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22/08/2019

Tully de Jason Reitman

tully mac.jpgCe réalisateur est décidément obsédé par la parentalité : Juno (je n'avais pas adhéré à l'époque, la grossesse d'une adolescente me met mal à l'aise, faudrait que je le revoie) Men women & children (lire ma critique en lien) et surtout le très juste Young adult (où une ado attardée et décalée retourne dans son village natal et tente de reconquérir son ancien amour casé et père de famille).
Reitman retrouve l'actrice de ce dernier film, Charlize Theron, et lui redonne un rôle de paumée. Une femme de 40 ans vient d'accoucher de son troisième enfant. Elle gère tous les besoins du ménage et est vite dépassée. Lorsqu'elle engage la jeune Tully (super sexy Mackenzie Davis) pour l'aider, elle revit et retrouve l'adolescente pleine d'espoir et effrontée qu'elle était avant de devenir une mère au foyer docile et résignée...

tully.jpgUn film dans l'air du temps, qui traite de la charge mentale des femmes, de la pression qu'elles se mettent souvent toutes seules à vouloir conjuguer travail (mais elle est complètement timbrée d'avoir bossé jusqu'à son terme ? Elle voulait accoucher sous son bureau ou quoi ? Elle croyait que son patron allait lui délivrer une médaille ?) gestion du quotidien (enfant sanctionné à l'école : c'est la mère qui se rend chez la directrice, le père ne se sent pas concerné) du foyer (qu'est-ce qu'elle a besoin de faire des cakes pour les gamins de la classe ! Mais bouffe-les toi-même !) de l'usure du couple, qui ne communique plus. Trop fatigué après le travail, le mari se réfugie dans les jeux vidéos pour se détendre. Trop absorbée par ses gosses et ses corvées, la femme se laisse aller. Charlize Theron adore s'enlaidir pour ses rôles, après Monster, elle grossit de 15 kilos pour Tully. Je crise déjà dès que je prends 500 grammes, j'aurais jamais accepté à sa place ! Tully est une bonne découverte.

15/08/2019

Paranoïa

paranoia.jpgSuite du bilan culture, les thrillers.

- Paranoïa de Steven Soderbergh
Dès le premier plan, j'ai été surprise : "qu'est-ce que c'est que cette image dégueulasse ? Il a filmé avec son portable ou quoi ?" Eh bien oui justement. Pourquoi, il n'avait pas les moyens ? La marque à la pomme l'a payé, elle n'arrivait plus à écouler ses stocks parce que les gens se sont enfin rendus compte que c'était inutile de claquer un smic dans un téléphone dont la technologie sera dépassée 6 mois après ? Mystère. En tout cas Soderbergh s'en sort bien, on oublie vite les contraintes techniques (il a triché un peu aussi). On pardonne moins les faiblesses scénaristiques.
Une jeune femme convaincue d'être harcelée (Claire Foy, épatante) est enfermée contre son gré dans un hôpital psychiatrique. Est-elle paranoïaque ou vraiment victime d'un harceleur ? Tel est le sujet, et c'est un peu court jeune homme. On pouvait dire bien des choses en somme.
Paranoïa surfe sur l'actualité Me too et l'affaire Epstein, en effleurant vaguement le sujet. Après Effets secondaires sur les méfaits des psychotropes, qui traitait déjà d'emprisonnement forcé, Erin Brockovitch sur la contamination de l'eau par une usine, et Contagion sur la propagation d'un virus mortel, je soupçonne le petit Steven d'être hypocondriaque. On va tous creveeeeeer !

- La colère d'un homme patient de Raúl Arévalo
colere homme patient.jpgUn homme se rend chaque jour dans un bar. La serveuse semble enfin avoir trouvé un compagnon doux et honnête, pour remplacer son mari violent qui sort de prison. En réalité, l'homme veut se venger de l'époux pour un crime commis 8 ans plus tôt...
Dans une ambiance de western qui rappelle les Peckinpah des années 70, un film complexe et ambigu, car malgré leur noirceur, on éprouve de l'empathie pour chacun des personnages. Un premier film prometteur.

- Pale rider de Clint Eastwood
Encore un justicier et un vrai western cette fois-ci, avec Clint dans son éternel rôle de ronchon. Il n'atteint pas les sommets de Gran torino, mais un film de Clint est toujours à voir.

A suivre : Captain fantastic, avec Viggo Mortensen♥

09/08/2019

The guilty et 3 billboards

guilty.jpg

Suite du bilan culture:
37 films Canal +, TCM, OCS, Netflix, Arte :
Thriller / suspense / vengeance :
Coups de cœur :

- The guilty de Gustav Mölle
Dans un centre de police, un flic reçoit l'étrange appel d'une jeune femme qui semble faire une blague ou s'être trompée de numéro, en s'adressant à un familier. Il comprend qu'elle ne peut en réalité s'exprimer librement car elle a été kidnappée...
Tout se passe en huis-clos, avec pour principal personnage le policier rivé au téléphone, filmé le plus souvent en gros plan. Un film donc fait avec trois bouts de ficelle, mais d'une efficacité redoutable. On est scotché comme le policier l'est à son combiné. Jamais on ne voit la femme, et pourtant à travers les dialogues on imagine tout ce qu'elle vit. Un scénario très malin, au suspense et rebondissements qui tiennent en haleine jusqu'au bout. C'est un premier film et je promets une grande carrière au réalisateur Gustav Mölle. A voir. Cliquez sur la bande annonce ici, pour une fois, elle est bien fichue (en général, elles racontent tout le film ou ne le reflètent pas).

- 3 billboards de Martin McDonagh
cinéma, thrillerDu même réalisateur, j'avais apprécié L'irlandais et Bons baisers de Bruges. On notait déjà son humour grinçant et ses personnages pittoresques, mais les films restaient anecdotiques. McDonagh passe un cran au-dessus avec ce mélo tragi-comique bien plus intense et profond. Lassée de voir que l'enquête sur le  meurtre de sa fille n'aboutit pas, une mère courage décide de provoquer la police en affichant des messages à son encontre sur les 3 + grands panneaux publicitaires de la ville...
Les flics bras cassés rappellent ceux de Fargo des frères Coen. Justement, les deux films emploient la même actrice,  Frances McDormand, dans un rôle semblable (la seule personne opiniâtre). Chacun en prend pour son grade, un film noir et misanthrope comme je les aime. La bande annonce est aussi bien faite, en lien dans le titre.

 

 

 

06/08/2019

Donnybrook

donnybrook.jpgUn ex marine est prêt à tout pour sortir sa famille de la misère. C'est-à-dire qu'il a une idée de génie : alors qu'il habite un trou perdu au fin fond de l'Amérique où tout le monde se connaît, il braque une boutique sans même prendre la peine de dissimuler son visage. Il fait ça afin de récolter les fonds pour s'inscrire à un tournoi de boxe à mains nues ultra violent, dont il pense pouvoir sortir vainqueur avec ses 70 kilos tout mouillés. Pourquoi se compliquer la vie : quitte à braquer, pourquoi ne pas braquer directement une banque ? Comme il trouve que c'est une balade de santé qui ferait un bon séjour découverte de l'arrière pays pour un gamin de 8 ans, il emmène dans sa cavale son petit garçon. Pendant ce temps sa femme qui doit même pas avoir 25 ans mais visiblement se destine au rôle de pondeuse car elle n’a que ça à faire de sa vie, garde leur gamine (enfin quand elle ne dort pas à cause de la drogue qu'elle prend). Son vendeur d’amphétamines (qui frappe et viole sa propre sœur au passage) est justement l'adversaire redoutable que va devoir affronter le "héros" lors du tournoi. Les deux sont traqués par un policier miteux alcoolo et violent. Voir ici la bande annonce (où il ne se passe rien comme dans le film).

Margaret-Qualley-la-fille-de-Andie-Mac-Dowell-sublime-dans-The-Leftovers-Photos.jpgPas un pour rattraper l'autre. On n'éprouve donc aucune empathie pour les personnages, à part le pauvre gosse qui n'a rien demandé et dont on comprend depuis le début, vu la noirceur totale du film, ce qu'il va lui arriver, comme on devine qui sera l'adversaire final (oh, le méchant dealer, quelle surprise !) Tout est cousu de fil blanc.
On se demande ce que Jamie Bell est venu faire dans cette galère : il a été trop raillé après Billy Eliott et voulait prouver qu'il n'est pas une chochotte qui fait de la danse classique, mais un gros dur qui fait gicler des dents ?
J’éprouve surtout de la peine pour la pauvre Margaret Qualley (la vraie fille de Andie MacDowell (4 mariages et un enterrement) et la fausse fille de Justin Theroux dans l'excellente série Leftovers), si belle, si fragile, si pure avec son teint de porcelaine et ses grands yeux. Elle aussi voulait casser son image en jouant une garce foldingo ? Qui est ce réalisateur sadique qui lui impose de telles scènes : elle ligote un vieux moche sur une chaise pour le faire avouer où il planque sa came, et soudain, totalement gratuitement, elle se met à califourchon sur lui et lui "impose" une relation. Quelle fille saine d’esprit voudrait se taper un mec pareil, et évidemment que le type en est ravi, tu parles d'une torture ! Autre scène purement faite uniquement pour que les vicieux se rincent l’œil, l'actrice se baigne dans un lac alors qu'il doit faire moins 5, et on peut ainsi la voir longuement sortir de l'eau à poil. Plutôt que ses formes largement montrées, j'ai surtout remarqué qu'elle était frigorifiée. Comment a t-elle pu accepter un rôle aussi dégradant ? Lors de la projection presse, les journalistes (des hommes) étaient en extase devant ce film très sombre, à la mise en scène maîtrisée. Oui, mais si prévisible, si lent, si antipathique... Au moins dans feu L'effet papillon, l'émission qui aimait montrer l'envers du décor et se rendait souvent dans l’Amérique profonde montrée ici, les péquenots étaient parfois pathétiques, parfois touchants, parfois insupportables comme dans le film, mais au moins, l'émission avait la finesse de les présenter avec tendresse, humour noir et recul. Ici, tout est lourd. A voir pour vous faire une idée.