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06/09/2013

Le Rock en saigne : le dernier métro pour une claustro

le-dernier-metro.jpgMémé Papillote, qui était fière d’avoir eu la présence d’esprit d’échapper aux mouvements de foule à Rock en Seine, se retrouve donc très intelligemment à prendre le métro à la fin du dernier concert, comme… tout le monde, environ 30 000 personnes. Je suis contrainte de faire le mouton et de suivre le troupeau qui nous mène à l’abattoir : le métro…

Emportés par la foule, qui nous traîne, nous entraîne, nous éloigne l´un de l´autre, je perds mes parents-potes en route, ce qui était ma crainte de la journée. Je me retrouve seule avec une vague connaissance. Pour peaufiner le tout, une pluie battante s’abat sur nous. Mais la pluie au moins, c’est l’eau, l’air, la vie… car nous nous engageons dans le long tunnel du métro, sans savoir où il nous mène, croisant de temps en temps des regards atterrés rebroussant chemin : ce n’est pas bon signe. Où allons nous ? Quelle est notre destination finale ? On va tous mouriiiiiir !!!
Une dizaine de minutes plus loin, avançant de plus en plus péniblement, nous tournons enfin dans le couloir qui nous mène aux portes du paradis, le métro. Et nous restons bloqués à 3 mètres de la délivrance, car, de manière incroyable, les portiques sont…fermés. 4 mastodontes de la sécurité se tiennent derrière, seuls, peinards, et nous regardent, affluer de plus en plus, nous serrer de plus en plus, étouffer de plus en plus. Impossible de bouger. Impossible de faire demi-tour, nous sommes pris au piège. La RATP, partenaire officiel du festival, vous assure un confort maximal. J’aurais dû m’en souvenir pourtant : RATP signifie en fait « rentre avec tes pieds ».
Commençant à avoir du mal à respirer, je me rappelle à ce moment opportun que je suis en effet légèrement claustrophobe. Petit détail. Quand il se voit enfermé dans un espace clos, le cheval sauvage se rend soudain compte qu’il a envie de courir le monde après son destin.

classe de neige.jpgJe crois que cette claustrophobie date de mes 8 ans. J’étais en classe de neige (l’un des pires souvenirs de ma vie, mais heureusement pas pour les mêmes raisons que le personnage d’Emmanuel Carrère –ou le film de Claude Miller-). J’avais atterri dans le dortoir des 3 pestes de la classe, mon alcoolique de prof (véridique, elle planquait sa bouteille sous son bureau et sentait l’alcool à plein nez) pensant sans doute qu’une élève sage comme moi allait tempérer les grandes gueules. Une nuit, j’ai entendu dans mon sommeil comateux des cris, puis senti un bras énergique me tirer du lit. Je n’ai même pas eu le temps de dire ouf. Percevant des petits rires sortant du dortoir, un surveillant était rentré en trombe, avait crié pour obtenir le silence, puis pris la première victime innocente lui tombant sous la main (moi). Il m’a entraîné dans une salle de bains, a fermé la porte en criant « ça t’apprendra, tu resteras ici ! ». Le temps m’a paru interminable, j’étais terrorisée, enfermée dans cette petite pièce, dans le noir complet.

Je me suis plaint à ma famille dans une lettre. Ma mère a téléphoné paniquée en demandant ce qui se passait, et bien évidemment est tombée sur le surveillant. Je me rappelle encore de son regard noir quand il m’a passé le combiné, en restant à côté de moi pour vérifier ce que je disais. Je n’ai pas osé réitérer mes propos devant l’oeil menaçant de mon bourreau, et les 10 derniers jours de la classe de neige ont été un long supplice. Je pense que ceci peut expliquer en partie ma peur des espaces clos, petits et obscurs, et ma difficulté à m’endormir sereinement… (Je crois que le pire dans cette histoire, c’est qu’à mon retour tant espéré, ma mère a oublié de venir me chercher à l’heure, et mon frère s’est foutu de ma gueule pendant des années en me récitant par cœur des passages de ma longue lettre mélodramatique (j’avais déjà le goût du drame et de l’écriture à l’époque).

Mais passons et revenons à nos moutons coincés dans le métro :
Les portiques ouvrent en fait toutes les dix minutes, seulement lorsqu’un métro arrive. Car évidemment, la RATP-partenaire-officiel-du-festival n’a pas jugé utile de multiplier les rames face à la significative augmentation de voyageurs.
Pour accentuer ce moment de bonheur et de convivialité, je me retrouve du côté gauche des portiques, c’est-à-dire ceux qui s’ouvrent… uniquement pour la sortie. Je suis donc bousculée et insultée copieusement par les quelques rares malheureux qui ont pensé que c’était une bonne idée de sortir à cet arrêt à l’heure du final de rock en Seine.
45 minutes de cauchemar plus tard, sans même toucher le sol, la foule me pousse en avant et je parviens à passer un portique. Toujours honnête, j’ai le réflexe de valider un ticket, avant que les gens derrière me hurlent d’avancer plus vite.

Creep.jpgJe respire enfin, je suis passée en zone libre. Je me retourne, et mon accompagnatrice a disparu. Il est 1h40, je vais atteindre le métro, mais j’ai encore une correspondance, que je ne pourrai jamais obtenir. Je suis à plus d’une heure de chez moi, seule, sans argent, et mon portable n’a presque plus de batterie. Le parfait scénario de film d’horreur, qui se déroule très précisément dans ma tête grâce à mon imagination débordante. Et comme je suis aussi cinéphile, je me rappelle les scènes d'angoisse du film Creep... J’ai trouvé très malin de partir avec le strict minimum, craignant la promiscuité et les vols. Je n’ai pas pris mon portefeuille mais uniquement 25 euros en liquide, que je trouvais largement suffisants. C’était sans compter les prix exorbitants associés à un estomac sur pattes…
Je me remets à paniquer (ça faisait longtemps) seule du bon côté des portiques, tandis que le reste du troupeau bloqué derrière me regarde avec envie. 10 minutes plus tard, mon accompagnatrice me rejoint enfin, et me voyant désemparée, à l’immense bonté de m’héberger. Mémé ne s’endort qu’au premier chant du merle à 7h30, car elle ne retrouve pas ses petites habitudes, et surtout, des jeunes éméchés jouent au « uno » sur leur balcon jusqu’à 5h30, en hurlant dès que l’un d’eux pose une carte « +3 » ou « retour en arrière ».

A part cette fin apocalyptique, j’ai tout de même beaucoup apprécié l’ambiance du festival. Si j’y retourne, je prendrais le temps de faire tous les jeux et de regarder plusieurs concerts, et surtout, je rentrerai avant la fin du spectacle pour obtenir une place dans le métro…

04/09/2013

Rock en Seine : Nine Inch Nails et Phoenix

rock-en-seine slam.jpgMémé radio nostalgie avait donc peur de ne pas connaître assez les groupes de musique à l’affiche, mais elle n’est pas la seule. En plein concert de Nine Inch nails, alors que les fans chantent et pogotent, une femme s’approche d’une spectatrice plus calme, pour lui demander naïvement, le nez rivé sur son programme : « euh, c’est qui ? » (mon voisin en transe qui hurle les refrains aurait sans doute hurlé « ça se voit pas,  c’est Céline Dion, mécréante !!! »)

La plupart des gens sont plutôt là pour s’amuser, boire de la bière et surtout papoter, sans vraiment écouter les chanteurs. Entre les show de NIN et de Phoenix, je laisse la moitié de mes accompagnateurs pour partir voir un concert, parce qu’après tout, j’ai d’abord payer pour ça. On n’est pas là pour rigoler quoi, mais pour écouter de la musique, non mais. Entre gens sérieux on va donc sautiller sur l’électro-techno de Vitalic. Ca me rappelle mon adolescence, quand je faisais tous les bals de ma cambrousse et où la techno cartonnait à l’époque.

rock en seine NIN.jpgPendant le spectacle, outre les habituels mecs bourrés qui slamment sur la foule, on voit passer une poupée gonflable… Au concert de La femme, un membre du groupe surfe carrément avec une planche sur le public qui le porte, et j’ai vu (à la télé cette fois-ci, je n’y étais pas) que Major lazer s’est aussi jeté dans le public, coincé à l’intérieur d’une bulle géante. Original.

rock en seine trent.jpgParlons donc enfin des concerts… 
NIN démarre très fort, avec trois rocks endiablés qui mettent tout de suite une ambiance survoltée. Même mémé ne peut s’empêcher de marquer la mesure. Je vois les fans qui pogotent déjà, des filles en soutif sur les épaules de leurs mecs, qui balancent leur T-shirt en l’air… La mise en scène rend compte de l’ambiance infernale, avec des panneaux rouges qui tournent sur Closer, des flash orange sur Terrible lie. Valait mieux ne pas être épileptique pour supporter Wish. Le groupe interprète ses gros tubes, que le public reprend en choeur : Head Like A Hole, « March Of The Pigs»... Après, je trouve que le pourtant enragé Trent Reznor casse le rythme en plein milieu en choisissant de longues chansons calmes, ou en testant une nouvelle encore inconnue. Le public se remet alors à discuter…  Mais le concert reste vraiment d’enfer et l’énergie du rockeur irradie la foule. Il finit sur la "douce" et émouvante Hurt . Un grand moment.

rock en seine phoenix.jpgAprès l’énergique et démoniaque rock indus de NIN, la pop sucrée de Phoenix me paraît bien molle, propre et innocente. Le concert commence dans une ambiance très différente, sur un air de clavecin, pour rappeler la ville d’origine du groupe : Versailles.  Mais le chanteur Thomas Mars se révèle vite très en forme lui aussi, en sautant carrément dans la foule pour se faire porter par les fans, et en donnant des versions rocks de ses chansons, comme Entertainment.
Samedi soir, France 4 a diffusé « une nuit avec rock en seine » avec le meilleur du festival. Sauf que le documentaire a duré 1h30, s’est terminé à 2 heures et qu’on ne voyait pas NIN … Vous pouvez le voir en replay ici.

Mémé Papillote, qui était fière d’avoir eu la présence d’esprit d’échapper aux mouvements de foule, se retrouve donc très intelligemment à prendre le métro à la fin du concert, comme… tout le monde, environ 30 000 personnes. Je suis contrainte de faire le mouton et de suivre le troupeau qui nous mène à l’abattoir : le métro…

Suite demain