16/07/2019
Indochine, tentative d'explication de texte (suite)
Relire le début ici.
Indochine a le chic pour sortir des phrases absconses, mais aussi très sombres. Les paroles morbides donnent envie de se flinguer. Les mélodies sont au contraire très joyeuses et invitent à la danse. L'aspect schizophrénique ou bipolaire des chansons d'Indochine apparaît clairement dans Song for a dream, sa mélodie très entraînante, son air de comptine enfantine associé à des paroles déprimantes. Je vous laisse imaginer mon malaise lorsque j'ai surpris ma nièce de 5 ans tournoyer avec sa robe à fleurs en chantant de sa petite voix aiguë et innocente :
"Attaque mes rêves ou détruis mon âme
On fera un rêve incroyable !"
Oubliez le respect des rimes, oubliez le respect du nombre de pieds, Indochine marche dessus allègrement. Chaque phrase devrait comporter un nombre de syllabes identique pour harmoniser l'ensemble, à l'image d'un alexandrin par exemple, 12 pieds, une césure au milieu de 6 syllabes. Mais on a l'impression que le compositeur improvise la mélodie pour placer tout ce qu'il veut dire. On sent qu'il écrit son texte avant la mélodie, c'est la musique qui s’adapte aux paroles, pas l'inverse. Exemple :
On aura une vie incroyable
Je voudrais un rêve idéal (il n'a pas trouvé de rime en "able", je peux l'aider : un rêve formidable, un rêve de sable/câble/table/râble...)
J’aimerais être un guerrier, (6 syllabes) quelqu’un d’effrayant (5) (bah ça rime pas ?!)
J’aimerais que tu reviennes (6)
J’aimerais me sentir bien (6), accueillir des réfugiés (7) (mais où sont les rimes ?!)
Vous pouvez constater à l'écoute de la chanson que cette dernière partie ("accueillir...") sonne très mal, comme si elle était rajoutée. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe: "Tiens, dans l'actualité on évoque les migrants, faudrait que j'en parle dans ma dernière chanson ! Je l'ai déjà écrite, je vais rajouter un bout de phrase, ils vont y voir que du feu !"
Le chanteur passe du coq à l'âne :
"J’aimerais être vivant et ne plus avoir peur
J’aimerais aimer mon père
J’aimerais savoir quoi faire
J’aimerais bien le comprendre
J’aimerais bien qu’il attende
J’aimerais être important
J’aimerais être un désir (?)
J’aimerais être un fossile (?!) (d’autres sites entendent "impossible" ce qui me paraît plus cohérent, même si ce n'est toujours pas le summum de la logique)
On loue le message de tolérance que délivre Indochine, surtout que le groupe se pose en modèle pour les jeunes : le racisme c'est pas bien (la chanson Un été français : pardonne-moi si ici tout devient froid national"), l'homophobie c'est mal (la chanson Alice et June, 3ème sexe...)
Enfin, si je saisis bien de quoi on parle, car les propos restent obscurs :
Elle n'avait juste qu'un ennui
C'est de comprendre les jours de pluie
Moi j'aimerais bien comprendre les paroles d'Indochine !
à suivre
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24/05/2019
Indochine, tentative d'explication de texte
Une illustration sponsorisée par Prozac.
Les esprits chagrins critiquent :
- "Nicola Sirkis est ridicule avec son look de corbeau !"
Il est devenu blond, c'est le sosie de Sophie Davant ! Au début du concert j'ai cru qu'il avait les cheveux blancs : « mais c'est qui ce pépé sur scène ? »
- "Nicola Sirkis se prend trop au sérieux et on ne comprend rien à ses paroles !"
C'est vrai que les Inconnus ont parodié Indochine avec l'excellente Vice et versa, que je connais par cœur, contrairement aux paroles obscures de Sirkis que je ne parviens pas à retenir.
Plutôt que le look et les paroles de dépressifs, je préfère me concentrer sur le caractère joyeux des mélodies d'Indochine. J'ai l'impression d'avoir à nouveau 15 ans quand je danse sur L'aventurier.
Je remarque des défauts (les paroles absconses ou parfois mal écrites, avec des fautes de concordance de temps, les mélodies souvent similaires ou simples, le look particulier) mais je refuse de faire la snob élitiste. La musique d'Indochine est parfaite pour mettre une bonne ambiance et donner la patate (si on ne fait pas attention aux paroles moroses). Quand j'ai un coup de mou, quand je veux faire du sport, je mets Indo, et hop, ça repart.
Mais Nico, faut qu'on parle.
Au collège et lycée, ma matière préférée était le français. J'adorais décortiquer les textes, trouver les champs lexicaux, dénicher leur double sens, comprendre comment l'auteur tentait de nous manipuler. J'ai développé mon esprit critique et je peux décrypter les discours fumeux et langues de bois. J'étais la chouchoute des profs de français, qui qualifiaient ma prose « d'élégante ». Je mettais un point d'honneur à écrire dans un langage châtié et soutenu. (Mais ça, c'était avant. Avant que je ne blogue et découvre que sur internet, on écrit comme on parle, et que je modifie donc totalement mon style (je pourrais écrire avec mon sang : « internet m'a tuer »)
A la même époque, j'écoutais Indochine, mais j'étais horrifiée par leur prose. Je veux bien employer un langage familier. Mais Nico, les fautes de français, de concordance des temps, pourquoi ? Depuis 35 ans que tu chantes, personne ne t'a prévenu ? Tu n'as pas écouté Les inconnus qui te parodient en chantant : Il faut que tu arriveras ? On t'a critiqué, on s'est moqué, et plutôt que de te corriger, tu t'es dit « ah ouais je fais des fautes ? Ah ouais, mes paroles sont incompréhensibles ? Et ben tiens, je vais en remettre une couche, na !! Je vais leur mélanger tous les temps de conjugaison dans le même couplet, ils vont voir !»
Je connais pourtant certains tubes par cœur, mais ça m'arrache la gueule de les chanter. Par exemple, un extrait du dernier album que je mets pour faire ma gym, station 13 :
Je suis ce que je savais (tu veux dire: "je suis devenu celui que je pressentais ? Celui que je voulais être, un chanteur célèbre" ? Ou bien tu es devenu la somme de tes connaissances, ce que tu as appris t'as permis d'être celui que tu es aujourd'hui ?)
J'y ai dansé la nuit (mais où ?)
L'esprit parfois retrouvé (oui ce serait bien que tu deviennes plus clair)
Et parfois c'est fini (mais quoi ?)
J'y ai vu le vide (mais où ?)
Je m'y accroche encore (mais à quoi ?)
Je suis ce que je savais (mais explique toi !)
J'y ai dansé un soir (mais où enfin !)
Je descendis toutes les rivières (ah non ! On ne mélange pas passé composé et passé simple ! Tu commences en passé composé, tu continues avec : j'ai descendu toutes les rivières)
Loin des Judas et des faux frères
Il y aura un pas de toi (Tu veux dire un pas franchi par toi ? Pour aller où ? Pour faire quoi ?)
Quand la nuit tombera près de nous
Indochine a le chic pour sortir des phrases absconses, mais aussi très sombres. Les paroles morbides donnent envie de se flinguer. Les mélodies sont au contraire très joyeuses et invitent à la danse. L'aspect schizophrénique ou bipolaire des chansons d'Indochine apparaît clairement dans Song for a dream, avec sa mélodie entraînante, son air de comptine enfantine associé à des paroles déprimantes. Je vous laisse imaginer mon désarroi et malaise lorsque j'ai surpris ma nièce de 5 ans tournoyer avec sa robe à fleurs en chantant de sa petite voix aiguë et innocente :
"Attaque mes rêves ou détruis mon âme
On fera un rêve incroyable !"
A suivre...
19:15 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chanson française, les inconnus vice et versa, indochine, qui comprend les paroles d’indochine | | Facebook
20/05/2019
Indochine en concert, fin
Le groupe a la judicieuse idée de proposer un medley, ce qui permet de pouvoir écouter un maximum de chansons pour plaire au plus grand nombre : chacun y retrouvera son tube favori. Le medley dynamise également les mélodies, en coupant un couplet. Comme les 20 000 personnes présentes, je hurle en balançant les bras (voir vidéo) : "c'est à Canary bay, ouh ouh !"
Après l'euphorie, place à la douceur et l'émotion, avec une version intimiste très émouvante de J'ai demandé à la lune. Jusqu'à ce soir, je faisais la cynique en estimant qu'on l'avait assez entendu sur radio nostalgie, et que depuis le temps qu'il suppliait la lune, il n'avait toujours pas de réponse ? Ça fait 15 ans mon gars, va falloir passer à autre chose maintenant. Mais tout le monde sort son briquet (version vieux) ou son portable (version jeune) pour rallumer la flamme. La salle entière se couvre d'infinies lumières, dans un instant de communion solennel (voir vidéo). Lorsque le groupe traverse le public, Nicola Sirkis s'agenouille à deux mètres de moi et serre les mains de ses fans.
La joie revient vite avec un nouvel enchaînement de tubes très dynamiques, 3ème sexe, Collège boy, 3 nuits par semaine... La foule est en délire, tout le monde chante et danse. Pour couronner le tout, des ballons géants et des confettis sont lancés. Le public tape dans les baudruches, qui font bien 50 cm de diamètre, pour les faire s'envoler. Je trépigne comme une enfant dans l'attente de toucher un ballon, comme quand je voulais attraper le pompon de la fête foraine pour obtenir un tour de manège gratuit. J'ai hâte d'en ramener un chez moi : j'adore les ballons, mais là un géant qui va prendre la moitié de mon studio, c'est encore mieux ! La baudruche tombe sur mon voisin de droite, puis mon voisin de devant. Comme je revendique : « Et moi !! » ils ont dû me la renvoyer en pensant : « sinon la petite va pleurer », mais je me baisse pile à ce moment-là. Car mon regard d'enfant a été attiré par d'autres objets précieux tombés par terre et que je me dois de ramasser : des confettis (« oh les jolies couleurs ! »)
Après cette apothéose, le concert ne peut que se terminer sur la chanson la plus connue, celle que l'on attend tous, parfaite pour clore le show en gardant le meilleur pour la fin : L'aventurier... Le public rentre en transe sur le tube. Pourtant, le groupe enchaîne avec une autre chanson anecdotique. Hein quoi ? Le concert n'est pas fini ? Ils peuvent faire encore mieux que ça ? Mais quoi ? Un duo avec McCartney ?
Non non, juste cette chanson et les lumières se rallument.
J'ai pas compris.
Ils se sont dit : "les gars on a trop bien rempli notre job, ils vont jamais vouloir partir, on va leur mettre un truc banal à la fin" "Trop de fans en délire, ils vont faire des syncopes, faut faire retomber la pression avec une chanson molle du genou". Je ne sais pas, mystère.
Après le concert, plus loin dans une rue, je croise un couple d'une soixantaine d'années qui repart avec mon précieux trophée, un ballon géant. J'hésite à les suivre pour les braquer dans une ruelle à minuit passé : « haut les mains ! Donnez-moi votre baudruche ! » C'est mon acolyte qui les interpelle à ma place : « excusez-moi… elle voudrait taper dans votre ballon. » Je suis repartie toute guillerette, mission accomplie.
En conclusion, j'étais sceptique avant le concert, j'en repars ravie, et j'y serais bien retournée. Le spectacle a été diffusé en direct sur TMC. Je l'avais pourtant vu deux jours seulement auparavant, mais je l'ai à nouveau regardé en entier, toujours émerveillée et sous le charme. J'ai passé les trois heures à danser devant ma télé sans voir le temps passer.
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28/04/2019
Indochine en concert, censuré à la télé
Lire le début ici.
Comme je connais principalement les tubes d'Indochine des années 80 (qui passent sur radio nostalgie) et que je n'ai pas vu le groupe depuis la tournée Paradize en 2002, je passe les jours précédents le show à réviser ses classiques et le dernier album, 13. Bien m'en a pris : Indochine le joue en intégralité, donc les 13 chansons, sur les 23 présentées ! Je n'ai observé ça qu'une seule fois, lors du dernier concert (excellent) de Calexico.
Dans le dernier album, j'apprécie particulièrement la chanson Station 13 (parfaite pour danser et faire ma gym).
Indochine débute le spectacle en enchaînant 5 titres du dernier disque. Ce n'est qu'en 6ème chanson qu'il propose un de leur tube récent, Alice et June, sorti en 2005. Les vieux comme moi qui s'étaient arrêtés aux années 80 doivent être largués : "on s'est trompé de jour ? T'as vu le chanteur est blond en +, pourtant il a toujours été brun ! C'est la tournée de Sophie Davant en fait ?"
Car oui, lorsque le groupe arrive sur scène, je ne reconnais pas son leader. J'ai cru qu'il avait les cheveux blancs : « mais c'est qui ce pépé sur scène ? Il est où Nicola Sirkis avec ses plumes de corbeau sur la tête ? » S'il est devenu platine, il n'a toujours pas découvert le peigne et se coiffe encore avec un pétard.
Le groupe propose enfin un vieux tube, Tes yeux noirs, pour lequel le leader monte dans les gradins à la rencontre du public. Il enchaîne avec une nouvelle chanson, Gloria. Asia Argento se trémousse sur l'écran géant au-dessus de nous. (Elle fait des roulades, je crois que c'est supposé être sexy, ça me fait plutôt penser au clip des Inconnus Vice et versa où le musicien se roule dans l'herbe et finit la tête dans une bouse). L'actrice apparaît finalement en chair et en os. La chanson traite d'amour passion (pas sûr, avec les paroles toujours absconses, c'est difficile de comprendre de quoi on parle : amour ? mort ? Couple séparé par la mort, ou qui meurt d'ennui ?) Les deux artistes se collent l'un à l'autre pour signifier leur amour, chantent bouche contre bouche pour mimer des baisers. C'est censé être glamour, mais je pense plutôt que lorsqu'on est stressé et qu'on chante depuis 1 heure comme Sirkis, on a la gorge sèche, donc l'haleine fétide, et que la pauvre Asia doit avoir envie de changer les paroles :
A combien risques-tu le risque de mourir demain
Dans d'autres territoires il n'y a plus qu'un baiser
Un baiser qui nous sépare et qui nous fera du mal
Surtout à moi parce que tu pues de la gueule
Après cet instant glamour n'est-ce pas, et cette chanson douce que ne me chantait pas ma maman, Indochine propose des paroles bien plus virulentes, Trump le monde. Le chanteur résume tout le mal qu'il pense de la politique du président des Etats-unis, en nous demandant de le huer et de lui faire un doigt d'honneur. Lorsque le concert est diffusé sur TMC deux jours plus tard, en direct, je me demande bien comment la télévision publique va gérer ce moment. Eh bien, lorsque Sirkis entame son discours politique, il est tout simplement coupé au milieu d'une phrase par la pub. Le discours anti Trump et la chanson sont censurés à la télé. J'imagine bien les dirigeants de la chaîne affolés : "mais qu'est-ce que c'est que ça ? Arrêtez tout ! Viiiite !" Je pense qu'ils étaient au courant en amont et que la coupure de la chanson était prévue, mais que le monteur a pris un malin plaisir à laisser le début du discours pour montrer aux téléspectateurs qu'une censure avait lieu. En effet, ça n'a pas manqué d'être remarqué et dénoncé sur Twitter. C'est beau la liberté d'expression en démocratie.
La chanson Un été français n'est toutefois pas coupée :
Quand je suis cerné
Je rêve d'un été français
Un été parfait
Où rien ne pourra m'arriver
Pardonne-moi si ici
Tout devient froid national
Un pays infernal
À nous la petite mort
Tout le public reprend en chœur. Grâce à l'impressionnante mise en scène, les films en 3D au plafond, les jeux de lumière, la deuxième scène dans la foule, au plus près du public, la communion entre le groupe et ses fans est totale. C'est dans ce moment de ferveur qu'Indochine entame la deuxième partie du concert "ça y est, c'est du lourd" comme s'exclament mes voisins : leurs chansons les plus connues, les tubes des années 80.
A suivre
18:03 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indochine, concert, musique française | | Facebook