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12/03/2015

Baby-sitting, 6 ans après (fin ?)

baby sittingMoi, avec une timide voix d’enfant : - Mais… sortir avec un garçon… vous vous faites des bisous ?
Réponse de la fillette, classée dans mon top 10 des répliques 2015 :
- Ça va pas non ! On n’est pas des dégueulasses dans mon école !

Mais tu as totalement raison ! Si on lit « Tu mourras moins bête, tome 2, quoi de neuf docteur Moustache ? », à la question « pourquoi est-ce qu’on s’embrasse avec la bouche ? » on apprend qu’avec un baiser on échange 278 souches de bactéries ! C’est trop dégueu ! N’embrasse jamais un garçon si tu veux sauver ta peau ! Jamais tu entends, fuis ces créatures ! La B.D nous enseigne aussi qu’on choisit des gens dont le système immunitaire est éloigné du nôtre, que ça préserve des maladies etc… Mais c’est quand même dégueulasse ! Ne sors jamais un garçon !

Moi, soulagée : - Aaaaahhh… mais qu’est-ce que tu appelles sortir alors ?
Lola, comme si c’était évident - Ben, on sort ensemble dans la cour ! Puis on va ensemble à la cantine !
- Ah d’accord. Donc moi je sors avec la moitié de mes collègues.
- Mais c’est quoi sortir en fait ?
- Euh… eh bien on a regardé La boum l’autre jour (je la trouvais un peu jeune, mais la mère a voulu lui montrer son film préféré). Tu te souviens lorsque Sophie Marceau explique à son arrière-grand-mère Poupette « sortir avec un garçon, ça veut dire l’embrasser sur la bouche ! »
- oui, j’étais pas sûre… et c’est tout ?
- Hum… Mélinda attend notre avis sur cette question cruciale : doit-elle sortir avec Killian ?

baby sittingLola lui répond : - Non non non ! (répété en capitales sur trois lignes) il est tro tro moche ! (écrit 28 fois) 
Moi : - Mais arrête ! Elle le trouve peut-être très bien elle !
Mélinda : - Moi je le trouve tro bo
Lola : -  Alors oui oui oui (répété 42 fois sur 5 lignes)
Moi : - C’est pas le critère principal. Il est gentil, intelligent, ils ont des goûts en commun ?
- On s’en fiche, tant qu’il est beau !
Je m’empiffre de chips pour passer ma déception et ne pas répliquer. Le chat vient me sentir le museau.
Lola : - Le chat sort avec toi !
- Avec ton chat, c’est le grand amour. Il ronronne, met sa truffe contre mon nez, il frotte sa tête contre la mienne, me lèche les cheveux... et comme il est vraiment en confiance, il me montre son ventre. Mais si tu veux prouver ton affection, je te déconseille de faire pareil avec un mec…

Mélinda : - Je sais pas si je suis amoureuse !
Lola : - comment on le sait ?
Moi : - ouh là ! Eh bien par exemple, est-ce qu’elle pense à lui souvent ?

Deuxième réplique culte de l’année, réponse de Mélinda :
- Je sais pas, tous les trois ou quatre jours… (c’était les vacances scolaires)
Je pouffe en recrachant une bouchée de chips, et le chat s’empresse de tout nettoyer.
Lola : - alors oui oui oui (etc)
Moi : - Mais… 3 ou 4 jours, tu appelles ça souvent ?
- Ben oui ?
- Donc je suis amoureuse du facteur quand j’attends mon courrier, de la caissière de Franprix…  et de mon patron et de tous mes collègues évidemment.
Sinon, est-ce qu’elle se sent bizarre quand elle le voit ? Plus timide, émue, elle ne sait pas quoi lui dire ou au contraire elle parle beaucoup et dit des bêtises ?
Lola : - Mais de quoi tu parles ?
- Ouf, on n’en est pas à ce stade. Ça t’a fait quoi quand Damien t’a demandé de sortir avec lui ?
Lola : - J’étais gênée parce que toutes mes copines ont rigolé, mais après j’étais contente, parce qu’il est trop bo.
- Je pense que c’est l’homme de ta vie. Autant d’amour, de passion… »

Au final, Mélinda a conclu qu’elle était amoureuse de Killian. On a mangé le poulet, avec le chat sur mes épaules, qui m’a encore piqué ma viande pendant que j’allais chercher de l’eau. Le garçon a regardé le hobbit jusqu’à la fin, 22h20, et les enfants se sont couchés sans se laver les dents, parce qu’un tube de dentifrice, c’est dangereux.

 

11/03/2015

Baby-sitting, 6 ans après (épisode 3)

baby sitter.jpgJ’entends le « ponk » d’une conversation Internet. Je lis sur l’ordi :
« Mélinda2004 : - Ya Killian qui veut sortir avec moi… Mais je sais pas si je suis amoureuse… »
Curieuse comme un chat, je colle mon nez à l’écran : -OoOoOoOOhh ? C’est qui, c’est quoi ?
Je lis toute une conversation, à propos d’un papier anonyme qui a circulé en classe : « Mélinda je t’aime, est-ce que tu m’aimes aussi ? » Puis Maélys a révélé à Mélinda pendant la récré que c’était une déclaration de Killian, mais Mélinda ne savait pas si c’était vrai, mais après Killian a envoyé Léo pour lui demander si elle voulait bien sortir avec lui, etc…
NDLR : Votre aimable serviteur traduit le dialogue qui suit, car il était écrit en langage sms avec des fôttes d’auretaugrafe à tous les maux. Mes yeux saignaient.

Moi : - Mais dis-donc, c’est les feux de l’amour ! Attends je vais chercher le paquet de chips et m’installer comme au cinéma !
Je pars dans la cuisine, le chat aux trousses (si jamais je lui lâchais un bout de poulet). La viande n’est toujours pas cuite : on a le temps de peaufiner notre feuilleton à l’eau de rose. Je jette un coup d’œil dans le salon, le garçon est toujours scotché devant Le hobbit. Je retourne dans la chambre, la petite, Lola, a fermé la porte. Lola ! Je suis qu’un fantôme, quand tu vas où je suis pas ! Tu sais ma môme, que je suis Morgane de toi.

Moi : -Hé ! Je te signale que je suis ta baby-sitter et que je suis censée te surveiller hein…
Lola : - Oui mais c’est secret, si Mélinda savait que tu lis...
- T’inquiète pas, je dirai rien à personne (juste au monde entier sur Internet).
Bon, analysons sérieusement la situation. Déjà, c’est qui cette fille ? » Je pose le chat que je tenais dans mes bras pour pouvoir danser la chorégraphie de Clo-Clo, qu’on peut voir en lien : « elle a les yeux bleus, Bélinda ! Elle a le front blond Bélinda ! » (j'adore cette chanson)
Regard consterné de la fillette signifiant « ma baby-sitter a 5 ans et demi ». Regard étonné du chat : mais que fait-elle ? Elle veut jouer avec moi ?
Moi : - j’ai du mal à coordonner le lancer de jambe avec le bras à la fin du refrain, on ne dirait pas mais cette danse est difficile, ça fait des années que je la travaille… aaah mais qu’il est con ce chat, il me mord le pied! »
La petite corrige mentalement : « non, en fait ma baby-sitter est timbrée. »

Lola : - c’est Mélinda, elle est dans ma classe. Je sais pas quoi lui dire.
Le chat saute sur le clavier.
- kkljifjk ;xnlkqcnjknui           
Moi : - Le chat a envoyé la bonne réponse.
Mélinda2004 : -  J’ai pas compris. Je fais quoi ? Je sors avec lui ?

Moi : - mais… elle sort déjà avec un garçon ? A dix ans ?!
Lola : Ben oui, je sors bien avec Damien moi.
Hein ! Déjà ! Et dire que lorsque je l’ai connue, elle n’avait que 4 ans, elle jouait innocemment à peigner son petit poney ! et là, voilà, 10 ans, et c’est une fille perdue ! Mais ça, c’est la faute de Violetta ! A son âge, je jouais encore au loup, au fromage est battu, à la balle au prisonnier (j’étais super forte pour esquiver), enfin des trucs bien plus intéressants que les garçons! Lola, « attends un peu avant de te faire emmerder par ces petits machos qui pensent qu’à une chose, jouer au docteur non conventionné »…

Moi, avec une timide voix d’enfant : - Mais… sortir… vous vous faites des bisous ?
Réponse de la fillette, classée dans mon top 10 des répliques 2015 :
- Ça va pas non ! On n’est pas des dégueulasses dans mon école !

Suite et fin demain

 

10/03/2015

Baby-sitting, 6 ans après (épisode 2)

baby sitting.jpegPlus de six ans après, je garde toujours régulièrement ces enfants. Leur mère m’a dit « on ne veut que toi : les enfants t’adorent, je t’adore, même le chat t’adore… 
- Ah ben moi je vous déteste.
- ?
- Non je rigole ! (je cultive toujours un humour très fin et approprié aux situations n’est-ce pas).

A l’époque, en relisant ma note, je m’aperçois que j’étais une baby sitter modèle. Je jouais avec les enfants, je vérifiais si ils mangeaient convenablement, s’ils se lavaient bien les dents avant d’aller se coucher. Je culpabilisais parce qu’ils étaient au lit à 21h36 au lieu de 21h30, je leur lisais des histoires (j’ai mimé beaucoup de scènes de Harry Potter).

Aujourd’hui, Les petits adorables et obéissants sont devenus des pré-ados de 10 et 13 ans… ils ont un tantinet changé…
Ils rechignent à tout : faire leurs devoirs, se laver, se coucher, et partent au lit en emportant leur ipad en douce pour jouer jusqu’à minuit passé. Avant ils me montraient consciencieusement leurs dents pour prouver qu’elles étaient bien brossées. Désormais ils restent environ deux minutes 30 dans la salle de bain et évidemment je ne peux pas rentrer pour vérifier : « mais tu t’es bien douché ? Et les dents ? » Enfin, vu qu’un tube de dentifrice peut empaler ses utilisateurs, je comprends leur réticence.

baby sitting casquette.jpgJ’ai du mal à les décrocher de la télé :
- Encore devant l’écran ? Vous n’avez pas enlevé vos chaussures ! Et les pieds sur la table, c’est sale, et arrêtez de vous goinfrer de nutella, on va bientôt dîner, rah la tache sur le canapé !
- scronch.
- vous voulez pas jouer aux cartes plutôt ? Aux dames chinoises ? J’ai amené mon jeu…
- scronch.
- Vous regardez quoi ?
- Le Hobbit, on vient de commencer. Papa veut bien que j’aille voir le 3 en Imax, mais il faut que quelqu’un m’accompagne, tu viendras ?
- être payée pour aller au ciné ? Je me tâte ! Faut que je révise alors : ok, je veux bien qu’on regarde le film ce soir… il dure pas trop longtemps ?
- 3 heures.
- 3 heures ?! mais ça vous fait dormir trop tard, ah non…
- mais allez, on est samedi…
- que la moitié alors, vous verrez la suite demain (et moi pendant que vous serez couchés)
Première scène, première mort.
- Euh… c’est pas un peu violent pour ta petite sœur ? (je m’adresse à elle) tu veux pas qu’on joue à quelque chose ?

violetta.jpg- je vais regarder Violetta sur l’ordi !
- Qu’est-ce que tu lui trouves à cette pét… cette pou… enfin cette fille qui n’est pas du tout superficielle, obsédée par la gloire, les fringues, ment et manigance des coups foireux avec ses copines ? Puis elle est fille de millionnaire, a des domestiques… la vie simple du commun des mortels donc.
- Mais justement, elle fait rêver ! Puis elle est trop belle ! Trop bien habillée !
- Tu te vois sapée comme ça pour aller à l’école ? Tu serais ridicule. Et son sourire ultra bright avec ses dents parfaitement blanches et alignées… Elle fait fausse, pas naturelle.
(J’ai vérifié auprès de ma nièce de 9 ans, elle ne regarde pas cette série : « je ne comprends pas l’intérêt.» Ouf, l’honneur est sauf.)
La petite écoute Violetta et se met à beugler le générique : « ahora sabes que yo no entiendo lo que pasa… » Au moins elle apprend l’espagnol…

Je bats en retraite : « je vais préparer le dîner. Tu ne regardes qu’un épisode hein ? »
30 minutes après, je me débats toujours avec mon poulet, comme OSS 117 avec son croco : « ça cuit pas cette connerie là ? Mais pourquoi ça cuit pas ? » Le chat m’offre une aide précieuse, montant sur la gazinière et donnant des coups de patte dans la viande.
Le garçon vient dans la cuisine :
- On mange bientôt ? On mange quoi ?
- Du poulet avec des patates, mais c’est pas prêt ! « Moi je suis dans le poulet, et rien qu’au niveau du poulet, c’est un bordel… »
- ?
- Si t’as faim t’as qu’à essuyer tout le nutella que t’as étalé sur ton visage, comment t’as fait pour t’en mettre partout… « Simon, tu as un bout de pomme de terre sur la joue. »
- ?
- On peut manger la salade en attendant, tiens va mettre la table pendant que je prépare la sauce.
- oh non, j’aime pas la salade !
- je réchauffe les haricots alors ?
- j’aime pas !
- Mais il faut bien manger des légumes…
- J’aime pas les légumes !
Et il repart voir son film, en piochant dans un sachet de chips qui traînait, et sans prendre les assiettes au passage.

Je retourne voir où en est la petite, avec le chat dans les bras pour l’empêcher de bouffer le poulet (un jour alors que je me levais de table pour chercher de l’eau dans la cuisine, le chat en a profité pour me piquer mon steak entier dans mon assiette et l’a boulotté sous le fauteuil, comme les chats que l'on voit sur ces images.)
- Tout va bien, je pense qu’on peut manger dans 3 ou 4 heures. Tu fais quoi ?
La fille regarde un jeu internet, qui consiste à acheter des fringues virtuelles. Elle sélectionne des vêtements, habille un personnage, puis met les habits dans un panier, avec un prix exorbitant qui s’affiche. Comment devenir une parfaite pouf consommatrice décérébrée.
Moi : - M'enfin ?! Qu’est-ce que c’est que cette horreur ?!
- C’est trop bien ! Han ! Cette robe est trop belle !
- Ah, c’est une robe ce truc ras la tou… enfin c’est un peu court non ?
- Laquelle tu préfères ? J’adore le haut violet à paillettes, avec le pantalon léopard.
- Oui, des imprimés très coordonnés, puis discrets, simples, qu’on peut mettre en toutes circonstances… très distingués…

J’entends le « ponk » d’une conversation sur Internet. Je lis sur l’écran :

« Mélinda2004 : - Ya Killian qui veut sortir avec moi… Mais je sais pas si je suis amoureuse… »

Suite demain

 

28/04/2010

Papillote productrice de cinéma, suite

valse pantins.jpgSuite de lundi : alors que j’essaie de me débarrasser du pseudo réalisateur, la mère des gosses arrive et en rajoute une couche…
Femme : « Mais ouiii ! Donnez-lui le numéro de téléphone de votre pote ! »
ce dernier sera ravi d’être dérangé en plein boulot par un crétin.
Moi : - je vais plutôt donner son mail… Il a beaucoup de travail et…
Femme : - Justement ! Un mail prendra encore plus de temps ! Le téléphone c’est mieux !
Si je n’avais pas le cerf-volant, euh, le cerveau lent (je ne sais pas conduire, pas même un cerf-volant) j’aurai répondu : «il vaut mieux un mail pour envoyer le scénario»

Le surlendemain, mon pote me signale en rigolant :
-  Au fait, j’ai oublié de te dire, j’ai reçu un coup de téléphone un peu dingue hier… »
Il me transcrit la conversation :
« il me disait : « tu verras, c’est le film du siècle! Je t’engage pour le produire ! » Je lui ai demandé d’envoyer son scénario, il se défilait en me disant que c’était à moi de lui fournir mon C.V pour prouver ma motivation ! Comme si c’était moi qui étais en demande ! Quand on bosse de près ou de loin dans le ciné, on rencontre pas mal de personnes bidons qui veulent faire leur film. Lui, il concourt pour la palme d’or du paumé !»

Quand je la revois, la mère des gosses me dit :
- il paraît que mon ami a téléphoné à votre copain et que ça c’est très mal passé ?
- Ah bon ? il ne m’a pas dit ça… il était détendu et cordial…
- Parce que mon ami m’a téléphoné très remonté. Il m’a dit qu’il comptait faire appel à votre copain (parce qu’il est le seul contact dans le ciné qu’il connaît) parce qu’il voulait impérativement un jeune pour le suivre, car il faut avoir les idées larges, l’esprit ouvert et beaucoup d’ambition pour son film. Mon ami n’a pas voulu envoyer son scénario (faudrait déjà qu’il en est un) parce qu’il pense que votre copain voudra lui piquer son histoire car elle est géniale »

J’apprécie qu’on traite mes amis de vieux con obtus, pleutre et voleur alors que c’est pourtant EVIDENT :
Moi : « - Mais on ne donne pas de l’argent à un inconnu qui n’a jamais touché une caméra de sa vie sans lire son scénario ! Et vous savez combien ça coûte un film ? On ne sort pas l’argent comme ça ! Il plane complètement votre pote !
Femme : - Votre copain a parlé d’organismes qui financent les films, je sais pas quoi…
- Oui, le CNC, les régions…
- Le C quoi ? on n’y connaît rien… »

Oui effectivement vous n’y connaissez rien, on est vraiment trop gentils d’écouter vos délires et de consacrer deux notes de blog sur vous…
Bref, auprès de toutes les gonzesses qu’il baratine, le crâneur à la ramasse se la joue artiste maudit et incompris de ces salauds de producteurs de cinéma comme mon pote. Qui n’en n’est pas un.
Peut-être qu’un producteur, moins sympa, va lui rabattre son clapet…

Quiz on connaît la chanson dédicacé à Mélanie : des paroles se sont glissées dans le texte, qui en est l’auteur ?

26/04/2010

Papillote productrice de cinéma

king of comedy.jpgLa mère des gosses me demande :
- Vous êtes dans le cinéma, vous ?
Ouiiiii… d’ailleurs je vous présente mon assistant (l’enfant de 2 ans) ma secrétaire (la petite de 4)…
- Vous avez des amis dans le milieu alors ? Parce que j’ai un copain qui veut faire un film. Bon par contre je vous préviens : il est fou.
Déjà qu’elle ne correspond absolument pas à ma définition de la normalité, je n’imagine même pas qui est considéré comme timbré par elle…

Le lendemain le téléphone sonne pendant le baby-sitting :
Moi : - Madame Truc n’est pas là. Je peux prendre un message ?
Voix traînante de crâneur : - Naaaaan…. C’est à toi que je veux parler…
Moi : - Ah… vous êtes qui ?
Le « fou ».
Le type m’explique qu’il est « un artiste tu vois » « j’ai trop plein d’idées dans ma tête » « je vais faire un carton… » « Mon film va être génial »
Moi : - Ok. Et c’est quoi ton scénario ? T’as fait quoi d’autres comme film ?
Type : - Aucun. Nan mais pour l’instant j’ai pas trop écrit l’histoire…  j’suis un autodidacte moi… »
Heureusement un gamin se met à hurler au même moment :
Moi : - j’entends rien, les enfants se battent…
Type : - ah oui t’as peut-être du boulot là…
Moi : - exactement. Je te laisse. »

Il a rappelé tellement souvent que je reconnaissais le numéro et ne répondais plus.
Puis un jour, je rentre de l’école avec les gosses. Je trouve un mec affalé sur le fauteuil, une bouteille de rouge à la main.
Le pseudo cinéaste. Merci de me prévenir. Impossible de me dérober. Il est tel que je l’imaginais : un prétentieux complètement à la ramasse. Il prend la pose comme s’il était sous les projecteurs. Bref, trop facile de remettre ce branleur à sa place…

Tout en se bourrant la gueule devant les gosses, il me tient un discours incohérent. Il a tout fait dans sa vie (à 35 ans passés, il n’a exercé que 2 ou 3 petits boulots). Il est très intelligent et plein d’avenir (il n’aligne pas trois mots correctement et n’a même pas son brevet des collèges). Il a pas mal bourlingué, il a fait le tour du monde (c’est un quasi SDF sans maison, sans famille et sans travail).
Pour couper court à son discours ridicule, je propose de lire un bout de son scénario. Il me montre d’abord un truc qui ressemble à une rédaction de CE1, avec des fôttes d’auretografe tous les trois mots. Puis il me dévoile le début de son « chef d’œuvre, le film de sa carrière » :
« Je te préviens, il est en anglais parce que comme j’ai vécu (deux jours) aux States cette langue me parait plus naturelle maintenant. Ca ira, tu pourras comprendre ? »
Jean-Claude Van Damme, sors de ce corps.

Je jette un coup d’œil. J’essaie de lui expliquer poliment qu’un scénar s’écrit avec un minimum de règles…
Type : - Oui sûrement, mais moi tu vois, j’écris comme je veux, je sors des sentiers battus moi… J’ai une idée qui à mon avis fera un film de six heures…
Moi : - Faudrait déjà que tu réalises un court-métrage de 10 minutes avant de te lancer dans une épopée ! »

Ne comprenant toujours pas son délire, il s’imagine sans doute que c’est moi la pauvre fille qui n’y connaît rien. Il veut parler directement au pro :

à mon pote qui bosse dans la production…

Suite demain

Nouveau ! Quizz On connaît le film : pourquoi l'affiche de King of comedy (la valse des pantins en V.F) illustre t-elle cette note ?

20/02/2010

Le tombeur de ces dames

tombeur.jpgSouvenez-vous du gosse qui sait tout
A 5 ans, mon neveu connaissait les noms des fleurs, des  poissons, des insectes… et tous les noms d’oiseaux. (Non, pas les insultes, les bestioles à plumes)
Ensuite, son institutrice a enfoncé le clou : « Il a réussi TOUS les examens pour le passage en CP...100 % de bonnes réponses...il est TRES TRES loin devant les autres… ah ça, vous pouvez vous la péter d’avoir un fils pareil … »
Ce que je n’avais pas noté à l’époque (je trouvais ces flatteries bien suffisantes, non mais) c’est que la prof a rajouté :
« En plus, il est A-DO-RA-BLE. Il est gentiiil ! et poliiiii ! Il est tellement doux, il s’intéresse à tout… » Vous remarquez le bel alexandrin qui rime. La maîtresse compose peut-être une Ode à mon chouchou.

Cette année en CP, la fille de l’institutrice est dans la même classe que mon neveu. A force d’entendre sa mère vanter ses mérites et le citer en exemple… Elle a décidé que mon neveu était son amoureux.
Ainsi que Maélys, Candice et Brice (non, le dernier était pour la rime)
Le problème, c’est que mon neveu n’est pas d’accord du tout :
« La fille de l’instit, elle m’embête, elle me colle trop. Elle est tout le temps avec moi. (Comme par hasard, la prof les a installés côte à côte en classe)

Non, celle que mon neveu aime, c’est Lola. Car il n’est qu’un fantôme quand elle va où il n’est pas. Tu sais ma môme, que je suis Morgane de toi.
Lola est la fille du réparateur télé-ordinateur-installateur du câble.

enfants amoureux.jpgUn jour, le père de Lola vient chez mon frère pour installer Canal Satellite pour noël, c’est un cadeau exceptionnel. Il est accompagné de sa fille. Lola part jouer avec mon neveu.
Plus tard, elle revient et annonce aux parents : « il a essayé de me faire un mimi sur la bouche. »
Mon neveu hausse les épaules et réplique sans se démonter, sur un ton snob :
« Je pensais que c’était une bonne idée. »
Quoi ? Mon neveu ? ce petit garçon bien sage et tout timide, ce petit intello, ce rêveur, est en fait un tombeur, un play-boy ?

Mon frère (donc le père de mon neveu, hein) lorgne du coin de l’œil le réparateur télé (donc le père de Lola) pour voir s’il va pas lui péter la gueule, ou du moins sa télé. Meuh non, le père rigole.

Le lendemain, dans la cour de récré, Lola se dirige vers mon neveu. Elle lui prend la main, se penche vers lui et lui fait un bisou sur les lèvres. Après, euphoriques, les deux amoureux se promènent dans la cour, bras dessus bras dessous. Depuis, ils se tiennent tout le temps par la main dans le rang et dans la cour. Ils étalent leur bonheur à la face du monde.

La fille de l’instit est toute triste.
Du coup, je ne sais pas si mon neveu reste le chouchou de la maîtresse.
Je vous dirai si les appréciations et les notes ont baissé sur le bulletin aussi.
Au même âge, mon frère trouvait que les filles étaient  gnangnans à jouer avec leur petit poney et leur Barbie. Moi à 6 ans je trouvais que les garçons étaient vraiment cons à jouer à des trucs débiles et brutaux comme le foot et la guerre. Un amoureux ? Pfouh, vous n’y pensez pas. On avait d’autres chats à fouetter à notre âge.
Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout… Moi, j’ai un piège à filles, un piège tabou…

Quizz "On connaît la chanson" : deux tubes et un jingle publicitaire se sont glissés dans ce texte. Saurez-vous les retrouver ?

28/11/2008

Un baby-sitting gore

Samedi soir, je bosse. Enfin, mon boulot consiste à jouer à « croque carottes » avec des gosses, je fais du baby-sitting. Éreintant.

La mère me dit : « Les enfants doivent être couchés à 21h30 au plus tard ». H-5, les petits refusent d’abandonner la partie de « stop ouistiti ». Je n’insiste pas trop : comme ça je m’occupe des gosses. Je ne suis pas payée juste pour lire pendant qu’ils dorment. Et puis c’est samedi. Et puis les parents ne le sauront pas…Je cogite : "21h30, ils devraient être couchés…"  Ils vont aux toilettes, se lavent les dents. Le fils se dirige vers son lit, la fille repose son tube de dentifrice… C’est bon, tout s’est bien passé. Il est 21h35. C’est pas pour cinq minutes… Allez vite, au dodo.

Et là, innocente, la petite me dit : « c’est quoi ça ? Sur le savon ? Du sang ? »
Je regarde brièvement, entraînant déjà la fillette vers sa chambre : « Je sais pas… Ca doit être du rouge à lèvres. » Tout en me disant qu’effectivement, ça ressemble à du sang, mais bon, on va pas chipoter, j’ai des enfants à coucher, et il est 21h36 ! »
Soudain, la petite hurle. « DU SANG ! DU SANG ! DU SANG PARTOUT ! »
En effet, j’en vois sur son pyjama, sur l’évier, par terre…
La gamine devient hystérique : « J’SUIS COUPEE ! J’SUIS COUPEE DU DOIGT! »
Et elle part en courant à travers la maison en semant du sang sur le sol.chucky.jpg
Zen comme d’habitude, j’imagine juste que son doigt pendouille et que son frère l’a découpé en scandant « redrum ! redrum ! ». Comme dans Shining.
Dans la réalité, la fille s’est simplement coupée avec... le bord du tube de dentifrice. Vous me direz, faut le faire. Moi, spécialiste des bobos partout, j’ai déjà réussi cet exploit.

Je cherche un désinfectant, des pansements…rien. Je pense : « C’est impossible ! Sa mère est  docteur ! Y en a forcément sous ton nez ! » La gamine hurle de plus belle, son frère est à deux doigts de faire une syncope. Dix minutes plus tard, je me résous à appeler la mère. Comme elle est au milieu d’une fête, elle n’entend pas son portable. Je m’efforce de laisser un message calme. Je force un peu la dose. Je chantonne d’une voix guillerette : « C’est juste pour savoir où sont les pansements, parce que la petite s’est un petit peu coupée » comme si je disais « C’est juste pour dire que c’est trop kikou lol avec les enfants ! Big bisous baveux ! Youpi ! »

Finalement je fais un bandage avec les moyens du bord. La petite se calme d’un coup. Elle enchaîne comme si rien ne s’était passé : « ze veux que tu me lises l’histoire avec la princesse ». Je m’exécute (pan !) tout en regardant discrètement la blessure. Oui, j’imagine encore que la coupure va se rouvrir et que la fillette va se vider de son sang dans la nuit…

Puis je remonte la piste de sang que la petite Poucette a laissée par terre. Je nettoie les gouttes sur le sol, l’évier, le mur. Comme une meurtrière qui fait disparaître la scène de crime. J’imagine les parents qui rentrent et qui voient le tableau : moi à quatre pattes par terre, en train de nettoyer le sang avec mon éponge, le t shirt taché de rouge, et je leur dis avec un grand sourire niais : « tout s’est bien passé ! Non, j’ai tué personne ! » (cliquez sur l'excellentissime pub "il ne faut pas se fier aux apparences")

Quand les parents rentrent pour de vrai, ils sont un peu inquiets : « ça a beaucoup saigné ? » . Pour ne pas les alarmer, je réponds  « non, pas du tout ». Il reste encore des preuves sur le tapis, j’avoue que « si, un peu ». Heureusement la mère est cool : « Le doigt ça saigne beaucoup… j’ai rien chez moi pour soigner...pour un docteur...les cordonniers sont les plus mal chaussés… »

Soulagée qu’elle le prenne si bien, prise dans mon élan d’honnêteté, je me lâche. Je laisse éclater au grand jour mes talents scénaristiques et mon goût pour les films d’horreur. En fait, pour minimiser l’incident, je raconte des détails avec l’humour et la légèreté qui me caractérisent (c’est ironique). La mère rigole, mais le père se sent mal : « Ah ! Non ! Raconte pas ! Je déteste le sang ! » Forcément, un parent ne ressent pas la situation de la même manière. Pour lui son enfant chérie avait échappé à la mort… Il n’aime pas le cinéma gore quoi.

Bref, pour une première garde dans cette famille que je ne connaissais pas, ça commence fort. Et bien sûr, les enfants qui devaient impérativement se coucher à 21h30, étaient au lit à 22 heures.

Voilà, c’était une de mes incroyables aventures inexistantes typiques : il ne s’est rien passé, mais j’ai réussi à imaginer le prochain scénario de saucisse, heu, saw 6. (Je sais, on l’a déjà faite celle là).