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06/09/2014

Gemma Bovery : places de ciné à gagner

cinéma, places de cinéma à gagner, Fabrice LuchiniMartin (Fabrice Luchini) licencié de son travail d’éditeur parisien, a repris la boulangerie paternelle, dans un village normand, afin de retrouver « l’équilibre et la tranquillité ». C’est raté : il s’ennuie, jusqu’à l’arrivée d’un couple d’Anglais, Charles et Gemma Bovery. Le littéraire trouve alors matière à nourrir son esprit romanesque : il piste la jeune femme en s’imaginant qu’elle est la réincarnation de son héroïne favorite : Emma Bovary… (voir bande annonce en lien)

Ce film possède un charme fou. J’ai gardé un sourire béat pendant toute la séance : haaa, le charme de la campagne normande, cette verdure qui me rappelle ma région, ces maisons en pierre avec les rhododendrons devant la porte… Le charme d’un scénario, surtout d’un héros (Luchini) romanesque, passionné, littéraire, imaginatif… Le charme pédant de Niels Schneider, aussi vénéneux que dans les Amours imaginaires de Xavier Dolan. Le charme de l’actrice Gemma Arterton, sa fraîcheur, son naturel désarmant. Elle faisait déjà succomber un village entier dans Tamara Drewe de Stephen Frears. Ce film était l’adaptation d’une bande dessinée de Posy Simmonds, tout comme l’est Gemma Bovery. 

cinéma, places de cinéma à gagner, Fabrice LuchiniLuchini fait son Luchini, en citant des bons mots littéraires et en pontifiant : « Les gens pensent que la vie à la campagne est merveilleuse, mais il y a énormément d’anti dépresseurs. Ou alors y a le calva. » Si vous faites partie de ceux que l’exubérance du comédien exaspère, vous serez content d’apprendre que les propos de Martin/Luchini sont constamment rabroués par sa femme devant tout le monde, sans qu’il ne bronche. Vous pourrez voir ce film, car le comédien y est assagi, pépère qui aime promener son chien et faire son pain. Il reste observateur et vit sa vie par procuration. Non pas en mettant du vieux pain sur son balcon pour attirer les moineaux les pigeons, mais en offrant du pain maison à sa voisine Gemma, qu’il épie depuis sa fenêtre. Son personnage un peu pathétique est attachant. Personne ne le comprend, sa femme, qui se moque de son imagination fertile, son fils qu’il appelle « le couillon » et qui préfère Call of Duty à Emma Bovary, ce à quoi Luchini répond : « J’aimerais mieux que tu te drogues plutôt que d’entendre des conneries pareilles » 

cinéma, places de cinéma à gagner, Fabrice LuchiniSi vous n’aimez ou ne connaissez pas le roman de Flaubert, sachez aussi que ce n’est pas essentiel, le film n’étant pas une adaptation. Il est plutôt un hommage et une toile de fond, comme l’est Alceste à bicyclette au Misanthrope de Molière, dans lequel Luchini a aussi joué. J’admets avoir lu Emma Bovary adolescente, et comme l’héroïne du film, en avoir pensé « il ne se passe pas grand-chose ». Comme l'exprime Luchini : « C’est quoi Madame Bovary aujourd’hui ? Une prise de tête pour les étudiants qui sont obligés de le lire pour les épreuves du bac ! Grâce à Gemma Bovery, ils vont découvrir une puissance libidinale folle qui se confronte au réel. Et peut-être réviser leur position sur l’auteur. » J’avais pourtant aimé l’adaptation de Claude Chabrol. Même si pour moi Isabelle Huppert est froide et hautaine, tout le contraire de Gemma Arterton, qui correspond mieux à ce personnage sensuel et passionné. 
Comme elle, tous les acteurs sont parfaits, avec une mention spéciale à Elsa Zylberstein, hilarante et insupportable en caricature de grande bourgeoise obsessionnelle et condescendante.

cinéma, places de cinéma à gagner, Fabrice LuchiniJ’ai beaucoup apprécié l’originalité de ce film réalisé par Anne Fontaine. On retrouve la rencontre improbable entre personnages opposés et comiques de Mon pire cauchemar, mais aussi la sensualité de l’excellent et troublant Perfect Mothers.

J’ai le plaisir de pouvoir vous faire gagner 5x2 places pour Gemma Bovery. Pour ceci, il suffit de répondre au quiz papillotien traditionnel :
- Quiz "On connaît le film" : Dans quel film (que j’adore) Fabrice Luchini incarne-t-il un écrivain qui, pour pouvoir publier un livre sur les rapports amoureux,  accepte de séduire une fille choisie par son éditeur, alors qu’il pense qu’elle est « immmoooonde ! » ?
- Quiz "On connaît le livre" : Dans Alceste à bicyclette,  les personnages incarnés par Fabrice Luchini et Lambert Wilson souhaitent adapter une pièce de théâtre. Quel est son titre et qui en est l’auteur ?
- Quiz "On connaît la chanson" : quelle est la chanson citée dans mon texte et qui en est l’auteur ?
Envoyez vos réponses avant ce mardi 9 septembre à midi, par mail (« me contacter » en haut à gauche sous la photo). Les gagnants seront prévenus mardi après-midi. Les places sont valables uniquement en France métropolitaine. Le film sort en salles mercredi.

A vous de jouer et bonne chance !

 

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05/09/2014

La planète des singes : l’affrontement

planete singes affrontement.jpgLa planète des singes fait partie de mes films cultes, comme vous pouvez le voir dans la colonne de gauche. Je cite l’original de Schaffner de 1968, pas l’ignoble remake de Tim Burton (il est pourtant bon réalisateur, qu’est ce qui lui est arrivé ?)
J’ai apprécié le préquel de 2011, Les origines. On y apprend comment les singes sont devenus plus intelligents que les hommes : à notre époque, un scientifique (James Franco♥) cherche un remède à la maladie d’Alzheimer. Il le teste sur le chimpanzé César, qui développe de fortes capacités intellectuelles. A l’inverse, le traitement semble néfaste aux humains. A la fin du film, César s’enfuit avec des doses du vaccin, libère ses semblables, leur injecte le traitement, et part dans la forêt en sachant prononcer quelques mots. Puis on voit juste un type contaminé avoir des saignements de nez et prendre l’avion. On comprend qu’il va diffuser le virus à l’échelle mondiale.

Je pensais que le deuxième film allait reprendre l’histoire où elle s’était terminée, mais non. On se retrouve 10 ans plus tard, la quasi-totalité de l’humanité n’existe plus. On passe directement d’un mec qui saigne du nez à l’humanité exterminée !
Les villes sont détruites à cause d’une guerre (quelle guerre, pourquoi ?) Jamesounet Francounet n’est plus là, remplacé par un acteur falot, Jason Clarke. Les singes, avec toujours à leur tête César, vivent dans la forêt et savent parler et écrire. Des hommes doivent traverser leur territoire pour réparer un barrage électrique. César leur accorde son aide, tandis que son second, Koba, veut déclarer la guerre aux humains.
Donc pendant la moitié du film, le sujet est de savoir si les humains vont avoir le droit de pénétrer dans la forêt. Quel enjeu palpitant ! Puis le but est d’éviter la guerre, sauf que le titre, « l’affrontement » le révèle. On sait donc à l’avance tout ce qui va se passer. On devine même ce que vont dire les personnages, car ils ont la manie de parler très lentement, en mettant un espace entre chaque mot pour faire plus solennel : « Il faut (2 secondes d’attente) tuer (3 minutes) les (on va se chercher un café) hommes » - Non (endormissement) ils sont (ronflement) gentils »

planete singes bataille.jpgIl y avait pourtant matière à faire un bon scénario. Surtout que la nouvelle politique des studios est d’exploiter toutes les idées jusqu'à la moëlle pour faire le plus de films possible. Alors pourquoi ne pas avoir fait ce deuxième opus sur la propagation du virus ? Sur la guerre entre les hommes ? Et pourquoi la guerre au fait, pourquoi les humains ne se sont-ils pas entraidés ? (« les gars, on va tous crever à cause du virus, j’ai une super idée, au lieu de conjuguer notre savoir pour trouver un vaccin, si on accélérait le mouvement en s'entre-tuant et en détruisant notre habitat ? ») J’ai peut-être loupé une explication, assoupie par l'ennui.
Au début j’ai sérieusement cru avoir raté un épisode : « c’est le troisième film en fait ? Il est où Jamesounet ? C’est qui ce con ? »

Alors, oui, c’est intéressant de voir comment une guerre se déclare : par peur et par ignorance. Mais pourquoi faire comme si la guerre était inéluctable, ce qui la justifie ? Tout le long du film, César et son pote humain se démènent et risquent leurs vies pour empêcher la guerre. Quand enfin, après avoir sué sang et eau, le mec parvient à sauver la peau de César, le seul qui peut ramener les singes à la raison, César répond, toujours calmement en mettant trois plombes pour sortir sa phrase « C’était sympa de ta part, mais c’est trop tard, les hommes vont quand même vouloir nous tuer, alors faut qu’on se batte » et il se casse tranquillement. Le brave gars qui a risqué sa vie pour le singe, encore tout transpirant, ne proteste pas « D’accord, salut, à la prochaine, on se fait une bouffe ! ah ben non puisqu’on va s’entretuer maintenant, dommage ! » ce revirement final me paraît ridicule.

Bref, j’ai été déçue par ce deuxième film. Il est quand même pas mal, les effets spéciaux sont époustouflants, le suspense pourtant éventé tient la route, mais j’en attendais tellement...

 

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04/09/2014

Boys like us (enfin presque)

boys like us.jpgRudolf, la trentaine, se fait plaquer par son petit copain. Il décide alors de quitter Paris et de retourner dans son village natal autrichien, au pied des montagnes. Ses deux meilleurs amis, boulets immatures, s’incrustent dans le voyage… (voir bande annonce en lien)

En recevant le pitch, qui commence par « trois amis gays » comme si c’était primordial, j’ai pensé « ok, mais c'est un film uniquement pour les gays ou pas ? » Parce que justement, comme mon nom féminin l’indique, je ne suis pas vraiment Boys like us… Je craignais le film communautaire, qui s’adresse en priorité aux homos, avec des private joke incompréhensibles pour moi, dont je me sentirais exclue. Mais curieuse comme un chat toujours, j’ai voulu vérifier avant de juger.
Ok, l’avant-première avait lieu dans un cinéma du marais… Ok, la salle était majoritairement remplie de gays… Et la fête, dont je pensais qu’elle se déroulerait dans une salle appartenant au cinéma (j’avais adoré la soirée de Dans la cour, avec Catherine Deneuve, Pio Marmaï et plein d’autres acteurs) avait lieu dans un bar. Arrivée parmi les premières, je me suis retrouvée avec les habituées. J’ai vite remarqué que le pub était essentiellement fréquenté par des femmes, certaines cheveux très courts, recouvertes de tatouages, forte carrure et air sévère, qui m’ont tout de suite fait penser à Josiane Balasko dans Gazon maudit…  J’admets qu’au début je n’en menais pas large, toute seule dans mon coin avec ma bière, en regardant mon téléphone pour me donner une contenance (« j’attends mes 45 amis, non non, je ne suis pas du tout seule et perdue dans un monde inconnu… qu’est-ce que je suis venue foutre ici… et si Josiane me drague ? »)
Dans les cocktails ou les projections presse, je ne me sens parfois pas à ma place, les journalistes parlent entre eux, je ne connais personne et reste isolée. Dans le bar, celle qui distribuait les sésames pour obtenir des boissons en a donné à tout le monde autour de moi en m’ignorant, il a fallu l’intervention de la distributrice du film : « Elle est invitée ! » Je n’ai pas su si, comme d’habitude, la serveuse pensait de prime abord que je n’avais pas l’air de travailler dans le milieu du cinéma (ce qui est vrai d’ailleurs, malgré moi), ou si elle m’a prise pour une habituée des lieux ! Rentrée chez moi, j’ai pu vérifier sur le site du bar qu’il est « par et pour les meufs, gouines, bies, trans’, queers » mais le site ajoute « participatif et ouvert à toutEs ». Dont les Boys like us.

Le film est également ouvert à tous, l’homosexualité des personnages n’entre pas vraiment dans les ressorts du scénario. Leurs situations peuvent être partagées par chacun : la recherche de l’amour, l’amitié, le travail… L’un, très anxieux, pense toujours à son ex 6 ans après leur rupture, et croit même le voir à plus de 1000 km de chez lui. L’autre, très cool, préfère enchaîner les conquêtes sans s’attacher. L’un est au chômage et préfère se la couler douce, tandis que l’autre se démène pour trouver un travail.  

J’ai apprécié l’humour un peu décalé et plutôt bon enfant. Le réalisateur se moque gentiment de ses personnages inadaptés à leur environnement : parisiens branchés perdus dans la campagne, décalage culturel entre la France et l’Autriche, gay coincé par une dame qui tente de lui marier sa fille, héros qui retourne après 17 ans dans son village natal resté identique, alors que lui a beaucoup changé…
Lorsqu’un personnage garde des enfants, il est accompagné d’un homme d’apparence inquiétante, couvert de tatouages et carrure d’armoire à glace. Mais lorsque ce dernier parle, on se rend compte qu’il possède une petite voix aiguë et qu’il semble doux comme un agneau. Les mioches ne sont pas du tout effrayés et jouent avec lui à « 1-2-3 soleil », dans un cimetière, comme si c’était un terrain de jeu habituel…

Le film montre ainsi qu’il ne faut pas se fier aux apparences, accepter les différences ; oser aller à contre-courant, et garder l’esprit ouvert et bienveillant. Pourtant les deux boulets n'adoptent pas cette attitude, ils sont peu sympathiques : méprisants ou grossiers avec les gens qui tentent de les aider (serveurs, hôtesse d'accueil etc). Je trouve aussi que le jeu des acteurs sonne assez faux. La comédie est agréable, mais assez anodine et parfois caricaturale. J’ai apprécié les paysages sublimes de la montagne autrichienne, ainsi que la musique d’Haussmann, qui était aux platines lors de la soirée (voir en lien).

 

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02/09/2014

Les combattants : engageons-nous avec eux !

combattants.jpgLa presse est unanime comme dirait Ruquier, et je suis d’accord : ce film est un des meilleurs, si ce n’est le meilleur film français de l’année. Les combattants pourrait d’abord paraître comme une simple comédie romantique estivale : on suit une bande de jeunes, l’été sur la plage. Arnaud (Kévin Azaïs) tombe amoureux de Madeleine (Adèle Haenel). Elle est son contraire : aussi déterminée et dure qu’Arnaud est conciliant et doux. Mais Les combattants n’est pas une bluette pour ados et nous emmène vite vers des contrées inattendues : la jeune fille se prépare à l’imminence d’une catastrophe (à cause du réchauffement climatique, des virus, des guerres etc… ) et pour ça, elle veut suivre un stage de survie de l’armée. Amoureux, Arnaud la suit… (voir bande annonce en lien).

combattants bois.jpgÀ une comédie désopilante et rafraîchissante s’ajoute des thèmes plus profonds et graves :
- la destruction inéluctable de notre environnement. Discours qui reste discret au début (par exemple lorsque l’un des jeunes remarque que les poissons-chats ont supplanté les autres espèces du lac) pour prendre toute la place à la fin. Une conclusion étonnante qui m’a rappelé le très beau et étrange Take Shelter de Jeff Nichols, l’humour et l’ironie en plus.
- L’individualisme forcené, l’absence d’entraide comme le déplore le lieutenant recruteur de l’armée.
- La désillusion des jeunes d’aujourd’hui frappés par la crise et le chômage. L’un d’eux sort d’ailleurs la phrase bateau « moi je reste pas en France, je moisis pas ici c’est mort » comme si l’herbe était plus verte ailleurs. Arnaud doit reprendre l’entreprise familiale, suite au décès de son père, et son stage à l’armée risque de couler les finances de la boîte. Son destin semble tracé par sa famille, mais il se rebelle.

cinéma, les combattants

Le film est découpé en trois parties distinctes qui peuvent presque être vues indépendamment (la comédie romantique sur la plage, le stage à l’armée puis la survie dans les bois.)
Les combattants montre des paysages splendides, avec une  lumière et des couleurs magnifiées. Même la musique électro est originale, dont un titre de Vitalic, je l’ai vu en concert l’année dernière à Rock en Seine. La B.O est vivifiante, elle correspond parfaitement aux personnages. Les acteurs sont parfaits. On a beaucoup parlé de la prestation d’Adèle Haenel. Au début du film, je trouvais que sa moue boudeuse et monolithique était facile et qu’elle parlait trop vite. Mais j’ai vite reconnu sa performance, surtout physique. Son camarade Kévin Azaïs n’est autre que le frère de Vincent Rottiers (je suis heureux que ma mère soit vivante) ! Il est diplômé d’un CAP de plombier et se destinait d’abord à cette carrière… Il a bien fait de changer !

 

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