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05/02/2020

Le jeu

le jeu.jpgLors d'un dîner, des couples d’amis décident de faire une expérience : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et tous les échanges, SMS, appels, mails etc., devront être partagés avec les autres.

Une excellente idée de scénario, qui tourne au jeu de massacre jubilatoire. Le réalisateur Fred Cavayé développe le thème de son précédent film Les infidèles, mais de manière plus originale. Par moments Le jeu fait penser au Prénom et rappelle les meilleurs moments de la comédie noire italienne. L'histoire est enlevée, pleine de rebondissements et de suspense. Avec les classiques et attendus quiproquos adultérins, le film pourrait se limiter à un simple vaudeville à la Feydeau (que je n'apprécie pas trop). Pourtant le jeu se révèle plus profond, et au-delà des piques savoureuses, il est même parfois touchant, par exemple le dialogue tout en délicatesse entre la fille et le père. Ce dernier, incarné par Stéphane de Groodt, me semble le personnage le plus sympathique avec l'émouvant Ben (Grégory Gadebois).

Un film réaliste, donc pessimiste, sur la nature humaine, qui pourrait illustrer des sujets de bac philo : "toute vérité est-elle bonne à dire ?"  "Pour vivre heureux, vivons cachés ?"  et même : "l’enfer, c'est les autres ?" Vous avez 4 heures pour rendre vos disserts.

27/01/2020

Le grand bain, jetez-vous à l'eau

grand bain persos.jpgDes hommes mal dans leur peau trouvent un sens à leur vie en pratiquant un sport jusqu'alors dévolu aux femmes : de la natation synchronisée, sous l'égide d'anciennes gloires déchues (Virginie Efira et Leïla Bekhti). Voir bande annonce ici.

J'attendais la diffusion Canal + pour vérifier si ce film mérite vraiment ses louanges, car à l'époque de la sortie, voir sur grand écran des gars bedonnant en slip ne me disait rien (afin de préserver les âmes sensibles, j'ai choisi une photo d'illustration coupée aux torses). Puis je craignais qu'il ne soit qu'un film de et pour mecs. Au contraire, agréablement surprise, je trouve que les meilleurs rôles sont pour les femmes ! (par contre les gars, va falloir arrêter la bière pour retrouver la ligne de flottaison).
Le grand bain avait tout pour faire un carton, car il se veut feel good movie, en lorgnant du côté des comédies sociales comme Full Monty et parce qu'il rassemble de grands noms de la comédie française (c'est utile de s’appeler Gilles Lellouche et d'avoir plein de copains dans le milieu). 
grand bain.jpgMalgré 8 nominations aux césars, le film n'a reçu que le prix du meilleur acteur dans un second rôle pour Philippe Katherine. Il est en effet le meilleur atout de cette comédie, car avec son côté complètement décalé, il apporte son originalité et la personnalité qui aurait manqué sinon. Le rôle principal me semble en effet  banal (une simple histoire de dépression suite à un chômage) et échoue à Almaric que je ne peux pas encadrer (avec ses horribles yeux perçants, sa voix et son rictus constant). Le talent du génial Poelvoorde me paraît sous exploité. On salue malgré tout la performance de Guillaume Canet dans un rôle à contre-emploi, ambigu et complexe de mec qui veut tout maîtriser, reproduit les maltraitances qu'il subit en alternant chaleur et violence. Anglade est également très touchant, persuadé qu'il est un grand musicien incompris et que son heure de gloire viendra, et qui en attendant se contente de boulots et concerts minables dans des fêtes de village et est méprisée par sa fille ado (Odieuse. "Non mais oh, comment tu parles de ton père ? Moi mon père il était charron et je peux te dire que ça filait doux !" ) Félix Moati prouve également qu'il est un des acteurs les plus prometteurs de la nouvelle génération (ici dans Libre et assoupi).

Un film qui vaut surtout pour ses personnages, même si je ne souhaiterais pas être amie avec l'un d'eux dans la vraie vie, et qu'on s'aperçoit qu'ils ne le sont pas entre eux : ils ne se voient que pour le sport et entretiennent des relations assez superficielles, sans rien connaître les uns des autres. Une comédie douce amère qui montre donc notre solitude moderne, le culte de la performance, et la mise au rebut des gens qui ne rentrent pas dans le moule. Seules les femmes me paraissent fréquentables : Marina Foïs qui soutient son mari en dépression, est fière de lui et le défend face aux moqueries des autres (être chômeur et pratiquer un sport de gonzesse, c'est pas viril). Leïla Bekhti en fauteuil roulant qui conserve une combativité phénoménale, Virginie Efira qui cache ses fragilités et ses amours déçues.
Malgré un discours bisounours assez convenu (il faut accepter les différences, se dépasser, croire en ses rêves, tout peut arriver, etc) on plonge avec plaisir dans Le grand bain.

23/01/2020

Star wars, épisode 238

star wars 9.jpgJe ne me tracasse même plus à chercher le titre et le numéro de la saga, vu que les scénaristes qui sont payés des millions pour écrire le film ne sont pas fichus de peaufiner une bonne histoire.
Mémé a décidé de faire semblant d'être une jeune dans le coup en délaissant ses documentaires pour avoir la bonne idée d'aller voir ce blockbuster dès le premier week-end (c'est donc pour ça que j'écris dessus un mois après). J'ai dû acheter les billets 4 heures en avance pour obtenir une place et attendre 1 heure debout devant la salle (mémé avait mal au dos), entourée de mecs geeks bien plus jeunes que moi. Grand moment de solitude.

Je n'ai pas trouvé un grand intérêt à ce film, avec un scénario téléphoné qui semble écrit en 24 h chrono. Clairement on sent que JJ Abrams a pensé : "Des millions de fans espèrent notre film ? Va t'on leur faire plaisir en soignant le scénar ? Pas la peine, ils viendront quand même ! Ils étaient déjà déçus par les deux premiers volets, mais ils paient quand même pour voir la suite, alors pourquoi se tracasser en leur vendant une bonne histoire, autant les prendre pour des poires jusqu'au bout puisqu'ils en redemandent !

star wars babu frik.pngLes geeks vont voir Star wars pour les scènes de bataille dans les vaisseaux sombres, moi j'ai confondu avec un épisode de Notre planète, j'y vais pour les petits zanimaux mignons et les beaux paysages des mondes inventés (ça permet de voyager sans quitter son fauteuil). L'île verte et isolée des Porgs, le désert de Tatooine, la fôret d'Endor...
Mais là, beaucoup de ruines filmées la nuit, des vaisseaux délabrés abandonnés (mais avec l'électricité qui fonctionne après 30 ans d'immersion sous l'eau) des galeries souterraines... Allumez la lumière, inutile de dépenser des millions dans les décors, on ne voit rien ! Bref, rien qui donne envie d'acheter le guide du routard ("ça a l'air sympa chez Palpatine ! Tout confort, très accueillant ! 5 étoiles sur B&B !")

Comme tous les enfants (je ne suis pas seulement fan de Faites entrer l'accusé) j'appréciais les animaux craquants marrants, comme les ewoks ou les Porgs, sorte de pingouins du dernier épisode. Je m'attendais à revoir cet incontournable, d'autant + que la saga a été rachetée par Disney et qu'elle veut vendre des peluches. Mais là, elles sont où mes bestioles mignonnes ? C'est la vieille réparatrice de droïdes Babu frik qui est censée tenir ce rôle ? Cet espèce de ver de terre ratatiné, cette chenille sans poil (à part au menton), cette grand-mère de monsieur Caca de South Park à l'humour très lourd ? "Peluche" sous-entend un jouet doux et duveteux que les enfants aiment câliner, Disney veut traumatiser les gosses avec ce vers gluant ?
Comme toutes les gonzesses, j'aime bien les histoires romantiques. Que deviennent les feux de l'amour entre Rose qui aime Finn mais Finn qui préfère Rey (qui préfère vivre en ascète et sauver le monde) ? Le personnage de Rose, la pauvre amoureuse éconduite, est totalement délaissé. A la fin les scénaristes ont dû se rendre compte que ça manquait un peu de bisous, alors ils ont rajouté ce moment ridicule qui arrive de nulle part, (attention spoiler) avec ce baiser incongru entre Kylo Et Rey. Ils ont passé 3 épisodes à s'entre-tuer, mais là, pif paf, tiens pourquoi pas, faites l'amour pas la guerre, flower power, Palpatine, t'es plus in, Macron démission (un intrus s'est glissé dans le texte)

D'autres rebondissements me paraissent très faciles (spoiler) : Palpatine dont on avait enfin réussi à se débarasser et  qu'on avait laissé pour mort, mais le matou revient, le jour suivant, le matou revient, il est toujours vivant. Rey qui s'encombre de deux sabres lasers, on ne s'attend pas du tout hein qu'elle le refilera à son nouveau pote... Etc.
Je ne suis pas la seule déçue, Star wars 9 (oui j'ai fini par vérifier le numéro) est classé à juste titre comme le moins bon de la série.
Vivement la suite !

 

09/01/2020

First love, le dernier yakuza : un Tarantino nippon

cinéma"ni mauvais" Léo est un jeune boxeur qui après un coup à la tête, apprend qu'il souffre d'une tumeur incurable et va bientôt mourir. Déboussolé, il erre dans les rues de Tokyo, la nuit. Il croise ainsi un médium qui lui prédit un destin inverse, que sa vie sera longue et la rencontre avec son premier amour, imminente... Le jeune homme se retrouve alors nez à nez avec Monica, une callgirl toxicomane qui s'enfuit. Toute la nuit, ils vont être poursuivis par un policier corrompu, un yakuza, son ennemi juré et une tueuse envoyée par les triades chinoises. Voir la bande annonce ici.

Un film survolté, violent et drôle, qui rappelle incontestablement Quentin Tarantino. Le début m'a également fait penser au Fargo des frères Coen, avec cette galerie de personnages loser qui élaborent un vol, mais où rien ne se déroule comme prévu. Les décès s'accumulent dans un enchaînement de catastrophes digne d'un Destination finale. La scène avec la mamie est tordante, pour peu que l'on goûte l'humour noir et grand guignol. J'ai apprécié aussi la séquence en cartoon : manque de moyens peut-être pour tourner cette scène d'action, mais tellement originale et délurée !

Si vous appréciez ses références, vous aimerez forcément First love. Je fais  cependant le même reproche qu'au dernier Tarantino: le film aurait mérité d'être raccourci, car un tel déferlement de violence peut provoquer une saturation, et finit par se répéter : "il en reste encore beaucoup à tuer ?"
Cette remarque du réalisateur m'a fait sourire : "Le système de classification au Japon est progressiste. Ce film peut être vu par des enfants d'école maternelle s'ils viennent accompagnés par leurs parents. Cependant, je pense que les enfants n'iront pas voir ce film".
J'espère bien oui ! Sauf s'ils veulent être traumatisés à vie par les têtes qui volent. Takashi Miike, le réalisateur prolifique à la centaine de films, me semble néanmoins adouci depuis son Dead or alive et Audition.