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21/09/2011

Je me voyais déjà... (suite) (sans fin?)

une époque formidable.jpgSuite de jeudi dernier

Je cours  le cachet, je fais du porte à porte
Pour subsister, je fais n'importe quoi...

J’ouvre l’annuaire, je liste toutes les agences d’intérim de l’arrondissement. J’imprime mes C.V, je calcule les itinéraires, je mets une jolie tenue sobre, je me rends à la première agence...

Ah, j’ai dû mal retranscrire l’adresse, je ne la vois pas. Je me rends à la seconde. Ce n’est pas possible, je n’ai pas pu me tromper deux fois.  Je vais à la troisième. Toujours rien. C’est une banque. Je sonne à l’interphone… « Euh… une boîte d’intérim  est censée être à cette adresse… vous partagez les locaux avec elle ? » -Si vous ne voyez pas son nom, vous compreniez bien que non ! »
Pareil pour les sept autres. Moi qui me réjouissais de voir autant d’agences dans l’annuaire. Pourquoi ont-elles des adresses fictives ? Le soir même, pure coïncidence, j’ai la réponse. En en parlant à mon frère, il me raconte qu’au restaurant, pendant la pause déjeuner, il a surpris la conversation de la table voisine, où mangeaient les employées d’une agence d’intérim. Les femmes exprimaient leur peur d’un futur licenciement : « ils ont fermé toutes les autres agences, il ne reste plus que la nôtre » « Toutes les boîtes d’intérim font pareil maintenant ! » « Cest à cause de la crise ! » etc…

J’ai essayé de joindre les agences par téléphone, il sonnait dans le vide. Une boîte, au nom bien connu, finit par décrocher : « ah mais non, faut mettre votre CV sur Internet maintenant ». Ce que j’ai déjà fait depuis belle lurette. Je ne suis pas sortie de l’auberge, moi qui m’imaginais que l’agence trouverait à ma place un travail, que je débuterais dès le lendemain, comme avant … Non, il faut encore et toujours que je passe mon temps derrière l’ordinateur, à chercher et répondre à des annonces qui n’aboutissent jamais…
De plus en plus voûtée, je me traîne vers les prochaines agences. Je dois aussi traîner une corde à mon cou, car un homme m’interpelle : « Allez, souris, elle est belle la vie ! » (Il doit venir d’une autre planète).

shadock tête.jpgLa dernière adresse existe enfin. Mais elle ne concerne que le BTP. Je sais à peine changer une ampoule… La femme qui m’accueille a l’air sympa et voit bien mon air désespéré :
Moi :  « Vous ne recrutez pas une collègue par hasard ?
Agence : - Justement, je viens juste d’être embauchée aujourd’hui… et par piston... »
Comme moi, elle cherche depuis plus d’un an, s’est rendue à toutes les agences d’Ile de France, qui ne répondent jamais au téléphone et lui ont souvent rétorqué de s’inscrire sur Internet. Elle n’a reçu aucune réponse.
Agence : - On aurait bien du travail ponctuel…
Mes yeux s’allument.
Agence :- Mais ce n’est vraiment pas terrible… »

Elle me décrit le poste. Non, ce n’est pas possible, je ne peux pas m’y résoudre : une copine a déjà exercé cet emploi et a fini par démissionner. Il consiste à téléphoner aux particuliers pour leur vendre des produits à un prix prohibitif. Déjà, déranger les gens quand ils rentrent crevés du travail et n’attendent qu’une chose, être tranquilles, c’est le meilleur moyen de se faire insulter.  J’ai fait du démarchage pour donner des trucs gratuits, à des employés, pendant leurs heures de boulot. Des produits que les employés attendaient et qui leur servaient pour leur travail. Ils m’envoyaient déjà sur les roses, alors pour arnaquer les gens…
Le boulot est mal payé, à des horaires contraignants (le soir). On est épié et pressé sans cesse par son superviseur, pour passer plus de coups de fil et obtenir de meilleures ventes. Ceux qui se font rouler par ce démarchage sont surtout les petits vieux solitaires, trop contents de parler enfin à quelqu’un dans la journée et acceptant n’importe quoi pour prolonger la conversation, ou tout simplement sourds et n’ayant pas entendu le prix honteux du produit.

shadok battus.jpgNon merci. Je préfère continuer à manger des pâtes tous les jours jusqu’à épuisement de mes économies, plutôt que de faire un travail qui ne correspond pas du tout à mes valeurs... Je préfère largement les boulots de service et d’accueil que j’ai souvent effectués, même s’ils sont souvent mal considérés, mal rémunérés. Les gens nous traitent parfois avec dédain, car on est au bas de l’échelle, comme si on était leur domestique. Ils passent leurs nerfs sur nous. Mes collègues me disent toujours que je suis « trop gentille » (à notre époque de cynisme et d'individualisme, la gentillesse est un défaut honteux). Je ne réponds pas aux provocations (voire aux insultes !) et « j’en fais trop, t’es pas payée pour ça, t’as pas le temps !» parce que je prends la peine de remplir des formulaires à la place des gens, d’écouter leurs problèmes même si je ne peux pas les résoudre… Mais au moins, avec cette technique, les gens agressifs s’adoucissent et finissent par me remercier, puis j’ai l’impression d’avoir fait un boulot un peu utile.
Au pire, pour subsister, j’irai élever des chèvres à la campagne.

J’ai carrément porté une candidature à une entreprise ayant passé une annonce. Je pensais qu’ainsi je me démarquerai de mes concurrents, et que l’employeur apprécierait mon audace, comprenant que j’étais très motivée. Pourtant elle a eu l’air perplexe, je devais vraiment donner l’impression d’être une chômeuse au bout du rouleau. Comme beaucoup, elle m’a dit « on vous répondra… que ce soit positif ou négatif, bien entendu, c’est une question de politesse ».
Le travail commençait lundi et je n’ai pas eu de réponse, comme d’habitude.
Pourtant je me voyais déjà tapoter des textes dans ce bureau tranquille… La jeune fille aperçue, ma future collègue, avait l’air très sympa, le bus m’amenait directement…

Mais un jour viendra où je leur montrerai que j'ai du talent !

Et vous, cherchez-vous du travail ? Avez-vous mis longtemps à trouver le vôtre ?

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Commentaires

Toi qui aime les métiers d'accueil et de bureau, t'as déjà pensé à bosser à la Caf ? Pour y entrer (en dehors des cdd limités à 6 mois) il faut faire une formation en interne d'environ 10 mois rémunérée au smic je crois. Une fois la formation terminée (durant laquelle tu as deux périodes de "stage" dans une caf) tu es titulaire. Beaucoup d'avantages (mutuelles, treizième mois, primes vacances), une rémunération pas très élevée (un peu au-dessus du smic au début mais une sécurité de l'emploi et la possibilité d'etre mutée dans toute la France si des postes se libèrent. Je sais qu'à Paris ils font deux sessions de recrutement par an en juin et en décembre (si c'est toujours le cas) pour entrer dans leur formation (de 14 personnes je crois).
Je crois que ça fonctionne de la même façon dans les Sécurité sociale mais je connais pas. La Caf, j'y ai bossé en cdd ya deux ans et ma mère y travaille, donc je connais le fonctionnement. Et même si, pour ma part, c'est pas un boulot qui m'attire (j'ai pas forcement envie de finir par faire le même boulot que ma mère...), je sais que les avantages qu'il offre sont pas négligeables.
Bref, t'y as peut-etre déjà songé. Auquel cas tout ce que je raconte ne t'intéresse pas forcément, mais je me suis dit que ça pouvait peut-etre t'être utile. :)

Écrit par : Charlotte | 21/09/2011

Ce n'est pas la première fois que je te le dis, mais j'admire ton courage Papillote ! Surtout ne te décourage pas !

Écrit par : Laurie | 21/09/2011

pourquoi n'essaies-tu pas de passer des concours de la fonction publique ? il y en a vraiment pour tous les goûts : de menuisier au Sénat à secrétaire dans une mairie en passant par jardinier.
Courage

Écrit par : Meyilo | 21/09/2011

Une question me taraude : tu les relances quand ils ne répondent pas ?
Car une fois une boite comme ça ne me rappelais pas, pourtant ils avaient décidé de m'embaucher, mais c'est juste qu'ils étaient débordés ! Ils avaient déjà "perdu" deux candidates avant moi car ils avaient tellement tardé à les appeler qu'elles avaient trouvé autre chose en pensant que c'était mort. "Pas de "non" n'est pas un "non" !" Se montrer insistant montre aussi la motivation qu'on a.

Les agences d'intérim, ça n'aboutit plus à grand chose. Ils ne te cherche pas du boulot, ils stockent juste ton CV pour le jour où ils pourraient en avoir besoin, sauf si tu es sur une branche spécifique style btp, santé, etc.

Ce que j'avais trouvé le plus frustrant dans ma recherche, c'est que toutes les boites mettent en place des sites de recrutement : faut retaper tout ton cv dans des petites cases, charger ton cv et ta lettre dans des formats spécifiques, pour alimenter une base. Aucun e-mail ou numéro de téléphone pour pouvoir relancer, prendre contact, expliquer ta démarche... le froid technologique !

Écrit par : Kecha | 21/09/2011

J'ai cherché du boulot très peu souvent dans ma carrière (et j'en ai trouvé assez facilement, pas encore trop de chômage dans ma branche), mais j'ai toujours détesté me "vendre", je ne suis pas très douée pour ça. Aujourd'hui, je suis ma propre patronne (avec une associée), ce n'est pas toujours facile, mais c'est infiniment plus confortable que d'avoir des comptes à rendre à un patron (à ma conscience, ça me suffit).
Bon courage à toi

Écrit par : Catherine | 21/09/2011

Cristophe : c'est pas forcément une mauvaise chose ! je ne pourrais pas faire le même travail toute ma vie, à moins qu'il soit passionnant. si on me paie pour écrire mes rubriques télé par ex, pas de souci, je signe pour 50 ans même !

Charlotte : j'y ai pensé, merci pour toutes ces infos, ça peut servir pour d'autres aussi ! l'accueil ce n'est pas ma passion non plus, je préfère écrire seule derrière mon écran. mais un CDD me dirait bien (par contre faire ça toute ma vie...) ;-)

Laurie : non non t'inquiète !

Meyilo : j'ai essayé, mais j'ai raté l'oral où on m'a demandé l'organigramme de la mairie de Paris !

Écrit par : Papillote | 22/09/2011

kecha : j'en ai pas reparlé ici (j'avais déjà évoqué le sujet) mais la plupart des annonces ne donne pas le nom de l'entreprise, ni numéro de téléphone, alors je ne peux même pas les appeler ! Sinon je les relance par mail. Et carrément d'accord pour les boîtes d'intérim : hyper chiantes ces petites cases !

Catherine : pareil, je ne sais pas me vendre... tu exerces vraiment un super métier. je crois que le plus dur au travail, c'est le rapport aux supérieurs et aux collègues, toujours à épier et surveiller...

Écrit par : Papillote | 22/09/2011

J'avais fait du porte à porte un été pour vendre des ... chauffages ! Oui. En plein été ! C'était horrible physiquement et moralement.

Mon travail, j'l'ai eu au bout d'un mois et demi mais c'est différent.
Je suis rentrée hôtesse de caisse mais maintenant je ne fais plus du tout ça...

Écrit par : Thé Citron | 25/09/2011

Thé citron : faire du porte à porte, ma pauvre, tu as dû te faire refouler souvent... heureusement, comme je suis économe et consomme très peu, j'ai toujours des économies de côté qui me permettent de refuser des boulots que je détesterais faire...

Écrit par : Papillote | 25/09/2011

J'arrive un peu tard, la situation est vraiment pas terrible, j'ai vu le SAV et quand Omar disait que les chiffres du chômage allaient augmenter ce dernier trimestre, il souriait en disant qu'il était content de se faire de nouveaux copains à Pôle Emploi.. Bref, je te plains. Fort heureusement tu sais écrire de belles chroniques et tu as suffisamment de recul pour nous faire partager cette épopée, car c'en est une !

J'espère que dans tout ce brouillard, tu vas pouvoir trouver la lumière du phare et revenir vite dans le monde fantastique de l'emploi ! Moi j'ai de la chance d'avoir du boulot, et comme tu le sais, je n'ai légalement pas le droit d'en parler alors ça me fait du bien de te lire !

Bon je vais lire ton billet sur le programme télé, parce que ce soir y a rien à se mettre sous la dent !

Écrit par : Electra | 25/09/2011

Electra : merci ! j'aimerais beaucoup aussi partager des histoires de boulots qui sont vraiment incroyables, drôles, désolantes, ou révélatrices de la société actuelle et des mentalités, mais je n'ose pas (si un ex collègue tombe dessus - on sait jamais, je commence à avoir pas mal de lecteurs quand même- ) il reconnaitrait tout de suite les situations rocambolesques ! pourtant ces histoires sont passionnantes, je devrais peut-être en faire un livre un jour... la lumière du phare, jolie expression !

Écrit par : Papillote | 25/09/2011

Oui TRES souvent. Surtout que quand il pleuvait, ben, je devais prendre le téléphone... Pas beaucoup mieux non plus.
Bref.
Une cata ce job !!

Écrit par : Thé Citron | 28/09/2011

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