01/12/2009
J'ai du mal à parler, j'ai les dents qui poussent
Au secours, je dois aller chez le dentiste.
J’ai les dents qui poussent. (j’ai 5 ans)
J’ai les dents de sagesse qui poussent (je suis sage).
Quand j’étais petite, ma mère m’emmenait chez un dentiste que ma famille surnommait du doux nom évocateur : « le boucher de Lyon ». Il nous faisait atrocement mal, mais ma mère certifiait que c’était normal et que ce docteur était très compétent. Comme dans toutes les BD et films, le passage chez le dentiste était décrit comme douloureux, j’étais persuadée que tous ces praticiens étaient des bourreaux.
Quand le dentiste-boucher m’a signalé qu’il fallait m’arracher une dent pour cause de mâchoire minuscule, j’ai chougné « non pitié surtout pas, je préfère avoir les dents tordues et ne plus jamais sourire »
Ce que j’ai fait. On est un peu con à 10 ans.
Je n’ai plus mis les pieds et les dents chez un dentiste jusqu’à mes 20 ans.
Et là, incroyable, je n’ai pas eu mal ! Tous les dentistes n’étaient pas tortionnaires !
J’indique à ce nouveau dentiste :
- Est-ce que j’ai des dents de sagesse ? Parce que le premier (bourreau) a dit que si c’était le cas, il faudrait les enlever.
- Mais non, c’est une mode idiote. Les dents de sagesse sont un don de la nature, il faut les garder. Si vous voulez, on peut faire une radio »
Les images confirment que j’ai gagné le gros lot : les QUATRE dents de sagesse poussent dans une diagonale parfaite.
Moi : " Elles sont tordues là… elles vont bouger les dents devant elles !
- Mais non ! C’est une impression ! "
Un an après, je vais chez un autre dentiste. Je lui redis mes craintes, et il me ressort exactement la même expression : «les dents de sagesse sont un don de la nature »
Je soupçonne ces deux illuminés de faire partie de la secte des adorateurs de molaires.
Bon, ben, ce sont les dentistes les experts, on va leur faire confiance.
Pendant des années, à intervalles réguliers, comme Michel Blanc dans Marche à l’ombre « j’ai du mal à parler parce que j’ai les dents qui poussent ». (Comme je suis très gentille, je vous mets le lien vers cette scène culte : « j’ai été attaqué par des renards tout à l’heure - C’est normal, c’est la saison»)
Un jour, au réveil, j’ai encore plus mal que d’habitude. Je me regarde dans la glace et me trouve un peu rouge et enflée. Je me pointe au journal où je bossais à l’époque et mes collègues me dévisagent, effrayés : « Han ! Mais qu’est ce qu’y t’arrives ! T’es toute gonflée ! »
Je m’imagine avoir la gueule de Coluche piqué par les moustiques dans Banzaï (regardez le lien, c’est la journée film comique français aujourd’hui)
J’ai juste la joue qui a triplé de volume.
Collègue : « c’est un abcès ça ! Va chez un dentiste tout de suite ! »
Rater quelques heures de travail, je me fais pas prier.
Le dentiste m’engueule :
« Pourquoi avoir attendu ? Vous voyez bien que vos dents poussent complètement tordues ! Vous avez un gros abcès maintenant !
- Mais ce sont vos collègues qui m’ont dit que les dents de sagesse étaient un don de la nature !
- HEIN ?! Avec tout ça la mâchoire est très infectée, je peux pas vous enlever les dents maintenant, faut revenir dans 15 jours… »
Suite demain
16:36 Publié dans J'ai bobo là | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : dentiste, comment trouver un bon dentiste qui ne fait pas mal, enlever les dents de sagesse | | Facebook
12/11/2009
L'ourse hiberne
Ca y est, je vous annonce qu’officiellement, comme chaque année à cette période, j’hiberne. Je ressortirais au printemps.
En dessous de 5 degrés dehors, quand je suis obligée de sortir (par exemple pour ce petit détail qu’est le travail) je porte ma tenue de combat : sur les pieds, collants PLUS chaussettes PLUS mes chaussons tricotés par ma mère. Le tout emballé dans des bottes moches avec une espèce de fausse fourrure et fausse laine à l’intérieur (j’ai pris la pointure au-dessus pour que les 3 couches de chaussettes tiennent dedans). Pour le haut, je porte DEUX t-shirt longs moulants, un sous-pull, un pull en laine à col roulé, plus un bonnet qui recouvre bien les oreilles et une écharpe qui ne laisse dépasser que les yeux.
Je suis un tantinet frileuse.
En fait, c’était mon costume ma tenue lorsque je travaillais en plein air. Dorénavant, enfermée dans un bureau, j’enlève un des t-shirts, mais je garde le reste.
Mais le pire, c’est le bout du nez. Il est tellement gelé que je ne le sens plus. J’ai donc attraper ce tic très con : je le touche toutes les deux minutes pour vérifier s’il est toujours là et pour le réchauffer. On se croirait dans la nouvelle de Gogol (l’écrivain, pas un attardé. Quoique j’y ressemble…) Sur les photos prises en hiver, j’ai toujours mon teint laiteux, mais avec le nez complètement rouge. Non, je ne suis pas une pochtronne, je ne cache pas une bouteille de rouge sous ma doudoune.
On appelle ça un problème de circulation sanguine.
Vous comprenez donc pourquoi je ne sors que rarement l’hiver. Le plus déprimant je trouve, c’est qu’avec le changement d’horaire, il fait nuit quand on se lève pour aller bosser, et nuit quand on rentre du travail. Or je ne vois pas le jour puisque je bosse dans un placard bureau sans fenêtre.
J’aime pas quand les gens disent « bonsoir » dès 16-17h. Non, je refuse ! Pour moi la journée commence lorsque j’ai fini mon travail, alors ne me dîtes pas qu’il est déjà tard ! Nooooooon !
Ayé, j’ai trouvé une excuse pour mon futur arrêt maladie : je vais dire que je fais une dépression saisonnière.
Rassurez-vous, je plaisante...
Je ne suis pas la seule à porter ma doudoune et à ne plus sortir. Mes chats (très intelligents pour cette fois) font de même…
Suite demain
14:00 Publié dans J'ai bobo là | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : j'ai tout le temps froid au secours, dépression saisonnière, problème de circulation sanguine, frilosité | | Facebook
14/09/2009
tagada tagada voila les dalton...iens (bis)
Je finis par voir un ophtalmo. Par pour mon daltonisme, puisque je persiste à dire que je distingue très bien les couleurs, mais parce que j’ai des migraines atroces. A force de lire toute la journée, voire la nuit, je suis devenue hypermétrope. C’est une anomalie qui survient quand on a trop fatigué ses yeux, donc normalement autour de la cinquantaine...sauf qu’à l’époque mémé a 14 ans.
Au passage, je signale à l’ophtalmo cette « blague » de daltonisme. Il me refait passer les tests avec les ronds et confirme.
Ophtalmo : « vous ne pourrez jamais exercer certains métiers, comme travailler dans les fleurs, car il faut savoir accorder les couleurs.
Moi : - Mais mon oncle daltonien est fleuriste !
Ophtalmo : bon…si aucun client ne s’est plaint d’acheter des fleurs jaunes au lieu de rouges… »
Fasciné par la question, l’ophtalmo m’avoue : « vous savez, parfois je pense que c’est vous les daltoniens qui avez raison et nous qui voyons mal. Chacun perçoit le monde différemment et on ne peut pas se mettre à la place des autres. Peut-être que, sous le terme général que l’on nomme « couleur bleue » personne ne voit la même chose…. »
Un pro me l’a dit. Je commence à croire que je suis daltonienne. Les preuves s’accumulent :
J'achète des vêtements seule, sans les conseils de ma mère dalto. Ce sont alors les vendeuses aux yeux «normaux» qui m’aident et me révèlent mes erreurs. J’en donne un exemple ici quand j’évoque le shopping. A chaque fois que je fais une remarque sur un vêtement : « il est bien, mais j’en ai déjà un bleu comme celui-ci », les vendeuses me parlent comme à une dingo qu’il faut ménager : « si je puis me permettre…le T-shirt est kaki ». Elles me sortent toutes cette expression. La preuve que c’est un complot.
Mon daltonisme s’accentue avec la fatigue, et dans ces moments-là ma vision est encore plus étrange. Je ferme l’œil droit, je vois à peu près normalement. Je ferme l’œil gauche (le plus fatigué) je vois tout en gris-bleu. C’est peut-être pour ça que ma chanson kitsch préférée est « Le monde est gris le monde est bleu » de Charden…
Ma particularité passe souvent inaperçue, mais parfois une bourde me trahit et on m’en parle pendant dix plombes.
Cinéphile : « J’adore le film The Barber des frères Coen…
Intello : - Oui, les réalisateurs changent de ton pour ce film
Erudit : c’est l’une des premières apparitions de Scarlett Johansson
Moi : Au lieu du noir et blanc, c’est noir et vert, c’est original… »
Les autres, en chœur : HEIN ???!!!!!
En classe de terminale, après une rédaction aux résultats catastrophiques (j’avais eu 18) le prof d’histoire nous a donné un devoir de maternelle pour remonter notre moyenne. Il fallait colorier une carte de la seconde guerre mondiale, avec les pays annexés au fil des années, coloriés en dégradé du jaune au rouge. Tout le monde a eu 20 bien sûr, sauf moi. Je me souviens que ma Pologne orange au lieu de rose était barrée d’une grande croix. Je n'ai rien osé dire au prof et cette carte pourrie a bien baissé ma moyenne.
Pour le bac, je n’ai pas voulu réitérer cet exploit. J’ai donc débarqué dans la salle d’examen avec mes crayons marqués d’étiquettes « orange » « jaune » « rouge »…
J’ai d’autres exemples, mais je ne vais pas tous vous les sortir. Je peux juste finir la boucle en reparlant du tricot. Quand je faisais mon écharpe (dont personne n’a vu qu’elle était verte, vous êtes vraiment tous daltoniens) ma nièce de trois ans regardait les échantillons de laine du catalogue de tricot :
« Alors ça, c’est rose…ça beige…ça jaune… »
C’était rouge, jaune et orange. Sa mère a confirmé. Elle a prétendu qu’elle ne connaissait pas les termes des couleurs, mais j’en doute.
Mon frère s’est maqué avec une daltonienne, la relève est assurée.
« C’était les dalton…iens !
Tagada, tagada, il n’y a plus personne »
15:23 Publié dans J'ai bobo là | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : daltonisme, jo dassin, les dalton | | Facebook
11/09/2009
tagada tagada voila les dalton...iens
Comme promis, voici mes incroyables aventures de soi-disant daltonienne. Soi-disant, car je persiste à nier. Je vois très bien la différence entre le rouge et le vert. Ce sont seulement les couleurs qui se ressemblent que je confonds : le violet et le rouge, le rouge et l’orange, l’orange et le rose, le rose et le beige… Bon, d’accord, je suis peut-être un tantinet daltonienne sur les bords.
On a découvert cette tare originalité à 14 ans seulement, en classe de biologie. On devait dessiner une pierre que l’on observait au microscope. Je partageais l’appareil avec ma meilleure amie. (Je l’encourage d’ailleurs vivement à donner sa propre version dans les commentaires)
Mon amie regarde mon dessin et s’exclame :
Amie : « Mais ! Pourquoi t’as fait la pierre bleue ? !
Je hausse les épaules : - Ben, parce qu’elle est bleue !
Amie : - Elle est noire !
Moi : - N’importe quoi, elle est bleue, bleue comme le goudron !»
Et là ma copine éclate de rire. Quand elle commence on ne peut plus l’arrêter et son rire est très communicatif. Immédiatement tous les élèves se dressent : « qu’est ce qui se passe ? »
Ma copine, cramoisie, littéralement pliée en deux sur sa chaise, suffoque : « elle a dessiné la pierre en bleu ! »
Tout le monde accourt pour vérifier. Les ados pouffent et me regardent comme si j’étais cinglée. Je fais de même avec eux : « qu’est ce que vous avez tous ? Elle est bleue cette pierre ! »
Alertée par le bruit, la prof réfugiée dans la salle d’à côté revient. Elle ne rigole pas du tout, elle. Elle m’ordonne d’un air grave, comme si j’avais tenté d’assommer un élève avec le microscope: « venez avec moi. »
La prof me montre plein de dessins avec des ronds de différentes couleurs : le test d’Ishihara.
Prof : « Vous voyez quoi dans ces dessins ?
Moi : - euh…des ronds ?
- Arrêtez de rigoler, c’est sérieux. Vous devez voir un motif.
Je distingue que dalle et dit au pif :
- Un papillon peut-être ?
Prof, toujours aussi sérieuse : - Non, c’est un 13.
Moi, toujours détachée : - Ah oui, c’est pas vraiment pareil… »
15 dessins et échecs plus tard, la prof referme le livre et comme dans un tribunal, rend son verdict sans appel :
« Vous êtes daltonienne. Il faut voir un ophtalmologiste. »
Rentrée chez moi, je raconte la scène à ma famille, pensant que, comme moi, elle va tomber des nues :
Ma mère, blasée : « oh, oui, t’es peut-être daltonienne, c’est possible…ton frère, ton père, ton oncle, ta grand-mère au moins le sont…
Moi : - Mais la prof a expliqué qu’une fille daltonienne c’est très rare parce qu’il faut que les deux parents soient daltoniens… (en fait, j'ai mal compris, il faut juste que les deux aient le gêne)
Mère, indignée : - AH NON ! Moi je ne suis pas daltonienne ! Ah ça non !
Frère : - Tu parles, encore hier elle a confondu la bouteille de gaz bleue avec la verte…
Mère : - Et toi, avec ton pull marron que tu vois gris ! »
Je les regarde comme si j’étais une jeune fille au pair débarquant dans une famille d’accueil sur Mars.
On désigne des objets et on se rend compte qu’aucun de nous ne les voit de la même couleur.
Frère : - Les volets sont gris.
Mère : - Ah non ! Marron !
Moi : - Meuh non, ils sont verts… »
Je commence à regarder ce qui m’entoure d’un nouvel œil. Le monde n’est pas tel que je le connais ? Je me trompe depuis toujours, je vis dans un univers parallèle !
A chaque cours de bio, la prof me demande si je suis enfin allée chez l’ophtalmo. Je réponds par la négative. Pas la peine de prendre rendez-vous pour ma mère, puisqu’on voit tous parfaitement bien dans la famille.
« Et ça continue encore et encore, c’est que le début d’accord d’accord… »
Suite au prochain numéro.
Quizz on connaît la chanson : de quelles chansons le titre et la citation sont-elles extraites et qui en sont les auteurs ?
14:15 Publié dans J'ai bobo là | Lien permanent | Commentaires (9) | | Facebook