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19/02/2018

Série coup de cœur : En analyse

sériesA chaque épisode, un psy (Gabriel Byrne) fait face à un patient. Un dialogue, des questions existentielles. Toujours le même décor vieillot d'un cabinet de médecin. En huis clos, la caméra bouge peu, des champs contre champs, des gros plans. Les personnages restent assis sur leurs fauteuils. Seules scènes d'action : parfois ils se lèvent pour se faire un café. Suspense insoutenable : vont-ils prendre du sucre ou pas ? Un jour le héros a fait tomber sa tasse: je ne m'attendais pas à un rebondissement (cas de le dire) et à une telle scène d'horreur (un si joli pull taché !) j'ai fait un bond de deux mètres.

Je connaissais la réputation de la série, qui date de dix ans, mais je n'avais pas voulu me lancer jusque-là, peur que ce soit ronflant. Eh bien pas du tout : c'est passionnant et intense, et d'une grande finesse. Chaque épisode se consacre à un patient, que l'on revoit tous les cinq épisodes. J'avais hâte de connaître la suite et j'enchaînais pendant des heures. Une saison contient 45 épisodes de 25 minutes, et on a vraiment l'impression de s'immerger dans d'autres vies, à tel point que je n'ai pas pu encore regarder la saison 2, avec de nouveaux personnages, car je m'étais trop attachée aux premiers.
On suit par exemple Laura, le rendez-vous du lundi matin, dont on comprend au fil des séances que pour se sentir aimer et exister, elle a besoin de plaire et séduire tout le monde, dont son psy... Résistera t-il au transfert et à la drague insistante de sa patiente ? On suit aussi un couple qui ne cesse de se disputer et on en découvre peu à peu les vraies raisons complexes et profondes. Tout le monde peut s'y identifier : les problèmes de communication et leurs malentendus, les attentes trop élevées, croire que l'autre réagit forcément comme nous et devine ce que l'on pense et ressent...
Le psy traite également un pilote d'avion de chasse très narcissique et prétentieux, obligé par sa hiérarchie de consulter après avoir bombardé par erreur une école en Irak. Pour lui il n'a pas de séquelles car il est un dur, mais il dévoile peu à peu ses failles, et on finit par s'attacher à cet homme peu aimable de prime abord.

La série pose aussi ces questions : peut-on soigner et écouter quelqu'un que l'on n'apprécie pas, auquel on ne peut s'identifier ? Et au contraire, peut-on réussir à garder ses distances, ne pas se laisser submerger par les émotions à force d'entendre des gens malheureux ? Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Le héros a bien du mal à s'appliquer à lui-même l'écoute et les conseils qu'il prodigue. Son couple bat de l'aile et il doit lui-même voir un psy, où il se révèle sous un autre jour.

En analyse montre comment le patient se mure derrière une langue de bois, une fanfaronnade, comment le psy (et le spectateur) devine qu'il cache quelque chose, comment il l'amène à se confier sans le brusquer...
Je parlais toute seule à mon ordi pour poser les questions à la place du psy, mais à la manière d'un commentateur de match de foot :
"Nan mais j'y crois pas, tu dragues ton psy là ?"
"C'est ça essaie de nous faire croire que tu t'en fous !"
" Ouais en gros t'es anorexique quoi"
"Putain mais comment tu laisses ta nana te parler comme ça ? Mais quelle grognasse ! Pourquoi tu rampes à ses pieds alors qu'elle te traite comme un chien ? Mais quitte-là !"
"Bon c'est quoi ton problème ? T'arrêtes de tourner autour du pot ?"
Tact, diplomatie, finesse... Je ferais une super psy, j'en suis sûre.

 

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15/02/2018

Engrenages, une série policière ultra réaliste

sériesEngrenages a débuté en 2005 mais je ne l'avais jamais regardé, car je gardais un à priori sur les séries françaises, forcément du niveau de Julie Lescaut ou Plus belle la vie. Mais face aux critiques élogieuses, je me suis laissée tenter.
Au début, mes craintes étaient confirmées : la mise en scène de la première saison est kitsch à souhait, avec des zooms et une musique tonitruante aux moments cruciaux. Comme souvent aussi dans les séries françaises, je trouvais que les acteurs jouaient très mal, en particulier Grégory Fitoussi, embauché pour sa belle gueule et aussi crédible en substitut du procureur que moi en Lara Croft (quoique, je pense que je serais plus adaptée). En me renseignant, je découvre qu'il a commencé sa carrière dans Sous le soleil... J'ai d’abord pensé qu'il aurait mieux fait d'y rester, car son visage reste toujours inexpressif, qu'on lui annonce l'implication de son meilleur ami dans une affaire sordide ("ah, flûte "), qu'il regarde un cadavre éviscéré ("c'est pas joli. Sinon on mange quoi à midi ? ") qu'il défende un innocent au tribunal ("je crois que c'est pas lui ") ou qu'il déclare sa flamme ("t'es sympa "). Dans la deuxième saison, soit je me suis habituée à son absence de jeu, soit il a enfin pris des cours. La mise en scène ridicule a aussi disparu.

Les premières saisons évoquent plusieurs vraies affaires criminelles. C'est intéressant mais ça donne parfois un aspect décousu, car les histoires ne sont pas assez approfondies, un épisode chacune. Les saisons suivantes se concentrent enfin sur une ou deux histoires, mais elles tirent parfois sur la longueur : les premières saisons comportaient 8 épisodes, les suivantes 12. 4 épisodes de trop selon moi pour résoudre les enquêtes :
Episode 6 : "on a démasqué le tueur ! Reste plus qu'à le choper ! " épisode 7 : "on l'a trouvé !" épisode 8 : "mince il vient de partir" épisode 9 : "flûte, encore raté". épisode 12 (30 ans et 450 meurtres plus tard, les flics en fauteuils roulant et la tremblote) : "c'est bon on le tient ! File-moi les menottes pépé !")

sériesLes enquêtes policières classiques ne sont pas ce qui m'emballent le plus (démantèlement d'un réseau de prostitution (saison 5), de drogues (saison 2), arrestation d'un serial killer (saison 3) de terroristes (saison 4)... Ce qui me plaît, c'est la description fascinante des rouages de la justice, absolument pas impartiale, surtout lorsqu'elle concerne des personnes hauts placées ou des hommes politiques. Le juge d'instruction, seul honnête et intraitable face à la corruption, est vraiment mon héros.
La série explique également très bien la guerre des polices entre la brigade criminelle et la Direction de la Police Judiciaire, qui se tirent dans les pattes pour obtenir des promotions et ne se transmettent pas les infos. Pendant ce temps-là, le serial killer a le temps de courir :
"Mais vous saviez qu'il était là ? Pourquoi vous nous l'avez pas dit ? 
- Parce que c'est lui le meurtrier ? On savait pas ! Pourquoi vous nous l'avez pas dit ? "

Le fonctionnement d'une équipe de police, les rapports humains, le manque de moyens, sont aussi très bien retranscrits, car la série se base essentiellement sur des affaires réelles (comme l'affaire Neyret ou des meurtres de la gare de Perpignan) et les confidences de vrais policiers, ce qui fait toute la force d'Engrenages : son réalisme, ça sent le vécu. Le scénariste Eric de Barahir est un ancien flic.
Le monde des avocats est aussi très bien dépeint (comment défendre des ordures ? Comment garder la distance nécessaire avec ses clients, ne pas trop s'y attacher et mettre ses émotions de côté ?) Audrey Fleurot en avocate avide sans scrupules est bien loin de son rôle de dame du lac de Kaamelott, et elle est aussi garce qu'elle est belle.

Le personnage principal, le capitaine Berthaud, est jouée par une femme, qui m'épate par son charisme, mais devient un peu chiante au fil des saisons. Les scénaristes ont dû penser "il faut qu'on cède aux clichés de la femme hystérique soumise à ses hormones et au besoin d'enfant, on va la faire gueuler et chouiner de temps en temps". Ses collègues sont impeccables aussi, celui qui concilie difficilement vie de famille et boulot qu'il voudrait plus pépère, et Gilou le gros dur au cœur tendre qui a une conception un peu moins honnête de son taf, en fricotant un peu trop avec ses indics et les dealers... Par contre je ne peux pas piffrer le commissaire de la brigade criminelle, je ne comprends pas pourquoi Laure fricote avec ce gros con pédant alors qu'elle a Gilou, un type aux petits soins pour elle sous ses yeux.
Bref, Engrenages, une série à voir, vivement la suite !

 

 

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12/02/2018

Série à voir : Le bureau des légendes

bureau légendes.jpgOui, les Français sont capables de faire de bonnes séries ! La preuve avec cette immersion au sein de la DGSE, dans Le bureau des légendes. On y forme les espions à envoyer dans d'autres pays sous une fausse identité, afin de récolter des renseignements et recruter des personnes sur place. On suit dans la première saison la préparation d'une nouvelle recrue, Sara Giraudeau, fille de, qui a les mêmes yeux que son père, joue très bien mais possède une insupportable voix suraiguë de petite fille et le physique d'une planche à pain. Personne ne se douterait que cette jeune femme fragile et naïve berne tout le monde.

Sa formation est fascinante, réaliste, comme le confirme le film de Frédéric Schoendoerffer, Les guerriers de l'ombre, sur les "clandestins" comme elle : le test du film Spy game avec Brad Pitt, repris dans la série, est réellement un exercice qu'on donne au novice : montrer une fenêtre d'un immeuble et lui demander d'y apparaître en moins de 15 minutes.
Le bureau des légendes révèle les problèmes d'identité qui se posent à l'espion lorsqu'il reste trop longtemps dans son rôle, dans un pays loin de ses proches, dont il cache l'existence. A force de convaincre tout le monde qu'il est un homme d'affaires célibataire, l'agent secret marié deux enfants finit par le croire. Beaucoup d'espions divorcent, une vie de famille est incompatible avec un éloignement de plusieurs mois sans possibilité de contact, et au retour, l'obligation de cacher son réel emploi :
"Salut chérie, je reviens de mon projet de planter des choux dans le désert, désolé, pas eu le temps d'appeler !
- T'étais où encore ? Chez une grognasse, c'est ça hein ?
- Mais non ma biche je te jure ! En fait j'avoue tout, j'étais en mission ultra secrète, je suis agent secret comme James Bond ! 
- C'est ça oui, prend moi pour une cruche !"

séries à voir L'espion ne peut même pas briller en société en racontant ses aventures. Pour passer inaperçu et éviter les questions, il fait croire à ses amis qu'il exerce un métier inintéressant et rébarbatif. Tout le monde le prend pour le brave pépère fonctionnaire, comme Thierry Lhermitte dans La totale de Claude Zidi (ou son remake par James Cameron, True Lies avec Schwarzenegger.) 

Pour soutirer des informations, certains agents sont parfois contraints d'user de leurs charmes et payer de leur personne... Car pour rencontrer monsieur Li, il vaut mieux avoir une bonne couverture, sinon il serait dans de beaux draps.
L'agent finit aussi par s'attacher à ceux dont ils soutirent des infos, parfois à leur insu, et un problème de conscience se pose lorsque ceux-ci sont démasqués et tués :
"alors comme ça t'as donné le secret de la centrale atomique à James Bond ?
- Mais pas du tout, c'est Gérard mon collègue planteur de choux...
- Tu n'es pas seulement un lâche, tu es un traître, comme ta petite taille le laissait deviner !
- Mais madame je vous jure !"

L'espion peut aussi tomber amoureux, ce qui est formellement interdit car compromet sa mission. C'est ce qui arrive dans Le bureau des légendes à Malotru (Mathieu Kassovitz). Puisqu’il ment et ne peut pas rester dans le pays infiltré, une histoire d'amour est impossible (on se demande aussi ce qu'il peut bien trouver à ce glaçon de Nadia el mansour, mais barre-toi mec).

Les enjeux des agents secrets sont formidablement retranscrits dans la série, surtout à travers le rôle incarné par Matthieu Kassovitz. Si ses grands yeux innocents convenaient parfaitement à son personnage romantique et timide d'Amélie Poulain, et à son rôle de poltron se rêvant glorieux résistant dans le très bon film de Jacques Audiard Un héros très discret, je trouve qu'il ne convient pas au personnage d'espion qui porte l'avenir de la France sur ses frêles épaules. Tous les autres acteurs sont formidables, à commencer par les rôles féminins. La quatrième saison verra l'arrivée des yeux de psychopathe et la voix grinçante de Matthieu Amalric, j'ai peur (rendez-nous Darroussin!)

A suivre : Engrenages

 

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08/02/2018

Série à voir : Narcos

narcos.jpgLa traque par des agents de la DEA du plus célèbre narco trafiquant, Pablo Escobar. Sa vie est incroyable : né dans une hutte sans eau ni électricité dans une famille de 7 enfants, il devient l'un des hommes les plus riches du monde grâce au trafic de cocaïne. Sa fortune est estimée à 54 milliards de dollars, avec des dizaines de villa de luxe, un zoo, 1700 employés... Le strict nécessaire quoi. Il vise toujours plus haut :
« Vendre en Colombie ? Non, ciblons plutôt les Etats-Unis ! » ( 80 % de la cocaïne consommée en Amérique est fournie par Escobar).
« C’est sympa d’avoir du pouvoir, si je devenais président de la république ? Je vais me débarrasser de mon rival, ce sera encore plus facile. Je mets une bombe dans l’avion qu’il prend. Bon, il n’est pas monté dedans finalement et ya eu 100 morts pour rien. Mais fallait pas m’embêter aussi ! Quoi, vous voulez me foutre en taule, vous avez des preuves ? Eh ben na, je fais sauter le parlement où elles sont stockées. Vous n’êtes pas contents ? Je mets des bombes partout, dans les magasins, devant les écoles, je tue au hasard. Vous avez enfin des témoignages contre moi, vous pouvez me mettre en prison ? Ok, mais je la construis moi-même, et je m’enferme dedans avec tous mes copains, un terrain de foot, un jacuzzi, des putes et fiesta à volonté. Quoi ça ne vous plaît toujours pas ? Ben si c’est comme ça, je me casse, je m’évade, venez me trouver ! »

La série montre les paradoxes d'Escobar, capable de tuer froidement des centaines de personnes, mais qui chouchoute ses enfants et proches (comme le raconte dans cette interview son fils, il fait livrer des fleurs et des chocolats de Suisse à sa femme par jet privé. Une bonne idée toute simple à soumettre à votre conjoint pour la saint Valentin). Cet assassin est pourtant adulé par une partie de la population, car sa fortune lui a permis de créer des hôpitaux, des écoles et de donner du travail aux plus pauvres à travers son trafic de drogue.
Narcos, encore une preuve que la réalité dépasse la fiction. A voir, et en attendant, écoutez ici la musique du générique.

A suivre : Le bureau des légendes

 

 

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