01/05/2017
J'ai testé pour vous : faire un malaise à un concert
Désormais, j'ai donc l'habitude de me rendre à des concerts en connaissant à peine l'artiste. Parce que j'apprécie quelques chansons, parce qu'on m'invite, pour accompagner ou faire plaisir à un ami. Je me rends à la billetterie pour acheter des places à offrir :
- Je voudrais des places pour Aidan Rachel
La caissière cherche longuement : - Je ne trouve pas. Vous pouvez me l'épeler ?
Aidan, comme le prénom du mec cool que Carrie Bradshaw aurait jamais dû larguer dans Sex and the city, c'était le seul normal ! A la place elle va avec un gros pif laid hyper prétentieux, juste parce qu'il est millionnaire, beurk ! Puis Rachel comme le nom de Jennifer Aniston dans Friends ?
- Non désolée, je ne trouve pas
La file d'attente s'allonge et s'impatiente derrière nous.
- Vous êtes sûre que ça s'écrit comme ça ?
- Je ne sais pas en fait…
Elle a l'air de penser : mais vous connaissez au moins la personne que vous allez voir en concert ?! Ben c'est pour offrir, et j'ai entendu au moins 5 chansons, ce qui est déjà bien pour moi dernièrement !
Après 3 heures de recherche et une file d'attente qui fait le tour du pâté de maison, on trouve enfin la bonne orthographe : Idan Raichel. Je m'étais juste trompée d'emplacement où mettre le i. C'est pas logique aussi.
Le concert se déroule dans la petite salle du New Morning, habituellement réservée au jazz. On arrive bons derniers (l'estomac sur pattes était bien obligé de se sustenter avant) toutes les places assises sont prises. Mince, mémé va devoir rester debout. On achète des bières pour patienter (j'ai hésité, mais pour une fois je n'ai pas ramené ma propre canette) et on trouve un poteau libre contre lequel s'accouder, au milieu de la salle bondée. Il fait très chaud, je n'ai pas la place pour me contorsionner et enlever mon manteau, que je ne saurai pas où poser, je bois vite pour me désaltérer et me remplir le ventre car je n'ai pas assez mangé à mon goût (j'avais sauté l'indispensable goûter).
L'artiste entame quelques notes et tout d'un coup, je vois quelques petits points noirs devant mes yeux, puis plusieurs… Mes oreilles bourdonnent, le son part, s'éloigne de plus en plus, j'entends un brouhaha incohérent dans mes oreilles, comme le ressac de la mer. La houle se produit aussi sur mon estomac, j'ai l'impression d'être sur un bateau qui tangue… Puis je n'entends plus rien, je vois tout noir et je m'écroule sur le poteau. J'aurais pu m'évanouir comme une princesse dans les bras de mon prince charmant « ooh je me sens défaillir ! » et me faire réveiller par un baiser, mais non, j'ai préféré m'écrouler sur un poteau toute seule comme une clocharde poivrote. Sacrée moi, je l'avais pas encore fait celle-là. Le petit voyage dure deux ou trois chansons, puis mon ouïe et ma vue reviennent à la normale, et je peux regagner la terre ferme. J'attends l'entracte, d'être sûre que la mer soient redevenue limpide et que le capitaine du bateau tienne bien la barre pour signaler :
- Je crois que j'ai fait un petit malaise…
- Hein ? Tu veux qu'on rentre, j'appelle un taxi ?
Oh ben non, maintenant que j'ai bravé la tempête, tout va bien ! Puis le spectacle n'est pas terminé et j'ai pas fini ma bière !
Au concert de Mylène Farmer (quand je vous dis qu'on me traîne à tous les concerts possibles) on a attendu plus d'une heure debout au fond de Bercy. Quand la diva a enfin fait son apparition, toujours avec une mise en scène élaborée et grandiose, la femme devant moi s'est effondrée. J'ai pensé qu’elle était tellement fan que voir enfin son idole l'avait submergée d'émotions. Et puisqu'elle a été évacuée par les pompiers avant le début, elle a raté tout le concert qu'elle attendait comme le messie…
Là, je m'évanouis aussi lorsque l'artiste apparaît, mais pas d’idolâtrie, puisque je ne sais même pas épeler le nom du chanteur.
Sur les images vues sur internet, il portait un calamar sur la tête, des dreadlocks. C'est avec surprise que je vois débarquer un type complètement chauve : « tain c'est pas vrai, je me suis encore trompé de nom, c'est pas lui ?! » Mais le mec nous annonce dans un anglais approximatif que sa copine l'a forcé à raser sa coiffure hideuse. Il faut toujours écouter les femmes, les voix de la raison.
Il entame sa première chanson, qui m'est inconnue, surtout avec le bruit de la mer qui vient s'engouffrer dans mes oreilles…
Suite demain
17:49 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : concert, musique, idan raichel | | Facebook
29/04/2017
J'ai testé pour vous tous les styles de concert, suite
Je me rends donc à un concert d'une artiste qui m'est inconnue, Laura Gibson. On se retrouve dans une cave, avec un bar au fond de la salle et le serveur qui se prend pour Tom Cruise dans Cocktail et fait s'entrechoquer les gobelets en les secouant « c'est parti ! Un mojito pour la petite dame ! » Il couvre la voix de la pauvre chanteuse à 10 mètres de lui. Plus la soirée avance, plus les gens accoudés au bar sont alcoolisés et rient fort. On n'entend parfois même plus la malheureuse artiste, déjà que j'ai du mal à comprendre ce qu'elle baragouine puisqu'elle est pas fichu de chanter français comme tout le monde, mais dans cette langue étrange qu'on nomme l'anglais.
"You belong to the cause, come on believe"
Aaaaaaaaaah ! Mais je connais !!! c'est pas une musique de pub ?!
Si, de Zadig et Voltaire : ce qui explique le nombre de hipster bobos barbus à slims/chemises à carreaux/grosses lunettes au mètre carré.
- Ya un nombre incroyable de beaux gosses t'as vu ?
- ben non, j'écoute et je regarde la chanteuse. Pourquoi elle a boutonné sa chemise jusqu'au col ? C'est laid comme tout, ça lui fait un tout petit cou, ça lui donne un air strict, mais surtout, elle veut s'étouffer en pleine chanson ? Hein des beaux mecs, où ? Tu veux dire le père noël, le bûcheron ou celui qui a emprunté le pantalon de sa sœur ? (les slims, c'est déjà rarement joli sur une femme, à moins d'avoir des cuisses fines, ou de vouloir ressembler à un jambonneau saucissonné, mais sur les hommes, par pitié, non, stop au ridicule).
Le lendemain, mon collègue des chansons se moque : « alors t'étais avec les hipsters snobs hier ? »
Il est certainement jaloux de ne pas avoir été invité. Et parce que j'ai refusé de l'accompagner à un concert de rap et de hip-hop. Il m'en avait fait écouter, j'avais pas aimé, et pour me venger, il a subi du Demis Roussos pendant une semaine.
J'ai aussi vu des concerts de musique classique : très beaux quand on connaît les mélodies, comme celui des 4 saisons de Vivaldi dans la Sainte chapelle, ou le concert du nouvel an à l'opéra de Lyon. Mais lorsque l'orchestre joue pendant 1h30 de la musique dodécaphoniste… je me suis endormie à un concert chiant comme la pluie et j'ai été réveillée en sursaut au son des roulements de tambour. J'ai aussi vu ou plutôt subi des opéras, dont Roméo et Juliette, j'en ai parlé ici.
J'ai également testé le ciné-concert : le film du Seigneur des Anneaux était projeté avec les sous-titres, sans le son, et la musique était jouée par un orchestre et un chœur de 150 personnes. Grandiose, mais je n'arrivais pas à me concentrer en même temps sur le film et sur les musiciens : j'oubliais ces derniers et au final, c'est comme si j'étais juste au ciné. C'était très bien, mais j'étais contente d'avoir été invitée, je n'aurais pas payé ma place 90 euros pour voir un film !
Quitte à mêler cinéma et musique, Je préfère les concerts de musique de films, comme celui de Ennio Morricone. Mais ce dernier restait mutique et n'a pas proposé la chanson de Il était une fois dans l'Ouest, l'homme à l'harmonica. J'ai préféré le concert de Vladimir Cosma, beaucoup plus jovial et volubile. L'orchestre a interprété ses chansons les plus célèbres, comme Rabbi Jacob ou La boum, et ses plus belles mélodies selon moi : La valse d'Augustine (le château de ma mère) ou la b.o de La septième cible. Un concert magique et très émouvant.
Désormais, j'ai donc l'habitude de me rendre à des concerts en connaissant à peine l'artiste. Parce que j'apprécie quelques chansons, parce qu'on m'invite, pour accompagner ou faire plaisir à un ami. Je me rends à la billetterie pour acheter des places à offrir...
Suite demain
18:46 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique, musique de films | | Facebook
25/04/2017
J'ai testé pour vous tous les styles de concert
Avant, je me rendais à des concerts uniquement lorsque je connaissais tous les albums de l'artiste par cœur. Ce qui limitait le choix : McCartney, Polnareff, Renaud, Souchon, Sheller… Je pestais lorsque les spectateurs ne jubilaient pas en reconnaissant la chanson jouée dès la deuxième note. Comme au concert des Négresses vertes : « Ah ! Ces gens qui viennent parce qu'ils connaissent Sous le soleil de bodega ou Voilà l'été et Zobi la mouche; mais n'ont jamais entendu parler de Hey Maria ou La valse et Mamma mia ! Ils ne méritent pas d'être là ! »
Mais ça, c'était avant. Après, mon frère, ce Yes man, nous a traîné ses amis et moi dans tous les concerts possibles imaginables :
« j'ai pris des places pour Kyo et BB Brunes, je savais pas trop ce que c'était mais comme on en parle en ce moment…
- Mais c'est des groupes pour adolescentes et tu as 45 ans !
- Justement c'était marrant, on était les deux seuls mecs matures de la salle avec mon pote ! Bon c'est vrai qu'on avait un peu peur de passer pour des Marc Dutroux… Mais tous les parents attendaient à la sortie (j'ai vécu la même chose pour le génial concert de Imagine Dragons à L'Olympia)
- J'ai pris des places pour Serge Lama, tu devrais y aller
- Oh non mais Serge Lama quand même !
- Bah c'était pas si mal en fait ! Bon par contre cette fois-ci c'était moi le plus jeune...
- J'ai pris des places pour Gathering
- Mais c'est un groupe de métal !
- Oui je m'en suis rendu compte, il y avait des mecs habillés tout en noir qui secouaient leurs cheveux longs dans tous les sens. (je l'ai accompagné trois fois et j'ai tous les albums, meilleure chanson du monde en lien)
Etc, etc. Une surprise par semaine. Un des derniers concerts qu'il a fait ce mois-ci où je n'ai pas pu l'accompagner, c'est celui de Jain (mais je danse dessus tous les mercredis à mon cours de zumba) :
- Alors, cette fois le public ?
- Très hétéroclite ! Il y avait autant de gamines de 8 ans que de mamie de 70 ! Mais j'étais encore le seul mec !
Désormais, je me rends à des concerts alors que je n'ai jamais entendu parler de l'artiste :
- Tu veux m'accompagner à un concert samedi ?
- Ok
- Tu me demandes pas qui on va voir ?
- Ah ben si tiens. Qui ?
- Laura Gibson. Tu aimes ?
- Connais pas.
- Ça te dit pas alors ?
- Ah ben si je viens quand même !
Et on se retrouve dans une cave obscure...
Suite demain
18:17 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chanson française, polnareff, beatles, paul mccartney | | Facebook
09/04/2017
Belmondo l'incorrigible
Jean-Paul Belmondo fête ses 84 ans aujourd'hui 9 avril ! Je suis justement en train de lire son autobiographie, "Mille vies valent mieux qu'une". Bébel, l'un des plus grands acteurs français, qui m'a accompagnée de ses films toute ma vie. Il égayait les soirées du dimanche et mardi soir de ma jeunesse avec ces films populaires. Les comédies : Le cerveau que je connais par cœur, Les mariés de l'an II, 100 000 dollars au soleil… Mais aussi ses rôles de baroudeur viril qui me dérangeaient un peu plus, comme Peur sur la ville, Le professionnel ou L'héritier. Adolescente, je l'ai découvert différemment, plus sérieux, plus intello dans Léon Morin prêtre (dont un remake sort en ce moment en salles) A bout de souffle ou Pierrot le fou de Godard. Il m'a fallu être adulte pour pleinement apprécier la nostalgie d'Un singe en hiver. Mais pour moi, il restera à jamais Bob Saint Clar/François Merlin, qu'il a joué dans l'une de mes comédies préférées : Le magnifique.
Son livre confirme qu'il est aussi potache et intenable que dans ma comédie culte, et que dans les films du même réalisateur Philippe de Broca : L'homme de Rio, Les tribulations d'un chinois en Chine, Cartouche ou L'incorrigible. Voici des extraits de l'autobiographie pour vous le confirmer :
"Pour des raisons communes, (avec Philippe de Broca) nous avions choisi de rester des enfants qui jouent, qui transgressent, qui se comportent de façon inconséquente.
Derrière nous, il y avait eu la guerre de 1939, et surtout, l'Algérie. Lui, il était au service documentation de l'armée, qui lui commandait des films pédagogiques sur le chargement des armes. Dont il s'amusait à inverser les séquences de sorte que ça ne puisse pas fonctionner. Après avoir assisté à toutes les horreurs commises là-bas par des adultes, il n'a plus jamais voulu en être un.
Ce qui m'arrangeait considérablement."
(…) Sur le tournage de Lhomme de Rio (qui a inspiré OSS 117), en 1964 au Brésil :
"Nous avons réalisé avec Philippe l'une des blagues dont je suis le plus fier : fourrer de la farine dans les climatisations des chambres de l'hôtel, de sorte qu'il suffisait que les clients les mettent en route - la première chose qu'il faisait en entrant, vu les chaleurs excessives de ce genre de pays - pour qu'ils se retrouvent entièrement blanchis.
Mais ça ne suffisait jamais, une dinguerie en entraînant une autre. En arpentant le marché amazonien de la ville, je me suis pris d'affection pour de ravissants petits crocodiles, dont je redoutais qu'ils ne terminent aux pieds ou à la taille de quelque vilain capitaliste à cigare. J'ai décidé de dévier la destinée de l'un d'eux. Je lui ai trouvé un nid parfait, au frais, un petit bassin cosy où s'ébrouer : la baignoire de Simone Renant, la compagne de Mnouchkine le producteur. Quand la dame a découvert le crocodile gentiment installé dans ses appartements, elle a poussé un cri à réveiller les morts. Après coup, elle en a ri, mais à la vue de l'animal à grande bouche, elle a frôlé la syncope."
Sur le tournage de Cartouche :
"Je récidive lors d'une conférence de presse. Je défais ma ceinture sous la table, et finis par me mettre debout pour discuter avec les journalistes. Peu à peu, mon pantalon glisse sur mes jambes jusqu'à mes chaussures. Bien sûr, je fais mine de n'avoir rien remarqué et continue de répondre à la curiosité des médias, en slip. Je parle ainsi depuis deux minutes, quand je vois débouler du fond de la salle mon camarade Philippe de Broca qui, expert en surenchère, s'est totalement déshabillé. C'est à poil qu'il monte sur l'estrade pour parler de Cartouche. La salle a dû apprécier notre sketch improvisé, puisque les articles furent élogieux !"
Je peux vous citer des dizaines d'extraits, Belmondo enchaîne les blagues à chaque page. Gags qu'il a souvent effectués avec son grand ami, la plus belle voix française : Jean-Pierre Marielle.
Je n'ai pas encore fini la lecture du livre et n'ai pas encore atteint le tournage du Magnifique et de L'incorrigible, ça promet !
Bébel est définitivement mon modèle (avec Pierre Richard). Demain, j'emmène les sacs de farine au boulot ! (non, je ne réitérerai pas son exploit de la conférence de presse) (et j'aurai du mal à trouver un crocodile).
23:41 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bébel tu es mon modèle, cinéma français, jean-pierre marielle la plus belle voix du monde | | Facebook