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25/02/2022

Mon évasion

livre,littératureL'évasion, c'est celle d'une femme qui remet en question le chemin balisé et fermé de mère au foyer qu'on lui destine, pour devenir écrivain. On pourrait comparer cette autobiographie de Benoîte Groult à celle de Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée (j'avais adoré, à lire en lien) puisque l'auteure raconte également son enfance privilégiée au sein d'un milieu bourgeois et artistique  : son père est un maître de l'art déco et sa marraine est Marie Laurencin ! ("avec ta robe longue, tu ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin"). De plus, comme Beauvoir, Benoite Groult a acquis son indépendance en travaillant.

Elle se marie en 1946 à Georges de Caunes (père d'Antoine) animateur radio célèbre qui parcourt le globe en la laissant seule à la maison avec les mioches. Elle confie ses déboires conjugaux au meilleur ami de son mari, Paul Guimard (auteur des Choses de la vie, transposé à l'écran par Claude Sautet avec la b.o la + triste au monde, la chanson d'Hélène, diffusée en boucle dans l'expo Romy Schneider, ponctuée des reniflements de pleurs des visiteurs). Patatras, les deux compères deviennent amants, divorcent et se remarient ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare, + de 50 ans après.

Son nouvel époux l'encourage à développer son indépendance et ses talents d'écrivain. Elle travaille pour des magazines féminins, publie des romans, et ce n'est que tardivement qu'elle relève les inégalités de traitement entre les hommes et les femmes, à travers un constat plein d'humour et de bon sens, dans Ainsi soit-elle. Essai écrit en 1975, mais qui malheureusement est toujours d'actualité aujourd'hui.
C'est grâce à Benoîte Groult que certains mots désignant des métiers ont pu être féminisés, car comment concevoir que les femmes puissent être égales de leurs collègues si le terme qui les représente n'existe même pas ? : "Je crois au dynamisme du langage, et je suis convaincue que dans dix ans, on trouvera ridicules les "précieuses" qui continueront à dire "Mme LE ministre, Madame le maire, madame le professeur..."  Effectivement, mais le terme "écrivaine" pose encore débat (pourtant, au moyen-âge, le terme doctoresse était employé par exemple !) Je peux témoigner, en 2022 : le métier que j'exerce n'a pas de nom féminin, et on m'a repris quand j'ai rajouté un "e" : "ça n'existe pas". Pourtant, la moitié de mes collègues sont des femmes ! Mon évasion du monde du travail n'est pas pour tout de suite malheureusement.

Mon évasion et Ainsi soit-elle de Benoîte Groult.

16/09/2019

Quiz littérature : les réponses

jaime lire livre.jpg1 ) Associez ces débuts de romans avec leurs auteurs :
a) "Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux."
b) "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."
c) "Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi."
d) "C’est une vérité universellement reconnue qu’un célibataire pourvu d’une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l’on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu’il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l’esprit de ses voisins qu’ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l’une ou l’autre de leurs filles."

a- Jean-Jacques Rousseau, Les confessions
b- Jane Austen, Orgueil et préjugés
c- JK Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers
d- Albert camus, L'étranger
Réponse
: a)c / b)d / c)a / d)b

2 ) Quel auteur français est considéré comme le chef de file du courant naturaliste en littérature, qui dépeint la société avec plus de précisions encore que le réalisme dont il dérive ?
a)
Réponse : a)
 
3) Associez ces vers au poète qui les a composés :
a) Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone.
b) Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
c) Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
d) La sottise, l’erreur, le péché, la lésine
Occupent nos esprits et travaillent nos corps 
Et nous alimentons nos aimables remords
Comme les mendiants nourrissent leur vermine. 
 
a- Baudelaire
b- Victor Hugo 
c- Paul Verlaine
d- Lamartine
Réponse : a)c / b)d / c)b / d)a
 
4) Jean-Baptiste Poquelin est le véritable nom de :
a) Corneille
b) Molière
c) Racine
d) Papillote
Réponse : b) Molière
 
5) Qui est cet auteur ? 
Il naît en 1864, d'un père républicain et anticlérical et d'une mère catholique et bigote. Celle-ci reporte le mépris qu'elle éprouve pour son mari sur son fils, et finira par se suicider en se jetant dans un puits. Le fils racontera le calvaire que lui a fait subir sa mère dans un livre qui deviendra célèbre. L'auteur est aussi connu pour ses pensées, comme "écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu". Il est considéré comme  « un Montaigne minuscule dont La Bruyère aurait affûté le style »
Il s'agit de : 
a) Alphonse Daudet et son livre Le petit chose
b) Guy de Maupassant et Une vie
c) Jules Renard et Poil de Carotte
Réponse
c) Jules Renard 
 

03/09/2019

Le quiz de la rentrée : littérature

jaime lire revolution.jpgCerveau ramolli par l'inactivité des vacances ? Par le rosé et les bières des barbecues ? Par les insolations ? Ou à l'inverse, par l'inintérêt de votre travail et vos collègues ? Le retour des quiz est là pour vous réveiller !
 
1 ) Associez ces débuts de romans avec leurs auteurs :
a) "Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux."
 
b) "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."

c) "Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi."

d) "C’est une vérité universellement reconnue qu’un célibataire pourvu d’une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l’on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu’il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l’esprit de ses voisins qu’ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l’une ou l’autre de leurs filles."

a- Jean-Jacques Rousseau, Les confessions
b- Jane Austen, Orgueil et préjugés
c- JK Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers
d- Albert camus, L'étranger

2 ) Quel auteur français est considéré comme le chef de file du courant naturaliste en littérature, qui dépeint la société avec plus de précisions encore que le réalisme dont il dérive ?
a)
 
3) Associez ces vers au poète qui les a composés :
a - Les sanglots longs des violons de l’automne
Blessent mon cœur d’une langueur monotone.
 
b - Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
 
c - Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
 
d - La sottise, l’erreur, le péché, la lésine
Occupent nos esprits et travaillent nos corps 
Et nous alimentons nos aimables remords
Comme les mendiants nourrissent leur vermine. 
 
a) Baudelaire
b) Victor Hugo 
c) Paul Verlaine
d) Lamartine
 
4) Jean-Baptiste Poquelin est le véritable nom de :
a) Corneille
b) Molière
c) Racine
d) Papillote
 
5) Qui est cet auteur ? 
Il naît en 1864, d'un père républicain et anticlérical et d'une mère catholique et bigote. Celle-ci reporte le mépris qu'elle éprouve pour son mari sur son fils, et finira par se suicider en se jetant dans un puits. Le fils racontera le calvaire que lui a fait subir sa mère dans un livre qui deviendra célèbre. L'auteur est aussi connu pour ses pensées, comme "écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu". Il est considéré comme  « un Montaigne minuscule dont La Bruyère aurait affûté le style »
Il s'agit de : 
a) Alphonse Daudet et son livre Le petit chose
b) Guy de Maupassant et Une vie
c) Jules Renard et Poil de Carotte

04/02/2019

bilan lecture : psy et développement personnel

epouvantail.jpgPsychologie :
Boris Cyrulnik :
- Autobiographie d’un épouvantail
- Sauve-toi, la vie t’appelle
- Les vilains petits canards

- In treatment, lost in therapy de Clotilde Leguil
La psychosomatique pour les Nuls de Geneviève Choussy-Desloges
L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau et autres récits cliniques de Oliver Sachs
- Votre cerveau est extraordinaire de Fabien Olicard

- L'art d’avoir toujours raison de Schopenhauer
Nouveau manuel de manipulation de Gilles Azzopardi

- Les paroles perverses, les reconnaître, s’en défaire de Robert Neuburger
- Petits pénibles et gros casse-pieds de Christophe André et Muzo
- L’amour, la culpabilité et le besoin de réparation de Mélanie Klein

Développement personnel :

Je pense trop de Christel Petitcollin
- Pourquoi les femmes se prennent la tête ?  de Susan Nolen-Hoeksema
Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué de Jeanne Siaud-Facchin
Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et les femmes ne savent pas lire les cartes routières de Allan et Barbara Pease

- Les 4 accords toltèques de Miguel Ruiz
- Lisa Bourbeau : Ecoute ton corps, Les 5 blessures, L’acceptation
- L’art de faire la paix au quotidien de Anne Ducrocq
- Du bonheur de Frédéric Lenoir
Du magnétisme, Henri Durville

 



 

24/01/2019

Le misanthrope au travail, suite

travail, littérature, livre, étude de texte du misanthropeJe répète souvent cette réflexion du misanthrope :
"C'est n'estimer rien, qu'estimer tout le monde."

Ces affables donneurs d'embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles,
Qui de civilités, avec tous, font combat,
Et traitent du même air, l'honnête homme, et le fat.
Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et fasse de vous, un éloge éclatant,
Lorsque au premier faquin, il court en faire autant?

Au boulot, un collègue a hérité du caractère irascible et brut de décoffrage d'Alceste encore plus que moi. A son âge proche de la retraite, il ne s'imagine plus améliorer les conditions de travail, alors comme le misanthrope "il lui prend des mouvements soudains, de fuir, dans un désert, l'approche des humains." Son désert est en réalité un refuge dans l'imaginaire, des séries et des livres qu'il engloutit en moins de deux, comme son travail, ce qui lui laisse le temps de bouquiner. Il limite les contacts le plus possible avec ses pairs, grognant un bonjour bourru si certains se risquent à lui adresser la parole. Il s'emporte facilement contre ceux qui font mal leur job, et même contre les clients, ce qui fait qu'il a la chance d'être relégué dans un poste sans contact avec autrui (contrairement à moi) car selon la direction : "on a peur qu'il s'en prenne à quelqu'un". En effet il ne s'est pas gêné pour traiter de "connasse" une collègue méprisante.
Les chefs ménagent cet Alceste qui n'a pas la langue dans sa poche, les collègues le fuient de peur d'être victimes de son courroux.

Mais moi, je l'apprécie, et il me le rend bien. Comme lui, je déteste les amabilités exagérées. Je ne fais pas la bise et ne me force pas à demander à de vagues collègues dont je ne connais même pas le nom tellement je m'en fous comme de l'an 40 : "Vous allez bien ?" Quand je pose la question, c'est parce que la réponse m’intéresse. Quelle formule de politesse ridicule, qui s'attendrait à ce que son patron réponde : "non, ça ne va pas, j'ai surpris ma femme sur un site de rencontres sous le pseudo "Germaine la sans gêne" et j'ai des problèmes gastriques depuis hier, peut-être à cause du cassoulet de la cantine..."

Je ne donne pas mon amitié à n'importe qui. C'est donc un privilège que je parle avec mon collègue, et un privilège que ce misanthrope me parle en retour.
Évidemment, à notre façon bourrue. Pour se dire bonjour, on ne va pas reproduire cette manie saugrenue de plaquer sa joue contre celle de l'autre pour se refiler des virus (mais qui a inventé "la bise" ?). On se salue de cette façon :
Lui : "Alors, toujours en train de glander /bouffer ? (ça dépend du contexte : si je mange mes papillotes ou si je bouquine) (ou les deux)
Moi : - Alors pépé, toujours en train de râler ?"

Ensuite on parle de ces trois choses essentielles : culture,  bouffe et chats. Les animaux sont les êtres qu'il apprécie le plus, comme souvent chez les gens déçus par les humains. Ce n'est pas une exclusivité féminine : c'est un pépère à chats. Pour noël il a aligné plus de 3 phrases volontairement (un exploit) pour me décrire les cadeaux et le festin qu'il leur offrait (des jouets et crevettes). Il passe les fêtes seul avec ces minous, il faut bien qu'il les gâte. Parfois il me donne les livres qu'il a finis, ou des gâteaux qu'il pique à la cantine : "j'en achète une part puis hop j'en glisse une autre dans ma poche". En retour, je lui fais parfois le café et je lui donne le cadeau privilège extrême : des papillotes. Il chourre aussi du pain pour le donner aux pigeons de la terrasse, il leur à même attribué des prénoms.
A part les animaux, il ne fait pas d'effort pour aller vers les autres, et ils le lui rendent bien. Mais moi j'ai toujours apprécié ces gens en retrait, difficiles d'accès : j'ai envie de savoir pourquoi ils se cachent, et souvent ils ont une grande profondeur. Je n'ai pas encore percé tous les mystères du vieil ours.

Oronte : "Souffrez qu'à cœur ouvert, Monsieur, je vous embrasse,
Et qu'en votre amitié, je vous demande place.
Touchez là, s'il vous plaît, vous me la promettez
Votre amitié ? Quoi ! vous y résistez ?
Alceste : -  Monsieur, c'est trop d'honneur que vous me voulez faire
Mais l'amitié demande un peu plus de mystère,
Et c'est, assurément, en profaner le nom,
Que de vouloir le mettre à toute occasion."

 

 

22/01/2019

Le misanthrope au travail

Misanthrope.jpgComme Alceste, les hypocrites comme Philinte m'horripilent. Ce dernier pourrait représenter le juste milieu entre Célimène, la profiteuse populaire, et Alceste, l'excessif asocial, mais pour moi Philinte n'est qu'un faux-jeton complaisant. Il ne se mouille jamais, il ne fait donc pas bouger les choses et ne sert à rien. Il s'exclame par exemple :
"Et c'est une folie, à nulle autre seconde
De vouloir se mêler de corriger le monde.
J'observe, comme vous, cent choses, tous les jours
Qui pourraient mieux aller, prenant un autre cours
Mais quoi qu’à chaque pas, je puisse voir paraître
En courroux, comme vous, on ne me voit point être
Je prends, tout doucement, les hommes comme ils sont
J'accoutume mon âme à souffrir ce qu'ils font."

Dans un ancien boulot, j'avais dénoncé tout haut ce que tout le monde blâmait tout bas (de gros problèmes de consignes contradictoires et de harcèlement), et un collègue m'avait sorti : "il en faut des gens comme toi, car ils font bouger les choses. Le problème, c'est que c'est toi qui prends tout après, car personne ne te soutiendra par peur, alors que tu as raison."

Philinte prétend être ami avec un homme, mais s'en moque quand ce dernier a le dos tourné. Alceste est horrifié. Cette scène ressemble à celle que j'ai surprise avec une ancienne connaissance : elle croise un collègue, lui fait un large sourire en lui disant bonjour et d'autres amabilités. Tant d'insistance et de gentillesse ne pouvaient sembler que sincères, mais pourtant dès que l'homme passe la porte, la fille s'exclame :  "quel connard celui-là !" Cette situation s'est reproduite à l'identique devant d'autres témoins, aussi choqués que moi par une telle hypocrisie. La fille, imperturbable, nous répondait : "ça s'appelle de l'intelligence sociale". 
Ce que Philinte exprime ainsi en 1666 :
"Mais quand on est du monde, il faut bien que l'on rende
Quelques dehors civils, que l'usage demande"

Alceste se défend mieux que moi :

"Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié
Ce commerce honteux de semblants d'amitié :
Je veux que l'on soit homme, et qu'en toute rencontre
Le fond de notre cœur, dans nos discours, se montre
Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments
Ne se masquent jamais, sous de vains compliments."

Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur
On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

J'ai vu une scène similaire au travail. Une femme un peu empotée arrive pour la première fois en robe. Les collègues s'extasient devant sa tenue :
"Han comme elle te va bien !"
La fille rosit, elle n'a pas l'habitude d'être au centre de l'attention : - "C'est vrai ?
- Oui, ces fleurs ! Et ces couleurs !"
La fille se confond en remerciements balbutiants. Dès qu'elle repart, les deux compères éclatent de rire : 
"Nan mais t'as vu comme ça la boudine !
- Et ce motif ! Elle a piqué la robe de sa grand-mère ?"

J'étais outrée. Je ne prétends pas qu'il faut dire à la Alceste : "écoute, tu ferais mieux d'éviter, tu ressembles à l'hippopotame en tutu dans Fantasia (bon, Alceste s'exprimerait mieux et en vers, mais on n'est plus en 1666  et vous avez saisi le sens), mais de là à mentir à ce point ! Surtout que la fille ne leur avait pas demandé leur avis ! 
Si elle l'avait fait, je n'aurais pas pu mentir ("ma chéwie ! tou é magnifique !"), mais j'aurais adouci mes propos. On me reproche parfois ma franchise, mais pourquoi me demander mon opinion si c'est pour ne pas l'accepter ?

Oronte : "Mais ne puis-je savoir ce que dans mon sonnet...
Alceste : - Franchement, il est bon à mettre au cabinet."

Suite demain

 

 

03/05/2014

Libre, seul et assoupi, de Romain Monnery

libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travailJe vous parlais hier du film Libre et assoupi, pour lequel vous pouvez toujours gagner des places de cinéma. Voici maintenant ma propre expérience et des extraits du livre dont le film est adapté :

Avant, j’étais comme le personnage de Bruno, à accepter n’importe quel boulot, et je postulais à tout (cliquez sur ces quelques liens, pour ceux qui n'ont pas suivi mes péripéties de chômeuse) J’ai enchaîné les emplois merdiques, mal payés, avec les collègues aigris, bêtes et méchants. J’ai vu des choses qui m’ont rendues malades (un porc qui tripote les gamines dans une école mais personne ne le signale à part moi « parce qu’on ne veut pas créer d’histoires », une femme qui maltraite ses enfants, etc…) Plutôt que de crever au boulot, j’ai décidé d’arrêter. Sois feignant, tu vivras longtemps. Aujourd’hui, je profite de mon chômage pour chercher enfin un travail qui me corresponde mieux, même si je ne rêve pas trop, je ne trouverai pas de boulot en rapport avec ma formation (cinéma). Même si dans 3 mois, je n’ai plus droit aux allocations, et que faute d’argent, je serai obligée de reprendre la longue suite des petits boulots en intérim. Et puis si les bac+5 prennent les emplois qui ne nécessitent aucun diplôme, comment font ceux qui n’ont même pas le bac ? Le boulot, y en a pas beaucoup, faut le laisser à ceux qui aiment ça. Sois feignant, tu vivras content

J’ai non seulement été affectée à des postes sans intérêt pour moi (aucune créativité), mais souvent aussi, parfaitement inutiles. La plupart du temps, je jouais le rôle d’intermédiaire entre deux personnes qui auraient pu communiquer directement. Ou je recopiais sur ordinateur des textes techniques incompréhensibles, des suites de chiffres écrits à la main par des types qui avaient la flemme d’allumer leur PC ou d’apprendre à s’en servir. Ou j’accueillais des gens dans un lieu où personne ne se présentait, etc. Franchement, je me sens plus utile à écrire un blog, faire connaître des films, des documentaires, des pièces de théâtre et des livres ! Si on pouvait m’embaucher pour ça !

Avant d’être un film, Libre et assoupi était d’abord un livre, devenu un peu ma nouvelle Bible. Ecrit par un Lyonnais de naissance (comme moi) de mon âge et dont le personnage me ressemble beaucoup, comme vous pouvez le constater : 

livre,littérature,libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travailLibre, seul et assoupi de Romain Monnery, édition Le diable Vauvert : 

« J’étais un enfant de la génération précaire et très vite, je compris que viser un emploi dès la sortir de ma scolarité revenait à sauter d’un avion sans parachute. C’était brûler les étapes. Jeune diplômé comme on en trouvait des milliers sur le marché, j’étais de ceux à qui les entreprises disaient « sois stage et tais-toi ».  Les années 2000 étaient fièrement installées sur leur piédestal mais l’esclavage semblait toujours prospérer. (...)  Je pouvais toujours prendre un job alimentaire, plier des pulls chez gap ou vendre des big mac, mais bon sang, j’avais fait des études. Je choisis alors de faire un stage en le prenant pour ce qu’il n’était pas : un tremplin vers l’embauche.

« Trois mois s’étaient écoulés depuis mon 1er rendez-vous RMI (RSA désormais). Comme on me l’avait annoncé, je fus convoqué pour un nouvel entretien censé déterminer si, oui ou non, mon contrat méritait d’être renouvelé. C’était la règle du jeu. Retour à la case départ, comme au Monopoly. Alors, qu’avais-je fait durant ce laps de temps ? La question méritait d’être posée.

Selon les brefs calculs que j’avais effectués :

  • j’avais dormi + de 1000 heures (siestes comprises)
  • j’avais vu 72 films (pas que des bons)
  • j’avais passé 500 heures devant la télé (clips, pubs, séries)
  • j’avais lu 34 livres (que des poches)
  • je m’étais demandé 272 fois ce que j’allais faire de ma vie.

En somme, je n’avais pas perdu mon temps. Restait à voir si l’emploi de celui-ci serait du goût de la conseillère censée me recevoir, mais, très vite, je compris que non. En arrivant au rendez-vous, une petite femme à l’air sévère vint à ma rencontre. 

- Alors c’est vous le plaisantin ? (...) Je vais vous lire un extrait de la lettre de motivation que j’ai découverte en ouvrant votre dossier : « je n’ai rien contre l’idée de travailler du moment qu’on ne m’y oblige pas ». Vous pouvez me dire ce que ça signifie ? (...) Le problème, c’est que vous avez pris le rmi pour ce qu’il n’est pas : des vacances. » Je protestai comme je pus, arguant du fait que j’avais été à la bibliothèque quasiment tous les jours et que je m’étais cultivé dans l’optique de mon prochain travail (…) « C’est pour votre bien que je dis ça. Vous m’avez l’air de quelqu’un de sympathique, mais il serait temps de grandir. Dans la vie, on ne fait pas ce qu’on veut. Tenez moi par exemple, je voulais devenir danseuse étoile. Mais je ne viens pas au travail en tutu, vous comprenez ? Vous croyez sincèrement que ça m’amuse d’être là ? »

libre seul et assoupi,romain monnery,pôle emploi,chômage,travail« Je regardais dehors et me demandais alors à quoi ressemblerait le film tiré de ma vie. S’agirait-il d’un drame ? D’une comédie ? De science-fiction ? (…) Peut-être faisais-je fausse route. Peut-être qu’une vie n’avait rien à voir avec le cinéma. »

«  L’idée d’un livre me vint alors. (…) Je voulus me convaincre que j’avais trouvé ma raison d’être. Je m’imaginais sur les plateaux télé, parlant de moi, ma vie, mon œuvre et j’anticipais les critiques criant au génie (...) Je rêvais d’un grand livre au goût de madeleine qui se vendrait comme des petits pains mais, en attendant, je ne faisais rien. Comme d’habitude, je préférais penser aux conséquences plutôt que de me consacrer à l’action. Le poil que j’avais dans la main m’empêchait de m’y mettre. Je passais mon temps dans mon lit, l’ordinateur sur les genoux, le regard dans le vague, Internet en toile de fond. Malédiction de la technologie, ma connexion anéantissait tous mes efforts de concentration. Toutes les séries que je pouvais télécharger en un clic me donnaient mal à la tête. J’avais tellement de raisons de ne rien faire ! Je me familiarisais avec l’univers carcéral dans Oz, je m’initiais à la vie de famille aux cotés des Sopranos, je me prenais pour un cow-boy devant Deadwood et je sauvais le monde dans la peau de Jack Bauer. Toutes ces histoires m’empêchaient peut-être d’écrire la mienne mais elles me donnaient l’illusion d’en vivre par procuration. J’aurais pu continuer de la sorte pendant des jours mais j’avais atteint un seuil d’inaction qui remettait en cause mon statut de mammifère. Je ne me levais plus. La forme de mon corps s’était incrustée dans le matelas. J’étais devenu un invertébré, je ne faisais rien, je ne pensais plus. Internet s’en chargeait pour moi. »

Alors, certains jeunes se retrouvent dans ces extraits ? Si vous en voulez d’autres, j’en ai copié encore deux pages…

En faisant des recherches pour cet article, j’ai appris que Romain Monnery a sorti un nouveau livre : Le saut du requin. Je suis pourtant abonnée à sa page facebook depuis son premier roman, mais je ne l’avais pas vu ! Facebook n’affiche plus toutes les actualités. J’ai donc raté les organisations d’interview et rencontres avec l’auteur, quel dommage… mais je m’empresse de lire le nouveau livre et je vous en parlerai… surtout que le personnage principal ressemble à Ignatus, le héros de La conjuration des imbéciles, mon roman préféré. Et que Romain Monnery revendique Philippe Jaenada comme référence.

J’ai lu ici une de ses interview qui conforte nos points communs :

- Que réponds-tu quand on te demande ce que tu fais dans la vie ? (Note de Papillote : mon principal problème dans les soirées) 

« Quand je réponds « je ne fais rien », ça met les gens mal à l’aise. Quand je dis que je suis journaliste, les gens te demandent où et là, tu réponds « nulle part », ça rend aussi les gens mal à l’aise. »

« Je ne me sentirai jamais légitime. C’est une question d’éducation et d’origine sociale. »

« Je suis mal à l’aise avec le côté solennel et sérieux. Du coup, ça me joue des tours à tous les niveaux, car je ne sais jamais comment me positionner par rapport aux gens. Je fais du second degré en permanence et beaucoup de personnes le prennent au premier. »

ça me rappelle quelqu'un... Sur ce, je vous laisse car je n'ai regardé qu'un seul film aujourd'hui (Panic sur Florida beach de Joe Dante) un seul épisode de série (Weeds saison 8) et j'ai encore un bouquin à finir (Demande à la poussière de John Fante) avant d'aller au théâtre (Riviera sur Maurice Chevalier).

 

29/06/2010

Sex and the city avec Dorothy Parker

dorothy parker bio.gifVous croyiez que j’en avais fini avec Dorothy Parker ? Eh bien non : place à sa biographie. Le titre me titille tout de suite : l'extravagante Dorothy Parker. Je le juge un peu gnangnan. Ensuite, c’est le nom de l’auteur qui me turlupine : « madame de Saint » : il m’évoque l’aristocratie coincée, à l’opposé de la progressiste Dorothy Parker... enfin, il ne faut jamais se fier aux apparences...

Dès les premières pages, j’ai l’impression de tomber dans Sex and the city : une critique des gens chics et riches, des journalistes et écrivains célèbres, qui cache mal en fait l’admiration que l’auteur leur porte. Dorothy Parker évoluait dans le milieu mondain des années folles, elle côtoyait les auteurs les plus renommés (Fitzgerald, Hemingway). Elle décrivait dans ses nouvelles l’hypocrisie des amitiés de la haute société. On comprend dans ses écrits que Dorothy Parker méprisait sincèrement ce milieu bourgeois. Or, j’ai senti que sa biographe, elle, est fascinée par ce milieu.

sex and the city.jpgC’est un peu comme Sex and the city. J’aimais bien la série car les scénaristes se moquaient des personnages. Petit à petit, l’ironie a disparu et ces femmes sont devenues des modèles. Bien sûr, officiellement, on rit toujours de leurs gaffes, mais on apprécie aussi leur liberté et leurs tenues excentriques. Pourtant j’ai souvent pensé qu’elles s’habillaient comme des clowns.
L’héroïne Carrie me semble pathétique, puisqu’elle dépense tout son salaire dans des chaussures hors de prix et souvent moches (par exemple celles avec des plumes roses, sur lesquelles Miranda perd les eaux. J'en ai déjà parlé, faut croire que je m'en remets pas). Elle ne peut plus acheter son appartement à cause de ses dépenses inconsidérées, elle est victime du monde superficiel de la mode. Elle en est fière au lieu de d’en désoler. Le pire, c’est que les héroïnes soit disant expertes en amour commettent toutes les erreurs possibles avec les hommes. Bref, ce ne sont vraiment pas des modèles à suivre.

C’est pareil pour les magazines féminins. J’ai appris que certaines  journalistes si drôles, qui donnent des conseils pour draguer les mecs, sont en réalité impitoyables avec leur subalternes, sans humour, aigries car incapables de garder un homme. Le problème, c’est qu’elles donnent des conseils aux jeunes filles qui s’empressent de reproduire ces erreurs…
En faisant des recherches, j’ai lu que l’auteur de la biographie, Dominique de Saint Pern, est rédactrice en chef d’un magazine féminin… je saisis mieux sa description un peu admirative du monde superficiel des gens riches et dépensiers, des belles fringues, des célébrités …

En lisant cette biographie, on constate que, comme les héroïnes de Sex and the city, Dorothy Parker est une victime des hommes et de la mode. Elle choisit les types que je méprise le plus et que je repère à 20 000 km : les plus machos, les plus crâneurs, flambeurs, superficiels, instables et égoïstes, qui la laissent tomber comme une vieille chaussette (après l’avoir engrossée et contrainte à l’avortement, pour l’un d’eux). Pour ces losers, elle se ruine en vêtements de luxe, elle les défend même quand un de ses pauvres types la bat !

Bref, Dorothy Parker n’est pas montrée sous son meilleur jour. Je pensais que les filles décrites dans ses nouvelles étaient inspirées par les femmes de son entourage, pas par elle-même... Du coup je comprends mieux pourquoi Dorothy Parker se méprisait à ce point (elle a même tenté plusieurs fois de se suicider.)
Ajouté à cela, l’écrivain qui était célèbre pour ses bons mots et son redoutable sens de la répartie était aussi connue pour dire du mal de ses amis dès qu’ils avaient le dos tourné. Je n’aime pas vraiment cette mentalité et méchanceté gratuite…

Je finis par le pire de tout, l’inconcevable, l’incompréhensible, l’inacceptable, l’inexcusable, pire que l’hypocrisie, le goût du luxe, de l’argent et des pauvres mecs :
Dorothy Parker adorait les chiens et en possédait des dizaines ! Quelle horreur ! Des chiens ! Les écrivains préfèrent toujours les chats, qu’est ce que c’est que cette hérésie ?
Je plaisante (à moitié).

Sinon, rassurez-vous, Dorothy Parker reste toujours un formidable écrivain féministe. J’ai forcé sur le défaut que je lui ai trouvé, mais cette biographie de Dominique de Saint Pern est très agréable à lire, bien documentée, on ressent facilement la vie mouvementée de Dorothy Parker, même si je n’ai pas adhéré à tous les aspects de sa personnalité… bref, je pense que la plupart de mes lectrices l’apprécierait beaucoup.

Vous avez vu le film sex and city 2 ? il vaut le coup ou ce n'est qu'une longue pub pour des fringues et produits de marque ?

P.S : ce soir je vous conseille la soirée théma sur Arte : "je consomme, donc je suis"