16/06/2010
La vie à deux
Révolution, je parle enfin de livres! (Je vous ai eu hein, vous croyiez que j'allais évoquer ma vie de couple, avouez). A part les bilans annuels de 2008 et 2009, je n’avais pas encore franchi le pas. Pourtant, si vous avez remarqué le changement dans la colonne de droite, j’ai lu 30 bouquins depuis le mois de janvier. Vu que 30 % des Français majeurs ne lisent jamais, je suis plutôt une bonne liseuse.
Etant assez difficile, je préfère me fier aux goûts certains de mes amis culturés. En général leurs conseils font toujours mouche : par exemple avec Le matin des magiciens, L'étrangleur de Boston ou Les falsificateurs. Cette fois je me suis fiée à l’opinion de Madame Kévin, la blogueuse « intellectuelle mais pas trop ». J’ai donc emprunté des livres de Dorothy Parker, les recueils de nouvelles La vie à deux et Mauvaise journée demain. J’ai adoré.
En ce jour de deuil national (le dernier Marc Lévy est en vente aujourd’hui), évoquons enfin la bonne littérature.
Déjà, contrairement à la majorité des lecteurs, je préfère largement les nouvelles aux longs romans. Leur nombre de pages limité oblige à raconter avec concision et précision une histoire : pas de superflu, de descriptions ronflantes, on va droit au but. Mes livres préférés sont souvent des nouvelles : celles de Matheson, celles de K.Dick et de Maupassant (les réalistes plus que les fantastiques).
Dorothy Parker maîtrise à merveille l’art de la nouvelle. (D’ailleurs, elle n’a jamais pu finir le seul roman entamé). En quelques mots, à travers une réplique cinglante, elle sait définir entre les lignes un personnage, ses pensées, son caractère, mieux qu’une lourde description ou analyse psychologique. Ses histoires sont simples, elles traitent de sujets banals qui peuvent être jugés faciles (l’incompréhension entre hommes et femmes, l’hypocrisie de l’amitié, des mondanités etc…) mais elles sont incroyablement bien racontées. Il est impossible de les résumer sans les dénaturer, il faut en recopier des extraits pour que vous puissiez comprendre toute la finesse de l’écriture…
Pour évoquer Dorothy Parker, je laisse faire les pros (ça me reposera, c’est facile de recopier) je vous livre des extraits de la pertinente préface écrite par Benoite Groult :
« La vie de Dorothy Parker est celle de ses personnages. Célèbre à 25 ans, à 30 ans l’un des plus brillants auteurs des années folles, elle termina misérablement sa vie en 1966 à l’âge de 73 ans, dans une chambre d’hôtel de Manhattan, avec son vieux chien pour tout compagnon et une bouteille d’alcool pour l’illusion. On prétendait qu’elle n’avait jamais su renoncer à un mot d’esprit, fût ce aux dépens d’un ami. Celle qui avait incarné si parfaitement l’esprit brillant des années 30, l’émancipation sexuelle, le droit à la liberté pour les femmes (…) le désespoir élégant qui caractérisaient cette époque, passa de mode avec la grande dépression et survécut 30 ans à ce désastre, oubliée de tous.( …)
Le fait que ses personnages n’aient pas pris une ride avec l’âge témoigne qu’elle était parvenue à ce niveau profond des êtres, où les comportements échappent aux modes pour révéler ce qu’il y a de pathétique, dérisoire et d’immuable dans la condition humaine. Son sujet de prédilection ? L’incommunicabilité, la solitude à deux des couples, la recherche désespérée de l’amour. Somerset Maugham («comme dans les nouvelles pour dames, de Somerset Maugham ») écrivait d’elle que « son humour était l’expression naturelle de son ironie devant l’absurdité de l’univers ».
Je suis trop bavarde, suite demain soir…
Quizz on connaît la chanson : quel chanteur (que j’aime beaucoup pour une fois) interprète la phrase entre parenthèses sur Somerset Maugham ?
18:42 Publié dans Je suis culturée, On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : livres, littérature, marc lévy, dorothy parker | | Facebook
13/03/2010
Comment choisis-tu tes livres ?
Seb me demande comment je choisis mes bouquins. Je lis rarement les derniers recueils parus, je ne veux pas regretter d’avoir dépenser de l’argent pour rien. De plus, je n’ai pas de place pour stocker mes livres dans mes 23 mètres carrés. Je lis essentiellement des livres de la bibliothèque. Je les emprunte souvent au pif, en furetant dans les rayons : La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams, c’est un classique et j’ai adoré le film… » « Tiens, Marc Levy, l’auteur le plus lu en France, faut quand même voir ce que ça vaut. »
Forcément, à choisir au hasard, je suis souvent déçue. Alors je me fais conseiller par des amis qui ont les mêmes goûts que moi. C’est ainsi que j’ai découvert mes livres préférés : La conjuration des imbéciles, L’étrangleur de Boston ou Le matin des magiciens. A travers le blog, j’ai aussi sollicité votre avis. Pour l’instant j’ai lu le seul livre dispo en bibliothèque, La traversée des frontières conseillé par Mme Kévin.
Sinon mes lectures me donnent également des idées. Les préfaces font souvent référence à d'autres auteurs du même genre. Les écrivains citent même dans leur texte des confrères. Dans une des nouvelles du recueil A l’ouest d’octobre de Ray Bradbury, un couple se sépare et fait l’inventaire de ses bouquins à partager : une mine d’information.
Les films ou l’actualité m’influencent aussi : j’ai lu Orgueil et préjugés après avoir vu le film par exemple. Le documentaire sur le stress au travail, les suicides à France Télécom m’ont donné envie de lire des études sur le sujet. Les infos télés sur la baisse du pouvoir d’achat, le crédit revolving, les soldes et la fashion week me poussent à lire No logo de Naomi Klein par association d’idées…Voilà.
Et vous, comment lisez-vous ? Je ne sais plus qui taguer car tout le monde répond au défi « photo lecture » en ce moment. M, Kahlan et Gabrielle peut-être? Qui est intéressé?
20:48 Publié dans Je suis culturée, On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : lecture, littérature, livres, marc levy, la conjuration des imbéciles | | Facebook
11/03/2010
Dis-moi comment tu lis
Après les 2508 autres personnes taguées par Thé citron, je donne enfin ma réponse au « dis-moi comment tu lis ».
Petite, je lisais partout et tout le temps. A l’école, par terre dans la cour de récré, ou cachée dans un coin chez les amis de famille qui nous invitaient. En été, je bouquinais toute la journée, sur une chaise longue dans le jardin, les pieds dans la rivière, ou carrément sur le toit de la maison de campagne.
Je lisais aussi à table et j’agaçais beaucoup ma mère : «Mais tu lâcheras donc jamais ces bouquins ! Tu vas t’abîmer les yeux à force ! » Elle avait raison : A 14 ans je suis devenue hypermétrope, la maladie des yeux usés qui survient normalement à la cinquantaine, mais je n'ai plus besoin de lunettes depuis quelques années.
A 10-11 ans j’ai commencé à tenir des carnets de lecture, alors j’ai lu assise à mon bureau, plus pratique et confortable pour prendre des notes. Quand ma mère venait m’espionner, je faisais semblant de faire mes devoirs. Elle me plaignait que « décidément les profs donnent trop de travail ».
Je crois que cette astuce a crée un malentendu : ma mère était persuadée que je travaillais beaucoup pour des résultats moyens, (donc que j’étais peut-être lente d’esprit), alors qu’en fait j’en fichais pas une rame (sauf en français, la seule matière intéressante, où j’étais la première de la classe).
J’ai continué à lire tout le temps. Puis j’ai découvert le baby-sitting. Je remplis mon activité favorite, sauf que je suis payée pour. Je dîne avec les enfants, je les couche, je leur lis une histoire pour qu’ils s’endorment, puis je bouquine pendant 3-4 heures. Le pied.
Le problème, c’est que maintenant je ne lis plus chez moi. Je me dis « c’est con, je vais attendre un baby-sitting et d’être payée pour le faire. »
Heureusement, pour me rendre au travail, je dois prendre les transports en commun, j’en profite donc pour lire. Je lis aussi pendant ma pause déjeuner au boulot.
Et vous, comment lisez-vous ? Je tague Jeanne, Cranemou, Déméninges, ennA et BBflo.
Demain, la suite avec le tag de Seb « comment choisis-tu tes livres ? »
20:44 Publié dans Je suis culturée, On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : lire, lecture, littérature, marc lévy, comment lire sans encombre dans les transports en commun, comment faire aimer la lecture aux enfants | | Facebook
15/01/2010
Mes meilleurs livres de 2009
Pour continuer dans le marronnier, après celui de l’année dernière, voici mon best of des livres lus en 2009.
Après l’exceptionnel bon cru de 2008, cette année, sur les 48 lus, seuls 23 m’ont vraiment plu et une dizaine m’ont carrément saoulé. Je voulais acheter le dernier Ellroy car j’ai adoré Le Dalhia noir, mais j’ai peur de perdre encore 25 euros…
Même mes chouchous m’ont déçu. Bruits de l’asphalte de Philip K Dick est triste et banal, en évoquant le quotidien à la place de la science-fiction inventive habituelle. Le tome 3 des Nouvelles de Matheson est moins original que les deux précédents. Peut-être aussi que mon point de vue est altéré par mes conditions de lecture. J’ai lu les deux premiers tomes confortablement installée dans mon lit, alors que j’ai bouquiné le dernier dans le bruit et la foule du métro…
J’ai tout de même adoré certains livres cette année. Sur les 48 lus, mes préférés sont :
1er : Le matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier
Passionnant et fascinant. Un extrait résume le sujet :
« Une des grandes puissances du siècle est la certitude qu’ont les hommes civilisés de savoir tout de l’univers dans lequel ils vivent (…) La connaissance scientifique n’est pas objective. (…) On rejette quantité de faits parce qu’ils dérangeraient les raisonnements établis. Nous vivons sous un régime d’inquisition où l’arme la plus fréquemment employée contre la réalité non conforme est le mépris accompagné de rires. Qu’est-ce que la connaissance, dans de telles conditions ? »
Les auteurs citent une quantité d’exemples de faits non expliqués par la science, mais aussi d’inventions et découvertes qui existaient bien avant notre époque, contrairement à ce qu’on suppose (que plus on avance dans le temps, plus on est intelligent et sophistiqué). Je ne vous cite pas les nombreuses preuves pour vous inciter à lire cet essai !
2 ème : Les falsificateurs d’Antoine Bello
Encore un roman qui nous apprend des trucs. (Avant de me coucher, j’adore me remémorer ce que j’ai appris le jour même. J’ai l’impression d’être plus intelligente que le matin, mais le lendemain, je ne retiens jamais la leçon…)
Un jeune homme rentre dans le monde du travail et se rend compte que son entreprise n’est pas comme les autres. Son rôle est de réécrire l’histoire et l’actualité en créant des scénarii et des faux documents. Par exemple, Laïka, la première chienne lancée dans l’espace par les Russes, ne serait qu’une invention pour pousser les Américains à se lancer eux aussi dans la conquête spatiale…
Un roman foisonnant, ludique, inventif et drôle.
En revanche, je trouve que la suite Les éclaireurs est décevante : elle relate l’histoire archi connue du 11 septembre 2001, certains personnages et intrigues du premier tome sont laissés à l’abandon…
3 ème : Persépolis de Marjane Satrapi
J’avais déjà beaucoup aimé le film, et la B.D est encore plus détaillée. J’aime beaucoup les biographies, ces « leçons de vie ».
4ème : Nouvelles, tome 2, 1953-1959 de Richard Matheson
Cet écrivain scénariste a vraiment un don pour créer des histoires, mais j’ai déjà tout expliqué l’année dernière.
5ème : Many years from now, les beatles, les Sixties et moi de Paul McCartney et Barry Miles
Ben oui, Macca chéri… J’aime les biographies, alors celle de Macca… Elle est vraiment captivante et même exaltante. Pas niaise (« un pauvre garçon issu du monde ouvrier… » « Il rencontre Linda, l’amour de sa vie » etc…) mais centrée sur le monde artistique des sixties. Macca dans ses entretiens enjolive certainement, mais il donne le sentiment d’avoir tout vécu, que tout était possible à cette époque. La description du Swinging London est très enthousiasmante. Un livre qui met de bonne humeur, avec plein d’anecdotes croustillantes (Malgré son image de minet propret, c’est McCartney qui a appris à fumer le joint au « rebelle » Mick Jagger... Il lui a aussi composé ses premiers tubes.)
Je vous donne la liste des autres romans. Initialement j’avais noté une brève critique pour chaque bouquin, mais vous imaginez la longueur du texte…
Romans et contes
Vol au-dessus d’un nid de coucou de Ken Kesey
Dans un asile d’aliénés, un détenu se heurte à une infirmière sadique. Bien, mais misogyne : les seules femmes du roman sont soient castratrices (l’infirmière « aux gros nichons », sévère, donc « mal baisée ») soient des prostituées idiotes !
Chagrin d’école de Danniel Pennac
Le diable et marguerite de Mikhaïl Bolgakov
Le meurtre et autres nouvelles de John Steinbeck
Le silence de la mer de Vercors
Emma de Jane Austen
Persuasion de Jane Austen
Northanger Abbey de Jane Austen
Contes de l’Egypte ancienne de Viviane Koenig
Contes de Norvège de Johanne Margrethe Patrix
Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar
Le journal de mon père de Jîro Taniguchi
Thrillers et faits-divers
Au-delà du mal de Shane Stevens
Eloge de la pièce manquante d’Antoine Bello
Ce cher Dexter de Jeff Lindsay
L’évangile du bourreau de Arkadi et Gueorgui Vaïner
Est-ce ainsi que les femmes meurent ? de Didier Decoin
Un faits divers réel sordide : une femme assassinée devant son immeuble, sous les yeux d’une trentaine de voisins qui n’ont pas réagi : ils allaient chercher une chaise pour mieux admirer le spectacle ! Un sujet en or : l’auteur aurait pu exploiter les archives du procès, interroger des témoins, livrer une vraie réflexion sur la noirceur de l’âme humaine… Mais il n’en donne qu’une ébauche. Déception.
Science fiction et fantastique
Shining de Stephen King
Sauvagerie de J-G Ballard
Cauchemar à quatre dimensions de J-G Ballard
A l’ouest d’octobre de Ray Bradbury
Rashômon et autres contes de Ryûosuke Akutagawa
Sociologie, psychologie
Les nouvelles solitudes de Marie-France Hirigoyen
Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés de Marie Pezé
Le compte à rebours a-t-il commencé ? d’Albert Jacquard
L’ensorcellement du monde de Boris Cyrulnik
Autobiographie d’un épouvantail de Boris Cyrulnik
Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik
Secrets de famille et psychogénéalogie de Véronique Tison
Les monologues du vagin de Eve Ester
Où on va papa ? de Jean-Louis Fournier
Humour et Bandes dessinées
L’erreur est humaine de Woody Allen
Crises et grouchotements de Groucho Marx
Livre composé de plusieurs entretiens du comique. Lorsque Groucho raconte ses débuts périlleux, c’est excellent. Quand il est enfin célèbre et envoie des lettres aux journaux qui n’évoquent pas son spectacle par exemple, c’est beaucoup plus anecdotique. A force de lire tous les écrits de Marx dans ce recueil, sans tri, sans pertinence, je m’attendais à sa liste de courses…
Une vie de chat de Philippe Geluck
J’adore cet auteur. Je l’ai rencontré et il est vraiment sympathique, drôle et modeste.
Ubu roi d’Alfred Jarry
Les nuls, le livre
Les Bidochon, morceaux choisis
Joséphine de Pénélope Bagieu
Vie de merde
Quand on lit la sélection drastique des VDM aujourd’hui (j’en ai publié deux :100 000 personnes pensent que j'ai une vie de merde !), on a peine à croire que les auteurs aient pu sélectionner des anecdotes aussi insignifiantes pour certaines (« aujourd’hui, je me suis mis le doigt dans l’œil et j’ai bien mal »). Certaines aventures ne respectent même pas les « codes des VDM» : trop longues, plusieurs temps de conjugaison etc… décevant.
V pour Vendetta de Alan Moore David Lloyd
Et vous, qu’avez-vous lu cette année ?
Je vous incite grandement à me donner des exemples. Les romans conseillés sont souvent mes préférés (merci à Mathieu pour Le matin des magiciens et à Martin pour les falsficateurs)
13:00 Publié dans Je suis culturée, On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : littérature, livres, le matin des magiciens, les falsificateurs, persépolis, marc lévy m'a tuer | | Facebook