09/08/2019
The guilty et 3 billboards
Suite du bilan culture:
37 films Canal +, TCM, OCS, Netflix, Arte :
Thriller / suspense / vengeance :
Coups de cœur :
- The guilty de Gustav Mölle
Dans un centre de police, un flic reçoit l'étrange appel d'une jeune femme qui semble faire une blague ou s'être trompée de numéro, en s'adressant à un familier. Il comprend qu'elle ne peut en réalité s'exprimer librement car elle a été kidnappée...
Tout se passe en huis-clos, avec pour principal personnage le policier rivé au téléphone, filmé le plus souvent en gros plan. Un film donc fait avec trois bouts de ficelle, mais d'une efficacité redoutable. On est scotché comme le policier l'est à son combiné. Jamais on ne voit la femme, et pourtant à travers les dialogues on imagine tout ce qu'elle vit. Un scénario très malin, au suspense et rebondissements qui tiennent en haleine jusqu'au bout. C'est un premier film et je promets une grande carrière au réalisateur Gustav Mölle. A voir. Cliquez sur la bande annonce ici, pour une fois, elle est bien fichue (en général, elles racontent tout le film ou ne le reflètent pas).
- 3 billboards de Martin McDonagh
Du même réalisateur, j'avais apprécié L'irlandais et Bons baisers de Bruges. On notait déjà son humour grinçant et ses personnages pittoresques, mais les films restaient anecdotiques. McDonagh passe un cran au-dessus avec ce mélo tragi-comique bien plus intense et profond. Lassée de voir que l'enquête sur le meurtre de sa fille n'aboutit pas, une mère courage décide de provoquer la police en affichant des messages à son encontre sur les 3 + grands panneaux publicitaires de la ville...
Les flics bras cassés rappellent ceux de Fargo des frères Coen. Justement, les deux films emploient la même actrice, Frances McDormand, dans un rôle semblable (la seule personne opiniâtre). Chacun en prend pour son grade, un film noir et misanthrope comme je les aime. La bande annonce est aussi bien faite, en lien dans le titre.
18:16 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, thriller | | Facebook
06/08/2019
Donnybrook
Un ex marine est prêt à tout pour sortir sa famille de la misère. C'est-à-dire qu'il a une idée de génie : alors qu'il habite un trou perdu au fin fond de l'Amérique où tout le monde se connaît, il braque une boutique sans même prendre la peine de dissimuler son visage. Il fait ça afin de récolter les fonds pour s'inscrire à un tournoi de boxe à mains nues ultra violent, dont il pense pouvoir sortir vainqueur avec ses 70 kilos tout mouillés. Pourquoi se compliquer la vie : quitte à braquer, pourquoi ne pas braquer directement une banque ? Comme il trouve que c'est une balade de santé qui ferait un bon séjour découverte de l'arrière pays pour un gamin de 8 ans, il emmène dans sa cavale son petit garçon. Pendant ce temps sa femme qui doit même pas avoir 25 ans mais visiblement se destine au rôle de pondeuse car elle n’a que ça à faire de sa vie, garde leur gamine (enfin quand elle ne dort pas à cause de la drogue qu'elle prend). Son vendeur d’amphétamines (qui frappe et viole sa propre sœur au passage) est justement l'adversaire redoutable que va devoir affronter le "héros" lors du tournoi. Les deux sont traqués par un policier miteux alcoolo et violent. Voir ici la bande annonce (où il ne se passe rien comme dans le film).
Pas un pour rattraper l'autre. On n'éprouve donc aucune empathie pour les personnages, à part le pauvre gosse qui n'a rien demandé et dont on comprend depuis le début, vu la noirceur totale du film, ce qu'il va lui arriver, comme on devine qui sera l'adversaire final (oh, le méchant dealer, quelle surprise !) Tout est cousu de fil blanc.
On se demande ce que Jamie Bell est venu faire dans cette galère : il a été trop raillé après Billy Eliott et voulait prouver qu'il n'est pas une chochotte qui fait de la danse classique, mais un gros dur qui fait gicler des dents ?
J’éprouve surtout de la peine pour la pauvre Margaret Qualley (la vraie fille de Andie MacDowell (4 mariages et un enterrement) et la fausse fille de Justin Theroux dans l'excellente série Leftovers), si belle, si fragile, si pure avec son teint de porcelaine et ses grands yeux. Elle aussi voulait casser son image en jouant une garce foldingo ? Qui est ce réalisateur sadique qui lui impose de telles scènes : elle ligote un vieux moche sur une chaise pour le faire avouer où il planque sa came, et soudain, totalement gratuitement, elle se met à califourchon sur lui et lui "impose" une relation. Quelle fille saine d’esprit voudrait se taper un mec pareil, et évidemment que le type en est ravi, tu parles d'une torture ! Autre scène purement faite uniquement pour que les vicieux se rincent l’œil, l'actrice se baigne dans un lac alors qu'il doit faire moins 5, et on peut ainsi la voir longuement sortir de l'eau à poil. Plutôt que ses formes largement montrées, j'ai surtout remarqué qu'elle était frigorifiée. Comment a t-elle pu accepter un rôle aussi dégradant ? Lors de la projection presse, les journalistes (des hommes) étaient en extase devant ce film très sombre, à la mise en scène maîtrisée. Oui, mais si prévisible, si lent, si antipathique... Au moins dans feu L'effet papillon, l'émission qui aimait montrer l'envers du décor et se rendait souvent dans l’Amérique profonde montrée ici, les péquenots étaient parfois pathétiques, parfois touchants, parfois insupportables comme dans le film, mais au moins, l'émission avait la finesse de les présenter avec tendresse, humour noir et recul. Ici, tout est lourd. A voir pour vous faire une idée.
14:35 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, thriller, film noir | | Facebook
01/08/2019
Dirty God et Us : être confronté à son reflet
6 Films au cinéma :
Coup de cœur :
- Parasite de Bong Joon-Ho. Voir ma critique en lien.
A voir :
- Captive state de Rupert Wyatt
Pas mal :
- Greta de Neil Jordan
- Us de Jordan Peele
Un couple et leurs deux enfants sont en vacances dans leur maison au bord de la mer. Ils subissent une attaque, par des personnes qui ne sont autres que leurs doubles.
Un film qui interroge évidemment la dualité en chacun de nous, le bien, le mal, la part sombre et secrète, mais aussi les écueils de la société américaine, le racisme, le consumérisme, la superficialité (à travers le personnage d'Elizabeth Moss, qui choisit décidément bien ses rôles, après La servante écarlate et Mad men). Un film d'horreur politique pour le moins original : quel effroi d'être confronté à son reflet repoussant !
- Dirty god de Sacha Polak
Même terreur ici, mais réelle. Une jeune femme est défigurée depuis que son ex lui a lancé de l'acide au visage. Elle essaie de mener une vie normale, mais le regard des autres est difficile à supporter.
J'avais vu un documentaire sur ses attaques à l'acide qui sévissent dans les quartiers pauvres de l'Angleterre, et dont la majorité des victimes sont des femmes. Quand Ken Loach montre ce que la pauvreté et le manque d'éducation engendrent avec rage et réalisme froid, Sacha Polak l'adoucit en esthétisant la violence (les cauchemars étranges avec l'agresseur en oiseau de proie, les séances en boîte de nuit filmées comme un clip r&b). Cette mise en scène m'a un peu décontenancée. A part l'héroïne, touchante, j’ai éprouvé peu d'empathie pour les personnages : jeunes désœuvrés qui tuent le temps en sortant en boîte, en s'achetant des fringues dignes d'un cabaret kitsch (à plumes et paillettes) en se droguant et en se reproduisant. L’héroïne n'a même pas 20 ans et une gosse dont le père est un criminel. Sa mère est aussi perdue, pouffe superficielle qui revend des sacs volés. Quelle famille formidable. La fille, décidément cruche, se laisse filmer par des mecs sur internet et croit une pub qui vante les mérites de chirurgie esthétique à bas coût au Maroc.
Un film plombant qui rend encore plus misanthrope, mais la rencontre avec l'actrice qui joue le rôle, Vicky Knight, était très émouvante. Elle est réellement défigurée (depuis un incendie lorsqu'elle avait 8 ans). Elle a participé à une émission de télé-réalité qui promettait l'amour à des vilains petits canards : "too ugly for love" (rien que le titre ! mais fuis !!) La pauvre n'a récolté que moqueries bien entendu, qu'attendre d'autre du public qui regarde ce genre de télé-poubelle exploitant le malheur d'autrui... L'actrice nous expliquait : "cette émission m'a humiliée. Je n'avais plus de raison de vivre, et grâce au film, je revis. Je suis devenue fière de moi et de mes cicatrices." C'est le grand mérite de Dirty god : lui donner la parole.
à suivre : Donnybrook
20:22 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma d'horreur | | Facebook
25/07/2019
Rutger Hauer, les larmes dans la pluie
« Quelle expérience que de vivre dans la peur. Voilà ce que c’est d’être un esclave. J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. »
C'est ce que vient de faire Rutger Hauer, auteur de ce monologue de Blade runner qui l'a rendu célèbre. Comme son personnage de robot réplicant plus humain que les hommes, il est décédé en 2019, à croire qu'il s'identifiait au rôle qui a marqué sa vie.
Comme beaucoup, j'ai découvert Rutger Hauer à travers ce rôle inquiétant et mystérieux. J'étais petite (on ne se demandait pas si j'étais devant un film adapté ou pas -j'ai vu alien trop jeune aussi par ex-) et je ne comprenais rien à ce film, le personnage me faisait peur, mais il m'a laissée une trace indélébile. Quand je le revois, je ressens les détails qui marquaient mon âme d'enfant et passeraient inaperçus aujourd'hui (le sourire effrayant de sa copine, la tristesse dans les yeux de celle de Harrison Ford...)
J'ai ensuite appris à connaître l'acteur à travers ses films de l'un de mes réalisateurs préférés, Paul Verhoeven. Ce dernier estime avoir perdu son alter ego. Les deux amis ont commencé leur carrière ensemble dans leur pays natal, les pays-bas. Je trouve que leur carrière néerlandaise est encore plus intéressante que l’hollywoodienne, car plus osée. Un vent de liberté souffle sur leur premier film, Turkish Delight. Le personnage de Rutger sème la pagaille au sein de la famille bourgeoise conservatrice de sa petite amie, atteinte d'une tumeur. L'amour, la rébellion et la peur de la mort, ces thèmes essentiels, jalonnent la carrière de l'acteur et du réalisateur : La chair et le sang, Soldiers of orange, Katie Tippel...
A l'image de ses personnages, Rutger Hauer était un rebelle. A 15 ans, il plaque tout pour devenir marin, mais ne peut pas faire carrière car il est daltonien (comme moi). Il choisit alors un autre moyen d'évasion en devenant comédien. L'amour de la mer persiste dans son engagement écologique et son soutien pour Sea Shepherd.
Les rôles les plus marquants de Rutger Hauer :
1973 : Turkish delight de Paul Verhoeven
1975 : Katie Tippel de Paul Verhoeven
1982 : Blade runner de Ridley Scott
1985 : La Chair et le Sang de Paul Verhoeven
1985 : Ladyhawke, la femme de la nuit de Richard Donner
1986 : Hitcher de Robert Harmon
2002 : Confessions d'un homme dangereux de George Clooney
2005 : Sin City de Frank Miller
2005 : Batman Begins de Christopher Nolan
21:22 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rutger hauer, verhoeven, cinéma, cinéma sf | | Facebook