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01/08/2019

Dirty God et Us : être confronté à son reflet

us film.jpg6 Films au cinéma :
Coup de cœur :
- Parasite de Bong Joon-Ho. Voir ma critique en lien.
A voir :
- Captive state de Rupert Wyatt
Pas mal :
- Greta de Neil Jordan

- Us de Jordan Peele
Un couple et leurs deux enfants sont en vacances dans leur maison au bord de la mer. Ils subissent une attaque, par des personnes qui ne sont autres que leurs doubles.
Un film qui interroge évidemment la dualité en chacun de nous, le bien, le mal, la part sombre et secrète, mais aussi les écueils de la société américaine, le racisme, le consumérisme, la superficialité (à travers le personnage d'Elizabeth Moss, qui choisit décidément bien ses rôles, après La servante écarlate et Mad men). Un film d'horreur politique pour le moins original : quel effroi d'être confronté à son reflet repoussant !

- Dirty god de Sacha Polak
dirty god.jpgMême terreur ici, mais réelle. Une jeune femme est défigurée depuis que son ex lui a lancé de l'acide au visage. Elle essaie de mener une vie normale, mais le regard des autres est difficile à supporter.
J'avais vu un documentaire sur ses attaques à l'acide qui sévissent dans les quartiers pauvres de l'Angleterre, et dont la majorité des victimes sont des femmes. Quand Ken Loach montre ce que la pauvreté et le manque d'éducation engendrent avec rage et réalisme froid, Sacha Polak l'adoucit en esthétisant la violence (les cauchemars étranges avec l'agresseur en oiseau de proie, les séances en boîte de nuit filmées comme un clip r&b). Cette mise en scène m'a un peu décontenancée. A part l'héroïne, touchante, j’ai éprouvé peu d'empathie pour les personnages : jeunes désœuvrés qui tuent le temps en sortant en boîte, en s'achetant des fringues dignes d'un cabaret kitsch (à plumes et paillettes) en se droguant et en se reproduisant. L’héroïne n'a même pas 20 ans et une gosse dont le père est un criminel. Sa mère est aussi perdue, pouffe superficielle qui revend des sacs volés. Quelle famille formidable. La fille, décidément cruche, se laisse filmer par des mecs sur internet et croit une pub qui vante les mérites de chirurgie esthétique à bas coût au Maroc.
Un film plombant qui rend encore plus misanthrope, mais la rencontre avec l'actrice qui joue le rôle, Vicky Knight, était très émouvante. Elle est réellement défigurée (depuis un incendie lorsqu'elle avait 8 ans). Elle a participé à une émission de télé-réalité qui promettait l'amour à des vilains petits canards : "too ugly for love" (rien que le titre ! mais fuis !!) La pauvre n'a récolté que moqueries bien entendu, qu'attendre d'autre du public qui regarde ce genre de télé-poubelle exploitant le malheur d'autrui... L'actrice nous expliquait : "cette émission m'a humiliée. Je n'avais plus de raison de vivre, et grâce au film, je revis. Je suis devenue fière de moi et de mes cicatrices." C'est le grand mérite de Dirty god : lui donner la parole.

à suivre : Donnybrook

30/07/2019

Bilan "je suis culturée" de mai à juillet

psy connerie.jpg20 livres :
Coups de cœur :
- Psychologie de la connerie de Jean-François Marmion
- Vu en Amérique, bientôt en France de Géraldine Smith
- Jean-Claude Romand, le narcissisme criminel
- Les cahiers d’Esther, de Riad Satouff tome 1 à 3
- La femme rompue, de Simone de Beauvoir

6 Films au cinéma :
recoin monde.jpgCoup de cœur :
- Parasite de Bong Joon-Ho
A voir :
- Captive state de Rupert Wyatt 

37 films Canal +, TCM, OCS, Netflix, Arte :

Cinéma asiatique :
Coups de cœur :
- Mother de Bong Joon-Ho
- The host de Bong Joon-Ho
Films d'animation :
billboards.jpgCoup de cœur :
- Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi
Thriller / suspense / vengeance :
Coups de cœur :
- The guilty de Gustav Mölle
- 3 billboards de Martin McDonagh
Comédies dramatiques :
Coup de cœur :
- Captain fantastic de Matt Ross avec Viggo Mortensen♥
Comédies :
captain fantastic.jpgCoup de cœur :
- I feel good de Benoît Delépine et Gustave Kervern
Horreur / Fantastique : 
Coup de cœur :
- Les bonnes manières Juliana Rojas et Marco Dutra
SF / Science-fiction / fantasy :
Coup de cœur :
- Aniara de Pella Kågerman 

25 Documentaires :
Coups de cœur :
i feel good.jpg- Ni juge ni soumise (strip-tease), Canal+
- Kedi le royaume des chats de Ceyda Torun Canal+
- Une espèce à part , Arte
- Notre planète, Netflix
Histoire : 
Coups de cœur :
- Les Kennedy, secrets et tragédies (6 épisodes)
- La peste, l'ennemie invisible
- La ruée vers l'or, pour une poignée de pépites

5 Séries :
Coups de cœur :
ni juge ni soumise.jpg- GOT, l'intégrale
- Catastrophe saison 4

Théâtre
- Silence on tourne !

Ballet
- Tree of codes, opéra Bastille

4 Expos :
Coup de cœur :
- Les manuscrits de l'extrême
- Rouge. Art et utopie au pays des soviets
- La lune : du voyage réel aux voyages imaginaires
- Les nabis et le décor

 

25/07/2019

Rutger Hauer, les larmes dans la pluie

rutger.jpg« Quelle expérience que de vivre dans la peur. Voilà ce que c’est d’être un esclave. J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir. »

C'est ce que vient de faire Rutger Hauer, auteur de ce monologue de Blade runner qui l'a rendu célèbre. Comme son personnage de robot réplicant plus humain que les hommes, il est décédé en 2019, à croire qu'il s'identifiait au rôle qui a marqué sa vie.

Comme beaucoup, j'ai découvert Rutger Hauer à travers ce rôle inquiétant et mystérieux. J'étais petite (on ne se demandait pas si j'étais devant un film adapté ou pas -j'ai vu alien trop jeune aussi par ex-) et je ne comprenais rien à ce film, le personnage me faisait peur, mais il m'a laissée une trace indélébile. Quand je le revois, je ressens les détails qui marquaient mon âme d'enfant et passeraient inaperçus aujourd'hui (le sourire effrayant de sa copine, la tristesse dans les yeux de celle de Harrison Ford...)

turkish.jpgJ'ai ensuite appris à connaître l'acteur à travers ses films de l'un de mes réalisateurs préférés, Paul Verhoeven. Ce dernier estime avoir perdu son alter ego. Les deux amis ont commencé leur carrière ensemble dans leur pays natal, les pays-bas. Je trouve que leur carrière néerlandaise est encore plus intéressante que l’hollywoodienne, car plus osée. Un vent de liberté souffle sur leur premier film, Turkish Delight. Le personnage de Rutger sème la pagaille au sein de la famille bourgeoise conservatrice de sa petite amie, atteinte d'une tumeur. L'amour, la rébellion et la peur de la mort, ces thèmes essentiels, jalonnent la carrière de l'acteur et du réalisateur : La chair et le sang, Soldiers of orange, Katie Tippel...

A l'image de ses personnages, Rutger Hauer était un rebelle. A 15 ans, il plaque tout pour devenir marin, mais ne peut pas faire carrière car il est daltonien (comme moi). Il choisit alors un autre moyen d'évasion en devenant comédien. L'amour de la mer persiste dans son engagement écologique et son soutien pour Sea Shepherd.

Les rôles les plus marquants de Rutger Hauer :
1973 : Turkish delight de Paul Verhoeven 
1975 : Katie Tippel de Paul Verhoeven 
1982 : Blade runner de Ridley Scott
1985 : La Chair et le Sang de Paul Verhoeven 
1985 : Ladyhawke, la femme de la nuit de Richard Donner
1986 : Hitcher de Robert Harmon
2002 : Confessions d'un homme dangereux de George Clooney
2005 : Sin City de Frank Miller
2005 : Batman Begins de Christopher Nolan 

 

14/07/2019

De Parasite à Memories of murder, classement :

memories.jpgBong Joon-Ho a enfin obtenu la palme d'or avec Parasite ! Si je devais classer ses films, je mettrai en premier :

- Memories of murder, 2003
Histoire vraie du premier serial killer coréen, mobilisant 300 000 policiers, qui ont interrogé + de 3000 suspects. Un faits-divers si incroyable que le cinéaste n'a pas tout retranscrit. Par exemple, les inspecteurs désespérés ont consulté des voyants : "s'ils se baignaient nus dans la mer en guise d'offrande aux esprits, le tueur serait arrêté en moins d'un mois".  "Deux policiers haut-gradés choisirent la dernière nuit de janvier pour se déshabiller et s'asperger mutuellement d'eau glacée avec un baquet". Etc. Memories of murder reste pour moi numéro un, car c'est le premier film de Bong que j'ai découvert. Une telle claque à l'époque que je n'ai pas osé le revoir avant 15 ans, par crainte de ne plus le trouver aussi bien. Précaution inutile : j'ai été autant scotchée la deuxième fois. Incontournable.

- Parasite, 2019
Lire ici et .

mother.jpg- Mother, 2009
Encore un thriller révélant l'incompétence de la police coréenne, mais dans un registre plus dramatique. Un jeune un peu simplet est accusé de meurtre. Sa mère tente tout pour l'innocenter et trouver le vrai coupable. Très beau, très sombre.

host.jpg- The host, 2006
En déversant des produits toxiques dans le fleuve de Séoul, les Américains ont crée malgré eux un monstre qui attaquent les habitants. Une famille de paumés se concerte pour retrouver la plus jeune fille enlevée par le nouveau Godzilla. Comme Parasite, un film sur une famille atypique, qui mélange comédie et horreur.

snowpiercer.jpg- Snowpiercer, le transperceneige, 2013
En 2030, l'ère glaciaire est installée. Les survivants s'entassent dans un immense train où les plus pauvres survivent dans des wagons sordides, tandis que les plus riches s'amusent dans le confort des wagons de tête. Une poignée d'hommes tentent de renverser cette éternelle lutte des classes. Les riches contre les pauvres, un thème récurrent chez Bong, cette fois-ci traité dans un film d'action.

- Okja, 2017
cinéma, palme d'or, cinéma coréenRefusé à Cannes car produit par Netflix. Une multinationale américaine créée des cochons géants pour nourrir ses concitoyens toujours plus obèses et avides de viande. Le meilleur animal, Okja, a été élevé et aimé par une fillette et son grand père dans la campagne coréenne. Lorsqu'elle apprend que son meilleur ami va être mangé, la fillette, aidée d'une organisation de défense des animaux, part en croisade. Toujours la dénonciation de l’impérialisme américain, éloge de la simplicité et de l'écologie contre le consumérisme, toujours du grand guignol, mais le scénario m'a paru plus léger et caricatural (adapté au public américain ?) 

- Shaking Tokyo, 2008 (court métrage faisant partie de Tokyo ! regroupant un film de Michel Gondry et un de Leos Carax). Un hikikomori (les Japonais vivant reclus) tombe amoureux de sa livreuse de pizzas. Un film sympathique, dommage qu'il n'arrive qu'en 3eme position après Carax le timbré et son film bien nommé "merde")

- Barking dog, 2000. Le premier film de Bong, qu'il a ensuite renié et qui demeure "introuvable" selon le distributeur. Je possède pourtant le DVD. Cette petite comédie où un professeur est obnubilé par les aboiements d'un chien dans son HLM est pourtant sympathique. On y voit les prémisses de la filmographie de Bong : la description de la vie des pauvres en collectivité...