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13/11/2010

TF1 la chaîne de la culture : fin de concession

fin de concession.jpgCa fait longtemps que je surveille la carrière de Pierre Carles, ce réalisateur indépendant dénonçant les travers des médias.
Plusieurs de ses séquences ont crée un formidable buzz dernièrement, et pourtant le nom de Pierre Carles n’était quasiment jamais cité. Avant de voir son film, je ne savais même pas qu’il était l’auteur des extraits  polémiques : (je vous invite grandement à cliquer sur les liens vers les séquences) :
- C’est Pierre Carles qui a montré Jean Luc Mélenchon traitant Pujadas, le journaliste du JT de France 2, de "larbin !" "laquais" à la solde du pouvoir politique.
- C’est encore Pierre Carles qui a filmé Arnaud Montebourg proclamant : « c’est le moment de taper sur TF1, car c’est la chaîne de la droite, des idées qui détruisent la France, la télévision de l’individualisme, du fric… »

Ces séquences sont extraites du dernier documentaire de Pierre Carles, Fin de concession. Le réalisateur s’y pose une simple question : « pourquoi la concession entre TF1 et son actionnaire principal, Bouygues, est-elle sans cesse renouvelée, alors que le cahier des charges, promettant une chaîne basée sur la culture, n’a pas été respecté ? »

Le réalisateur montre les archives de l’audition du groupe Bouygues en 1987 pour remporter la première chaîne.  Les images sont ahurissantes : Bouygues promet : « nous serons une chaîne de culture et nous avons l’ambition d’imposer notre marque sur ce point de vue là » TF1 « réservera une place importante aux évènements culturels de haut niveau » en diffusant de l’opéra (Ravel, le festival d’Orange…). Elle « oubliera de temps en temps l’audimat » elle proposera peu de séries américaines et de dessins animés qui abrutissent les enfants, mais financera des productions françaises. Bernard Tapie ajoute même « on verra des matchs de pelote basque » !

Normalement, la concession de TF1 et Bouygues devait être réétudiée au bout de 10 ans, si l’entreprise n’avait pas rempli le cahier des charges. Or, rien n’a été fait, comme vous pouvez tous le constater…     A part Télérama à l’époque, dont TF1 s’opposait à la publication de l’article, aucun média n’en a parlé… Le Lay, le PDG de TF1 depuis la privatisation et jusqu’en 2007,  a même avoué les prétentions contraires de la première chaîne : « à la base, le métier de TF1 c’est d’aider Coca-cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du spectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre en deux messages. Ce que nous vendons à Coca-cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».

Pierre Carles tente d’interroger des journalistes sur ce sujet, et il se retrouve face à un mur. Quasiment personne n’accepte de lui répondre, et sans « langue de bois ». On comprend mieux pourquoi la France est classée 44ème pour la liberté de la presse…
C’est déprimant, même si le réalisateur traite le sujet avec beaucoup de vivacité, d’humour et d’autodérision comme à son habitude. On rit  lorsqu’il tente de filmer à leur insu les journalistes depuis une montgolfière. On s’esclaffe avec le running gag de Jacques Chancel, qui à chaque coup de fil, a toujours de bonnes excuses pour ne pas se faire interroger. L’interview de Charles Villeneuve est désopilante : il déplore «je me suis déjà fait avoir une fois » et pourtant il ne se rend pas compte qu’il a affaire à la même personne et qu’il se fait donc encore rouler ! Toute la salle a explosé de rire en entendant la sonnerie de son téléphone : la B.O du Parrain

Pierre Carles est considéré comme le Michael Moore Français, pour ses documentaires polémiques et drôles, où il se met en scène. Pourtant contrairement au réalisateur Américain, Carles se remet plus en question. Il filme des collègues le critiquant, il admet avoir perdu de sa gniaque, user de procédés douteux (dissimuler son identité pour soutirer des déclarations…)

Je vous conseille vivement de voir ce film très révélateur sur les médias français. Dépêchez-vous, il est peu diffusé…

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08/11/2010

Le courrier du coeur (pôle emploi, mon chéri)

gentil_facteur.jpg"C’est le courrier du cœur, le courrier du bonheur
Joie sans pareille pour le facteur "

Vous savez d’où proviennent les courriers que Hotmail me classe en « indésirables »?
- D’Alphonse, dont de méchants messieurs veulent piquer l’héritage (une mine de diamants) et qui me propose de transférer son fric (14 millions) sur mon compte, parce que je suis une personne de confiance, par contre « merci de joindre vos coordonnées bancaires pour la transaction » ?
- D’une loterie qui me signale «  bravo ! Vous êtes l’heureux gagnant », mais pour empocher le gros lot faut d’abord que je verse « des frais de dossier de 700 euros »?

Non non, rien de tout ça. Ce que Hotmail considère comme du « courrier indésirable », ce sont uniquement, je vous le donne en mille :
Les messages du pôle Emploi.
C’est un signe.
tout le monde il est beau.jpgBien sûr, ne rêvez pas, par message du pôle emploi je n’entends pas enfin une réponse : « quoi ? On ne vous a toujours pas versé votre chômage depuis juillet, votre dossier n’est toujours pas régularisé ? On ne répond pas à vos appels répétés ? C’est bon on règle le problème sur le champ ! (et pour nous excuser de la gêne occasionnée on vous verse même un mois de chômage en plus, allez pourquoi pas, les employés ont bien parfois un 13ème mois ou des primes, hop, c’est bientôt noël, on vit à Disneyland, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil etc…)

Si, le pôle emploi a bien fini par me répondre, exactement 35 minutes avant le délai (par mail, ils ont « obligation de répondre à une réclamation sous 7 jours ») : « nous vous confirmons que votre dossier est bloqué suite à une anomalie informatique. Nous venons de faire la deuxième relance à notre service chargé de régler ces problèmes. » Ah ? Deuxième relance seulement? Heureusement que j’ai téléphoné neuf fois, que je me suis déplacée trois, et qu’à chaque fois on m’a dit « vous inquiétez pas, j’ai bien pris en note, je refais une réclamation ». Pour moi, 9+3=12 et pas 2, mais je ne dois pas bien savoir compter.

Sinon, le courrier indésirable du pôle emploi, ce sont ses offres pour un CDD de 3 heures par jour, au smic, dans un trou perdu au fond du 78. Ben oui, quand on coche « département Paris », on se retrouve à 2 heures de train, c’est normal.
Je mets trois heures pour pondre une lettre de motivation. D’habitude, je saute l’insupportable paragraphe lèche bottes dont j’ai déjà parlé : «Cafetière magazine est un journal que j’admire pour ses enquêtes chocs et ses révélations ». J’évoque essentiellement mes compétences et mon parcours. Son entreprise, le patron la connaît déjà : "ah bon, on est leaders sur le marché  de la cafetière? je savais pas !"

S’il était honnête, le candidat devrait écrire : « je suis super motivée par votre annonce, parce que là j’ai plus une thune et qu’il faut donc que je bosse pour payer mon loyer, mais sinon, ça a l’air sympa, hein, Cafetière magazine. On doit souvent faire des pauses café avec les collègues, et moi les pauses, j’adore ça. Puis si on mange des biscuits ou du chocolat avec le café, je suis partante. Perso je préfère le thé, mais un petit kawa de temps en temps… »

Non, décidément, mieux vaut sauter le paragraphe « motivations ». Pourtant, le pôle emploi nous oblige à répondre selon des critères précis. Les descriptions du parcours professionnel et de nos compétences ne sont pas exigées. En plus on peut uniquement cocher deux langues vivantes, je me demande pourquoi j’ai fait 4 ans d’italien en 3ème langue, tout le monde s’en fout. Seul le paragraphe des motivations est obligatoire.
Or, quand les ¾ des annonces ne précisent pas pour qui on postule, c’est hyper facile d’expliquer ce qui nous motive (d’où les trois heures de réflexion) : « je suis super motivée pour travailler avec vous. Bon, je ne sais pas qui vous êtes, je ne sais pas exactement ce que je dois faire parce que votre annonce tient en deux lignes, mais je suis super motivée ».

Le courrier qui m’invitait au forum « Paris pour l’emploi » était aussi classé en indésirable. J’aime bien le nom « Paris pour l’emploi », car l’essentiel des postes se trouve en banlieue lointaine ou craignos (on m’a téléphoné pour donner des cours de soutien à « des jeunes en difficulté dans une banlieue difficile » 1 heure tous les soirs, à 1heure de chez moi.)

Un monde fou afflue vers ces forums.
Quand je veux donner mon CV, on me sort « ah mais non, vous correspondez pas, vous êtes trop qualifiée. On s’adresse aux bac +2, graaaaand maximum ! »
Quand je donne mon CV dans la branche qui m’intéresse et dans laquelle j’ai fait mes études « ah mais non, ça n’ira pas, vous n’avez pas assez d’expérience ».
Quand je veux simplement m’inscrire pour une boîte d’intérim : « ah mais non, là il y a trop de monde, faudra revenir dans notre agence un autre jour ».

Dans mon courrier indésirable, j’ai également trouvé cette "aide" du Pôle emploi : « nos quartiers ont du talent » qui s’adresse aux jeunes « issus des quartiers populaires ».
Ah, ben j’habite en plein Paris moi. Je suis pas sûre que de faire croire sur mes candidatures que j’habite dans le 9-3 va m’aider…

Mais continue comme ça, cher Pôle emploi, un jour tu finiras bien par m’envoyer un courrier sympa qu’Hotmail ne classera pas en "indésirable"

« et c’est ainsi que finit
la chanson folle du facteur qui s’envole »

Quizz on connaît la chanson un peu difficile aujourd’hui… (c’était trop simple la dernière fois !)

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05/11/2010

Il me manquait quelque chose pour descendre les poubelles

serpillière 2.jpgSouvenez-vous… j’essayais vainement de rentrer en contact avec mes nouveaux voisins, mais toutes les tentatives échouaient face à des quiproquos, à base de paillasson de chats et de fumée de cigarettes...

Mercredi soir, j’ai déployé un effort surhumain : j’ai descendu la poubelle.
Comme je suis déjà en pyjama (ou « encore », j’ai décidé de coller aux stéréotypes du chômeur qui se laisse aller), je me dis que ce n'est pas la peine de m’habiller pour si peu. J’enfile mon jogging de sport sous ma nuisette, ce qui donne un mélange détonnant : beau en haut, beauf en bas. Je pose un châle de grand-mère par-dessus pour cacher mes épaules, puis comme j’ai la flemme de mettre mes chaussures et de faire les lacets, j’enfile les grolles trois fois trop grandes de mon frère, ce qui me donne l’air d’un clown.

serpillière.jpgComme dirait Thérèse :
« Et puis c'est une chose qui n'est pas commune et que vous ne verrez pas chez tout le monde.
- Mais j'espère bien Thérèse, J'espère bien. Ecoutez, si vous saviez comme ça tombe bien : je me disais encore hier soir qu'il me manquait quelque chose pour descendre les poubelles. »

Mon frère me voit et m’interpelle :
-Tu vas quand même pas sortir comme ça ?
- Justement, je ne sors pas, je n’ai que trois pas à faire, j’en ai même pas pour 15 secondes. Ce serait quand même vraiment pas de bol de croiser quelqu’un pendant ce temps ! »

Je descends à toute allure les quelques marches, et arrivée en bas, si près du but, je suis stoppée net dans mon élan. Comme si je jouais à 1-2-3 soleil, je reste dans cette position, le sac poubelle levé bien haut. Bien entendu, devinez qui je rencontre …
La nouvelle voisine, toujours habillée à la dernière mode, me toise avec dédain, lentement, des pieds à la tête. J’ai l’air fin avec mon sourire idiot et crispé de l’enfant prise en faute (c’est pas moi ! j’ai rien fait !)
La voisine me dépasse en silence sans dire bonjour, me laissant toute penaude, mon sac poubelle à la main et ma dignité au fond des chaussettes rouges et jaunes à petits pois.

Après m’avoir pris pour une maniaco-dépressive qui pleure pour un rien (mon allergie au pollen), une hystérique qui crie toute seule (la fumée de cigarettes), elle me considère maintenant comme la dernière des ploucs.
Je prends soin de ma réputation.

Le lendemain se déroule la fête des voisins. Normalement, elle a lieu en été, mais le syndic de l’immeuble s’est dit « tiens ? Si on la faisait quand il fait 8 degrés et nuit à 18 heures, comme ça on aura bien froid dans la cour de l’immeuble et on sera obligés d’appuyer sur la minuterie toutes les deux minutes pour avoir de la lumière ? Quelle bonne idée ! »
Je tiens à préciser que j’étais bien habillée. avec une serpillière avec des trous pour passer les bras

Tout l’immeuble est présent. Il ne manque que les nouveaux voisins à l’appel.
On les voit rentrer. Un type déjà bourré les interpelle : « Hé ! Venez  boire un coup ! On s’amuse bien ! » Je croise le regard de la voisine, mais, sans répondre, elle poursuit son chemin jusqu’à son appartement.
Mes nouveaux voisins sont restés toute la soirée chez eux, tandis que 3 mètres en dessous, les autres faisaient la fête. Ils ne voulaient peut-être pas se mêler aux gueux.

Décidément, on ne sera définitivement jamais copains avec les voisins.

Quiz "on connaît le film" ultra facile : de quel œuvre culte la citation est-elle extraite ? Question en plus : qui sont les deux acteurs ?

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31/10/2010

Des hommes et des dieux

hommes dieux.jpgCe grand prix du jury Cannois reste en salles un mois après sa sortie, avec plus d’un million et demi d’entrées. C’est une bonne nouvelle : le succès est rare parmi les films français, surtout intello. Des hommes et des dieux montre les derniers instants de la communauté des moines de Tibhirine, en Algérie, avant leur assassinat en 1996. Les frères décident de rester pour aider les pauvres villageois, tout en sachant qu’ils vont certainement se faire massacrer.
A leur place je me serai barrée en courant, j’ai pas une vocation de martyre moi. J’ai donc déjà beaucoup de mal à comprendre les personnages. La majorité des critiques et du public a trouvé ce film poignant, un beau témoignage sur la fraternité et le courage.

Ok, c’est beau, quand ils sont attablés comme dans la Cène, qu’ils se regardent en écoutant le lac des cygnes. Mais qu’est ce que c’est long… 2h30 ! On ne peut pas dire que la vie des moines soit passionnante, entre les messes, les repas, les corvées ménage… Quand j’étais membre du jury d’un festival obscur, j’ai dû me taper Le grand silence, un documentaire de 2h45 sur la "vie " (j'appelle plutôt ça un enterrement) dans une abbaye : il ne se passait strictement rien, un cauchemar. Le président du jury, très intello, soutenait à fond ce film. On a débattus tous les deux pendant des heures parce que je ne voulais pas accorder le prix à ce truc chiantissime (les autres membres s’écrasaient). Pourtant, pendant le visionnage du film, le président s’est ENDORMI, il RONFLAIT. Je vous jure que c’est vrai.

Bref, tout ça pour dire que je n’ai pas spécialement aimé des Hommes et des dieux. J'étais persuadée que le réalisateur Xavier Beauvois était croyant, car sa mise en scène est bienveillante envers la religion. (Les scènes de prière et de chants, une ou deux auraient suffi). J’ai lu dans les journaux et on m’a raconté que des salles de ciné étaient bondées de catholiques, qui se rendaient au ciné comme à la messe. Beauvois manque donc de recul. Ce n'est pas pour rien que le film a reçu le "prix du jury oecuménique" (je savais même pas qu'un tel jury existait !)

Ce qui m’a surtout gonflé, c’est que le contexte historique n’est absolument pas expliqué. Quelqu’un qui ne connaît pas l’Histoire ou qui n’est pas catholique ne peut pas vraiment s’intéresser au film à mon sens. Des documentaires sur l’affaire montre qu’on estime plutôt que c’est l’armée qui a fait une bavure et assassiné les moines, or dans le film on ne parle que des terroristes. On ne sait même pas comment les hommes ont été tués, et beaucoup pensaient qu’ils avaient été égorgés et me contredisaient. J’ai bien vérifié : les moines ont bien été décapités, leur tête alignées le long d’une route et leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Bien sûr je ne m’attendais pas à ce que le réalisateur nous montre les têtes tranchées, mais au moins qu’il nous explique ! Le film a également remporté le "prix de l'éducation nationale", mais les profs qui choisiront de l'étudier en classe auront un gros travail de recherche à faire en parallèle...

A part ça les acteurs jouent très bien, surtout Lonsdale. Certains ont trouvé que Lambert Wilson ne correspondait pas au rôle, avec son grand corps d’aristo raffiné. Pourtant, d’après des photos, il ressemble beaucoup au père Christian qu’il incarne. Les critiques avaient sans doute en tête la caricature des moines rougeauds et bedonnants imbibés de vin de messe : la scène culte de Garcia s'étouffant pour de vrai à l'eau de vie dans NPA !

Bref, un film à voir pour vous faire votre opinion, mais que je ne reverrai pas.

Et vous, quel film avez-vous vu dernièrement ?

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