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31/10/2010

Des hommes et des dieux

hommes dieux.jpgCe grand prix du jury Cannois reste en salles un mois après sa sortie, avec plus d’un million et demi d’entrées. C’est une bonne nouvelle : le succès est rare parmi les films français, surtout intello. Des hommes et des dieux montre les derniers instants de la communauté des moines de Tibhirine, en Algérie, avant leur assassinat en 1996. Les frères décident de rester pour aider les pauvres villageois, tout en sachant qu’ils vont certainement se faire massacrer.
A leur place je me serai barrée en courant, j’ai pas une vocation de martyre moi. J’ai donc déjà beaucoup de mal à comprendre les personnages. La majorité des critiques et du public a trouvé ce film poignant, un beau témoignage sur la fraternité et le courage.

Ok, c’est beau, quand ils sont attablés comme dans la Cène, qu’ils se regardent en écoutant le lac des cygnes. Mais qu’est ce que c’est long… 2h30 ! On ne peut pas dire que la vie des moines soit passionnante, entre les messes, les repas, les corvées ménage… Quand j’étais membre du jury d’un festival obscur, j’ai dû me taper Le grand silence, un documentaire de 2h45 sur la "vie " (j'appelle plutôt ça un enterrement) dans une abbaye : il ne se passait strictement rien, un cauchemar. Le président du jury, très intello, soutenait à fond ce film. On a débattus tous les deux pendant des heures parce que je ne voulais pas accorder le prix à ce truc chiantissime (les autres membres s’écrasaient). Pourtant, pendant le visionnage du film, le président s’est ENDORMI, il RONFLAIT. Je vous jure que c’est vrai.

Bref, tout ça pour dire que je n’ai pas spécialement aimé des Hommes et des dieux. J'étais persuadée que le réalisateur Xavier Beauvois était croyant, car sa mise en scène est bienveillante envers la religion. (Les scènes de prière et de chants, une ou deux auraient suffi). J’ai lu dans les journaux et on m’a raconté que des salles de ciné étaient bondées de catholiques, qui se rendaient au ciné comme à la messe. Beauvois manque donc de recul. Ce n'est pas pour rien que le film a reçu le "prix du jury oecuménique" (je savais même pas qu'un tel jury existait !)

Ce qui m’a surtout gonflé, c’est que le contexte historique n’est absolument pas expliqué. Quelqu’un qui ne connaît pas l’Histoire ou qui n’est pas catholique ne peut pas vraiment s’intéresser au film à mon sens. Des documentaires sur l’affaire montre qu’on estime plutôt que c’est l’armée qui a fait une bavure et assassiné les moines, or dans le film on ne parle que des terroristes. On ne sait même pas comment les hommes ont été tués, et beaucoup pensaient qu’ils avaient été égorgés et me contredisaient. J’ai bien vérifié : les moines ont bien été décapités, leur tête alignées le long d’une route et leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Bien sûr je ne m’attendais pas à ce que le réalisateur nous montre les têtes tranchées, mais au moins qu’il nous explique ! Le film a également remporté le "prix de l'éducation nationale", mais les profs qui choisiront de l'étudier en classe auront un gros travail de recherche à faire en parallèle...

A part ça les acteurs jouent très bien, surtout Lonsdale. Certains ont trouvé que Lambert Wilson ne correspondait pas au rôle, avec son grand corps d’aristo raffiné. Pourtant, d’après des photos, il ressemble beaucoup au père Christian qu’il incarne. Les critiques avaient sans doute en tête la caricature des moines rougeauds et bedonnants imbibés de vin de messe : la scène culte de Garcia s'étouffant pour de vrai à l'eau de vie dans NPA !

Bref, un film à voir pour vous faire votre opinion, mais que je ne reverrai pas.

Et vous, quel film avez-vous vu dernièrement ?

24/10/2010

Bilan ciné : crime d'amour et The town

Crime-d-amour.jpgCrime d’amour d'Alain Corneau se déroule dans le monde de l’entreprise, mon sujet de prédilection. Je ne pouvais que l’apprécier. Kristin Scott Thomas illustre bien les manipulations au travail : ("on est méga copines ! Je t’apprends plein de trucs! Bon maintenant tu vas trimer comme une malade, tu peux pas me refuser ça… quoi ? J’ai repris à mon nom le dossier que tu as effectué toute seule? c’est normal, je suis ta boss. Puis on travaille en équipe non ? puis on est amies hein, tu m’en veux pas ?")
J’ai savouré la vengeance de l’employée manipulée, Ludivine Sagnier, même si j’ai vite compris le dénouement. Il me semblait même tellement évident que j’ai chuchoté la prochaine scène dans l’oreille de mon frère, en pensant qu’il l’avait deviné aussi, ce qui n’était pas le cas… Hum, j’aurais mieux fait de me taire.. mais on a quand même beaucoup apprécié le film tous les deux.
J’ai retrouvé les thèmes développés dans les études comme Malaise au travail, le harcèlement moral de Marie France Hirigoyen , Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés de Marie Pezé ou bien encore L’open space m’a tuer.

the town.jpgThe town de Ben Afleck

Décidément je pense que Ben Affleck est meilleur réalisateur qu’acteur. Ce n’est pas qu’il joue mal, mais je le trouve fade avec sa gueule trop parfaite et lisse. Dans ses films, il révèle plus son tempérament. Comme dans Gone baby gone, sa précédente réalisation, l’histoire se situe dans un quartier sordide de Boston. Des bandits attaquent une banque et l’un d’eux tombe amoureux de la directrice… Amour impossible, difficulté d’échapper à sa condition.. Le scénario est très classique, pourtant le film se suit sans déplaisir, ce qui prouve bien que Ben Affleck est un bon metteur en scène (la dernière attaque à main armée est saisissante). Je préfère tout de même son précédent film, plus noir, plus approfondi, mais il faut dire qu’il est inspiré d’un livre de Dennis Lehane, ça aide. (d’autres romans de cet auteur ont brillamment été adapté à l’écran : Shutter island par Scorsese et Mystic river par Clint Eastwood)

A suivre : Des hommes et des dieux, le bruit des glaçons, wall street, Kaboom, the social network etc...

Et vous, qu'avez-vous vu au cinéma ?

12/09/2010

L'hécatombe continue : Chabrol maintenant

chabrol.jpgJ’allume la télé. Je tombe sur un bandeau en bas de l’image qui parle de Claude Chabrol.
« Pourquoi il parle de Claude chabrol ? Comment ça il "était" un grand cinéaste ? Ne me dites pas que Chabrol est… »
Et là, la journaliste de i-télé annonce : « je vous rappelle l’information principale de cette journée, Claude Chabrol est mort ce matin… »
J’ai immédiatement envie de me recoucher.

'Tain les gars, faut arrêter de crever maintenant ! C’est l’hécatombe là ! Après Alain Corneau, Claude Chabrol ! Il ne restera bientôt  personne dans le cinéma français ! Pourquoi ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier ?

Plutôt que me remettre au lit, je regarde l’hommage qui tourne en boucle. Avec des extraits de Que la bête meure avec Jean Yanne. Je déprime : « Ah ! Un grand lui aussi… Mort lui aussi… »
Des extraits de Poulet au vinaigre, avec Jean Poiret , mort lui aussi.
Des extraits du Beau Serge, avec Brialy et Gérard blain, morts eux aussi.
De La femme infidèle avec Michel Bouquet « mo... non, il n’est pas mort ! Vas-y Michel, tiens le coup ! »

bête meure.jpgDe Claude Chabrol, je préfère Que la bête meure et Le boucher, avec Jean Yannounet, dont j’ai déjà parlé ici. J’admire beaucoup aussi Le beau Serge, Les cousins, Les bonnes femmes, films qui ont lancé la nouvelle vague.
J’aime aussi Les biches, Docteur Popaul, Betty, Madame Bovary, La cérémonie, L’enfer… Je ne vais pas tous les citer, il en a réalisé une soixantaine…

J’appréciais ses satires de la petite bourgeoisie, de l’hypocrisie et de la bêtise, même si je trouve que cette thématique commune à toute son œuvre marquait aussi sa faiblesse. Ces derniers films, d’un intérêt inégal, se ressemblaient parfois un peu trop.
J’estimais aussi l’homme, bon vivant qui adorait la bonne chère (entre estomac sur pattes, on se comprend), toujours jovial et sympathique (il a tourné Le boucher dans un petit village et a invité tous les habitants à un gigantesque banquet).

Chabrol sortait toujours de bons mots :
"la bêtise est infiniment plus fascinante que l'intelligence. L'intelligence, elle, a ses limites, tandis que la bêtise n'en a pas."
« Je n'avais qu'une seule crainte, avec ces pensées, c'était de paraître sympathique.»

Trop tard mon vieux, on t’aimait bien, tout le monde t’a rendu hommage. Ce soir par exemple, France 2 diffuse L’ivresse du pouvoir (inspiré de l’affaire Elf).

 Et vous, quel film de Chabrol préférez-vous ?

11/09/2010

Les documentaires télé de la semaine

oradour.jpgPuisque l’idée est plébiscitée, je lance une nouvelle rubrique : A la télé cette semaine. J’aurai pu le faire plus tôt, vu le nombre de films que je regarde.
Cette semaine j’ai regardé ces documentaires :

Dimanche sur France 5 : Oradour, les voix intérieures. Je regarde systématiquement tous les films sur ce sujet : 642 villageois Français massacrés par les SS en juin 44. Ce crime incompréhensible a profondément choqué, notamment parce que 13 des SS étaient des Malgré nous, des Alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande. Dans un souci de « réconciliation », ils ont été amnistiés. Le documentaire fait appel à Boris Cyrulnik, dont j’aime beaucoup les livres, pour expliquer à travers les paroles des survivants le concept de « résilience » (comment se remettre des drames que l’on a vécus). Les témoignages des rescapés et la vision des ruines du village brûlé par les nazis sont bien entendu bouleversants. (Cliquez sur le lien vers le site d’Oradour)

september vogue.jpgMardi sur c+ : The september issue de R.J Cutler.
On y voit comment travaillent les journalistes de Vogue, dirigés par la toute puissante Anna Wintour, dont s’est inspiré Lauren Weisburger pour son roman Le diable s’habille en Prada. Comme le livre, le documentaire est intéressant et agréable à suivre. Par contre faudra quand même m’expliquer comment une femme à la coupe aussi ringarde que Mireille Matthieu peut influencer autant la mode. (Et son assistante qui a une gueule de sorcière, la pauvre, savoir qu’elle a été mannequin, je ne m’en suis pas remise)

salvador allende.jpgMercredi j’ai regardé le documentaire sur Salvador Allende de Patricio Guzmàn. Je l’avais déjà vu et la deuxième vision m’a tout autant déprimée. Le Chili ne s’est pas remis du coup d’état et de l’assassinat de son président Allende. Le documentaire montre que la CIA a aidé Pinochet à renverser la démocratie, pour établir une dictature militaire, avec 30 000 jeunes et intellectuels torturés, 3000 assassinés ou disparus (comme en parle aussi le film de Costa Gavras, Missing)

Jeudi sur France 2 :  La juge et l’affaire des dioxines de Clarisse Feletin.
La réalisatrice filme la jeune et jolie juge instruisant cette grosse affaire : l’incinérateur D’albertville rejetait 750 fois plus de dioxine que la norme prévue. Or cet élément est cancérigène. Qui était au courant, qui a laissé faire ? La courageuse juge, seule contre tous, interroge des préfets et perquisitionne des ministères. Comme elle dérange les hautes sphères, le procureur tente de la dessaisir du dossier, mais elle résiste et gagne le droit de poursuivre son enquête. C’est émouvant de voir les parties civiles pleurer pour cette victoire, mais c’est aussi déprimant : considérer comme un succès la simple autorisation de juger une affaire sensible… L’histoire ne mènera pas loin : si on constate une augmentation de 6 % de cancers autour des incinérateurs français, rien ne prouve vraiment que ces maladies-là sont dues à la dioxine. Et il existe 40 incinérateurs comme celui d’Albertville en France…

Demain, je vous donne les films à ne pas rater la semaine prochaine.

Et vous, qu’avez-vous vu cette semaine ?