03/11/2013
La rubrique nécrologique et les films de la semaine : Lou Reed, Un singe en hiver, A serious Man, Black book...
Retour de la rubrique nécrologique, avec la mort de Lou Reed. Le chanteur est décédé à l’âge de 71 ans, après une vie d’excès, d’alcool et de drogues, qu’il vantait dans des chansons comme Heroin. Reed a subi une greffe de foie qui n’a pas réussi à le sauver, et d’après sa femme, il est mort en "regardant les arbres et en faisant du tai-chi." Elle ajoute : « je sais que ses chansons sur la peine et la beauté du monde transmettront à beaucoup de gens la joie incroyable qu'il avait à vivre".
Le fondateur du mythique Velvet underground a laissé des albums emblématiques, dont mon préféré reste le premier de 1967, avec les chansons « Sunday morning » qu’il jugeait trop pop et détestait, et I’m waiting for the man. Lou Reed s’est ensuite lancé dans une carrière solo, dont les chansons les plus célèbres demeurent Walk on the wild side et ma favorite Perfect day.
A la télé ce soir, encore un de mes films cultes sur Arte : Un singe en hiver d’Henri Verneuil, avec Gabin et Bébel, tendres alcooliques qui refont le monde. Les dialogues sont d’Audiard, et je ne me lasse pas de les déclamer aux moments appropriés. Comme, dès qu’on ouvre une bouteille, chanter « Nuits de Chine, nuits câlines nuits d’amour… nuits d’ivresse ! » (voir extrait). Ou bien encore : « tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour… mais tu m’emmerdes !! » et toujours les réflexions sur les cons chères à Audiard : « si la connerie n’est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille ! » A ne pas rater.
A la même heure, Gulli diffuse le film fantastique Edward aux mains d’argent de Tim Burton, avec un émouvant Johnny Depp, rejeté par les hommes à cause de son handicap. Sa fameuse tenue et ses ciseaux en guise de doigts pouvaient s’observer à l’exposition Tim Burton à la cinémathèque : Johnny, il est tout petit, et mince comme une fillette !
Sur D8, Le talentueux M. Ripley, remake de Plein soleil dont j’ai parlé ici.
Lundi, soirée spéciale frères Coen, avec The big Lebowski, un film que j’adorais étant ado, et A serious Man.
Dans le premier, Le duc (l’excellent Jeff Bridges) est un glandeur tranquille et affiché, qui passe son temps à boire et à jouer au bowling. De dangereux malfrats le confondent avec un bandit et lui réclament une somme colossale. Le paresseux va devoir rompre avec sa léthargie habituelle pour se sortir du pétrin.
Dans A serious man, comme souvent chez les frères Coen (Fargo, The barber) un homme s’enfonce dans une spirale de l’échec. Il est entouré de bras cassés, dont son fils, qui s’ouvre au monde et découvre la musique pop à travers cette superbe chanson de Jefferson Airplane : Somebody to love .
Mercredi, Arte diffuse un autre film des Coen, O’ Brother, avec George Clooney, bagnard des années 30 qui se fait la malle.
Mardi, soirée Gremlins sur NT1. Moi aussi je veux un Gizmo qui chante.. mais qui ne se transforme pas quand on le nourrit après minuit !
Mercredi, France 4 diffuse Les ripoux, une bonne comédie populaire à la française, fonctionnant sur un duo décalé. Noiret♥ incarne un vieux flic désabusé, dont le travail principal est de ramasser des pots de vin et assister aux courses hippiques. Le petit bonhomme de vie du ripou se retrouve perturbé par l’arrivée d’un jeune inspecteur, Thierry Lhermitte♥, pétri de principes et ravi de passer à l’action…
Jeudi à minuit 15 (!) M6 diffuse l’excellent Black Book de Verhoeven, l’un de mes réalisateurs préférés (Robocop, Starship troopers, Total recall…) Pour ce film, le cinéaste quitte Hollywood pour retourner dans sa terre natale, les Pays-bas. Je trouve qu’il renoue avec ses premières œuvres moins commerciales (Katie Tippel, Le soldat orange…) Black Book se déroule pendant la seconde guerre mondiale, à la Haye. Une femme juive et résistante infiltre les services de renseignements allemands. Un énième film sur cette période, mais les personnages sont ambigus, tout sauf manichéens. Le scénario complexe multiplie les rebondissements. Comme l’annonce aussi le titre, noir c’est noir. Puis l’héroïne est interprétée par Carice Van Houten, que je ne peux qu’apprécier puisqu’elle porte le nom de mon cacao favori. Argument de poids n’est-ce pas.
Et vous, appréciez-vous Lou Reed ? Avez-vous vu ces films ?
20:25 Publié dans A la télé cette semaine, La rubrique nécrologique, On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : télé, cinéma, un singe en hiver, bébél, les ripoux | | Facebook
10/10/2013
Hollywood, l'envers du décor
Suite des résumés des livres lus en 2012 (première partie ici), que vous pouvez voir sur la colonne de droite. Sachant que j’ai publié sur les deux premiers livres il y a trois semaines, et que j’en ai lu 68, je vous laisse faire le calcul pour connaître la fin des résumés. Dans la même veine, je n’ai toujours pas fini mon bilan ciné et livres de septembre. (C’est pas ma faute, je suis trop culturée, c’est tout).
3- Rita Hayworth, de Barbara Leaming
L’envers du décor de la machine à rêves… Avant d’être la célèbre actrice hollywoodienne de Gilda (Put the blame on mame, boy : elle est doublée sur la chanson) Rita, née en 1918 de parents modestes, était une enfant maladivement timide. Son père, tyrannique et violent, la forçait à danser avec lui dans des music-hall glauques où ils mimaient un couple, qu’ils étaient réellement… Toute sa vie, Rita se laissera abuser par des hommes tyranniques et possessifs.
Son premier mari, Judson, la métamorphose physiquement et l’envoie littéralement s’offrir aux puissants du cinéma pour décrocher des contrats en retour. Le producteur Harry Cohn devient obsédé par la starlette, l’espionne et la met sur écoute. Rita épouse ensuite Orson Welles, qui la délaisse pour la politique ; puis le prince Ali Khan, qui lui préfère les fêtes. Rita sombre dans l’alcool, on la croit folle, alors qu’elle est en fait atteinte de la maladie d’Alzheimer, diagnostiquée près de 20 années en retard… La déchéance physique et morale de la star s’éteint en 1987, mais pas son aura.
4- Hollywood Babylone, de Kenneth Anger
Un livre culte, interdit depuis 1975, car il révèle la face cachée des célébrités de Hollywood, vraiment peu glorieuse : meurtres, orgies, drogue... Il a enfin été republié cette année, et je me suis jetée dessus, l’attendant avec impatience. J’ai un peu été déçue. Ce n’est pas de la grande littérature évidemment, plutôt un journal à scandale en version longue et plus subtile, qui relate des faits vraiment glauques.
Le plus sordide faits divers je trouve est celui concernant l’acteur Fatty Arbuckle, qui jouait le rôle de gros bêta à la tarte à la crème pour le plus grand plaisir des enfants. Je me souviens qu’au contraire, je le trouvais repoussant et trop bizarre. Je comprends mieux pourquoi : le livre décrit en détail la soirée d’orgie de 1921 qui aboutit à l’horrible agression et à la mort de l’actrice Virginia Rappe (l’humour noir de son nom…) Arbuckle est acquitté, mais sa carrière ne s’en relèvera pas.
J’ai été aussi particulièrement touchée par la destinée de l’actrice Francis Farmer, internée de force dans un hôpital psychiatrique où elle est maltraitée. Mylène Farmer a d’ailleurs tiré son pseudonyme de cette comédienne brillante.
Le recueil raconte aussi heureusement des épisodes moins graves, et fait preuve d’un opportun humour noir et cynique.
5- Jane Mansfield 1967, de Simon Liberati
(Notez que les deux dernières photos désignent la même personne...) Je m’attendais à une biographie classique, alors qu’il s’agit plus d’une réflexion sur la déchéance. Le début était très prometteur, mais j’ai eu du mal à finir le livre, je l’ai trouvé moins intéressant, répétitif, ou mal expliqué… J’ai décroché.
Jane Mansfield possédait un Q.I exceptionnel, mais elle préférait mettre en avant sa plastique et passer pour une écervelée. A la fin de sa vie elle ne jouait plus que dans des navets, proposait des spectacles de strip-tease sordides, était alcoolique et se faisait tabasser par son amant… Cette beauté a fini comme on le sait, décapitée dans un accident de voiture en 1967.
En résumé, être une star à Hollywood, c’est gai.
La prochaine fois, suite des biographies, avec les chanteurs.
17:34 Publié dans Je suis culturée, On connaît la chanson, On connaît le film, On connaît le livre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature, livres, cinéma, biographies de stars de cinéma, rita hayworth, jane mansfield, hollywood babylone | | Facebook
22/09/2013
A la télé ce soir : On connaît la chanson, Plein soleil
Le grand retour de la rubrique télé de la semaine, car je ne pouvais pas rater cet évènement : la diffusion ce soir sur D8 de On connaît la chanson, un de mes films cultes qui a donné son nom à l’une de mes rubriques. Enfin, le film a donné son nom… C’est plutôt le réalisateur Alain Resnais, et surtout les scénaristes Jaoui et Bacri qui m’ont piqué mon idée. Évidemment. Le monde entier sait que je suis atteinte de chansonnite au plus haut degré depuis l’enfance, ainsi que de filmonite aiguë. Quand j’étais petite, je m’imaginais que si je tournais un film un jour, les dialogues seraient tirés de chansons. J’ai plus qu’à écrire «On connaît la chanson 2, le retour». Plus qu’à.
Dans ce film, on retrouve les habituels chassés-croisés des scénaristes, et les acteurs fétiches de Resnais : Sabine Azéma, qui n’est autre que sa femme (alors qu’ils ont 27 ans de différence et qu’il a 91 ans) beurk. Pierre Arditi, qui joue son mari jaloux du retour d’un ancien amant (Bacri). André Dussolier, irrésistible en amoureux timide (ah, la scène où il s’imagine cavalier de la garde républicaine chantant « Vertige de l’amour »). Il aime secrètement une étudiante, incarnée par Agnès Jaoui (sa fameuse thèse "sur rien" des chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru) mais elle est attirée par l’arrogant patron de Dussolier, Lambert Wilson…
A la même heure sur Arte, autre film culte, Plein soleil de René Clément. Avec Alain Delon, lorsqu’il était, à 25 ans, absolument magnifique. Le décor paradisiaque exalte sa beauté : sur un bateau, sur la mer, le torse nu et bronzé… Maurice Ronet est pas mal non plus d’ailleurs. C’est pour ça que le personnage de Delon peut usurper facilement son identité…
Le film est tiré d’un excellent polar de Patricia Highsmith (L’inconnu du Nord-Express et Dites-lui que je l’aime, également adaptés au cinéma) : Le talenteux M. Ripley. Anthony Minghella en a aussi proposé une adaptation, avec Jude Law et Matt Damon. J’apprécie beaucoup ce dernier, c’est un très bon acteur qui choisit bien ses films. Mais il ne ressemble pas à Jude Law, son physique est bien plus grossier, et encore plus éloigné de celui de Delon qui interprétait le même rôle…
Je vous laisse, les films commencent. Demain si j’ai le temps, la suite du programme de la semaine.
Et vous, avez-vous vu ces films ? Qu'avez-vous regardé cette semaine ?
20:51 Publié dans A la télé cette semaine, On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : télé, cinéma français, jaoui bacri, on connaît la chanson, plein soleil, à la télé ce | | Facebook
06/09/2013
Le Rock en saigne : le dernier métro pour une claustro
Mémé Papillote, qui était fière d’avoir eu la présence d’esprit d’échapper aux mouvements de foule à Rock en Seine, se retrouve donc très intelligemment à prendre le métro à la fin du dernier concert, comme… tout le monde, environ 30 000 personnes. Je suis contrainte de faire le mouton et de suivre le troupeau qui nous mène à l’abattoir : le métro…
Emportés par la foule, qui nous traîne, nous entraîne, nous éloigne l´un de l´autre, je perds mes parents-potes en route, ce qui était ma crainte de la journée. Je me retrouve seule avec une vague connaissance. Pour peaufiner le tout, une pluie battante s’abat sur nous. Mais la pluie au moins, c’est l’eau, l’air, la vie… car nous nous engageons dans le long tunnel du métro, sans savoir où il nous mène, croisant de temps en temps des regards atterrés rebroussant chemin : ce n’est pas bon signe. Où allons nous ? Quelle est notre destination finale ? On va tous mouriiiiiir !!!
Une dizaine de minutes plus loin, avançant de plus en plus péniblement, nous tournons enfin dans le couloir qui nous mène aux portes du paradis, le métro. Et nous restons bloqués à 3 mètres de la délivrance, car, de manière incroyable, les portiques sont…fermés. 4 mastodontes de la sécurité se tiennent derrière, seuls, peinards, et nous regardent, affluer de plus en plus, nous serrer de plus en plus, étouffer de plus en plus. Impossible de bouger. Impossible de faire demi-tour, nous sommes pris au piège. La RATP, partenaire officiel du festival, vous assure un confort maximal. J’aurais dû m’en souvenir pourtant : RATP signifie en fait « rentre avec tes pieds ».
Commençant à avoir du mal à respirer, je me rappelle à ce moment opportun que je suis en effet légèrement claustrophobe. Petit détail. Quand il se voit enfermé dans un espace clos, le cheval sauvage se rend soudain compte qu’il a envie de courir le monde après son destin.
Je crois que cette claustrophobie date de mes 8 ans. J’étais en classe de neige (l’un des pires souvenirs de ma vie, mais heureusement pas pour les mêmes raisons que le personnage d’Emmanuel Carrère –ou le film de Claude Miller-). J’avais atterri dans le dortoir des 3 pestes de la classe, mon alcoolique de prof (véridique, elle planquait sa bouteille sous son bureau et sentait l’alcool à plein nez) pensant sans doute qu’une élève sage comme moi allait tempérer les grandes gueules. Une nuit, j’ai entendu dans mon sommeil comateux des cris, puis senti un bras énergique me tirer du lit. Je n’ai même pas eu le temps de dire ouf. Percevant des petits rires sortant du dortoir, un surveillant était rentré en trombe, avait crié pour obtenir le silence, puis pris la première victime innocente lui tombant sous la main (moi). Il m’a entraîné dans une salle de bains, a fermé la porte en criant « ça t’apprendra, tu resteras ici ! ». Le temps m’a paru interminable, j’étais terrorisée, enfermée dans cette petite pièce, dans le noir complet.
Je me suis plaint à ma famille dans une lettre. Ma mère a téléphoné paniquée en demandant ce qui se passait, et bien évidemment est tombée sur le surveillant. Je me rappelle encore de son regard noir quand il m’a passé le combiné, en restant à côté de moi pour vérifier ce que je disais. Je n’ai pas osé réitérer mes propos devant l’oeil menaçant de mon bourreau, et les 10 derniers jours de la classe de neige ont été un long supplice. Je pense que ceci peut expliquer en partie ma peur des espaces clos, petits et obscurs, et ma difficulté à m’endormir sereinement… (Je crois que le pire dans cette histoire, c’est qu’à mon retour tant espéré, ma mère a oublié de venir me chercher à l’heure, et mon frère s’est foutu de ma gueule pendant des années en me récitant par cœur des passages de ma longue lettre mélodramatique (j’avais déjà le goût du drame et de l’écriture à l’époque).
Mais passons et revenons à nos moutons coincés dans le métro :
Les portiques ouvrent en fait toutes les dix minutes, seulement lorsqu’un métro arrive. Car évidemment, la RATP-partenaire-officiel-du-festival n’a pas jugé utile de multiplier les rames face à la significative augmentation de voyageurs.
Pour accentuer ce moment de bonheur et de convivialité, je me retrouve du côté gauche des portiques, c’est-à-dire ceux qui s’ouvrent… uniquement pour la sortie. Je suis donc bousculée et insultée copieusement par les quelques rares malheureux qui ont pensé que c’était une bonne idée de sortir à cet arrêt à l’heure du final de rock en Seine.
45 minutes de cauchemar plus tard, sans même toucher le sol, la foule me pousse en avant et je parviens à passer un portique. Toujours honnête, j’ai le réflexe de valider un ticket, avant que les gens derrière me hurlent d’avancer plus vite.
Je respire enfin, je suis passée en zone libre. Je me retourne, et mon accompagnatrice a disparu. Il est 1h40, je vais atteindre le métro, mais j’ai encore une correspondance, que je ne pourrai jamais obtenir. Je suis à plus d’une heure de chez moi, seule, sans argent, et mon portable n’a presque plus de batterie. Le parfait scénario de film d’horreur, qui se déroule très précisément dans ma tête grâce à mon imagination débordante. Et comme je suis aussi cinéphile, je me rappelle les scènes d'angoisse du film Creep... J’ai trouvé très malin de partir avec le strict minimum, craignant la promiscuité et les vols. Je n’ai pas pris mon portefeuille mais uniquement 25 euros en liquide, que je trouvais largement suffisants. C’était sans compter les prix exorbitants associés à un estomac sur pattes…
Je me remets à paniquer (ça faisait longtemps) seule du bon côté des portiques, tandis que le reste du troupeau bloqué derrière me regarde avec envie. 10 minutes plus tard, mon accompagnatrice me rejoint enfin, et me voyant désemparée, à l’immense bonté de m’héberger. Mémé ne s’endort qu’au premier chant du merle à 7h30, car elle ne retrouve pas ses petites habitudes, et surtout, des jeunes éméchés jouent au « uno » sur leur balcon jusqu’à 5h30, en hurlant dès que l’un d’eux pose une carte « +3 » ou « retour en arrière ».
A part cette fin apocalyptique, j’ai tout de même beaucoup apprécié l’ambiance du festival. Si j’y retourne, je prendrais le temps de faire tous les jeux et de regarder plusieurs concerts, et surtout, je rentrerai avant la fin du spectacle pour obtenir une place dans le métro…
18:47 Publié dans J'ai bobo là, On connaît la chanson, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : rock en seine, cinéma, le dernier métro, creep, la classe de neige | | Facebook