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05/11/2020

C'est la fête, suite

cest la fete pif gadget.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

J'ai trouvé qu'il ne tentait pas de cacher la gravité de la situation, en employant des termes forts et alarmistes : "Bilan dramatique" "Pire que la première vague" "Pas assez de lits dans les hôpitaux, Tri entre les malades" "Si rien n'est fait, 400 000 morts dans quelques mois." "on va tous crever c'est horriiible branle-bas de combat sauve qui peut au secouuurs je déclare les Hunger games ouverts, puisse le sort vous être favorable."
Le monde mort et enterré a ressuscité
On peut plus respirer
C'est la fête, la fête

confinement,coronavirusLe président n'y allait pas avec des pincettes, même s'il tournait autour du pot : bien 10 minutes avant qu'il crache sa pastille pour nous dire à quelle sauce on allait être mangé. Vu sa longue introduction qui nous préparait au pire (attaque de zombies ? Pénurie de chocolat ?) je m'attendais à des mesures encore plus strictes que la première fois (un confinement de 2 mois direct, toute personne vue le nez dehors abattue au lance-rocket sans sommation...)
Macron emploie enfin le mot confinement, ce qu'il n'avait pas fait pour le premier (voilà, on ressortira en 2023...) Et puis là, il annonce enfin les mesures : on continue de sortir pour aller travailler ou étudier.

M'enfin ? Il explique que c'est pire qu'avant, mais il assouplit le confinement ? Il précise que les jeunes propagent le virus, mais il laisse les écoles ouvertes ? (où il est compliqué d'aérer en plein mois de novembre, de faire respecter les distances dans les salles de classe, le masque dans la cour, encore moins à la cantine). Il précise que "jamais" il ne sacrifiera la santé à l'économie, mais ils nous laissent partir travailler, prendre les transports en communs bondés pour se rendre dans des bureaux en open space et côtoyer les collègues à la machine à café ?
confinement,coronavirusEn quoi ce confinement change du couvre-feu à 21 heures ? (j'apprends aujourd'hui avec la polémique du couvre-feu rétabli, annoncé puis démenti, que le couvre-feu était en fait annulé par le confinement. Décidément, rien n'est clair).
Il instaure un confinement d'un mois minimum, mais vu que le premier plus strict devait durer 15 jours et qu'on est resté cloîtré 55, à ce rythme-là, on n'est pas sorti de l'auberge et on fête noël en juillet comme préconise sérieusement une scientifique.
C'est la fête, la fête

Je tente une supposition : comme la population commence à être lassée des mesures restrictives, le gouvernement n'a peut-être pas voulu être trop sévère au début, pour pouvoir dire dans 15 jours, quand il réévaluera la situation : "voilà, je vous avais prévenu qu'on courait à la catastrophe et qu'il fallait faire attention, mais la pandémie a encore empirée. Vous n'avez pas été sages ! maintenant on est obligé d'être plus sévère et de vous punir au coin !" Il nous fait porter le chapeau, le bonnet d'âne.
Pourtant, la population n'est pas la seule à blâmer. Les entreprises aussi, qui n'instaurent pas autant qu'elles pourraient le télétravail, pourtant vivement encouragé. Dans mon boulot, on est 2000 mais mes collègues continuent d'aller bosser et la cantine reste ouverte.
Le gouvernement est critiqué aussi, qui n'a pas donné de consignes claires ou a tardé à les instaurer (nous inciter à partir en vacances à la Toussaint, pour 15 jours plus tard nous interdire de sortir à plus d'un km parce que le virus s'est propagé dans toute la France. Ne pas savoir quels commerces laisser ouverts, puis ne pas s'accorder sur les produits jugés essentiels -maquillage je m'en fiche, tant que vous me laissez ma raclette et mon chocolat...)
confinement,coronavirusLe pain et le vin sont gratuits
Et les fleurs aussi
C'est la fête, la fête

Il est facile de critiquer, mais face à la nouveauté et à l'ampleur de l'épidémie, face aux avis contradictoires des "experts", il est difficile de prendre des décisions claires. Il faut maintenir l'éducation et l'économie, tout en étant confinés.
Ce flou nourrit la lassitude, la colère et la rébellion. Les consignes sont bien moins respectées. Partout autour de moi, j'entends la même réflexion : "j'ai porté mon masque, respecté les distances sociales, je suis peu sorti, mais je n'ai plus le droit d'aller voir mon copain / ma soeur/ mon chat ? Je dois juste faire "métro/boulot/dodo ? Si je veux éviter les transports bondés, je dois me taper une heure à pieds sous la pluie et le froid pour me rendre au travail ? Hors de question !

Plus de bruit, plus de fumée
Puisqu'on va tous à pieds
C'est la fête, la fête

à suivre...

 

04/11/2020

C'est la fête

cest la fete.jpgTiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rien
C'est la fête, la fête

J'ai cette chanson en tête depuis une semaine, en remplaçant malgré moi "c'est la fête" par "c'est la merde".
La veille de l'allocution de Macron, je fais mes courses du mois et je croise un gars qui veut me racketter ma raclette, raconté ici (notez l'allitération). Plus tard, comme j'ai oublié d'acheter un truc, je retourne rapidement dans la supérette en bas de chez moi. A l'intérieur du petit magasin je ne vois que 2 personnes, qui n'achètent qu'un seul produit : du papier toilette. C'est un signe : c'est la merde, c'est reparti comme en 40.

Les deux idolâtres du PQ parviennent en même temps à la caisse et se disputent pour passer en premier : "j'étais là avant ! Arrêtez de me coller, un mètre de distance !" Ils mettent plus de temps à s'invectiver qu'à payer leur précieux : ça valait le coup.
Je me rends ensuite à la pharmacie renouveler mes médicaments. En remarquant l'affiche "Plus de vaccins anti grippe" un vieillard baisse son masque pour s'adresser au pharmacien : "mais comment je vais faire ? je suis à risque !"
Son interlocuteur s'impatiente : "Oui vous vous plaignez tous, mais j'y peux rien, ya pénurie ! Et mettez votre masque !" avec un geste sur l'autre affiche, sur le port du masque, pourtant collée à celle du vaccin anti-grippe.
A chaque fois, je vois des gens qui baissent leur protection ainsi quand c'est à leur tour de parler. Pareil quand certains croisent des voisins qui les interpellent dans la rue. Ils cachent peut-être derrière leurs masques de la laine de verre, des parpaings isolants ou des bouts de fenêtre triple vitrage. Ou bien 12 couches de foulards et mouchoirs improvisés comme moi en avril, quand les masques n'étaient pas encore obligatoires (voire déconseillés!) et introuvables. Ou alors ils pensent que leurs interlocuteurs sont tous sourds et doivent lire sur les lèvres. C'est plutôt eux qui sont durs de la feuille et aveugle, à ne toujours pas comprendre les consignes d'hygiène pourtant répétées en long et en large partout depuis des mois et affichées sous leur nez comme des panneaux publicitaires clignotants à Times square...
Jeunes et vieux, grands et petits
On est tous amis
C'est la fête, la fête

Comme la plupart d'entre nous, j'ai attendu comme le messie la parole divine mercredi dernier : le discours de Macron, nous expliquant les nouvelles consignes.
C'est comme un grand coup de soleil, un vent de folie
Rien n'est plus pareil aujourd'hui

suite demain...

 

01/11/2020

Vous n'aurez pas un radis

gaston morue.jpgAu pays d'Aragon, il y avait une fille qui aimait les glaces au citron et vanille
Au pays de Castille, il y avait un garçon qui vendait des glaces vanille et citron
Mais moi j'aime mieux les glaces au chocolat, poil aux bras. 

Lundi, avant l'annonce du confinement, je pars en expédition en territoire hostile : le supermarché. Je déteste tellement faire les courses, et encore plus en cette période de pandémie, que je n'y vais qu'une fois par mois. Ce qui me motive cette fois-ci, ce n'est pas la prévision du confinement (je pensais qu'il arriverait mi-novembre, pas si vite) mais c'est le changement d'heure. Je dois faire des réserves de graisse pour rentrer en hibernation, donc acheter de la raclette, de la tartiflette, un kilo de noix et une douzaine de tablettes de chocolat.
La caissière me lance "bon courage" quand elle me voit repartir chargée comme une mule, avec mon sac à dos, mon énorme cabas carrefour (alors que je vais à lidl, quelle rebelle) et mon caddie à chats (pas dedans malheureusement, mais dessus, des dessins de chatons mignons.)
Sur le chemin du retour, je dois m'arrêter plusieurs fois car les anses des sacs cisaillent mes doigts et épaules. Dans la dernière montée, les consommateurs attablés à la terrasse du café (vous vous souvenez de ce que c'est ?) me regardent suer sang et eau en sirotant leur bière, sans proposer d'aide. La seule fois où un brave l'a fait 15 ans auparavant, je portais 12 litres d'eau et je l'ai bien vu regretter quand il s'est aperçu que j'habitais en réalité à 500 mètres, au 4e étage, avec l'ascenseur en panne ce jour-là. (depuis, je n'achète plus d'eau en bouteille). Pendant le premier confinement, mon sac à dos trop chargé s'est même ouvert. J'ai perdu ma nourriture sur le trajet comme le petit poucet sème les cailloux. Personne de tout ceux qui s'amusaient de me voir peiner ne me l'a signalé, je m'en suis rendue compte que le soir au dîner.

gaston crepes.jpgPuis ce jour-là, au moment le plus dur, en pleine ascension, un type m'arrête :
"Oh ma pauvre, vous voilà bien chargée !"
Enfin une âme charitable qui m'aide à porter ma croix ?
Il poursuit : "Vous n'auriez pas un truc salé à manger ?"

Ah, en fait il mendie. Pourquoi pas faire ma b.a. Je me souviens qu'en sortant d'une boulangerie, un homme m'avait déjà interpellée : "j'ai faim ! une p'tite pièce svp !" mais lorsque je lui avais tendu mon quignon de pain, il l'avait jeté par terre en maugréant qu'il voulait de l'argent. Un autre m'avait également abordée alors que je stationnais proche d'un macdo : "vous auriez pas un euro pour que je m'achète des frites ?" et il avait tellement insisté que j'avais cédé (l'argument  "ce n'est pas bon pour la santé !" achetez du quinoa plutôt !" ne me semblait pas approprié). Je l'avais vu ensuite passer devant le fast-food sans s'arrêter.

gaston crepes montgolfiere.jpgJamais 2 sans 3, le nouveau insiste : "un truc salé que je ferai réchauffer au foyer des (je sais plus qui)."
Un truc salé dans mes sacs de courses, je pense tout de suite à mon reblochon et mes 500 grammes de raclette, mais suis-je vraiment prête à retourner dans le magasin en acheter alors que je pensais être tranquille pour le mois entier ? Car évidemment, il est hors de question de renoncer à une raclette et une tartiflette. Ne me vient que plus tard à l'esprit : "qu'est ce qu'il ferait de tout ce fromage sans les patates et les lardons qui vont avec ?"

Il me voit cogiter et me donne des pistes : - Des cacahuètes, des chips sinon ? Des trucs à grignoter ?
Est-ce que j'ai une tête à manger ces cochonneries ? Tu crois que j'entretiens comment ce corps de bombasse ? à coups de raclette oui.
 Je réponds : - Bah pour grignoter, j'ai 1 kg de noix à décortiquer... ou alors des carottes et du radis noir !
L'homme me regarde effaré, mais persiste : - une pizza surgelée ?
- C'est-à-dire que je n'achète pas de plats préparés, je cuisine tout moi-même...

gaston saucisse abricot.jpgSur le coup je ne trouve même pas déplacé que l'homme me donne des exemples, comme s'il était au resto : "alors en entrée je prendrais la salade lyonnaise, mais vous remplacerez les lardons par des gésiers s'il vous plaît."

Comme preuve, j'entrouve mon gros sac : - Vous voyez, j'ai des carottes, un poireau, des patates pour faire une soupe... 
L'air dépité : - Ah oui, vous mangez sain... 

Il me tient la jambe, mais pas mes sacs. Je pensais qu'il demandait à manger en échange de son aide, mais même pas, et je peine à porter mes victuailles. Il espère peut-être que je plie sous leur poids et les lâche pour s'enfuir avec mon précieux reblochon ?
Je continue mon énumération : -  Du céleri rave, une butternut...
- Je sais même pas ce que c'est ! L'homme commence à reculer.
- Des choux de bruxelles...

gaston cuisine epouvante.jpgDes choux de bruxelles ! répète-t-il avec une mine de dégoût. J'entame alors ma promotion à la Cyril Lignac :
- Mais c'est délicieux, ce mélange gourmand croquant ! le petit chou qui croque, légèrement amer, compensé par la douceur et le salé des lardons... Je suis contente d'en avoir trouvé car plus personne n'en mange et l'année dernière j'ai pu en cuisiner que deux fois ! Puis...

Le gars reste pourtant insensible au charme des petits choux.
- Nan mais sinon, vous avez de la monnaie ?
- Je ne retire plus d'argent et je paie tout par carte depuis le covid
D'ailleurs je me rends compte ensuite qu'il ne porte pas de masque, mais s'il doit déjà lutter pour trouver à manger, c'est bien le cadet de ses soucis. Aujourd'hui que je reprends ce texte, ma carte bancaire ne fonctionne plus : elle doit être démagnétisée.

- Même des petites pièces jaunes ? Allez c'est sûr que vous en avez !
Pour vérifier, il faudrait que j'accède à ma poche, mais toutes mes mains sont prises par mes sacs. Il n'espère tout de même pas que réponde : "allez-y regardez vous même, servez-vous ! "
" Un ticket resto ?
- On a une cantine au boulot, qui d'ailleurs n'est pas mal car...
- Bon ben je vais vous laisser..."

Le mec insistant a fini par capituler face à une plus relou que lui. Il n'a pas eu un radis, ni ma raclette !

Ah! On en a des légumes !
Des carottes pis des naveaux, des betteraves pis des poireaux
Ah! oui on en a des beaux choux ! Des patates pis des tomates (cliquez sur la chanson rigolote en lien)

 

29/05/2020

Les oiseaux, partie 8

confinement,coronavirusSubjuguée par les mésanges, je n'ai pas vu le temps passer. On est la veille du déconfinement, je dois encore posséder une attestation garantissant que je me trouve à moins d'un kilomètre de chez moi et sortie moins d'une heure. Or j'ai dépassé de 200 mètres et il ne me reste plus que 6 minutes pour rentrer. Je marche vite mais là, c'est de la télétransportation qu'il me faudrait.
Je ne m'inquiète pas : "tout de même, à un jour près, les flics vont être indulgents... la première fois que je m'éloigne, que je sors si longtemps... je n'ai pas été contrôlée une seule fois en deux mois alors que j'étais à 500 mètres de chez moi, je ne vais quand même pas l'être aujourd'hui !
Je repars confiante, ragaillardie par les oiseaux et mes photos floues, et là, lorsque je tourne à l'angle de la rue...Les flics.
 
confinement,coronavirusVite, je recule et me plaque contre le mur du parc. Je me risque à pencher la tête hors de ma cachette pour observer la situation de loin. Comme dans les films d'horreur et d'espionnage.
Un car de police bloque l'accès à l'escalier. Les flics sont nombreux, éparpillés sur la vaste pelouse, et contrôlent tout le monde. Pas un n'en réchappe. Si je tente un autre passage, je m'éloigne encore plus du kilomètre autorisé. S'ils sont sournois, ils auront mis des postes de contrôle devant toutes les issues vers la zone libre. Une copine s'est fait alpaguer alors qu'elle traversait un quai en zone interdite, le flic l'a rassurée "c'est bon, ça ira pour cette fois." Mais ce lâche fourbe a gardé son attestation et lui a envoyé une amende en douce par la poste une semaine après. Il n'avait pas contrôlé sa carte d'identité, juste le pauvre bout de papier écrit à la main. Ce qui signifie qu'à sa place, j'aurais pu mettre le nom de ma voisine foldingo, et c'est elle qui aurait payé l'amende.
 
confinement,coronavirusPas le choix, je dois passer devant les flics. Comment faire pour les éviter ?
Je ne peux pas rester là à essayer de me fondre dans le mur comme le passe-murailles, faut bien que j'avance. Plus j'attends, plus je dépasse l'heure, plus je risque de me faire verbaliser.
Je repense à la situation quelques mois en arrière. Malgré toute mon imagination et ma tendance à l'exagération, si on m'avait dit qu'un jour on allait devoir fournir une attestation pour sortir de chez soi, et que j'allais me retrouver à me planquer des flics comme de la gestapo pour échapper au couvre feu, j'aurais rigolé "oui mais bien sûr ! Faut pas pousser !"
Bon allez, j'assume, j'arrête de me cacher, je fais front. Je vais être honnête. Si je mens, ça va se voir tout de suite. Je vais dire la vérité : "j'ai dépassé la distance et le temps autorisé, car j'ai entendu des bébés mésanges au loin et je n'ai pas vu l'heure passer à force de m'extasier devant eux !" et là je démontre mes propos, preuves à l'appui : "regardez, j'ai les photos ! mais si là, dans l'angle, le petit point bleu au-dessus de la poubelle !" Je suis sûre que les flics seront sensibles à ma sincérité et à la beauté de mes clichés.
Puis je repense à l'attitude effarée des gamins devant ma tentative de cours d'ornithologie. je comprends que si des enfants censés s'émerveiller facilement ne se montrent pas réceptifs, j'ai encore moins de chance avec des flics aux airs de Gérard Jugnot Adolfo Ramirez contrôlant la famille dans Papy fait de la résistance  : "Rassurez vous madame c'est français, c'est la police française. Alors ausweispapier ! Au trot ! Tiens pendant que vous y êtes, rajoutez moi les tickets de pain."
 
confinement,coronavirusJ'avance à pas de velours. Des flics s'approchent. Vite, je me cache derrière le manège. Masquée par le cheval de bois, j'observe depuis mon poste de vigie l'attitude de l'ennemi.
Il sort quoi de sa poche ? Un flingue, une matraque, une grenade ? Une amende ! ça y est c'est foutu, ils vont me verbaliser, je vais être ruinée, je vais plus pouvoir payer mon loyer et j'irai vivre dans le parc avec les petits oiseaux !
Un jeune qui était assis là parlemente, rien à faire, le policier lui colle une contravention.
Ah là là, c'est pas des tendres, ils font du zèle, ils vont me faire payer. Faut absolument pas qu'ils me voient !
 
N'écoutant que mon courage qui ne me disait rien, je décide d'avancer en frôlant le mur du parc et en me cachant derrière les arbres que je croise. Il ne me manque plus que le pardessus et les lunettes de soleil d'apprenti détective, comme Antoine Doinel ou Jean Rochefort espionnant sa femme dans Nous irons tous au paradis.
Prochaine cachette à 15 mètres : un banc de pierre. Pas assez haut pour me dissimuler. Je ne vais quand même pas m'accroupir derrière et avancer à genoux ? :
"Vous faites quoi ?
- J'ai perdu mes clés, j'ai dû les faire tomber par ici !"
 
confinement,coronavirusPas de planque sur le reste du parcours. Je ne peux pas ramper non plus : "c'est pour me muscler ! regardez j'ai coché activité sportive sur mon attestation ! quoi j'ai choisi promenade ? qui a dit que pour se promener, il fallait obligatoirement marcher ? quel meilleur moyen d'être proche de la nature que de ramper le nez dans l'herbe, à respirer le parfum des fleurs, les abeilles me butinant le nez..."
Non, impossible d'avancer en rampant, en volant... Je cours ? Je vais attirer l'attention, ils vont comprendre que j'ai un crime à me reprocher, ils vont se mettre à ma poursuite, sifflets en bouche, ils vont braquer les projecteurs sur moi, faire hurler la sirène, me plaquer au sol, me menotter et me pendre aux grilles du parc avec un écriteau autour du cou pour donner l'exemple : "voilà ce qu'il vous attend si vous approchez du parc pour regarder les petits oiseaux ! restez chez vous !
 
confinement,coronavirusPour ne pas attirer l'attention... Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien. Marchons tranquillement en sifflotant gaiement, comme si je n'avais rien à me reprocher.
Je me rapproche... 20 mètres, 10, bientôt le fourgon devant le passage de la délivrance. 5 mètres. Un des flics m'aperçoit. Je fais des yeux de lapin pris dans les phares et m'immobilise comme dans 1 2 3 soleil. Puis là un groupe de jeunes tente de passer devant lui, il les intercepte. Vite, j'en profite, tel un enfant qui pointe le ciel derrière son ennemi pour qu'il se retourne "oh un ovni !" Je pique un sprint, contourne le fourgon et monte en courant l'escalier. Je m'arrête en plein milieu pour reprendre une attitude normale moins suspecte (j'avoue, je suis essoufflée aussi après cet exploit sportif) je jette un coup d'oeil en arrière. Le flic m'aperçoit et me désigne " !" puis il hausse les épaules et retourne à ses amendes.
Il est libre Max
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler