03/03/2020
Comment avoir une idée de génie ?
C'est simple : il suffit de me demander ! Ou à mon mentor : Gaston Lagaffe.
Ce documentaire montre que les tests de Q.I, comme ceux de logique, ne sont pas vraiment efficaces pour mesurer l'intelligence, car ils n'exigent qu'une seule bonne réponse. C'est ce que l'on nomme la pensée "convergente", celle qu'on nous apprend à l'école pour être un bon mouton.
La clé du génie serait au contraire la pensée divergente, la créativité. La plupart des solutions viennent en dehors d'un bureau, quand l'esprit est reposé et peut vagabonder, en faisant des associations créatives nouvelles. Beaucoup de chercheurs et d'artistes trouvent leur éclair de génie en se promenant dans la nature, ou en prenant un bain comme Archimède. (D'après ce documentaire, 72 % de nos meilleures idées viendraient sous la douche ! C'est pour ça que je milite contre le travail de bureau ! Recevons les clients à poil sous l'eau, ils seront ravis !)
Mieux : les idées nous viennent aussi en rêve dans notre sommeil : Paul McCartney a rêvé de la mélodie de Yesterday et l'a notée à son réveil, et pour Let it be, il a rêvé de sa mère décédée qui apparaissait auprès de son lit (Mother Mary comes to me, speaking words of wisdom : Let it be...") Je le constate à mon maigre niveau : si je bute sur une phrase, il suffit que j'aille me promener dans le parc ou fasse du sport pour que les mots se remettent à couler tout seul. Mes meilleures blagues me viennent toujours la nuit, lorsque je suis couchée et que mon esprit s'évade. Aux débuts du blog je me relevais pour les noter et ne pas les oublier, mais après je ne pouvais plus me rendormir, alors j'ai arrêté. Désormais, il faut me croire sur paroles : je suis toujours drôle, mais la nuit sans témoin, comme c'est pratique.
Inventer rime avec incuber. Perdre son temps n'est pas perdre du temps. Il faut beaucoup d'expériences inutiles pour trouver les solutions. C'est pour ça que Gaston Lagaffe a toujours été mon modèle : on a l'impression qu'il dort, qu'il glande, mais il imagine des outils pour améliorer son espace de travail ! S'il foire ses inventions, c'est pour mieux les réussir plus tard ! Eh ben c'est pareil pour moi. Je peux rester des heures à fixer la fenêtre, au boulot on me considère "dans la lune" et certains esprits limités me prennent même pour une neuneu, alors que je suis tout simplement en train de révolutionner le monde du travail par mes idées de génie ! Si si. Bon en réalité, je me pose plutôt des questions dignes d'un enfant de 5 ans ("pourquoi le ciel est-il bleu ?" "Si j'arrête de manger du chocolat, à partir de combien de minutes le manque va t-il provoquer un déficit en magnésium, sérotonine, antioxydant et donc la mort ?")
Un chercheur a suivi le parcours sur 30 ans de 650 enfants avec des QI supérieurs à 140, pour savoir combien allaient révolutionner le monde. Le type est mort avant le résultat de son étude : sur les 650 gosses, aucun génie. En revanche, sur deux enfants recalés car ne possédant pas de quotients de surdoués : 2 prix nobel. Einstein avait un cerveau + petit que la moyenne. Ce n'est pas la taille qui compte...
Une autre étude met des participants face à une bouteille en verre vide et leur demande de trouver le plus d'utilisations possibles de cet objet. Le genre de jeu qui met mon cerveau en ébullition, j'ai immédiatement lâché mes haltères pour participer (j'aime bien faire du sport en regardant des documentaires, je m'ennuie moins et je trouve que les mouvements permettent de mieux retenir ce que je vois. D'ailleurs c'est une aberration totale qu'on demande à des gosses de rester assis sans bouger à l'école : on devrait leur mettre un pédalier sous leur bureau, non seulement ça les calmerait, ils retiendraient mieux les leçons, mais en + ils produiraient de l'électricité !) En 3 minutes de test, j'ai noté une trentaine idées : se servir de la bouteille comme vase, bougeoir, rouleau à pâtisserie, loupe, support de dessin pour faire des cercles comme le spirograph, instrument de meurtre pour assommer et découper mon collègue... Bref seule sur une île déserte comme Tom Hanks, j'utilise la bouteille comme messager à la mer, puis quand les secours viennent me chercher 5 ans après : "ah déjà ? J'ai pas vu le temps passer ! Je m'amusais bien avec mon pote le ballon et..."
Juste avant de faire ce test, on a demandé aux participants : soit d'effectuer une tâche exigeante, soit de ne rien faire, soit de faire deux fois la même chose, soi de faire une tâche simple. Ce sont ces derniers qui ont obtenu les meilleurs résultats, car l'activité facile permettait au cerveau de se reposer.
C'est exactement pour ça, qu'à défaut de ne plus trouver d'emploi dans mon métier de base, journaliste cinéma, je me suis rabattue sur un boulot de rêve, très simple, qui me laisse l'esprit et le temps libre pour écrire et penser. Dans son livre "l'adulte surdoué, trop intelligent pour être heureux", Jeanne Siaud-Facchin montre que beaucoup de personnes intelligentes, si leur capacités restent mal exploitées, se retrouvent à faire des petits boulots de magasinage par exemple car ils leur permettent de reposer leur cerveau. (En revanche, un métier qui nécessite d'être au taquet comme serveur, c'est plus compliqué).
Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con ? Les découvertes récentes en neurosciences contredisent Brassens...
à suivre
15:47 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaires | | Facebook
28/02/2020
Ni juge ni soumise
J'étais fan de Strip-tease la série doc, très drôle, qui montrait souvent des illuminés (l'épisode des elfes dans la forêt, de la soucoupe volante...) On a reproché à l'émission de se moquer de la misère sociale, mais elle dénonce plutôt les beaufs et les cons, et la connerie atteint toutes les classes sociales. Les bourgeois guindés qui croient que tout leur est dû ne sont pas en reste : "parfaites" (les riches oisives) "Évelyne, reine d'Afrique" "le beau n'est jamais cher" et la conférence de presse du magazine féminin où les femmes "journalistes" se prennent très au sérieux et conseillent à leurs lectrices de paraître gourdes pour plaire aux hommes (c'est pas du chiqué, je l'ai vécu).
Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît : ils se laissent filmer par Strip-tease.
Pour ses 25 ans, la série télé sort sur grand écran. Le film suit une juge atypique, qui ne mâche pas ses mots, dit tout ce qui lui passe par la tête et parle sur le même ton de photos de meurtres et de pâtisseries. (Voir la bande annonce en lien). Le moment où la magistrate demande avec candeur à une femme de décrire son métier de maîtresse sadomaso en est un bon exemple : ça pourrait être glauque, scabreux et ridicule, mais c'est en réalité drôle, touchant et instructif ! Quand la juge reçoit des hommes violents qui ont frappé leurs femmes (elle osait sortir de la maison seule ! elle cherchait aussi !), devant tant de bêtises, on est affligé, énervé, mais la juge réussit à recadrer et à garder son humour.
Il faut rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer, la devise de Beaumarchais s'applique à strip-tease et à ce film. Vivement le prochain !
17:43 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaire, cinéma | | Facebook
20/02/2020
Ennemis intimes
Filmé par le cinéaste, les rapports entre fascination/répulsion, amour et haine liant le réalisateur Werner Herzog et son acteur fétiche Klaus Kinski.
Ce dernier m'a toujours mise très mal à l'aise. Ce type me répugnait, déjà il était hideux, parfait pour le rôle de Nosferatu, mais il me dérangeait surtout par sa personnalité qui transperçait dans ses rôles. Je ne me suis pas trompée. Il était effectivement aussi agressif et mégalo que ses personnages. Il admettait sa pédophilie (enfin, il appelle ça dans son autobiographie "avoir un penchant pour les mineures".) Sa fille Pola a révélé qu'il avait abusé d'elle de ses 5 à 19 ans. Quant à l'actrice Nastassja, elle a admis des attouchements et que les colères de son père la terrifiaient. Il me semble significatif qu'elle ait entretenu une liaison à 15 ans avec Roman Polanski, lui-même accusé d'agressions sur mineures, et tourné sous son autorité Tess à 17 ans, un rôle de fille violée...
Le documentaire n'évoque pas le sujet, uniquement l'attitude de Klaus Kinski sur les tournages, et rien que ça méritait qu'on l'enferme dans un asile. L'acteur poussait d'énormes colères et était violent, comme dans cet extrait où il manque de fendre le crâne d'un figurant. Les tensions sont exacerbées par les conditions de tournage en pleine jungle pour Aguirre la colère de Dieu (ou plutôt de Kinski qui se prend pour un dieu).
Herzog explique que l'acteur ne supportait pas de ne pas être au centre de l'attention. Par exemple, alors qu'il défriche la forêt pour les besoins du tournage, un Indien se fait piquer par un serpent. ll n'a que 20 secondes pour réagir avant que le venin ne l'empoisonne. Le gars n'hésite pas, il se tronçonne le pied. L'équipe entoure le brave mutilé, et Kinski, vexé de ne plus accaparer les regards, trouve que c'est le bon moment pour taper un scandale parce que... son café est trop froid. Il réitère ses crises d'enfant-roi lorsque six personnes de l'équipe ont un accident d'avion et donc que l'intérêt est détourné de sa divine personne. On le voit insulter, menacer de tuer les techniciens, pendant que les autres restent impassibles, habitués, attendant que l'orage passe. Outrés par son comportement, les Indiens qui doivent le frapper pour une scène, le font réellement (c'est assez jouissif à voir).
On se demande comment le réalisateur a pu poursuivre sa relation avec Kinski et en faire son acteur fétiche. Ce n'était pas un génie irremplaçable, il aurait pu s'en débarrasser facilement pendant les tournages : "Rapproche-toi du bord oui, voilà comme ça on te voit bien ! Ah flûte, il est tombé !" "On tourne ! Non Klaus, ne touche pas le serpent, ce n'est pas un jouet ! Coupez ! Mais non la caméra, pas sa main !" etc.
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18/02/2020
Tout peut changer: et si les femmes comptaient à Hollywood ?
Un documentaire indispensable qui interroge la place des femmes à Hollywood et leur représentation dans les films. (voir bande annonce en lien). C'est affligeant : alors qu'elles occupent la moitié des effectifs des écoles de cinéma, les réalisatrices américaines ne dirigent que 4% des longs métrages. On ne confie aux femmes que des emplois subalternes, casting, scriptes etc. En 2016, sur les films ayant rapporté le plus d’argent au box-office, on ne comptait que 27% de femmes avec au moins une réplique à prononcer. Hors Hollywood, le constat est identique. En 72 éditions, une seule femme a reçu la palme d'or au festival de Cannes : Jane Campion pour La leçon de piano.
Dans les scénarii, les femmes restent le plus souvent hypersexualisées, ne servant que de faire valoir aux rôles masculins. La dessinatrice Alison Bechdel (j'ai beaucoup aimé le livre consacré à sa famille, Fun home) a élaboré un test qui permet l'évaluation de la présence féminine dans un film grâce à trois critères :
- Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre
- qui parlent ensemble
- et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.
Le verdict est sans appel : environ 60 % des films échouent au test.
Révoltée par cette situation, l'actrice Geena Davis a fondé un institut de recherche pour lutter contre les inégalités entre hommes et femmes et les stéréotypes sexistes dans les médias. Elle est l'une des rares actrices à avoir participé à un film que l'on peut qualifier de féministe, mettant en scène deux héroïnes se libérant du joug de leurs maris : Thelma et Louise. La comédienne déplore : « Tant qu'on ne leur propose pas de rôles forts ou qu'elles sont simplement absentes des écrans, le message est clair : les femmes et les jeunes filles n'ont pas la même importance que les hommes et les garçons. Cette situation a un impact considérable sur le secteur et la société dans son ensemble.»
Jessica Chastain renchérit : « Le cinéma nous a fermé la porte. Les films n'ont pas à s'intéresser aux femmes... ni à leurs désirs, ni à leurs besoins, ni à leurs peurs. »
Le cinéma véhicule une image négative de la femme, qu'il peut aussi contrebalancer. L'institut de recherche témoigne par exemple d'un "effet Scully" : après avoir enfin vu des rôles de femmes fortes dans les films policiers, comme Gillian Anderson dans X files, les femmes ont été trois fois plus nombreuses à suivre des carrières scientifiques et judiciaires. Après le succès de Hunger Games, avec une héroïne très forte qui sauve sa communauté, les jeunes filles se sont inscrites massivement au tirc à l'arc.
Meryl Streep estime que « les changements n’interviendront que lorsque les hommes s’engageront ». Sharon Stone témoigne également : « des réalisateurs me demandaient de m'asseoir sur leurs genoux. Est-ce qu'ils le demandent aussi à Tom Hanks ?»
Les comédiennes qui apparaissent dans le documentaire sont justement reconnues, oscarisées, et j'ai parfois eu l'impression d'assister à un défilé glamour de promo d'actrices hollywoodiennes. J'aurais préféré plus d'extraits de scènes problématiques et de chiffres à l'appui. Certains étaient consternants, implacables. Je n'ai pas pris la peine de les noter pendant la projection presse en pensant les retrouver ensuite dans le dossier du film, mais malheureusement, non.
On a pourtant énormément d'exemples concrets à donner. J'ai remarqué dès l'enfance la prépondérance des mâles au cinéma. J'étais choquée de voir comment les femmes étaient traitées : je me souviens d'une scène où la petite amie interroge Delon et en réponse, il lui envoie une volée de claques qui la fait tomber sur le lit. Lorsque je regardais les James Bond, les Belmondo, les Gabin, je constatais bien que les héros étaient les hommes, des durs.
Je m’identifiais alors aux rôles masculins, car ils étaient les seuls respectés. Dans les films, les personnages féminins sont souvent source de problèmes : les femmes fatales des films noirs, tentatrices, manipulatrices, qui causent la perte du héros en le poussant au crime par amour, appât du gain. Ou bien les femmes sont présentées comme des êtres faibles et stupides que l'homme doit sauver. Elles enchaînent les bourdes, c'est souvent à cause d'elles que le héros est trahi, car elles ne savent pas garder leur sang-froid, un secret... Lorsqu'elles sont menacées ou poursuivies, elles ne savent pas se défendre, trébuchent en courant, s'évanouissent... ah les gourdasses.
Si l'on peut dire aujourd'hui que les femmes obtiennent des rôles forts dans les blockbusters hollywoodiens, elles n'en restent pas moins hyper sexuées. Une femme peut se battre, mais en tenue moulante et décolleté. Une femme peut remettre un homme à sa place, mais en lui parlant collée à 2 cm du visage comme si elle allait l’embrasser.
Tout peut changer, à Hollywood, à Cannes et dans la société. Ce documentaire essentiel s'attache à démontrer que les femmes doivent être traitées équitablement au cinéma, pouvoir réaliser des films, être les héroïnes principales, ne plus être des objets sexués. Pourtant après 1h30 sur le sujet, le film se clôt sur un panneau qui m'a fait sourire : "réalisé par Tom Donahue". Un homme... Tout peut changer, mais ya encore du boulot.
18:51 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma américain, documentaires, hollywood | | Facebook