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17/10/2014

Samba, entrez dans la danse

samba rahim.jpgSamba (Omar Sy) est un Sénégalais installé depuis 10 ans en France. Il travaille dans un restaurant. Il est menacé d’expulsion car sans papiers. Alice (Charlotte Gainsbourg), cadre supérieure, a fait un burn out et quitté son travail. Elle devient bénévole dans une association et tente d’aider Samba. Selon les conseils de sa collègue (Izïa Higelin) elle devrait « garder ses distances, parce qu’après ça peut vraiment faire mal s’ils sont renvoyés ». Pourtant, Alice ne peut s’empêcher d’être attirée par Samba, cet homme qui lui ressemble si peu, fort, confiant et doux malgré son histoire… (voir bande annonce en lien).

Avec Samba, les réalisateurs d’Intouchables nous livrent comme à leur habitude un film touchant et positif, plein de bons sentiments. Ils traitent encore de l’alliance des contraires (dans Intouchables : l’homme riche cultivé et le pauvre de banlieue inculte ; Tellement proches ou Nos jours heureux : des titres ironiques pour une famille ou colonie de vacances aux membres très dissemblables, etc.)

Les metteurs en scène développent encore des thèmes sociaux et d’actualité. Ils utilisent les ressorts de la comédie pour traiter de sujets graves ou sensibles. Après les handicapés dans Intouchables, ici les sans-papiers et le stress au travail.

samba gainsbourg.jpgL’humour populaire, qui rassemble, est le meilleur moyen de faire passer un message (de tolérance) en douceur. Peut-être trop justement : les problèmes que le film dénoncent sont parfois survolés.
Par exemple, Alice tente de se remettre de son burn-out en devenant bénévole pour une association d’aide aux sans-papiers. Elle est censée se reposer et rester au calme, je ne vois pas trop comment écouter les récits dramatiques de réfugiés peut l’aider… Ou bien ils lui permettent de relativiser ses problèmes de Parisienne privilégiée. Mais alors pourquoi retourne-t-elle dans son boulot ? Pourquoi ne s’engage-t-elle pas totalement dans cette cause humanitaire, plus juste et plus utile que son ancien travail ? C’est comme si le problème venait d’elle, et pas de son emploi stressant. Les réalisateurs parlent d’un problème de société actuel, le burn-out, mais ne remettent pas en cause le monde du travail tel qu’il est actuellement.

Pourtant selon Eric Tolédano, le film traite « un seul et même thème : le rapport au travail, du plus bas au plus haut de l’échelle. D’un côté, Samba, un travailleur clandestin qui a quitté son pays et cherche à régulariser sa situation pour honorer la promesse d’emploi qu’il a décrochée ; de l’autre, Alice, cadre supérieure qui a tout pour être heureuse, mais souffre de surmenage qui a débouché sur un pétage de plomb. Ils considèrent tous les deux le travail comme la valeur suprême mais, en se rencontrant, ils vont découvrir de nouveaux horizons, et tenter de se frayer un autre chemin vers le bonheur que celui imposé par le monde du travail et la réussite sociale. Le travail est-il le sens ultime de l’existence ? L’idée de poser la question ouvertement nous emballait beaucoup. »

samba affiche.jpgLe film est avant tout une comédie, il ne veut pas être pesant. Il souhaite sans doute ne pas porter de jugement ni créer de polémique. C’est tout à son honneur. C’est au spectateur de se poser les questions et réfléchir à ce qu’il a vu.
Eric Tolédano l’explique : « nous avons mis des visages sur des statistiques. Aborder le côté politique du sujet, ce n’est pas notre rôle, pas plus que de faire passer un message. (ah ?) En revanche, le cinéma permet au spectateur de découvrir, par des personnages et leur quotidien, un monde que souvent il ne connaît pas autrement que par le débat public et les médias. Et à partir de là, cela peut lui donner matière à réfléchir différemment.»
Il ajoute : « Lorsqu’une scène est chargée dans sa dramaturgie, nous n’hésitons pas à tenter d’y glisser de l’humour derrière : C’est l’arme la plus efficace. Encore une fois, nous n’avons pas vocation à passer un message. (re-ah ?)

Malgré ses déboires, Samba reste digne, volontaire, optimiste, il ne se laisse pas abattre. Une magnifique leçon de vie. Le film est porté par son interprète principal, Omar Sy,classé parmi les personnalités préférées des Français. Sans cet acteur charismatique et solaire, Samba serait beaucoup plus bancal. Quant à Charlotte Gainsbourg, elle est toujours parfaite, dans son éternel rôle de petite fleur délicate et sensible. Tahar Rahim est étonnant dans un rôle comique inhabituel, qui pourtant correspond mieux à sa nature.

Les personnages peuvent paraître assez lisses et candides. Pourtant le héros effectue un geste regrettable qui aura des conséquences désastreuses (mais pas pour lui ! au contraire, elles lui sont très favorables…) Seul le personnage d’Izia Higelin est cynique au début, pour mieux se jeter dans le sentimentalisme ensuite… On peut juger le film un peu niais, idéaliste.

Samba joue plus sur les émotions qu’Intouchables et les autres films des réalisateurs. Notamment en développant (un peu trop longuement) une histoire d’amour entre les deux personnages principaux. Par son sujet grave, traité avec plus de sérieux et de sensiblerie, Samba est moins drôle que les précédents films des cinéastes (et les gags tombent parfois à plat).

Chansonnite aigue oblige, j’ai Samba Mambo de France Gall dans la tête. Le film n’utilise pas cette chanson, mais d’autres qui promettent de plaire au plus grand nombre : du Bob Marley, du Steevie Wonder…  Puis des musiques qui fleurent bon le Brésil, comme Take it easy my brother Charlie, en hommage au titre et parce que le personnage de Tahar Rahim vient de ce pays. La b.o soignée choisit aussi les mélodies au piano émouvantes de Ludovico Einaudi ou la chanson romantique de Tom Odell, Another love.

 Je laisse le mot de la fin à Omar Sy :
« Je fais des films pour divertir. Mais si je donne l’occasion aux gens de découvrir deux ou trois réalités de la vie, j’en suis fier. Je crois en l’espoir, au côté positif de l’existence, j’essaie de faire partager cette foi le plus largement possible parce que je trouve que cela manque dans notre environnement. Tant pis si je parais neuneu ou un peu fleur bleue. »

 

13/10/2014

Le labyrinthe, courez dedans !

labyrinthe.jpgUn jeune homme se réveille dans une cage d’ascenseur. Il atterrit dans une vaste plaine, des adolescents le sortent de son piège. Qui sont-ils ? Que font-ils là ? Comme lui, chaque mois depuis trois ans, un nouveau arrive dans cet endroit étrange, ayant tout oublié de son passé. Le lieu est entouré de murs gigantesques, infranchissables. Une faille s’ouvre chaque jour au milieu, sur un labyrinthe, et se referme à la tombée de la nuit. Une sortie est donc possible, mais ceux qui s’y risquent se perdent ou ne courent pas assez vite pour ressortir…  Vaut-il mieux se résigner à son sort et rester sur place, ou prendre le risque de rentrer dans le monde inconnu du labyrinthe ? (voir bande annonce en lien)

J’ai vu le film sans rien connaître de l’histoire et j’ai été agréablement surprise par l’originalité du scénario. J’ai vraiment adoré ce principe : enfermer des ados malgré eux, le spectateur observe comment ils se débrouillent. Le principe peut s’apparenter à une étude sociologique sur la vie en communauté : des clans, une hiérarchie se créent automatiquement. Un chef dirige, un groupe forme l’élite : les battants admirés et courageux (les coureurs qui explorent le labyrinthe). Chacun travaille en fonction de ses capacités et est intégré à un groupe bien précis.  L’union fait la force, mais chacun reste à sa place… Cette épreuve d’enfermement permet aux adolescents de découvrir en eux un potentiel insoupçonné, ou au contraire les laisse s’effondrer : seuls les plus forts survivent...

labyrintheL’idée de cette brèche dans le mur qui s’ouvre sur un labyrinthe dangereux et mystérieux m’a également beaucoup plu. Elle m’a rappelé les contes pour enfants et leur symbolique, métaphore du monde réel : la plaine entourée de hauts murs où vivent les adolescents est comme le cocon rassurant de l’enfance : rien ne leur arrive tant qu’ils ne sortent pas de cette enceinte. Mais pour devenir adulte, il faut partir dans l’inconnu, affronter le monde réel et ses difficultés : oser rentrer dans le labyrinthe.

J’ai cogité tout le long pour essayer de comprendre ce que les ados faisaient là et ce qui allaient leur arriver. Mais rassurez-vous, on est d’abord dans un film de divertissement et d’action, pas un documentaire anthropologique… j’ai quand même deviné quelques rebondissements. J’ai trouvé que les dialogues n’étaient pas toujours à la hauteur, un peu plats, et se traînant en longueur (faut-il rentrer dans le labyrinthe ou pas ? suivre le rebelle aventurier ou le conformiste attaché à sa sécurité ?) C’est sans doute parce que j’attendais le dénouement avec impatience : «  il y a quoi là-derrière, on veut savoir ! » La  tension était palpable dans la salle pendant les scènes d’action, mais mémé ne comprenait pas toujours ce qui se passait, car les plans étaient trop nombreux et rapides, et souvent sombres, filmés de nuit.

labyrintheCertains reprocheront peut-être les caractères stéréotypés ou trop lisses, mais c’est un aspect volontaire qui ne m’a pas du tout dérangée.,Je trouve que l’héroïne interprétée par Kaya Rose Scoledario ressemble à Kristen Stewart, la star de Twilight. Cette dernière étant sans doute trop chère, ils ont dû penser « prenons son sosie à la place ! En plus, elle a un petit air d’Eva Green, deux pour le prix d’une, ça pourra pas faire de mal ! »

Les personnages sont tous adolescents, pourtant vous pouvez voir le film sans problème si vous avez dépassé la vingtaine. Bon, je ne suis certainement pas une référence en matière de maturité… Si vous avez aimé Hunger games ou encore mieux l’excellent Battle royale, où des jeunes luttent aussi pour leur survie, vous apprécierez certainement Labyrinthe de Wes Ball.

 

 

11/10/2014

Gone Girl de David Fincher

gone girl missing.jpgEn rentrant chez lui le matin de son cinquième anniversaire de mariage, Nick (Ben Affleck) constate que sa femme Amy (Rosamund Pike) a disparu. Les dégâts et traces de sang dans la maison ne présagent rien de bon. Pour les médias qui s’emparent de l’affaire, c’est évident : l’époux qui ne semble pas assez éploré a tué sa femme. Pour prouver son innocence, Nick mène sa propre enquête. Il s’aperçoit que la belle épouse modèle n’est pas aussi lisse qu’il le pensait…  (voir bande annonce en lien)

Gone Girl est un film sur les apparences trompeuses. Il débute par une scène énigmatique, sur le visage en gros plan d’Amy. Elle est sublimée par une douce lumière matinale. Elle regarde et sourit à son mari, qui tient en fait la place de la caméra. On est au plus près de l’intimité d’un couple, une scène belle et romantique. Pourtant, les pensées de Nick contredisent les images et font froid dans le dos : il a envie de fracasser le crâne de sa femme pour voir ce qu’il cache. Lorsqu’Amy disparaît, hébété, il ne montre pas sa tristesse. Il est incapable de renseigner la police sur les habitudes de son épouse, ne sait pas si elle a des amis… Il ne semble pas vraiment la connaître.

Nick apparaît comme le suspect idéal pour les médias. Ceux-ci sont montrés dans leur aspect le plus négatif : faire de l’audimat avec du sang, du sordide, de l’émotion. Traquer honteusement des gens qui n’ont rien demandé, sûrement innocents et étrangers à l’affaire (la sœur de Nick, les voisins). Fouiller dans leur vie pour révéler leurs secrets honteux. Faire des suppositions hasardeuses et les afficher comme vérité. Manipuler les foules en jouant sur leurs émotions :  une affiche avec la plus belle photo d’Amy, filmer une déclaration du mari en espérant qu’il va pleurer, et comme il ne le fait pas, prétendre qu’il a tué sa femme, lui demander de prendre la pose et de sourire, pour ainsi dire qu’il reste insensible…

Nick semble coupable. Pour le public averti, il paraît plutôt comme un brave gars un peu nigaud qui se fait avoir. On mène l’enquête avec lui, le héros du film. Mais pourquoi cette première scène alors, où on surprend ses pensées de meurtres ? Ne serait-ce pas plutôt le spectateur qui se laisse manipuler ?

gone girl rosamund pike.jpgEt qui est Amy ? Une femme magnifique : Rosamund Pike, dans son éternel rôle de la fille toujours très classe et distinguée, mais qui reste simple, inconsciente de sa beauté et de ses talents, comme dans Orgueil et préjugés par exemple. Ses parents ont fait d’elle une célèbre héroïne de livres pour enfants : amazing Amy, c’est-à dire elle en mieux, à qui tout réussit. Dans la réalité, les époux ont perdu leurs emplois et quitté New York pour s’installer dans la province natale de Nick, où Amy s’ennuie et gâche ses talents. Elle semble très amoureuse de son mari, pour lequel elle organise des chasses au trésor à chacun de leur anniversaire de mariage.

Et justement, contrairement à celle de Nick, la personnalité d’Amy et ce lui est arrivé m’ont semblé évidents depuis le début. Je pense que cet effet est volontaire. David Fincher, le maître du retournement de situation et du suspense, ne peut pas prendre ses spectateurs pour des cons. Je reste néanmoins un peu perplexe : pourquoi attendre aussi longtemps alors pour le dénouement ? Il veut jouer avec nos nerfs, nous faire douter ? Quand j’ai eu confirmation de mes suppositions, j’admets avoir été un peu déçue. J’aime être surprise au cinéma, je déteste deviner les rebondissements. Dans Seven, je ne m’attendais pas du tout à cette fin, avec la boîte… Je revois encore très précisément mon amie choquée sur le chemin de l’école, me disant : « j’ai vu un film horrible hier… » et moi qui la tannais pour qu’elle me raconte l’histoire. Dans le même genre, je n’ai pas été voir Avant d’aller dormir sorti récemment, car j’ai lu le livre avant, et j’ai deviné tous les rebondissements au bout de 50 pages (sur 500)…

Sur la critique des médias traquant le spectaculaire et le sordide, je vous conseille également Night call, qui sortira le 26 novembre. Sur l’enquête à propos d'une femme disparue et la manipulation du spectateur, je vous conseille également White Bird de Gregg Araki, en salles mercredi.

David Fincher sait à merveille raconter des histoires, surtout lorsqu’elles sont vraies. On le voit surtout dans son meilleur film selon moi, Zodiac (on était trois dans la salle à l’époque…) et le meilleur film de l’année 2010, The social network sur Mark Zuckerberg. Le cinéaste est un pro de la manipulation, comme on le constate ici, mais également dans l’incroyable et sous-estimé The game avec Michael Douglas. Je ne parviens pas à établir de top ten pour David Fincher (il a réalisé dix films) mais Gone girl, s’il ne détrône pas Zodiac, ne fait certainement pas partie des derniers (L’étrange histoire de Benjamin Button est raté pour moi, et Panic Room n’est pas très intéressant.)

Et vous, comment classeriez-vous Gone Girl et les films de David Fincher, par ordre de préférence ? Je rappelle sa filmographie :

1992 : Alien3
1995 : Seven
1997 : The Game
1999 : Fight Club
2002 : Panic Room
2007 : Zodiac
2008 : L'étrange histoire de Benjamin Button
2010 : The social network
2011 : Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes
2014 : Gone girl

 

 

26/09/2014

Les vacances du petit Nicolas

petit nicolas.jpgMémé-toujours-un-train-de-retard se rend compte qu’elle a oublié de publier plusieurs billets, dont celui-ci ! Mais contrairement à Albert à l’ouest, le film est encore diffusé !

Je n’ai pas vu le premier Petit Nicolas, pour moi l’adaptation des livres de mon enfance déflore l’idée que je me faisais des personnages. Surtout quand le père est joué par l’insupportable et omniprésent Kad Merad. Ce chauve lippu est le seul comédien français existant ou quoi ! J’ai du mal aussi avec la gueule et surtout la voix horripilante de Valérie Lemercier (je l’imagine toujours dire comme dans la pub « c’est moi qui l’ai fait ! » 

Je n’aurais pas eu l’idée de voir le film si je n’étais pas payée pour le faire en accompagnant des gamines ravies, dans une salle remplie de gones braillards. Dure épreuve pour mémé qui supporte mal le bruit et l’agitation. En tout cas eux, ils ont « a-do-ré » le film qui « est trop bien » 

J’aurais sans doute aimé autant que les gamins si mémé avait toujours leur âge. La comédie n’est pas mauvaise, mais avec ses farces potaches, est surtout destinée aux enfants.  Les gags sont parfois de mauvais goût et à la limite de la cruauté et de la méchanceté (échanger le tuyau de la douche avec celui des égouts, mettre un serpent dans le lit des parents, voler un portefeuille, mentir : c’est du joli, bel exemple) Les gamins en groupe sont souvent bêtes et méchants… J’ai surtout apprécié la reconstitution minutieuse, acidulée et carte postale de la France des années 60. Un film à voir quand on a 10 ans. Mais j'ai plus 10 ans, si tu me crois pas, t'ar ta gueule à la récré.