19/08/2020
Travail à la chaîne, fin
Relire le début ici.
Plus que la tâche à accomplir, la coordination avec mes collègues reste la plus difficile. En effet je ne suis pas seule à préparer les colis. Pour emballer ces milliers de cadeaux, je suis accompagnée d'une femme et trois hommes. Ma collègue est timide, un peu enrobée, elle s'essouffle vite, et se noie dans un verre d'eau à défaut de champagne. Elle s'inquiète de ne pas réussir à empiler les cartons correctement pour qu'ils ne tombent pas et prennent moins de place sur le chariot, et surtout peine à les porter. Les hommes en profitent pour se moquer de sa faible condition physique et de ses formes. Moi, ils ne peuvent pas, car je suis svelte et active, mais ils n'hésitent pas à nous fustiger : "vous les femmes". Pour eux, une femme ne peut pas faire ce travail.
Pourtant, ma collègue et moi sommes de loin celles qui triment le plus. Les hommes parlent, mais n'agissent pas. Le boulot n'avance guère. Je propose qu'on se répartisse les tâches. Puisqu'ils sont si forts, ils portent les cartons et poussent les chariots. Puisqu'on est si faibles, qu'on est des femmes au foyer habituées à manipuler la nourriture, ma collègue assemble les colis, et je les remplis. Chacun à une étape de production, chacun son travail, et les vaches et le foie gras seront bien gardés.
Mais les hommes ne peuvent pas s'empêcher de fourrer leur nez partout, critiquer notre travail, mettre leur grain de sel. Ils se mêlent de mes colis : "tu devrais plutôt mettre la bouteille dans ce sens, tiens regarde" et se trompent en installant un deuxième bloc de foie gras là où j'en avais déjà mis un, ce qui fausse les comptes. Ils nous regardent faire, commentent, voire matent (propos déplacés sur mon physique) mais pendant ce temps, les cartons s'entassent et ne sont pas évacués au sous-sol. On perd du temps. Agacée de les avoir dans les pattes, je descends moi-même les colis pour m'évader un peu. Même si je me retrouve dans un entrepôt grisâtre sans fenêtres, je respire mieux loin des propos nauséabonds.
Notre responsable se rend bien compte que les hommes paressent, mais elle n'ose pas leur reprocher. Elle n'est qu'une femme après tout, elle n'a pas à parler, encore moins commander. Que le travail soit effectué par deux personnes ou 5 comme il devait l'être au préalable, tant qu'il est fait et dans les délais, ça ne la dérange pas.
Je descends enfin les derniers cartons (les hommes pendant ce temps sont carrément sortis "faire une pause" depuis une bonne heure) et je me dirige fièrement dans le bureau de la responsable pour annoncer la nouvelle, qu'on débouche le champagne, que je me gave de chocolats et que je reparte avec mon colis de cadeaux. Mais au lieu de la fête escomptée, la responsable vient vérifier (si jamais on avait menti en balançant les produits par la fenêtre ou retapissé la pièce de chocolat fondu et bris de verre : "ras le bol d'emballer des cartons depuis 3 jours, tiens voilà ce que j'en fais de ton foie gras !")
Je lui montre avec fierté la netteté des lieux, en prenant soin de préciser :
- Il reste des produits en trop qu'on n'a pas pu emballer.
- Oui, c'était prévu, la casse, la perte...
- Je vous propose de vous en débarrasser alors, je veux bien les prendre !"
Elle me regarde étonnée, voire choquée : "Mais ! non !"
- On ne peut pas repartir avec les restes au moins ? (mes collègues ne boivent pas d'alcool, je veux bien prendre les bouteilles de champagne !)
- Non, ce n'est pas pour vous, c'est pour les prestataires !
- Mais les produits en trop ?
- On trouvera à qui les donner !"
Mais pas à nous. Pendant 3 jours, je me suis cassée le dos à manipuler des milliers de foie gras, de chocolat, de champagne, j'ai sué sang et eau, j'ai supporté des mâles exécrables, et je n'ai même pas le droit à une pauvre boîte de chocolat qui reste en trop.
J'aurais mieux fait de les planquer et de les bouffer en douce.
16:20 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : travail, pôle emploi, intérim, chômage | | Facebook
12/08/2020
Travail à la chaîne, suite
Lire le début ici.
La personne la plus haut placée que je verrai est une sous-fifre du service marketing, qui m'annonce en quoi va consister le boulot.
Je serai bien dans les locaux prestigieux de la chaîne, je vais bien contacter des journalistes... mais pas directement.
Non, je vais leur adresser... des colis.
Je remplis juste des cartons de cadeaux, à l'approche de noël, pour les principaux annonceurs et partenaires de la chaîne. Je dois installer dans chaque colis une bouteille de champagne, un bloc de foie gras et un ballotin de chocolat.
Des milliers de mets appétissants qui me mettent l'eau à la bouche, que je manipule du matin au soir, sans pouvoir les goûter. A force de les toucher, je connais en détail leur composition. Les différents parfums de chocolat. J'ai hâte de déguster celui fourré au caramel, qui promet d'être fondant à souhait. Celui avec une pointe de poivre noir m'intrigue aussi, quel mélange étonnant, qu'est-ce qu'il peut bien donner ? Quant au foie gras, j'adore ça, je pourrais en manger des kilos. Puis ce plat est forcément associé à la fête, à noël, aux cadeaux, aux moments joyeux de partage. Je sais que le champagne est des plus réputés, même si je ne l'ai jamais goûté, bien trop cher pour ma bourse. Je m'imagine déjà ouvrir une bouteille le dernier jour pour fêter la fin de la mission. Je me vois faire sauter le bouchon avec le petit "pop" caractéristique, verser le précieux liquide sans déborder dans les verres, à part égale, goûter les bulles piquantes, grisantes... J'en ai l'eau à la bouche. Une torture.
Je me console en pensant qu'à la fin de ces 3 jours de labeur, j'aurais ma récompense : on va forcément m'offrir un carton à moi aussi pour me remercier, comme on l'a fait avec un parfum lors d'un précédent travail pour une marque de cosmétiques (un parfum au flacon rose bonbon, qui puait atrocement, d'une valeur de 120 euros ! J'ai essayé de le revendre, en vain : personne n'a envie de sentir le désodorisant pour WC).
J'emballe des milliers de présents, la direction n'est pas à un carton près, elle peut bien m'en offrir un. Avec le fric qu'elle engendre. Au pire, au moins, elle peut me céder un des objets du colis. Une erreur va bien survenir à un maillon de la chaîne, sur des milliers de produits, c'est inévitable : à la commande, un foie gras de trop... au transport, un carton qui s'égare... à la mise en boîte, une bouteille qui se casse, l'oubli d'installer l'un des cadeaux dans le colis...
Je mérite bien cette récompense. Si le travail paraît des plus simples, il est néanmoins fastidieux et physique. Je dois aller chercher les cartons au sous-sol, alors que je travaille en tour, avec un chariot difficile à manipuler. J'assemble les colis, qui se présentent sous la forme de plaque de carton au début, puis j'installe les produits dedans. Une fois les colis emballés, je les empile dans une pièce plus loin, puis les redescends en chariot au sous-sol. Je m'égratigne ou me coupe avec le cutter pour ouvrir et assembler les cartons. Je me fais mal au dos, aux mains, aux articulations et aux genoux en portant des charges lourdes et difficilement maniables (les cartons n'ont pas d'anses, ils glissent entre mes bras, je les retiens comme je peux avec mes genoux). J'ai mal aux poignets à force d'exécuter des gestes répétitifs.
Mais plus que la tâche à accomplir, c'est la coordination avec mes collègues qui reste la plus difficile...
A suivre...
16:26 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, pôle emploi, chômage, intérim | | Facebook
09/08/2020
Travail à la chaîne
Avant de trouver mon job actuel, j'ai beaucoup galéré, avec plusieurs longues périodes de chômage décrites ici ou là, et des lettres de motivation à des annonces farfelues qui restaient sans réponse. Une agence d'intérim finit par me proposer de travailler au sein d'une grande chaîne de télévision française.
Enfin ! Je retrouve un boulot de journaliste ! Je vais pouvoir écrire, analyser, parcourir le monde...
J'ai déjà plein d'idées de sujets d'actualité brûlants :
"Flash spécial. Papillote est en train de cuire, thermostat 8, chaleur tournante. En attente de vos dons pour financer sa retraite anticipée en Bretagne"
Des enquêtes choc :
"Dans l'enfer du confinement. Papillote en expédition chez le voisin du dessus pour stopper le massacre des Rollings Stones à la guitare"
Des révélations :
"Mon chat me suit partout et ramène sa baballe. En réalité, c'est un chien".
Subjugué par mon charme et ma vivacité, on me proposera directement la présentation du JT de 20 heures, ou de partir en reportage au bout du monde pour animer une émission de découverte des plats du pays ("l'estomac sur pattes a testé pour vous")
Mais lors de ce travail, je ne verrai que le hall du bâtiment, une salle vide et un sous-sol.
Des employés de la chaîne, je ne verrai que le personnel de sécurité, d’accueil et de ménage. Je doute qu'ils aient accès à quelqu'un pouvant me refiler un travail intéressant. Peut-être si je retrouve la personne qui nettoie les bureaux des responsables, et lui demande de me laisser vérifier le contenu de leurs poubelles, avec des papiers confidentiels ? "Donnez-moi un bon poste ou je révèle à tout le monde le salaire de votre animateur vedette, que votre reportage est bidonné avec un faux témoin et que vous harcelez sexuellement votre assistante !"
La personne la plus haut placée que je verrai est une sous-fifre du service marketing, qui m'annonce en quoi va consister mon travail.
Je serai bien dans les locaux prestigieux, je vais bien contacter des journalistes... mais pas directement.
à suivre...
15:38 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, pôle emploi, chômage | | Facebook
27/06/2020
Le cactus
Le monde entier est un cactus
il est impossible de s'asseoir
Dans la vie, il y a que des cactus
Moi je me pique de le savoir
J'ai commencé jeune ma vocation de glandeuse mauvais esprit en prenant comme modèle Gaston Lagaffe, puis ado en lisant le cultissime Le droit à la paresse de Paul Lafargue. J'engloutis les récits et documentaires sur le travail (Libre et assoupi, ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés, L'open space m'a tuer, Malaise au travail, le harcèlement moral). Je savais que j'allais subir ce qui étaient décrits dans ces oeuvres sans même avoir encore commencé à trimer.
Je relis pour la troisième fois Bonjour paresse après l'avoir prêté à une personne indigne de le lire et comprendre. Pourtant, Corinne Maier (dont j'ai lu quasiment tous les livres, comme le génial No kid) me prévient dès l'introduction :
"Avertissement : ami individualiste, passe ton chemin
Toi l'individualiste, mon frère d'armes et de coeur, ce livre ne t'est pas destiné, car l'entreprise n'est pas pour toi. Le travail dans les grandes sociétés ne sert qu'à menotter l'individu qui, laissé à lui-même, se servant de son libre entendement, pourrait se mettre à réfléchir, à douter, voire, qui sait, à contester l'ordre ! Et cela, ça n'est pas possible. Si l'individu se trouve parfois porteur d'idées nouvelles, il ne faut à aucun prix que celles-ci dérangent le groupe. Il est clair que dans un monde où il est conseillé d'être souple, bien vu de changer son fusil d'épaule toutes les cinq minutes et en rythme avec les autres, l'individualiste est brandon de discorde. Aussi, on lui préfère le pleutre, le mièvre, l'obéissant, qui courbe le dos, joue le jeu, se coule dans le moule et, finalement, réussit à faire son trou sans faire de vagues.
Or non seulement notre sauvageon individualiste est incapable de faire comme les autres, mais quand en plus il a des idées arrêtées, il renâcle au compromis : il inspire donc légitimement la méfiance. Les DRH le voient venir de loin: raideur, obstination, entêtement, sont les qualificatifs qui fleurissent dans son dossier à la rubrique graphologie. Et cela, ne pas savoir se plier, c'est moche; moche de sortir du travail dès sa tâche de la journée accomplie; moche de ne pas participer au pot de fin d'année, à la galette des rois, de ne pas donner pour l'enveloppe du départ en retraite de Mme Michu; moche de rentrer à l'hôtel en trombe dès la réunion terminée avec les partenaires; moche de repousser le café proposé pendant la pause-café, d'apporter sa gamelle alors que tout le monde déjeune à la cantine.
Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blagues convenues, de tutoiements et de bises hypocrites (toutes choses à simuler sous peine d'exclusion).
Mais peut-être nos plantes rugueuses ont parfaitement compris quelle était la limite à ne pas franchir entre le travail et la vie personnelle. Peut-être ont-elles réalisé qu'être tout le temps disponible pour une succession invraisemblable de projets, dont la moitié sont complètement idiots et l'autre moitié mal emmanchés, c'est à peu près comme changer de partenaire sexuel 2 fois par an : quand on a 20 ans, la chose peut avoir son charme mais, au fil des années, cela finit par devenir franchement une corvée."
Je réponds en tout point à la description du cactus donné par l'autrice.
Suite demain
16:16 Publié dans On connaît le livre, Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, comment supporter ses collègues | | Facebook
15/02/2019
Tout ce que vous aimeriez écrire à un recruteur sans oser poster la lettre
Corinne Maier est l'auteur du désormais culte "Bonjour paresse : de l'art et de la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise". Elle y décrit le monde du travail d'aujourd'hui : les - compétents, les + lèche bottes qui atteignent le sommet, l'absence de solidarité... Son employeur de l'époque, EDF, n'a pas apprécié le pamphlet. Il l'a sanctionnée et deux mois après la sortie du livre en 2005, l'auteure découvre une offre d'emploi dans le journal, correspondant à sa fiche de poste. Elle apprend ainsi qu'elle va être remplacée et virée. Elle a alors ce trait de génie : elle et ses amis rédigent de fausses lettres de candidatures et inondent les RH de EDF. Puis elle publie le résultat dans un recueil, Ceci n'est pas une lettre de candidature. Les traits d'esprit sont hilarants et je vous invite grandement à les lire. En aperçu, un extrait de l'introduction, à propos du "potentiel" :
"Taillables et malléables à merci, nous devons « gérer » des relations à court terme, tout en « migrant » sans cesse d’une tâche à l’autre. La fixité, la solidité, la permanence, pouacre ! Toujours plus mobiles, c’est ce que la société attend que nous soyons (...) Aussi les personnes les mieux adaptées sont celles qui ne croient absolument en rien, car ce serait préjudiciable à leur intérêt et à leur carrière. L’idéal est d’être totalement cynique, mais tout le monde n’y parvient pas si facilement. + On est creux, + on va haut, c’est le principe du dirigeable.
Il ne suffit pas d’un diplôme pour travailler, tout le monde en a, et la machine économique tourne avec un nombre assez réduit de personnes instruites et talentueuses - elle n’a pas besoin de toi. Donc, ce qui compte pour trouver un emploi, c’est le « potentiel », pas ce que tu sais faire, parce que tes compétences seront de toute manière périmées dans quelques années. Le potentiel, c’est ta capacité à zapper sans t’investir. C’est ton aptitude à circuler, à faire circuler les autres.
Le « potentiel », marque de fabrique en creux du salarié sans qualité, c’est l’inverse du désir.
Le désir, c’est poursuivre inlassablement un rêve singulier, et ce rêve tisse le fil rouge d’une existence, c’est ce qui lui donne son sens et son poids. Ce n’est pas aspirer à une niche dans un organigramme, à un bureau chauffé avec une fontaine à eau pas trop loin, à une maisonnette en banlieue avec une foultitude de gadgets dedans. Ce n’est pas aspirer à être heureux, car le bonheur est la trahison du désir. Les gens qui tirent des conséquences de leur désir sont soient des barjots (car ils suivent des chemins qu’ils sont seuls à voir) soit des héros (parce qu’ils vont jusqu’au bout) parfois les deux. Les poètes, les résistants font partie de ce club, qui rassemble la véritable aristocratie de ce monde sans espoir.
Toi aussi lecteur, tu peux y entrer, à condition de savoir ce que tu veux, et d’y aller le cœur vaillant, ce qui signifie renoncer à rechercher les recettes du bien-être dans Psychologie magazine. Le désir est la seule force capable de mettre en échec le « potentiel » : que la force soit avec toi."
A suivre : extraits de Bonjour paresse et No kid du même auteure.
15:46 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, corinne maier | | Facebook
09/05/2015
Gaston passe un oral, épisode 6 (fin !)
Le jury me soumet des questions de mise en situation. Je vous dévoile les réponses idéales…
Jury : - Un collègue arrive au travail dans un état alcoolisé. Que faites-vous ?
Moi : - Je trinque ? Je lui demande si c'est de la bonne et lui propose qu’on partage ? Après on déambule bras-dessus bras-dessous dans les couloirs, en chantant comme Gabin et Belmondo dans Un singe en hiver « Nuit de Chine, nuit câline, nuit d’amour, nuit d’ivresse, nuit de tendresse… » (voir scène en lien)
- Etes-vous pour le travail le soir et le dimanche ?
- Justement travailler en soirée c’est compliqué, parce que vous comprenez je sors beaucoup. Les avant-premières commencent souvent dès 19h, si j’arrive trop tard, je n’ai plus rien à boire. Si je veux une bonne place à un concert, faut pas que je débarque au dernier moment non plus. Pour Calexico j’ai cru qu’on ne trouverait plus de places assises, mémé avait mal au dos d’avance. Puis travailler le dimanche ? Ça va pas non, c’est le jour du Seigneur, faut que j’aille à la messe !
- Si vous êtes sélectionnée, vous ne serez pas dans le même service, peut-être même dans une autre ville. Où voudriez-vous aller ?
- Hé ho (on rentre du boulot) j’ai postulé parce que j’habite à 5 minutes à pied de mon taf, vous croyez quand même pas que je vais me remettre à prendre le métro qui pue aux heures de pointe, avec les gens qui vous collent et font la gueule et les types qui massacrent « aux champs élysées » à l’accordéon et la boîte à rythmes ? Plus jamais ! Je peux rester dans le même bâtiment ? Alors pas au service des renseignements avec Langue de pute! Mettez-moi plutôt avec Germaine de la compta, elle est fan de Claude François et je pourrai lui faire ma choré de Bélinda.
- Votre supérieur hiérarchique vous parle mal. Que faites-vous ?
- Je lui pète les dents ?
- Votre supérieur vous demande de faire quelque chose que vous n’avez pas envie de faire, que faites-vous ?
- Ça dépend de ce que c’est, légal ou pas ? Faire un feu de joie avec les dossiers, ce serait rigolo… Voler du matériel informatique, je m’en fous, je suis mémé nulle en nouvelles technologies !
- Non, il vous demande de faire une chose inscrite dans le règlement, un travail tout à fait normal, mais vous n’en voyez pas l’utilité, ou vous pensez que ce n’est pas votre rôle…
- C’est un grand classique ! Souvent plus les mecs montent en grade plus ils glandent et sont incompétents, parce qu’ils délèguent ! On bosse à leur place, et du coup ils ne connaissent pas la réalité du travail et demandent des choses illogiques. Nan, je lui dis de me laisser faire mon boulot correctement, à ma manière.
Quand j’étais secrétaire, c’est à peu près ce que j’ai fait comprendre au directeur « qui avait peur de moi et n’osait plus rien me demander » selon mes collègues…
Lors de mon premier stage en journalisme, j’étais présente depuis le matin seulement et on m'a permis d’assister à la réunion de rédaction, qui décide des articles à traiter de la semaine. J’ai proposé des sujets et suggéré d’en modifier un autre qui n’était pas conforme à l’actualité ni aux attentes des lecteurs selon moi. N’empêche, la rédac chef était étonnée, mais elle a accepté que je développe une de mes idées. (Je n’ai compris qu’ensuite en voyant la tête des journalistes qu’on m’avait simplement « fait l’honneur » d’assister à la réunion, mais que normalement j’aurais dû me taire, ou éventuellement prendre l’initiative de… faire le café).
Le fonctionnaire est soumis à « l’obligation d’obéissance hiérarchique ». On fait ce qu’on nous dit sans poser de questions épicétout. Un peu comme Eichmann. Le jury a dû s’apercevoir avec mes réponses qu’au contraire, j’ai un esprit critique très développé, je pense par moi-même, je n’aime pas qu’on me donne des ordres et je suis assez indépendante…
- Si vous n’êtes pas retenue pour le poste, que faites-vous ?
- Comme José Garcia dans Le couperet de Costa-Gavras, j’élimine la concurrence, je dégomme les autres candidats. On est 2500 ? Que voulez-vous, ça vaut le coup(eret) !
Je menace de me petit-suissider à la cantine quand tous les employés sont présents ?
Je chante chaque matin tout mon répertoire de chansons d’amours déçues devant le bureau du dirlo jusqu’à ce qu’il cède ? D’ailleurs je commence aujourd’hui :
« Je voudrais que tu te ramènes devant, que tu sois là de temps en temps, et je voudrais que tu te rappelles notre amour est éternel et pas artificiel »
« This happened once before, When I came to your door, no reply… »
« I wanna know what it’s like, on the inside of job
I’m standing at the gates, I see the beauty above
I can’t find my way in, I try again and again… »
Je sais, c’est étonnant, mais malgré mes réponses et ma personnalité adéquates, je n’ai pas été retenue pour être fonctionnaire dans ce job idéal. Mais je l’aurai un jour, je l’aurai !
Petit quiz On connaît la chanson en fin de texte...
13:00 Publié dans Parfois, je travaille, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : travail, pôle emploi, chômage, un singe en hiver en hiver | | Facebook
08/05/2015
Gaston passe un oral, épisode 5
Je dois faire une énième formation, gestion des conflits : je la proposerai au formateur qui ne veut plus me parler…
Hier Chéri 25 diffusait Le cercle des poètes disparus : « Tout ça avait pour but d'illustrer le péril du conformisme, et la difficulté de préserver vos convictions, quoi qu'en pense les autres. Nous avons tous besoin d'être accepté, mais soyez persuadé que vos convictions sont uniques, même si on les trouve anormales ou impopulaires, même si le troupeau dit « C'est maaal ». Robert Frost a dit : « Deux routes s'offraient à moi, j'ai suivi celle où on n'allait pas, et j'ai compris toute la différence. »
Arrive enfin le grand jour de l’oral.
Je rentre dans la salle, découvre les 5 membres du jury. Sélectionnés dans toute la France, parmi des dizaines de milliers d’employés. Et je vois que j’en connais un. La femme qui m’a surprise en train de danser Stayin‘alive : Super revêche, souvenez-vous…
Ça commence bien.
Super revêche : « comme on se connaît (tu veux dire, comme on a le plaisir de se connaître ?) je ne vous poserai pas de questions. »
Elle ne prononcera pas un mot pendant trente minutes, mais elle fronce ou hausse les sourcils à chacune de mes phrases, ce qui me décontenance car j’essaie d’interpréter ses pensées. J’apprends ensuite qu’on appelle ça «l’élément perturbateur». Un peu comme dans les films policiers quand ils interrogent un suspect : l’un joue le rôle du méchant flic et l’autre du gentil pour faire parler et piéger le coupable. (voir l'extrait de Very bad cops).
Je me présente (je m’appelle Henri…) Je n’ai pas de souvenir de ma prestation, j’ai oublié ce moment désagréable (comme toujours, je ne pourrai pas retenir une leçon de mes erreurs).
Je finis enfin, ouf, je n’attends plus que les questions. Ces dernières doivent porter sur l’organigramme de la société, les différents services, les sigles employés à toutes les sauces, les détails du métier etc. Facile, j’ai tout appris par cœur. Effort surhumain pour moi. J’ai arrêté de retenir bêtement au collège en 6ème, âge de la rébellion, avec ma première antisèche qui portait sur la morphologie du lapin. (Je deviendrais ensuite experte en pompes, que j’oublierai le jour du bac d’enlever de ma trousse. le surveillant en sortira une dizaine que je jetterai précipitamment « c’est rien ! » Ça aurait été ballot d’être interdite d’examen pendant 5 ans pour des vieilles pompes d’espagnol et d’italien alors que je passais l’épreuve de philo).
Mais le jour de l’oral, toutes ces heures où je me suis transformée malgré moi en chien savant, toute la préparation au concours stressante avec le formateur, tout ça n’aura servi à rien. Je n’ai pas eu une seule question sur ces sujets. Pas une. Tous mes collègues en ont eu, pas moi. A croire que Super revêche m’a vu réviser et s’est dit que ce ne serait pas là-dessus qu’on pourrait me coincer.
Je m’attendais aussi à des réflexions sur mon parcours, car il est atypique : 20 emplois différents à cause de l’intérim -j’en ai cité 5- alors que mes collègues n’en ont exercé qu’un ou deux pour la plupart, et dans le même domaine de travail. Je n’ai aucune expérience dans le genre, à part mon stage d’une semaine en 3ème…
J’ai bien insisté sur le fait que tous ces emplois divers montraient que je suis polyvalente et apprends vite. Pourtant le jury me pose comme toute première question :
- Mais qu’est-ce que vous faites ici ?
- Hein ? Euh, c’est-à-dire ?
- Pourquoi vous ne postulez pas directement pour être chef avec tous vos diplômes ! Bac+5, major de promo en plus ! Vous postulez pour le plus petit grade !
- C’est parce que c’est celui que j’exerce actuellement et je trouve qu’il est important de découvrir chaque facette du métier. Mais ensuite quand l’occasion s’en présentera bien sûr, je me présenterai pour un poste plus élevé. »
Moi aussi je peux sortir des phrases bateau à la con ! Pourquoi je ne postule pas pour être chef ? Parce que je n’ai aucune envie de l’être pardi ! Je suis très bien à mon poste où je peux mener ma petite vie tranquille. Le souci, c’est que je découvre ensuite qu’il existait justement des concours catégorie A qui se déroulaient en même temps que le mien : le jury a dû penser que je les avais passés…
J’apprends encore de la bouche du formateur (quand il daigne enfin me parler) : « ils avaient pour consigne d’éliminer d’office les bac+5, car au dernier concours, les diplômés ont trouvé mieux et démissionné au bout de 6 mois, il a fallu les remplacer et on était bien embêté ».
Il n’aurait pas pu me le dire lors de ma préparation et avant que j’envoie mon C.V !
Justement, la deuxième remarque du jury sera :
- «Mais vous allez vous ennuyer ici au bout de six mois !
- Je suis là depuis six mois et je ne m’ennuie pas !»
Je leur parle du travail varié etc. Je ne pouvais pas donner la meilleure raison : je ne m’ennuie pas car je n’ai pas grand-chose à faire, donc du temps pour vaquer à mes occupations : lire, surfer sur le net et même écouter Radio nostalgie…
Le formateur ne m'avait pas préparé à la suite : des questions de « mise en situation ».
Suite et fin (enfin !) demain
17:59 Publié dans Parfois, je travaille, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : travail, pôle emploi, chômage | | Facebook
07/05/2015
Gaston fait une formation, épisode 4
A la télé ce soir, après Le tombeau des lucioles hier, fort potentiel chouinerie pour le début de Là-haut, toute une vie de couple en photos, sur M6.
Suite au billet d'hier, certains m'ont demandé quelle chanson j'ai fait écouter à mon collègue ce matin. Alors, pas de Demis Roussos ni de Polnareff, mais un air qui me trotte dans la tête depuis que j'ai vu dans le métro l'affiche du groupe en concert. Je ne me souvenais plus de ce qu'il avait joué, j'ai cherché dans Google, et je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner l'air dans le wagon "I say la, la la, la la..." J'ai fait part de ma redécouverte le lendemain à mon collègue:
"Dont' you forget about me..."
- Ne t'inquiète pas, ça ne risque pas d'arriver !"
La présentation de mon parcours est suivie de questions sur le métier et la hiérarchie de l’entreprise. Je vous rappelle que je n’ai toujours pas compris qui est qui, qui fait quoi, qui est chef. J’ai reçu en janvier un mail de bonne année :
Moi : « Ya un type qui m’écrit pour me souhaiter ses meilleurs vœux. Mais je le connais pas, De Mesmaeker !
Collègue : - Han ! Malheureuse, ne dis jamais ça ! C’est notre président !
- Ah bon ? Ça n’empêche pas que je l’ai jamais vu et que je m’en fous comme de l’an 40. »
Dans ma grande perspicacité, je me doutais qu’il fallait que j’évite ce genre de réflexion le jour de l’entretien. Mais lors de la préparation… Je modifie les questions et surtout mes réponses, mais j’en ai sorti certaines, devinez lesquelles :
Formateur : - On va commencer facile (vu mon niveau) qui est la sous-directrice du service des renseignements ?
Moi : - Hein, ça existe ici, on est le MI-5 ?
- Vous savez combien il existe de services au moins ?
- Ben, le service à la cantine n’est pas trop mal, l’autre jour on m’a donné une part de tarte banane-chocolat en rab… Il existe sûrement des services secrets entre Josette et Paulo, à mon avis ya anguille sous roche, hihihi. Le service des renseignements, ce ne serait pas Langue de pute au bureau 404 ? Elle est sous-directrice cette neuneu ?
- Qu’est-ce que le HVKHWXPKMVX ?
- Vous m’avez dit de pas dire Hardy ! qu’il ne fallait pas parler par acronyme ! J’ai signalé que j’avais travaillé à la RATP, tout le monde connaît et personne ne développe le sigle
- Il signifie quoi d’ailleurs, RATP ?
- Euh, Rentre Avec Tes Pieds ? »
Etc.
Ensuite, le formateur et mes collègues remplissent la feuille aux 40 critères et parlent de ma performance (je répète : « on n’est pas là pour vous juger »)
Formateur : - Vous avez tergiversé en répondant à mes questions par d’autres questions !
Moi : - Vous avez dit que je pouvais en poser, ça montre mon intérêt !
Collègue : - Elle a fait rouler sa chaise de gauche à droite et elle se balançait !
- Ça montre mon dynamisme !
- Elle tapotait sur la table avec ses doigts !
- C’est parce que j’avais en tête la chanson « antisocial tu perds ton sang-froid, repense à toutes ces années de service » et je tapais le rythme.
- Elle faisait plein de mimiques, on aurait dit un dessin animé !
- Et toi t’as vu ta gueule ? On dirait que t’as pris le train ! T’as pris le train dans la gueule !
- Elle employait un langage familier ! Elle a dit « boulot » et même « taf » et « job » !
- Travail, du latin « tripalium » qui désigne un instrument de torture. En ancien français le terme "travailler" s’applique jusqu’au 13e siècle aux suppliciés et aux femmes en proie aux douleurs de l’enfantement. L’idée de transformation d’une matière première ne prend le pas sur l’idée de souffrance qu’à partir du 16e siècle, moment où…
- Elle a dit…
- Je crois que je ne t’aime plus, elle m’a dit ça hier, ça a claqué dans l’air, comme un coup de revolver
- Elle a dit aussi que…
- Et toi on t’a jamais dit que c’était pas beau de rapporter ? Ouh le fayot ! Jacques a dit : « arrêtez de m’emmerder ! »
A la fin de ma magnifique prestation, les collègues viennent me voir :
- On s’ennuyait, puis alors là, t’es arrivée, et miracle…
- Merci. La meilleure présentation que j’ai jamais entendue de ma vie. »
Depuis, bizarrement, le formateur ne me cause plus. Parce que j’ai oublié de vous préciser : le chat noir ne le savait pas, mais il est l’un de mes chefs. Je ne l’avais jamais vu auparavant, mais depuis, il est toujours à rôder à côté de mon bureau, et quand je lui lance un bonjour jovial, il ne répond pas…
Je crois que j’ai toutes mes chances pour obtenir le job.
Évidemment j’ai exagéré, je n’ai pas été (trop) impertinente, mais j’ai osé l’humour (on ne se refait pas) et quelques remises en questions (j’ai l’esprit critique !)
Demain, suite et fin avec l’entretien final. Et oui, j’ai fait des blagues, je ne voulais pas pourtant je vous jure, mais c’est plus fort que moi. Le jury a ri, mais l’humour n’était apparemment pas un critère d’embauche… Mais un jour, je l’aurai ce job !
Vaille que vaille le travail
Me fait très très envie oui
Pour une grimace, j’ai perdu ma place
De cireur de patins à glace !
Je veux le job job job
10:03 Publié dans Parfois, je travaille, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : travail, pôle emploi, chômage, entretien d'embauche, gaston lagaffe est mon modèle de vie | | Facebook
06/05/2015
Gaston fait une formation, épisode 3
Difficile pour moi de me présenter de façon codifiée, millimétrée, sans âme, sans originalité. Parce que je suis plutôt créative et passionnée.
Le formateur nous conseille d’expliquer ce que chaque expérience de travail nous a apporté, et en quoi elle peut nous servir pour le poste espéré. Je ne sais pas me vendre ni me mettre en valeur. Je ne vois vraiment pas ce que mes boulots pourris m’ont appris :
« Depuis que j’ai mis sous enveloppe 2000 lettres par jour à la chaîne, je suis devenue experte en pliage de feuille en trois et envoi de courrier, notamment pour Pôle emploi. Cette expérience me servira très certainement dans mon prochain poste quand euh… on me virera ? Vous ne le ferez pas hein ? »
« Mes longues années de baby-sitting m’ont enseigné l'art de changer des couches, et sachez que je saurai quoi faire lorsqu’un client incontinent se présentera »
« Ah si ! J’ai exercé des emplois intéressants ! C’était super d’être journaliste ! J’écrivais des articles, je rencontrais des célébrités, j’étais invitée aux cocktails… Tout ce que je ne ferai pas dans ce futur boulot quoi. Mais ça peut toujours me servir pour le poste, je pourrai ramener de l’alcool et organiser une fête dans la salle de réunion de l’exécutif, c’est la salle la plus grande ? Je peux écrire sur mon collègue Gérard, la star du bureau 308 et l’expert en taillage de crayon à papier ? »
Ma présentation qui doit durer 15 minutes n’en fait que trois, car je survole ou passe à la trappe la moitié de mes emplois.
Je ne peux quand même pas dire que, si on compte certains boulots très courts en intérim, j’en ai exercé pile 20. 20 emplois à mon âge ! Ça ne fait pas sérieux.
Et moi, je suis quelqu’un de très sérieux. (hum)
Le seul point positif que j’ai réussi à sortir, c’est qu’en ayant exercé autant de métiers différents, je suis polyvalente et m’adapte facilement. Dès que je suis arrivée à mon nouveau poste, alors que je classais des dossiers d’une main, je mangeais une papillote de l’autre, et j’ai tout de suite trouvé où était le bouton de la radio. J’ai su m’adapter aux goûts de mon collègue, fan de radio nostalgie comme moi. C’est-à-dire que chaque jour je le persuade d’apprécier la grande chanson française, car j’ai un grand pouvoir de persuasion. (re-hum) Depuis qu’il me connait, il est fan d’Hervé Vilard et de Demis Roussos et m’en réclame chaque matin. Alors vous voyez que j’ai plein de qualités et que je suis indispensable pour ce job !
Suite demain, avec les questions que l'on m’a posées
A la télé ce soir sur Arte, ne manquez pas un film magnifique, le film d'animation le plus triste au monde. Je ne connais pas une seule personne qui n'ait pas chialé devant. Si vous ne le faites pas, vous êtes psychopathe : Le tombeau des lucioles de Takahata.
12:00 Publié dans Parfois, je travaille, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : travail, pôle emploi, chômage, entretien d'embauche, gaston lagaffe et pierre richard sont mes modèles | | Facebook
05/05/2015
Gaston fait une formation, épisode 2
J'ai fait un rêve très significatif cette nuit : je devais prendre le train, j'étais encore sous la douche et en retard. Je partais précipitamment, trempée, juste avec une serviette de bain enroulée sur moi (logique). Dans le métro bondé, au moment où les portes s'ouvraient, la serviette tombait et je me retrouvais à poil devant tout le monde.
C'était donc plus un cauchemar qu'un rêve, je ne souhaite pas vraiment qu'une telle mésaventure se produise. Il révèle bien mon état d'esprit lors de l'entretien, à parler de moi devant mes collègues...
Formateur : - Vous avez 20 minutes ! On vous écoute.
Moi : - Je me présente… je m’appelle Henri…
Rires des collègues.
- Ce n’est pas possible, soyez sérieuse un peu !
- J’étais obligée désolée, c’est sorti tout seul… (il ne connaît pas ma maladie incurable, la chansonnite aiguë)
- Continuez !
(Je continue dans le même style ? D’accord !)
- Je me présente (je m’appelle plus Henri alors ? J’aimerais plus réussir ma vie, être aimé ?)
- Commencez déjà par donner votre nom et votre âge comme tout le monde ! »
Ah, mais une vraie demoiselle ne donne jamais son âge voyons !
Je m’exécute (pan) et comme je m’en doutais, mes collègues me feront des réflexions ensuite : je fais plus jeune que la plupart d’entre eux (déjà chauves et bedonnants) Un collègue me dira même :
« Je te donnais entre 20 et 25 ans !
- Faut pas charrier ! T’as besoin de lunettes mon vieux ! Enfin, vieux, hum… (il a mon âge et je lui en donnais 10 de plus)
- Mais si ! T’as encore des bonnes joues rondes et roses d’enfant !
- ça c’est l’alcool. »
(J’ai sorti cette réplique pour le couper net, hein, je ne carbure pas à la Villageoise)
5 ans en arrière, on me demandait encore parfois ma carte d’identité dans certains lieux, mais j’ai pris un coup de vieux d’un coup. C’est-à-dire que maintenant, au lieu d'avoir l'air mineure, les collègues pensent tous sans exception que je suis étudiante, et j’ai encore eu le droit ce matin à la question :
« tu bosses pour payer tes études ? T’es en quelle année ?
- Ouh là, environ bac + 15 je pense ! »
Mon collègue des chansons fait jeune (je lui donnais 27 ans et j’ai appris lors de la formation qu’il en avait 36 !) Lui seul pensait que j’avais 31 ans ! On ne m’avait jamais donné autant ! Ça m’a carrément déprimée et j’ai immédiatement acheté en sortant du boulot la première crème antirides de ma vie. (Je ne l’ai utilisé que deux fois, je n’ai pas le réflexe d’en mettre. Puis surtout, j'ai pas de rides)
Mais revenons à nos moutons…
Moi : - Je suis obligée de faire la présentation classique que vous nous avez conseillée ? (Avec les phrases d’accroche bateau que tout le monde a sorties) parce que dans la vraie vie personne ne s’exprime comme dans un livre, ça ne fait pas naturel…
Formateur : - Personne ne vous demande d’être naturelle !
Ça fait pourtant partie de mes rares qualités !
Moi : - Puis vous avez déconseillé d’employer les termes « j’aime, j’apprécie ». Pourtant j’en ai mis à toutes les phrases dans ma lettre de motivation et j’ai été sélectionnée.
Formateur : - Vous n’êtes pas là pour aimer votre travail !
- Je suis là pour quoi alors ? Si je n’aimais pas mon boulot, je ne postulerais pas pour le garder.
- Comme tout le monde, vous êtes là pour être fonctionnaire, pour la stabilité de l’emploi !
Ils ont effectivement tous suivi la consigne et sorti la phrase « je postule pour la stabilité de l’emploi » alors que beaucoup n’aiment pas ce taf.
Mon ancien travail m’avait proposé un CDI, le Saint Graal pour beaucoup, mais j’ai refusé. Je ne voulais pas finir aigrie, bête et méchante comme mes collègues, à force de faire un boulot sans intérêt, entourée d’incultes et de timbrés (une fille a essayé de me taper !) J’ai préféré tenter ma chance ailleurs, et ça a payé, j’ai enfin trouvé mon job idéal ! Enfin, je ne suis pas encore titularisée… Mais tout vient à point à qui sait attendre !
J’attends toujours…
Vous attendrez aussi, la suite demain
17:31 Publié dans Parfois, je travaille, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : travail, chômage, pôle emploi, entretien d'embauche, gaston lagaffe est mon modèle de vie | | Facebook