26/02/2019
Marie Kondo, l'art du dérangement
Après avoir entendu parler de Marie Kondo pendant des années, j'ai fini par jeter un coup d’œil au documentaire Netflix sur ce phénomène.
Marie Kondo débarque chez les gens, ouvre leur placard, et leur fait jeter les affaires qu'ils estiment en trop. Avant la mise au rebut des objets, ils doivent les remercier pour ce qu'ils ont apporté : "merci chaise de bureau d'avoir maintenu mon séant au chaud".
Moi, une illuminée vient sonner à ma porte pour fouiller et jeter mes livres, j'appelle les flics direct et au trou la foldingo hein. Déjà, elle ne rentre pas à moins d'avoir envoyé une demande trois mois à l'avance et obtenu un laisser-passer après enquête des douanes. Mon appart, c'est mon intimité, je ne laisse pas rentrer n'importe qui. Dans le documentaire, les gens masos laissent dévoiler au monde entier leurs secrets (en bref : "ah ça c’était les photos de notre mariage, c'était mieux avant les gamins, maintenant c'est une souillon désorganisée dépassée par les corvées, on n'a plus de temps pour nous.") Des gros plans désapprobateurs sur la vaisselle et les fringues qui traînent humilient la pauvre femme devant tout Netflix : "han ! c'est pas bien, elle est sale !"
Mais son mari ? Il ne peut pas faire sa part de corvées ménagères ? Il se croit à l'hôtel ?
Le mec chougne à moitié en regardant son pull qui lui rappelle de bons souvenirs (il le portait quand il a roulé sa première pelle ?) mais non, la Kondo veille : tu aimes ce vêtement ? Tu le jettes quand même !
A notre époque de catastrophe écologique et économique, j'ai pensé qu'au lieu de "jeter", elle voulait dire "recycler" : donner ses affaires à des amis, à des nécessiteux ou les revendre. Non, des sacs entiers, des kilos d'affaires utilisables sont jetés dans la benne à ordure.
Marie Kondo, j'avais forcément déjà vu sa tête : impossible d'y échapper, elle est partout. Son sourire crispé totalement artificiel m'horripilait, puisque je déteste les hypocrites et les niais illuminés, mais je pensais : "bah, elle sourit sur la couverture de son livre, c'est normal, c'est pour faire vendre". "Bah, c'est culturel, on apprend aux Japonais à sourire pour éviter le conflit." Mais là, voir Marie Kondo sur un écran... C'est un robot, je n'ai pas d'autre explication. Son visage est figé dans un sourire perpétuel, qu'elle soit contente : "c'est bien, tu as jeté 40 vêtements pour bébés qui auraient pu habiller une fratrie de septuplés !" qu'elle soit horrifiée : "tu laisses moisir la vaisselle sale, tu es un gros porc cafardophile". (elle ne dit pas ça malheureusement). Et l’autre qui lui tombe dans les bras en poussant des gros "hiiiiii !" hystériques et en pleurant "tu as changé ma viiiie !" (non, juste ton appart).
Certaines bonnes choses peuvent être retenues dans la méthode Kondo. La technique de plier les vêtements et les mettre debout pour en avoir une meilleure lisibilité me paraît efficace. Mais faut avoir le temps de tout plier. J'ai une autre méthode plus radicale : quand je cherche un t shirt, je les étale par terre, je choisis le bon, et je remets le reste en vrac dans le placard jusqu'au lendemain. On va pas se compliquer la vie avec le pliage et encore pire le repassage, j'ai d'autres choses plus intéressantes à faire !
Le rangement est une question de bon sens : un rayon par catégorie, un pour les pulls, un pour les pantalons, et on ne va pas garder des vêtements pour bébés de trois mois alors que le gosse en a déjà 12. On range aussi par tenue : j'ai l'habitude d'associer certains vêtements ensemble, je les range ensemble, c'est logique. Je ne vais pas mettre un Tshirt à petite encolure sous un pull échancré, je range les pulls plus décolletés avec les t shirt qui vont avec, gain de temps.
Mais si les vêtements plaisent, pourquoi les jeter ? Selon la tortionnaire, on doit se débarrasser de ceux qu'on n'a pas portés depuis un an. C'est n'importe quoi. Je n'ai pas mis certains vêtements depuis plus longtemps car ils ne correspondaient plus à mes goûts ou à la mode, mais je peux les ressortir 5 ou 15 ans après.
Plusieurs études montrent que les personnes créatives seraient bordéliques. Einstein estimait : "Si un bureau encombré est le signe d'un esprit encombré, alors que devons-nous penser d'un bureau vide ?"
suite demain
17:06 Publié dans Oh ? y a des gens autour ! | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : marie kondo, art du rangement, vive les bordéliques | | Facebook
21/02/2019
Mes chers voisins, suite : les envahisseurs
Ça y est. Ils sont là.
20h, je sors péniblement du boulot et n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi pour me reposer.
Dès mon arrivée dans le hall d’immeuble, j’entends de la musique de djeun’s. A base de Popopopo (même en voulant faire croire que je suis trop "hype" ("dans le mouv'" ? "chébran"? comment parlent les jeunes d'aujourd'hui ?) mémé se trahit : après vérification, je constate que ma référence, NTM, date de 1995.)
Ce que je redoutais est arrivé. Les nouveaux voisins font une soirée. En pleine semaine. (Il paraît que le jeudi est le nouveau samedi) (Depuis longtemps sûrement, mais vous connaissez mémé).
Sur le palier, je sens également une odeur suspecte bien caractéristique. Vous savez, cette substance illégale qui est tolérée en Californie pour vertus médicinales...
Fatalement, j’entends ensuite des gloussements. Puis le chting des bouteilles de bière qui s’entrechoquent.
Depuis une demi-heure, les invités défilent. Ils sonnent et braillent dans l’interphone, grimpent comme des hippopotames dans l’escalier et crient « « OUAIIIS !!! C’EST NOUS !!!! SALUT CA VA ??? » quand le voisin leur ouvre la porte.
Vite, vous avez deux heures pour me trouver un plan pour saboter leur soirée. C'est qu'ils me couvrent ma télé, je ne peux plus regarder mon film tranquillement déjà que mémé est dure de la feuille.
Peut-être que la commère du dessous va téléphoner aux flics ? : « Au secours, de jeunes drogués font du bruit ! Venez-vite arrêter ces délinquants ! »
J’attends.
20:44 Publié dans Oh ? y a des gens autour ! | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : comment supporter ses voisins | | Facebook
18/02/2019
Mes chers voisins
Mémé Papillote est toute chamboulée dans son quotidien. Comme tous les vieux croûtons, j’apprécie la tranquillité et le silence. Je déteste le bruit des autres, il est normal que je n’en fasse pas non plus : pas de musique forte, pas de grosses soirées organisées dans l’appart. J’étais très contente d’avoir un vieux veuf comme voisin : silence complet chez lui. L’inconvénient, c’est qu’on ne réalise pas le bruit qu’on produit... Quand le pépé a reçu une visite, on s’est rendu compte qu’on entendait toute la conversation, donc qu’en échange les voisins devaient aussi nous écouter… (j’ai arrêté de parler pendant trois heures suite à cette révélation ! Mon frère était content.)
L’autre inconvénient des vieux, c’est qu’ils meurent… L’appartement d’à côté s'est libéré, le défilé des prétendants à la location a commencé. Mémé Papillote a entrepris le sabotage.
Une jeune divorcée avec son bébé me demande son avis sur le studio libre (le mien est identique).
Quoi ! Un merdeux qui va hurler tout le temps ! J’ai déjà les nerfs en pelote car je dors très mal, ça va pas non !
Je réponds à la jeune mère : "L’appart est trop petit pour un enfant… il a besoin d’espace... pour s’épanouir…"( Je ne mens pas, 23 mètres carrés)
Un autre jeune me questionne.
Celui-ci a l’air dragueur… je ne veux pas qu’il ramène des conquêtes tous les soirs et qu’il me réveille avec des bruits pas catholiques comme disait ma grand-mère.
Le jeune : « Le quartier est bien ? Il a de bons endroits pour sortir ? »
S’il fait la fête dehors, ça ne me dérange pas, mais il va sûrement faire des soirées chez lui aussi, donc du bruit !
Moi : « - Le coin est tranquille, la population plutôt âgée. Pas de bars dans les environs…Faut plutôt habiter du côté des facs pour en trouver ! »
Je croise ensuite la propriétaire :
Moi : - L’idéal, c’est une personne seule. Un petit vieux qui ne fait pas de bruit me convient très bien ! »
J’ai parlé sur le ton de la plaisanterie, la femme a rigolé, mais entre nous, vous saviez que j’étais sérieuse…
J’aurai dû caresser la proprio dans le sens du poil :
« Puis les vieux ne font pas de dégâts, ils n’ont pas la force de faire des trous dans le mur pour poser une étagère… Alors que les jeunes, ils osent tout ! Ils mettent des posters, ne font pas le ménage… Ils dégradent l’appartement ! Les personnes âgées ont plus le sens de la propreté et des convenances ! De mon temps… »
La propriétaire n’a pas tenu compte de mes suggestions. Hier soir, j’ai croisé mes nouveaux voisins. Un couple, de 25 ans environ. Horreur, infamie.
Avec un peu de chance, ils n’ont pas d’amis et leur relation ne va pas durer. Un seul restera dans l’appartement, tellement déprimé qu’il restera au lit toute la journée, sans faire de bruit.
Pourvu qu’ils ne pendent pas la crémaillère.
Je vous mets le lien sur la chanson rigolote de Polnareff, Pipelette :
"Si un soir, vous écoutez cette chanson
Un peu trop fort et qu'au plafond
On tape, tape, tape, tape !
Ne demandez pas qui fait tout ce bruit là ... Oh non…
C’est la pipelette, c'est la pipelette
C'est la pipelette qui vous dit d'arrêter
C'est la pipelette, c’'est la pipelette
C'est la pipelette qui vous dit de baisser"
Une prochaine fois, je vous raconterai mon sabotage pour empêcher de nouveaux venus de fréquenter ma salle de sport (j'aime garder les appareils pour moi toute seule).
15:51 Publié dans Oh ? y a des gens autour ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : comment supporter ses voisins | | Facebook
15/02/2019
Tout ce que vous aimeriez écrire à un recruteur sans oser poster la lettre
Corinne Maier est l'auteur du désormais culte "Bonjour paresse : de l'art et de la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise". Elle y décrit le monde du travail d'aujourd'hui : les - compétents, les + lèche bottes qui atteignent le sommet, l'absence de solidarité... Son employeur de l'époque, EDF, n'a pas apprécié le pamphlet. Il l'a sanctionnée et deux mois après la sortie du livre en 2005, l'auteure découvre une offre d'emploi dans le journal, correspondant à sa fiche de poste. Elle apprend ainsi qu'elle va être remplacée et virée. Elle a alors ce trait de génie : elle et ses amis rédigent de fausses lettres de candidatures et inondent les RH de EDF. Puis elle publie le résultat dans un recueil, Ceci n'est pas une lettre de candidature. Les traits d'esprit sont hilarants et je vous invite grandement à les lire. En aperçu, un extrait de l'introduction, à propos du "potentiel" :
"Taillables et malléables à merci, nous devons « gérer » des relations à court terme, tout en « migrant » sans cesse d’une tâche à l’autre. La fixité, la solidité, la permanence, pouacre ! Toujours plus mobiles, c’est ce que la société attend que nous soyons (...) Aussi les personnes les mieux adaptées sont celles qui ne croient absolument en rien, car ce serait préjudiciable à leur intérêt et à leur carrière. L’idéal est d’être totalement cynique, mais tout le monde n’y parvient pas si facilement. + On est creux, + on va haut, c’est le principe du dirigeable.
Il ne suffit pas d’un diplôme pour travailler, tout le monde en a, et la machine économique tourne avec un nombre assez réduit de personnes instruites et talentueuses - elle n’a pas besoin de toi. Donc, ce qui compte pour trouver un emploi, c’est le « potentiel », pas ce que tu sais faire, parce que tes compétences seront de toute manière périmées dans quelques années. Le potentiel, c’est ta capacité à zapper sans t’investir. C’est ton aptitude à circuler, à faire circuler les autres.
Le « potentiel », marque de fabrique en creux du salarié sans qualité, c’est l’inverse du désir.
Le désir, c’est poursuivre inlassablement un rêve singulier, et ce rêve tisse le fil rouge d’une existence, c’est ce qui lui donne son sens et son poids. Ce n’est pas aspirer à une niche dans un organigramme, à un bureau chauffé avec une fontaine à eau pas trop loin, à une maisonnette en banlieue avec une foultitude de gadgets dedans. Ce n’est pas aspirer à être heureux, car le bonheur est la trahison du désir. Les gens qui tirent des conséquences de leur désir sont soient des barjots (car ils suivent des chemins qu’ils sont seuls à voir) soit des héros (parce qu’ils vont jusqu’au bout) parfois les deux. Les poètes, les résistants font partie de ce club, qui rassemble la véritable aristocratie de ce monde sans espoir.
Toi aussi lecteur, tu peux y entrer, à condition de savoir ce que tu veux, et d’y aller le cœur vaillant, ce qui signifie renoncer à rechercher les recettes du bien-être dans Psychologie magazine. Le désir est la seule force capable de mettre en échec le « potentiel » : que la force soit avec toi."
A suivre : extraits de Bonjour paresse et No kid du même auteure.
15:46 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, corinne maier | | Facebook