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06/04/2014

A la télé ce soir : L'amant, Walk the line, La couleur des sentiments...

amant annaud.jpgA la télé ce soir sur Arte, hommage à Marguerite Duras pour le centième anniversaire de sa naissance. La chaîne programme L’amant, puis Hiroshima mon amour, et deux documentaires de Benoît Jacquot (Les adieux à la reine).
Télérama donne la plus mauvaise note au film de Jean-Jacques Annaud : « sage quand on l’aurait voulu passionnée, décorative quand on l’aurait voulue étouffante. Oubliable et oubliée ». Je pense tout le contraire… A ma décharge, j’ai vu L’amant à 14 ans sans avoir lu le livre auparavant, et pas revu depuis. J’étais jeune et je n’avais encore jamais vu de film aussi érotique et troublant (à part La leçon de piano ; mais il est plus pervers que troublant). Je m’en souviens parfaitement : c’était l’été, il faisait chaud, je le regardais sur la minuscule télé de la maison de campagne installée dans la cuisine, avec ma mère à côté qui repassait tranquillement le linge. J’avais les yeux écarquillés devant la scène de la première fois, très gênée que ma mère soit derrière moi (« M’enfin ?! elle a vu ce film, elle me laisse regarder ça ?! et si elle se retourne, qu’est ce que je fais ? »). Jane March était sublime avec son air de Blanche neige, teint de porcelaine, yeux noirs et lèvres cerise. Je trouvais qu’elle avait carrément la classe accoudée au bastingage du bateau, je voulais le même chapeau qu’elle. Je regarderai ce film ce soir et je vérifierai s’il me fait toujours le même effet…

A la même heure sur D8, autre film qu’on m’a laissé regarder beaucoup trop jeune : Les valseuses de Bertrand Blier, avec mon acteur préféré Patrick Dewaere, Depardieu et Miou-Miou. Mes frères ne me répondaient pas quand je leur demandais ce que pouvait bien désigner le titre…

Autre film troublant sur HD1, le dernier de Stanley Kubrick, Eyes Wide shut. Un homme qui remet en question son couple (Tom Cruise et Nicole Kidman, alors mariés). Il erre dans New York la nuit à la recherche de nouvelles sensations. La scène où les masques tombent fait froid dans le dos…

walk the line.jpgSur Numéro 23, une très bonne biographie du chanteur country Johnny Cash : Walk the line. Ce n’est pourtant pas ma chanson favorite, je lui préfère Ring of fire, co-écrite par sa femme June Carter. Leur magnifique histoire d’amour et leur parcours sont passionnants. La pétillante Reese Witherspoon a reçu l’oscar amplement mérité de la meilleure actrice. Son partenaire Joaquin Phoenix (qu’on peut voir actuellement en salles dans le sensible Her) est parfait lui aussi. J’admets avoir préféré ce film au livre autobiographique du chanteur, Cash/Cash.

couleur des sentiments robe.jpgFrance 2 diffuse un film qui se déroule à la même époque, La couleur des sentiments. Dans le Mississippi des années 60, une jeune fille de bonne famille, voulant devenir journaliste, décide d’écrire un livre donnant enfin la parole aux domestiques Noires. La ségrégation étant d’actualité, elle doit le faire clandestinement. Ce livre chamboulera le quotidien de cette petite ville tranquille, où les apparences sont reines.
 
La couleur des sentiments offre un formidable témoignage sur cette époque et sur la ségrégation, rarement évoquée au cinéma (La couleur pourpre, Le secret de Lily Owens, Loin du paradis…) L’émotion est de mise avec le récit tragique de ces domestiques. Pourtant le film évite avec finesse l’écueil du mélo ou de la dénonciation rageuse, en privilégiant l’humour et le recul : l’astuce pour  se venger de la loi sur les wc séparés que tente d’imposer une pétasse « bien sous tout rapport » ne manque pas de piquant. La pimbêche manipulatrice est incarnée avec délectation par Bryce Dallas Howard.
Le film mise beaucoup sur l’aspect visuel. L'atmosphère et la mode des années 60 sont parfaitement restituées. Par ce souci du détail, ses robes colorées à frous-frous et ses choucroutes, le film rappelle la série audacieuse Mad Men.
La jeune héroïne interprétée par Emma Stone refuse une vie classique de mère au foyer, passant ses journées à jouer au bridge et à colporter les cancans. Elle ne pense pas au mariage, veut travailler, réfléchir par elle-même et se rebeller contre l’ordre établi, ce qui déplait fortement à son prétendant…
Par son goût de l’esthétique, son côté féministe et sa description parfaite d’un univers féminin rempli de langues de vipères, le film plaira beaucoup aux fans de Desperate Housewives. J'ai un faible pour Célia, interprétée par Jessica Chastain, jeune femme issue d'un milieu modeste, naïve et spontanée, inadaptée à ce monde d'apparence et qui en est rejetée.

Autre évocation de la séparation entre Noirs et Blancs, l’allégorie sur l’apartheid en Afrique du sud à travers un film de SF : le très bon District 9 sur France 4. Cette fois-ci, ce sont des extra terrestres qui sont écartés de la société…

Sur NRJ 12, Hellboy. Une créature étrange, sorte de diablotin gentil, collabore avec le FBI pour empêcher Raspoutine ressuscité et de vilains nazis de libérer un démon guerrier. Malgré ce pitch qui laissait présager le pire, ce film fantastique est vraiment bien ficelé. Le réalisateur, Guillermo del Toro, aurait dû me mettre la puce à l’oreille : il est l’auteur de l’excellent Labyrinthe de Pan, qui fait partie de mon top 50.

Et vous, qu'allez-vous regarder ce soir, appréciez-vous ces films ?

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02/04/2014

Les Oscars 2014, le palmarès

gravity.jpgGravity gagne 7 oscars, surtout des récompenses techniques. En effet, le film brille par ses effets spéciaux époustouflants, son travail sur le son et l’image, et bien sûr sa réalisation, pour laquelle Alfonso Cuaron a remporté l’oscar. Le film pêche niveau scénario, et logiquement, il n’était pas nommé dans cette catégorie.  Jusque là tout va bien.
Mais… Une seule nomination pour Prisoners ?! Et seulement pour la photographie ! Pas pour le meilleur film, ni pour les meilleurs acteurs, pourtant  Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont excellents !  Pareil pour le très bon Inside Llewyn Davis. Des citations pour des catégories moindres, la meilleure photo et le meilleur mixage de son, et aucune statuette au final.
Autre fait incompréhensible : Rien pour Le loup de Wall street, qui est pour moi le meilleur film de l’année. Di Caprio repart pour la 5ème fois bredouille. Quand aura-t-il enfin la statuette du meilleur acteur ?
American bluff accumulait 10 nominations, mais ne remporte rien. J’ai trouvé le film plaisant, sans plus. Comme c’est la mode en ce moment, il joue sur l’humour décalé, une histoire d’arnaque avec rebondissements et embrouilles, une bonne reconstitution des années 70, et  des numéros d’acteurs épatants (surtout Jennifer Lawrence qui aurait largement mérité l’oscar). Pourtant j’ai eu de la peine à m’attacher à l’histoire. Je regrette plus que l’émouvant Philomena, qui me tient beaucoup plus à cœur, reparte bredouille.
Vous pouvez lire mes critiques des films en cliquant sur les liens en rose.

twelve years a slave.jpgMeilleur film :
 
American Bluff de David O. Russell
Capitaine Phillips de Paul Greengrass
Dallas Buyers Club de Jean Marc Vallée
Gravity d'Alfonso Cuaron
Her de Spike Jonze
Nebraska d'Alexander Payne
Philomena de Stephen Frears
12 Years a Slave de Steve McQueen
Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese

12 years a slave ? C’est un bon film, mais pour moi il ne vaut pas Le loup de Wall street, ni Her ! Deux membres de l'Académie des Oscars ont avoué avoir voté pour le film de Steve McQueen sans l'avoir vu. Ceci explique peut-être pourquoi il a été récompensé.
En meilleur film, j’aurai aussi proposé Prisoners et Inside Llewyn Davis. J’ai vu Nebraska, je l’ai trouvé touchant et très bien fait, mais pas assez pour être classé en meilleur film. Je vous en parle bientôt. Philomena et Her méritent leur nomination.

Meilleure actrice :
 
Amy Adams - American Bluff
Cate Blanchett - Blue Jasmine
Sandra Bullock - Gravity
Judi Dench - Philomena
Meryl Streep – Un été à Osage County

Je m’en doutais. Cate Blanchett joue parfaitement la bourgeoise déchue. Puis elle est capable de pleurer et de crier, l’hystérie plaît toujours aux oscars. J’aime bien Amy Adams mais ce sont surtout ses tenues dénudées qui m’ont marquée dans American Bluff. La froide Judi Dench parvenait à être touchante dans Philomena. Quant à Sandra Bullock, j’ai du mal (elle a des petits yeux et des sourcils inquisiteurs, un sourire carnassier, je trouve qu’elle fait fausse et méchante). La grande Meryl Streep surjoue dans le film hystérique Un été à Osage County.

Dallas-buyers-club1.jpgMeilleur acteur :
 
Chiwetel Ejiofor - 12 Years A Slave
Matthew McConaughey - Dallas Buyers Club
Christian Bale - American Bluff
Leonardo DiCaprio - Le Loup de Wall Street
Bruce Dern – Nebraska

Enfin McConaughey est reconnu ! Il n’est pas qu’un bellâtre toujours torse poil (Magic Mike) qui joue dans des bluettes (Sahara, Comment se faire larguer en 10 leçons…) Il peut jouer des rôles plus complexes comme dans Mud et surtout l’éprouvant Killer Joe.
On attend toujours une récompense pour Leo… Bruce Dern est très touchant dans Nebraska, il a reçu le prix d'interprétation masculine à Cannes. Pour American Bluff, Christian Bale se métamorphose (gros et chauve) comme souvent (The machinist, 30 kg perdu pour le rôle). Je n’aurai pas nommé l’acteur de 12 years, sa prestation mollassonne ne m’a pas marquée.

Meilleure actrice dans un second rôle :
 
Sally Hawkins - Blue Jasmine
Jennifer Lawrence - American Bluff
Lupita Nyong'o - 12 Years a Slave
Julia Roberts - Un été à Osage County
June Squibb - Nebraska

Elle est très émouvante dans ce rôle très dur, mais j’aurais récompensé Jennifer Lawrence, la jeune actrice des Hunger Games, méconnaissable ici dans un rôle de mégère !

Meilleur acteur dans un second rôle :

Barkhad Abdi - Captain Phillips
Bradley Cooper - American Hustle
Michael Fassbender - 12 Years a Slave
Jonah Hill - The Wolf of Wall Street
Jared Leto - Dallas Buyers Club
 
Mérité. Je ne l’ai pas reconnu tout de suite sous sa maigreur, son maquillage et ses vêtements féminins… Michael Fassbender est comme toujours excellent. Bradley Cooper aussi (mais il est moche avec des cheveux crépus)

Meilleur réalisateur :
 
American Bluff - David O. Russell
Gravity - Alfonso Cuarón
Nebraska - Alexander Payne
12 Years a Slave - Steve McQueen
Le Loup de Wall Street - Martin Scorsese

Mérité. Pourtant du même réalisateur, je préfère largement le méconnu Les fils de l’homme. A l’époque, on était deux dans la salle pour voir cet excellent film…

her.jpgMeilleur scénario original :
 
American Bluff - Écrit pas Eric Warren Singer et David O. Russell
Blue Jasmine - Écrit par Woody Allen
Dallas Buyers Club - Écrit par Craig Borten et Melisa Wallack
Her - Écrit par Spike Jonze
Nebraska - Écrit par Bob Nelson

Amplement mérité aussi. J’ai trouvé ce film profondément original, comme tous ceux de Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovitch, Adaptation). Her est émouvant, mélancolique, profond…

Meilleur scénario adapté :
 
Before Midnight - Écrit pas Richard Linklater, Julie Delpy et Ethan Hawke
Captain Phillips - Scénario de Billy Ray
Philomena - Scénario de Steve Coogan et Jeff Pope
12 Years a Slave - Scénario de John Ridley
Le Loup de Wall Street - Scénario de Terence Winter

J’ai offert les bouquins de Philomena et 12 years a slave, je ne les ai pas encore lus…

Meilleure chanson originale :
 
Happy - Moi moche et méchant 2. Musique et paroles de Pharrell Williams
Let it Go - La reine des neiges. De Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez
The Moon Song - Her. Musique de Karen O; Paroles de Karen O et Spike Jonze
Ordinary Love - Mandela, un long chemin vers la liberté de U2

Je trouve la chanson de La reine des neiges, comme la majorité de celles des films d’animation, très irritante. La voix de la chanteuse est horripilante, fait pétasse. J’aurais voté pour la chanson de U2. Vous pouvez voir ma critique du film Mandela, un long chemin vers la liberté en lien.

Meilleure musique de film :

La voleuse de livres - John Williams
Gravity - Steven Price
Her - William Butler and Owen Pallett
Philomena - Alexandre Desplat
Dans l’ombre de Mary - Thomas Newman

Rien pour le grand John Williams, mais il a eu sa part (Les dents de la mer, Star Wars, E.T Indiana Jones…) Rien pour Her et sa b.o signée par Arcade Fire. Le français Alexandre Desplat n’est pas récompensé pour Philomena. La b.o est classique, mais belle (voir en lien)


Meilleur film d’animation :
 
Les Croods de Chris Sanders et Kirk DeMicco
Moi, Moche et Méchant 2 de Chris Renaud
Ernest & Celestine de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner
La Reine des neiges
Le vent se lève
Déception pour les Français…

Meilleur film en langue étrangère :
 
Alabama Monroe - Belgique
La grande belezza - Italie
La chasse - Danemark
L’image manquante - Cambodge
Omar - Palestine
 
Meilleur film documentaire :
 
The Act of Killing (sur le génocide indonésien de 1965)
Cutie and the Boxer (un couple d’artistes Japonais installé à New-York)
Dirty Wars (diffusé sur Canal+, sur les Etats-Unis et la guerre contre le terrorisme)
The Square - Jehane Noujaim et Karim Amer
20 Feet from Stardom de Morgan Neville (sur les choristes inconnues des chansons célèbres)

Meilleur court métrage documentaire :
The Lady in Number 6 : Music Saved My Life - Malcolm Clarke et Nicholas Reed

Meilleur court métrage de fiction :
Helium - Anders Walter et Kim Magnusson
Rien pour le film français Avant Que De Tout Perdre, de Xavier Legrand et Alexandre Gavras.

Meilleur court métrage d’animation :
Mr. Hublot, de Laurent Witz et Alexandre Espigares
Des Français, youpi ! (Non non, je suis pas chauvin)

gatsby leo.jpgMeilleure création de costumes :
American Bluff
The Grandmaster
Gatsby le magnifique
The Invisible Woman
12 Years a Slave

Meilleur décor :
American Bluff
Gravity
Gatsby le magnifique
Her
12 Years a Slave

Meilleur montage :
American Bluff
Captain Phillips
Dallas Buyers Club
Gravity
12 Years a Slave
 
Meilleure photographie :
The Grandmaster
Gravity
Inside Llewyn Davis
Nebraska
Prisoners
 
Meilleur montage son :
All Is Lost
Captain Phillips
Gravity
The Hobbit
Du sang et des larmes
 
Meilleur mixage son :
Captain Phillips
Gravity
The Hobbit: La désolation de Smaug
Inside Llewyn Davis
Du sang et des larmes
 
Meilleurs effets visuels :
Gravity  (pour changer)
Le Hobbit: La désolation de Smaug
Iron Man 3
The Lone Ranger
Star Trek Into Darkness 
 
Meilleurs maquillages et coiffures :
Dallas Buyers Club
Bad Grandpa
The Lone Ranger
 
Et vous, que pensez-vous de ces résultats ?

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30/03/2014

A la télé cette semaine : Dracula, Frozen river, La boum...

dracula.pngCette semaine, pas grand-chose à la télé. Je vous conseille plutôt d’aller au cinéma, voir Diplomatie (mon article sur le film en lien rose) Her ou encore Les gazelles.

Lundi sur Arte, Dracula de Francis Ford Coppola. Inutile de présenter l’histoire. La mise en scène est sombre, baroque, sensuelle… Gary Oldman est effrayant en prince des ténèbres, Winona Ryder fragile en amoureuse perdue.

télé,cinéma,à la télé cette semaineMercredi à 22h30, France4 programme Frozen river de Courtney Hunt, grand prix au festival de Sundance de 2008. Le mari de Ray est parti avec les économies du ménage. L’épouse délaissée rencontre une Mohawk vivant dans une réserve indienne, à la limite entre le Canada et les Etats-Unis. Pour gagner de l’argent, les deux femmes font passer des immigrés clandestins dans la voiture de Ray, sur la rivière gelée qui marque la frontière… La glace risque de se briser à tout instant, et les policiers rôdent. Une histoire très originale, qui laisse une impression durable : on se souvient longtemps de ses paysages enneigées, de l’atmosphère tendue et mélancolique. Un film qui tient autant du thriller que du drame social.

boum.jpgJeudi sur TMC, l’inévitable La Boum. Comme tout le monde, enfin surtout les filles, je l’ai souvent regardé. J’aimais bien les rebondissements comico romantiques (ah, lorsque Matthieu met le casque sur les oreilles de Vic et qu’ils dansent le slow «  dreams are my reality… »)
Pourtant je ne voyais pas du tout La Boum comme une représentation de ma propre jeunesse. Déjà, j’ai découvert le film enfant, je n’étais pas assez grande pour sortir, et quand j’ai atteint l’âge, on ne m'invitait pas à ces soirées (« je ne dois pas sentir comme il faudrait l’argent et le succès, et ça me vexe »). Je trouvais les livres et les films plus intéressants que les garçons de ma classe. Ou bien les garçons de ma classe moins intéressants que les garçons des films et des livres. Je ne faisais pas partie d’une bande (mais j’avais des amies hein). Je n’appartenais pas au même milieu social bourgeois et aisé (la mère de Vic est dessinatrice et son père dentiste). Je n’avais pas des parents cool et une grand-mère dans le coup (la mienne, enfin celle qui me restait à l’époque, n’avait jamais quitté son village et n’était allée au cinéma qu’une seule fois dans sa vie, pour voir La vache et le prisonnier en 1956). Je n’avais pas de parents ayant peur de se séparer. Ca va vous paraître étrange mais je ne connaissais aucun enfant de divorcés (c’était avant d’arriver à Paris et de voir qu’un couple sur deux s’y séparent !) Bref, je regardais La boum comme une curiosité, un miroir sur un monde inconnu, et non le reflet de mon adolescence.

coco-avant-chanel-.jpgA la même heure sur  France3, Coco avant Chanel, avec Audrey Tautou dans le rôle titre et mon chouchou Benoît Poelvoorde en amoureux rejeté. J’adore les biographies, donc j’ai apprécié ce film sobre et élégant, quoiqu’un peu froid, tout à l’image de la créatrice de mode.

Côté documentaire, la guerre toujours, avec Le massacre de tulle, 9 juin 1944, ce soir à 22h30 sur  france5.
Mardi sur France 2, suite de Apocalypse, la première guerre mondiale, puis Apocalypse, Hitler.
Le même jour à 22h30 sur Arte, La drôle d’histoire des banques françaises, de l’utilisation des premiers billets en 1716 au krach de 2008 et la dérégulation grandissante.
Vendredi à 22h20 sur Arte, Quand les océans deviennent acides. Les poissons et crustacés disparaissent aussi à cause du dioxyde de carbone…

Et vous, appréciez-vous ces films ? Que pensiez vous de la boum ?

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29/03/2014

Diplomatie

diplomatie.jpgLe 24 août 1944, hôtel Meurice. Le gouverneur de Paris, le général Von Choltitz, reçoit de la part d’Hitler l’ordre de détruire la capitale. Le consul Suédois Nordling assiste en secret aux derniers préparatifs : les ponts et les monuments emblématiques de la ville sont minés et une seule confirmation les fera exploser. Le consul passera la nuit à convaincre le général de ne pas commettre une telle folie irréparable… Vous pouvez voir la bande annonce de Diplomatie ici.

Paris brûle-t-il ? Ou plutôt Paris se noie-t-il, car l’explosion des ponts devait plonger sous l’eau le cœur de la ville. « Devait » évidemment, car Paris n’a pas été détruit, la Tour Eiffel, l’opéra Garnier sont toujours là…Contrairement à Titanic, Paris n’est pas immergée, et comme Titanic, on connaît la fin de l’histoire. Pourtant on se laisse happer par cette histoire passionnante.
En tant que littéraire fan de discours, je me suis évidemment régalée à écouter cette joute verbale, cette démonstration implacable et irrésistible de l’art de la rhétorique. J’étais accompagnée d’une scientifique, pas très cinéphile, et surtout pas très bavarde, qui a autant aimé que moi.

Les personnages ont réellement existé et se sont rencontrés pour parlementer, mais on ne sait pas ce qu’ils se sont dit réellement, l’auteur l’a imaginé. Ce film de Volker Schlöndorff (Le tambour, palme d’or et oscar du meilleur film étranger en 1980) est adapté d’une pièce de théâtre. Les deux acteurs principaux incarnaient déjà les personnages.
On sent qu’ils sont rodés, se connaissent, et peuvent peaufiner leur ton, leur gestuelle, leurs regards. Ils déclament leur texte avec une grande aisance. C’est un plaisir d’observer et d’écouter ces deux grands que sont Niels Arestrup (césar du meilleur acteur dans un second rôle pour Un prophète, et plus récemment Quai d’Orsay) et surtout André Dussollier, sa voix grave et douce reconnaissable entre toutes.
Le film étant adapté d’une pièce, on pourrait reprocher un côté « théâtre filmé », manquant de scènes d’extérieur et avec une mise en scène peu imaginative. Mais il fait appel à des images d’archives percutantes, et le texte est si puissant qu’il occulte ce souci.

Comme le consul incarné par Dussolier, j’aimerais maîtriser l’art du discours et de la diplomatie… Faire passer les idées en douceur, savoir convaincre, s’adapter au profil de l’interlocuteur, à ses retournements de position, et avoir de la répartie. Je peux prévoir un texte pour persuader quelqu’un (me faire des scénarios avec dialogue complet est ma spécialité), mais la personne réagit rarement comme prévu, et j’en suis décontenancée. Souvent, je trouve la bonne répartie… mais après deux heures de rumination : « J’aurais dû dire ça ! » Si l’interlocuteur est hostile, même si j’ai une réponse adéquate, je n’ose pas la sortir car j’ai peur d'envenimer les choses. Je reste muette d’étonnement, ou je rougis de colère, et je pars avant de dire des choses blessantes. Ou alors, si le sujet est important, j’explose sans mesurer mes propos.

Ainsi, avec Papillote dans le rôle du consul, le dialogue aurait tourné cours très vite. Offusquée, je n’aurais pas pris de pincettes ni abusé de la flatterie comme Dussollier :
« Qu’est ce que j’apprends ?! C’est quoi ce bordel ?! Hitler veut faire sauter Paris, tout ça parce qu’il voit qu’il va perdre la guerre et veut se venger ? Et faire disparaître en priorité les monuments comme l’opéra Garnier, justement son préféré, parce qu’il a été refusé dans une école d’art ? Nan mais vous vous rendez compte que c’est complètement crétin, vous êtes pas aussi con pour faire une débilité pareille, hein, M’sieur Von Truc, Saucisse là ?! »
Non, c’est sûr, avec moi, Paris aurait sauté, et le film aurait duré deux minutes.

Et vous, que pensez-vous du film ?

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