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25/07/2014

Bilan ciné : Jersey Boys, The edge of tomorrow, Black Coal

- Jersey Boys de Clint Eastwood

jersey boys.jpgL’histoire vraie d’un groupe de musique des années 60, The four seasons. De leur rencontre adolescents à leur vieillesse. Leurs doutes et plans galères du début (jouer dans des petits bars miteux, se faire claquer la porte au nez ou arnaquer par les producteurs de musique). La découverte de l’amour évidemment, du quotidien de la vie conjugale difficilement compatible avec la vie en tournée et les rencontres avec les filles groupies. Les choix et directions à prendre (traîner avec des mafieux ou pas) etc. Voir la bande annonce en lien.

J’adore les biopics, j’adore la musique des années 60, j’adore Eastwood (surtout L’échange et Gran Torino). Problème : pourquoi Clintounet a-t-il choisi un groupe un peu banal (et méconnu chez nous) ? Leur musique est un peu ringarde et la voix de castrat du chanteur Frankie Valli assez horripilante. Puis j'aime pas les cheveux pleins de gomina et les gros sourcils, bref ils ne font pas rêver. On attend une heure avant d’entendre le premier tube qui nous fera enfin dire « aaah d’accord ! C’est eux ! » Mais flop, je ne connais pas la chanson, les autres spectateurs aussi visiblement... Quand j’en connais enfin deux, des tubes effectivement planétaires, malheureusement, je ne les aime pas du tout… Ce sont mes goûts, car je sais que ces chansons sont très appréciées : Can’t take my eyes of you, et surtout cet air, December 1963, Oh what a night. Il a été repris par Claude François, et massacré par Yannick en 2000 (j’éteignais la radio dès que je l’entendais. C’est peut-être à cause de cette horreur que j’ai cessé d’écouter mon poste). 
Malgré tout, j’ai apprécié le film. Il lui fallait vraiment le talent de Clint Eastwood.

- The edge of tomorrow avec Tom Cruise, de Doug Liman

edge of tomorrow.jpgUn jour sans fin version SF. Tom Cruise succède à Bill Murray. La ville ennuyeuse qui fête la marmotte est remplacée par un paysage en ruine, une guerre dans le futur contre des extra-terrestres paraissant invincibles. Le film rappelle aussi le terrifiant et apocalyptique La guerre des mondes, dans lequel Cruise a aussi joué. Soldat pleutre, il est envoyé à la bataille, il y meurt. Il se réveille pourtant le lendemain et revit la même journée. Comme il est au courant de ce qui va se passer, il peut s’adapter aux situations et même les changer. Avec l’aide d’une femme soldat (Emily Blunt) ayant vécu le même phénomène, il cherche la faille des ennemis…
Très bonne surprise. Un bon scénario, très original, avec plein de rebondissements et de l’humour. Les scènes de bataille qui débutent et closent le film sont un peu longues, mais Edge of tomorrow vaut vraiment le déplacement. 

- Black Coal de Yi’nan Diao 

black coal.jpgLa critique a encensée ce film, je suis donc allée le voir avec enthousiasme, et j’ai été déçue. Le scénario de ce thriller/ film noir est prévisible, la femme fatale n’a rien d’une femme fatale, banale et peu charismatique, le flic loser n’est pas sympathique. Oui, les plans dans la neige, sur une patinoire, en haut d’une grande roue sont beaux… mais longs, mais lents… Je m’attendais à une sorte de Memories of Murder, film que j’adore, Black Coal n’égale pas le talent de Bong Joon-ho. 

 

21/07/2014

Le conte de la princesse Kaguya

conte kaguya.jpgÉnorme coup de cœur pour ce film de Takahata. Il est l’adaptation d’un conte japonais du Xe siècle. Un modeste paysan trouve une enfant et un trésor dans un bambou. Il se persuade que le bébé est une princesse qu’il faut élever comme telle. La famille quitte alors la montagne, les amis avec lesquels la petite a grandi, pour rejoindre la ville et les codes très rigides de l’éducation d’une princesse. Mais Kaguya reste nostalgique de son enfance, de la nature, la simplicité et l’amour perdu… (voir la bande annonce en lien)

conte kaguya lune.jpgA priori l’histoire ne me disait rien et la longueur (plus de 2 heures) me rebutait. Mais je n’ai pas vu le temps passer, et le sujet touche à l’universel : est-ce la peine de sacrifier ses rêves et désirs profonds pour se conformer à ce que les autres et la société attendent de nous ? Peut-on passer à côté de sa vie ?

Le dessin est d’une beauté époustouflante. Il varie d’une scène à l’autre, rappelle les estampes japonaises, l’aquarelle, le pastel… L’histoire qui frôle avec le fantastique est magique, belle et terriblement émouvante. J’ai vu le film pendant la fête du cinéma et durant un match de la France au mondial. On était qu’une vingtaine dans la salle, majoritairement des femmes (et quelques rares compagnons qui les accompagnaient). On est TOUS restés jusqu’à la fin du générique, sonnés. J’entendais renifler et j’ai vu plusieurs personnes les larmes aux yeux.

conte kaguya 3.jpgSacré Takahata. Il peut se vanter d’être le premier à m’avoir fait chouiner devant un film, qui reste toujours pour moi le plus traumatisant de tous : Le tombeau des lucioles. J’ai pourtant écrit mon mémoire de fin d’études sur Miyazaki, mais je retourne ma veste aujourd’hui. Je crois que je préfère Takahata, son style si changeant, de dessins et d’histoires, passant du pur mélo à la comédie loufoque, du quotidien d'une famille à la vie d'animaux imaginaires luttant contre l'accroissement urbain : Mes voisins les Yamada, Pompoko… Contrairement à Takahata, je trouve que Miyazaki ne se renouvelle pas. Le vent se lève m’a ennuyée : faire une scène entière sur des boulons d’avions ou un truc dans le genre, il était temps que pépé arrête le cinéma.

A plus de 70 ans, les deux géants de l’animation japonaise ont annoncé leur retraite. Quel dommage, mais Takahata finit sur un chef d’œuvre. Ne le ratez surtout pas.

 

18/07/2014

Dragons 2, laissez-vous transporter

dragons 2.jpgDans le premier film, Harold est un jeune viking qui peine à trouver sa place : son peuple chasse ardemment les dragons, vus comme des animaux sanguinaires. Mais l’adolescent réussi à apprivoiser le plus mystérieux de l’espèce : un furie nocturne. Dans ce film qui peut être vu indépendamment du premier, les vikings ont compris que les dragons ne sont pas leurs ennemis.
Dans Dragons 2, Harold atteint maintenant l’âge adulte. Il doit reprendre la place de chef de clan tenue jusque-là par son père. Mais le jeune homme doute de ses capacités. Il préfère l’insouciance et la liberté de la jeunesse, voler avec son ami dragon pour explorer des terres inconnues. Jusqu’à sa découverte d’une île cachée peuplée de dragons protégés par un curieux personnage. Car les animaux sont convoités par un homme dangereux, qui s’en sert comme arme de guerre… Harold doit alors prendre des responsabilités : sauver son peuple et les dragons. (voir bande annonce en lien)

dragons.jpgOn retrouve dans ce deuxième film les mêmes thèmes : le passage à l’âge adulte, l’importance de l’amitié, l’union qui fait la force, privilégier la parole à la violence, se mettre à la place de l’autre pour le comprendre, ne pas juger sur l’apparence : « oui, les dragons ont l’air méchant avec leur sale gueule de cracheur de feu ! Mais en fait ils sont cool, ne les tuez pas ! Et pourquoi la guerre ? But all we are saying, is give peace a chance ! »

Bon Harold ne chante pas du Lennon, mais vous avez compris son message. Qu’apporte le deuxième film au premier ? Une histoire familiale émouvante, des choix difficiles à prendre, l’importance de la transmission. Et surtout, un point indiscutable : une mise en scène 3 D époustouflante ! L’équipe a inventé un nouveau logiciel qui permet des mouvements plus naturels. Dragons 2 a été conçu pour être vu en 3d et non converti après réalisation comme le premier film. J’ai préféré ce deuxième opus, sans doute parce que j’ai vu le premier sur une simple télé. Ici, j’étais bouche bée : on assiste à un véritable spectacle qui rend euphorique. On a l’impression de voler nous aussi à dos de dragon. I believe I can fly, I believe I can touch de sky.

dragons persos.jpgEt que dire de la beauté et de l’originalité des couleurs de ces bestioles, tous différents et saugrenus ? Même si mon préféré reste celui qui est en apparence le plus simple, uniquement noir : le furie nocturne. Il me rappelle mon chat adoré de ma photo de profil… moi aussi j’en veux un ! Krokmou a en fait comme modèle un véritable chat, celui du superviseur de l’animation. Habitué à être dans le studio avec les animateurs afin qu’ils étudient son comportement, le chat s’est mis à préférer les plateaux de cinéma à la maison de son maître…
La modélisation des dragons s’inspirent du comportement des chats, mais aussi des chiens, car l’équipe était divisée entre les amoureux des félins et ceux qui préfèrent les chiens, dont le réalisateur fait partie (comment ?!) C’est pourquoi, pour faire plaisir à Dean Dubois, Krokmou possède des caractéristiques canines (c’est donc pour ça qu’il se met à lécher le visage de son maître et lui baver dessus, ce truc dégueulasse que font les clébards?)

Le film s’adresse autant aux enfants qu’à leurs parents, grâce à son humour et ses messages. Il n’est pas gnangnan ni bêtement positif (à la fin du premier film, le héros perd quand même une jambe !) Dragons 2 est aussi drôle qu’émouvant. Les personnages sont attachants. Je regrette juste un détail : comme Harold ne voulait pas être chef, je voyais à sa place sa fiancée à fort caractère. Je n'aime pas trop l'idée de la "destinée".
Si vous n’avez pas vu le premier film, ne vous retenez pas pour celui-ci : on s’adapte immédiatement à cet univers, le film débutant sur un ahurissant match aérien qui rappelle le quidditch d’Harry Potter. Sauf qu’ici, les magiciens sont remplacés par des vikings, les balles par des moutons, et les balais par des dragons. On comprend et accepte tout ça sans broncher, comme si c’était habituel ! Ben quoi, vous n’avez pas un dragon chez vous ?

 

27/06/2014

Under the skin : qu'est-ce que Scarlett a de plus que nous ?

Under-the-Skin-Scarlett-Johansson.jpgL’intérêt d’Under the skin repose sur le mystère, la fascination. Pour l’histoire étrange : quel est l’objectif de l’héroïne ? Qui est-elle ? Fascination pour le corps sensuel de Scarlett Johansson, considérée comme l’une des plus belles femmes du monde, et que l’on voit ici sous toutes les coutures. Pour la beauté exceptionnelle de la mise en scène. Pour la musique angoissante, qui reste longtemps en tête, et rappelle celle des Envahisseurs (à 1min40 de l’extrait) ou de Vertigo. Alors, problème : comment parler d’Under the skin  sans en rompre le charme ? 

En cela, avant d’aller au cinéma, je vous invite à voir uniquement la bande annonce, très bien réalisée (pas comme certaines qui dévoilent les moments cruciaux ou les meilleurs dialogues). Si en la regardant, comme moi, vous êtes intrigué, vous essayez de comprendre, êtes fasciné par la beauté des images (et de Scarlett Johansson dénudée aussi, oui…) alors courez-voir ce film. Vous ne serez pas déçus. Mais si vous avez un sentiment de rejet en pensant « mais qu’est-ce que c’est que ce truc zarbi ? », vous aurez sans doute plus de mal à vous laisser emporter par la vague … comme les jeunes hommes du film.

cinéma, scarlett johanssonL’étrange séquence de début m’a immédiatement rappelé 2001 l’odyssée de l’espace : « whaouh, qu’est-ce que c’est ? Un vaisseau spatial ? La matrice de l’enfant ? L’aube d’une nouvelle humanité ? C’est magnifique, je sens que je vais vivre une grande expérience métaphysique et sensorielle ! » La personne qui m’accompagnait, plus cartésienne (une scientifique !) a elle pensé a une tasse de café filmée en gros plan…

En sortant d’Under the skin, j’en parle à un ami :
« C’est un peu bizarre, mais on cogite et on ressent plein de trucs, c’est abstrait, expérimental, je ne suis pas sûre que tu apprécies…
- Ah. Je ne vais pas y aller alors.
- Par contre Scarlett Johansson est à poil tout le long.
- Ok, j’y vais ! »

Adorant les mystères, j’ai évidemment apprécié Under the skin. Je n’ai lu comme d’habitude aucune critique avant de voir le film (ni avant d’écrire la mienne d’ailleurs) pour qu’on ne me gâche pas le suspense. Malheureusement, j’ai vu malgré moi un gros titre qui révélait l’identité du personnage principal. Ça m’a profondément énervée : pourquoi les critiques gâchent-ils toujours tout ? Sans ce spoiler, à quel moment aurai-je compris ?
Alors comment vous parler d’un film… sans en parler vraiment ? Tant pis, j’analyse et donc révèle quelques éléments.

cinéma, scarlett johanssonLe titre est judicieux : que se cache-t-il sous la peau de Scarlett, qui est-elle ? Et plus généralement, que se cache-t-il sous la peau d’un homme, d’une femme, quelles sont leurs différences, qu’est-ce qu’ils éprouvent… L’héroïne tente de percer le mystère du corps humain. Elle ne ressent rien. Elle ne connaît pas le plaisir de manger (une appétissante part de forêt noire que son corps refuse d’avaler) la sensation de chaud et de froid, le désir. Pourtant, elle comprend une chose : certains hommes  sont dominés par leurs sensations. Au point d’être assez stupides pour accepter de suivre une inconnue uniquement parce qu’elle est belle et qu’ils espèrent ses faveurs. Ils se sont vus pourtant, ces mecs qui ne paient pas de mine, surtout le pauvre Elephant man ? Comment peuvent-ils penser une seconde qu’une fille comme elle s’intéresse à des types comme eux…

Comme eux, on est fasciné par Scarlett, visage filmé en gros plan, corps longuement dénudé devant la glace. Sa beauté conduit les hommes à leur perte.  Le film évoque le mystère féminin, souvent associé à l’eau noire et profonde dans laquelle se plongent les hommes fous de désir pour l’héroïne. 

cinéma,scarlett johanssonUnder the skin critique les types qui ne voient les femmes que comme des proies. Pourtant ici, c’est la femme qui chasse, tourne en rond dans son camion à la recherche d’hommes seuls et désœuvrés. Il ne faut pas se fier aux apparences : son corps est beau, mais son âme est cruelle et insensible : au sort d’un enfant en pleurs abandonné sur une plage, au sort des malheureux qui la suivent. 

Comme dans Her sorti récemment, Under the skin est un film de science-fiction, où Scarlett Johansson essaie de devenir humaine. Mais c’est surtout un film à l’esthétisme très recherché, avec des décors déroutants. A la beauté des paysages écossais, de la mer, de la forêt enneigée, s’oppose la laideur de la ville.

Mais selon Papillote critique de cinéma réputée, la vraie question existentielle que le film pose est : pourquoi Scarlett Johansson envoûte-t-elle autant ? C’est la caméra qui provoque cet effet non ? Parce que hein, d’abord, elle a le pif qui remonte, un peu rond, on voit ses narines. Pas très fin ni délicat quoi. Elle a un peu de bedon (ok, elle est enceinte, et alors, c’est pas une raison) elle a les cuisses molles (si si ! j’ai bien regardé !) Nan mais qu’est-ce qu’elle a de plus que nous franchement. Peuh.

Une fois qu’on a compris le sujet, on peut trouver le film de Jonathan Glazer un peu long et répétitif. La fascination peut faire place à l’ennui, et le film aurait gagné à être raccourci je pense. Mais les rares spectateurs qui sont partis avant la fin ont vraiment raté un final très étonnant… Hypnotisant, troublant, étrange, Under the skin est un ovni, c’est le cas de le dire.