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27/10/2020

Sharp objects et l'apologie de l'alcool dans les séries

sharps objects vodka.jpgChaque épisode de Sharp objects se termine par un panneau étrange : "si vous ou quelqu'un de votre entourage êtes concernés par l'auto-mutilation ou la consommation de drogues, vous trouverez de l'aide en contactant..." Au premier épisode, je n'ai pas compris, car les scarifications de l'héroïne étaient à peine effleurées (si on peut dire) et comme je parle anglais comme une vache espagnole, je ne savais pas ce que signifiait "sharps". Je ne demande pas d'agir comme les Québécois qui traduisent les titres ("fiction pulpeuse" "ferrovipathes", ), mais pourquoi ne pas garder la traduction du roman sinon, "sur ma peau ?"

sharp-objects-patricia-clarkson-verre.jpgSurtout, la prévention anti mutilation est louable, mais dans ce cas donnez également le numéro des alcooliques anonymes (même si l'on peut supposer que "drogues" englobe non seulement les pilules d'ectasy que  les personnages avalent comme des bonbons, mais aussi les litres d'alcool.) Car bien plus que la scarification dans Sharp objects, qui est secondaire et ne concerne que l'héroïne de la série, tous les personnages picolent. Dans TOUTES les scènes. Ils ont un verre à la main, se trouvent dans un bar, ou encore mieux, conduisent bourrés. Dès le matin, la journaliste part acheter sa bouteille de vodka. Elle en remplit sa gourde, se met au volant, puis le soir, se rend dans le bistrot du coin. Trop ivre, elle s'endort en conduisant, ou sur un parking. Même le flic boit et conduit dans cet état. (photo ci-dessous : policier picolant sur les scènes de crimes).

sharps flic picole.jpgQuand la journaliste appelle son patron pour raconter ses derniers dé-boires, il lui conseille "de prendre un verre pour se remettre."
Mais là, aucun message de fin de générique pour aider les personnes alcooliques ? Pourtant ce problème est plus répandu que la scarification, et bien plus dangereux, pour les autres (en conduisant ivre) et pour soi (responsable de 200 maladies environ, selon le documentaire "intoxication globale" ).

sharp objects comptoir.jpgDe plus, dans Sharp objects, la scarification est montrée sous un jour peu glorieux : la peau détruite, les séjours en hôpital psychiatrique... Alors que, trop souvent dans les films et séries, l'alcool est présenté positivement.
Comme un bon exutoire
d'abord: après une journée harassante ou une nouvelle éprouvante, le personnage boit un verre et réfléchit à son existence... L'alcoolique est montré comme un être sensible et supérieur, qui lui a compris que le monde était pourri et noie en silence son malheur dans l'alcool... Un introverti peu bavard, qui embête personne avec ses histoires, qui serre les dents. Comme si boire pour oublier, être dans le déni, se taire et endurer semblait une démarche à suivre. Au contraire, c'est affronter ses problèmes et oser en parler qui est courageux. L'alcoolique est présenté comme un dur, alors qu'à l'inverse, il est dépendant de son addiction. Quand ce taiseux parle enfin dans les films, il assène une répartie cinglante, accoudé au comptoir... Puisqu'en contrepartie, l'alcool désinhibe.

sharp objects champagne.jpgL'esprit embrumé par la boisson, les personnages font des choses folles, ou vomissent, mais tout cela est présenté comme festif et transgressif sur les écrans (Project x etc.) Comme si boire à outrance rendait rebelle et impertinent, alors que ça rend tout simplement con. Celui qui est capable d'ingurgiter des tonneaux de bière est admiré, tandis que celui qui est pompette après un verre de cidre est ridiculisé, montré comme fragile, et celui qui s'abstient comme ennuyeux. Alors qu'au contraire, c'est celui qui boit peu, qui sait resister à la tentation, qui devrait être vu comme fort !

séries, canal+Je ne prône pas non plus de tomber dans l'excès inverse, comme la prévention anti-tabac avec l'affiche de Mon oncle de Jacques Tati reprise par la RATP, où la pipe a été remplacée par une girouette (on se promène souvent à vélo avec une girouette dans la bouche, c'est bien connu) mais j'aimerais simplement qu'on ne sublime pas autant l'alcoolisme... On pourrait répondre que les personnages tordus de Sharps objects ne donnent pas l'exemple, mais de les voir constamment boire incite le spectateur à se servir aussi : "après tout, elle boit bien plus !"

Et quitte à faire de la prévention à la fin des épisodes de Sharp objects, autre problème de santé à aborder : dans la série, on a le droit à deux scènes de "passion" où les personnages se jettent pour la première fois l'un sur l'autre et font l'amour fougueusement, et où la même personne couche avec deux différentes à peu de jours d'intervalle. Sans jamais se protéger. Ca prend 2 secondes de sortir un préservatif et faire une ellipse (car forcément on ne va pas tout nous montrer, on n'est pas non plus dans le cours de svt de 3ème ou dans un porno). Pourquoi ne pas banaliser à l’écran ce geste qui peut sauver des vies, pourquoi ne pas donner le bon exemple, puisque le cinéma comme la publicité influence les mentalités ? A cause de comportements irresponsables, on voit le retour en plein Paris de maladies qui avaient pratiquement disparu depuis un siècle, comme la syphilis dont est mort Maupassant en 1893...

C'est sûr qu'avec les capotes dans les séries, on aurait pas droit à l'autre ressort scénaristique récurrent : l'héroïne qui tombe enceinte sans le vouloir. On n'aurait pas vu naître (haha) une excellente série comique comme Catastrophe, qui relate une grossesse non désirée mais maintenue et les aléas qu'elle provoque. 
Sharps objects nous épargne toutefois le rebondissement éculé d'une grossesse. L'alcool la drogue et la scarification, c'était suffisant !
Je propose de rajouter cet avertissement à la fin des épisodes :
1 ou 2 verres ça va pour écrire une chanson
Mais pour faire des dégâts, faut bien 2 ou 3 litrons
Roulez bourrés, roulez bourrés !

 

19/10/2020

Sharp objects, une série qui coupe le souffle

sharp objects.jpgEn lançant la série, je ne connaissais pas son sujet. J’ai suivi au hasard les “recommandations pour vous” de Mycanal, mais comme mes goûts sont éclectiques, je ne savais pas si j’allais tomber sur une série policière (Engrenages, Le bureau des légendes), comique (Catastrophe ou Irresponsable, très bonnes séries vues récemment), dramatique (I know this much is true, excellente aussi) d’horreur (comme The head, pas mal). J’ai donc débarqué en toute innocence dans Sharp objects. Qui m’a laissée exsangue. 

Une journaliste (Amy Adams, Premier contact) se rend dans son village natal du Missouri pour couvrir les meurtres d'adolescentes. Son enquête et le retour dans sa famille la font replonger dans son enfance douloureuse. Voir bande annonce en lien.
Un pitch courant dans les films noirs : le flic ou le journaliste à problèmes, introverti et alcoolo, qui fait face aux "démons du passé", ou qui se consacre tellement à sa mission qu'il en perd la raison. Les meurtres d'innocentes, au sein de communautés atypiques, ont été exploités dans des films comme Mystic river, Gone baby gone, Dans la brume électrique, ou des séries comme True detective (première saison de facture classique, mais très bonne, seconde ratée.) 
Petites variantes sur ce schéma, dans Sharp objects, le personnage principal est une femme, et non seulement elle boit, mais elle se scarifie. 
Surtout, j'ai rarement vu une série aussi glauque (à part l'immonde Outlander, qui reste hors catégorie, avec des tortures et des viols présentés comme des romances.) 

La série est adaptée du livre "Sur ma peau" de Gillian Flynn, l'autrice de Gone girl, dont j'avais beaucoup aimé l'adaptation au cinéma par David Fincher. J'en ai parlé à deux mecs, qui ont eu la même réaction immédiate : "c'est malsain !" "elle est tordue cette fille !" Eh bien à côté de sharp objects, Gone girl, c'est "Martine part en vacances chez les bisounours".
Dans Gone girl, la dégradation du couple suit un schéma assez courant (l’amour qui ne résiste pas aux disputes et tromperies), c'est la réaction des personnages qui est tordue et excessive ("divorcer ? trop facile ! si je faisais croire que mon mari m'a tuée plutôt ?”) Mais dans Sharp objects, aucune relation n'est normale. L'enquête est secondaire et avance mollement, le plus important, ce sont les rapports entre les personnages : complexes et captivants.
La mère avec ses filles, manipulatrice, la fille avec son mec, brutale, même le patron avec la journaliste, trop paternaliste...

Les personnages sont si tordus qu'ils en sont fascinants. Rien n'est démontré brutalement, le poison est distillé subtilement. C'est ce qui provoque cet envoûtement : on essaie de comprendre qui sont les personnages, ce qu'ils veulent.
Ambivalents, ils soufflent le chaud et le froid : des gestes tendres, mais des propos durs. Un compliment, puis un reproche. Une manipulation qui trouble la personne en face, qui ne sait pas comment réagir,  devient parano et culpabilise ("j'exagère, elle n'est pas toxique, elle peut être aussi gentille”) et qui perturbe aussi le spectateur ("c'est pas un peu bizarre comme réponse ? Elle est sympa ou non en fait ?"). Par exemple, la mère caresse doucement le visage de sa fille, puis lui assène brutalement :"tu as toujours été une enfant difficile..." Des mots tranchants que l'héroïne se grave ensuite sur la peau. Et cet extrait est encore gentillet… la série s’enfonce dans le trouble. 

Sharp Objects picole.jpgJ'attendais avec espoir la romance entre l'inévitable flic sexy (Chris Messina) et l'héroïne, qui aurait enfin apporté un peu de fraîcheur. Quelle naïveté ! ça commençait pourtant bien, ils se lançaient des piques : "vous n'êtes absolument pas mon genre". Le fameux "chien et chat", les deux qui ne peuvent pas se piffrer au début puis finissent par tomber amoureux, comme Darcy et Elizabeth dans Orgueil et préjugés ! On est loin de ce romantisme, de la déclaration enflammée et du chaste bisou dans une nature enchanteresse :
Quand le flic parvient à décrocher enfin un premier rendez-vous, il plaisante : "j'espérais plutôt un ciné". Car la sortie, c'est une balade dans les bois où ont eu lieu des crimes. Les deux acolytes sont ivres, et dans ce décor sordide, l'homme estime que c'est le bon moment de tenter une approche. La femme refuse un baiser, mais elle lui prend la main et la met au panier. Direct, sans même un bisou, debout entre une cabane de chasseurs tapissée d'images porno et une clairière de viols collectifs... premiers baisers, échangés, sur la plage un été, ça ne s'oublie pas, quand c'est la première fois… 
Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance.

Le flic est pourtant le seul personnage à peu près normal. Comme le spectateur, il débarque dans cette ville de cinglés sans rien en connaître ni en comprendre les gens et les coutumes (des sudistes qui célèbrent un étrange jour de résistance contre les yankees). Comme lui, on se demande où on est tombé.
sharp patins.jpgComme lui, on est fasciné par l'héroïne, incarnée à merveille par Amy Adams. J'étais focalisée sur sa magnifique crinière de feu, comme sur la beauté des adolescentes sur leurs patins, roulant en pleine route, le reflet du soleil dans leurs cheveux au vent, tenues légères, insouciantes et libres.
Le
réalisateur Jean-Marc vallée a l'habitude de sublimer les femmes à l'écran, à travers la série Big little lies ou les films Wild (avec Reese Witherspoon) et Victoria (avec Emily Blunt).
La beauté et la photographie soignée contrebalancent, mais aussi
esthétisent l'horreur des faits. La bande originale souligne l'état d'esprit des personnages : l'héroïne écoute du Led zeppelin brut de décoffrage, qui reflète son trouble intérieur, sa mère dans son immense maison coloniale d'une autre époque écoute du Michel Legrand suranné et délicat (les moulins de mon coeur, les parapluies de cherbourg...)

Le scénario est aussi pervers et retors que les personnages, et la série atteint son but : provoquer le malaise. La résolution de l'énigme m'a déconcertée : dois-je être fascinée ou révulsée ?
Je vérifie les critiques, elles encensent la série :
"On est scotchés" "incarnation de nos plus troubles cauchemars" (elle)
"à ne pas rater" . "Un univers de violence inédit, fascinant et indélébile" (les inrocks)
"Une fois pris au piège, on ne veut plus en sortir." (le parisien)
"Va vous donner des sueurs froides." (première)
"Passionne par l’étude de ses personnages à fleur de peau". (le monde)
"obsédante" "étourdissante" "aussi excitante que tragique" (rolling stones)
"Un thriller effrayant, un mélodrame gothique" (yahoo tv)
"Bien meilleure que Gone Girl, avec sa propre atmosphère humide, sensuelle, hypnotisante"

En tout cas, un fait me paraît problématique....
à suivre...

 

15/06/2020

Outlander, l'histoire d'amour

outlander seins.jpgPhoto : "attention tes seins débordent !" ou comment faire croire que l'actrice a de gros seins en les remontant au maximum de façon pas du tout naturelle.
A part se délecter de torture (voir billet précédent), Outlander comporte de nombreux autres défauts, comme les incohérences du scénario et une histoire d'amour qui laisse à désirer (cas de le dire).

Par exemple, les Ecossais ne savent pas d'où la femme sort, une Anglaise seule parmi eux, en pleine guerre, mais ils la recueillent direct, lui offrent gîte, couvert, vêtements, sans trop poser de questions. Le seigneur des lieux invite cette étrangère à sa table pour une grande cérémonie officielle, mais après s'être bourrée la gueule (elle se saoule dans TOUS les épisodes !!! à croire que la série est sponsorisée par Kronenbourg) elle se casse en plein milieu parce qu'elle s'ennuie. 

La femme est en lune de miel avec son mari adoré, elle se retrouve brutalement séparée de lui par 200 années, mais elle annonce dès le premier jour "il est mort", se marie vite avec un autre et s'adapte immédiatement à sa nouvelle vie moyenâgeuse. Tout le monde à sa place serait prostré dans un coin en état de choc, mais elle voyage dans le temps pour se retrouver au milieu de barbares qui ne parlent pas sa langue comme si elle avait pris le TGV pour visiter le puy du fou : "c'est pittoresque ces gens empalés sur un poteau ! rafraîchissant ! 5 points sur trip advisor !"

outlander homme des cavernes.jpgElle se retrouve entourée d'hommes répugnants, sales, puants (la série insiste là-dessus), avec les dents en moins, saouls du matin au soir, bêtes et incultes, qui passent leur temps à courir la gueuse ou se battre. Mais en plein milieu de ce défilé de freaks se trouve un gentil mannequin sublime, hyper musclé (impossible de le louper, il passe la moitié du temps torse nu). Le prince charmant : il dort par terre devant la porte de l'héroïne pour que les brutes ne viennent pas la violer pendant la nuit. Une fille va être battue publiquement, il propose d'être frappé à sa place. Quelle abnégation... un martyr, un saint. La fille amoureuse de son sauveur lui saute au cou (elle est magnifique) mais non, il n'en profite pas. Et le bouquet, attention tenez-vous bien... 

Tous ses potes hideux passent leur temps à culbuter les servantes sur des coins de table, toutes les filles se pâment devant lui, mais le gars reste chaste. Par un énième ressort scénaristique lourdingue, l'héroïne se retrouve OBLIGEE d'épouser le gentil mannequin (ah mince alors, quelle corvée !) et là le prince charmant lui répond qu'il est vierge. J'ai éclaté de rire. Comment peut-on y croire une seule seconde ? (l'acteur a 33 ans au moment du tournage, comme l'héroïne, qui paraît 10 ans de + que lui tellement elle est austère.)

outlander feu.jpgL'histoire d'amour est d'une lourdeur... Par exemple, L'héroïne doit une énième fois soigner une blessure du mannequin, alors il doit enlever une énième fois sa chemise et montrer son torse bodybuildé. Elle effleure sa peau, ils se regardent gênés, il serre les dents même s'il a mal car c'est un homme fort... (comme toujours la série érotise la douleur. )
Et tout ça bien sûr, au coin du feu. Avec les reflets oranges qui mordorent leur peau, et des gros plans sur les flammes qui crépitent, pour symboliser la passion. On a déjà vu ces poncifs cent fois. Rien que dans Portrait de la jeune fille en feu qui a reçu de multiples récompenses, mais avec une réalisatrice qui maîtrise l'art de la mise en scène et du dialogue délicat, elle. J'aurais voulu rêver devant cette scène d'Outlander, mais elle cumule tellement de clichés, les dialogues sont tellement niais, l'interprétation du glaçon si navrante, la réalisation si plate... impossible. On se croirait dans un mauvais téléfilm de M6. On est loin de la finesse et des réparties mordantes de Jane Austen. 

Même les scènes de sexe avec le mannequin ne sont pas excitantes. J'attendais depuis 7 épisodes que l'héroïne et lui couchent enfin ensemble. Mais lors de la nuit de noces (un épisode entier sur le mariage) il lui fait 3 pauvres aller-retour sans préliminaires, mais c'est censé être l'extase avec jojo lapin. J'ai eu du mal à ne pas m'endormir, comme je l'ai fait devant 50 nuances de grey (autre film censé être troublant mais que j'ai trouvé à la fois niais et pervers (une vierge effarouchée tombe sous la coupe d'un milliardaire sado maso (Jeffrey Epstein ?)

outlander pisse.pngDe Outlander, je retiens cependant des points positifs : la beauté des paysages et le contexte historique et sociologique. Par exemple, j'ai apprécié l'épisode 5 de la collecte. Les personnages acquièrent enfin une profondeur (la manipulation pour convaincre le peuple de payer la révolte contre les Anglais) On y voit de magnifiques décors, on découvre la vie étonnante des paysans : les femmes malaxent à mains nues la laine avec leur propre urine pour fixer la teinture et l'héroïne ne se fait pas prier pour les imiter et s'asperger ("vous puez la pisse" toujours cette fascination pour le crade). Malheureusement cet épisode instructif et surprenant était noyé sous la pisse entre deux épisodes inintéressants : le 4, consacré à la tentative d'évasion, avec un suspense inexistant parce qu'on se doute bien que si l'héroïne avait pu retourner toucher ses cailloux, la série ne durerait pas 18 longs épisodes inter-minables, 18 heures, et avec 6 saisons (mais au secours, ça ne s'arrêtera jamais !) et le 6ème épisode, où elle se fait tabasser pendant 30 minutes, nan merci ça ira.

Au final, pour une série qui promettait de faire fantasmer, je me retrouve au contraire frustrée. C'est vraiment dommage parce que Outlander avait tout pour me plaire sur le papier : romance, beaux paysages, contexte historique. Mais la violence gratuite, les incohérences du scénario, les longueurs, la platitude des dialogues, le jeu des acteurs, la réalisation kitsch ont eu raison de ma patience. J'ai arrêté au 7 e épisode, après la nuit de noce ratée. Je pensais finir la saison, qu'elle retrouve son mari même si elle l'a oublié en 2 minutes, mais quand j'ai lu que la série allait crescendo dans l'horreur et les incohérences, j'ai abandonné, je ne suis pas maso non plus.

Après les violeurs de Outlander, le sm de Grey, une prochaine fois je vous parlerai de You, autre série pour gonzesses qui fantasment sur les méchants garçons, cette fois-ci un serial killer. Une série écrite elle aussi avec les pieds.

 

09/06/2020

Outlander

outlander.jpgPendant le confinement, le besoin d'évasion, de grands espaces et de romance s'est fait ressentir, pour oublier l'incertitude face à l'épidémie et la solitude dans un studio. Sur Netflix, je tombe en page d'accueil sur la promo d'Outlander. Ces images de montagnes verdoyantes (manquait plus que les marmottes) m'ont fait saliver. Je lis un article élogieux sur internet, puis je me souviens qu'une ancienne connaissance parlait de cette série avec des étoiles plein les yeux, la trouvant carrément sensuelle et excitante.  
Adepte de l'oeuvre de Jane Austen, de son romantisme, des paysages sublimes, du charme suranné des costumes du 18è siècle, je lance donc la série. Je connais vaguement le pitch : une femme se retrouve projetée dans le passé. J'adore aussi la littérature fantastique, Wells, Poe, Maupassant, je devrais être comblée.

Sauf que la critique positive provenait d'un magazine pour jeunes filles, et que j'ai oublié le léger détail que l'ancienne connaissance était surnommée Terminator tellement elle était froide et méchante, qu'elle avait des goûts de chiotte qu'elle trouvait géniaux des films que j'estimais quelconques, romantiques des histoires d'une niaiserie confondante. Quant à Jane Austen, je n'ai pas lu son oeuvre depuis 10 ans, peut-être que mon avis a changé ? Et ce qui me plaisait, c'était l'humour se moquant des personnages et les réparties pleine d'esprit, plus encore que les romances décrites.

Outlander et que je te torture.jpgPleine d'attente, je lance Outlander. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, L'héroïne anglaise part en lune de miel avec son époux, sur les terres écossaises de ses ancêtres. Super, l'amour fou, elle fera tout pour retourner à son époque et retrouver son mari... Mais ce dernier est interprété par Tobias Menzies, qui avec ses petits yeux perçants, son visage taillé à la serpe, son sourire carnassier et son balai dans le cul, joue souvent les rôles de méchant (Brutus dans Rome m'avait marquée). Donc pas le mec qui me fait fantasmer. Quand il se retrouve au lit avec sa femme, comment dire... les scènes sont longues.

outlander glacon.jpgSon épouse, l'héroïne, dont toute la série repose sur ses épaules, est interprétée par Catriona Balfe, très belle, elle. Mais malheureusement, aussi raide que son mari. Ce qui pose un tantinet problème : la série promet d'être ardente, mais avec une actrice aussi froide qu'un glaçon, je ne vois pas comment ça va être possible
Cette femme est censée incarner la passion, dans tous les sens du terme : passion amoureuse, passion pour son métier (infirmière, vocation de soigner) passionaria pour de grandes causes (contre les horreurs de la guerre, les injustices, pour aider les plus faibles...)
Elle doit donc avoir le feu sacré, être très expressive. Pourtant face à toutes les choses incroyables qu'elle vit (voyage dans le temps, attaque guerrière etc....) lorsqu'elle se révolte contre les horreurs (non, ne coupez pas la main de ce gamin qui a volé du pain, non ne violez pas cette gamine) l'actrice offre toujours le même visage fermé et inexpressif. Elle se tient très droite, dans la retenue. C'est parce qu'elle est censée incarner la pudeur anglaise ? Le feu sous la glace ? 
Non, il faut se rendre à l'évidence : elle joue mal. Je n'ai pas cru une seconde aux prétendus sentiments qui sont censés la traverser, et cette porte de prison glaciale ne m'a suscité aucune sympathie. 

outlander pierre qui roule.jpgA la fin du premier et déjà long épisode, elle est enfin projetée dans le passé après avoir assisté en cachette à une cérémonie étrange, où des sorcières prêtresses en chemise de nuit robe blanche font une farandole cérémonie druidique autour de gros cailloux dolmens. Les femmes sont filmées au ralenti, avec les reflets du soleil couchant dans leurs cheveux au vent. C'est d'un kitsch, d'un ridicule.... L'héroïne touche une pierre et pouf, elle se retrouve en 1750, comme c'est pratique. Je vais tripoter les murs de l'Olympia pour voir si je revis le concert des Beatles de 1964, ou les murs de ma banque si jamais je me retrouve dans le coffre-fort rempli de billets.

L'héroïne elle, est propulsée dans une forêt 200 ans en arrière, en pleine bataille entre Anglais et Ecossais. Elle voit l'ancêtre de son mari, qui est son sosie parfait, joué par le même acteur. Je ne ressemble déjà pas du tout à mon frère, alors être la réincarnation trait pour trait d'un ancêtre qui a 200 ans... Que fait le gars quand il rencontre une femme dans un bois ? Bah il la retourne direct et tente de la violer.
Ah d'accord. Je croyais que c'était une série romantique, et là elle croit voir son époux adoré qui lui fait une caméra cachée, mais il la brutalise ? Ca ne fait pas fantasmer, ce n'est pas érotique, c'est pervers. Une tentative de viol, et par celui qui est le sosie de l'homme qu'elle aime. D'une rare perversion.
Et ça ne s'arrête pas là... à chaque épisode, son viol. Pour que le héros ait la vie sauve, sa petite soeur se laisse violer. Le bourreau dénude la pauvre fille devant son aîné et l'oblige à regarder. Tout est filmé du point de vue du mec qui raconte cette histoire, avec des gros plans sur son visage indigné (on voit à peine la gueule de la fille, juste ses seins, elle n'est qu'un objet) comme si au final, c'est le mec qui souffrait le plus.

outlander et que je te fouette encore.jpgComment une femme saine d'esprit peut-elle fantasmer devant des actes aussi ignobles et sordides ? J'avais lu que certaines complexées qui n'assument pas leurs envies trompent ainsi leur conscience "c'est pas moi qui aime ces choses que je juge dégoûtantes, on me force" et cette fameuse fille qui adore cette série était justement très coincée, à réprouver des pratiques anodines qu'elle jugeait dégradantes (son mec devait se contenter du peu que le frigo voulait bien lui céder). En lisant les avis négatifs des spectateurs sur Allociné, je découvre que la suite est encore plus immonde : "à vomir". Tortures, viols, chantage contre des homosexuels, etc. J'ai zappé des passages (l'épisode 6 où l'héroïne se fait tabasser pendant 25 minutes) car se délecter de la violence gratuite (le pauvre gosse dont on veut couper la main pour un vol de pain et dont on cloue l'oreille au pilori), ce n'est pas possible. Certaines téléspectatrices écrivent qu'elles ont été traumatisées en faisant des cauchemars. (J'en ai fait aussi). Une actrice de la série dénonce elle aussi les scènes de "violences sexuelles honteuses". 
Le blog déjeuner sous la pluie partage mon avis (l'héroïne, "coquille vide" qui reste passive face aux brutalités) Le livre est décrit comme encore pire que la série, avec un extrait ahurissant.

J'ai tapé sur internet "extraits ridicules de Outlander" et je suis tombée sur cet article, qui recense les scènes les plus marquantes. J'apprends qu'à la fin de la saison 1, le prince charmant bat sa femme à coups de ceinture mais qu'elle lui pardonne, et qu'il se fait violer sur deux épisodes entiers. Je redécouvre aussi les dialogues niais. L'article ne semble pas écrit sur un ton parodique, à ma grande consternation. Lisez-le pour vous faire une idée.

Au sadisme, la série mêle la bluette pour midinettes. Symbole de cette dichotomie, le corps du prince charmant, constamment montré : côté face, un torse tellement musclé que ça en est ridicule : on a l'impression "qu'il a été photoshoppé" comme dit Emma Stone de Ryan Gosling dans Crazy stupid love. Coté pile, un dos couvert de traces de fouet, si profondes qu'elles sont difficiles à regarder, car on imagine la souffrance que le gars a dû endurer.  

Pour finir sur un ton léger, abordons l'histoire d'amour d'Outlander, car elle vaut le quart d'heure... 
à suivre....