29/05/2018
Black mirror, le classement des meilleurs épisodes
Je finis (enfin !) ma série d'articles sur la meilleure série du moment en tentant un classement des épisodes (cliquez sur les liens roses pour voir mes billets) :
A voir absolument :
- Blanc comme neige (saison 2, épisode 4)
- Retour sur image (saison 1, épisode 3)
- Bientôt de retour (saison 2 épisode 1)
- San Junipero (saison 4, épisode 4)
- Tais-toi et danse (saison 3 épisode 3)
- Playtest (saison 3 épisode 2)
- Black museum (saison 4, épisode 6)
- Hang the D.J (saison 4, épisode 4)
- Chute libre (saison 3, épisode 1)
- USS Callister (saison 4, épisode 1)
Pourquoi pas :
- 15 millions de mérites (saison 1, épisode 2)
- L'hymne national (saison 1, épisode 1)
- Archange (saison 4, épisode 2)
- Le show de Waldo (saison 2, épisode 3)
- Tuer sans état d'âme (saison 3, épisode 5)
- La chasse (saison 2, épisode 2)
Dispensable :
- Crocodile (saison 4, épisode 3)
- Haine virtuelle (saison 3, épisode 6)
- Tête de métal (saison 4, épisode 5)
Aperçu des épisodes non encore chroniqués :
Le Show de Waldo
Un comédien prête sa voix à un ours en peluche qu'il a crée, Waldo. Il anime une émission de télé en se moquant des invités, avec des blagues plus ou moins subtiles. Lorsque Waldo ridiculise un homme politique, l'ours devient si populaire que les responsables du média décide de le présenter aux élections. Forcément médiatisé et jeté en pâture aux journalistes, le comédien ne peut plus rester derrière l'anonymat de son personnage, et accepte difficilement la tournure politique que prend Waldo.
Un bouffon populaire est-il légitime, peut-il être élu, en disant tout haut ce que le peuple pense tout bas ? On pense en positif à Coluche, et en négatif, à l'élection de Donald Trump… Un épisode intéressant malgré une conclusion poussive.
Haine virtuelle
Sur les réseaux sociaux, la haine se propage vite. Un musicien s'est moqué d'un jeune fan peu talentueux ? Une femme se permet une blague d'un goût douteux ? Ces personnes sont immédiatement décriées sur le net, puis ces victimes de bad buzz meurent dans d'atroces souffrances.
Derrière un ordinateur, anonymes, les gens peuvent plus facilement déverser leur haine. Un sujet très actuel et réaliste, car chaque jour voit passer une nouvelle tête de Turc. Toutefois le scénario se traîne tellement en longueur, l'histoire tournée sous forme de polar scandinave est si classique, que je me suis ennuyée.
Crocodile
Une enquêtrice pour les assurances peut se connecter à la mémoire des témoins d'un accident, afin de reconstituer les circonstances du drame, définir qui est responsable et si l'assurance doit payer. La femme a donc le pouvoir de regarder les souvenirs plus ou moins honteux des personnes qu'elle interroge, mais doit le passer sous silence, comme le ferait un confesseur. Sauf si la personne interrogée à commis quelque chose de répréhensible, comme celle que l'enquêtrice découvre…
Cet épisode glacial ne fonctionne pas. La violence y est gratuite, le propos sur les nouvelles technologies peu renouvelé. Si l'épisode avait été tourné à la Fargo, une succession tragi-comique de décisions ridicules prises par un personnage pathétique mais attachant, au moins on aurait ri. Mais là l'héroïne est aussi froide que le décor, qui reste le seul point à retenir de cet épisode : les magnifiques paysages islandais.
Tête de Métal
Le scénario me paraît ultra mince : une femme est poursuivie par un robot chien. C'est tout. Et pourquoi ce noir et blanc ? Pour faire plus artistique, plus beau ? Il dessert totalement le propos selon moi. La force de la série, c'est sa comparaison avec l'actualité, son réalisme. Le noir et blanc crée dès la première image une distance : on se croit dans un film des années 30. Un épisode dispensable. Regardez plutôt les premiers parmi la liste ci-dessus.
17:45 Publié dans Je suis culturée, Mémé et la technologie, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séries, black mirror | | Facebook
22/05/2018
Black mirror : Tuer sans état d’âme
Des militaires protègent la population des « cafards », humains transformés en zombies. Ils sont persuadés des bienfaits de leur mission, humaniste pour eux. Un jeune soldat est attaqué par un ennemi, et depuis sa vision se trouve modifiée et il met en doute la réalité qu’on lui propose.
Comment on persuade quelqu’un de tuer son prochain : un épisode d'actualité en ces temps de propagande guerrière. Il m'évoque également le génocide des Tutsis, rebaptisés eux aussi "cafards" par leurs adversaires. Les Hutus subissaient une telle propagande à travers les médias, comme la radio 1000 collines, qu’ils ont trouvé normal de prendre une machette et de découper leurs voisins qu’ils saluaient chaque jour auparavant : "Chers auditeurs, bonjour. Soyez enragés". "C'est à nous de nous débarrasser de cette sale race." "Réjouissons-nous, les cafards sont exterminés. » Voici la conclusion d'un participant au massacre : "je n'ai pas eu le temps de penser à désobéir".
J’ai interviewée une survivante quand je travaillais pour un journal, c’était glaçant (triple combo gagnant : violée, tombe enceinte et chope le sida). Vous pouvez voir ici un article sur le sujet.
Malgré son propos fort, cet épisode de Black mirror peine à convaincre, car le sujet est mal traité. On le regarde justement sans état d’âme, en s’ennuyant un peu. Dommage.
16:40 Publié dans Je suis culturée, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séries, black mirror | | Facebook
16/05/2018
Black mirror : archange, les parents surprotecteurs
Dans cet épisode réalisé par Jodie Foster, une petite fille échappe à la vigilance de sa mère dans un jardin d'enfants. Si on la retrouve quelques instants plus tard, la mère traumatisée décide de lui implanter une puce permettant de la localiser à tout moment. La femme accepte également un nouveau prototype plus élaboré, permettant de voir en temps réel à travers les yeux de la fillette, de contrôler sa santé et son niveau de stress, et de filtrer les images et propos violents qui pourraient heurter sa fille : ainsi, le chien qui l'effraie en aboyant sur le chemin de l'école, puis les images violentes ou pornographiques que l'on peut trouver sur le net.
Mais en grandissant, l'enfant se retrouve isolée de ses camarades, puisqu'elle ne peut connaître ni comprendre les jeux violents auxquels ils font référence. Elle rencontre de certaines lacunes émotionnelles, n'ayant jamais été confronté à une émotion perturbante, l'application les bloquant instantanément. Un pédopsychiatre conseille donc d'enlever les filtres, mais la puce reste toujours implantée dans le cerveau de la jeune fille. Elle découvre alors d'un seul coup la violence du monde qui l'entoure, avec un camarade qui se fait un malin plaisir de lui montrer les pires vidéos d'internet, mais elle découvre aussi une autre émotion : les élans amoureux.
Inquiète de voir son adolescente s'éloigner d'elle et ne pas rentrer d'un rendez-vous avec une amie, la mère cède et se connecte à nouveau au logiciel pour savoir où est sa fille et ce qu'elle fait...
L'enfer est pavé de bonnes intentions. Un épisode qui parlera à tous les parents, et particulièrement aux parents surprotecteurs et aux mères célibataires de plus en plus nombreuses, et qui investissent trop la relation avec leur enfant au détriment d'autres rapports. Les parents anxieux souhaitent éloigner leur enfant du dur monde de brutes qui l'entoure, veulent le meilleur et le plus confortable pour lui. Mais de ce fait, ils lui empêchent de découvrir la réalité du quotidien, d'y faire face, de prendre des décisions par lui-même, de devenir mature et responsable.
Actuellement, les parents peuvent déjà géolocaliser leur enfant grâce à des traceurs GPS ou tout simplement leur téléphone portable. Tous les parents s'inquiètent de ce que peuvent voir leur enfant sur internet et essaient de le protéger en activant « un code parental » mais arriverons-nous un jour à une telle extrémité montrée dans cet épisode ? Archange soulève une réflexion pertinente.
L'épisode est néanmoins assez prévisible. Avec la quatrième saison de Black mirror, on est tellement habitués à l'excellence et à l'originalité, qu'on chipote dès qu'un propos paraît redondant.
17:06 Publié dans Je suis culturée, Mémé et la technologie, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séries, black mirror | | Facebook
12/05/2018
Tais-toi et danse : le piratage informatique
Un adolescent se tripatouille devant un film porno. Mais la caméra de son ordinateur est piratée, et de mystérieux trolls pratiquent un chantage par sms : si il n’obtempère pas, tous ses proches recevront sa vidéo peu glorieuse. Les maîtres chanteurs lui demandent de se rendre à un lieu précis en un temps record, sans dire pourquoi. Le jeune y rencontre un homme victime de chantage lui aussi : il a trompé sa femme, et si elle l’apprend, elle demandera certainement le divorce et la garde des enfants. Les deux compagnons d'infortune se retrouvent dans une course contre la montre haletante.
Cet épisode de Black mirror qui suit directement le précédent Play test est aussi fertile en rebondissements. Son réalisme le rend d’autant plus effrayant : ça peut et c’est déjà arrivé.
Par exemple, avec le chantage à la webcam. Un pauvre hère qui s'est inscrit sur un site de rencontres est enfin contacté par une femme, il n'en peut plus de sa chance, enfin quelqu'un qui lui répond, enfin l'amour, enfin quelqu'un qui le comprend ! Après des jours de correspondance et de suspense follement romantique, les échanges deviennent plus intimes et la femme envoie une photo, puis une vidéo. Elle est sublime ! Elle a osé se dévoiler, à lui de le faire aussi ! Allez mon gars, prouve que t'as des couilles, en les montrant ! Et vlan, arrêt net des échanges. Voilà, il savait bien qu'il était trop moche pour plaire à une aussi belle femme. La réalité est pire, à la place de Tabatha 25 ans, c'est en fait Raoul, 48, qui réclame une rançon, sinon il diffusera la vidéo.
Les pirates informatiques se contentent la plupart du temps d’envoyer des mails remplis de fautes d’orthographe, pour faire croire par exemple qu’un collègue a perdu sa carte bleue lors de son voyage de plaisance en Afghanistan : « peu tu manvoié de larjan pour me dépané, 8000 euro devraient suffire, via le lien totalement sûr et sécurisé que je te mets dans le mail, vas-y clique dessus en toute confiance »
Mon boss m’envoie un courrier pareil, je pense : « Super ! Surtout prend ton temps pour revenir ! Débrouille-toi, reviens à pied, on n’est pas pressé de te revoir ! » Un de mes collègues trop candide s’est fait avoir et a cru aider son prochain. A la place, il a infesté tout le réseau informatique de l’entreprise, bloquant internet et les logiciels de travail. Branle-bas de combat et panique à tous les étages : "horreur ! Qu'allons nous devenir ?" Alors que Gastonne pensait plutôt : « ah flûte, je ne peux plus ouvrir ma messagerie et lire les comptes rendus de réunion dont je me contrefous et où je ne mets jamais les pieds ? Je ne peux plus utiliser le logiciel pour travailler ? Quel dommage ».
Les malfaiteurs agissent en général par mail, comme les fausses factures de Free contenant un lien qui infecte ensuite l'ordinateur, avec une rançon ensuite demandée pour débloquer l'appareil. Les messages malveillants sont adressés non seulement aux particuliers mais aussi aux services publics, comme des hôpitaux ou des écoles.
Conclusion : internet, c'est le mal, mieux vaut rester mémé nulle en nouvelles technologies, communiquer à l'oral, papier, ou pigeon voyageur.
19:10 Publié dans Je suis culturée, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : black mirror | | Facebook
06/05/2018
Black mirror et les jeux vidéo
USS Callister
Un créateur de jeu vidéo, malgré son talent, n'est pas respecté dans son travail. Son associé s'est emparé des rênes de l'entreprise et lui donne des ordres, les employés ne le prennent que pour un subalterne, les femmes se moquent de lui ou le fuient. L'homme se réfugie le soir dans ses rêves : il a développé son propre jeu vidéo individuel. Il y met en scène ses collègues qui l'ont repoussé la journée : son associé l’idolâtre et obéit à tous ses désirs, la standardiste se pâme devant lui…
L'épisode est fort réjouissant car il évolue dans un univers pop kitsch, joyeuse parodie de Star trek. Les dures relations dans le monde du travail forment aussi l'un de mes sujets de prédilection. L'homme timide et rêveur, qui n'est pas reconnu à sa juste valeur et se venge en créant un monde imaginaire, ne pouvait que me plaire, à l'instar de François Merlin / Bob Saint Clar /Belmondo dans ma comédie adorée Le magnifique. A voir.
Playtest
Après le décès de son père, un jeune Américain se lance dans un tour du monde. Pour financer son voyage, il accepte un court travail qui semble alléchant : tester un tout nouveau jeu vidéo révolutionnaire, qui s’appuie sur la réalité augmentée : un casque connecté directement à son cerveau lui donne l’illusion que ce qu’il vit est réel. Plus besoin de manettes, de jeu à thèmes : le programme trouve les pires peurs du jeune homme et les projette devant lui. Quel danger devra-t-il affronter ?
Le pitch peut sembler classique, en rappelant des dizaines de films d’horreur : un homme loin de chez lui isolé dans un manoir… Mais l’histoire fonctionne du feu de Dieu. Assurée par le réalisateur de 10 cloverfield lane, Playtest est tout aussi efficace que le film, en jouant sur la tension extrême et l’appréhension du danger.
Comme je suis une spécialiste pour imaginer les pires scénarios catastrophes et me faire peur toute seule, il n’était pas difficile de me faire adhérer au concept : « Fais gaffe ! Là derrière la porte, il va y avoir Gontran b de la 5ème6 qui t'avais piqué ton pain au chocolat, puis après tu verras cette garce de Cindy et … »
J’ai marché à fond, un grand moment de flip.
15:01 Publié dans Je suis culturée, Mémé et la technologie, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séries, black mirror | | Facebook
01/05/2018
Black mirror et les histoires d'amour
San Junipero
Il forme un épisode à part dans la série, car il est le seul à montrer les nouvelles technologies sous une forme positive, et à traiter d'une belle histoire d'amour. Deux jeunes femmes se rencontrent et s'aiment lors d'une soirée 80, mais doivent se séparer soudainement à minuit. La réservée Yorkie (très belle Mackenzie Davis, Blade runner 2049) trouve enfin la révélation du grand amour et cherche désespérément sa compagne dans les prochaines soirées à thème, 1960, 2000… Mais que sont ces fêtes en réalité ?
Un Cendrillon revisité très émouvant, avec deux actrices complémentaires, l'une explosive, l'autre timide. Les passages délicieusement rétro nous font replonger dans les styles vestimentaires et musicaux des époques passées. Pour une fois avec Black mirror, on pense « ah si ce futur pouvait se réaliser... » A voir.
Pendez le DJ
Ce titre fait référence à la chanson des Smiths, Panic. Un animateur radio a annoncé la catastrophe de Tchernobyl qui venait de se produire, et comme si ce n'était rien, a continué son programme musical. Choqués par cette attitude, le groupe a composé cette chanson.
C'est bien le manque de sensibilité que déplore cet épisode de Black mirror. Enchaîner les relations sur les sites de rencontre, comme à la foire au bétail. Les célibataires testent une application très élaborée et garantie « fiable à 99 % de trouver l'âme sœur au final ». Mais le site décide à leur place : qui ils rencontrent, et combien de temps exactement ils doivent passer ensemble, que ça leur plaise ou non. Un couple se plaît, mais trop timide, manquant de temps, ne se dévoile pas assez. Chacun enchaîne ensuite les relations imposées « pour leur bien » afin de mieux connaître leurs envies, contradictions, limites. L'homme se retrouve avec une harpie pendant 9 mois, pendant que la femme enchaîne les relations sans lendemain et décevantes.
Les personnages sont satisfaits d'être ainsi manipulés :
"Avant les gens étaient obligés de faire tout le boulot eux-mêmes. Ils devaient chercher avec qui ils voulaient être.
- C’est la paralysie du choix. Quand on a tellement d’options possibles qu’on ne sait pas laquelle choisir.
- Exact. Et le jour où ça ne collait plus entre les deux, ils devaient se débrouiller tout seuls pour rompre l’un avec l’autre.
- Un vrai cauchemar !
- C’est mieux quand tout est planifié."
Could life ever be sane again ?
Honey Pie, you're not safe here !
Retour sur image
Ici, chacun possède une puce implantée dans le cerveau qui permet de stocker tous les souvenirs, et d'y revenir quand on veut. Lors d'une soirée entre amis, les convives se rappellent les bons moments des précédents rendez-vous. Mais tout le monde ne garde pas les mêmes impressions... Un avocat à la recherche d'un emploi peut revoir l'entretien d'embauche qu'il vient de passer, le montrer aux invités. Ces gens peuvent voir les fautes qu'il a commises. Le personnage principal trouve que sa femme est un peu trop proche d'un autre homme de leur entourage. Grâce, ou plutôt à cause de son implant, il peut fouiller dans ses souvenirs pour les réinterpréter et vérifier ses soupçons…
L'implant peut sembler positif (il doit être bien pratique pour passer des examens). Mais avec cet outil, plus le droit à l'erreur, plus le droit à l'oubli, à l'imagination, plus de vie privée. Cet épisode est l'un des meilleurs car il demeure réaliste. Avec les nouvelles technologies (mettre une puce dans le portable de son conjoint pour voir ses échanges et sa localisation GPS) et les gens racontant leur vie sur les réseaux sociaux, il est possible d'espionner sa compagne. Retour sur image dénonce de façon implacable le venin du manque de confiance et de la jalousie qui trop souvent pollue les relations de couple.
15:59 Publié dans Je suis culturée, Mémé et la technologie, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séries, black mirror | | Facebook