13/05/2021
Le travail, c'est la santé
Rien faire c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
ne font pas de vieux os
En ce jour férié, ces temps de confinement et de télétravail, voici deux films qui permettent de relativiser et d'apprécier de ne plus côtoyer ses collègues. Je suis confinée depuis un an et je n'ai plus de nouvelles des collègues depuis, j'en suis ravie !
- Office uprising de Lin Oeding, 2018
Dans une entreprise américaine qui fabrique des armes, une boisson destinée aux soldats est distribuée par erreur lors d'un congrès. Elle transforme les employés en brutes sanguinaires. Seuls ceux qui allaient se faire virer et n'ont pas participé à la réunion restent indemnes : un Gaston Lagaffe rigolo et glandeur, qui arrive toujours en retard au travail et développe son propre jeu vidéo au boulot plutôt que ses dossiers, un homme âgé endetté jusqu'au cou pour sa santé et les études universitaires de ses enfants, un musulman en plein ramadan et une femme... Bref, les mis au rebut de la société.
The office version film d'horreur : jubilatoire ! Une satire au vitriol du travail et de la société américaine : système de santé et de retraite défaillants, ultra patriotisme ("nous sommes américains !" répétés à tout bout de champ en défonçant le crâne de son voisin à coups de chaise de bureau).
Le film dénonce aussi l'hypocrisie du monde de l'entreprise qui met sur la touche les gens qui ne rentrent pas dans le système, la compétition ici poussée jusqu'à la mort, les rumeurs qui détruisent les carrières...
Le scénariste exploite à fond le quotidien du travail pour le détourner de façon ultra inventive en film d'horreur. Les employés se battent à coups d'agrafeuse et de stylos, une palette de transport devient un tank... La scène des publicitaires qui inventent des slogans pour vendre leurs armes est hilarante d'humour noir. L'hésitation à tuer une vieille dame zombie aussi : "mais elle travaille encore à 80 ans ?
- ben oui elle est obligée, elle ne perçoit pas de retraite !"
- ah non je la touche pas, vas-y toi !
- Qu'est ce que tu veux qu'elle me fasse, m'attaquer avec son dentier ?"
Un shaun of the dead version américaine, quoique moins bien rythmé. Quel dommage que le film ne soit pas sorti en salles ! Je ne vous mets pas la bande annonce en lien car elle est catastrophique : elle fait passer le film pour un simple film d'action zombie décérébré, aucun gag subversif n'est maintenu : elle ne vise pas le bon public. Mais qui fait des bandes-annonces pareilles et massacre l'espoir d'audimat du film ?
Comme the belko experiment, le film fait référence à de nombreux autres classiques du film d'horreur : la trilogie cornetto, battle royale, où des lycéens doivent s'entretuer, Zombieland, Idiocracy ( avec la boisson qui rend con).
Petit bémol : l'acteur principal est très mignon mais il a l'air d'avoir 12 ans et demi.
Autre film d'horreur se déroulant au travail :
- The belko experiment de Greg McLean, 2016
Un grand bâtiment de travail isolé est soudainement scellé avec ses employés enfermés à l'intérieur. Une mystérieuse voix surgit des haut-parleurs internes pour leur soumettre un dilemme : soit ils s'entretuent dans un temps imparti, soit, s'ils refusent, ils mourront chacun de manière aléatoire. Les vrais visages se révèlent et les hypocrisies propres au monde du travail tombent.
Un escape game mortel qui se déroule dans une entreprise : je ne peux qu'apprécier. Pour moi, pas de dilemme : j'élimine immédiatement les tyrans manipulateurs pervers qui détruisent la vie de leurs collègues, les poussant à la démission ou à la dépression. Hâte de lancer le remake dans ma boîte et de pouvoir défoncer la tête des harceleurs à coups d’extincteurs : "t'as vu je sais m'en servir, j'ai bien retenu la formation anti-incendie !" ou "Je vais te montrer comment utiliser le broyeur papier maintenant !"
Le rôle principal est tenu par John Gallagher, mon chouchou de la série The newsroom. On retrouve aussi le docteur Perry Cox de Scrubs. Le réalisateur Greg McLean est aussi l'auteur de The darkness et de Jungle avec Daniel radcliffe, un film haletant que j'ai beaucoup apprécié, tiré d'une histoire vraie (des hommes perdus dans la jungle).
Beko est plus sombre, mais je trouve que Office uprising va plus loin dans la satire du monde de l'entreprise. Un mix entre les 2 films aurait été parfait.
14:19 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma d'horreur | | Facebook
01/08/2019
Dirty God et Us : être confronté à son reflet
6 Films au cinéma :
Coup de cœur :
- Parasite de Bong Joon-Ho. Voir ma critique en lien.
A voir :
- Captive state de Rupert Wyatt
Pas mal :
- Greta de Neil Jordan
- Us de Jordan Peele
Un couple et leurs deux enfants sont en vacances dans leur maison au bord de la mer. Ils subissent une attaque, par des personnes qui ne sont autres que leurs doubles.
Un film qui interroge évidemment la dualité en chacun de nous, le bien, le mal, la part sombre et secrète, mais aussi les écueils de la société américaine, le racisme, le consumérisme, la superficialité (à travers le personnage d'Elizabeth Moss, qui choisit décidément bien ses rôles, après La servante écarlate et Mad men). Un film d'horreur politique pour le moins original : quel effroi d'être confronté à son reflet repoussant !
- Dirty god de Sacha Polak
Même terreur ici, mais réelle. Une jeune femme est défigurée depuis que son ex lui a lancé de l'acide au visage. Elle essaie de mener une vie normale, mais le regard des autres est difficile à supporter.
J'avais vu un documentaire sur ses attaques à l'acide qui sévissent dans les quartiers pauvres de l'Angleterre, et dont la majorité des victimes sont des femmes. Quand Ken Loach montre ce que la pauvreté et le manque d'éducation engendrent avec rage et réalisme froid, Sacha Polak l'adoucit en esthétisant la violence (les cauchemars étranges avec l'agresseur en oiseau de proie, les séances en boîte de nuit filmées comme un clip r&b). Cette mise en scène m'a un peu décontenancée. A part l'héroïne, touchante, j’ai éprouvé peu d'empathie pour les personnages : jeunes désœuvrés qui tuent le temps en sortant en boîte, en s'achetant des fringues dignes d'un cabaret kitsch (à plumes et paillettes) en se droguant et en se reproduisant. L’héroïne n'a même pas 20 ans et une gosse dont le père est un criminel. Sa mère est aussi perdue, pouffe superficielle qui revend des sacs volés. Quelle famille formidable. La fille, décidément cruche, se laisse filmer par des mecs sur internet et croit une pub qui vante les mérites de chirurgie esthétique à bas coût au Maroc.
Un film plombant qui rend encore plus misanthrope, mais la rencontre avec l'actrice qui joue le rôle, Vicky Knight, était très émouvante. Elle est réellement défigurée (depuis un incendie lorsqu'elle avait 8 ans). Elle a participé à une émission de télé-réalité qui promettait l'amour à des vilains petits canards : "too ugly for love" (rien que le titre ! mais fuis !!) La pauvre n'a récolté que moqueries bien entendu, qu'attendre d'autre du public qui regarde ce genre de télé-poubelle exploitant le malheur d'autrui... L'actrice nous expliquait : "cette émission m'a humiliée. Je n'avais plus de raison de vivre, et grâce au film, je revis. Je suis devenue fière de moi et de mes cicatrices." C'est le grand mérite de Dirty god : lui donner la parole.
à suivre : Donnybrook
20:22 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma d'horreur | | Facebook