contente de tenir enfin une conversation (ah les médicaments, ma passion) que je me montre volubile. Sauf qu'avec mes 8 couches de protection sur la gueule, la pharmacienne ne comprend rien.
Moi : "fé  fou fé fan fi fote feu faq faufou fu cou
Pharmacienne : - Pardon?
 Plus fort : FE FOU FE FAN FI FOTE... 
La pharmacienne grimace et tend l'oreille. J'articule : - F'est fou ces gens qui fautent
Elle se rapproche encore. Rah et la distance de sécurité... Par réflexe d'agacement de ne pas me faire comprendre, j'écarte un peu ma super protection sans la baisser :
" C'est fou ces gens qui portent leurs masques autour du cou !"
- Oui ! C'est ce qu'on se dit tous ici en les voyant. C'est désolant. ça ne sert à rien... Puis en touchant leur protection, ils la contaminent."
 
Un ange passe. Me croyant jouer à 1,2,3 soleil, je m'immobilise comme lorsque le maître du jeu se retourne pour voir si on a bougé : car j'ai la main sur mon foulard. J'essaie de le redresser tant bien que mal car les 28 couches de protections se disloquent. Hum.
Respire! On va leur montrer
Respire! Qu'on peut tout changer
Respire ! Debout, souffle
Réveille-toi
 
Après la pharmacienne, je dois à présent affronter le médecin...
à suivre
 

20/04/2020

Les oiseaux, partie 1

coronavirus, confinement, chanson française, musiquePleure pas, crie pas
N'oublie pas que tu n'as plus vingt ans
Ne te laisse pas sortir
Ou tu vas mourir
Notre vie n'est pas foutue
Faut pas qu'on s'habitue
 
Deux pigeons roucoulent devant ma fenêtre ouverte à 1 mètre de moi. Ils ne respectent pas la "distance de sécurité" ni les "gestes barrières" ni la limite "d'une heure autorisée". Ils me narguent en marchant sur la margelle, faisant crisser leurs serres sur le zinc : "alors comme ça, on ne peut pas sortir ? Frustrant hein ?" 
Confinement J+ je sais plus combien. Et on n'a même pas subi la moitié. Parce que le 11 mai, j'y crois autant qu'à la marmotte qui met le chocolat dans le papier d'alu. En plus je fais partie des "personnes à risque" (contre toutes les apparences : pas parce que je suis une mémé) qui "vont devoir rester confinées plus longtemps". Pas près de revoir mes oiseaux ni les marmottes (et vérifier si c'est vrai pour le papier d'alu). (J'ai un doute, elles sont capables de tout ces petites bestioles).
 
J'ai eu une bonne excuse pour sortir : me faire soigner, car les médecins s'alarmaient que "la situation est aussi dramatique pour les malades chroniques que l'on a perdus, ils n'osent plus venir nous voir."
coronavirus, confinement, chanson française, musiqueRéveille-toi
Debout, tiens-toi droit!
On va leur montrer
Qu'on peut tout changer
Je sais bien que les oiseaux perdus
Ne reviendront jamais
 
Alors je me suis résolue à me rendre chez le docteur, qui m'a sorti son sempiternel "mais pourquoi vous avez attendu !" Déjà parce qu'à chaque fois je pense "nan c'est rien, ça va passer, oublie que t'as aucune chance, on sait jamais sur un malentendu ça peut marcher". Puis en ce moment, la "petite grippette" ne m'encourage pas à sortir. Et pour des piqûres, encore moins. La dernière fois ya deux mois, après 5 jours d'empalements par des perfusions grosses comme le pipeau du déconfinement prochain, mes veines ne pouvaient tellement plus supporter que les infirmières ont dû s'y prendre à 3 pour me piquer 7 fois : "désolées pour le massacre" à la tronçonneuse. Mes bras ont ressemblé pendant 3 semaines à ceux d'une toxico du canal saint martin. J'aurais bien tenté les piqûres par téléconsultation sinon, je suis sûre que mon médecin a un petit côté marabout. Il pourrait sinon me lancer la seringue de loin comme l'infirmière le fait à De funès dans L'aile ou la cuisse (voir en lien) mais mon docteur n'est pas aussi sadique.
Mais arrête de dire dans ton lit
Que tu vas faire tout sauter
Toussoter 
 
Je téléphone d'abord pour savoir comment on procède, car je n'ai pas spécialement envie de me retrouver dans une salle d'attente bondée alors que je slalome déjà entre les joggeurs et crachats dès que je sors de chez moi.
Secrétaire :
- Oui vous pouvez venir cet après-midi, il est réservé aux patients atteints du covid.
- Mais je l'ai pas moi ! Et je suis à risque en + ! 
- Ah non pardon, je voulais dire que le covid, c'est le matin, l'après midi, c'est les téléconsultations.
- Il va me vacciner par téléphone ? (un marabout, j'en étais sûre !)
- Non (ah flûte) mais vous pouvez venir, la salle d'attente sera vide."
Allons viens et calme-toi
Parle-nous, ouvre-toi
 
Je sors donc de chez moi...
à suivre...

20/03/2020

Epidémie de joggeurs dans Paris

coronajogger.jpgMon horoscope du jour : "Le climat est favorable pour les rencontres et pour les projets. Envie de voyager, de découvrir de nouvelles contrées ou de vous faire plaisir, aujourd'hui vous pouvez tout vous permettre. Vous avez besoin de changer d'air, en plus, cette période de printemps s'y prête tout à fait. Profitez donc de cette belle journée pour vous promener, si vous avez du temps devant vous."

Jour 4 de confinement, dans un studio de 20 mètres carrés. Pire, un F1, avec une grande cuisine et une deuxième pièce qui sert de salon/chambre/bureau/salle de sport. Je prépare mes plats moi-même, mais je découpe les légumes en regardant des documentaires, donc dans la deuxième pièce. Au final, je vis dans moins de 10 mètres carrés. Au premier étage d'un immeuble, avec les fenêtres qui donnent sur la rue moche et étroite, et les rayons de soleil qui ne pénètrent pas dans l'appartement. 

Habituellement, je fais une heure de sport par jour (peu intensif : abdos, gainage etc, puis 2 séances + sportives par semaine : zumba, jumping jack...) + 1h de marche rapide par jour dans le parc, + un travail physique où je parcours de grandes distances à pied, monte des escaliers et porte des charges. Un collègue a ramené un podomètre et a calculé qu'il marchait, rien qu'au boulot, 12 km par jour. Bref, j'ai besoin de beaucoup bouger sinon je m'énerve et j'ai envie de buter les cons.

Autant vous dire que j'attendais la fin de mon arrêt maladie de 3 semaines qui m'empêchait de faire du sport, et le printemps, pour sortir de mon hibernation, gambader dans le parc, voir les fleurs et écouter les petits oiseaux. Sauf que comme beaucoup se sont promenés ce week-end alors qu'on était censés rester confinés (mais qu'on avait le droit de sortir voter, incompréhensible) je dois à nouveau rester cloîtrée. Et un mois, ça commence à faire long. Et aujourd'hui, je vois les rayons de soleil qui se reflètent dans les fenêtres de l'immeuble... d'en face.
Je lis qu'il est censé faire 20 degrés. Censé, car dans mon appart sans lumière, je porte toujours mon col roulé et mon plaid d'hiver. J'ai longtemps hésité, mais comme le gouvernement autorise "les déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l'activité physique des personnes" J'ai décidé de sortir prendre le soleil en bas de la rue, sur l'esplanade avec des fleurs, à 200 mètres.
Ce serait vraiment pas de bol de croiser des flics et qu'ils trouvent mon argument invalide. Je sors avec mon ordonnance de kiné pour montrer que j'ai besoin de 50 séances de rééducation physique ? Mon médecin s'est trompé et a rédigé la prescription pour le patient d'avant. Un homme, de 30 ans de plus que moi, en fauteuil roulant : compliqué de me faire passer pour lui. Je sors en jogging baskets ? Je fais du sport, mais des mouvements cools adaptés à mémé. Courir, donc se péter les articulations, le dos et les genoux, moi : jamais.

Je sors donc de ma grotte, mon papier rédigé à la main en poche, avec manteau, écharpe et bonnet. Ah oui effectivement, il fait chaud dehors. Je croise des gens en T-shirt. Enfin, je croise : je change de trottoir pour ne pas les croiser. Tiens, la rue n'est pas si déserte. J'arrive sur l'esplanade. Je vois une femme avec son chien. Je lui souris avec envie de lui dire "vous avez une bonne excuse pour sortir !" mais je me tiens à bonne distance. Je ne vais pas crier, ni me rapprocher et lui faire peur, donc je me ravise, je ne lui parle pas. Situation bizarre. Je fais le tour du parterre de fleurs. 6 fois. Un homme fait pareil 10 mètres derrière moi. Comme des prisonniers qui ont le droit de sortir 20 minutes par jour tourner dans la cour sans se parler. Décidément, situation insolite. Je décide de poursuivre à côté. Et là...

Je vois des parents avec leurs gosses qui font du vélo. D'autres, un foot. Un homme est allongé sur un banc, à dormir au soleil. Un couple est assis côte à côte, un autre se promène main dans la main. 3 personnes discutent gaiement. Deux ont carrément ramené un poste de musique et dansent le tango. Deux font un tennis.

Euh... On est pas censé rester confinés, sortir exceptionnellement et se tenir à distance les uns des autres ? Je me promène quotidiennement (enfin, avant l'épidémie) depuis 13 ans ici. En semaine, habituellement, je ne croise quasiment personne, et surtout, peu de sportifs. Et là, je vois plus de monde dehors que d'habitude !!!
Le parc est fermé, et on se retrouve tous comme des cons agglutinés autour. Ce qui signifie qu'au lieu de se promener dans un grand espace, on fait le tour depuis un petit trottoir, à regarder derrière les barreaux l'intérieur du parc. Je dois slalomer entre les gens pour maintenir le périmètre de sécurité. Eux ne s'en préoccupent pas. Ubuesque.

En 20 minutes, je compte 6 personnes en vélo ("déplacement à proximité ?" en vélo ??) 18 joggeurs, 6 sur une trottinette, 4 jeunes qui font un foot, 2 qui dansent le tango, 2 qui jouent au tennis, 1 qui fait des squats, 1 des pompes. Avec de grands râles pour faire le cador qui accomplit un exploit surhumain. Ils ne peuvent pas faire leur gym chez eux comme moi ? Parce que là, comme ce sont des gens qui ne font habituellement pas de sport, ils soufflent comme des boeufs, courent en faisant la locomotive (tchou tchou), et même avec une distance de 3 mètres, le vent transporte leurs postillons

Certains ne courent pas, mais hyper ventilent en remuant les bras comme pour s'étirer, font de grandes enjambées qui ressemblent à des squats...  Bref, beaucoup font semblant. On a autorisé les sorties pour le jogging, et ils se sont soudain découverts une passion pour la course. Si Jacques avait dit : “vous avez le droit de sortir, pour faire la danse des canards par exemple” ils auraient tous quittés leur appart déguisés en Saturnin qui secouent le bas des reins. Le gouvernement aurait mieux fait de citer comme exemple de sortie “faire du bénévolat” ou autre action civique. On incite les gens à faire du sport,  marcher au minimum 30 minutes par jour pour réduire l'obésité et les maladies cardio-vasculaires, ils ne suivent pas les recommandations. Mais quand on leur interdit de sortir pour ne pas propager l'épidémie, ils se transforment en grands sportifs. Pour sa prochaine allocution, je propose à Macron de dire exactement le contraire de ce qu’il souhaite pour l’obtenir : “sortez tous de chez vous ! toussez-vous tous dessus ! Un pour tousse, tousse pour un, c’est un ordre !

Je peux faire madame Irma : vu le nombre de personnes dans les rues aujourd'hui, je prédis un confinement total pour les prochains jours. En tout cas moi demain, je reste dans mon trou.