30/01/2021
Bilan "je suis culturée" semaine 3
Oui on est presque à la 4, mais la disparition de Bacri a bouleversé mon programme.
10 FILMS :
Hommage à Bacri :
Coup de coeur :
- Le goût des autres d'Agnès Jaoui, 2000
Voir article en lien.
- On connaît la chanson d'Alain Resnais, 1997
Voir article en lien.
- Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, 1989
- Le sens de la fête d'Olivier Nakache et Éric Toledano, 2017
Les réalisateurs excellent dans la comédie de groupe (Nos jours heureux, Tellement proches) ils peignent à merveille les personnages et leur donnent des répliques hilarantes.
- Didier d'Alain Chabat, 1997
Un chien se transforme en humain... Il faut apprécier l'humour absurde et le ridicule, certains adhèrent, d'autres pas. Je fais partie de la première catégorie.
Pas mal :
- La baule les pins de Diane Kurys, 1990
Je l'avais déjà vu, mais comme souvent avec les films de la réalisatrice de Diabolo menthe, je n'arrive pas à m'identifier à ces personnages, inspirés de sa vie réelle, car on n'a pas vécu les mêmes choses. Les petits problèmes de bourgeois qui passent l'été dans la station balnéaire guindée ne me touchent pas. Puis des faits m'avaient beaucoup choquée enfant et toujours adulte : quand ils abandonnent le chien à la fin de l'été, quand ils écrasent leur chat en voiture, quand ils rient en tuant les poissons en les empoisonnant. Non vraiment, je ne peux pas apprécier ce genre de personnes.
- Une femme de ménage de Claude Berri, 2002
Autre idée à laquelle je ne peux adhérer : un quinquagénaire qui fantasme sur sa femme de ménage de 30 ans de moins que lui. C'est juste répugnant. Et les clichés, sur la femme de ménage forcément conne et inculte qui écouter du rap, le vieux forcément intelligent cultivé et misanthrope qui écoute du classique... En plus le film est interminable, de longues scènes où ils en se passent pas grand chose (Bacri au café, Bacri qui se fait à manger... )
- Au bout du conte d'Agnès Jaoui 2013
- Comme une image d'Agnès Jaoui 2004
Encore un vieil acariâtre qui se tape une fille absolument sublime (Virginie Desarnauts) qui a l'âge de sa fille, une gentille qui subit toutes ses sautes d'humeur, non je n'en peux plus. Vivement l'inverse, voir des cougars ! J'adore les Jacri, mais ils n'ont pas écrit que des chefs-d'oeuvre. Au bout du conte et comme une image m'ont ennuyée à leur sortie, et toujours en les revoyant.
- Impitoyable de Clint Eastwood, 1992
7 DOCUMENTAIRES :
Coup de coeur :
- Les lycéens, le traître et les nazis, Infrarouge, France 2
A voir en lien jusqu'au 20 mars
Bien :
- Les guerrières vikings, Arte
- L'hypersensibilité, France inter
- Les trésors perdus des Mayas, 2 épisodes, Disney
Pas mal :
- La vie de Brian Jones, Arte
- Boris Johnson, l'illusionnaire du Brexit, Le monde en face, France 5
2 LIVRES :
Pas mal :
- Présumées coupables, les grands procès faits aux femmes
- Le futur ne recule jamais, Le Voutch
14:39 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, documentaire, cinéma français | | Facebook
28/01/2021
Bacri, Le goût des autres
Relire le début ici et là.
Parmi les 9 films scénarisés par le couple Bacri-Jaoui, mon préféré reste On connaît la chanson (voir la géniale bande-annonce en lien), dont j'ai repris le titre pour en faire une rubrique. M'exprimant moi aussi à travers des paroles, ado je rêvais d'écrire un jour un film mettant en scène ma chansonnite aiguë. Je me voyais déjà en haut de l'affiche, et j'étais dépitée de constater que les Jacri m'avaient devancée. Peut-être qu'un jour, si j'ai la chance d'être soutenue et de concrétiser ce rêve, j'écrirai enfin "On connaît la chanson 2, le retour"... Un jour viendra je leur montrerai que j'ai du talent.
En deuxième film, je place le touchant Le goût des autres, sur le déterminisme culturel et social, sur l'incompréhension, le jugement et le fossé entre les différents milieux, que j'ai pu vivre moi aussi, comme le personnage de Bacri.
Moi aussi, comme je ne viens pas de Paris (mais de Lyon pourtant, la 2ème ville de France) comme je suis issue d'un milieu modeste, on me fait souvent comprendre que je suis une plouc, qui ne peut pas se fondre dans les milieux culturels snobs parisiens, même si j'étais major de ma promo de fac cinéma. Dans les projections presse, des journalistes me toisent avec dédain (une blogueuse !)
Je me souviens d'un qui intervenait régulièrement dans une émission télé que j'estime bas de gamme et qui n'a rien à voir avec la culture. Il venait de sortir une biographie d'un de mes acteurs préférés, et j'avais trouvé l'ouvrage bien écrit et documenté par rapport à d'autres sur le même sujet. Je lui ai signifié que j'avais apprécié son livre. Il était d'abord étonné, puis flatté, mais quand j'ai expliqué que je tenais un blog cinéma, son visage s'est assombri et il a coupé la conversation. En entrant dans la salle de projection, il s'est moqué bruyamment, tout haut pour que je l'entende, en retrouvant ses collègues : "ah des vrais journalistes ! pas des blogueurs !". Pour moi, je le consolais en essayant de ne pas le cataloguer comme beaucoup en crétin, car participant à une émission débilitante, mais en le reconnaissant comme écrivain. Pour lui, mon avis n'était pas valable, puisque j'étais blogueuse.
Même chez les blogueurs, les clans existent. Lors des cocktails d'avant-première, comme les agences de communication invitent en priorité les influenceurs, et comme ce sont les sujets de la mode et des cosmétiques qui sont les plus vendeurs, je me retrouve souvent entourée de filles qui ne s’intéressent pas au cinéma. Lorsque j'essaie de m'intégrer à un groupe, les filles me regardent de haut en bas, et ma tenue vestimentaire n'étant pas à leur goût, elles ne me répondent pas et je me retrouve seule dans mon coin. Je me sens décalée comme Bacri dans Le goût des autres, au milieu de la troupe de théâtre branchée.
Encore un film de l'acteur qui déplore brillamment les étiquettes qu'on assigne aux gens, ici dans la fratrie : Un air de famille. A l'époque, on ne cessait de me dire que j'étais le sosie d'Agnès Jaoui dans ce film, physiquement mais aussi pour son personnage d'anti conformiste, qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas, à l'instar de la scène de la jupette :
"Tu serais un peu plus féminine... Tu parles comme un homme !
- Tu dis toujours que tu veux pas qu'on te prenne pour un imbécile... mais faut faire des efforts toi aussi de ton côté."
Autre film de groupe, Mes meilleurs copains, film hilarant sur des ex hippies rangés. Bacri était le chanteur de gangrène plastique et vous pouvez voir sa performance légendaire en lien : "pour les enfants d'Asie qui meurent dans les méandres du Mékong pendant que les cochons de la CIA complotent dans les couloirs de Babylone, révolution !" Lui et ses amis faisaient du théâtre engagé à l'usine. "Quand Antoine pour symboliser la mort de la propriété privée avait rempli le casque du contremaître de mayonnaise amora, on avait dû écourter la représentation au plus vite. Nous arrivâmes à la conclusion que les choses finiraient par bouger un jour, mais que ce serait très très très long."
Je peux revoir ce film des dizaines de fois, je ne m'en lasse pas grâce aux réparties qui fusent. Mes meilleurs copains est devenu culte, mais à sa sortie, il a fait un flop car les dialogues bien écrits semblaient intellos !
"Antoine venait de lire un article insultant dans la presse bourgeoise et il revenait ivre de joie : "Le figaro nous insulte, c'est génial !"
"Je peux vous poser une question très personnelle ? Qu'est-ce que vous avez pensé de moi la première fois que vous m'avez vu ?
- Sincèrement ? rien. Je ne vous vexe pas j'espère ?
- Non, ça me coupe une jambe mais j'ai l'habitude."
Autres comédies de Bacri que j'apprécie beaucoup, Le sens de la fête et Didier. Dans un genre plus intimiste, Les sentiments de Noémie Lvovsky (Camille redouble) qui me fait penser à la femme d'à côté de Truffaut, ou bien encore La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc, 2015 (le nom des gens, télé gaucho) ou Kennedy et moi. L'été en pente douce m'avait beaucoup troublée.
Je m'aperçois que j'ai vu la majorité des films de Bacri, que je vous livre ici. En gras, ceux que je préfère :
- Le Grand Pardon d'Alexandre Arcady, 1982
- Coup de foudre de Diane Kurys, 1983
- Édith et Marcel de Claude Lelouch, 1984
- La Septième Cible de Claude Pinoteau,1984
- Subway de Luc Besson, 1985
- Escalier C de Jean-Charles Tacchella, 1985
- L'Été en pente douce de Gérard Krawczyk, 1987
- Les Saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky, 1988
- Bonjour l'angoisse de Pierre Tchernia, 1988
- Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, 1989
- La Baule-les-Pins de Diane Kurys, 1990
- Le Bal des casse-pieds d'Yves Robert, 1992
- Smoking / No Smoking, d'Alain Resnais, 1993
- La Cité de la peur d'Alain Berberian, 1993
- Cuisine et Dépendances de Philippe Muyl, 1993
- Un air de famille de Cédric Klapisch, 1996
- On connaît la chanson d'Alain Resnais, 1997
- Didier d'Alain Chabat, 1997
- Place Vendôme de Nicole Garcia, 1998
- Peut-être de Cédric Klapisch, 1999
- Kennedy et moi de Sam Karmann, 1999
- Le Goût des autres d'Agnès Jaoui, 2000
- Une femme de ménage de Claude Berri, 2002
- Les Sentiments de Noémie Lvovsky, 2003
- Comme une image, d'Agnès Jaoui 2004
- Selon Charlie de Nicole Garcia, 2006
- Parlez-moi de la pluie, d'Agnès Jaoui 2008
- Adieu Gary de Nassim Amaouche, 2009
- Avant l'aube de Raphaël Jacoulot, 2011
- Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer, 2012
- Au bout du conte, d'Agnès Jaoui 2013
- La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc, 2015
- Grand Froid de Gérard Pautonnier, 2017
- Le Sens de la fête d'Olivier Nakache et Éric Toledano, 2017
- Santa d'Alain Chabat, 2017
- Place publique, d'Agnès Jaoui 2018
17:51 Publié dans La rubrique nécrologique, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bacri, cinéma, cinéma français | | Facebook
25/01/2021
Bacri et Jaoui, on connaît la chanson
Relire le début ici.
Depuis la disparition de Bacri, nombreux ont été les hommages, de ceux qui l'ont connu ou non. Pourtant une réaction manque : l'une des plus importantes, celle d'Agnès Jaoui.
Cette dernière a partagé la vie de l'acteur pendant 25 ans. Comme pour beaucoup, pour moi ils formaient le couple idéal, complices, se comprenant parfaitement. C'était un plaisir de les voir en interview, se couvrant de regards affectueux, terminant les phrases de l'autre, riant à ses blagues.
L'annonce de leur séparation m'avait déprimée, comme si je subissais moi-même une rupture : "Si même eux se séparent, pas d'espoir, je n'y crois plus !" Comme pour le décès de Bacri, j'ai traversé les phases du deuil :
Le déni : "Non, c'est impossible ! On a vu souvent rejaillir le feu de l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux" "Est-ce qu’on peut ravoir à l’eau de javel des sentiments, la blancheur qu’on croyait éternelle avant ? "
La colère : "Fallait pas commencer, m'attirer me toucher, fallait pas tant donner, moi je sais pas jouer."
La peur : "Moi qui sais pas bien faire le thé, qu'est-ce que je vais faire ? C'est un détail, mais je veux pas que tu t'en ailles."
La tristesse : "Eh Manu rentre chez toi, y a des larmes plein ta bière, le bistrot va fermer, puis tu gonfles la taulière, je croyais qu'un mec en cuir ça pouvait pas chialer, je pensais même que souffrir ça pouvait pas t'arriver."
L'acceptation : "Voilà c'est fini, on a tant ressassé les mêmes théories." "Si c'est fichu entre nous, la vie continue malgré tout."
Le couple était resté très proche : "On s'aime toujours, mais autrement" "Agnès, c’est la grande histoire de ma vie et je pense que c’est réciproque. On s’aime. C’est mon âme sœur. Nous ne sommes plus ensemble, enfin, nous n'habitons plus ensemble depuis très longtemps, mais nous sommes inséparables (...) ce qui nous lie n'a jamais faibli."
Agnès Jaoui confirme : "Il reste quelqu’un d’essentiel à ma vie. En Italien on dit "ti voglio bene" (je te veux du bien) pour dire "je t’aime". On l’oublie parfois, car vivre à deux au quotidien, c’est compliqué. Mais on devrait vouloir du bien à la personne qu’on aime, comme ses copines, au lieu d’être possessif et jaloux. Ce qui est beau dans l’amour, c’est l’amitié. Évidemment une séparation c’est extrêmement douloureux. C’est la fin de quelques chose, mais pas nécessairement de tout. Et certainement pas de l’amour."
La veille du décès de Bacri, Jaoui a accordé une interview au Monde, où elle parle de l'acteur au passé, comme si elle pressentait sa mort imminente et devançait l'hommage avant qu'on ne la sollicite dans ce moment trop éprouvant : "Je ne serais pas arrivée là, bien sûr, si je n'avais pas rencontré Jean-Pierre Bacri. Voilà quelqu'un qui exprimait ce que je ressentais sans même me l'être formulé ; qui avait des réflexions qui me percutaient, me soulageaient, témoignaient de valeurs communes, d'un rapport au bien et au mal que je partageais, avec une conviction qui m'émerveillait car elle était si singulière !"
Jaoui et Bacri, c'est un beau roman, c'est une belle histoire. Leur complicité leur a permis d'écrire 9 films ensemble, les meilleurs de Bacri, et d'obtenir successivement 4 césar du meilleur scénario :
- Smoking / No Smoking, d'Alain Resnais, 1993
- Un air de famille de Cédric Klapisch, 1996
- On connaît la chanson d'Alain Resnais, 1997
- Le Goût des autres d'Agnès Jaoui, 2000
Les Jacri ont aussi écrits :
- Cuisine et Dépendances de Philippe Muyl, 1993
- Comme une image, d'Agnès Jaoui 2004
- Parlez-moi de la pluie, d'Agnès Jaoui 2008
- Au bout du conte, d'Agnès Jaoui 2013
- Place publique, d'Agnès Jaoui 2018
Atteinte de chansonnite aiguë, mon préféré reste On connait la chanson (voir la géniale bande-annonce en lien), dont j'ai repris le titre pour en faire une rubrique. Vous pouvez retrouver un hommage en chanson dans le deuxième paragraphe.
A suivre...
18:11 Publié dans On connaît la chanson, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bacri, jaoui, cinéma, cinéma français | | Facebook
23/01/2021
Bacri est parti
Je n'ai pas pu écrire plus tôt, il fallait que j'intègre l'information. Je me rappellerai du moment où j'ai découvert sa disparition, comme on se rappelle dans quelle situation on a appris les événements marquants (surprise en plein sommeil pour entendre "c'est la 3e guerre mondiale !" dans le combiné du téléphone le matin du 11 septembre 2001, un simple sms juste avant le coucher "Trump élu !!!" me faisant penser à une blague le soir des élections américaines en 2016.)
Lundi 18 janvier. J'allume l'ordi, et je lis partout que c'est le blue monday, le jour le plus déprimant de l'année. Haha, n'importe quoi, cette idée vient d'une agence de voyage qui a commandé une étude bidon pour vendre des billets d'avion ! D'ailleurs la preuve que c'est du pipeau, le soleil est enfin sorti, je vais en profiter pour voir mes petits canards au parc et passer un coup de fil, d'humeur à discuter avec mes congénères. Je marche d'un bon pas, en plein débat sur les meilleures tablettes de chocolat, lorsque mon interlocuteur est interrompu : "Attends, on me parle... (dialogue avec l'autre personne que je n'entends pas) Nan ?! mince...."
Qu'est-ce qui peut bien exiger qu'on interrompe un sujet aussi passionnant que le chocolat à 85 %...
Mon interlocuteur reprend le combiné : "Bacri est mort !
Je m'arrête net : - HEIN ?!!!!!
J'ai dû crier fort car le couple de canards qui s'était rapproché (on se connaît bien à force, avec Donald et Daisy) s'éloigne d'un battement d'ailes, et les autres promeneurs se retournent simultanément vers moi.
Je reste figée au milieu du chemin, les yeux exorbités par la stupeur : MAIS COMMENT CA ???!!!
J'écoute les explications (69 ans... cancer...) en me liquéfiant sur place, sans pouvoir parler.
Les gens alentour qui observent la scène semblent interloqués, puis peinés. Je dois vraiment faire une drôle de tête. Une femme me regarde pleine de compassion, avec la moue qui signifie qu'on est désolé. Ils comprennent que j'ai appris une mauvaise nouvelle, sûrement la pire de toute, l'irrémédiable : le décès d'un proche.
Un proche, on pense à un membre de la famille, un ami. Mais pourquoi on ne compterait pas aussi un artiste, qui nous a accompagné tout au long de notre vie, qui nous a procuré tant d'émotions et de souvenirs inoubliables ? Je voyais plus souvent Bacri à travers mon écran qu'un oncle ou un cousin. Surtout en ces temps de pandémie et d'isolement où le cinéma devient un refuge. Je m'amusais plus avec Bacri, je le comprenais plus, je m'identifiais plus à lui qu'à certains membres de ma famille.
J'ai réalisé qu'on était nombreux à se sentir proche de l'artiste, en découvrant les multiples hommages, et en constatant ce soir-là que le JT de France 2 s'ouvre sur son décès. Non, je ne peux pas employer ce mot, plutôt sa disparition momentanée avant sa résurrection.
Cet article de France culture tente d'expliquer "pourquoi aimions-nous tant Jean-Pierre Bacri ?"
"Ce matin, il est populaire partout (...) du Figaro à L’Humanité. Parce que le type qu'il incarnait -le bougon, le râleur- est probablement l’un des personnages les plus chers au cœur des Français. Et c’est à ce détail que l’on comprend que les Français ne sont pas américains, ils ne sont pas positifs. L’idée de voir les choses embellies, en grand, en super, très peu pour eux ! Ils veulent du ronchon, du râle (...)
Le bonheur, c’est pour les imbéciles. (...)
Il y a quelque chose qui explique pourquoi ce ronchon est immensément aimé, parce que la râlerie en France a des vertus intégratrices. Celui qui gagne et s’intègre, c’est celui qui n’est pas content, qui refuse le système et le monde tel qu’il est organisé."
Dans Cuisines et dépendances qu'il a écrit avec sa compagne Agnès Jaoui, on lui demande :
- Pourquoi tu tires la gueule et tu souris jamais ?
- Je suis un être humain, pas un animateur de variété. Y a qu'à la télévision qu'on voit des gens éclater de rire à longueur de temps comme des crétins."
Si j'avais la chance de partager son talent de la répartie (vous pouvez entendre un court exemple en interview ici) c'est ce que je répondrais aux collègues qui me reprochent de ne pas assez sourire, ou de refuser la bise (enfin une bonne conséquence de la pandémie : l'arrêt de cette atrocité qu'est ce partage de microbes et cette intrusion dans mon espace vital). Assise à mon bureau, plongée dans mes pensées, je me tiens comme le fait souvent Bacri : la tête posée sur la main, sourcils froncés. (En ce moment, en me relisant). On me tance pour cette posture, mais si Bacri se tient pareil et est adulé, mes collègues m'adoreraient-ils en réalité ?
Les gens qui sourient tout le temps m'insupportent, je trouve ça louche. Soit ils sont imbéciles heureux, soit ils sont hypocrites, soit ils meurent de peur et sourient pour désamorcer une éventuelle attaque (ce qui donne encore plus envie de les mordre).
« Les gens qui sont toujours joyeux, je n'ai pas envie de les jouer, parce que ça n'existe pas… J'ai de la tendresse surtout pour les gens chez qui je vois de l'humanité et c'est souvent dans l'angoisse ou dans la fragilité qu'on la voit.»
On caractérise en premier lieu Bacri de "bougon, râleur, ronchon." mais pour moi qui suis un peu pareille, il était avant tout authentique. Il n'employait pas la langue de bois que les hypocrites appellent "l'intelligence sociale", il ne se forçait pas à faire semblant d'être content s'il ne l'était pas. "Son non besoin de séduire et de plaire" comme explique Agnès Jaoui et qu'il confirme ici. "Je me fiche que l'on me trouve bougon, sourire n'est pas un acte banal."
Pour moi qui m'identifie à lui, Bacri n'était pas un râleur. C'était un grand sensible qui détestait l'hypocrisie et l'injustice (comme le pensent d'ailleurs les intervenants de cette émission sur l'hypersensibilité).
Quelqu'un qui critique tout, on peut le juger misanthrope, mais selon moi, c'est plutôt qu'il voudrait simplement que la condition humaine s'améliore, donc qui souffre de voir les gens subir tant de déboires ou créer leur propre malheur. Comme Alceste dans la pièce de Molière, un de mes livres préférés.
Bacri n'était pas un râleur, il était simplement sincère et humain, à s'indigner d'un rien, mais aussi à s'émouvoir. Il le prouve particulièrement dans Le goût des autres, où il interprète un brave type un peu beauf, pas très cultivé, qui se retrouve contraint d'aller au théâtre. Il pense s'ennuyer, s'agace en découvrant que la pièce est en vers, mais se retrouve subjugué par une actrice qui déclame brillamment la tirade de la femme quittée. Le gros plan sur Bacri touché par la grâce, submergé par l'émotion, est bouleversant. Comme il l'est plus tard, à déprimer en silence sur son banc, dos voûté, quand son poème où il déclare maladroitement sa flamme n'a pas obtenu le résultat escompté. On connaît surtout Bacri pour ses répliques fameuses, mais il était si bon acteur que les émotions jaillissaient également à travers ses silences.
Bacri qui était un être sincère, au franc parler légendaire, a pourtant choisi le métier d'acteur, de jouer à faire semblant d'être un autre, dire des mots et mimer des attitudes qu'il ne pense pas. Pourtant, dans tous ses rôles, même beauf, inculte ou méchant, sa personnalité transparaissait. D'abord parce qu'il a écrit la plupart de ses personnages les plus célèbres, ensuite car il a admis ne choisir que des films qui lui plaisaient "Si je dois me faire chier trois mois à tourner, puis ensuite trois mois à promouvoir une merde dont je suis pas fier... c'est pénible, c'est pas pour ça que je fais ce métier."
Il choisit si bien ses personnages, que j'apprécie la grande majorité de ses films. Même les moins marquants, il les a éclairés de sa personnalité.
à suivre...
15:19 Publié dans La rubrique nécrologique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bacri, cinéma français | | Facebook
18/01/2021
Bilan "je suis culturée" semaine 2
Vu le succès phénoménal du premier bilan (un seul commentaire, aucun like) je continue mon journal intime. Vous pouvez lire le premier bilan ici :
7 FILMS :
D'après une histoire vraie :
Coup de coeur :
- Les éblouis de Sarah Suco, 2019
Les souvenirs d'enfance de la réalisatrice, enrôlée dans une secte avec sa famille.
Bien :
- Undercover de Yann Demange, 2018
Sur un enfant de 15 ans informateur pour le FBI, infiltré dans un trafic de drogue.
Fantastique :
Bien :
- The room de Christian Volckman, 2019
- Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona, 2016
Pas mal :
- La dernière vie de Simon de Léo Karmann, 2019
Bons souvenirs déjà vus :
- Au milieu coule une rivière de Robert Redford, 1992
- Master and commander de Peter Weir, 2003
7 DOCUMENTAIRES :
Titanic :
Après Titanic, la dernière preuve la semaine dernière, j'ai eu envie de revoir ces bons documentaires que je connaissais déjà, disponibles sur youtube:
- Titanic, la véritable histoire de Philippe Torreton
- Les fantômes du Titanic de James Cameron
Les sectes :
Les éblouis m'a replongé dans les documentaires sur les sectes. Comme le sujet m'intéresse, je connais déjà les mécanismes d'enrôlement et d'emprise, mais je ne peux pas m'empêcher de penser en écoutant les témoignages hallucinants : "comment ils ont pu aller si loin ?!" :
- Waco, une secte assiégée, Planète
- Sous emprise, Planète
Florence et le mandarom
Amoreena et les enfants de dieu
Les ovnis :
- Roswell, le denier témoin x2 épisodes, Planète
Après le doc sur les dossiers déclassifiés peu convaincant, j'ai persisté, mais celui-ci comporte les mêmes défauts.
2 LIVRES :
Pas mal :
- Vies écrites de Javier Marias
Biographies d'écrivains célèbres, sous des angles originaux et méconnus.
- Chaque jour est une fête Le Voutch
1 SERIE :
Pas mal :
- Designated survivor, saison 1, Netflix
15:58 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, titanic, cinéma, cinéma français | | Facebook
16/01/2021
Les documentaires de la semaine
La vie secrète du zoo
Je suis tombée plusieurs fois sur l'émission française, une saison au zoo, qui ne m'a pas convaincue. Je ne sais pas si j'ai changé d'avis ou si la version anglaise est plus pertinente et drôle (le fameux humour british, d'ailleurs ce sont les Anglais qui ont inventé le mot, je l'ai appris dans l'excellent Ridicule) mais je me suis prise de passion pour la vie des habitants du zoo de Chester (voir les vidéos en lien).
Du mignon (les bébés animaux) de l'amour, partagé (le couple de vieux manchots) ou non (la souris et le lézard qui refusent de se reproduire) de l'entraide (chez les fourmis, les lycaons...) Des trahisons (la femelle rhinocéros qui ne veut plus jouer avec son partenaire, alors il devient copain avec... un cerf) Des duels, des groupes qui se lient contre le tyran (les femelles zèbres contre le mâle). Des luttes pour obtenir le pouvoir (deux reines qui s'affrontent chez les rats taupes nus) des rebelles qui ne veulent pas rentrer dans le rang (l'oiseau qui veut s'enfuir). Mais aussi des drames, des deuils (la mort du petit éléphant, et son copain qui le secoue pour qu'il se réveille : déchirant), des jalousies (les ados envieux des petits frères). Tout cela sous les commentaires mordants des soigneurs. Bref, du Shakespeare !
La reine Victoria et ses 9 enfants
La reine adorait son mari le prince Albert, mais détestait les enfants et les grossesses.
Son époux lui reprochait : "Il est dommage que tu ne trouves aucune consolation dans la compagnie des enfants. La racine du mal est ta notion, absolument fausse, que la fonction d’une mère est toujours de corriger, gronder, donner des ordres."
Elle a écrit à sa fille : "Crois-moi, les enfants sont une terrible inquiétude, et le chagrin qu’ils causent est beaucoup plus grand que les joies qu’ils apportent."
Lorsque son époux décède alors qu'ils n'ont tous les deux que 42 ans, la reine se laisse sombrer dans la dépression et martyrise ses enfants, qu'elle tolérait uniquement jusque-là par égard pour son mari.
Un documentaire en 3 épisodes, des scandales dignes de The crown et la meilleure publicité pour la contraception !
Ovnis, les dossiers déclassifiés américains
Les images des ovnis rendues publiques par le Pentagone ont fait le tour du monde, grâce à l'ancien directeur du programme de la défense chargé d’évaluer les menaces aériennes. Il s'inquiète de ces mystères qui ne sont pas pris au sérieux. Il divulgue les rapports, démissionne, et se consacre à interroger les témoins d'ovnis dans cette série documentaire....
Je n'ai tenu qu'un épisode : les doublages effectués par-dessus les témoignages, la mise en scène mélodramatique, les nombreuses répétitions (comme si on pouvait oublier ce qu'on vient d'entendre 3 minutes plus tôt -sans doute dû aux coupures pub de la diffusion américaine-) donnent l'impression d'être dans une mauvaise téléréalité à sensation. Sur le même sujet, je vous conseille le plus sérieux et passionnant "ovnis une affaire d'état.
19:38 Publié dans Les gentils animaux, On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaires, animaux | | Facebook
15/01/2021
Heroïc losers et Gold
Heroïc losers de Sebastián Borensztein
En 2001 dans un village argentin, de modestes habitants mettent leurs économies en commun, afin de racheter l'entreprise locale en faillite et de relancer le travail et la vie dans la communauté. Mais à cause d'une crise économique, le gouvernement bloque les comptes bancaires et donc tout le financement de la coopérative. Lorsque les villageois comprennent que le banquier était au courant en avance et a gardé l'argent pour lui, ils décident de récupérer le magot. Évidemment rien ne se passe comme prévu...
Un film qui a cartonné en Argentine, certainement car il exorcise et venge une douloureuse période, celle du corralito, où le peuple argentin s'est retrouvé ruiné par son gouvernement. La bande de pieds nickelés et les rebondissements catastrophiques rappellent les frères Coen et les films sociaux anglais comme The full monty. L'organisation du braquage fait penser à un Ocean eleven du pauvre, mais en moins rythmé, et avec des acteurs moins sexys (des vieux édentés, des frères attardés, mais mené par l'acteur Argentin le plus connu, Ricardo Darin (Dans tes yeux). Un film sympathique, mais qui finit par s'essouffler, dommage.
Gold de Stephen Gaghan
Un chercheur d'or vend tout ce qui lui reste pour partir dans une jungle au bout du monde, persuadé qu'il trouvera enfin la fortune.... Le film s'inspire vaguement d'une histoire vraie incroyable qui a tout pour plaire. Malheureusement Conaughey cabotine un peu trop, (était-il aussi nécessaire de se rendre chauve et ventru ?) et les multiples rebondissements finissent par être poussifs aussi. Paradoxalement, malgré ses excès, la mise en scène reste relativement sage et un peu toc. Un bon divertissement néanmoins.
15:57 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma américain | | Facebook
14/01/2021
C'est l'hymne de nos campagnes
Danse avec les loups de Kevin Costner
Un classique, une ode à la nature, à la tolérance, à la liberté... Le tout sublimé par la musique de John Barry (Out of Africa). La mort du loup reste parmi mon top ten des traumatismes d'enfance. Chaussette♥ a jamais dans nos coeurs (voir en lien la scène de danse avec Chaussette).
Marche avec les loups de Jean-Michel Bertrand
Danse avec les loups m'a donné envie de voir ce documentaire, où Jean-Michel Bertrand passe deux ans à suivre les traces d'un loup solitaire. Lorsque des louveteaux naissent dans une meute, les adolescents doivent laisser leur place et partir créer leur propre famille plus loin. Dans ses Alpes natales, le cinéaste dispose ses caméras sur les lieux de passages supposés des animaux sauvages. Les appareils se déclenchent au moindre mouvement et alertent leur utilisateur sur son téléphone. On voit ainsi un cerf, un sanglier, puis un loup curieux reniflant en gros plan la caméra. Jean-Michel Bertrand attend patiemment le loup, pendant 2 ans ! On le voit vivre en harmonie avec la nature, Il s'installe dans une grotte avec une vue magnifique, ramasse des truffes grosses comme le poing qui paieraient une semaine de salaire et s'en fait tranquillement une omelette...
Comme Danse avec les loups dont le titre fait évidemment référence, le fim est un hymne à la bienveillance pour la nature. Pourtant, avant même sa sortie, il a provoqué un tollé chez les bergers et le réalisateur a reçu des menaces de mort...
Le film n'aborde pas seulement les loups, mais aussi les lynxs♥ Le documentariste déplore également le triste sort réservé aux blaireaux, gazés dans leur terrier, alors qu'ils se nourrissent essentiellement d'insectes. De même, les renards sont massacrés en France, la fédération de chasseurs de Charente-maritimes accordant une prime à tout chasseur rapportant 35 queues de renards roux, et un prix de 500 euros à celui qui en tuera le plus. Le renard se nourrit pourtant essentiellement de souris, mais on le classe en nuisible, et parallèlement on inonde la terre de produit de dératisation qui empoisonnent les sols, les plantations, donc les humains (la France est le premier consommateur européen de pesticides)...
L'appel de la forêt de Chris Sanders
Dans la lignée des films sur la nature, je me lance dans cette adaptation de Jack London (Croc-blanc). On suit ici le périple d'un chien volé à une riche famille californienne pour tirer un traîneau en Alaska, pendant la ruée vers l'or des années 1890. il est d'abord recueilli par un gentil postier (Omar Sy, dans son éternel rôle du bon gars qui sourit tout le temps) puis par Harrison Ford, Indiana Jones qui a pris 105 ans dans la gueule, buriné et barbe blanche, qui comme aventure se contente de passer son temps assis sur son fauteuil à picoler.
Une adaptation édulcorée, qui plaira plus aux enfants qu'aux adultes. Les personnages sont manichéens, le méchant est très méchant, comme le veut un film Disney. Le chien est en image de synthèse et l'acteur Terry Notary (qui se prend pour un singe dans The square) joue le chien avant sa numérisation. Il lui prête des expressions humaines, cet anthropomorphisme est assez dérangeant. A tout moment je m'attendais à entendre le cabot parler....
07:18 Publié dans Les gentils animaux, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, nature, écologie | | Facebook
13/01/2021
Selfie, de l'influence du numérique sur les honnêtes gens
Le sujet me rappelle l'essai brillant, limpide, à lire absolument, de Marie-France Hirigoyen (la spécialiste du harcèlement, j'adore ses livres) : les Narcisse, ils ont pris le pouvoir. J'ai choisi ce film pour son sujet qui me parle énormément, et parce que c'est une comédie avec des acteurs que j'apprécie : Sébastien Chassagne, anti-héros de l'excellent Irresponsable, et Fanny Sidney, Camille dans 10 %. Heureusement que je ne me suis pas fiée à l'avis des critiques, plutôt péjoratif. Le film est pourtant drôle, visionnaire, corrosif. Selfie est pour moi une sorte de Black mirror comique. Je ne vois qu'une explication aux mauvaises notes : il y a que la vérité qui fâche ? Certains critiques trop narcissiques n'ont aucune dérision ? Voir les teasers des sketchs en lien :
Le premier sketch est à l'image de son actrice principale : grinçant. Blanche Gardin et celui qui incarne son mari mettent en scène sur leur chaîne Youtube "le combat" de leur enfant contre une maladie orpheline. Grâce aux succès de leurs vidéos, ils reçoivent de nombreux cadeaux prestigieux. Une dénonciation acerbe de l'hypocrisie et de la course aux like sur les réseaux de ceux qui exposent leur vie sans aucune décence. Les expressions à la mode agaçantes sont reprises : "c'est une belle personne" "il est dans nos coeurs" "eco friendly" etc...
Le deuxième sketch, mon préféré, est réalisé par Marc Fitoussi, dont j'ai beaucoup apprécié Pauline détective et Copacabana. On retrouve son humour foldingue et son goût pour les personnages féminins extravagants, à travers Elsa Zylberstein, qui incarne ici avec brio une prof de lettres romanesque et démodée. Celle-ci ne sait même pas se servir d'internet, ses élèves se moquent d'elles sur les réseaux. Lorsque le gouvernement impose un passage au numérique aux enseignants, la prof découvre Twitter. Quand la star youtubeuse (Max Boublil) adorée par ses lycéens passe à la télé, l'enseignante commente sur Twitter sa syntaxe déplorable. Commence alors une relation épistolaire sur le réseau social, entre cette enseignante romancière frustrée et ce jeune inculte....
Autre problème dû au numérique, Manu Payet commande sur internet tout ce que l'algorithme d'un site d'achat lui propose, persuadé qu'il connaît ses désirs mieux que lui. Ce serait probable, à en croire par exemple Comment Trump a manipulé l'Amérique. Ce documentaire révèle que "sur Facebook, avec 10 likes, l'algorithme vous connaît mieux que vos collègues. Avec 100, mieux que votre famille, et 230, mieux que votre conjoint"....
Les algorithmes sont aussi le sujet d'un sketch sur les sites de rencontre : on ne peut matcher qu'avec les gens qui possèdent la même note que nous, chaque rencontre est orientée. Comme le dénonce Judith Duportail dans son livre l'amour sous algorithme. Elle révèle que les sites de rencontre ne proposent pas à un homme une compagne plus diplômée que lui, ou plus âgée. Pour obtenir une note équivalente à un homme, une femme doit avoir 10 ans de moins que lui, et gagner moins d'argent. A l'inverse, un homme qui a 10 ans de moins que la femme, et gagne moins d'argent qu'elle, sera moins bien notée qu'elle. Comme le commente l'écrivaine : "un homme riche avec une jeunette, mais pas de réciprocité : c'est le modèle patriarcal des relations hétérosexuelles".
Dans le dernier sketch, Smileaks, le plus black mirroresque, le plus effrayant, le piratage d'un réseau social révèle au grand jour tous les messages échangés par les utilisateurs.... Les masques tombent et chacun découvre ce que ses amis et collègues disent de lui derrière son dos, ou les véritables activités de son conjoint...
En résumé, je vous conseille Selfie, en ce moment sur Canal+. Une comédie qui a parfaitement capté l'air du temps !
16:14 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinéma français | | Facebook
12/01/2021
La belle époque
Victor (Daniel Auteuil) ne comprend plus le monde actuel. Lorsque sa femme (Fanny Ardant) le quitte, il fait appel à une entreprise qui permet à ses clients de revivre l'époque qu'ils souhaitent, à travers des comédiens et décors spécialement recrées pour eux. Victor choisit de retourner un soir des années 70, où il a rencontré le grand amour....
Un film original, nostalgique, émouvant et drôle, mais à l'image de son réalisateur Nicolas Bedos : ultra narcissique, englué dans son microcosme bourgeois, souvent vulgaire. Quel outrage de voir la si distinguée Fanny Ardant prononcer des insultes très crues par exemple...
Le prix élevé des reconstitutions est souvent évoqué, sans jamais être détaillé. On sait juste que Victor emprunte à son fils : "ça remboursera toutes les vacances que je t'ai payées" (mais le gosse partait où ? Aux Maldives ? Parce que ma mère m'envoyait chez ma grand-mère à la cambrousse à 1 h de Lyon, ça coûtait juste 30 francs de billets de train...) Le pire, pour financer sa nouvelle lubie, le héros doit revendre un de ses apparts sur la côte d'azur ! Juste le décor d'une seule soirée coûte 35 000 euros ! Mais combien coûte toute la prestation alors ? ça fait cher la soirée de souvenirs ! qui aurait les moyens de se payer ça ? Bedos vit clairement dans un autre monde...
Le plus embarrassant dans le film est l'histoire "d'amour" entre le réalisateur (Guillaume Canet) et sa comédienne, incarnée par Doria Tillier, qui n'est autre que la compagne de Nicolas Bedos. Il semble évident que Bedos met en scène leur propre histoire, et cet exhibitionnisme malsain est très gênant. Tillier roule de grosses pelles à Canet, se retrouve à poil sur lui dans un lit à de nombreuses reprises, et c'est son mec qui filme ça ! Bedos fantasme sur le proxénétisme, sur le ménage à 3, sur Guillaume Canet ? Il pense sans doute qu'il présente une folle histoire de passion, comme il étale leur relation dans les médias (on se rappelle de l'époque où Doria Tillier lavait son linge sale en direct sur Canal, faisant référence au livre de Bedos qui parlait d'elle comme d'une simple amie : "je ne savais pas qu'on suçait les potes !")
Non, La belle époque ne retrace pas un amour passionnel, mais juste une sombre histoire de jalousie et de tromperies. Le couple passe son temps à se disputer violemment, à se séparer, pour se réconcilier sous la couette (et encore sous la couette... ils s'engueulent et s'embrassent fougueusement en public, que voulez-vous, c'est la passion incontrôlable qui veut ça ! Non : l'exhibitionnisme.) Canet/Bedos trompe sans vergogne sa compagne, mais c'est lui qui se permet de faire des crises de jalousie, persuadé que sa copine couche avec Auteuil, qui pourrait être son père. Canet a le droit de se taper ses employées, mais l'inverse n'est pas autorisé ! (Normal, c'est un artiste tourmenté, et toutes les filles sont folles de lui, il fait preuve d'acte de bonté en couchant avec !) Il se fait pardonner par de grandes déclarations d'amour. Je vérifie sur le net, aux dernières nouvelles, Bedos et Tillier se seraient enfin séparés.
Le film est censé se concentrer sur le personnage d'Auteuil, sur la nostalgie d'une époque et d'un amour perdu, et ces thèmes sont bien traités. Malheureusement, ils passent au second plan, car le narcissisme de Bedos et son couple sordide prennent le dessus. Je n'ai toujours pas trouvé le courage de regarder son autre film, monsieur et madame Adelman, car la mise en scène impudique de leur relation glauque m'exaspère.
Heureusement que Daniel Auteuil, toujours mesuré et sympathique, apporte un peu de douceur et de romantisme à La belle époque. La reconstitution et l'aspect mélancolique m'ont plu, même si les rebondissements et le dénouement sont un peu trop alambiqués.
17:51 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinéma français | | Facebook