04/04/2020
Maus, une biographie fascinante
L’auteur, Art Spiegelman, raconte la vie de son père, rescapé des camps de concentration. C'est absolument fascinant. Il en ressort que ceux qui s'en sont sortis parmi l'entourage du père sont souvent les plus débrouillards, mais aussi les plus riches, qui pouvaient monnayer des vivres et passe-droit; ainsi que les moins scrupuleux, qui n'ont pas hésité à dénoncer ou voler les autres pour survivre (les kapos). Le manque de solidarité parmi les persécutés qu'il a croisés est frappant et illustre la phrase "la fin justifie les moyens". J'ai été particulièrement choquée par le cousin qui accepte les diamants des grands-parents en échange de leur liberté, mais les trahit et les envoie quand même, des membres de sa famille en plus, vers une mort certaine.
Le roman graphique est surtout connu pour son témoignage sidérant sur les camps de concentration, mais autant que la vie de juifs traqués pendant la guerre, dont j'ai vu énormément de témoignages dans les innombrables documentaires consacrés au sujet, j'ai aussi retenu de cette biographie la personnalité ambiguë et manipulatrice du père. Ce dernier a épuisé toutes les femmes de sa vie (qui ne sont pas en moi réunies) (ma culture est phénoménale). Sa première petite amie était folle de lui, prête à tout pour lui, mais il s'en fichait royalement. Il l'a jetée du jour au lendemain, après 4 ans de bons et loyaux services, pour la remplacer par une femme qu'il venait de rencontrer, encore plus utile pour lui : issue d'une famille de commerçants très riches, elle a pu lancer sa carrière. Cette deuxième femme, la mère de l'écrivain, a fini par se suicider. Elle avait également écrit ses souvenirs de guerre, mais le père a osé jeter ce témoignage inestimable ! Sa dernière épouse, qu'il considére comme une bonne à tout faire et son souffre-douleur, finit par se barrer avant de finir elle aussi suicidaire, complètement timbrée et essorée par ce vampire.
Avec ses troubles psychiques, le père témoigne des ravages des traumatismes de guerre, de la faim et de la persécution. Toute sa vie, il reste dur, obsessionnel, paranoïaque, atrocement radin (si jamais une autre famine devait survenir). Il domine, contrôle et manipule son entourage (dans l'illusion de contrôler sa propre vie). Il a souffert, les autres doivent souffrir aussi. Comme Marthe Villalonga qui tyrannise Guy Bedos dans Nous irons tous au paradis, le père fait croire qu'il est au seuil de la mort pour que son fils, terriblement inquiet, lui rende visite ! Le père aime rabaisser sa famille, en jetant par exemple le manteau de son rejeton sans le prévenir, pour le remplacer par une blouse d'ado ridicule, alors que le fils est déjà adulte, etc. Le livre fourmille d'exemples de la personnalité perverse du père.
Un livre essentiel sur la guerre et les traumas qu'elle engendre. A lire absolument.
20:00 Publié dans On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : maus, bd, littérature | | Facebook
01/04/2020
Le quiz du confinement
c) Le pauv' guitariste
d) Joueurs de blues
A) Michel Delpech
B) Michel Polnareff
C) Michel Berger
D) Michel Jonasz
E) Michel Sardou
F) Michel fils de Jacques
G) Brigitte Fossey qui cherche Michel dans Jeux interdits
H) Oui ya des pièges
a) L'emmerdeur
b) Dancer in the dark
c) Furyo
d) A star is born
B) Lady gaga
D) Bjork
E) Papillote, à la fois emmerdeuse, danseuse, prisonnière de guerre dans son travail et star des blogs.
Font plus que force ni que rage.
a) La cigale et la fourmi
b) Le lion et le rat
c) De Papillote, qui impressionne par ses multiples talents
- L'un est l'art de "la belle époque", entre la fin du 19è siècle et le début de la première guerre mondiale. Il s'inspire de la nature, des courbes des fleurs. Emile Gallé, Klimt, ou la Sagrada familia de Gaudi représentent cet art.
a) du futurisme et de l'expressionnisme
b) de l'art nouveau et l'art déco
19:32 Publié dans A vous de jouer ! Les quiz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quiz, confinement, jeux | | Facebook
31/03/2020
Kedi, le royaume des chats
En ces temps de confinement, je vous invite à revoir ce documentaire, ode à la liberté. On suit le parcours de 7 chats qui vont où bon leur semble dans Istanbul, font ce qu'ils veulent, et sont vénérés comme il se doit par les personnes qui les côtoient.
Grizou le gentleman tape à la vitre d'un restaurant quand il a décidé que c'était l'heure de manger. Les serveurs s'empressent de lui ramener son plat préféré. Psychopathe, la "mégère pas apprivoisée du tout" défonce la tête de son partenaire dès qu'il s'approche d'une autre chatte et terrorise même les chiens du quartier.
Le film est aussi émouvant que drôle. On est touché de voir qu'un dépressif retrouve une raison de vivre et de la tendresse en nourrissant les êtres abandonnés comme lui, ou que des gens modestes dépensent leur maigre paie dans les soins vétérinaires.
Plus qu'un simple documentaire sur les félins et Istanbul, Kedi interroge la relation quasi mystique entre chats et humains, et dévoile en filigrane un art de vivre ensemble (ce que ne connaissent pas mes voisins qui font de la corde à sauter à faire trembler les murs et le sol). On se réjouit de voir des types bourrus donner le biberon à des petits chatons abandonnés et à leur contact, devenir plus tendres, plus tolérants, en somme, plus humains.
Kedi est aussi une ode à la liberté, avec ces hommes qui admirent l'indépendance de ces chats errants. Il n'est pas anodin qu'à plusieurs reprises, les bestioles soient filmées devant des graffitis "erdo-gone".
Le royaume des rats n'aurait pas été aussi vendeur et attendrissant, forcément : "plongeons dans les égouts d'Istanbul à travers le portrait de Raclure, qui se délecte de déchets, de Ramassis, qui transporte la rage"...
Kedi le royaume des chats de Ceyda Torun, à voir en lien.
19:01 Publié dans Les gentils animaux, On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chats, documentaires | | Facebook
28/03/2020
J'ai testé pour vous : la méditation, fin
La thérapeute nous demande ensuite de nous remémorer un souvenir désagréable, et là en revanche, j'en ai plusieurs qui me viennent immédiatement en tête. Mon cœur s'accélère et mes muscles se tendent en revivant les traumatismes, et l'hypnotiseuse nous invite à superposer l'image de joie et à prendre de grandes inspirations pour atténuer l'angoisse. L'effet fonctionne relativement bien.
Nous sentant aware, la méditante passe un cap et nous parle cette fois-ci de nos êtres et de notre âme qui ne font qu'un avec les autres et avec l'univers. L'image du gourou qui parle aux elfes me revient et je n'ai pas envie de partager mes cellules avec les autres, merci bien on n'a pas gardé les vaches ensemble. Mais pour rester dans l'ambiance ("votre âme flotte dans l'espace") je me souviens que lorsque j'étais petite et que ma mère me forçait à aller me coucher au milieu du film, tout en écoutant le reste du Bebel depuis ma chambre, je m'imaginais que mon lit était un vaisseau spatial qui naviguait comme celui d'Ulysse 31, à travers les cieux, l'espace et le temps, et que si mon pied débordait de la couverture, il allait geler dans le vide intersidéral. Mon copilote, mon chat-adoré-de-ma-photo-de-profil, me réchauffait heureusement les petons et assurait la stabilité du vaisseau en restant fidèle au poste : collé en boule contre mes pieds, inconscient du danger (et si on croisait une météorite ?)
L’hypnotiseuse finit son discours par un gong sur un bol tibétain, oui oui, le gros cliché, mais en entendant le son, je vois une lumière se propager sous mes yeux. Ça y est, je suis illuminée, au sens propre ! Toute pensée quitte mon esprit, moi dont le cerveau surchauffe en permanence. Une sensation étrange, mais agréable. Au cours de la méditation, je sentais aussi comme des picotements sur la tête. Lorsque la thérapeute nous demande le bilan de la séance, elle en conclut que je dois être très sensible et qu'il est rare d'arriver à un tel niveau dès la première fois (j'en fais depuis quotidiennement seule chez moi, mais l'effet "d'illumination" ne s'est pas reproduit.)
Une autre participante semble aussi réceptive. Pendant la méditation, l'hypnotiseuse nous a demandé de nous concentrer sur quelqu'un de la salle, et spontanément, j'ai pensé à cette fille, en sentant qu'elle avait mal au dos (déduction logique vu sa position assise par terre). En réalité, on s'est tous focalisé sur sa personne. Elle confirme son malaise : "parce qu'on décharge sur elle nos ondes négatives". Elle se met alors à pleurer et à discourir bizarrement pendant que sa copine l'enlace pour la consoler, dans un grand élan mélodramatique et impudique. Oh là là. Si j'ai bien compris cette fille prenait des cours auprès de la thérapeute pour en devenir une à son tour, mais je crois qu'elle ferait mieux de changer de voie et d'aller plutôt s'isoler en ermite dans une grotte. Imaginez son patient à la fin de la séance
"merci, je me sens apaisée "
Mais qui doit réconforter sa thérapeute : "- et moi je suis vidée à cause de vous ! bouhouhouh"
Je capte aussi les ambiances quand je rentre dans un lieu et je sens intuitivement les gens, même si je le refoule ("ok elle a plein de défauts mais j'exagère peut-être... Et 6 mois après : "ah non en fait") Lorsque j'arrive à la salle de pause et que je perçois l'atmosphère à couper au couteau créée par les mégères, ben je me casse. Je préfère m'isoler avant de leur jeter à la gueule mon thé brûlant.
Les autre femmes portent un bilan mitigé, elles n'ont pas réussi à se concentrer (à part sur les aboiements du chien). Au final, je reste la plus satisfaite. Je ne renouvelle néanmoins pas l'expérience en groupe, car je suppose que j'ai bénéficié de la "chance du débutant". Depuis, les tarifs ont baissé, et là je constate qu'ils sont même carrément au bon vouloir des participants, "don conscient", comme un humoriste débutant payé au chapeau.
Depuis, j'ai pris comme bonne résolution 2020 de méditer quotidiennement, et je n'ai failli que deux jours. J'écoute des thérapeutes sur le net, selon leur voix. Ainsi le doux timbre de Christophe André m'endort parfois, tandis qu'un autre qui possède un accent du sud très prononcé est moins efficace. J'ai l'impression qu'après un "vous vous sentez apaisé" il va enchaîner par "putaing tu vas me l'acheter mon poisson peuchère, tu me fends le cœur !" Un autre insiste trop pour qu'on s'abonne à sa page pour lui rapporter des sous et je déteste ce côté marchand de tapis qui force la main. Une femme prend un ton de maîtresse d'école sévère qui me stresse à l'idée d'être punie : "tu vas dormir oui ! Ou tu feras 100 lignes !"
Certains proposent un "scan" du corps, en se focalisant sur chaque partie : "pensez à votre pied droit. à votre cheville. à votre genou." Je trouve l'exercice rébarbatif, et surtout, je me rend compte que j'ai mal partout, c'est plutôt déprimant. Je me déconcentre alors et ma chansonnite revient : "j'ai la rate qui s'dilate, j'ai le foie qui est pas droit" "Mon âne, mon âne, a bien mal à la tête. Madame lui a fait faire, un bonnet pour sa tête. Un bonnet pour sa tête. Une paire de lunettes bleues. Et des souliers lilas la la, et des souliers lilas !"
Une prochaine fois, je vous raconterai ma séance dans un temple zen (j'avais envie d'assommer le moine avec sa cloche).
19:02 Publié dans J'ai bobo là, Oh ? y a des gens autour ! | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : méditation, christophe andré | | Facebook