01/10/2010
La terreur du pôle emploi
Pour travailler à l’accueil du pôle emploi, il faut avoir les nerfs solides, de l’assurance et du répondant pour tenir tête aux chômeurs mécontents. Là, au contraire, je me trouve en face du type le plus timide et inoffensif que j’ai jamais vu. A peu près le charisme d’une moule. A côté je dois avoir l’air de Margaret Thatcher, la dame de fer.
Le type bégaie et parle tellement doucement que je n’entends rien et je suis obligée de lui faire répéter chaque phrase. Il me regarde avec les yeux effrayés d’un lapin pris dans les phares d’une voiture. Il recule comme si j’allais l’égorger. Je ne serais pas étonnée de le voir avec un panneau autour du cou : « s’il vous plaît, ne me tapez pas ! » Je suis pourtant polie et gentille, même si au départ j’étais décidée à ne pas me laisser faire. Voir les autres chômeurs excités, ça m’a calmé l’envie de gueuler à mon tour. Les pauvres conseillers ont eu leur dose. (Pourquoi je m’obstine à les défendre ?) Le type a la vingtaine. Il ne peut pas réellement travailler là, c’est un bizutage, pas possible autrement.
J’expose mon problème et mes questions :
- pourquoi je n’ai toujours pas de chômage au bout de deux mois ?
- pourquoi j’ai reçu un papier me disant que je n’ai pas le droit au chômage parce que je travaille, alors que je ne travaille pas ?
- on m’a dit que le retard sur mon dossier était dû à un bug informatique, est-ce vrai ?
-On m’a dit qu’on avait bien reçu ma demande d’allocation, puis on m’a dit le contraire, qu’en est-il ?
- Quand le dossier va-t-il se débloquer ?
Je suis sympa, je lui passe le détail saugrenu du « dossier bloqué à cause d’un arrêt maladie de décembre 2008 »
Le type me répond en se dandinant d’un pied sur l’autre tel un enfant pris en faute : « euh… euh… je sais pas… Euh… attendez, je vais demander…
Il part, le dos courbé, comme s’il s’attendait à recevoir des cailloux, et frappe doucement à une porte. Je le vois parler à quelqu’un, en se tordant les mains de timidité et de stress.
Il revient : « alors euh… on m’a dit que votre dossier n’est toujours pas traité…
Moi :- Oui, je sais bien, j’ai remarqué ! Mais à quoi c’est dû?
- euh… je sais pas… attendez, je vais demander…
Et il refait le même manège. QUATRE fois ! A mon avis, pour soigner son anxiété, il a avalé une boîte de lexomil, c’est pour ça qu’il est complètement à l’ouest. Il est incapable de retenir mes demandes et retourne donc déranger son collègue tout le temps. Comme je suis trop loin, je n’entends pas, je ne sais pas s’il pose les bonnes questions. J’ai l’impression qu’il me répond ce qui me fait plaisir :
Moi : -Alors, le papier que j’ai reçu, c’est une erreur ou pas?
- euh… oui, oui…
- C’est un bug informatique ? Est-ce qu’il est en train de se régler ou pas ?
- euh… oui oui…
- je recevrai mes indemnités quand ?
- euh, ça je peux pas vous dire…
- Alors donnez-moi le numéro du service informatique pour que je les joigne directement !
- Euh… en fait… euh… non, je l’ai pas…c’est pas possible…
Je me retourne vers sa collègue. Je ne veux pas non plus humilier le type en disant : « vous êtes complètement incompétent, passez moi quelqu’un d’autre », parce que je sens qu’il est capable de se faire seppuku avec son stylo bic : « j’en ai marre de ce job, tout le monde est méchant avec moi, je veux mouriiiir ! »
La collègue, qui elle, a l’air d’un pitbull, comprend toute seule. D’ailleurs le type l’implore avec ses yeux de chaton abandonné : « euh, en fait c’est la dame qui voudrait savoir…
Elle lui répond sèchement :
-quoi ? Qu’est ce qu’on t’a répondu ? Que le dossier est en cours de traitement non ?
- euh… oui oui…
- ben voilà, c’est tout.
Je tente quand même de lui réexpliquer le problème. Mais elle me coupe :
- Non, mon collègue a déjà répondu. Il faut juste attendre madame. C’est pas la peine de venir ici (et de me donner du boulot en plus). Il faut juste téléphoner toutes les semaines (sur notre numéro surtaxé)
J’insiste encore, une troisième conseillère se mêle à la conversation, mais rien à faire.
Elles me regardent toutes les deux d’un air hautain, avec un petit sourire l’air de dire : « allez, gentil, maintenant. A la niche. Elle va sagement attendre son nonos. »
C’est vraiment humiliant et vexant. Je déteste les gens qui rabaissent les autres. Avec leur collège timide, j’ai été sympa, je ne l’ai pas enfoncé, j’ai tenté de dissimuler mon exaspération : « allez, vas-y, tu vas y arriver mon vieux ! ». Je vois bien qu’elles me prennent pour une chieuse et une pauvre fille. Je comprends pourquoi les gens, excédés, leur crient dessus parfois. Dépitée, je bats en retraite. Je me suis déplacée pour rien, j’en suis toujours au même point, je n’ai rien appris de plus.
Le pôle emploi à gagner cette partie. Découragée par cette entrevue, je ne suis pas encore retournée à l’agence. Voilà pourquoi certains n’essaient même plus de s’inscrire comme chômeur.
Mais j’ai peut-être perdu une bataille, je n’ai pas perdu la guerre ! Dès que je reprends du poil de la bête, je retourne dans mon agence et je demande cette fois à parler à un responsable. Si rien n’est fait, je contacte les services sociaux de la mairie.
Terminator est de sortie. Ça va saigner.
16:31 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : pole emploi, travail, terminator | | Facebook
30/09/2010
Le pôle emploi est mon ami pour la vie (comme les produits laitiers)
Je reçois enfin un mail du pôle emploi :
« Mademoiselle,
Votre demande d’admission n’a pas pu recevoir de suite favorable.
En effet, vous avez conservé une activité professionnelle.
(..) Selon les bulletins de salaire que vous nous avez fournis, la rémunération liée à cette activité est de 745 euros. »
Ah, je travaille, première nouvelle. J’ai bien fourni mes ANCIENS bulletins de salaire du temps où je travaillAIS, mais je ne gagnais pas du tout cette somme.
Peut-être que le pôle emploi à inverser mon dossier avec un autre ? En ce moment un type qui reçoit déjà 745 euros par mois touche MON chômage en plus ?
Cette fois, exaspérée, je me résous enfin à me déplacer dans mon agence pôle emploi. Ce lieu horrible, humiliant, où on attend des heures au milieu de gens désespérés, qui crient, chialent, parlent tout seuls ou essaient de taper leur voisin (en tout cas, c’est que j’ai observé à chaque fois). Après une journée interminable on rencontre enfin un conseiller qui nous prend de haut. A mon avis, comme ils se font insulter toute la journée par des gens mécontents, quand ils voient une fille qui ne va pas faire d’histoire comme moi, ils se vengent en me rabaissant. Les conseillers dénigrent systématiquement mon parcours professionnel, rigolent ou soupirent. Alors que je considère que mes boulots étaient beaucoup moins durs que le leur.
J’arrive à « mon agence la plus proche » c'est-à-dire à 30 minutes de chez moi en bus. Comme d’habitude, je n’ai même pas passé la porte d’entrée que j’entends déjà une conseillère hausser le ton : « monsieur ! Vous pouvez rester poli, pas la peine de nous insulter ! »
Je rentre dans l’agence et le type hurle: « Mais vous prenez vraiment les gens pour des cons c’est ça ? ! » La femme se protège en mettant ses bras en avant, car le type s’est levé et on sent bien qu’il est à deux doigts de la frapper.
Ca commence bien. J’attends mon tour. J’observe un peu les autres chômeurs. Ils tirent tous des têtes d’enterrement. Un mec marmonne dans son coin en trépignant. Deux minutes après, le mec se lève, dépasse toute la file d’attente, se plante devant la conseillère et lui lance sur un ton désespéré :
« Mais pourquoi vous me persécutez comme ça ? Hein ? Qu’est ce que je vous ai fait pour mériter ça ? Hein ? Mais répondez moi !
La femme répond sur un ton narquois :
- Enfin, monsieur, personne ne vous persécute… calmez-vous voyons...
Et là le mec explose : C’est parce que je suis Noir c’est ça ! Hein ! Non mais dîtes-le ! »
Silence. La conseillère est bouche bée, elle ne sait pas quoi répondre : elle est aussi Noire que le type ! Elle sent mon regard et pendant quelques secondes on se dévisage comme si on se comprenait. Elle, semblant me lancer un message télépathique : « que voulez vous que je réponde à ça ? et moi lui rétorquant mentalement : pff, ma pauvre, quel boulot... »
J’espère que c’est elle qui va traiter mon dossier, Puisqu’on communique par transmission de pensées, n'a l'air de se comprendre, c’est prometteur…
Manque de bol, je tombe sur le collègue. Manque de bol total, Je n’avais encore jamais vu un énergumène pareil à l’accueil d’une administration…
suite demain
dessin de Mix et remix
15:24 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : pole emploi, travail | | Facebook
28/09/2010
Mes démêlés avec le pôle emploi (le téléphone pleure)
On en était là : un brave employé au téléphone me révèle qu’après deux mois, le pôle emploi n’a toujours pas traité mon dossier, à cause d’un bug informatique que personne ne veut régler. L’employé me propose comme solution « d’aller gueuler directement dans mon agence et de les harceler pour qu’ils bougent enfin. »
Je ne m’imagine pas jouer la harpie hystérique ou le Rambo qui casse tout sur son passage. Puis je pense que me déplacer serait une perte de temps, qu’on me répondra sans doute la même chose. Je préfère téléphoner une énième fois…
Je précise que contrairement à la loi, les numéros sociaux comme celui du pôle emploi sont payants et qu’ils coûtent bonbon selon votre abonnement de téléphone. Cette petite histoire m’a déjà prélevé une quinzaine d’euros, pour RIEN.
Je rappelle donc et je résume le problème informatique dû à Pôle emploi.
La conseillère me sort : ah oui, je vois, effectivement…
Ouf ! Pour une fois, ils ne se contredisent pas.
La conseillère : « Votre dossier est bloqué car on attend toujours votre justificatif d’arrêt maladie de décembre 2008. »
HEIN ? Tout serait de ma faute en fait ? J’ai bien été en arrêt quand je me suis coupée un doigt, à noël il y a deux ans. Mais en tant que vacataire à temps partiel, sans contrat, ne travaillant pas pendant les vacances, j’avais calculé que je n’avais droit qu’à 10 euros d’indemnités… J’avais quand même envoyé mon papier mais le pôle emploi me l’avait retourné comme « incomplet » (mon employeur m’avait alors expliqué qu’avec mon statut particulier « c’était toujours le bordel parce que la sécu sociale et l’anpe n’y comprenaient rien »)
Là, deux ans après, on me ressort ce vieux dossier, alors que je n’ai même pas reçu d’argent à l’époque ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ?
Comme mon ancien employeur m’avait prévenu, la conseillère me répond :
« Euh… en fait je ne connais pas trop le statut des vacataires… je sais pas quoi vous répondre... attendez je vous passe ma supérieure… »
Et je me retrouve soudainement avec le message d’accueil : « tapez 1 si vous voulez consulter les offres d’emploi. Ou dites "emploi" »…
J’ai espéré bêtement que la « supérieure » allait me répondre, donc j’ai laissé passer la trèèèès longue l’énumération du sommaire (tapez 238 si vous voulez un ukulélé. Ou dites « ukulélé ») Bien entendu, pour que l’appel soit plus cher, les intitulés sont ambigus, et on se retrouve à jongler une dizaine de minutes entre les différents menus avant de trouver le bon. Le bon étant bien évidemment toujours le dernier sur la liste. (Si vous souhaitez poser une question, dites directement « infos », ça vous évitera d’attendre. (je sais je sais, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui)
Après 10 minutes, je comprends que la femme m’a bernée : ne sachant pas répondre, elle m’a raccroché au nez. (j'ai le cerf volant cerveau lent). Je retourne donc dans la rubrique infos pour parler à un 456ème conseiller.
Je ré explique le problème, mais à force de téléphoner et d’avoir des explications contradictoires, l’énumération est un peu longue et le conseiller n’a pas l’air de tout saisir. («alors d’abord on m’a dit ça.. puis une semaine après on m’a dit ça… Alors du coup j’ai fait ça, mais ensuite le problème se corse parce que… »)
Conseiller : - euh… ben déjà je ne vois pas de traces de votre demande d’allocation…
Moi (complètement désespérée) - QUOI ? Mais justement la semaine dernière j’ai bien demandé à votre collègue si vous aviez reçu tous mes papiers ! Il m’a dit que oui, « il les avait sous les yeux ! »
Conseiller : - ah ben ça, ça m’étonnerait ! C’est pas possible, on a aucun papier ici, on est juste au téléphone…
Comme il constate que je panique, il me caresse dans le sens du poil :
- C’est clair, c’est pas du tout normal… normalement on est obligé de traiter votre dossier en une semaine/15 jours maximum… là ça fait deux mois… je comprends bien votre inquiétude madame… bien sûr, sans argent pendant tout ce temps, c’est très dur… ne vous inquiétez pas, je re-signale le problème en disant qu’il est ABSOLUMENT URGENT de le traiter, j’espère que d’ici une semaine tout sera réglé, voilà madame, au revoir… »
Si vous avez bien décodé le message, ce conseiller m’a bien embobinée. Il n’a répondu à AUCUNE de mes questions. Je ne connais toujours pas le problème qui retarde mon inscription. Le pôle emploi n’a peut-être reçu aucun de mes papiers et ne sait même pas que j’existe. Et ce dernier coup de téléphone inutile a duré 29 MINUTES…
L’après-midi même, je reçois un courrier dans ma boîte mail.
ENFIN ! Une réponse ! Je suis sauvée !
Et là, oui, c’est encore possible, on monte encore d’un cran dans le n’importe quoi…
Suite demain...
dessin de Rodho
15:34 Publié dans Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : pole emploi, travail | | Facebook
07/09/2010
You never give me your money
Cette chanson des Beatles, composée par McCartney pour le mythique album Abbey Road, fait partie de mon top 10 Beatlesien. J'espère que vous l’écouterez et l’apprécierez… (le lien en rose). Elle est typique de Macca : il change de style de musique, de rythme et de voix, comme si la chanson en regroupait trois différentes...
"You never give me your money
You only give me your funny paper
And in the middle of negotiations
You break down
I never give you my number
I only give you my situation
And in the middle of investigation
I break down
Out of college, money spent
See no future, pay no rent
All the money’s gone, nowhere to go..."
Macca expose les déboires financiers avec leur société de production Apple (en référence à un tableau de Magritte dont Paul est fan, pas en honneur de la fille de Gwyneth Paltrow et du chanteur de Coldplay - « Salut, comment tu t’appelles ? –Pomme. Et toi ? Poum. Non je déconne, je m’appelle Cornichon, et mon deuxième prénom c’est Haricot vert-)
You never give me your money m’évoque actuellement ma situation avec le Pôle Emploi, de plus en plus ubuesque. Je vous raconte tout ça avec humour dès que je digère la chose…
"One, two, three, four, five, six, seven
All good children go to heaven"
Demain, on continue dans la chanson avec les résultats du quiz de rentrée.
Et vous, quel est votre titre des Beatles ou de McCartney préféré, ou qui vous parle en ce moment ? (Pas besoin d'être fan pour en connaître !)
19:17 Publié dans On connaît la chanson, Toujours, je suis au chômedu | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : beatles, mccartney, abbey road, pôle emploi | | Facebook