18/10/2018
A la télé ce soir : Deadpool et Lone ranger
Soirée super héros sur M6, avec tout d'abord le réjouissant Deadpool, qui est plutôt un anti-héros, affreux sale et méchant, mais terriblement drôle. Les répliques délirantes fusent, avec de la parodie et des références pour geeks « de grands pouvoirs impliquent de grandes irresponsabilités ! »
Après Deadpool, la chaîne diffuse Lone ranger. Au 19ème siècle, à l’époque du Far West et du début du chemin de fer, le terrible Buth Cavendish s’évade. Le shérif et ses Texas rangers partent à ses trousses, sont pris en embuscade et massacrés. Le frère du shérif, l'avocat idéaliste John Reid, décide de se faire passer pour mort pour mieux venger anonymement son frangin. Avec l’aide de l’indien loufoque Tonto (Johnny Depp) et son fidèle destrier Silver, il devient le Lone ranger …
On retrouve l’équipe de Pirates des Caraïbes, avec les mêmes scénaristes, le même réalisateur (Gore Verbinski) et le même acteur grimé de manière similaire, Johnny Depp. Celui-ci incarne encore un personnage décalé, et les deux films associent de la même manière aventure et humour.
Pourtant ce film a fait un bide monumental aux États-Unis. Je trouve ce sort injuste.
Pourquoi un tel flop ? Peut-être que les Américains ces lourdauds n’ont pas saisi la parodie, ni les références. Comme pour Mars Attacks de Tim Burton, un film que j’adore, auquel ils ces neuneus ont préféré le très premier degré Independence day de ce tâcheron Roland Emmerich (2012, Godzilla) sorti à la même période.
Lone ranger lance des clins d’œil à plusieurs westerns, comme La prisonnière du désert ou Little big man. La scène d’arrivée en gare avec les bandits qui attendent fait référence à Il était une fois dans l’ouest, comme la musique de Hans Zimmer qui en reprend même certaines notes.
Peut-être que le public américain a été déconcerté par le mélange des genres, humour décalé ou enfantin (production Disney) associé à des passages violents, très sombres. Dans Lone Ranger, l’attaque contre les Indiens est un prétexte pour la spoliation de leurs terres, sur lesquelles se trouvent des mines d’argent. Les Américains n’ont peut-être pas accepté cette réflexion critique (récemment encore, 2000 Indiens du Dakota du Nord étaient expulsés à cause de la construction d'un oléoduc, qui menace en plus de polluer le Missouri.) J'apprécie que Lone Ranger ne soit pas un pur film d'action décérébré, comme j'apprécie l'humour déjanté de Deadpool. Bonne soirée télé en perspective.
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15/10/2018
A la télé ce soir : 12 hommes en colère, divergente, X-men
Soirée rebel rebel au programme :
W9 programme Divergente de Neil Burger (déjà auteur du sympathique L'illusionniste avec Edward Norton). Dans un monde post apocalyptique, la société est divisée en 5 castes, avec l'idée de « maintenir la paix ». Chacun son métier et les vaches seront bien gardées, personne ne fait de vagues, comme dans le meilleur des mondes de Huxley. Il existe ainsi les catégories des altruistes, des érudits, des sincères, des audacieux et des fraternels, « les plus gentils qui cultivent la terre », terme délicat pour désigner en fait les plus simplets. « Écoutez Thérèse, je n'aime pas dire du mal des gens, mais effectivement, elle est gentille. » A sa majorité, chaque citoyen passe un test de personnalité afin de savoir quel clan il devra intégrer. Chose incroyable, l'héroïne du film (Shailene Woodley) appartiendrait à plusieurs catégories, elle serait donc divergente !
Ah parce qu'on peut tous être fourrés dans des cases ? Je le savais, je suis une héroïne, je suis une divergente ! C'est pas pour rien que je me reconnais dans la chanson des Kinks I'm not like everybody else ! J'adore faire des tests psychologiques, et je suis toujours à égalité entre plusieurs profils, voilà, je savais que les QCM des magazines pour gonzesses relevaient de la science exacte ! Dans le film, je me reconnais à la limite parmi les érudits et les sincères (j'aurais directement baptisé les fraternels les neuneus) mais je ne correspond certainement pas aux audacieux. Mémé qui saute des précipices pour sauver le monde ? Ça va pas bien non, je vais plutôt me reprendre une tisane et convaincre un brave gars d'y aller à ma place. Divergente part d'une bonne idée mais il n'évite pas les simplismes du divertissement hollywoodien, dommage.
Encore des héros qui ne ressemblent à personne, les X men sur C8, autre divertissement de bonne facture. Avec le fameux wolwerine, misanthrope et colérique, pas du tout comme moi donc.
Une personne de plus qui ne pense pas comme les autres, avec le grand classique 12 hommes en colère de Sidney Lumet, sur France 5, avec Henry Fonda. Dans les années 50, un adolescent comparaît pour parricide. Il risque la peine de mort. Les jurés ont hâte de délibérer, pour rentrer chez eux et passer à autre chose. Le verdict doit être rendu à l'unanimité. Pourtant, sur les 12 hommes, un seul doute. Il met en avant les failles de l’enquête et s'emploie à convaincre les autres jurés un par un.
Le film se passe en huis clos dans la salle de délibération, où les jurés s’affrontent assis autour d’une table. Ce dispositif pourrait être rébarbatif, il ne l’est nullement grâce à l’éloquence du personnage principal. Son discours et ses arguments brillants permettent de dévoiler les préjugés et caractères de chacun. C’est un régal de suivre son raisonnement.
J’ai vu ce film pour la première fois en 3ème, notre professeure de français nous l’avait montré, certainement pour illustrer l’art de la rhétorique et l’importance de l'esprit critique. 12 hommes en colère m’avait fasciné, mais mes camarades demeurés étaient restés hermétiques : un film en noir et blanc, où les personnages ne bougent pas pendant 1h30, c’est ronflant ! Pourtant le suspense est aussi fort que dans un film d’action où le héros zigzague entre les explosions pour sauver sa peau. Ici aussi, la mort est à ses trousses. Jugez par vous-mêmes ce soir.
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14/10/2018
A la télé ce soir : Les fils de l'homme, The handmaid's tale, Le sens de la fête...
Le grand retour de cette rubrique après... 4 années d'absence. Pourquoi tant ? Car à cette époque, j'ai découvert « canal à la demande ». La révolution. (Si Canal + veut m'offrir mon abonnement après 20 ans de bons et loyaux services et de pubs gratuites face à mes 12 millions de lecteurs...)
Cette fonction à la demande n'impose plus de programmes télé, de se presser pour être devant le poste à 20h50 afin de ne pas rater le début du film (« Arrête-moi si tu peux commence dans 20 minutes et je suis bloquée dans le métro, quelle infâme ironie ! ») Avant Canal à la demande, impossible de se lever pendant le film, de peur de rater un moment crucial (« l'estomac sur pattes va chercher son 8ème dessert, et ça y est Léo est marié et avocat ! Il était pas médecin célibataire ya deux minutes ? »)
Avant, obligation de faire des calculs digne d'un astro physicien : « ce soir Canal+ family diffuse Le sens de la fête mais en même temps il y a Toute première fois sur W9... Alors quand le film avec Bacri repasse-t-il ? Dans 3 jours, mais ce soir-là Van Gogh sur Arte m'intéresse et c'est son unique diffusion. Il faut donc que je fasse un tableau excel des films à voir en priorités selon des critères spécifiques et une dissertation en trois parties : « Le succès d'un film doit-il imposer sa vision même si le sujet nous déplaît ? » « Succès critique et public vont-ils de pair ? » « Doit-on privilégier l'apprentissage culturel ou le divertissement ? »
Grâce à Canal à la demande, les films sont disponibles quand on veut, on peut mettre pause à tout moment, et le programme télé devient inutile. J'ai donc résilié mon abonnement à la bible, Télérama, qui de toute façon me spoilait la fin des films, donc que je ne lisais plus. Lorsque ma télé a implosé au milieu de la nuit (souvenez-vous, j'en ai parlé ici) je ne l'ai pas remplacée : je peux voir Canal + sur mon ordi. Puis on m'a offert un abonnement Netflix. Mais parfois, je regarde encore des programmes en direct, notamment sur Arte, comme ce formidable documentaire sur Alice Cooper, monstrueusement rock vendredi soir, et celui-ci hier hyperconnectés, le cerveau en surcharge.
A la télé ce soir, Sur ocs city, Les fils de l'homme d'Alfonso Cuarón. Un film d'anticipation que j'avais adoré à sa sortie en 2006, passé inaperçu et qui commence enfin à être reconnu à sa juste valeur, puisqu'il est plausible : dans le futur, plus aucune naissance n'est survenue depuis des années, la population en perpétuelle guerre se divise entre pauvreté extrême, migrants parqués, et riches isolés. Jusqu'au jour où « le miracle » arrive... Quand on voit l'actualité et qu'on sait que les hommes ont perdu 50 % de leur fertilité en 30 ans à cause des produits chimiques et des pesticides, ce film pose une question intéressante...
La même réflexion est lancée avec l'excellente série à ne pas rater, The handmaid's tale sur TF1 séries. Le nouveau pouvoir en place trouve un moyen radical de relancer la population : les rares femmes fertiles sont engrossées de force par la caste des dirigeants. Une dystopie éprouvante, car à l'aide de flash-back sur le présent, elle montre qu'il serait possible d'en arriver à de telles extrémités, à force de ne pas vouloir voir les problèmes, les intolérances et les disparités qui se creusent (montée des extrémismes religieux, régression des droits sociaux et des femmes...) La meilleure série du moment avec Black mirror, j'en ai longuement parlé ici ou là.
Encore un régime totalitaire mais cette fois-ci comique et irréaliste, avec The dictator (voir mon article en lien) sur Plug RTL (je découvre des chaînes en écrivant ce billet...)
Ambiance aussi légère sur W9, avec Toute première fois sur W9, j'en ai parlé ici.
Autre comédie réjouissante, Sur canal + family, Le très drôle Le sens de la fête, par les réalisateurs de Intouchables, Nos jours heureux et Tellement proches. Le film narre l'organisation d'un mariage qui tourne à la catastrophe, avec une galeries de personnages bien croqués : le marié hautain et insupportable, le serveur dépressif et romantique (Vincent Macaigne) et le retour de la mère bourgeoise coincée de La vie est un long fleuve tranquille, Hélène Vincent. Sans compter les inénarrables Bacri♥, toujours irascible, et Jean Paul Rouve♥, toujours à l'ouest.
Demain, suite des films à voir cette semaine
20:45 Publié dans A la télé cette semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télé, les fils de l'homme, science fiction, cinéma, the handmaid's tale, black mirror, séries | | Facebook
06/04/2018
Takahata a rejoint le tombeau des lucioles
Mais il restera une lumière allumée dans la nuit, car les étoiles ne meurent pas !
Jeudi 5 avril, 23 heures, je rentre de dîner, guillerette. J'allume l'ordi pour regarder la série Mindhunter (sur l'invention du profilage des serialkiller) et je tombe sur l'actualité qui plombe ma soirée : le réalisateur de film d'animation Isao Takahata est décédé, à l'âge de 82 ans.
Pour ne pas m'achever, je n'ai pas le courage de regarder Le tombeau des lucioles. J'envoie à la place le traditionnel sms à mon frère :
"Devine qui est mort ? Un cinéaste. Tu n'as peut-être pas retenu son nom mais tu n'as pas pu oublier son oeuvre, même 30 ans après sa sortie, le film d'animation le plus triste au monde.
Réponse immédiate : - le tombeau des lucioles !!"
Dans ce film, deux orphelins tentent de survivre dans le Japon d'après guerre en ruine. Un temps recueillis par leur tante, les enfants sont vus comme des bouches de trop à nourrir. Rejetés, ils décident de vivre seuls dans la nature, éclairés la nuit par les lucioles. Mais la petite fille souffre de malnutrition et son grand frère fait tout pour la guérir.
Si vous voulez reconnaître un sociopathe, pas la peine de lui soumettre toute une batterie de tests psy : si le gars ne chiale pas devant Le tombeau des lucioles, fuyez, appelez les flics, vous avez trouvé le nouveau Charles Manson. Je ne connais pas une seule personne qui n'ait pas été émue par ce film. Et le pire qui finit de nous traumatiser : il est inspiré d'une histoire vraie.
L'autre film aussi triste et magnifique de Takahata, c'est le sublime Conte de la princesse Kaguya. Il est l’adaptation d’un conte japonais du Xe siècle. Un modeste paysan trouve une enfant et un trésor dans un bambou. Il se persuade que le bébé est une princesse qu’il faut élever comme telle. La famille quitte alors la montagne et les amis avec lesquels la petite a grandi, pour rejoindre la ville et les codes très rigides de l’éducation d’une princesse. Mais Kaguya reste nostalgique de son enfance, de la nature, de la simplicité de son ancien mode de vie et de son amour perdu… (voir la bande annonce en lien)
le sujet touche à l’universel : est-ce la peine de sacrifier ses rêves et désirs profonds pour se conformer à ce que les autres et la société attendent de nous ? Peut-on passer à côté de sa vie ?
Le dessin est d’une beauté époustouflante. Il varie d’une scène à l’autre, rappelle les estampes japonaises, l’aquarelle, le pastel… L’histoire qui frôle avec le fantastique est magique, belle et terriblement émouvante. J’ai vu le film pendant un match de la France au mondial. On était qu’une vingtaine dans la salle, majoritairement des femmes (et quelques rares hommes qui les accompagnaient). On est TOUS restés jusqu’à la fin du générique, complètement sonnés. J’entendais renifler et j’ai vu plusieurs personnes les larmes aux yeux.
Mais Takahata ne proposait pas que des films tristes. Son style était très changeant, de dessins et d’histoires, passant du mélo au film d'aventures (Horus prince du soleil), de l'aquarelle sophistiquée au griffonné. Il a aussi réalisé des comédies loufoques, comme Mes voisins les Yamada, Kié la petite peste, ou bien encore Pompoko. J'ai un faible pour celui-ci, grâce à son message écolo et positif : les animaux se révoltent contre l'accroissement urbain qui détruit leur forêt.
L'ode à la beauté de la nature se retrouve dans toute l'œuvre de Takahata, comme celle de son acolyte Miyazaki. Ce dernier qui avait annoncé sa retraite, reprendrait du service pour un dernier film en...2022. Il aura alors 81 ans. Espérons qu'il ne fasse pas comme les vieux couples inséparables : ne pas survivre à son compagnon...
18:55 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, takahata, films d'animation, miyazaki | | Facebook