Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/08/2019

Bilan culture : les comédies françaises

elle ladore.jpgLire I feel good en lien.

- La cité de la peur des Nuls
On peut regarder mille fois mille films... Non, on peut regarder mille films une fois, mais on ne peut pas retenir mille répliques... Et si.

- Le pari des Inconnus
Ce n'est que la 213ème fois environ que je le vois, mais c'est comme une drogue : Le tabac, c'est tabou, on en viendra tous à bout. 

- Elle l'adore de Jeanne Herry
Muriel (Sandrine Kiberlain) est fan inconditionnelle d'un chanteur de variété (Laurent Lafitte). Quand celui-ci tue accidentellement sa femme, il demande à Muriel de l'aider...
Mais Dieu que cette fille prend des risques, amoureuse d'un égoïste, la groupie du pianiste. Elle l'aime, elle l'adore... Un scénario très original, qui mêle subtilement thriller et comédie, avec des dialogues bien écrits. Les deux acteurs principaux sont parfaits d’ambiguïté, Kiberlain en midinette pas si nunuche qu'on pourrait le croire, mythomane qui peut mentir avec aplomb, Lafitte en bellâtre qui ne contrôle pas si bien qu'il le souhaiterait son petit monde. Une bonne découverte.
Bémols cependant, j'aurais préféré que la relation manipulateur/manipulé soit plus travaillée et machiavélique, que l'humour noir soit plus poussé, et la fin me paraît un peu facile et bâclée. Comme si la réalisatrice (la fille de Miou-Miou et de Julien Clerc -son visage montre un parfait mélange des deux-) avait édulcoré son propos pour passer plus facilement à la télé ensuite. Dommage. Il paraît que Jeanne Herry s'est ensuite rattrapée avec son deuxième film, Pupille. J'étais invitée à l'avant-première mais le sujet ne me rappelle pas de bons souvenirs. J'ai travaillé dans un service adoption, et c'était affligeant de voir le nombre d'enfants maltraités et placés, mais paradoxalement, les nombreux couples d'adoptants refusés.

 - Au poste ! de Quentin Dupieux
comédies françaises, cinéma, cinéma françaisToute une nuit, un commissaire interroge le principal suspect d'un meurtre.
Un huis-clos en face à face, un Garde à vue version comique, où Ventura est remplacé par Poelvoorde, toujours excellent, et Serrault par Grégoire Ludig, du Palmashow. Avec son humour noir et absurde, Au poste ! fait surtout penser à Buffet froid de Bertrand Blier. Voir bande annonce en lien.
Au début, le film est presque effrayant car il est crédible : un brave gars qui vient gentiment faire son devoir de citoyen en rapportant un crime, se retrouve accusé à tort par un policier crétin : des flics incompétents, on en voit dans tous les Faites entrer l'accusé ! Le scénario vire vite au non sens cher au réalisateur, avec des situations et des dialogues très décalés. Il faut adhérer au genre, et le film a la grande intelligence de ne durer qu'1h15 : l'absurde est parfait pour des sketches, mais sur la durée d'un long métrage, c'est vite lourd. Au poste me paraît toutefois le film le plus accessible de Dupieux (mémé train de retard n'a pas vu le daim avec Jean Dujardin : j'attends la diffusion télé).

 

26/08/2019

I feel good

i feel good abbe pierre.jpgJacques (Jean Dujardin) voudrait devenir riche en créant sa start-up. Mais pour l'instant, ses idées foireuses et ses petites magouilles le mènent à la rue. Il retrouve alors un vrai chef d'entreprise : sa sœur Monique (Yolande Moreau) qui dirige un village Emmaüs. Monique accepte d’accueillir son frère, à condition qu'il participe à la communauté en faisant un vrai travail utile. Mais Jacques qui n'a jamais bossé de sa vie se révèle calamiteux et poursuit ses rêves de grandeur : en voyant tous ses pauvres gens abîmés par la vie, il a l'idée de leur proposer de la chirurgie esthétique low cost : "t'as un gros potentiel de séduction... ça te dirait de sortir de ta chrysalide ?" Voir la bande annonce en lien. 

i feel good persos.jpg"il n'y a pas de grands pays sans grands patrons" "Moi, comme je dis toujours, si t'as pas un peignoir et des mules à 50 ans, t'as pas réussi ta vie." Le duo de Groland dynamite les travers de la start-up nation à coups de dialogues jubilatoires. Jean Dujardin trouve un rôle à sa démesure. (voir extraits en lien)
Le film a été tourné dans un véritable village Emmaüs, avec les vrais habitants, qui ont donné l'idée du film : montrer comment l'on peut vivre ensemble en auto suffisance. Les centres de l'abbé Pierre recueillent les personnes en difficulté, leur apprennent différents métiers, comme jardiner, coudre, réparer des meubles et de l'electro ménager, afin de revendre les produits recyclés pour faire fonctionner la communauté. Un film drôle et plein d'espoir, avec cette sage conclusion : "l'important, ce n'est pas de réussir, c'est de ne pas louper l'apéro."

Avec son humour positif et son esprit bon enfant, I feel good est plus grand public que les autres films du duo Kervern Delépine. Aaltra, Avida, Mammuth et surtout Near death experience (voir ma critique en lien) me paraissent parfois trop obscurs ou glauques (la scène où Depardieu est au lit avec son oncle dans Mammuth : c'est non). J'ai beaucoup aimé Le grand soir, mais son propos reste pessimiste (lire en lien). Louise-Michel, où des ouvrières emploient un tueurs à gages calamiteux (Bouli Lanners) pour buter leur patron qui veut délocaliser leur usine, était pour moi le film le plus accessible des réalisateurs. Il est désormais supplanté par I feel good.
Petit bémol : j'ai du mal à croire à "la douceur et l'empathie" pour les personnages soulignées par les critiques. Pour moi, ils sont tous plus cons les uns que les autres, même Monique puisqu'elle se laisse prendre au jeu de son frère. La première scène avec les zooms sur les gueules cassées des véritables compagnons d'Emmaüs m'a mise très mal à l'aise : quel besoin de dévoiler en très gros plans insistants leurs dents pourries et leurs yeux de travers ? 

25/08/2019

A la télé ce soir

cinéma, à la télé ce soir, programme télé, clint eastwood, film de science-fiction, comédies françaisesL’embarras du choix en ce dimanche à la télé, assez rare pour mériter la reprise de la chronique !
Tout d'abord, pour les fans de SF, TF1 diffuse deux très bons films avec Tom Cruise.
The edge of tomorrow est une sorte de Un jour sans fin version SF. La ville ennuyeuse qui fête la marmotte est remplacée par un paysage en ruine, une guerre dans le futur contre des extra-terrestres paraissant invincibles. Soldat pleutre et pataud, notre Bill Murray du futur est envoyé à la bataille, il y meurt immédiatement. Il se réveille chaque lendemain et revit la même journée, quotidiennement, dans un comique de répétition absurde et réjouissant. Comme il sait d'avance ce qu'il va se passer, le Pierre Richard maladroit se transforme en Terminator invincible et sûr de lui. il peut s’adapter aux situations et surtout, les modifier. Avec l’aide d’une femme soldat (Emily Blunt) ayant vécu le même phénomène, il cherche la faille des ennemis…
Très bonne surprise. Un bon scénario, très original, avec beaucoup d'humour et de rebondissements. Par son côté apocalyptique, le film rappelle aussi le terrifiant La guerre des mondes, dans lequel Cruise a aussi joué. 

cinéma, à la télé ce soir, programme télé, clint eastwood, film de science-fiction, comédies françaisesEncore une Terre dévastée par les extra terrestres dans le film suivant, Oblivion. Tom Cruise est cette fois-ci chargé de récolter les dernières ressources de notre monde avant de rejoindre le reste des survivants dans une colonie spatiale. Mais peu avant son départ, il découvre un vaisseau accidenté et une femme à l'intérieur... Moins bien construit et original que The edge of tomorrow, mais les décors sont époustouflants (tournés en Islande♥).

cinéma, à la télé ce soir, programme télé, clint eastwood, film de science-fiction, comédies françaisesTout autre registre sur C8, avec Un secret de Claude Miller, tiré d'une histoire vraie bouleversante, celle de Philippe Grimbert. Ce dernier est devenu psychanalyste, on comprend pourquoi il a eu besoin d’explorer l’âme humaine, après le terrible secret de famille qu’il a découvert. Si vous ne connaissez pas l’histoire, je ne veux rien vous en révéler pour ne pas gâcher l’émotion qui ne manquera pas de vous submerger. A ne pas rater. Cécile de France et Patrick Bruel sont formidables.

Après le drame, place au rire avec l'incontournable La cité de la peur sur France 4, même si on l'a vu mille fois. On peut regarder mille fois mille films... Non, on peut regarder mille films une fois, mais on ne peut pas retenir mille répliques... Et si.

cinéma, à la télé ce soir, programme télé, clint eastwood, film de science-fiction, comédies françaisesAutre comédie, La totale de Claude Zidi, sur TF1 séries films (je découvre cette chaîne !) Thierry Lhermitte y joue un agent secret caché sous la couverture d'un paisible fonctionnaire à la vie ronronnante. Sa femme (Miou-Miou) rêve d'aventures et se laisser berner par un minable (Michel Boujenah) qui se fait passer pour espion. Le mari et véritable agent met tous ses moyens à disposition pour démasquer son rival. Une comédie que j'appréciais beaucoup quand j'étais petite et pas revue depuis, je suis curieuse de voir si j'ai toujours les mêmes goûts qu'à 10 ans... Le film a fait l'objet d'un remake américain bien plus musclé, True lies, avec dans la peau de Lhermitte, Schwarzenegger...

cinéma, à la télé ce soir, programme télé, clint eastwood, film de science-fiction, comédies françaisesArte programme Invictus de Clint Eastwood. Le cinéaste sait distiller l’émotion comme personne à travers le récit d'histoires vraies. ici, après son élection, Mandela décide d'unir son pays divisé en le rassemblant autour d'une cause commune : se présenter au championnat du monde de rugby. Sauf que moi justement, le rubgy, ça me fait fuir. Plutôt que de parler de sport et de s'engluer dans les bons sentiments, j'’aurai préféré qu'Easwood insiste sur la stratégie politique.

Le reste de la semaine, à part Blade runner 2049 sur Canal+ mardi, rien d'intéressant n'est proposé. Vous pouvez éteindre la télévision et reprendre une activité normale (regarder des séries sur Netflix, comme black mirror).

 

24/08/2019

Bilan je suis culturée : les films d'animation

recoin monde.jpg

Suite du bilan je suis culturée.
7 Films d'animation :
Coup de cœur :
- Dans un recoin de ce monde de Sunao Katabuchi
Sublime. Tout simplement Un nouveau Tombeau des lucioles. Une jeune fille mène une vie paisible dans le Japon des années 40. Elle adore dessiner, est tête en l'air et a pour compagnon de jeu un garçon bourru. A peine sortie de l'adolescence, un inconnu la demande en mariage, et elle part s'installer dans sa nouvelle famille, laissant l'ancienne dans son village natal de... Hiroshima. On attend avec angoisse l'inéluctable... Un film d'une grande beauté, sur la vie qui continue, malgré les horreurs de la guerre, les amours et les espoirs déçus. A voir absolument.

- Okko et les fantômes de Kitarô Kôsaka
okko fantomes.jpgAprès la perte de ses parents, Okko, 10 ans, est recueillie par sa grand-mère aubergiste et l'aide dans son travail. Dans sa nouvelle demeure, elle voit des fantômes... mais gentils ! Un film qui avait tout pour me plaire, mais qui se révèle décevant, à trop marier les genres et à hésiter entre le mélo, la sf et surtout, l'horripilant comique balourd niais. Je n'en peux plus de ses personnages japonais qui s'écrasent et s'excusent d'exister : j'ai 10 ans, soudainement orpheline, mais je vais travailler dur comme une Cosette sans me plaindre ! Courber l'échine dans les deux sens du terme, à baisser la tête en m'excusant toutes les 2 minutes !  Ô oui laver le sol à 4 pattes par terre avec une éponge comme dans les années 30 alors qu'il existe des robots pour le faire, mais oui pourquoi pas faire ce travail de forçat inutile ! Merci de ne pas m'abandonner dans une ruelle, tu n'es que ma grand-mère après tout ! Et les fantômes censés être drôles sont tout simplement insupportables, j'appellerai les Warren pour exorciser la maison moi !

- Your name de Makoto Shinkai
your name.jpgUne fille de la campagne rêve qu'elle est un garçon travaillant en ville, et inversement, le garçon se retrouve dans la peau de la jeune fille chaque nuit dans ses songes. Comment est-ce possible ?
Très grand succès en salles. La première fois au ciné, au vu des critiques dithyrambiques, je m'attendais à mieux, et j'étais entourée de gens qui n'ont pas aimé, je sentais leur ennui, alors je n'ai pas trop accroché. Le film est d'abord destiné aux ados et pas aux vieux ronchons comme moi, je l'ai trouvé un peu cucul la praline. La seconde fois, comme je m'attendais à être déçue, j'ai enfin pu l'apprécier. Par contre, la b.o est catastrophique, sirupeuse à s'en étouffer, appelez Joe Hisaishi les gars, je suis sûre que Miyazaki voudra bien vous le prêter, ou mettez radio nostalgie, mais faites quelque chose.

- Shrek 2
Le meilleur de la série, grâce au chat Potté.
- La belle et le clochard
Il paraît que c'est le premier film qu'on m'a emmené voir au cinéma, vu que j'oublie déjà ce que j'ai regardé la veille, je ne m'en souvenais absolument pas.
- Le roi lion
La dernière fois que ma mère a bien voulu me traîner au ciné. Toute la salle chouinait à la mort du roi, elle s'est ennuyée.
- La belle au bois dormant
Je ne me rappelais pas l'avoir vue enfant, vu qu'on m'emmenait très rarement au ciné et que les Disney ne passaient pas à la télé.
Canal + rediffusait aussi Bambi pour l'été, mais je n'ai pas pu le regarder. La scène qui m'a traumatisée n'est pas le décès de la mère, mais la forêt qui brûle, et voir ce film en ce moment où l'Amazonie, la Sibérie, l’Afrique sont en feu... Non merci. 

 

 

22/08/2019

Tully de Jason Reitman

tully mac.jpgCe réalisateur est décidément obsédé par la parentalité : Juno (je n'avais pas adhéré à l'époque, la grossesse d'une adolescente me met mal à l'aise, faudrait que je le revoie) Men women & children (lire ma critique en lien) et surtout le très juste Young adult (où une ado attardée et décalée retourne dans son village natal et tente de reconquérir son ancien amour casé et père de famille).
Reitman retrouve l'actrice de ce dernier film, Charlize Theron, et lui redonne un rôle de paumée. Une femme de 40 ans vient d'accoucher de son troisième enfant. Elle gère tous les besoins du ménage et est vite dépassée. Lorsqu'elle engage la jeune Tully (super sexy Mackenzie Davis) pour l'aider, elle revit et retrouve l'adolescente pleine d'espoir et effrontée qu'elle était avant de devenir une mère au foyer docile et résignée...

tully.jpgUn film dans l'air du temps, qui traite de la charge mentale des femmes, de la pression qu'elles se mettent souvent toutes seules à vouloir conjuguer travail (mais elle est complètement timbrée d'avoir bossé jusqu'à son terme ? Elle voulait accoucher sous son bureau ou quoi ? Elle croyait que son patron allait lui délivrer une médaille ?) gestion du quotidien (enfant sanctionné à l'école : c'est la mère qui se rend chez la directrice, le père ne se sent pas concerné) du foyer (qu'est-ce qu'elle a besoin de faire des cakes pour les gamins de la classe ! Mais bouffe-les toi-même !) de l'usure du couple, qui ne communique plus. Trop fatigué après le travail, le mari se réfugie dans les jeux vidéos pour se détendre. Trop absorbée par ses gosses et ses corvées, la femme se laisse aller. Charlize Theron adore s'enlaidir pour ses rôles, après Monster, elle grossit de 15 kilos pour Tully. Je crise déjà dès que je prends 500 grammes, j'aurais jamais accepté à sa place ! Tully est une bonne découverte.

20/08/2019

Captain fantastic

captain fantastic, little miss sunshine, into the wild, ras le bol des bobosViggo la classe internationale, écolo, qui parle 7 langues, est une raison suffisante pour voir ce film. Le scénario aussi : lassés de voir progresser l'inculture, la bêtise et la méchanceté dans son pays, un couple américain et ses enfants décident de vivre en auto suffisance dans la forêt, entourés de livres savants. Mais lorsque la mère décède, la famille se voit contrainte de retourner dans la civilisation et de revoir les beaux-parents pour l'enterrement...
Un film original qui laisse enfin souffler un vent de liberté et de rébellion, en interrogeant le conformisme social, l'éducation, l'écologie... En citant Noam Chomsky dans un road movie familial, l'air de rien, le film distille sa petite graine subversive, ça ne peut que me plaire. Certaines critiques ont détesté ce mélange des genres, mais c'est au contraire ce qui le rend subtil selon moi : un discours directement moralisateur et militant n'aurait pas touché autant le public. Dissimuler des paroles contestataires dans une comédie familiale, voilà la finesse du film. D'autres déplorent l’ambiguïté du propos, mais c'est justement tout l'intérêt : montrer les limites de l'auto suffisance et du jusqu'au-boutisme. Le titre est pour moi plutôt ironique, le père n'est pas présenté comme un surhomme modèle à suivre (qui aurait envie de vivre comme un robinson sans confort ?! certainement pas mémé). L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Par son sujet, Captain fantastic peut rappeler Into the wild, que j'avais trouvé à l'époque balourd, branché bobo : le type est quand même assez con pour partir à l'aventure sans rien, et il meurt comme un couillon de faim. C'est une histoire vraie en plus. Je sentais que le réalisateur Sean Penn, peu connu pour sa modestie et son humour, manquait de recul et présentait son personnage comme un héros romantique et admirable. Alors qu'il est juste un fils de bonne famille pourri gâté : pour fantasmer la pauvreté comme ça, faut vraiment pas l'avoir connue.
Avec cette famille décalée, Captain fantastic peut s'apparenter également à Little miss sunshine, autre film très apprécié que j'avais trouvé superficiel (faudrait que je revoie les deux, je changerai peut-être d'avis 10 ans après).

à suivre : Tully de Jason Reitman

15/08/2019

Paranoïa

paranoia.jpgSuite du bilan culture, les thrillers.

- Paranoïa de Steven Soderbergh
Dès le premier plan, j'ai été surprise : "qu'est-ce que c'est que cette image dégueulasse ? Il a filmé avec son portable ou quoi ?" Eh bien oui justement. Pourquoi, il n'avait pas les moyens ? La marque à la pomme l'a payé, elle n'arrivait plus à écouler ses stocks parce que les gens se sont enfin rendus compte que c'était inutile de claquer un smic dans un téléphone dont la technologie sera dépassée 6 mois après ? Mystère. En tout cas Soderbergh s'en sort bien, on oublie vite les contraintes techniques (il a triché un peu aussi). On pardonne moins les faiblesses scénaristiques.
Une jeune femme convaincue d'être harcelée (Claire Foy, épatante) est enfermée contre son gré dans un hôpital psychiatrique. Est-elle paranoïaque ou vraiment victime d'un harceleur ? Tel est le sujet, et c'est un peu court jeune homme. On pouvait dire bien des choses en somme.
Paranoïa surfe sur l'actualité Me too et l'affaire Epstein, en effleurant vaguement le sujet. Après Effets secondaires sur les méfaits des psychotropes, qui traitait déjà d'emprisonnement forcé, Erin Brockovitch sur la contamination de l'eau par une usine, et Contagion sur la propagation d'un virus mortel, je soupçonne le petit Steven d'être hypocondriaque. On va tous creveeeeeer !

- La colère d'un homme patient de Raúl Arévalo
colere homme patient.jpgUn homme se rend chaque jour dans un bar. La serveuse semble enfin avoir trouvé un compagnon doux et honnête, pour remplacer son mari violent qui sort de prison. En réalité, l'homme veut se venger de l'époux pour un crime commis 8 ans plus tôt...
Dans une ambiance de western qui rappelle les Peckinpah des années 70, un film complexe et ambigu, car malgré leur noirceur, on éprouve de l'empathie pour chacun des personnages. Un premier film prometteur.

- Pale rider de Clint Eastwood
Encore un justicier et un vrai western cette fois-ci, avec Clint dans son éternel rôle de ronchon. Il n'atteint pas les sommets de Gran torino, mais un film de Clint est toujours à voir.

A suivre : Captain fantastic, avec Viggo Mortensen♥

11/08/2019

Robin Williams, 5 ans déjà

robin williams,cinéma américainTexte initialement publié en août 2014.
Je reçois un sms : « Robin Williams est mort ! »
Habituellement j’apprends les tristes nouvelles par Twitter, mais là je suis dans mon trou perdu sans Internet. Je pense : « Mort de quoi ? Dans ce milieu, sûrement la drogue, le suicide… car il était jeune, 40 ans… » Puis l’angoisse m’étreint, j’ai un doute,  je relis le message… Non, ce n’est pas possible, j’avais mal vu ! Ce n’est pas Robbie Williams qui est mort, mais Robin, l’acteur ! (je vérifie : certains internautes ont confondu les deux et rendu hommage au chanteur).
Trop tard, chansonnite aigue oblige, je garderai en boucle toute la journée les paroles de la chanson Feel de Robbie Williams, qui correspondent peut-être aussi à l’état de Robin. Mais je remplace malgré moi real love par "life" :

robin will hunting.jpgI just wanna feel
Real love feel the home that I live in
Cause I got too much life
Running through my veins
Going to waste

I don't wanna die
But I ain't keen on living either
Before I fall in love
I'm preparing to leave her
Scare myself to death That's why I keep on running
Before I've arrived I can see myself coming

Au marché, je croise les vieilles commères du coin, qui connaissent tout le monde et colportent tous les potins (on les surnomme « les baboles » dans mon patelin). L’une d’elles achète des fleurs (pour fleurir la tombe de Robin ?)
Elle me voit : « Te fais une de ces têtes ! » (elle espère sans doute un nouveau ragot, mais oui, je suis en deuil !!) 
Moi, voix étranglée : - Robin Williams est mort !
Les vieilles, en chœur : - Qui dont ?
Ah, les péquenaudes ! Paysannes incultes, on voit que vous vous couchez à 20h comme les poules et que vous n’avez jamais regardé un film de votre vie ! (je rappelle que le seul film que ma grand-mère avait vu au cinéma était La vache et le prisonnier, en 1959…)
Moi : - Mais si, un grand acteur Américain…
- Oh ben moi l’Amérique, c’est loin ! (L’Amérique, l’Amérique, je veux pas l’avoir, et je l’aurai pas.)

robin williams,cinéma américainJe passe vite mon chemin et retourne chez moi, voir la seule source d’information disponible : les journaux télévisés. Je peux donc regarder en boucle les mêmes extraits : de films (« Goooood Morning Vietnaaaaam ! ») Lorsque Robin Williams reçoit l’oscar du meilleur second rôle pour Will Hunting : « Je veux remercier mon père, là-haut. Quand je lui ai dit que je voulais être acteur, il a répondu : « magnifique. Apprends quand même un deuxième métier au cas où, comme soudeur »

Difficile de parler de Robin Williams sans donner des évidences : un grand acteur, capable de faire rire comme d’émouvoir. Un clown triste. Un homme trop sensible, qui restait un grand enfant (Hook où il incarnait Peter Pan).
Je tombe dans le travers de l’identifier à ses rôles oui, mais chaque acteur montre forcément une part de lui-même dans ses personnages. Je n’imaginerais pas les solides Robert de Niro ou Lino Ventura incarner Peter Pan ou Madame Doubtfire… 

Le choc est encore plus terrible lorsque j’apprends que Robin Williams s’est suicidé. M’enfin ! Pourquoi ! Tout le monde l’aimait ! 
« Il était dépressif, accro à la drogue et à l’alcool ». Oui mais pourquoi ? Encore un cliché, mais j’imagine qu’il se sentait dépassé par son succès, que le public l’identifiait à ses rôles de gentil comique. Qu'il pensait ne pas mériter tant de marque d’affection, car évidemment, personne n’est tout noir ou tout blanc, il avait une face cachée, il n’était pas que le mec cool de service… 
Je suppose qu’il ne supportait pas le décalage entre la vie idéalisée de ses films et la réalité, qu’il ne supportait plus la pression et surveillance des médias, la perte de son anonymat. Qu’il sentait que les gens projetaient et attendaient beaucoup de lui, et qu’il ne se sentait plus capable de supporter un poids si lourd…

Comme la plupart des comiques, son humour servait à masquer sa trop grande sensibilité, son anxiété. Robin Williams était paraît-il un homme profond, cultivé, généreux, sensible aux malheurs du monde, qu’il portait sur ses épaules.
Comme la plupart des célébrités, il devait être seul au fond, à penser que les gens le côtoyait uniquement pour la gloire et les avantages qu’il représentait, et non pour ce qu’il était réellement… J’ai toujours les paroles de Feel en tête : 

robin williams docteur.jpgI just wanna feel
Real love and the love ever after
There's a hole in my soul
You can see it in my face
It's a real big place
Come and hold my hand
I wanna contact the living
Not sure I understand
This role I've been given

Robin Williams sentait sa carrière péricliter, avec des rôles moins intéressants, plus espacés, ou répétitifs : son dernier grand succès est Will Hunting en 1997, pour lequel il a reçu son unique oscar (du meilleur second rôle) puis  Photo obsession et Insomnia en 2002, deux films où il casse son image de gentil en incarnant des sociopathes. Il voyait la confiance des producteurs de cinéma, l’affection du public ou de ses proches s’éloigner. Mais  aussi la vieillesse et son déclin arriver (il avait 63 ans et un début de Parkinson). Ce sont des poncifs, mais malheureusement ils sont souvent vrais. Les gens ne se suicident jamais pour une seule raison, et c’est parfois un événement paraissant mineur qui fait déborder le vase… 

robin williams,cinéma américainPeut-être s’identifiait-il trop à ses rôles… Comme dans Le roi pêcheur, qui recherche le Saint Graal puis le perd, où il prononce ce beau discours (voir en lien) : « C'est à toi que je vais confier le Saint Graal, afin qu'il puisse guérir le cœur de l'homme. Mais l'enfant était aveuglé par d'autres visions, le rêve d'une vie de pouvoir, de gloire et de beauté (...) Le jeune enfant grandit, et sa blessure grandit en même temps. Jusqu’au jour où il n’a plus de raison de vivre. Il n’a plus foi en l’homme, pas même en lui-même. Il ne peut aimer, ni se sentir aimé. Il est las de la vie ici-bas. Il se laisse mourir. »

On ne saura jamais vraiment pourquoi il a fait ça. Il laisse un vide immense.
robin williams,cinéma américainComme beaucoup, je l’ai adoré dans Le cercle des poètes disparus, où il incarne le prof qu’on aimerait tous avoir. Comme j’aurais aimé qu’un prof me dise : « À présent dans cette classe, vous apprendrez à penser par vous-même, vous apprendrez à savourer les mots et le langage ! » Proche de ses élèves, compréhensifs, il les encourage à développer leurs capacités, sans se soucier du conformisme : "Je ne vis pas pour être un esclave mais le souverain de mon existence." « C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté. Cela fut, est et restera la vérité. » 

Son personnage dans Will Hunting est assez proche : cette fois-ci, un psychologue qui guide un jeune homme tourmenté, surdoué qui se trompe de chemin. (Matt Damon, auteur du scénario avec son ami Ben Affleck, pour lequel ils recevront un oscar).

robin williams,cinéma américainRobin Williams interprétait souvent des rôles proches du monde de l'enfance : Madame Doubtfire, où il se déguise en vieille nourrice pour voir ses gosses dont il n’a plus la garde. Jumanji, où il est prisonnier d’un jeu dont des enfants le libèrent (Kirsten Dunst, à 13 ans). L’acteur incarnait souvent de grands gamins : Hook de Steven Spielberg, où il joue Peter Pan. Jack de Coppola, un enfant dans un corps d’adulte. Le baron de Munchausen de Terry Gilliam, où il est le roi de la lune. J’aime aussi Robin Williams dans ses rôles de rêveur décalé , comme dans Le monde selon Garp, où il est écrivain.

Avec la littérature, l’enfance, l’imagination ; la dépression était un thème récurrent de son œuvre : Au-delà de nos rêves, adapté d’une nouvelle de Richard Matheson, où il plonge en enfer pour sortir sa femme coincée par la dépression. Le roi pêcheur, où il interprète encore un prof de lettres, qui a sombré dans la folie et vit dans un monde imaginaire depuis la mort de sa femme. Docteur Patch, inspiré de l’histoire vraie d’un docteur sorti d’une dépression grâce au rire…

Dépression qui aura raison de Robin Williams, lundi 11 août 2014. Il restera éternellement l’homme qui nous a fait rire, émus, et encouragé à croire en nos rêves : « Peu importe ce qu’on pourra vous dire, les mots et les idées peuvent changer le monde ». Les films et les acteurs aussi.

 

09/08/2019

The guilty et 3 billboards

guilty.jpg

Suite du bilan culture:
37 films Canal +, TCM, OCS, Netflix, Arte :
Thriller / suspense / vengeance :
Coups de cœur :

- The guilty de Gustav Mölle
Dans un centre de police, un flic reçoit l'étrange appel d'une jeune femme qui semble faire une blague ou s'être trompée de numéro, en s'adressant à un familier. Il comprend qu'elle ne peut en réalité s'exprimer librement car elle a été kidnappée...
Tout se passe en huis-clos, avec pour principal personnage le policier rivé au téléphone, filmé le plus souvent en gros plan. Un film donc fait avec trois bouts de ficelle, mais d'une efficacité redoutable. On est scotché comme le policier l'est à son combiné. Jamais on ne voit la femme, et pourtant à travers les dialogues on imagine tout ce qu'elle vit. Un scénario très malin, au suspense et rebondissements qui tiennent en haleine jusqu'au bout. C'est un premier film et je promets une grande carrière au réalisateur Gustav Mölle. A voir. Cliquez sur la bande annonce ici, pour une fois, elle est bien fichue (en général, elles racontent tout le film ou ne le reflètent pas).

- 3 billboards de Martin McDonagh
cinéma, thrillerDu même réalisateur, j'avais apprécié L'irlandais et Bons baisers de Bruges. On notait déjà son humour grinçant et ses personnages pittoresques, mais les films restaient anecdotiques. McDonagh passe un cran au-dessus avec ce mélo tragi-comique bien plus intense et profond. Lassée de voir que l'enquête sur le  meurtre de sa fille n'aboutit pas, une mère courage décide de provoquer la police en affichant des messages à son encontre sur les 3 + grands panneaux publicitaires de la ville...
Les flics bras cassés rappellent ceux de Fargo des frères Coen. Justement, les deux films emploient la même actrice,  Frances McDormand, dans un rôle semblable (la seule personne opiniâtre). Chacun en prend pour son grade, un film noir et misanthrope comme je les aime. La bande annonce est aussi bien faite, en lien dans le titre.

 

 

 

06/08/2019

Donnybrook

donnybrook.jpgUn ex marine est prêt à tout pour sortir sa famille de la misère. C'est-à-dire qu'il a une idée de génie : alors qu'il habite un trou perdu au fin fond de l'Amérique où tout le monde se connaît, il braque une boutique sans même prendre la peine de dissimuler son visage. Il fait ça afin de récolter les fonds pour s'inscrire à un tournoi de boxe à mains nues ultra violent, dont il pense pouvoir sortir vainqueur avec ses 70 kilos tout mouillés. Pourquoi se compliquer la vie : quitte à braquer, pourquoi ne pas braquer directement une banque ? Comme il trouve que c'est une balade de santé qui ferait un bon séjour découverte de l'arrière pays pour un gamin de 8 ans, il emmène dans sa cavale son petit garçon. Pendant ce temps sa femme qui doit même pas avoir 25 ans mais visiblement se destine au rôle de pondeuse car elle n’a que ça à faire de sa vie, garde leur gamine (enfin quand elle ne dort pas à cause de la drogue qu'elle prend). Son vendeur d’amphétamines (qui frappe et viole sa propre sœur au passage) est justement l'adversaire redoutable que va devoir affronter le "héros" lors du tournoi. Les deux sont traqués par un policier miteux alcoolo et violent. Voir ici la bande annonce (où il ne se passe rien comme dans le film).

Margaret-Qualley-la-fille-de-Andie-Mac-Dowell-sublime-dans-The-Leftovers-Photos.jpgPas un pour rattraper l'autre. On n'éprouve donc aucune empathie pour les personnages, à part le pauvre gosse qui n'a rien demandé et dont on comprend depuis le début, vu la noirceur totale du film, ce qu'il va lui arriver, comme on devine qui sera l'adversaire final (oh, le méchant dealer, quelle surprise !) Tout est cousu de fil blanc.
On se demande ce que Jamie Bell est venu faire dans cette galère : il a été trop raillé après Billy Eliott et voulait prouver qu'il n'est pas une chochotte qui fait de la danse classique, mais un gros dur qui fait gicler des dents ?
J’éprouve surtout de la peine pour la pauvre Margaret Qualley (la vraie fille de Andie MacDowell (4 mariages et un enterrement) et la fausse fille de Justin Theroux dans l'excellente série Leftovers), si belle, si fragile, si pure avec son teint de porcelaine et ses grands yeux. Elle aussi voulait casser son image en jouant une garce foldingo ? Qui est ce réalisateur sadique qui lui impose de telles scènes : elle ligote un vieux moche sur une chaise pour le faire avouer où il planque sa came, et soudain, totalement gratuitement, elle se met à califourchon sur lui et lui "impose" une relation. Quelle fille saine d’esprit voudrait se taper un mec pareil, et évidemment que le type en est ravi, tu parles d'une torture ! Autre scène purement faite uniquement pour que les vicieux se rincent l’œil, l'actrice se baigne dans un lac alors qu'il doit faire moins 5, et on peut ainsi la voir longuement sortir de l'eau à poil. Plutôt que ses formes largement montrées, j'ai surtout remarqué qu'elle était frigorifiée. Comment a t-elle pu accepter un rôle aussi dégradant ? Lors de la projection presse, les journalistes (des hommes) étaient en extase devant ce film très sombre, à la mise en scène maîtrisée. Oui, mais si prévisible, si lent, si antipathique... Au moins dans feu L'effet papillon, l'émission qui aimait montrer l'envers du décor et se rendait souvent dans l’Amérique profonde montrée ici, les péquenots étaient parfois pathétiques, parfois touchants, parfois insupportables comme dans le film, mais au moins, l'émission avait la finesse de les présenter avec tendresse, humour noir et recul. Ici, tout est lourd. A voir pour vous faire une idée.