02/04/2019
Captive state, la nouvelle armée des ombres
Les extra-terrestres ont envahi la Terre. Le gouvernement collabore avec l'envahisseur, pour maintenir l'humanité en vie, mais aussi être maintenu au pouvoir. Il exerce un contrôle constant sur la population. Chaque individu porte un implant qui le surveille, les voyages sont interdits, et internet a été coupé pour empêcher les communications. Le peuple est sommé de travailler pour les aliens, en extrayant pour lui les ressources naturelles de la planète. Mais clandestinement, à Chicago, des rebelles tentent de combattre l'ennemi et de rétablir la liberté… voir la bande annonce ici en lien.
J'ai adoré ce film. Pour moi il traite d'un sujet essentiel : l'importance de la résistance pour obtenir de bonnes conditions de vie. Qu'est-on capable de faire pour la liberté ? Vaut-il mieux rester en vie mais en étant esclave, ou se battre, quitte à mourir dans l'ombre et à se sacrifier pour les autres ? La majorité accepte d'être privée de ses droits, car on s'habitue à tout, en justifiant ses reculs par les éternels : "oui mais ya pire ailleurs" "oui mais au moins on garde ça".
Captive state est-il un simple film d'action à la Independence day, où un héros dégomme à tout-va les méchants aliens avec sa bande de potes ? Absolument pas. Le film est beaucoup plus subtil. On ne voit quasiment pas les envahisseurs, qui vivent en sous-sol. Comment atteindre un ennemi invisible, qu'on ne connaît pas ?
L'ennemi bien plus présent est le gouvernement. Il collabore avec les extra-terrestres afin de garder sa place au pouvoir. Il justifie cette position par des discours de propagande : depuis que les aliens sont sur Terre, la criminalité a fortement diminué, le chômage est inexistant. Evidemment, l'armée est omniprésente et supprime les fauteurs de troubles. Le chômage n'existe plus puisque les humains travaillent de force pour les envahisseurs. Mais la liberté d'expression n'existe plus non plus, les gens sont tous fichés, filmés et écoutés au moindre signe suspect, jusque dans leur chambre à coucher. Les médias sont contrôlés, la communication, la liberté d'expression et de circulation ne sont plus possibles. Le gouvernement fait croire que la surveillance de la population est pour son bien, pour maintenir la sécurité.
Le parallèle avec l'actualité est évident. En Chine, la population accepte d'être surveillée et notée en permanence, en France, on remet en cause le droit de manifester, aux Etats-Unis, Trump sévit...
Captive state est exactement ce que j'attends d'un film : du divertissement, avec une vraie histoire, de la tension constante (vont-ils réussir ?) un découpage et une mise en scène parfaits, avec une musique qui colle parfaitement aux images. De l'émotion, du suspense, mais aussi de la réflexion sur des sujets primordiaux. Tout le long du film, je pensais "que ferais-je à leur place ? que feraient les autres ?" Sous couvert de science-fiction futuriste, Captive state livre en réalité une réflexion essentielle sur la société actuelle, sur les dérives d’un État de surveillance et la menace qui pèse sur les droits civiques et les libertés individuelles.
Le film est réalisé par Rupert Wyatt. Le basculement de société était déjà à l'oeuvre dans son plus grand succès : la planète des singes, les origines. Les résistants de Chicago en 2025 rappellent ceux de la France occupée pendant la seconde guerre mondiale. Le réalisateur confirme ses références, Jean-Pierre Melville et son magistral L'armée des ombres fait partie de ses films préférés.
Comme L’armée des ombres, Captive state est un film sur la résistance, qui décrit parfaitement les rouages d'un réseau clandestin. L'incroyable capacité des rebelles à se débrouiller avec les moyens du bord, leur habileté à contourner la censure est captivante et admirablement décrite. Le film ne glorifie pas un héros seul qui sauve le monde, mais montre des individus lambda, qui ne se connaissent pas, aux profils très différents, qui se réunissent pour un but commun : combattre l'ennemi et libérer le peuple. Ils savent qu'ils doivent opérer en secret, sans montrer leur bravoure, sans se faire remarquer.
Les rapports complexes et ambigus entre les personnages évitent tout manichéisme. Pas de gentils super héros d'un côté, pas de méchants abjects de l'autre. Chacun à ses raisons justifiées. Le policier maintient une forme de paix et veut éviter au fils de son ami une mort certaine s'il rentre dans la résistance. Le jeune particulièrement tête à claques je trouve, pense d'abord à se sauver lui et sa copine. Il ne veut pas combattre car il a peur de mourir, qu'on s'en prenne à ses proches. Un autre au contraire, qui a pourtant l'aspect veule et falot, devient en fait résistant "pour l'avenir de son fils"...
Je ne peux que vous encourager à voir Captive state, demain dans les salles.
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13/02/2019
Les films de genre de janvier
- Veronica de Paco Plaza, 2017
Je voulais voir ce film car son auteur a aussi réalisé Rec, qui m'avait terrifiée, et parce qu'il est tiré d'une histoire vraie : le seul témoignage surnaturel relaté dans un rapport de police en Espagne, le dossier Vallecas. Grosse déception : moi qui avais longtemps cherché sur le net le procès verbal et les documentaires, et les avait traduit laborieusement, le film s'en éloigne beaucoup. Comme dans la vraie histoire, il débute avec un groupe de lycéennes qui s'essaie au spiritisme, casse par inadvertance la planche et le verre de oui-ja, dont une fumée noire s'échappe et est inhalée par Véronica (Estefania de son vrai prénom). Mais le film bifurque ensuite de l'histoire telle qu'elle a été rapportée par les témoins.
Dans le film, c'est Veronica qui subit les phénomène étranges dans le logement familial. Dans la réelle histoire, ce sont les parents qui vivent l'expérience surnaturelle après le décès inexpliqué de leur fille : Estefania a entendu des bruits effrayants et vu des ombres inquiétantes qui la poursuivaient, mais prise de convulsions très fortes, elle a été internée pendant plus d'un an, jusqu'à sa mort d'origine inconnue. C'est seulement après sa mort que les phénomènes surnaturels sont apparus dans l'appartement, et ce sont les parents qui ont appelé la police en pleine nuit, permettant les photos de l'habitation saccagée et le procès verbal.
Concentré sur un seul personnage et un lieu quasi unique, sans grand enjeu, le film met du temps à démarrer et n'effraie pas autant qu'il pourrait le faire.
- 300 de Zack Snyder, 2006
Pas fana des purs films d'action, j'étais passée à côté de ce film devenu culte (je connaissais néanmoins le meme "this is Sparta !") J'ai été agréablement surprise par l'esthétisme ultra soigné, les couleurs sombres et saturées qui montrent bien que le film est tiré d'une BD (de Franck Miller, auteur de l'aussi sombre Sin city). J'ai été aussi amusée par tous ses hommes en slip et sandales (spartiates quoi) ultra musclés, la peau huilée et parfois maquillés, qui adorent le corps à corps, se parler à 3 cm du visage comme s'ils allaient se rouler des pelles. Une seule femme dans ce film : l'horrible Lena Headey, la terrible Cersei de Game of thrones, déjà reine impitoyable avec sa tête de méchante (son regard inquisiteur, ses yeux enfoncés, ses gros sourcils et son rictus insupportable.)
- La compagnie des loups de Neil jordan, 1985
En plusieurs scénettes, une grand-mère raconte à sa petite fille des histoires de loups hantant un village médiéval. Un bon film mais que j'aurais dû voir à l'âge de l'héroïne, car il m'aurait subjuguée, comme les films d'heroïc fantasy de l'époque, avec les mêmes effets spéciaux et univers : Labyrinthe, L'histoire sans fin, Dark Crystal...
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11/02/2019
Les thrillers de janvier
La mule de Clint Eastwood
Voir ma critique ici.
- Gran Torino de Clint Eastwood, 2008
Gros choc à la sortie ciné, au point que je n'osais plus le revoir : traumatisée par l'histoire et aussi par peur de ne plus l'apprécier autant, comme il m'arrive souvent à la deuxième vision. Ce n'est pas le cas ici, Gran Torino est toujours un chef d’œuvre, et sa musique mélancolique si prenante accompagne mes pensées quasi quotidiennement depuis une décennie.
- La fille du train de Tate Taylor, 2016
J'avais hâte de découvrir ce thriller car j'en avais lu beaucoup de bien sur les réseaux sociaux. J'en attendais peut-être trop, car même si le film est agréable à regarder, si on réfléchit un peu, on devine vite qui est le coupable vu le peu de personnages (une chance sur 5...). Le livre dont il est tiré est certainement plus complexe. En revanche, totale compassion pour l'héroïne interprétée par Emily blunt, qui s'est fait plaquer et virer de chez elle car incapable de tomber enceinte, et remplacée par une jeunette qui occupe maintenant sa maison. De quoi devenir alcoolo effectivement.
- Prête à tout de Gus Van Sant, 1995
Film déjà vu plusieurs fois, mais comme mémé a Alzheimer, je ne m'en souvenais pas. Nicole Kidman obtient son premier grand rôle avec ce personnage de femme machiavélique prête à tout pour être célèbre. Le tout jeune Joaquin Phoenix est également épatant dans son rôle d'ado demeuré manipulé. Une bonne satire de la société du paraître et des médias.
A suivre : les films SF
16:31 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, thriller | | Facebook
08/02/2019
Les comédies vues en janvier
- Astérix et le secret de la potion magique d'Alexandre Astier et Louis Clichy (en salles)
Après Le domaine des dieux, nouvelle réalisation de l'auteur de Kaamelott. Le premier film, déjà fort sympathique, était une adaptation d'une BD existante, tandis que le deuxième est une création d'Astier, ce qui lui donne une plus grande liberté et meilleure cohérence je trouve. A travers cette histoire de casting du parfait druide, Astier peut développer à loisirs son art de la répartie et du portrait de gars à la ramasse qu'il affectionne tant. Et au final, le seul personnage "normal", donc le moins drôle et moins intéressant, apparaît secondaire : le héros de la série, Astérix! On le voit très peu et on ne s'en plaint pas ! J'ai adoré le générique du début où les personnages travaillent au rythme de la chanson You spin me round. Depuis je danse régulièrement dessus et j'ai la patate direct, testez et vous approuverez !
- Papa ou maman 2 de Martin Bourboulon (Canal+)
Aussi sympathique que le premier volet (voir ma critique ici). Mention spéciale pour le repas de présentation du nouveau petit copain. Ce dernier semble un génie, riche, altruiste, qui a tout fait dans sa vie. La scène est d'autant plus drôle que le mec est joué par Serge le mytho (Jonathan Cohen). On compatit à fond avec le père, qui paraît insignifiant à côté de son rival.
- Santa & cie d’Alain Chabat (Canal+)
Un film de noël bien sympathique qui évite l'écueil cucuterie des films de ce genre, grâce à l'humour de Chabat. Il s’est entouré d'une brochette d'acteurs comiques qu'on a plaisir à voir : une apparition de Bacri en père noël (qu'il a déjà fait jouer dans son film Didier). Les auteurs du Palmashow, Bruno Sanchès de Catherine et Liliane, Thomas VDB et Patrick Timsit complètent le casting. Dans le rôle de l'avocat au grand cœur, Pio Marmaï (je n'ai toujours pas reçu sa demande en mariage d'ailleurs, étonnant).
- La folle histoire de Max et Léon du Palmashow (Canal+)
Comme pour le film précédent, une flopée d'acteurs comiques défilent : Florence Foresti, Kyan Kojhandi, Baptiste Lecaplain, Kad Merad, Simon Astier... Une comédie agréable qui lorgne du côté de La grande vadrouille, sans égaler le film culte (ni par le nombre d'entrées en salles, 17 contre 1,2 millions).
- Maggie a un plan de Rebecca Miller
Une petite comédie romantique avec un charme indéniable, prioritairement grâce à Ethan Hawke (déjà parfait dans Les "before"). Selon l'humeur du moment, on s'irrite ou s'extasie devant la vie de rêve où tout semble facile. L'héroïne veut un gosse mais n'est pas en couple ? Pas de problème, elle demande à un vague pote de servir de donneur (le roi Ragnar de la série Vikings), avec un échantillon qu'elle va s'enfourner elle-même dans sa baignoire, hop c'est réglé en 3 minutes. Elle a fait des études d'art, un domaine qui ne mène à rien ? Pas de problème, elle gagne bien sa vie (vu son appart en plein New York, l'une des villes les plus chères au monde). Elle a un job improbable : aider des étudiants à rencontrer des entreprises qui commercialiseraient leurs inventions. Ses potes écrivent des livres ? Bien sûr, plusieurs éditeurs se battent pour avoir l'exclusivité du futur best-seller ! Le film fait penser à Woody Allen mais surtout à Noah Baumbach. L'héroïne est incarnée par la copine de ce dernier, Greta Gerwig. Elle est aussi paumée et délurée que dans son rôle de Frances Ha.
- Comment l'esprit vient aux femmes de George Cukor, 1951
Les 4 filles du docteur March, Autant en emporte le vent, Le magicien d'oz, Une étoile est née, Madame porte la culotte... Le réalisateur aime donner les premiers rôles aux femmes fortes. Comme dans My fair lady (j'admets ne pas l'apprécier) l'héroïne de Comment l'esprit vient aux femmes est une cruche superficielle. Elle rencontre un homme mentor qui va lui apprendre à se servir de son cerveau. Cette comédie culte est présentée comme un appel à l'émancipation des femmes, mais le fait que cette libération ne semble pouvoir advenir que grâce à l'aide d'un homme me chiffonne un peu.
- La petite sirène de Ron Clements et Jon Musker, 1990
Je n'avais jamais vu ce Disney mais je connaissais la chanson Sous l'océan. On est loin du conte cruel d'Andersen (on se doutait que tout finirait bien dans un Disney) mais le film est très plaisant à voir.
à suivre : les thriller
18:15 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma français, alexandre astier, kaamelott, palmashow, comédies françaises | | Facebook