02/10/2011
La rubrique nécrologique et les films de la semaine : Paulette Dubost, Munich, Basic, Crazy kung-fu, la malbouffe et la gueule de l'emploi
Dans la rubrique nécrologique de la semaine…dernière (j’ai raté l’annonce) Paulette Dubost s’est éteinte le 21 septembre. Elle était la doyenne des actrices françaises, puisqu’elle allait fêter ses 101 ans. Elle interprétait de petits rôles, mais vous la connaissez sûrement. Elle a tourné dans pas moins de 160 films, avec les acteurs les plus célèbres (Michel Simon, Gabin, Bourvil, Noiret, Serrault…) et pour les plus illustres films des grands cinéastes : Renoir (La règle du jeu, où elle incarnait Lisette la femme de chambre) Marcel Carné (Hôtel du nord : la femme de Bernard Blier) Louis Malle (Milou en mai : la mère de « Milou » Piccoli)… Alors, vous voyez qui c’était ?
Dans les films de la semaine, ce soir France 2 diffuse Munich de Steven Spielberg. Lors des jeux olympiques de 1972, le commando palestinien « septembre noir » prend en otage et exécute onze athlètes israéliens. Une équipe du Mossad part alors à la recherche des responsables dans le but de les éliminer… Comme tous les films de Spielberg, celui-ci joue plus sur l’action et l’émotion que la réflexion politique. Il s’intéresse plus aux destinées et états d’âme des protagonistes : la violence et la vengeance sont-elles des solutions ? Comment concilier une vie de famille normale et heureuse, avec du sang sur les mains et le danger permanent ?
Lundi, France 4 programme Crazy kung-fu de Stephen Chow. Le réalisateur est l’auteur de l’improbable Shaolin soccer, où des moines montent une équipe de football. Cette fois-ci, les maîtres de kung-fu affrontent des gangsters. Le film est toujours aussi loufoque et imaginatif. Stephen Chow est capable de mélanger arts martiaux, Tex Avery et comédie musicale… Dé-li-rant.
M6 passe à 23h Basic de John Mc Tierman (Piège de cristal, Last action hero, Predator…) A Panama, six militaires disparaissent dans la jungle. Que leur est-il arrivé ? Les deux seuls rescapés sont interrogés, mais ils changent sans cesse de version… On suit avec plaisir ce jeu de piste rocambolesque. Les rebondissements se multiplient tellement, qu’après quatre visionnages mémé Papillote ne se souvient toujours pas de l’énième retournement final. C’est très pratique d’être amnésique quand on regarde des oeuvres à suspense et des policiers : je ne me rappelle jamais du nom du meurtrier.
Après les documentaires sur la guerre et les traumatismes (finalement je n’ai regardé que l’incroyable « Barbie », le très émouvant « l’âme en sang » et le téléfilm « occupation ») cette semaine Arte se consacre à un de mes sujets favoris : la bouffe, ou plutôt la malbouffe. Mardi, la chaîne diffuse « Dis-moi ce que tu manges » suivi de « La bataille de nos assiettes », jeudi « Poudres et potions de l’industrie alimentaire » et « La face cachée du chocolat ». Je vous conseille ces documents si vous souhaitez maigrir et « éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé » : les révélations vous couperont l’appétit. Par exemple, les « arômes naturels » sont en fait à base de moisissures... En Côte d’ivoire, les producteurs de chocolat emploient des enfants esclaves (j’achète du chocolat « équitable », à peine quelques centimes plus cher qu’une tablette classique, j’espère qu’il ne contribue pas à cette exploitation).
Mon autre sujet favori, comme vous commencez à le savoir, est le monde de plus en plus délétère du travail. Jeudi, France 2 programme un documentaire que je ne raterai sous aucun prétexte : « La gueule de l’emploi » sur les techniques humiliantes de recrutement… Le réalisateur Didier Cros filme dix candidats, s’affrontant pendant deux jours pour obtenir un poste de commercial. Les moins soumis, ne voulant pas se plier au système qu’on leur impose, ou les plus sensibles au stress de la compétition, seront éliminés… Le documentaire est disponible en ligne ce dimanche sur le site de Télérama, ici.
Ce film est très révélateur du monde du travail actuel, que ne comprennent pas nombre de retraités que mémé Papillote côtoie : à leur époque, la solidarité et le respect primaient sur la compétition, l’espionnage et la médisance.
Et vous, comment est l’ambiance dans votre travail, avez-vous subi ces impitoyables méthodes de recrutement ?
Voilà, vous pouvez allumer votre télévision et reprendre une activité normale. A ciao bon dimanche.
19:44 Publié dans A la télé cette semaine, La rubrique nécrologique | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : tlé, cinéma, travail, entretien d'embauche, chômage, la gueule de l'emploi, malbouffe, du poison dans nos assiettes | | Facebook
28/09/2011
Ah ! Si j'étais riche
Je bâtirais un vrai palais
Pointant jusqu’au ciel sur la place du marché
Des murs plantés bien droit sur un tas doré…
Je reçois un coup de fil de la part de ma banquière. Visiblement elle s’est longuement renseignée sur mon dossier avant de téléphoner. Elle me propose un prêt je ne sais quoi, qui sert exclusivement aux nouveaux achats et travaux que l’on veut effectuer dans notre maison, comme je la cite textuellement : « par exemple si vous voulez construire une piscine pour votre villa ».
C’est une bonne idée. Je vais de ce pas contacter ma proprio pour lui demander l’autorisation de creuser un baquet d’eau dans le parquet de mon studio de 20 mètres carrés, dans mon immeuble parisien. J’ai une petite place de libre entre la fenêtre, l’armoire et le bureau, une piscine de 1m/1m10 ça devrait suffire, et les voisins du dessous seront contents.
« Vous avez une minute ou deux pour que je vous expose le sujet ? »
Voyant que je ne la contredis pas, elle se lance avec un enthousiasme débordant (d’eau) dans la description du produit, espérant que je mordrai à l’hameçon. Je la laisse parler, ou plutôt s’enfoncer (dans la piscine). Puis je rétorque que je suis au chômage depuis plus d’un an et en attente de RSA.
La banquière a touché le fond de la piscine dans son petit pull marine. Elle déglutit comme si elle buvait la tasse et coupe immédiatement la conversation pour ne pas se noyer « : « Gloups, ah bon… excusez-moi de vous avoir dérangée, bonne journée ».
Quelques temps plus tard, nouveau coup de téléphone, cette fois-ci du banquier.
« C’est pour vous parler d’un compte qui peut-être intéressant pour vous, un compte social, pour ceux qui n’ont pas de travail.
- Moui... ça peut être une idée, ça consiste en quoi ?
Je m’attends à ce qu’il me réponde : « eh bien comme vous êtes au chômage longue durée, il existe un livret à un taux plus intéressant, de nouvelles aides qui accordent … etc »
Mais il m’annonce en fait :
- Eh bien vous créez un compte épargne et en attendant que vous l’utilisiez, l’argent est utilisé pour aider les personnes qui en ont besoin, comme les gens au chômage de longue durée.
-Mais… Mais… Je SUIS moi-même au chômage de longue durée ! »
En même temps, comme on dit, il faut s’aider soi-même.
Ma banque m’a confondu avec mamie zinzin crésus ? J’ai gagné au loto ?
Et vous, on vous a déjà proposé des produits (pas forcément banquiers) pas du tout adaptés à votre situation ?
07:00 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chômage, banque, ah si j'étais riche, cinéma français | | Facebook
21/09/2011
Je me voyais déjà... (suite) (sans fin?)
Suite de jeudi dernier
Je cours le cachet, je fais du porte à porte
Pour subsister, je fais n'importe quoi...
J’ouvre l’annuaire, je liste toutes les agences d’intérim de l’arrondissement. J’imprime mes C.V, je calcule les itinéraires, je mets une jolie tenue sobre, je me rends à la première agence...
Ah, j’ai dû mal retranscrire l’adresse, je ne la vois pas. Je me rends à la seconde. Ce n’est pas possible, je n’ai pas pu me tromper deux fois. Je vais à la troisième. Toujours rien. C’est une banque. Je sonne à l’interphone… « Euh… une boîte d’intérim est censée être à cette adresse… vous partagez les locaux avec elle ? » -Si vous ne voyez pas son nom, vous compreniez bien que non ! »
Pareil pour les sept autres. Moi qui me réjouissais de voir autant d’agences dans l’annuaire. Pourquoi ont-elles des adresses fictives ? Le soir même, pure coïncidence, j’ai la réponse. En en parlant à mon frère, il me raconte qu’au restaurant, pendant la pause déjeuner, il a surpris la conversation de la table voisine, où mangeaient les employées d’une agence d’intérim. Les femmes exprimaient leur peur d’un futur licenciement : « ils ont fermé toutes les autres agences, il ne reste plus que la nôtre » « Toutes les boîtes d’intérim font pareil maintenant ! » « Cest à cause de la crise ! » etc…
J’ai essayé de joindre les agences par téléphone, il sonnait dans le vide. Une boîte, au nom bien connu, finit par décrocher : « ah mais non, faut mettre votre CV sur Internet maintenant ». Ce que j’ai déjà fait depuis belle lurette. Je ne suis pas sortie de l’auberge, moi qui m’imaginais que l’agence trouverait à ma place un travail, que je débuterais dès le lendemain, comme avant … Non, il faut encore et toujours que je passe mon temps derrière l’ordinateur, à chercher et répondre à des annonces qui n’aboutissent jamais…
De plus en plus voûtée, je me traîne vers les prochaines agences. Je dois aussi traîner une corde à mon cou, car un homme m’interpelle : « Allez, souris, elle est belle la vie ! » (Il doit venir d’une autre planète).
La dernière adresse existe enfin. Mais elle ne concerne que le BTP. Je sais à peine changer une ampoule… La femme qui m’accueille a l’air sympa et voit bien mon air désespéré :
Moi : « Vous ne recrutez pas une collègue par hasard ?
Agence : - Justement, je viens juste d’être embauchée aujourd’hui… et par piston... »
Comme moi, elle cherche depuis plus d’un an, s’est rendue à toutes les agences d’Ile de France, qui ne répondent jamais au téléphone et lui ont souvent rétorqué de s’inscrire sur Internet. Elle n’a reçu aucune réponse.
Agence : - On aurait bien du travail ponctuel…
Mes yeux s’allument.
Agence :- Mais ce n’est vraiment pas terrible… »
Elle me décrit le poste. Non, ce n’est pas possible, je ne peux pas m’y résoudre : une copine a déjà exercé cet emploi et a fini par démissionner. Il consiste à téléphoner aux particuliers pour leur vendre des produits à un prix prohibitif. Déjà, déranger les gens quand ils rentrent crevés du travail et n’attendent qu’une chose, être tranquilles, c’est le meilleur moyen de se faire insulter. J’ai fait du démarchage pour donner des trucs gratuits, à des employés, pendant leurs heures de boulot. Des produits que les employés attendaient et qui leur servaient pour leur travail. Ils m’envoyaient déjà sur les roses, alors pour arnaquer les gens…
Le boulot est mal payé, à des horaires contraignants (le soir). On est épié et pressé sans cesse par son superviseur, pour passer plus de coups de fil et obtenir de meilleures ventes. Ceux qui se font rouler par ce démarchage sont surtout les petits vieux solitaires, trop contents de parler enfin à quelqu’un dans la journée et acceptant n’importe quoi pour prolonger la conversation, ou tout simplement sourds et n’ayant pas entendu le prix honteux du produit.
Non merci. Je préfère continuer à manger des pâtes tous les jours jusqu’à épuisement de mes économies, plutôt que de faire un travail qui ne correspond pas du tout à mes valeurs... Je préfère largement les boulots de service et d’accueil que j’ai souvent effectués, même s’ils sont souvent mal considérés, mal rémunérés. Les gens nous traitent parfois avec dédain, car on est au bas de l’échelle, comme si on était leur domestique. Ils passent leurs nerfs sur nous. Mes collègues me disent toujours que je suis « trop gentille » (à notre époque de cynisme et d'individualisme, la gentillesse est un défaut honteux). Je ne réponds pas aux provocations (voire aux insultes !) et « j’en fais trop, t’es pas payée pour ça, t’as pas le temps !» parce que je prends la peine de remplir des formulaires à la place des gens, d’écouter leurs problèmes même si je ne peux pas les résoudre… Mais au moins, avec cette technique, les gens agressifs s’adoucissent et finissent par me remercier, puis j’ai l’impression d’avoir fait un boulot un peu utile.
Au pire, pour subsister, j’irai élever des chèvres à la campagne.
J’ai carrément porté une candidature à une entreprise ayant passé une annonce. Je pensais qu’ainsi je me démarquerai de mes concurrents, et que l’employeur apprécierait mon audace, comprenant que j’étais très motivée. Pourtant elle a eu l’air perplexe, je devais vraiment donner l’impression d’être une chômeuse au bout du rouleau. Comme beaucoup, elle m’a dit « on vous répondra… que ce soit positif ou négatif, bien entendu, c’est une question de politesse ».
Le travail commençait lundi et je n’ai pas eu de réponse, comme d’habitude.
Pourtant je me voyais déjà tapoter des textes dans ce bureau tranquille… La jeune fille aperçue, ma future collègue, avait l’air très sympa, le bus m’amenait directement…
Mais un jour viendra où je leur montrerai que j'ai du talent !
Et vous, cherchez-vous du travail ? Avez-vous mis longtemps à trouver le vôtre ?
08:00 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : chômage, emploi, travail, shadoks | | Facebook
15/09/2011
Je me voyais déjà...
A 18 ans j'ai quitté ma province
Bien décidé à empoigner la vie
Le coeur léger et le bagage mince
J'étais certain de conquérir Paris
En juillet, j’ai enfin obtenu un entretien. Celui-ci a duré plus d’une heure et demie, ce qui est très bon signe. J’ai passé la deuxième étape du parcours du combattant, un test. J’attendais la réponse promise… six semaines plus tard. Faut pas être pressé…
La date de réponse arrivant à échéance, je n’avais toujours pas de nouvelles. Puis j’ai revu l’annonce en ligne… L’entreprise n’a même pas eu la décence ni le courage de me prévenir, et m’a fait poireauter et espérer pour rien, sans me donner la réponse pour le test, elle a peut-être même piqué les idées que je proposais si ça se trouve.
Quand une offre se démarque du lot, comme Aznavour : « je me voyais déjà… » J’imagine dans les moindres détails ce que sera mon quotidien dans la nouvelle entreprise : « j’aurai 40 minutes de transport avec trois changements, avec cette ligne je mets dix minutes de plus mais le trajet est direct, je peux me poser pour lire tranquillement, je pourrais faire le parcours rapide le matin pour me lever plus tard et l’autre le soir pour changer un peu. Je pense que je m’entendrais bien avec ce collègue mais j’ai un peu peur qu’il me drague, peut-être que celle-ci sera sympa même si elle a l’air superficielle, j’espère obtenir le bureau près de la fenêtre, le restau d’à côté propose une belle carte mais je préfère garder mes tickets pour faire mes courses… » (Rassurez-vous, je pense surtout aux tâches à effectuer pour le travail, mais c’est plus angoissant). Ça peut paraître niais, mais après 14 mois de chômage et de galères qui s’accumulent, si je n’y croyais pas encore, ma vie serait un enfer comme dirait Josiane Balasko. Je m’emballe et m’enthousiasme très vite, et c’est vrai que ces espoirs qui ne se concrétisent jamais me laissent terriblement déçue.
Mon coeur s'est aigri un peu en prenant de l'âge
Mais j'ai des idées, je connais mon métier, j'y crois encore
J’ai fait la tournée de toutes les boîtes d’intérim du coin. Quand j’étais encore sur Lyon, j’avais travaillé pour l’agence du quartier. La secrétaire n’avait même pas pensé à me demander un C.V, le lendemain même je bossais. Les gens riaient quand je décrivais mon activité, mais c’était un travail d’étudiant qui permettait de mettre des sous de côté. (J’en ai bien besoin maintenant que je vis sur mes économies depuis trois mois). Ce job consistait à… compter les voitures aux heures de pointe dans des carrefours encombrés, deux heures le matin et deux heures le soir. Il fallait se lever aux aurores, on se caillait atrocement l’hiver, posté sans bouger à des endroits très passagers, à respirer l’air pur des pots d’échappements, mais on amenait une couverture (je portais deux manteaux et deux paires de gants) et on papotait entre deux feux rouges. « 5,6,7 voitures qui tournent à droite… et qu’est ce qu’il t’a répondu ? 1,2,3 voitures qui tournent à gauche… Nan arrête j’y crois pas, il t’a dit ça ! Merde, la voiture rouge, elle a tourné où ? »
On m'a pas aidé, je n'ai pas eu de veine
Mais au fond de moi, je suis sûr au moins que j'ai du talent
Je cours le cachet, je fais du porte à porte
Pour subsister, je fais n'importe quoi
Je pensais bêtement que ce serait pareil à Paris, quelques années plus tard. J’ouvre l’annuaire, je liste toutes les agences d’intérim de l’arrondissement. J’imprime mes C.V, je calcule les itinéraires, je mets une jolie tenue sobre, je me rends à la première agence...
A suivre...
16:53 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : chômage, pôle emploi, comment passer un entretien d'embauche | | Facebook