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12/11/2014

A la télé ce soir : Les garçons et Guillaume, à table !

garcons et guillaume affiche.jpgTout est dans le titre. Guillaume Gallienne raconte sa jeunesse, où il se sentait, plutôt on le percevait, différent. Sa mère l’estime plus fragile que ses frères. Pendant que ces derniers partent en voyage sportif et viril, Guillaume est envoyé en Espagne pour apprendre la danse parmi les femmes... Adolescent, sa tante fantasque l’encourage même à sortir avec des hommes pour « tester ». Mais en fait, le veut-il, qui est-il vraiment ? (voir bande annonce en lien)
Comme l’explique le réalisateur, ce film délirant est en fait « un véritable coming out inversé ». Il raconte sa quête d’identité, et comment elle lui a permis de devenir acteur. « Quand j’étais enfant, ma mère disait : « Les garçons et Guillaume ». Ce « et » m’a fait croire que pour rester unique aux yeux de cette maman sans tendresse mais extraordinaire, pour me distinguer de cette masse anonyme qu’étaient les garçons, il ne fallait surtout pas que j’en sois un. J’ai tout fait pour être une fille, donc, et quel meilleur modèle que ma mère ? C’est ainsi que j’ai commencé à jouer, dès que je me suis mis à l’imiter. Comment je suis devenu un acteur en devenant ma mère pour réussir à devenir moi. » Le jeune homme imite parfaitement sa mère, et dans le film, il interprète les deux rôles !

Cette comédie est un Ovni, objet visuel non identifié, grâce à la personnalité hors norme de Guillaume Gallienne. Le film oscille en permanence entre fou rire, absurdité, poésie et drame. Un univers décalé (quand il s’imagine tomber dans la piscine au son de Don’t leave me now de Supertramp), hilarant (quand il refait une scène de Sissi l’impératrice) tragi-comique (quand sa grand-mère confond des mots) et même angoissant (le pensionnat de garçons).
Avec un sujet aussi délicat (la quête d’identité sexuelle), on pourrait basculer dans le vulgaire, mais le film évite cet écueil (à part la scène lourdingue avec Diane Kruger). Malgré le sujet très personnel, Gallienne parvient à rester pudique. Le mélange des genres (au sens propre comme au figuré) est un exercice difficile, mais on passe avec facilité du rire aux larmes, de l’émotion à la réflexion, dans un parfait dosage. 
L’acteur devenu adulte a atteint le recul nécessaire pour faire rire de ses tracas, percevoir avec lucidité son histoire, ou au contraire la réinventer. 

garcons et guillaume, danse.jpgGallienne parvient à nous émouvoir, avec grâce. Même si évidemment on n’a pas vécu la même expérience improbable, Gallienne nous permet de nous identifier à ses doutes existentiels : on a tous eu un jour, à moins d’être sociopathe, l’impression d’être parfois différent, décalé, incompris, mais aussi timide, maladroit et naïf. De rester passif et d’angoisser, mais de s’en sortir grâce à l’humour. Le film est en somme une formidable histoire de résilience.

Pour un premier film, la mise en scène est maîtrisée. Pas de baisse de rythme, les réparties fusent. Gallienne joue un grand dadais qui se pose des questions existentielles, à la Woody Allen, avec un humour qui rappelle Certains l’aiment chaud… On trouve même des références à l’univers d’Almodovar, avec des personnages féminins hauts en couleur. 

Le film est aussi une belle rencontre : à l’issue de la séance, Guillaume Gallienne est venu nous parler. Tandis que les autres interlocuteurs restent en moyenne une demi-heure, l’acteur a bavardé trois fois plus longtemps, et si on ne l'avait pas arrêté, je suis sûre qu’il nous aurait raconté ses anecdotes passionnantes pendant encore des heures… 
En arrivant, certainement pour marquer la différence avec son « personnage » et montrer que le film est aussi une fiction, Gallienne parle d’une voix grave et mesurée, avec des gestes retenus. Il nous informe tout de suite, d’un air sérieux et blasé : « Je passe mes journées en promo à parler de ma mère, j’en ai un peu marre de la psychanalyse à la Mireille Dumas… »  mais immédiatement, l’acteur se met à imiter la présentatrice « parlez-moi de votre mère », les rires jaillissent et Gallienne joue son éternel rôle de comique. Très volubile, il répond de bonne grâce aux questions, et finit par se rendre compte « en fait, je fais ma Mireille Dumas ! » On voit bien que même s’il tente de s’en défendre au début, il adore parler de lui et de sa mère.
Au fil de l’entretien, il reprend d’ailleurs les mêmes mimiques, la voix plus aiguë et les gestes plus doux de sa génitrice… troublant. Mais rassurez-vous, Guillaume Gallienne ne sort pas son couteau comme Norman Bates se prenant pour sa mère dans Psychose… Non, l’arme de Gallienne, c’est le rire.

garcons et guillaume, mère.jpgJe ne suis pas la seule à être surprise par ce mimétisme : sa propre famille le confondait avec sa mère. Dans le film, Gallienne interprète les deux personnes. Comme des heures de maquillage étaient nécessaires, il jouait son personnage féminin le matin (avec 4 heures de préparation) et l’après midi le personnage masculin (3h de maquillage) et il restait dans ses rôles : « le matin, l’équipe avait l’impression d’être dirigée par une femme autoritaire de 45 ans, et le soir par un ado de 15 ans abruti et niais ». 

Je ne peux m’empêcher de me dire que, sans doute déçue d’avoir déjà deux garçons, sa mère espérait une fille, et qu’elle traite Guillaume (comme) Tell. Est-elle vraiment comme ça ? Tout est vrai ? Comment a-t-elle réagi ? L’acteur répond, d’un air détaché : 
« oh très simplement, elle a eu envie de se défenestrer… » La dame a de l’humour et a accueilli le film comme l’hommage qu’il est à sa personne. Le réalisateur précise : « Ce film ne dit évidemment pas « La » vérité mais la mienne. L’histoire subjective d’un acteur. A la recherche des émotions qui l’ont façonné. Peut-on être plus sincère qu’un acteur qui raconte intimement comment il l’est devenu ? »

Comme Guillaume Gallienne, j’étais entourée de frères, mais j’ai vite vu que pour être mieux considérée dans la société, il fallait leur ressembler (mais ça ne me disait rien, c’est tellement mieux d’être une fille). Pour me convoquer aux repas, ma mère ne criait pas mon prénom, mais m’appelait par celui de mes frères, neveux, et même des chats… Elle citait quatre ou cinq noms avant de trouver le bon (j’ai pris l’habitude du nom à rallonge, et quand on donne mon prénom du premier coup, je suis toujours étonnée « moi ? T’es sûre ? Mais tu veux pas parler au chat plutôt ? »)

Je connaissais Guillaume Gallienne grâce à ses  hilarants « bonus de Guillaume » où il imagine des scènes coupées et les castings de films célèbres. Il est aussi pour moi le personnage le plus intéressant du film Astérix au service de sa majesté.


Vous l'aurez compris, ne ratez pas le film ce soir sur Canal+...

11/11/2014

A la télé cette semaine : Le goût des autres, Les garçons et Guillaume...

télé, cinéma, agnès jaouiCe soir, après Les compères hier, autre comédie associant des personnalités contraires, Mon pire cauchemar sur W9. Une arrogante et froide bourgeoise (Isabelle Huppert), directrice d’une galerie d’art contemporain,  fait appel à un beauf inculte (Benoît Poelvoorde) pour retaper son salon. La rencontre fait des étincelles. Caricatural, mais plaisant.

Mercredi, encore une comédie sur Canal +, Les garçons et Guillaume, à table !  Grand succès de l’année 2013 et carton aux César, j’ai parlé de ma rencontre avec Guillaume Gallienne en lien.

silence lorna.jpgAutre ambiance à 22h30 sur France 4, avec Le Silence de Lorna des Frères Dardenne. Lorna est une immigrée Albanaise, marié à un drogué (Jérémie Renier). Pour qu’elle obtienne enfin la nationalité belge, on lui propose un mariage blanc avec un mafieux. Comment se débarrasser du premier mari, et le veut-elle vraiment ? Un thriller social implacable.

gout des autres.jpgJeudi, retour à la comédie, avec l’excellent Le goût des autres d’Agnès Jaoui sur Chéri 25. Toujours des acteurs formidables, des destinées qui se rejoignent, des portraits saisissants et des réparties cinglantes. Bacri est émouvant en riche patron d’entreprise un peu beauf. Il tombe amoureux de sa prof d’anglais. Pour attirer son regard, il essaie de s’éveiller à la culture en la fréquentant, elle et son milieu d’intellos prétentieux et « in ». Invitée à des cocktails et expos, je me sens souvent comme Bacri dans cette scène, pas à ma place…

jesus reviens.jpgAutre choc des cultures, après les intellos contre les incultes, les bourgeois cathos coincés contre les prolos beauf, avec La vie est un long fleuve tranquille sur D8. Et cette chanson culte : Jésus reviens.

Petite comédie pleine de tendresse de Patrice Leconte (Les bronzés) sur France3, Mon meilleur ami. Daniel Auteuilprend un pari : ce solitaire doit prouver qu’il a un meilleur ami, il a dix jours pour en trouver un. (Malheureusement, il choisit Danny Boon...)

 

10/11/2014

A la télé ce soir : Indochine, Amen, Shrek...

indochine.jpgA la télé ce soir, Indochine sur France ô, oscar du meilleur film étranger en 1992. Une fresque romanesque, sentimentale, passionnée, parfaite pour l’adolescente exaltée que j’étais à l’époque. Je trouvais Vincent Perez trôô bôôô, et je comprenais parfaitement pourquoi Catherine Deneuve, puis sa fille adoptive Vietnamienne, craquaient pour lui dans le film. Quand je me suis retrouvée assise à côté de lui plus de 20 ans après pour une table ronde, j’étais émerveillée d’avance, avant de voir qu’à 50 balais, le beau gosse a perdu pas mal de cheveux.

comperes.jpgA la même heure, sur France 4, prince beaucoup moins charmant, Shrek, inutile de le présenter. Le film est suivi d’une autre comédie très réjouissante, de Francis Veber : Les compères, avec l’inévitable François Pignon (Pierre Richard) et Gérard Depardieu. Les deux compères malgré eux, que tout oppose, pense chacun partir à la recherche de leur fils fugueur. Comme dans Shrek, les gags s’enchaînent à un rythme effréné, et je m’en rappelle de beaucoup « il m’a foutu un coup de boule ? » 

Sur TMC, un autre prince, Robin des bois, prince des voleurs, la version avec Kevinou Costner.

Côté drame, HD1 programme Amen de Costa Gavras. Pendant la seconde guerre mondiale, un jeune jésuite idéaliste, pur et innocent (Matthieu Kassovitz) tente d’avertir l’église du sort des Juifs…  Un film très instructif, dur, politique et polémique, comme souvent chez Costa-Gavras (Z, Missing, Eden à l’Ouest).

 

Demain, suite des films de la semaine

09/11/2014

A la télé ce soir : The Magdalene Sisters, Cheval de guerre, Le diable s'habille en Prada..

canal 30 ans.jpgCanal+ fête son trentième anniversaire, je suis abonnée depuis 18 ans. Pour l’occasion, mémé nulle en technologies qui a toujours un train de retard, bénéficie enfin des mêmes avantages que les autres clients : je possède enfin les six chaînes, avec la spéciale séries, et canal + à la demande. Je peux donc regarder quatre épisodes à la suite de The americans, au lieu d’attendre un an qu’ils soient rediffusés, un par semaine, à 3 heures du matin sur canal + normal, pendant que le décodeur se réinitialise : gros plan sur l’héroïne : « J’ai obtenu une info primordiale, je crois que les Russes ont arrêté B… écran bleu : « votre décodeur se réinitialise, cette opération peut prendre quelques minutes. Niark niark tant pis pour vous.» Je pourrais aussi faire comme tout le monde, regarder gratuitement en streaming sur internet, mais dois-je vous rappeler mon surnom déjà ? J’ai tout de même réussi à installer toute seule comme une grande le nouveau décodeur. Bon, l’image n’est pas au bon format et je rate la fin des sous-titres, mais comme mémé a toujours une vieille télé cathodique avec le son qui ne fonctionne que sur une enceinte, on ne va pas chipoter.
Pour deux semaines, j’ai également accès à toutes les chaînes documentaires et cinéma, avec des centaines de films à la demande. Le loup garou de Londres ! ça fait si longtemps ! Regarde les hommes tomber, le premier Jacques Audiard qui m’a fortement impressionnée à sa sortie, pas revu depuis ! Bref, je vous préviens, je ne sors plus de chez moi tant que je n’aurais pas rattrapé mon retard de films et de séries (The affair, c’est bien ? Les 5 saisons d’Engrenages, aurais-je le temps de les regarder ?)

Je fais donc court, Canal+ m’attend. Pour les films de ce soir, je vous conseille donc :

magdalene sisters.jpgSur D8, The magdalene Sisters de Peter Mullan (l’acteur de My name is Joe). Un film dur et bouleversant sur ces jeunes filles Irlandaises enfermées dans des institutions catholiques car elles ont « péchées » : filles-mères, violées, dont les enfants leur ont été retirés de force. Une terrible réalité racontée également dans le magnifique Philomena, je vous en parlais ici. Récemment, on a découvert les corps de 800 enfants dans la fosse septique d’un couvent irlandais…

On retrouve Peter Mullan comme acteur sur France 2, dans un film très émouvant lui aussi. La guerre de 14/18 à travers le destin… d’un cheval ! L’idée de Cheval de guerre pourrait sembler risible : comment peut-on s’intéresser au sort d’un animal alors que près de 20 millions de personnes sont mortes pendant la grande guerre ? Mais justement, en s’occupant d’un être plus faible et innocent, les hommes montrent leur humanité… Le film est signé Spielberg, maître des émotions, donc chouinerie garantie.…

Sur le sujet de la guerre, je vous conseille l’étonnant et passionnant documentaire Mourir pour la patrie, de l’école aux tranchées, à 22h25 sur France5. (voir en lien). Après la défaite de 1870 contre les Prusses et la perte de l’Alsace-Lorraine, les instituteurs, les livres, les musiques, inculquent dès la prime jeunesse la volonté de revanche contre l’Allemagne. La propagande exalte (et réécrit) les parcours héroïques, le sacrifice pour la Nation… ce qui expliquera l’enthousiasme des Français pour partir à la guerre en 1914. Je me souviens que mon grand-père, né en 1907, chantait avec ferveur Le chant du départ, utilisé pour encourager les soldats pendant la première guerre (pendant laquelle sont morts mes deux arrières grands-pères). A l’origine, c’est une chanson révolutionnaire de 1794 et un hymne à la liberté. Je connais encore les paroles : « La victoire en chantant, nous ouvre la barrière, la liberté guide nos pas (…) La République nous appelle ! Sachons vaincre ou périr, Un Français doit vivre pour elle, pour elle un Français doit mourir ! »

diable_prada.jpgTout autre genre sur TF1, une comédie, Le diable s'habille en Prada. Meryl Streep est parfaite en sosie d’Anna Wintour, la directrice tyrannique du Vogue américain. J’apprécie surtout comme toujours la description de l’univers professionnel, la pauvre innocente (Anne Hathaway) débarquant dans ce monde cruel de la mode, où la compétition et la superficialité sont reines. La partie histoire d’amour gnangnan à Paris est vraiment superflue.
Le livre autobiographique de Lauren Weisburger décrit encore mieux les rapports entre la jeune assistante et son employeur sadique. Si le sujet vous intéresse, je vous conseille le documentaire sur Vogue et sa rédac chef,  The september Issue. Le petit journal aime bien souligner la gentillesse extrême d’Anna Wintour, qui ne répond à aucune question et ne sourit jamais. Il faudra m’expliquer comment une femme sympa comme une porte de prison et à la coupe aussi ringarde que Mireille Matthieu peut influencer autant la mode.

HD1 programme Panic Room, avec Jodie Foster. gros point noir dans le parcours de David Fincher. On ne croit pas à l’histoire, et la mise en scène est vraiment trop poseuse (Dans un plan, la caméra passe à travers l’anse d’une cafetière. Waouh la prouesse technique, mais quel est l’intérêt ?) Je vous conseille plutôt d’aller voir le dernier film de Fincher au cinéma, Gone girl.

Demain, suite des films de la semaine

 PS (oui, j’ai dit que je faisais court…)