25/07/2019
Rutger Hauer, les larmes dans la pluie
« Quelle expérience que de vivre dans la peur. Voilà ce que c’est d’être un esclave. J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. »
C'est ce que vient de faire Rutger Hauer, auteur de ce monologue de Blade runner qui l'a rendu célèbre. Comme son personnage de robot réplicant plus humain que les hommes, il est décédé en 2019, à croire qu'il s'identifiait au rôle qui a marqué sa vie.
Comme beaucoup, j'ai découvert Rutger Hauer à travers ce rôle inquiétant et mystérieux. J'étais petite (on ne se demandait pas si j'étais devant un film adapté ou pas -j'ai vu alien trop jeune aussi par ex-) et je ne comprenais rien à ce film, le personnage me faisait peur, mais il m'a laissée une trace indélébile. Quand je le revois, je ressens les détails qui marquaient mon âme d'enfant et passeraient inaperçus aujourd'hui (le sourire effrayant de sa copine, la tristesse dans les yeux de celle de Harrison Ford...)
J'ai ensuite appris à connaître l'acteur à travers ses films de l'un de mes réalisateurs préférés, Paul Verhoeven. Ce dernier estime avoir perdu son alter ego. Les deux amis ont commencé leur carrière ensemble dans leur pays natal, les pays-bas. Je trouve que leur carrière néerlandaise est encore plus intéressante que l’hollywoodienne, car plus osée. Un vent de liberté souffle sur leur premier film, Turkish Delight. Le personnage de Rutger sème la pagaille au sein de la famille bourgeoise conservatrice de sa petite amie, atteinte d'une tumeur. L'amour, la rébellion et la peur de la mort, ces thèmes essentiels, jalonnent la carrière de l'acteur et du réalisateur : La chair et le sang, Soldiers of orange, Katie Tippel...
A l'image de ses personnages, Rutger Hauer était un rebelle. A 15 ans, il plaque tout pour devenir marin, mais ne peut pas faire carrière car il est daltonien (comme moi). Il choisit alors un autre moyen d'évasion en devenant comédien. L'amour de la mer persiste dans son engagement écologique et son soutien pour Sea Shepherd.
Les rôles les plus marquants de Rutger Hauer :
1973 : Turkish delight de Paul Verhoeven
1975 : Katie Tippel de Paul Verhoeven
1982 : Blade runner de Ridley Scott
1985 : La Chair et le Sang de Paul Verhoeven
1985 : Ladyhawke, la femme de la nuit de Richard Donner
1986 : Hitcher de Robert Harmon
2002 : Confessions d'un homme dangereux de George Clooney
2005 : Sin City de Frank Miller
2005 : Batman Begins de Christopher Nolan
21:22 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rutger hauer, verhoeven, cinéma, cinéma sf | | Facebook
Commentaires
Quelle chance d'avoir un point commun avec ce bel acteur ;-).
Moi aussi j'ai longtemps cru qu'il était un méchant dans Blade Runner. Quelle erreur. C'est lui qui donne son âme au film.
Écrit par : Pascale | 06/08/2019
on a pensé à la même scène ! c'est normal, elle est inoubliable, sa plus célèbre ;-) Je viens de voir que tu avais fait un hommage (en fait, j'avais juste vu la photo sur le site, sans voir "cliquer sur la suite" ... hum)
Écrit par : Papillote | 06/08/2019
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