16/05/2020
Les oiseaux, partie 6

L'étudiante en médecine qui avait fait une soirée le lendemain de l'annonce du confinement "une dernière pour la route ! ça va on va pas s'arrêter de vivre !" en refait déjà une. J'entends défiler dans le hall, sa musique pourrie et ses grosses pattes marteler le sol au-dessus de ma tête. Comme si elle sortait de deux mois de colle, comme si le confinement était une punition de sortie pour enfants turbulents, et pas une mesure de santé. Comme si déconfinement signifiait fin de l'épidémie. Dans le déni, elle brave la mort comme une ado qui teste ses limites, après avoir survécu à l'hôpital en contact avec les malades, elle doit penser qu'elle est désormais invincible. Si même le personnel soignant aux premières loges ne donne pas l'exemple, je comprends mieux pourquoi certains ne respectent pas les précautions...

A quoi ça va me servir d'aller me faire couper les tifs ?
Est-ce que ma vie sera mieux, une fois que j'aurai mon certif ?
Est-ce que ma vie sera mieux, une fois que j'aurai mon certif ?
Moi aussi j'ai fini par sortir de mon cachot plus souvent que ma sortie hebdomadaire, sans prendre non plus le risque de m'évader "quotidiennement dans la limite d'une heure autorisée" et bien sûr, en portant toujours 38 couches de protection sur le visage. La veille du déconfinement, j'ai même délaissé mon sempiternel tour de la cour de prison pour pousser plus loin, à la limite du km autorisé... jusqu'au parc.
Enfin, "le parc". Il reste fermé. Avant le confinement je faisais le tour du vaste domaine, aujourd'hui je fais la même chose, mais depuis l'extérieur, sur le trottoir étroit, trop proche des nombreux passants. Pour m'en éloigner le plus possible, je longe les murs du paradis. A travers les grilles, je regarde la jungle qui a poussé sans entretien et surtout, je vois les oiseaux. Bien plus nombreux que d'habitude, en pleine période d'envol des petits, ils se posent sur les bancs, sur les chemins habituellement occupés par les citadins. Les rôles semblent inversés, avec les animaux libérés allant à leur guise et moi accrochée aux grilles de ma cage, tendant le bras à travers les barreaux pour les prendre en photo : "laissez-moi venir avec vous !"

Regardez les s'envoler, c'est beau
les enfants si vous voyez
Des confinés prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté
Et là, j'entends, au loin, au-delà du kilomètre autorisé, le piaillement caractéristique des bébés mésanges...
à suivre
à suivre


15:20 Publié dans Con finement, J'ai bobo là, Oh ? y a des gens autour ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : confinement, parisiens | |
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