21/04/2022
Alerte rouge
Mei est une ado de 13 ans d'origine chinoise, tiraillée entre respect des traditions familiales et désir de modernité et d'émancipation. Selon les souhaits de ses parents et particulièrement de sa mère très protectrice, elle est une élève studieuse et obéissante. L'ado rêve d'aller au concert d'un boys band avec ses amies, mais sa mère refuse. La jeune fille découvre que lorsque ses émotions débordent, elle se transforme en panda roux, et que cette malédiction est partagée par les femmes de sa famille... Voir la bande annonce en lien.
Alerte rouge, (turning red en anglais) fait évidemment référence aux règles, puisque l'héroïne se métamorphose lorsque les anglais débarquent et que sa mère l'embarrasse en lui apportant un paquet de serviettes hygiéniques devant ses camarades.
De rares spectateurs ont déploré qu'ils ne pouvaient ainsi pas s'identifier au personnage, d'autant plus qu'elle est Chinoise et que sa religion est importante dans le film (ses parents possèdent un temple). J'ai peu de points communs avec Mei, pourtant j'ai apprécié Alerte rouge.
Dans la grande majorité des scénarios, le personnage principal est un homme. Enfant je m'identifiais ainsi aux héros des films du dimanche soir, donc à James Bond, Indiana Jones, Bebel ou même l'anti héros Pierre Richard, car les femmes dans ces films n'étaient pas des modèles, présentées soient comme des femmes fatales traîtresses responsables de la chute du héros, des femmes faciles et vénales, soit comme des femmes "pures et innocentes", mais cruches et dépendantes que le héros devait sauver.
Je salue l'originalité (l'audace ?) de Pixar de choisir d'évoquer les règles et aussi les communautés ethniques et religieuses. Je ne suis ni Chinoise ni croyante, pourtant le propos du film reste universel, car il traite avant tout d'adolescence, cette période de bouleversements physiques et émotionnels qui crée de fortes tensions, la nécessité de les contrôler ou de vivre avec. Alerte rouge parle du choix de rester ou non dans les valeurs familiales que traversent tous les jeunes : normalement, on est tous passé par une phase de crise d'ado rebelle, où on trouve nos parents ringards, peu compréhensifs et tyranniques. La relation entre Mei et sa mère est très réaliste, on sent le vécu (la réalisatrice et scénariste a convoqué des souvenirs). La relation progresse lorsque Mei se rend compte que sa mère vit les mêmes tourments avec sa propre mère. Mei s'imaginait que sa mère avait toujours été cette adulte inflexible et sûre d'elle, mais sa mère redevient une ado devant sa propre mère.
L'importance de l'identification à un groupe autre que la famille pour l'émancipation des ados est également bien traduite, à travers les liens forts qui unissent Mei à ses copines. L'importance de s'intégrer et de faire comme les autres aussi, avec les goûts vestimentaires et les boys band à la mode.
je n'ai pas connu le groupe d'amies de l'héroïne (je préférais lire au cdi pendant la récré que me mêler à mes camarades), ni sa passion pour les 2be3, euh les 4town, même si les boys band ont émergé à mon époque. J'avais déjà des goûts de vieux (pas les mêmes que mes parents, aux goûts encore plus anciens !) en écoutant les Beatles et d'autres groupes pas de mon âge. Le film a pourtant réussi à me mettre dans la tête la chanson du groupe, nobody like U, à écouter en lien. Chanson typique pour ado : faire croire qu'ils sont différents alors que les paroles sont calibrées pour plaire au plus grand nombre. A cet âge, j'appréciais un air qui parlait de différence aussi, I'm not like everybody else des Kinks.
J'ai lu le complexe du homard de Dolto deux fois, mais je ne me retrouvais pas vraiment dans la description de l'ado typique, comme elle est décrite dans le film. Pourtant malgré toutes ces différences, j'ai pu quand même apprécier Alerte rouge, drôle, enlevé, pertinent. Un bon film, mais pas le meilleur Pixar, il n'atteint pas les niveaux des Toy story, Le monde de Nemo, Monstres et cie ou Les indestructibles. Je déplore qu'il ne soit pas sorti en salles, comme les précédents (Soul, très bien, et Luca, pas mal).
- Alerte rouge de Domee Shi, Pixar sur Disney+
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28/03/2022
Invisible man, la femme manipulée
Le film est classé par mycanal en horreur, mais c'est en réalité un thriller psychologique. Il revisite le mythe de l'homme invisible, mais du point de vue de sa femme. L'homme invisible est ici un scientifique réputé et millionnaire, mais est aussi (comme souvent chez les hommes assoiffés de pouvoir, comme le démontre Marie-France Hirigoyen dans son excellent livre Les Narcisse) un manipulateur pervers, un tyran domestique qui surveille les moindres faits et gestes de sa compagne. Cette dernière est interprétée par Elisabeth Moss, qui choisit toujours aussi bien ses rôles (Mad men, La servante écarlate...) La femme parvient à s'enfuir de la demeure où elle est maintenue captive, le compagnon délaissé se suicide. Pourtant, elle se sent toujours traquée, observée, les objets bougent autour d'elle... Elle est convaincue que le brillant opticien a réussi à développer une invention le permettant de devenir invisible, mais personne ne la croit.
Un film qui surfe habilement sur les thèmes actuels du harcèlement, de la manipulation perverse et des violences conjugales. Certains peuvent penser que l'héroïne exagère, est forcément coupable de quelque chose : "pourquoi elle ? elle a dû le chercher ! Puis elle n'est pas si malheureuse, elle vit dans une maison gigantesque, son mec est riche et peut lui offrir tout ce qu'elle désire !"
La mise en scène, faite de plans larges, nous permet d'être aux aguets comme l'héroïne : on cherche en arrière-plan un objet qui bouge, qui trahirait la présence de l'homme invisible. La suggestion, ce qu'on ne voit pas, ce qu'on imagine, est toujours plus effrayante qu'une démonstration dans les films d'horreur, qu'une créature souvent grotesque mal modélisée (c'est ça leur monstre ? mais il est mal fait ! il bouge mal !)
Cette mise en scène crée un climat d'angoisse, mais ce qui m'a véritablement glacé le sang, c'est lorsque même l'entourage proche de la victime se désolidarise d'elle et la pense paranoïaque. Le pire, dans le film comme dans la réalité, ce ne sont pas les blessures physiques et morales. C'est de ne pas être crue, de passer pour folle et se retrouver isolée. C'est exactement ce qu'on entend après les féminicides et dans chaque Faites entrer l'accusé : "Je ne peux pas croire qu'il ait tué sa femme, c'était un collègue irréprochable, toujours serviable." "Mon fils, mon frère est doux et gentil avec moi, c'est impossible qu'il frappe sa femme !"
On ne sait jamais comment les gens se comportent réellement dans l'intimité de leur couple. Par exemple, Jonathan Daval était un collègue et un gendre idéal, un homme doux, effacé, serviable, tout petit, avec une voix aigue et tremblotante, une tête ronde de poupon. Tout le monde se souvient de son discours où il pleurait à chaudes larmes pour qu'on lui rende sa femme, soutenu par les parents de la victime, qui semblaient presque moins atteints que lui. Ces derniers le consolaient comme un petit enfant. Et pourtant, ce gendre qu'ils pensaient insoupçonnable a frappé, étranglé de longues minutes et brulé le corps de leur fille.
Dans la réalité, les victimes subissent souvent sans être crue et sans pouvoir agir. Dans le film, la femme parviendra-t-elle à se défendre contre un homme qui fait deux fois son poids, et en plus, invisible ? Un thriller original et efficace, à voir.
- Invisible man de Leigh Whannell , 2020 sur Mycanal
- Les Narcisse, ils ont pris le pouvoir de Marie-France Hirigoyen
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27/01/2022
Don't look up, déni cosmique
Deux astronomes (Léo di Caprio et Jennifer Lawrence) découvrent qu'une comète va s'écraser sur Terre dans 6 mois. La nouvelle alarmante est occultée ou tournée en ridicule par les journaux, car le divertissement et les articles people sont plus rentables.
Le film évoque le traitement de la question climatique dans les médias. Par exemple, le dernier rapport du GIEC, révélant la catastrophe écologique imminente si aucun changement n'est fait, a été éclipsé par l'annonce de l'arrivée de Messi au PSG, annoncée le même jour. Lorsque Salomé Saqué parle du réchauffement climatique sur le plateau tv de 28 minutes, les autres intervenants minimisent, blaguent ou l'interrompent, la tournent en ridicule, comme Cate Blanchett face à Jennifer Lawrence. De même sur cette vidéo qui fait le parallèle entre le film et des journalistes dénigrant des scientifiques.
Pour savoir comment traiter un sujet, les médias regardent les réactions de la population sur les réseaux sociaux puis s'adaptent aux prétendues attentes du public. On ne s'attache plus au fond mais à la forme. On n'écoute pas le discours du scientifique, on regarde son look. Ce n'est pas le discours du scientifique Léo di caprio qui est commenté sur twitter, mais sa beauté : les médias le relookeront pour qu'il attire plus de likes. Ce n'est pas le discours pourtant juste de Jennifer qui interpelle, mais sa manière trop passionnée de le dire : elle est qualifiée de folle et hystérique.
La destruction de la comète sauverait la terre, mais elle est composée de minerais précieux valant des milliards, utiles pour la fabrication des téléphones portables. Un riche entrepreneur convainc la présidente d'exploiter cette nouvelle ressource, maintenant que celles de la terre se tarissent. Le parallèle avec les multi milliardaires Steve Jobs, Jeff Bezos, Elon Musk est évident : ils ont largement participé à la pollution (relire ici l'article sur le docu amazon) mais plutôt qu'investir pour préserver l'environnement de la terre, ils préfèrent construire des fusées pour un jour conquérir de nouveaux mondes, comme s'ils admettaient que notre planète est déjà foutue.
Ces milliardaires sont soutenus par le gouvernement américain, avec dans le film une Meryl Streep histrionique à sa tête, sorte de Sarah Palin ou Trump au féminin. La catastrophe est imminente, irréfutable, il suffit de regarder le ciel, mais la présidente la nie encore, en exhortant ses foules à ne pas lever le nez pour la voir (don't look up) comme Trump qui nie le réchauffement climatique.
Satire des médias, du monde politique, de la cupidité des multinationales qui détruisent l'environnement pour s'enrichir... Un film très drôle, le meilleur du réalisateur selon moi. Ce dernier dénonçait déjà les problèmes de la société à travers The big short sur la crise des subprimes, puis Vice, portrait de Dick Cheney, vice-président de Bush. Même à travers une parodie hilarante des films d'action comme Very bad cops pointe une dénonciation de la corruption.
Je suis persuadée que le registre de l'humour est plus efficace pour passer un message qu'un discours sérieux et alarmiste. Les documentaires sur le réchauffement climatique ne sont vus que par les gens déjà intéressés par le sujet et ne prêchent que les convaincus. Cette comédie netflix grand public, avec plein de stars, a plus touché la population que le dernier rapport du GIEC. Malheureusement j'ai déjà lu des critiques comme "c'est un bon film, mais je l'aurais oublié dans un mois". Comme ceux qui se désolent en voyant les catastrophes au journal télévisé, puis passent vite à autre chose, sans réagir...
Un bémol cependant : on ne voit dans le film que la réaction des Américains ! Eux seuls construisent les fusées permettant la sauvegarde de la planète, mais ne devrait-elle pas être coordonnée mondialement ? Dans l'excellent Mars attacks par ex, le président incarné par Jack Nicholson, se concerte avec ses homologues allemand ou Français (on voit la Tour Eiffel à l'arrière-plan, forcément).
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11/11/2021
Yesterday
Jack aimerait vivre de sa musique, mais il ne chante que dans des bars bruyants où seuls ses amis l'écoutent. Après un accident pendant une étrange coupure d'électricité, le musicien se réveille dans un monde où les Beatles n'ont jamais existé : il est l'unique personne qui se souvient de leurs chansons... Voir le trailer en lien.
Idée simple mais astucieuse, qui m'a rappelé Jean-Philippe : Johnny Hallyday est resté un anonyme et le fan Luchini tente de le transformer en la star qu'il a toujours connue. Dans Yesterday, Jack ne recherche pas Paul McCartney : il lui pique tout simplement ses compositions.
Fan des Beatles, je ne pouvais qu'apprécier ce film. La première moitié est jubilatoire. Je chantais devant mon écran comme dans un karaoké.
Quand Jack essaie de se rappeler les paroles, des mots du quotidien l'aident. Lorsqu'il débarque dans l'école de sa meilleure amie au milieu de son cours, elle lui en veut, ce qui lui rappelle ces paroles :
"Back in school again, Maxwell plays the fool again
Teacher gets annoyed"
Quand son amie vient le voir à l'hôpital après son accident :
"Merci de t'occuper de moi. Will you still need me, will you still feed me, when im 64 ?
- Je sais pas, on verra. Pourquoi 64 ?"
Atteinte de chansonnite aiguë et connaissant les paroles des Beatles par coeur, j'étais ravie de jouer au quiz et de reconnaître When i'm 64 et Maxwell silver hammer de Macca. Je vais d'ailleurs publier la suite des quiz Beatles, écrits depuis... 3 ans et oubliés !
Malheureusement le quiz géant cesse assez vite, pour ne pas perdre les néophytes et que le film reste accessible à tous. On y entend donc surtout les chansons les plus connues, Hey Jude, Help, All you need is love... On sent une préférence pour Paulo normal c'est le meilleur.
J'étais très enthousiaste devant la première moitié du film : un humour so british délicieux, un rythme enlevé, une finesse d'esprit... J'ai adoré la scène où Jack joue nonchalamment Yesterday à la guitare devant ses amis, et ceux-ci, ne connaissant plus ce chef-d'oeuvre, le découvrent pour la première fois. Ils sont émus comme moi lorsque McCartney l'interprète en concert.
L'émotion tourne vite au comique, pudeur anglaise oblige. Jack essaie de réitérer ce moment, où il s'est senti enfin écouté et apprécié, devant ses parents, en leur jouant Let it be. Mais sa famille, habituée à ses échecs et mélodies médiocres, ne l'écoute pas vraiment, l'interrompt, décroche au téléphone... Malgré leur bonne volonté et leur gentillesse, les parents ne peuvent s'empêcher de voir Jack d'une façon un peu condescendante : c'est le petit et ses lubies : j'aurais voulu être un artiste, pour pouvoir faire mon numéro...
La réception d'une oeuvre d'art dépend de son contexte et de son auteur : si l'artiste est mondialement respecté, on s'attend à apprécier sa chanson. Si on est dans une salle de concert, on l'écoute attentivement. Mais là, les parents sont dans leur salon et pensent au préalable que leur fils est un chanteur raté...
Combien de chefs-d'oeuvres ainsi perdus, car leurs auteurs sont comme Jack : des gens talentueux, mais peu considérés par leur entourage, qui les incite à abandonner leurs rêves "tu avais dit que si la dernière chanson ne fonctionnait pas, tu reprendrais ton travail de magasinier ?"
Des gens modestes, dans les deux sens, à la fois timides et pauvres, qui n'ont aucune chance de côtoyer les stars et les contacts qui pourraient faire reconnaître leurs capacités. Jack le rappelle souvent : on ne s'attend pas à ce qu'une personne pauvre sorte de sa condition sociale : même avec un don, il sera toujours "le magasinier indien qui a réussi".
La gloire arrive enfin, avec Ed Sheeran, dans son propre rôle. Ce dernier se fait intelligemment sa petite promo, puisqu'en se comparant à Jack, il se compare aux Beatles, et qu'il glisse sa nouvelle chanson dans le film. Il défie le musicien d'improviser une mélodie en 15 minutes, mais il reconnaît néanmoins que celle de Jack est meilleure que la sienne : il ne peut rivaliser avec McCartney et the long and winding road...
Le talent de Jack (ou plutôt des Beatles) est enfin reconnu, et c'est là que le film commence à se perdre, comme Jack étourdi par la gloire. La satire du milieu musical, où l'argent et le consensuel priment sur la création, est plutôt réussie, mais la manager cupide qui voit la musique comme un produit mercantile et non de l'art, me semble trop caricaturale.
Le personnage qui m'ennuie le plus, c'est celui de la meilleure amie, incarnée par Lily James (vue entre autres dans Downton abbey ou Le cercle littéraire de Guernesey.) Au début, elle restait dans l'ombre, et j'étais soulagée qu'elle ne soit qu'une amie de Jack, que ce scénario original ne soit pas gâché par une classique histoire d'amour niaiseuse. Patatras, au milieu du film, la groupie s'offusque : pourquoi je ne suis pas dans la case And I love her ?"
Pire, alors que Jack trouve enfin la reconnaissance qu'il a si longuement attendu, elle lui demande de choisir entre sa carrière ou elle ! Comment peut-on donner un tel ultimatum à un artiste ? Imaginez si Linda avait dit à Paul : "gnagnagna, les troubadours les guitares, c'est fini, Yesterday, c'était hier justement, maintenant tu vas t'occuper de moi, the lovely Linda !" Un peu ce qui est arrivé à Lennon quand il a rencontré Yoko Ono et a mis entre parenthèses sa carrière pour élever son gosse, beautiful boy...
Le dilemme se pose moins à Jack, puisqu'il n'a pas à renoncer à sa création, vu qu'il s'est contenté de reprendre les chansons des Beatles, et qu'il vit un syndrôme de l'imposteur. Mais Jack était pauvre, mal considéré. Il connait enfin l'ascension sociale, la reconnaissance et la richesse, et une femme lui demande de tout quitter pour elle ! L'argent ne fait pas le bonheur et pour vivre heureux, vivons cachés, j'en suis convaincue. Mais tout de même... "tu crèves la dalle ? oui mais t'as une amoureuse, alors contente-toi de vivre d'amour et d'eau fraîche !" Slumdog millionnaire, du même réalisateur Danny Boyle, parlait déjà d'un Indien pauvre et amoureux qui tente de fuir sa condition sociale, et le film m'avait dérangée à l'époque en mélangeant une histoire d'amour naïve et kitsch dans le style de bollywood, des personnages qui dansent, avec la réalité sordide d'un bidonville. De ce réalisateur, j'ai mieux apprécié Petits meurtres entre amis, Sunshine et 28 jours + tard.
Comme Slumdog millionnaire, je reproche à Yesterday sa bluette trop niaise. Le scénariste Richard Curtis est spécialiste des comédies sentimentales réussies mais qui pêchent parfois par leur excès de mièvrerie (Love actually, Bridget Jones...)
Autre déception : j'attendais un caméo de Paul et Ringo, mais non... Les auteurs ont demandé l'avis des ex beatles avant de sortir le film. Ringo était très enthousiaste, Paul a adoré voir Yesterday incognito dans un cinéma, mais ils ne jouent pas leur propre rôle comme Johnny Halliday dans Jean-Philippe, dommage.
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06/09/2021
OSS 117, alerte rouge en Afrique noire
En découvrant il y a quelque temps qu'un troisième OSS était en préparation, j'étais euphorique : enfin la suite des films cultes dont je connais les dialogues par coeur ! L'enthousiasme retombe comme un soufflé en apprenant que Michel Hazanavicius ne réaliserait pas OSS 3. Qui d'autre pour égaler l'esprit parodique qu'il montrait dans La classe américaine (voir film complet en lien), dans les sketchs des Nuls ou son multi-oscarisé The artist ?
Nicolas Bedos. Ses réflexions narcissiques et grandiloquentes m'horripilent, surtout la fameuse anti restrictions sanitaires en pleine pandémie : « Vivez à fond, tombez malades, allez au restaurant […] Nous devons vivre, quitte à mourrir ». (sic) Il ne manque pas d'r, contrairement à ceux qui agonisent dans les hôpitaux. Dans son film La belle époque (voir en lien), si j'ai apprécié le personnage de Daniel Auteuil, j'ai été atterrée par l'exhibitionnisme malsain de l'histoire glauque de Bedos avec sa compagne Doria Tillier (ce qui m'a découragée de regarder son précédent film, M. et mme Adelman, car cette "passion" tient la place centrale). En revanche, j'ai salué sa soigneuse reconstitution des années 80.
Ce talent se remarque à nouveau dans ce dernier OSS, qui se déroule en 1981, juste avant l'arrivée au pouvoir de Mitterrand et des "ses chars communistes". Dès le générique parodiant les James Bond, on est plongé dans de nombreuses références aux films d'espionnage de l'époque.
Je m'attendais tellement à être déçue par ce dernier OSS que finalement, j'ai été agréablement surprise. J'ai souvent éclaté de rire.
Dans ce nouveau film, OSS 117 n'est plus seul : il a un rival, le jeune 1001, bien plus au fait des moeurs de son temps.
L'ajout de Pierre Niney est judicieux : c'est un excellent acteur qui vole parfois la vedette à Dujardin (dans la série La flamme par exemple, regroupant pourtant une multitude de comédiens talentueux, il est celui qui m'a le plus marquée). Son rôle vient ringardiser et remettre en cause l'assurance machiste d'OSS. Mais il se fait au détriment des personnages féminins, qui restent très secondaires contrairement aux précédents films. Dans ceux d'Hazanavicius, OSS était remis à sa place par sa coéquipière, ou la plupart du temps se mettait dans la panade tout seul. Hazanavicius faisait confiance à l'intelligence et au second degré du spectateur pour comprendre qu'OSS est un vieux con. Dans le film de Bedos, le rôle de Pierre Niney explique un peu trop ce que OSS fait et dit de mal, et lui montre comment doit se comporter un bon espion et un homme respectueux des femmes. j'ai eu l'impression que le rôle de 1001 servait surtout à nuancer l'outrance de 117 : "attention, vous ne pouvez pas dire ça".
Hazanavicius présentait un OSS enchaînant les pires horreurs en totale liberté. J'ai pensé que Bedos s'était retenu d'être trop irrévérencieux afin de ne blesser personne, mais aussi de ne pas être confondu avec son anti-héros : par exemple, le réalisateur narcissique ne peut pas s'empêcher de faire un caméo et d'apparaître à l'écran, avec pour seule réplique se moquer d'OSS, comme s'il disait au spectateur : "c'est pas bien les enfants d'agir comme lui, et moi je suis pas comme lui hein !"
Dans les deux premiers OSS, chaque réplique est culte. Alors que dans le film de Bedos, les meilleures vannes restent dans la bande annonce. Hazanavicius a refusé de tourner ce film car il a jugé le scénario trop faible. Effectivement, non seulement les dialogues truculents ne sont pas assez nombreux, mais l'histoire aussi s'étire. Même si j'ai passé un très bon moment, j'ai trouvé le film trop long et moins drôle.
Pour conclure sur de l'humour noir, le rôle d'Armand Lesignac, le directeur de la DGSE, était tenu dans le premier film par Claude Brosset. Il est mort un an après. Il a ensuite été remplacé par Pierre Bellemare. Décédé un an avant le tournage du deuxième film. Wladimir Yordanoff lui succède. Décédé un an après. Qui pour reprendre ce rôle maudit dans un prochain volet de la saga ?
16:45 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma français, comédies, oss 117 | | Facebook
21/07/2021
Wild
Après Antoinette dans les Cévennes, une autre histoire de femme qui part randonner seule. Je sors d'une semaine de marche au milieu des marmottes et je me sens comme les deux personnages, sauf que moi, pas bête, je suis partie accompagnée si jamais le dahu m'attaquait, et je rentrais chaque soir dormir dans une résidence 5 étoiles.
Wild est l'adaptation de l'histoire vraie de Cheril Strayed, qui, après l'échec de son mariage, part seule faire une randonnée de 1700 km sur la côte ouest sauvage des Etats-Unis, afin de se reconstruire.
Le rôle principal est tenu par Reese Witherspoon, qui s'est battue pour l'avoir, puisqu'il est calibré pour gagner un oscar (se transcender physiquement.) Mais elle en a bavé pour rien : elle a bien été nommée meilleure actrice dans plusieurs cérémonies, mais n'a obtenu aucune récompense. Wild est réalisé par Jean-Marc Vallée, qui donne souvent les rôles principaux à des femmes (Big little lies, Victoria, ou la troublante série Sharp objects).
Comme son nom l'évoque, le film est une sorte de Into the wild au féminin. Je m'attendais à retrouver les sensations que j'éprouve en marchant : euphorie et fierté quand on arrive au sommet de la montagne, émerveillement et humilité devant les paysages sublimes. Mais dans le film, on voit à peine les décors, car la caméra se fixe sur l'actrice. Je veux voir des montagnes et des petits renards, pas les gros plans sur l'actrice en sueur ! Wild ne parle pas vraiment de respect de la nature, mais plutôt de l'envie de la conquérir, et de dépassement de soi. J'admets aussi que le passé destroy et les tourments du personnage m'importaient peu, ne m'identifiant pas vraiment à son parcours (le personnage de Laure Calamy m'a semblé plus sympathique).
Plutôt que de ressentir le bien-être procuré par la randonnée, j'ai au contraire revécu la peur dans mon coin perdu quand je me promenais seule loin de tout et me faisais aborder par des mecs louches, comme il arrive à l'héroïne du film. Moralité : wild ne donne absolument pas envie de suivre l'exemple de son héroïne et de randonner seule (Into the wild non plus d'ailleurs).
Marcher seule sans peur, j'y parviens difficilement, contrairement à l'héroïne du film. La B.O soignée met en valeur les errements du personnage, à travers par exemple la chanson Walk unafraid de First aid kit :
Tout le monde marche de la même façon
Espérant que je fasse de même
Sur le passage étroit qu'ils ont mis en place
Ils prétendent marcher sans avoir peur
Mais je serais plutôt maladroite
Le film aurait pu aussi choisir un autre morceau (bien plus connu et que je préfère) du même groupe, my silver lining (ma lueur d'espoir) :
I won't take the easy road
The easy road, the easy road
Autre air parfaitement utilisé : lorsque l'héroïne parvient dans un lieu sublime, on entend juste les premières notes de El condor pasa. A chaque fois que je les entendais, je frissonnais. Lorsqu'on écoute la chanson en entier, j'ai enfin ressenti l'exaltation procurée par la splendeur de la vie sauvage. Wild reste un film plaisant à regarder, mais dommage qu'il ne soit pas toujours à la hauteur de la beauté de cette chanson et du message qu'elle délivre : ode à la nature et à la liberté, que la vie et le travail dans les villes ne nous offrent pas. Je préférerais voguer à l'horizon, mais je suis clouée au sol et je vous transmets ma chanson mélancolique :
I'd rather be a sparrow than a snail
Je préférerais être un moineau plutôt qu'un escargot
Yes I would, if I could, I surely would
Oui j'en serais un, si je le pouvais, j'en serais un sans nul doute
Away, I'd rather sail away
A l'horizon, je préférerais sillonner les flots à l'horizon
Like a swan that's here and gone
Tel un cygne s'éclipsant
A man gets tied up to the ground
Un homme est retenu au sol
He gives the world its saddest sound
Il transmet au monde sa mélodie la plus mélancolique
Its saddest sound
Sa mélodie la plus mélancolique
I'd rather be a hammer than a nail
Je préférerais être un marteau plutôt qu'un clou
Yes I would, if I only could, I surely would
Oui j'en serais un, si seulement je le pouvais, j'en serais un sans nul doute
I'd rather be a forest than a street
Je préférerais être une forêt plutôt qu'une rue
Yes I would, if I could, I surely would
Oui j'en serais une, si je le pouvais, j'en serais une sans nul doute
I'd rather feel the earth beneath my feet
Je préférerais sentir la terre sous mes pieds
Yes I would, if I only could, I surely would
Oui je le ferais, si je le pouvais, je le ferais sans nul doute
19:53 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, randonnée | | Facebook
01/07/2021
Teddy
Dans un village des Pyrénées, Teddy vit avec son oncle adoptif. Sans diplôme, il travaille comme intérimaire dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca elle, passe bientôt son bac et est promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais des bêtes sont tuées mystérieusement et les paysans accusent comme souvent le loup. Un soir de pleine lune, Teddy est griffé par cette créature. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales… Voir la bande annonce en lien.
Prix du jury au festival du film fantastique de Gérardmer, Teddy est encensé par la critique. Il a tout pour me plaire : mélange de film d'horreur et de comédie romantique décalée (Shaun of the dead, "une comédie romantique avec des zombies" fait partie de mes films préférés). Satire sociale, avec des ploucs inadaptés qui se vengent des mieux nantis se moquant d'eux (comme d'autres films adorés : Parasite, Coup de tête...) Chronique adolescente avec la première histoire d'amour...
Je loue également l'utilisation de peu de moyens pour un maximum d'effets. Les frères Boukherma ont compris que la suggestion est bien plus efficace que de montrer des monstres de synthèse qui coûtent une blinde. Teddy m'a pris aux tripes, littéralement. J'ai senti mon ventre se serrer devant certaines scènes, comme celle où le héros se rase la langue, ou celle des yeux (je ne peux pas vous dire ce qu'il s'y passe, j'ai carrément détourné la tête !)
Les réalisateurs ont saisi l'essence du film de loup-garou, qui touche à la transformation du corps du héros, qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Utiliser un ado qui découvre la puberté et les pulsions sexuelles est ainsi une brillante idée : lorsque Teddy s'inquiète d'une pilosité inhabituelle, le médecin paternaliste le tranquillise "c'est normal, tu deviens un homme !" Quand le jeune homme se plaint d'avoir trouvé des poils sur sa langue, le docteur le blâme d'avoir pris de la drogue, bref d'avoir tenté des expériences pour tester les limites, comme beaucoup de jeunes.
Ce corps qui se transforme à l'adolescence m'a fait penser au génial Carrie (de Stephen King, adapté au ciné par De palma), Carrie est surprise et dégoûtée par la venue de ses premières règles, moquée par ses camarades, et comme Teddy, elle se découvre un pouvoir qui va lui permettre de se venger. Dans Teddy, du sang aussi, des tripes, parfois même un peu trop (la scène des toilettes bouchées était dispensable selon moi !)
Le loup est aussi la créature incomprise, hors normes et exclue. Ici, les bergers l'accusent de tuer leurs bêtes et le chassent, comme Teddy est accusé de perturber la tranquillité du village et mis à l'écart par les gens de son âge, qui ont poursuivi leurs études, eux. Comme son oncle et sa tante handicapée, il est exclu car il ne rentre pas dans la norme, il obéit à ses pulsions, comme le loup-garou qu'il devient.
Les réalisateurs ont également compris qu'il est inutile de mettre la moitié du budget dans le salaire exorbitant des acteurs. Ici, certains villageois jouent leur propre rôle : quoi de mieux pour faire vrai ? La plupart des personnages sont interprétés par des non professionnels. Ludovic Torrent, qui joue l'oncle Pépin (car il s'appelle Le bref) est hors du commun : avec son phrasé si particulier, son air complètement déphasé, il est hilarant. Le film fait tout de même appel à une actrice comique reconnue : Noémie Lvovsky (Camille redouble, la mère intrusive des Beaux gosses...) Elle donne encore toute la mesure de son talent dans son rôle de patronne du salon de massage, qui cache sous un sourire et une voix douce une autorité abusive flippante.
J'ai néanmoins pensé contrairement à la majorité des critiques que l'interprétation de certains n'était pas toujours très juste, faire appel à des non professionnels à ses limites. J'ai aussi trouvé que la mise en scène était parfois faiblarde, me faisant penser à un film d'étudiant, encore maladroit. Mais cet effet est peut-être délibéré, pour renforcer le côté décalé, bouts de ficelle. Teddy m'a rappelé la série P'tit quinquin, si vous y avez été sensible, vous apprécierez certainement Teddy.
Teddy, de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma, actuellement en salles.
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22/06/2021
La fille de Ryan
1916, dans un village d'Irlande en bord de mer. Rosy est une jeune fille fantasque qui adore se promener en rêvant, ce que le curé et les habitants ne voient pas d'un bon œil. Elle s'attend à une vie aussi romanesque que les livres qu'elle dévore. Elle se marie avec le sérieux, gentil et cultivé maître d'école, de 15 ans son aîné (Robert Mitchum). Mais elle découvre vite que la vie de couple dans un village aux mentalités étriquées ne peut lui apporter ce dont elle rêve. C'est alors que des soldats anglais, les ennemis jurés de ses compatriotes Irlandais, s'établissent dans le village, avec à leur tête un beau major, traumatisé de guerre... Voir la bande-annonce en lien.
J'avais adoré La fille de Ryan à l'adolescence, et il tient toujours ses promesses aujourd'hui. Souffle épique, romanesque, comme les autres films de son réalisateur : Lawrence d’Arabie, Le pont de la rivière Kwai, Docteur Jivago... Pourtant à sa sortie, ce film sublime a été éreinté par la critique !
L'héroïne fait penser à Madame Bovary, femme passionnée souhaitant se libérer des carcans. Elle est sublimée par les décors absolument splendides de l'Irlande, la photo et la mise en scène. Chaque image est un tableau parfaitement agencé, une explosion de couleurs qui rappelle les impressionnistes immortalisant la côte bretonne. Rosy se promenant avec son ombrelle évoque La femme à l'ombrelle de Monet. Le décor appuie les pensées des personnages : la mer ensoleillée et infinie, les falaises qui les surplombent que l'héroïne gravit, représentent la grandeur de ses rêves. Les délicates fleurs de lys symbolisent son innocence et son amour naissant... Rosy est écrasée par la nature immense comme par le poids des traditions, menacée par la tempête comme par sa passion interdite... La mise en scène et les décors montrent à merveille les débordements de la passion. La scène d'amour cachée dans la forêt, entrecoupée de détails symboliques de la nature, est saisissante d'originalité et de naturel. Pourtant, à l'époque, ce parti-pris a été jugé ridicule ! "Le public va-t-il se laisser séduire par les orgasmes de pacotille et l'artisanat superficiel ?" ainsi a jugé Pauline Kael. J'ai pensé le contraire, la scène fait vrai : pas de hurlements simulés justement. On sent la journaliste aigrie et frustrée qui ne sait pas de quoi elle parle...
Malheureusement l'influence de Pauline Kael était grande. Ses critiques peu objectives, maniant les bons mots méchants et mesquins, détruisaient des réputations. Preuve de son manque de discernement : elle détestait Kubrik, surtout Orange mécanique et 2001 l'odyssée de l'espace, mais aussi Clint Eastwood et Meryl Streep ! A propos de la fille de Ryan, elle a écrit : "le vide apparaît à chaque image" alors que c'est justement tout l'inverse ! On pourrait même reprocher au film le contraire : d'être lourd de symboles. Chaque image est travaillée, arrière plan, second plan, tout à un sens !
Traumatisé par cet accueil incompréhensible pour moi, David Lean ne touchera plus une caméra pendant 15 ans... Une tragédie aussi grande que ces films : combien de chef-d’œuvre avons-nous perdus ainsi ? Aujourd’hui, la fille de Ryan a enfin obtenu son statut de film culte. Bémol pour moi : la musique de fanfare grotesque de Maurice Jarre, trop décalée et outrancière (on n'est pas dans Freaks !)
La fille de Ryan de David Lean, 1970 sur TCM cinéma
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16/06/2021
Antoinette dans les Cévennes
Antoinette devait profiter d'une semaine de vacances avec son amant (Benjamin Lavernhe, le marié du Sens de la fête, revoir sa danse en lien) mais ce dernier annule pour randonner à dos d'âne avec sa femme. Sans réfléchir, Antoinette part à ses trousses. A la place de son amoureux, elle rencontre Patrick, un âne récalcitrant...
En voyant la bande annonce au cinéma, j'étais circonspecte : encore une comédie française banale, sans saveur et lourde. Mais quelle bonne surprise ! Le pitch d'une simplicité désarmante est en réalité malin, tout coule de source. Dès la première scène, je suis tombée sous le charme : lors de la kermesse, l'héroïne, professeure des écoles, fait chanter une chanson un peu inappropriée à ses élèves, pour ensuite leur voler la vedette et crier à pleins poumons : amoureuse de Véronique Sanson. Elle parle en réalité d'elle et de sa situation :
Une nuit je m'endors avec lui
Mais je sais qu'on nous l'interdit
Et je sens la fièvre qui me mord
Sans que j'aie l'ombre d'un remords
Je ne veux pas qu'arrive le soleil
Quand je prends sa tête entre mes mains
Je vous jure que j'ai du chagrin
Si cet amour aura un lendemain
Quand je suis loin de lui
Je n'ai plus vraiment toute ma tête
Et je ne suis plus d'ici
Je ressens la pluie d'une autre planète
Comme Stevenson, Antoinette retrouve la paix intérieure en marchant seule : "l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage".
Un film rafraîchissant de vacances, parfait à voir en ce moment sur Mycanal.
Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, 2020
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13/05/2021
Le travail, c'est la santé
Rien faire c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
ne font pas de vieux os
En ce jour férié, ces temps de confinement et de télétravail, voici deux films qui permettent de relativiser et d'apprécier de ne plus côtoyer ses collègues. Je suis confinée depuis un an et je n'ai plus de nouvelles des collègues depuis, j'en suis ravie !
- Office uprising de Lin Oeding, 2018
Dans une entreprise américaine qui fabrique des armes, une boisson destinée aux soldats est distribuée par erreur lors d'un congrès. Elle transforme les employés en brutes sanguinaires. Seuls ceux qui allaient se faire virer et n'ont pas participé à la réunion restent indemnes : un Gaston Lagaffe rigolo et glandeur, qui arrive toujours en retard au travail et développe son propre jeu vidéo au boulot plutôt que ses dossiers, un homme âgé endetté jusqu'au cou pour sa santé et les études universitaires de ses enfants, un musulman en plein ramadan et une femme... Bref, les mis au rebut de la société.
The office version film d'horreur : jubilatoire ! Une satire au vitriol du travail et de la société américaine : système de santé et de retraite défaillants, ultra patriotisme ("nous sommes américains !" répétés à tout bout de champ en défonçant le crâne de son voisin à coups de chaise de bureau).
Le film dénonce aussi l'hypocrisie du monde de l'entreprise qui met sur la touche les gens qui ne rentrent pas dans le système, la compétition ici poussée jusqu'à la mort, les rumeurs qui détruisent les carrières...
Le scénariste exploite à fond le quotidien du travail pour le détourner de façon ultra inventive en film d'horreur. Les employés se battent à coups d'agrafeuse et de stylos, une palette de transport devient un tank... La scène des publicitaires qui inventent des slogans pour vendre leurs armes est hilarante d'humour noir. L'hésitation à tuer une vieille dame zombie aussi : "mais elle travaille encore à 80 ans ?
- ben oui elle est obligée, elle ne perçoit pas de retraite !"
- ah non je la touche pas, vas-y toi !
- Qu'est ce que tu veux qu'elle me fasse, m'attaquer avec son dentier ?"
Un shaun of the dead version américaine, quoique moins bien rythmé. Quel dommage que le film ne soit pas sorti en salles ! Je ne vous mets pas la bande annonce en lien car elle est catastrophique : elle fait passer le film pour un simple film d'action zombie décérébré, aucun gag subversif n'est maintenu : elle ne vise pas le bon public. Mais qui fait des bandes-annonces pareilles et massacre l'espoir d'audimat du film ?
Comme the belko experiment, le film fait référence à de nombreux autres classiques du film d'horreur : la trilogie cornetto, battle royale, où des lycéens doivent s'entretuer, Zombieland, Idiocracy ( avec la boisson qui rend con).
Petit bémol : l'acteur principal est très mignon mais il a l'air d'avoir 12 ans et demi.
Autre film d'horreur se déroulant au travail :
- The belko experiment de Greg McLean, 2016
Un grand bâtiment de travail isolé est soudainement scellé avec ses employés enfermés à l'intérieur. Une mystérieuse voix surgit des haut-parleurs internes pour leur soumettre un dilemme : soit ils s'entretuent dans un temps imparti, soit, s'ils refusent, ils mourront chacun de manière aléatoire. Les vrais visages se révèlent et les hypocrisies propres au monde du travail tombent.
Un escape game mortel qui se déroule dans une entreprise : je ne peux qu'apprécier. Pour moi, pas de dilemme : j'élimine immédiatement les tyrans manipulateurs pervers qui détruisent la vie de leurs collègues, les poussant à la démission ou à la dépression. Hâte de lancer le remake dans ma boîte et de pouvoir défoncer la tête des harceleurs à coups d’extincteurs : "t'as vu je sais m'en servir, j'ai bien retenu la formation anti-incendie !" ou "Je vais te montrer comment utiliser le broyeur papier maintenant !"
Le rôle principal est tenu par John Gallagher, mon chouchou de la série The newsroom. On retrouve aussi le docteur Perry Cox de Scrubs. Le réalisateur Greg McLean est aussi l'auteur de The darkness et de Jungle avec Daniel radcliffe, un film haletant que j'ai beaucoup apprécié, tiré d'une histoire vraie (des hommes perdus dans la jungle).
Beko est plus sombre, mais je trouve que Office uprising va plus loin dans la satire du monde de l'entreprise. Un mix entre les 2 films aurait été parfait.
14:19 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma d'horreur | | Facebook