08/06/2016
Coucou me revoilou
C’est bien moi devant vous.
Titre de chanson élu à l’unanimité par moi-même le plus pourri de Polnareff.
Michel Delpech, 69 ans.
Michel Galabru, 93 ans.
Jamais deux sans trois, loto, à qui le tour ? Se débarrasser de Michel Sardou, « je suis pour », mais les meilleurs partent toujours en premier. Mon Michou allait-il y passer ? « Si il meurt avant le concert, je le tue ! » Mais il a survécu jusque-là. D’autres chanteurs ont passé l’arme à gauche avant lui cette année. Un certain David Jones (son homonyme étant déjà célèbre en tant que leader des Monkees (voir en lien), il s’est fait connaître sous le pseudonyme de… David Bowie), un certain Prince Rogers Nelson, ou love symbol, ou Le nain pourpre etc.
Mais mon Michou à moi, 71 ans, il tient toujours debout. Enfin, debout... Les jambes flageolantes et arquées pour soutenir sa bedaine, mise en valeur par une chemise ouverte sur son torse flasque et ridé de jeune premier. M’enfin… Mais cette tenue va à Travolta dans La fièvre du samedi soir, fier et pimpant danseur de disco de 23 ans… Et pourquoi sa chemise dépasse derrière, il est tout débraillé, il sort du lit ou quoi ? Ah non c’est fait exprès, c’est une queue de pie ! Et le pantalon en cuir, et ce caniche peroxydé sur la tête ? M’enfin ?!
Quelques temps avant le concert, je fais réviser ses classiques à mon acolyte :
- Bon mon gars, faut que tu sois prêt. Je te préviens, je connais tous les albums par cœur. Alors va falloir tout chanter, mettre le paquet. Qu’il soit content le Michou et qu’il fasse des concerts un peu plus souvent que tous les 20 ans.
Évidemment je suppose que tu ne connais pas ma chanson préférée, Rosée d’amour n’a pas vu le jour, rosée du jour n’a pas eu d’amour ?
- Qu’est-ce que c’est que ce titre à rallonge ?
- Laisse tomber, de toute façon il ne la jouera pas, j’ai la malédiction des chansons, en concert les groupes ne font jamais mes préférées (la preuve ici).
J’adore aussi Ring a ding, des paroles qui me définissent bien :
Je suis né dans une famille de Ring a ding
Mes parents voulaient une fille et ring a ding
A l’école je passais pour un ring a ding
Dans la main j’avais comme un ring a ding
Vous m’avez compris…
- Ah non j’ai rien compris.
- Laisse béton encore, il ne la jouera pas. Par contre une autre qui me correspond bien aussi, il risque de la faire car elle est connue :
Je suis le roi des fourmis
Misanthrope et petit, tyrannique et gentil
Pas d’impôt sur la vie, vision d’un paradis
10 000 sont mes petits
- Ah oui c’est tout à fait toi. Mais celle-là elle est connue, il est obligé de la faire.
NB : il n’a pas joué le roi des fourmis.
- J’adore aussi « Mes regrets » « Nos mots d’amour » « Pourquoi faut-il se dire adieu » , « Ta ta ta ta » « Allô Georgina » et des dizaines d’autres, mais il ne les fera pas forcément.
- Passe directement aux chansons que tu n’aimes pas, ce sera plus simple.
- Alors je déteste « Tout tout pour ma chérie », « Ya qu’un cheveu », « Ophélie flagrant des lits », Coucou me revoilou, qui sont pour moi d’une crétinerie et d’un kitsch sans nom. Normalement il devrait au moins nous épargner la dernière.
NB : il a donc joué toutes ces chansons sans exception.
En revanche il a annoncé qu’il interpréterait pour ses fans deux chansons méconnues que j’aime beaucoup, Le prince en otage et surtout Rosy :
Je vous adorais Rosy
« Vous aviez pour moi de l’estime
Et vous m’aviez dit Rosy
« C’est Rosita pour les intimes »
Mes joues avaient rosi
La première fois
Oui c’était vous Rosy, ma première fois… »
« Quand mon esprit est comme un jour d’orage
Quand la vie me prend à la gorge
Quand je m’ennuie, quand je suis comme un prince en otage
Que ne vient réclamer personne
Je me rends léger, je ne pèse plus un gramme
Et je m’en vais dans le ciel, alors ma vue est belle
J’ai le cœur léger, je ne verse pas une larme
Et je suis dans les étoiles, alors je n’ai plus mal
Je plane et j’oublie la Terre et les drames
Et je me promène et je flâne… »
NB : Il n’a joué que Rosy, faut pas trop lui en demander non plus.
Polnareff a tout de même proposé ses chansons incontournables comme « Lettre à France », « Love me please love me », « L’amour avec toi », « Holidays », « Le bal des Laze », « Goodbye Marylou », « Qui a tué grand maman »… Plus de 2 heures de concert, pour finir sur le classique « On ira tous au paradis » repris en chœur par tout Bercy.
Pourtant Michou se plaint de l’ambiance en nous lançant des piques (rah mais vraiment ! est-ce que je fais ça moi ?!)
« La température avoisine les moins 40… D’après mon GPS, vous êtes à 100 km…Vous êtes aphones, je ne vous entends pas… Je ne sais pas pourquoi on a rebaptisé Bercy accor hotel arena, tout le monde est couché ! »
On s’époumone depuis 2h avec mon équipe coachée par mes soins ! Si ça te plaît pas on s’en va hein ! C’est sûr qu’on baisse la moyenne d’âge de 40 ans et que ce ne sont pas les papis assis en fosse (première fois que je vois des fauteuils à cet endroit à Bercy !) qui vont faire des pogos, même sur Dans la rue et Tam-Tam. Mais dans la deuxième partie du concert, les fans se lèvent et dansent. Il est difficile l’Amiral.
Les sarcasmes de Polnareff ne sont pas seulement destinés au public, mais à tous ses détracteurs, et ils sont nombreux, surtout parmi les chanteurs…
Suite demain
18:55 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : michel polnareff | | Facebook
16/10/2015
Green inferno : un film qui prend aux tripes !
Chaque jour, plus de 80 000 hectares de forêt sont détruits... De riches étudiants New-yorkais se rendent en Amazonie pour protéger la forêt et une tribu qui y habite, menacées de destruction par une multinationale qui cherche du gaz naturel. Les jeunes gens se filment enchaînés aux bulldozers, partagent les images sur les réseaux sociaux. Le buzz et l’indignation sont tels que les activistes réussissent leur pari : les travaux sont suspendus. Mais leur avion du retour s’écrase en pleine jungle, et la fameuse tribu les récupère. Et elle est particulièrement hostile… Voir bande annonce excellente en lien.
Green inferno prend aux tripes. C’est le cas de le dire : la tribu est cannibale… J’en suis ressortie dans le même état qu’après Space Mountain ou le manège à l’envers d’Indiana Jones : remuée mais contente d’avoir ressenti des sensations si fortes. Le coup de génie d’Eli Roth (Cabin fever, Hostel…) est de ne pas avoir choisi les habituels ados superficiels têtes à claques qui se font massacrer alors qu’ils passent un week-end à se torcher la gueule. Non, ici ce sont de braves étudiants idéalistes qui veulent changer le monde !
Au début du film, un prof parle des dégâts de l’excision, et les jeunes américains incultes découvrent cette réalité. L’héroïne s’emballe : « mon père travaille à l’ONU ! Je vais lui en parler et Zorro va combattre ce fléau ! » Quand les jeunes activistes réussissent à stopper la destruction de la forêt en 10 minutes chrono et deux vidéos sur twitter, on pense « tiens, si c’est si facile, faisons tous pareils alors ! »
Aah comme c’est mignon, comme ça paraît simple de changer le monde… Mais le film est incroyablement cynique. On comprend qu’évidemment, si on nous parle de l’excision, ce n’est pas innocent, et la menace plane sur l’héroïne tout le long du film. Si les jeunes gens ont réussi si facilement leur coup médiatique, c’est parce qu’ils ont été financés par un riche commercial qui travaille en fait pour la société de démolition concurrente : les travaux reprendront deux jours après, avec cette nouvelle entreprise.
Le réalisateur Eli Roth explique : « tandis que j’achevais le scénario, l’affaire Kony 2012 a éclaté (qui enlève des enfants Ougandais pour en faire des soldats et esclaves) : tout le monde passait son temps à tweeter des infos glanées dans des vidéos sur YouTube, puis à pousser d’autres personnes à les retweeter sous peine de salir leur réputation à eux aussi. Comme si, en ne le faisant pas, on se moquait pas mal du sort des enfants soldats d’Ouganda. J’y ai vu la volonté de certains d’apparaître comme de bons samaritains et, un mois plus tard, le leader du mouvement a été surpris en train de se masturber dans les rues de San Diego. Tout ce dispositif a été inutile. Certes, il a sensibilisé certains à cette cause, mais ce n’est pas en retweetant des liens vers des vidéos qu’on va pouvoir arrêter des criminels ».
Ironie du film : il dénonce les ravages du monde moderne sur la nature et les tribus amazoniennes, mais il est allé filmer en pleine jungle, auprès de villageois paisibles sans contact avec le monde extérieur, sans électricité ni eau courante, qui n’avaient jamais entendu parler de cinéma. Pour avoir l’autorisation de tourner chez eux et de les utiliser comme acteurs et méchants cannibales, Eli Roth leur a montré leur tout premier film. Et pas n’importe lequel, pas un classique, pas un dessin animé gentillet. Non… Cannibal holocaust !! Sympa comme entrée en matière ! C’est certainement pour ça qu’ils ont accepté si facilement de jouer: « ok, on y va, ça doit être normal chez les Américains d’ouvrir le bide de son voisin et lui bouffer le cœur ! »
En retour, le dossier de presse explique que « la production a collaboré avec les habitants pour leur fournir ce dont ils avaient besoin pour améliorer leurs conditions de vie ».
Le tournage a été particulièrement éprouvant : 5 h de trajet quotidien pour atteindre les lieux isolés, des inondations détruisent les décors, une scène tournée dans un champ rempli de tarentules vénéneuses… Du matériel est gardé par la douane, et les maquilleurs doivent utiliser les moyens du bord : des fruits ou des morceaux de viande !
Eli Roth précise : « tous les acteurs se sont coupés, ont été piqués ou ont eu des hématomes. Ils se sont tous engagés pour vivre une aventure, mais ils étaient ravis de rentrer à Santiago. Je me souviens qu’en arrivant à l’aéroport de Lima, ils se sont tous précipités vers le premier Starbucks ! »
Eh oui, la mondialisation et le monde moderne gagnent toujours à la fin…
Le film n’est pas uniquement là pour provoquer des sensations fortes : il interroge la notion d’engagement, de la solidarité (pour s’en sortir : aider ses amis, ou chacun sauve sa peau ?) et le rôle des médias. Green inferno montre que l’enfer est pavé de bonnes intentions…
Cet excellent film d’horreur ne sort malheureusement pas en salles, mais est disponible dès aujourd’hui en e-cinema sur la majorité des services de vidéo à la demande. Si vous êtes fans du genre, je vous invite vivement à voir Green inferno qui relève le niveau !
16:54 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (3) | | Facebook
13/10/2015
Marguerite, l'incroyable Castafiore
Dans les années 20, une aristo (Catherine Frot) se prend pour une soprano. Elle impose à son entourage ses cris de chat qui se fait marcher sur la queue, elle organise des concerts. Personne n’ose lui dire qu’elle chante comme une casserole. Les journalistes se moquent entre les lignes, d’autres peu soucieux abusent de sa crédulité et bienveillance pour lui soutirer de l’argent et la lier à la cause anarchiste. Si elle chante, c’est aussi pour attirer l’attention de son mari, qui la délaisse pour une autre.
Le film s’inspire d’une femme ayant réellement existé, Florence Foster Jenkins. La véritable histoire est plus intéressante que son adaptation : le mari de la Castafiore a deux fois son âge, il la trompe et lui refile la syphilis. Cette maladie et le traitement au mercure attaquent son système nerveux, son nerf auditif, donc son oreille, et peut expliquer pourquoi elle pense être une bonne soprano. Ou bien elle vit dans un délire imaginaire… C’est une femme exubérante, dans son comportement, ses tenues de scènes excentriques. Lors d'un accident à bord d'un taxi, elle découvre qu'elle peut chanter un « fa encore plus haut qu'avant ». Au lieu de poursuivre la compagnie de transport, elle envoie une boîte de bons cigares au conducteur… Elle ne s’aperçoit pas que son public se moque d’elle, pensant être admirée. Mais après un concert dans une vraie salle, le prestigieux Carnegie Hall, les journalistes la critiquent ouvertement. Soudainement consciente de son absence de talent, à 76 ans, elle fait une crise cardiaque et meurt peu de temps après. Je vous invite à cliquer sur le lien de Florence Foster Jenkins massacrant Mozart… Elle aurait également inspiré le personnage de la Castafiore dans Tintin.
Cette stupéfiante biographie n’est pas vraiment exploitée dans le film. Xavier Giannoli n’utilise pas l’anecdote du fa, de la maladie… Et son final est vraiment trop grandiloquent, grotesque, on n’y croit pas. S’il s’était borné à la réalité, il aurait été bien plus efficace et émouvant. Le film débute par la longue préparation d’un concert intime donné chez la soprano. Le suspense est à son comble… sa voix est-elle si nulle que ça ? L’effet d’attente fonctionne à fond, et j’ai ri aux larmes comme je n’avais jamais autant ri, littéralement pliée en deux. Mais ensuite… on a compris qu’elle chantait faux. Et on a de la peine pour elle, moquée, trompée par un journaliste et un anarchiste. Ces deux personnages semblent amoureux de la même fille, une chanteuse aguerrie, elle. Mais ce triangle amoureux passe à la trappe en cours de route, pour revenir subitement à la fin, sans résolution. Le film est assez mal construit, et trop long (plus de deux heures).
Xavier Giannoli a le don pour dégoter des sujets en or, des histoires vraies incroyables, mais il ne sait pas les traiter. Dans A l’origine, un escroc (François Cluzet) se fait passer pour un chef de chantier. Il lance la construction d’une autoroute au milieu d’un champ, employant des dizaines de personnes, mobilisant la municipalité… Un fait divers étonnant, gâché par un film ennuyeux. Marguerite n’atteint pas ce stade, mais il aurait pu être tellement mieux… J’attends avec impatience l’adaptation avec Meryl Streep et Hugh Grant, réalisée par Stephen Frears (Philomena, High Fidelity, Les liaisons dangereuses...)
10:30 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, catherine frot, cinéma français | | Facebook
11/10/2015
Bilan "je suis culturée" de septembre
Peu de sorties ce mois-ci. J’ai profité des derniers beaux jours avant la pluie et l’automne qui s’installent. J’ai passé mon temps libre à flâner et lire dans le parc. Ah, ce beau soleil qui revigore… quelle bonne idée j’ai eu de me promener avant d’aller bosser, comme ça j’aurai la pêche au boulot ! Pourtant, je me sens patraque, sonnée, on me demande si je vais bien « mais si, je reviens du parc! » J’ai chaud, j’ai soif, je manque de tourner de l’œil sur mon bureau… avant qu’on s’horrifie : « aaah t’as le crâne tout rouge ! » Oui, j’ai pris une insolation par 15 degrés en plein automne et aujourd’hui, je pèle de la tête.
3 films au cinéma :
Coup de cœur :
- Green inferno d’Eli Roth
Coup de cœur et surtout coup dans l’estomac. J’en reparle bientôt.
Pourquoi pas :
- Marguerite de Xavier Giannoli
Le cinéaste a le don pour trouver des sujets en or, mais il ne sait pas les traiter. J'en parle demain.
Bof bof :
- Un début prometteur d’Emma Luchini
Et non.
22 films à la télé :
Coup de cœur Canal+ :
- A la recherche de Viviane Maier de John Maloof
Coups de cœur Canal sat :
- A propos d’Elly de Asghar Farhadi
- Vous ne l’emporterez pas avec vous de Franck Capra
Déception :
- J Edgar de Clint Eastwood
Quel manque de souffle dans ce film ! Je conseille de relire plutôt la formidable biographie de Marc Dugain sur le sujet.
3 séries :
Coup de cœur :
- Black mirror, blanc comme neige, avec Jon Hamm
Série toujours aussi excellente. Dans un futur proche, les méfaits des nouvelles technologies sur les relations sociales... Effrayant, car réaliste.
- The brink, avec Jack Black et Tim Robbins
- Wayward pines, avec Matt Dillon
10 documentaires :
Coups de cœur :
- Pollution de l’air : qui nous intoxique ?
Le diesel, évidemment !
- Le ventre, notre deuxième cerveau
Tellement évident pour l'estomac sur pattes !
- French Bashing
- Un jour un destin : Pierre Richard
- Un jour un destin : Marlène Jobert
- Pièce à conviction : Nos très chers députés de Patricia Loison
- Despot housewives
- Discrète chevêchette
- Comment le sexe a changé le monde
- hipstérie
19:35 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : télé, cinéma, documentaires | | Facebook