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18/03/2009

Chanson et transmission familiale

Quand je suis contente, je chante. Je transpose des moments joyeux en chansons. Les éléments qui me mettent en joie sont principalement le cinéma et les séries télé (Dexter en ce moment), la bouffe et les gentils n’animaux. Ca donne par exemple :
« Ce soir on mange de la choucroute- ouh ouh,
c’est tellement bon que je m’en shoote,
Même si les autres y s’en foutent
Moi je mange d’la choucroute, ouh ouh »


Observez les rimes suffisantes et suivies (choucroute, shoute). Notez les magnifiques arrangements avec les chœurs (ouh ouh, oh oh). Ajoutez à cela le format court, qui rappelle le haïku. Digne de Bashõ. Au moins. J’ai découvert que Agapi faisait pareil avec la ratte Mme Pouic Pouic, mais en version plus élaborée, avec guitare et plusieurs voix.

Moi je chante seule. Parfois, mon frère m’accompagne. C’est vrai qu’il est très jeune, donc encore puéril. Il n’a que 39 ans. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné l’exemple. Plutôt avec des jouets et voitures miniatures :
« Moi je joue aux Playmobil,
Y en a qui trouve ça débile,
Mais moi je joue aux Playmobil,
Avec ma petite fille »

Quand mon frère a eu des enfants, il était tout content car il avait « enfin une excuse pour jouer aux petites voitures à son âge ». Il était même un peu déçu la deuxième fois d’avoir une fille parce que « c’est nul, ça joue à la poupée et au petit poney ».

Quand j’étais petite, il tentait vainement de m’initier aux soldats et aux indiens, mais je trouvais hautement plus intellectuel de jouer à la maîtresse. Ca ne l’a pas empêché de m’offrir une collection de voitures à laquelle je n’ai jamais touché, et dont il se sert aujourd’hui avec mon neveu. Presque la moitié de mes cadeaux a atterri chez lui. Je vais faire pareil avec son fils, je vais lui offrir des poupées, na. Et après je chanterai :
« « J’ai une poupée Barbiiiiiie
Elle est super joliiiiiiie
Elle a de beaux habits
J’y jouerai toute ma vie hi hi ! »

 

06/12/2008

Je suis bien de chez moi

Je suis bien de chez moi. J’ai l’accent du coin et je parle le patois local. Je m’en suis vraiment rendue compte en arrivant à la fac. Les étudiants venaient de différentes régions et les accents fleurissaient. Par exemple Stéphanie la stéphanoise (faut le faire !) prononçait « un » au lieu de « an »

Paysans-2.jpg

Dans la Loire (où j’ai habité an un, euh, un an), ils remplacent les « o » par « eu ». Tandis que les autres élèves tremblaient, j’étais morte de rire quand le prof nous disait gravement : « j’ai ceurrigé veus ceupies ». J’ai mis une semaine à comprendre ce qu’était le « ceude » qui obsédait tant une copine. En fait elle passait son permis, et donc son « code ». Aujourd’hui encore, elle est incapable malgré ses efforts de prononcer différemment « seul », « sol », « saule ». Heureusement, elle est rarement seule à balayer le sol sous le saule. Ha ha.

En revanche, je n’avais pas pensé qu’on puisse se moquer de moi : l’irréprochable blanche comme neige. Le jour où mes amis de la fac m’ont révélé qu’ils ne comprenaient pas une expression que j’emploie à toutes les sauces, mon petit monde s’est écroulé. Cette expression, c’est « si ça accorde ». Là, si vous êtes de chez moi, vous dites : « bon sang mais c’est bien sûr ! ». Les autres, vous êtes émerveillés : « oh quelle belle expression, quelle poésie...» Je ne vois pas d’autres réactions possibles, non?

Le « si ça accorde » remplace dans un langage aussi imagé « si ça se trouve », ou, pour le commun des mortels, « peut-être ». Pour quelqu’un comme moi qui s’imagine toujours des choses et fait toujours plein d’hypothèses, le « si ça accorde » est carrément devenu un tic de langage. Cette expression est même tellement populaire dans mon patelin qu’elle a des diminutifs : « s’accorde » ou « t’s’accorde ».

En terre inconnue, je me fais repérer au bout de deux jours.
A la fac :
« -Le prof est pas là.
Moi : - Si ça accorde, il est malade, t’s’accorde il sera pas là pour l’exam mardi, on devra le reporter à la semaine prochaine si ça accorde »

Au boulot :
« -Comment ça se fait que Bidule a pas répondu à mon mail ?
Moi : - Si ça accorde, il l’a pas reçu…»

J’emploie des expressions bizarres, je mets des « y » partout et j’accentue les « eu ». Pourtant si on devait dire « e », on écrirait « un fleve », « une feye », et pas « fleuve » et « feuille ». C’est logique quoi. De même, les « y » partout, c’est très pratique. Par exemple, « il tape son chaton ». Le « l » lié au « t », c’est dur à prononcer. Alors que « y tape son chat », ça coule tout seul. C’est facile à dire. Cool quoi. Idem, « j’y mets là », est beaucoup plus évident que « je le mets là », ou pire « je pose le sac ici ». « J’y fais », « j’y sais »…pas de mots superflus, pas de temps à perdre, je suis une femme d’action moi !

Ce langage peut aussi entraîner des quiproquos. Une amie m’a raconté récemment :

« Avec un copain, je vais chercher mon mari à la gare. »
La copine : « Il arrive à et 20.
Le pote: - Quoi ? Mais tu m’as dit qu’il arrivait à gare de Lyon !
- Oui ! Il arrive à et 20 !
- Mais c’est pas du tout là !
- Tu crois qu’on y sera pas s’il arrive à et 20 ?
-Evin, c’est loin
-C’est dans 30 minutes
- C’est à une heure d’ici ! »

Bref, au bout d’un quart d’heure, ils ont compris qu’il confondait la gare d’Evin et l’expression « et 20 ». Au lieu de dire « 20h20 » on dit « et 20 ». Ca évite de répéter bêtement l’heure en cours. On rajoute « et » jusqu’à la demie (et 5, et 10) puis après on dit « moins 25,moins 20 » comme tout le monde. Enfin, je crois?

Dans le bon vieux temps où je bossais dans un journal, la rédac chef a présenté un livre sur mon patois :

« On a reçu ça, mais je pense pas qu’on puisse faire un article sur le sujet. C’est incompréhensible. Ca intéresse quelqu’un ? »
Chaque journaliste feuillette :
« Non…tarabâtre, ça veut dire quoi ? »
« N’importe quoi ! Une catole ! Plus personne parle comme ça !»
J’ose un timide : « Euh…si, moi ».

Comme je suis habituée à être une extraterrestre maintenant, je ne m’insurge pas : « Quoi ? Vous dites pas : « Ca fait flique, j’me suis fait embugner, la bagnole a débaroulé toute la Croix-Rousse ? J’y crois pas ! »

Au moins, on comprend ce que je veux dire. Parce que quand ma mère a revendu la voiture familiale vieille de 15 ans à un vieux paysan, tout ce qu’on a pu décoder en 10 minutes, c’est qu’il allait se servir de titine « juste pour aller voir ses vaches au bout du pré ».

Alors, hein, ya pire que moi. Je parle très bien la France.

22/11/2008

Mes incroyables aventures inexistantes

Un jour il y a très longtemps, une amie m’a dit solennellement : « Une de tes principales qualités est aussi un de tes principaux défauts. Tu as une imagination débordante. C’est très bien. A l’école, tu avais toujours les meilleures notes en rédaction. Tu fais rire tout le monde avec tes histoires. Mais parfois, à trop imaginer des trucs, tu te prends trop la tête… » A mon avis, elle pensait aussi : « et celle des autres ».

Mes proches rigolent de ma capacité à transformer un événement anodin en aventure palpitante. Au « quoi de neuf ? » mes amis répondent le traditionnel « rien de spécial », alors que moi c’est : « tu sais pas ce qui m’est arrivé !!! » En fait, rien de particulier comme tout le monde. Une personne normale ne l’aurait même pas remarqué, ou alors aurait relaté l'anecdote en 30 secondes 12 centièmes. Moi je la décris en 28 minutes, et je ne m’en tiens pas aux faits. J’exagère, j’enjolive, je mime, je raconte sous une forme comique. J’imagine ce qui aurait pu se passer si un détail changeait, j’imagine ce que la personne concernée pensait, ou si il n’y a personne, comment elle aurait pu réagir. Bref, je me fais des films.

Au début, les gens trouvent ça cool. Avec moi on ne s’ennuie pas. Mais j’ai la légère impression que les gens se lassent parfois. Au lieu de me dire « tu me saoules, va raconter ailleurs », on m'a dit délicatement : « tu es tellement drôle, tu devrais faire partager tes histoires, tu devrais créer un blog ! » Alors voilà.

En fait, j’ai déjà commencé à raconter mes histoires bien avant que les blogs n’existent, à 15 ans, sous le même titre. Sauf que les aventures étaient sous forme de B.D et que je donnais mon vrai nom.
Pourquoi « Papillote » pour remplacer ?

La papillote est un chocolat dégusté à noël, inventé vers 1790 à Lyon. Pour charmer sa bien-aimée, le jeune employé du confiseur Papillot lui donnait des chocolats, qu'il entourait de mots doux. Son patron le congédia mais garda l'idée, en remplaçant les déclarations par des citations ou blagues.
Je suis née à noël, un peu après 1790, à Lyon, capitale de la gastronomie et berceau du cinéma. J'aime manger, j'aime les papillotes, j'aime les chats, j'aime manger les chats qui s'appellent Papillote. J'aime le cinéma et je me fais beaucoup de films.

Je suis connue pour avoir toujours des papillotes dans mes poches. Bon, on peut commencer maintenant.