21/10/2017
I'm a loser
Pas moi, John Lennon. Il écrit cette chanson en pleine Beatlemania, en 1964. Le groupe enchaîne les tournées, les émissions télé, et le studio les somme d'enregistrer deux albums par an pour exploiter le filon. Les jeunes gens sont épuisés, se sentent floués : leur manager, les producteurs se sucrent largement au passage et peu d'argent revient dans la poche des artistes.
Mais la meilleure entourloupe restera celle de Michael Jackson : il rachète tout le répertoire des Beatles en 1989, et lorsque McCartney veut jouer ses propres chansons, il doit en payer les droits... Paul explique : « Je me considérais comme le grand frère de Michael. J'ai accepté de chanter avec lui à ses débuts (avec say say say). Après le succès de Thriller, il m'a dit en blaguant qu'il se paierait un jour mes chansons. Évidemment, cela m'a fait éclater de rire. » Cette déconvenue n'empêche pas Mccartney d'être aussi riche aujourd'hui que la reine d'Angleterre, et Yoko Ono la veuve de Lennon, milliardaire.
L'exploitation des Beatles se ressent bien dans le titre de l'album où paraît I'm a loser : "Beatles for sale". Obligés par contrat de sortir un disque mais n'ayant pas le temps de composer, le duo légendaire propose de simples reprises, mais imagine aussi ses premières chansons sombres et désabusées, dont I'm a loser. Pour celle-ci, Lennon s'inspire de Bob Dylan, dont il est fan : « c'est de moi dans ma période Dylan. Une partie de moi considère que je suis un perdant, une autre que je suis Dieu tout puissant. »
Avec I'm a loser, Lennon s'éloigne des chansons d'amour standards et livre pour la première fois une chanson personnelle :
I'm a loser
Je suis un perdant
I'm a loser
And I'm not what I appear to be
Et je ne suis pas ce que l'on croit
Of all the loves I have won or have lost
De toutes les amours que j'ai gagnées ou perdues
There is one love I should never have crossed
Il est un amour que j'aurais mieux fait de ne jamais croiser
She was a girl in a million, my friend
C'était une fille unique, mon ami
I should have known she would win in the end
J'aurais dû savoir qu'elle finirait par gagner
I'm a loser
Je suis un perdant
And I lost someone who's near to me
Et j'ai perdu quelqu'un qui est proche de moi
I'm a loser
Je suis un perdant
And I'm not what I appear to be
Et je ne suis pas ce que l'on croit
Although I laugh and I act like a clown
Bien que je rie et agisse comme un clown
Beneath this mask I am wearing a frown
Derrière le masque je fronce les sourcils
My tears are falling like rain from the sky
Mes larmes coulent comme la pluie du ciel
Is it for her or myself that I cry
Est-ce sur elle ou sur moi que je pleure
Refrain
What have I done to deserve such a fate
Qu'ai-je fait pour mériter un tel sort
I realize I have left it too late
Je me rends compte que j'ai arrêté ça trop tard
And so it's true, pride comes before a fall
Et c'est bien vrai que l'orgueil précède la chute
I'm telling you so that you won't lose all
Je vous le dis afin que vous ne perdiez pas tout vous aussi
I'm a loser


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18/10/2017
While my guitar gently weeps
La 4ème chanson du quiz n'est pas de Paul enfin ! Pas de John non plus, mais de George ! Elle est même une de mes préférées (oui, petite trahison à mon chouchou) : while my guitar gently weeps.
Elle est écrite en 1968, pendant le voyage des Beatles en Inde, que j’évoquais dans le précédent billet. Sur l'initiative de George, le groupe est parti suivre l'enseignement d'un gourou pour apprendre la méditation transcendantale, qui « permettrait à l'esprit de se diriger vers un « état de silence infini » et de « pure félicité ». Préceptes que les Beatles n'ont pas vraiment intégrés, puisque comme des collégiens rebelles qui fument dans la cour en cachette du prof, ils se retrouvaient secrètement dans leurs chambres pour écrire des chansons (ben il est où le silence infini ?) A leur retour, le groupe a enchaîné les disputes : « et que Yoko elle me soûle, si c'est comme ça je vais aller bouder et enregistrer tout seul dans mon coin » « moi aussi d'abord « « et ben moi je fais encore mieux, je me casse ! »
Ringo révèle : « Je suis allé voir John. Je lui ai avoué : « Je quitte le groupe parce que j'ai l'impression de ne pas être aimé, d'être exclu. Alors que vous êtes tellement proches tous les trois ». John m'a répondu : « Je croyais que c'était vous trois qui étiez très liés ! » Je suis ensuite allé voir Paul et je lui ai dit la même chose. Paul m'a répondu « Je croyais que c'était vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ».
Bienvenue à la cour de récré : Personne ne m'aime ! Je boude, t'es plus mon copain !
Le principe du gourou « restons zen, paix et amour sur tous, aimons-nous les uns les autres » n'est donc pas vraiment compris par les Beatles (Paul révèle qu'il s'endormait pendant les séances et il écourte le séjour). Pourtant ce n'est pas faute du maharashi, qui donne de sa personne. L'actrice Mia Farrow est présente pendant l'enseignement et le maître lui fait des avances poussées (« mais viens quoi, faut mettre en pratique mes conseils, aimons-nous les les autres je te dis ! ») En apprenant la nouvelle John considère dès lors que le gourou est un imposteur (non ?!! pas possible?!!) et compose la chanson accusatrice Sexy sadie :
Sexy Sadie, what have you done ?
You made a fool of everyone
Le calme revient dans le groupe lorsque George fait appel à Eric Clapton pour enregistrer While my guitar gently weeps. La présence d'un tiers impose une discipline. Un adulte est là, les jeunes se tiennent à carreau.
Pour cette chanson, la philosophie indienne ne suffisait pas à George, il a fallu qu'il rajoute la philosophie chinoise. (Haa, 1968, flower power, le lsd… "c'est pas 68, année de la jeunesse ! C'est le vrai monde dehors et déjà le vrai monde il va chez le coiffeur. Alors gnagnagna les guitares, les troubadours, tout ça c'est fini !") Harrison s'inspire du Yi king. Philip K Dick le fait aussi pour son livre Le maître du haut château.
Le philosophe Edgar Morin explique : « Le Yi-King apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais de la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le Yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité. »
Complexité ? Ah bon ?
George dira que cette pensée lui « semblait basée sur le concept oriental selon lequel toutes les choses sont relatives entre elles, opposé au point de vue occidental, selon lequel les choses sont simplement fortuites ». Il veut appliquer cette idée : il décide d'écrire une chanson en partant des premiers mots qu'il lirait en ouvrant un livre au hasard, de telle sorte que le texte qu'il écrirait serait relié à cet instant précis. Il ouvre donc un livre où la première chose qu'il lit est "gently weeps" (« pleure doucement »).
Tiens je vais faire pareil, j'ouvre le bouquin à côté de moi, ça de Stephen King, et je lis : « peut-être encore dans les parages ».
J'invente ainsi la suite :
« est ce que tu resteras sage
ou surgiras-tu caniveau
comme le clown pas beau... »
Mouais, je possède pas le talent de George sur While my guitar gently weeps :
I look at you all see the love there that's sleeping
Je vous regarde tous et je vois l'amour qui est là endormi
While my guitar gently weeps
Pendant que ma guitare pleure doucement
I look at the floor and I see it needs sweeping
Je regarde le sol et je remarque qu'il a besoin d'être balayé
Still my guitar gently weeps
Alors que ma guitare pleure toujours doucement
I don't know why nobody told you
Je ne sais pas pourquoi personne ne t'a appris
How to unfold your love
Comment avouer ton amour
I don't know how someone controlled you
Je ne sais pas comment quelqu'un a pris ton contrôle
They bought and sold you
Ils t'ont acheté et revendu
I look at the world and I notice it's turning
Je regarde le monde et je remarque qu'il tourne
While my guitar gently weeps
Pendant que ma guitare pleure doucement
With every mistake we must surely be learning
A chaque faute commise nous devons en tirer des leçons
Still my guitar gently weeps
Alors que ma guitare pleure doucement
I don't know how you were diverted
Je ne sais pas comment on t'a détourné
You were perverted too
On t'a aussi perverti
I don't know how you were inverted
Je ne sais pas comment on t'a renversé
No one alerted you
Personne ne t'a mis en garde
I look at you all see the love there that's sleeping
Je vous regarde tous et je vois l'amour qui est là endormi
While my guitar gently weeps
Pendant que ma guitare pleure doucement
Look at you all...


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10/10/2017
Jean Rochefort, le grand duc est mort
Je reçois deux sms simultanément. De membres de la famille. Pour qu'ils me contactent, c'est qu'ils ont quelque chose d'important à révéler. Pour qu'ils soient deux, c'est grave. Je comprends tout de suite qu'il y a eu un décès.
Le message fatidique apparaît :
« - T'as vu qui est mort ? Le capitaine a pris la mer. »
Capitaine, mon capitaine ? Robin Williams est déjà mort (lire en lien mon hommage). Captain igloo ? Aussi. Qui a joué le rôle d'un capitaine ?
- « Vois-tu Marthe, quand le bateau de la vie est déjà loin sur la mer, le capitaine doit savoir faire le point dans la tempête. Et pour cela, il a parfois besoin de s'isoler, de prendre du recul avec l’équipage. Et quand les étoiles… »
Quoi ?! Ce capitaine là ? Celui du Crabe-tambour ? Celui de mon top dix des comédies cultes, celui d'Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis ? La plus belle moustache du cinéma français (oui, avant Patrick Dewaere) la plus belle voix de France ex-æquo avec Jean-Pierre Marielle ? Le grand duc ? Lui ?
Non, impossible, je refuse. C'est une erreur. Il est trop cool, trop jovial, un éternel adolescent, avec ses baskets et ses reprises des grands classiques à la sauce « jeune » avec les boloss des belles lettres. (voir en lien madame bovary version 2000). Il est intemporel, traverse toutes les générations, immortel, rien ne peut l'abattre. Même à 87 ans.
Quand Claude Rich est mort récemment à 88 ans, puis Mireille d'Arc à 79 ans, j'y ai tout de suite pensé : « qui sera le prochain de cette génération ? » Belmondo (84 ans), inimaginable. Jean-Pierre Marielle, (85 ans) n'en parlons pas. Rochefort ? Bien sûr que non. Don Quichotte restera là à se battre contre les moulins à vent. (si vous ne l'avez pas vu, regardez l'incroyable Lost in la mancha sur le tournage maudit de Terry Gilliam.)
Le couperet attendait depuis le décès de Philippe Noiret en 2006. Rochefort avait fait un vibrant hommage, à voir ici en lien.
« Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre. » Il faut se rendre à l'évidence. Jean Rochefort est mort. Nous irons tous au Paradis avec lui.
Comme pour tous les Français, Jean Rochefort était pour moi un monument, il faisait partie de ma vie. Enfant, j'écoutais sa belle voix grave me lire des contes sur 45 tours, et j'étais triste d'entendre la clochette pour tourner le disque ou annoncer sa fin : c'était trop court, je le remettais inlassablement. 30 ans après, je connais encore le conte par cœur, j'ai encore la voix de Rochefort dans les oreilles. Je le regardais aussi à la télé présenter les aventures de Winnie l'ourson.
Puis je l'ai vu dans les films populaires du dimanche soir sur TF1, même si enfant je ne comprenais pas tout (« mais pourquoi le monsieur il est au lit avec la dame ? Mais c'est pas sa femme ? » les enfants sont très puritains). Mais comme toute la famille riait, je riais moi aussi. Je l'adorais en fidèle lieutenant de Belmondo dans Cartouche ou Les tribulations d'un Chinois en Chine. Leur complicité transperçait l'écran.
Les deux acolytes se sont connus au conservatoire, avec Marielle, Bruno Cremer, Claude Rich, Philippe Noiret, Annie Girardot... Ils ont fait les 400 coups ensemble, faisant voler en éclat les certitudes de leurs vieux profs de théâtre bougons et ringards, anecdotes croustillantes qu'ils révèlent dans leurs autobiographies (par exemple dans celle de Belmondo ici). Une amitié indéfectible qui les unira jusqu'à ce que la mort les sépare.
Comme la plupart de ses compères cabotins, le jeune Rochefort faisait le désespoir de son père. Rêveur farfelu, il délaissait ses études. Son paternel le rêvait comptable et le comparait à son frère, brillant polytechnicien droit dans ses bottes, lui. Jean accepte à 16 ans un poste à la banque de France, mais s'y ennuie ferme. Il se rebelle enfin à 19 ans, se pointe devant le conservatoire, hésite encore à braver son père en attendant 4 heures avant de pousser la porte. Mais il s'est trompé : c'était le conservatoire de musique… Il prend enfin des cours de théâtre, où il rencontre ses potes fanfarons, piètres acteurs pour leurs professeurs, mais qui seront les modèles des générations futures. Rochefort rate cependant le concours d'entrée au conservatoire et songe au suicide. C'est son ami Marielle qui le convainc d'auditionner pour une compagnie, lui fait répéter son texte, l’accompagne à l’audition, où Rochefort est pris et entame sa longue carrière. Il traîne son flegme et son humour simultanément tendre et sarcastique dans plus de 120 films. "Quand on veut amuser les autres, on se doit d'être douloureux soi-même".
Le plus souvent abonné aux seconds rôles, Jean Rochefort a joué dans les comédies françaises les plus populaires, mais aussi des rôles tragiques comme L'horloger de Saint Paul de Tavernier (à voir ce soir sur C8). Avec ce dernier, il joue aussi dans Que la fête commence.
L'acteur reste fidèle aux mêmes réalisateurs. Tout particulièrement Yves Robert, pour lequel il tient un rôle dans Le grand blond avec une chaussure noire, Courage fuyons (voir extrait très drôle en lien), Le bal des casse pieds et bien sûr Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, rediffusés à la suite ce soir sur France 2 et à ne pas rater. Vous pouvez relire ici les meilleures répliques.
Rochefort joue aussi dans de grands films de Patrice Leconte. Je l'apprécie particulièrement dans le très fin Ridicule qui rivalise de mots d'esprits, (diffusé hier) et dans l'émouvant Tandem. Dans ce film, l'acteur interprète un présentateur de jeu radiophonique un peu ringard qui sillonne les villes de France, avec son ingénieur du son timide, pour lequel il apparaît comme un mentor. Son émission va être supprimée, ses certitudes et sa vision du monde volent en éclats. (Voir son coup de gueule contre les gens en jogging... ) L'émouvante chanson il mio rifugio a été composée exprès pour le film. Du duo Rochefort/ Leconte, Le mari de la coiffeuse m'avait touchée, par sa vision poétique et passionnée de la vie conjugale (le film est diffusé jeudi sur Arte). J'ai adoré voir réuni le trio de choc Rochefort/Marielle/Noiret dans Les grands ducs.
Jean Rochefort collabore avec les réalisateurs les plus drôles : Pierre Salvadori dans le film à l'humour noir Cible émouvante (voir en lien), Bertrand Blier avec Calmos, Audiard (comment réussir quand on est con et pleurnichard) Philippe De Broca, Francis Veber (Le placard), mais aussi Etienne Chatiliez, Edouard Molinaro, Alain Chabat, Laurent Baffie, Antoine De Caunes, Edouard Baer…
Depuis hier, j'ai en tête la musique planante que Vladimir Cosma a composé pour Un éléphant ça trompe énormément. (à écouter en lien). Le bruit de la mer, des mouettes, qui incitent à la rêverie et à la nostalgie d'un paradis perdu... Tu nous manqueras Jean.


19:41 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean rochefort, un éléphant ça trompe énormément, cinéma, cinéma français | |
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08/10/2017
Hey Jude, ne gâche pas tout
La 3ème chanson du quiz Beatles est encore et toujours de Paul. Mon chouchou l'a écrite en 1968, à l'intention de Julian Lennon, le fils de John, pour le consoler du divorce de ses parents. Je vous ai expliqué dans mon précédent billet comment John a trouvé son nouveau gourou Yoko Ono qui lui a retourné le cerveau. Non seulement il quitte les Beatles pour elle, mais il quitte aussi sa femme Cynthia, et surtout leur fils Julian...
En 1957, à 17 ans, John rencontre les personnes déterminantes de sa vie : tout d'abord Paul, 15 ans, l'ami d'enfance de ce dernier, George, 14 ans, avec lesquels il formera les Beatles, puis Cynthia, la fille qui partagera sa vie pendant plus de dix ans. John est inscrit aux Beaux arts. Il arbore un look de teddy boy et vient les mains dans les poches à l'école. Le rebelle emprunte constamment les pinceaux et crayons de celle qu'il a choisie comme voisine de classe : Cynthia. S'il vient sans rien pour dessiner, il débarque pourtant un jour avec sa guitare (très utile pour peindre), pour impressionner sa proie belle et lui jouer la sérénade : ain't she sweet. Cynthia rougit comme une tomate et s'enfuit du cours (non ce mec ne me fait aucun effet ! Je ne céderai pas !)
Lennon tente alors une autre tactique : la rendre jalouse, en vantant la beauté d'une autre élève qui ressemble à Brigitte Bardot. Quelques jours après, Cynthia se pavane avec les cheveux décolorés (aïe ! Ne jamais perdre son identité pour plaire à un homme !) Lennon comprend que le poisson est ferré et l'invite à la fête de fin d'année. Il l'ignore toute la soirée ce malotru, et lorsque la délaissée finit par quitter les lieux (il se fout de ma gueule ce petit con ? Je me fais belle pour lui et il laisse Bébé dans un coin ? ), il la retient et l'emmène directement dans la chambre de son copain Stuart (le premier batteur des Beatles). Commence alors une relation pas franchement romantique : si le lit du pote est occupé, Lennon fait ses petites affaires dans la rue. En plus, il se montre d'une jalousie excessive, et gifle par exemple Cynthia lorsqu'elle a le malheur de danser avec Stuart. Elle rompt (bien fait pour lui !) mais elle revient lorsque John s'excuse (trois mois après !)
La relation se poursuit et 5 ans plus tard, à 23 ans, Cynthia se découvre enceinte : « nous n'avons jamais employé de méthodes contraceptives et nous n'en n'avons même jamais parlé ». (mais alors comment a t-elle pu tomber enceinte ? C'est un miracle ! Surtout d'y avoir échappé pendant 5 ans !) John lui répond « il n'y a qu'une chose à faire, Cyn, marions-nous ».
Le mariage est aussi romantique que leur relation. Pas de fleur, pas de photographe. La tante de Lennon, qui l'a élevé après la mort de sa mère, désapprouve et n'y assiste pas. Seuls Paul et George sont présents, ainsi que Brian le manager des Beatles, et le clou du spectacle : un ouvrier, qui se dit que c'est le bon moment de jouer du marteau-piqueur alors que les mariés sont en train de prononcer leurs vœux : personne ne les entend dire le fameux "oui je t'aimerai toute ma vie mon roudoudou, pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire". Le soir même, Lennon part en concert comme à son habitude. Il est devenu célèbre, et pour plaire à ses fans hystériques (et pour pouvoir se les faire tranquillement), sa femme est cachée le plus longtemps possible à la presse.
En 1968, Cynthia découvre des lettres de Yoko Ono adressée à John. Ce dernier nie toute relation amoureuse, racontant que Yoko est juste une « artiste folle » voulant être parrainée (ah l'enflure). le couple et les Beatles partent en Inde suivre l'enseignement d'un gourou (non, pas Yoko Ono). Là-bas, Lennon ne dort plus avec sa femme, prétextant ne pas réussir à méditer correctement en sa présence (plus c'est gros...) En réalité cette astuce lui permet de se rendre chaque matin au bureau de poste pour recevoir les télégrammes de Yoko. Cynthia révèle : « Je pensais que notre parenthèse magique avec le Maharishi serait la réalisation de notre mariage, mais en réalité ça en a été la fin. »
A son retour, saoul et drogué à la coke, John avoue à Cynthia qu'il l'a trompée « avec des milliers de femmes à travers le monde » et détaille délicatement ses liaisons avec ses groupies. Puis il invite son épouse adorée à partir en vacances seule avec des amis, au loin (t'as pas l'air bien, ça te reposera, t'as vu comme je suis prévenant, quel mari idéal.) Quand Cynthia revient plus tôt que prévu chez eux, en mai 1968, elle y trouve Yoko Ono dans son salon, avec un détail bien vaudevillesque : les pantoufles de la rivale devant la porte de leur chambre. (normal, moi aussi je débarque chez les gens avec mes pantoufles). Mais John lui annonce le lendemain « C’est vous que j’aime Cyn... toi et Julian. Je t’aime maintenant plus que jamais » (je ne dirai rien, il ne faut pas tirer sur une ambulance).
En réalité, pendant l'absence de Cynthia, John enregistrait un album de chansons expérimentales avec Yoko, le fameux disque où ils sont à poil sur la pochette (nan mais je te jure, c'est de l'art, c'est plato-nique !) 6 mois après, il demande le divorce. « Le règlement financier a été retardé par le refus de Lennon d’offrir £ 75 000, disant au téléphone à Cynthia qu'elle ne valait pas plus ». (puis il n'a sûrement pas les moyens, il n'a vendu que des millions de disques avec son groupe inconnu.) Il épouse Yoko Ono en mars 1969.
C'est dans ce contexte de conte de fées que Paul écrit Hey Jude, lorsque Cynthia découvre sa rivale (et ses pantoufles). Paulo décide de réconforter l'épouse délaissée et son fils : « Nous étions très amis depuis des millions d’années, et j’ai pensé que c’était un peu brutal pour eux, de devenir subitement des personae non gratae et de sortir de ma vie par la force des choses »
Cynthia Lennon se souvient : « J’ai été vraiment surprise quand un après-midi, Paul est arrivé chez nous, tout seul. J’ai été très touchée qu’il se préoccupe ainsi de notre bien-être. Après nous avoir rendu visite, il a composé Hey Jude dans la voiture. Je n’oublierai jamais ce geste de Paul. »
Score à la première manche : Paul chouchou : 12/ John crevard : -28
La chanson s’appelle dans un premier temps Hey Jules, puisqu’elle est destinée à réconforter Julian : « Je suis parti de cette idée, Hey Jules, et ça disait « Julian, ne le prends pas mal, prends une chanson triste et rends la meilleure. Hé, essaye de t’arranger avec cette terrible histoire ». Je savais que ce ne serait pas facile pour lui. Je me suis toujours senti désolé pour les enfants, lorsque leurs parents divorcent. J’ai donc eu cette idée au moment où je suis allé les voir. Puis j’ai changé en Jude car je trouvais que ça sonnait un peu mieux. »
Julian dévoile qu’il était plus proche de Paul que de son propre père : « On était souvent ensemble, Paul et moi. Nous étions vraiment très amis, et il me semble qu’il y a beaucoup plus de photos de cette époque où on nous voit jouer tous les deux, que de photos de moi avec mon papa ». (voir photo ci-dessous)
Résultat au second round : Paul choupinou : 45/ John crevard : -220.
John Lennon, toujours égocentrique, estime cependant que la chanson lui est destinée : « Je l’ai toujours écoutée comme une chanson pour moi. Si on y réfléchit un peu, Yoko venait de débarquer dans le décor, et Paul dit « Hey Jude/Hey John ». Les mots « go on and get her » par exemple. Inconsciemment, Paul disait « va de l’avant, laisse-moi tomber », mais consciemment, il ne voulait pas que je m’en aille. »
Effectivement, John largue aussi Paul et les Beatles dans la foulée.
Mais les paroles de Hey Jude restent universelles et chacun peut s'y reconnaître (Paulo est trô bô sur la vidéo ♥:
Hey Jude, don't make it bad
Hey Jude, ne gâche pas tout
Take a sad song and make it better
Prend une chanson triste et rend la meilleure
Remember to let her into your heart
Souviens-toi de lui laisser une place dans ton cœur
Then you can start to make it better
Après seulement les choses iront mieux
Hey Jude, don't be afraid
Hey Jude, ne sois pas effrayé
You were made to go out and get her
Tu es né pour la faire tienne
The minute you let her under your skin
Dès que tu l'auras dans la peau
Then you begin to make it better
Tu commenceras à faire quelque chose de meilleur
And anytime you feel the pain, hey Jude, refrain
Et à chaque fois que tu as mal, hey Jude, laisse tomber
Don't carry the world upon your shoulders
Ne porte pas le monde sur tes épaules
For well you know that it's fool, who plays it cool
Tu sais bien que c'est une folie, qui rend tout facile
By making his world a little colder
Rendant son monde un peu plus froid
Hey Jude, don't let me down
Hey Jude, ne me laisse pas tomber
You have found her, now go and get her
Tu l'as trouvé, maintenant prends-la
Remember, to let into your heart
Souviens toi, de la laisser entrer dans ton cœur
Then you can start to make it better
Après seulement les choses iront mieux
So let it out and let it in, hey Jude, begin
Laisse la sortir, laisse la venir, hey Jude, commence
You're waiting for someone to perform with
Tu attends quelqu'un pour jouer avec toi
And don't you know that it's just you, hey Jude you'll do
Et ne sais-tu pas que c'est juste toi, hey Jude qui dois le faire
The movement you need is on your shoulder
Le mouvement dont tu as besoin est sur ton épaule
Hey Jude, don't make it bad
Hey Jude, ne gâche pas tout
Take a sad song and make it better
Prend une chanson triste et améliore-la
Remember to let her under your skin
Souviens toi qu'il faut l'avoir dans la peau
Then you begin to make it better
Et après seulement tu pourras la rendre meilleure
Better, better, better, better, better...


20:45 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul mccartney, beatles, hey jude | |
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