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26/06/2010

Les voisins, mes futurs copains (suite)

chat appart.jpgSouvenez vous… l’appart d’à côté s’est libéré. J’ai tenté de faire fuir les voisins potentiels. Malgré tout, un jeune couple s’est installé, mais j’ai pensé qu’il devait être sympa, puisque possédant un paillasson représentant des chats. Je comptais entamer les relations de bons voisinages en parlant de paillasson, justement.
Vous pensiez que je plaisantais ? Eh bien non…

Tous les soirs en rentrant, je voyais leur paillasson et la question cruciale me taraudait : « Ont-ils un chat ou non ? » L’occasion d’y répondre est enfin arrivée.
C’était le 31 mai (oui, ça date, mais vous savez que je suis longue à la détente). Je rentrais du sport, j’étais crevée, j’avais dormi 2 heures la nuit précédente. J’étais pourtant guillerette, car j’avais survécu à une nuit atroce et surmonté la fatigue.
Bref, j’avais plein d’excuses pour ce qui va suivre…

Je rentre dans le hall d’immeuble. Je vois enfin la voisine. Je ne lui ai jamais parlé mais je l’ai aperçue de loin. En temps normal, je l’aurais juste salué, mais là, j’ose l’aborder :
« Ah bonjour ! Vous êtes la nouvelle voisine, non ?
La fille est interloquée puisqu’elle ne m’a jamais vu de sa vie : « euh… oui… »

Sentant qu’elle n’est pas disposée à parler, j’aurai dû fuir tant qu’il en était encore temps.  Mais je déduis que c’est un peu con puisqu’elle va me suivre sur notre palier commun. Je reste donc pour lui tenir la porte. Sauf que, certainement décidée à me semer, la fille ouvre lentement sa boîte aux lettres et décortique son courrier. Un silence gêné s’installe. Elle, pensant sans doute « mais elle va pas se casser celle-là » et moi me sentant ridicule à faire bêtement le portier.
La fille passe enfin la porte, et je la suis dans l’escalier. Le silence est tellement long et pesant que j’ai l’impression de monter les 1665 marches de la tour Eiffel. (J’ai vérifié le nombre)

Arrivée devant son appart, la fille se tourne vers moi pour me dire au revoir. Elle ne sait pas que je suis sa voisine directe, et ne comprend donc pas pourquoi je m’arrête aussi. Je farfouille longuement dans mon sac pour prendre mes clés. Vu son air inquiet, la voisine semble croire que je cherche un flingue pour la braquer (au secours, une folle veut s’introduire chez moi !) Vous avez remarqué que, plus on est pressé ou stressé, plus les affaires ont tendance à se perdre au fond du sac ?

Je me décide à rompre ce silence ridicule. En général, quand je suis gênée, je m’enfonce encore plus en faisant de l’humour à deux francs ou en sortant des bulles.
Je trouve donc le moment fort opportun pour enfin aborder la question qui nous turlupine tous depuis deux mois :
Je montre le paillasson et demande : « vous avez un chat ?
La fille : - Hein ?
Moi : - euh… (petite voix de la gamine disant une connerie) Vous avez un chat ? Non parce que avec votre paillasson, je me disais…
La fille enlève ses écouteurs (je ne les avais pas remarqués) : - quoi ? Ah ! Si j’ai un chat ! Non, c’est trop petit ici.

Contente de trouver enfin un terrain d’entente, je pars pour une longue conversation :
Moi : - oui ! c’est quand même dommage…j’aimerais tellement avoir un  chat…
Fille : - j’en avais un, mais je l’ai laissé chez ma mère
Moi : oh, c’est triste, le pauvre…

chat où est charlie.jpgLa voisine me regarde curieusement, de biais... Je ne fais pas attention et continue sur ma lancée :
« J’ai gardé un chat pendant 15 jours, et c’est vrai qu’au bout d’un moment il essayait de s’enfuir… sinon, il grimpait sur toutes les étagères, on peut dire que ça lui faisait le double de surface, hihi ! »
Je montre un meuble du doigt pour illustrer mes propos.  (voir photo : un chat est caché dans cette image. Saurez-vous le retrouver ?)

La voisine me regarde toujours étrangement, l’air de ne pas comprendre. Elle n’a rien dû entendre puisqu’elle avait remis ses écouteurs.. elle les ôte encore, d’un air résigné mais poli,constatant que je suis décidée à lui tenir la jambe:
Moi : « c’était dur quand il a fallu rendre le chat… snif…on s’y attache vite ! »

La fille m’observe encore plus bizarrement, en reculant un peu, comme on regarde les fous ou les chiens dangereux (il faut soutenir leur regard sinon ils attaquent ! Puis on fuit lentement, à reculons, l’air de rien…)
Remarquant enfin que la voisine semble me trouver anormale, je suis gênée et termine la conversation abruptement :
« Euh… bon, ben voilà… bonsoir hein ! » et je referme la porte un peu vite peut-être…

Après cette première rencontre catastrophique, j’essaie de trouver des excuses :
« Non, mais quoi, c’est tout à fait normal de vouloir parler à ses voisins… C’est bien les Parisiens, ça, ils sont froids… je ne vois pas ce que j’ai fait de bizarre, parler de chats, ça rentrait naturellement dans la conversation… »
Tout en cogitant, je continue à renifler et essuyer les larmes qui coulent sur mon visage. Et là, ça fait tilt. Je me précipite vers le miroir.

J’ai la gueule d’une dépressive au bord du suicide : les yeux rouges et bouffis, de grosses larmes qui dégoulinent jusqu’au menton, le nez en patate et qui coule… J’y suis tellement habituée que je n’y fais plus attention : mon allergie au pollen. Je renifle, me mouche, sèche les pleurs sans m’en rendre compte.
Avec mon discours, la fille a dû croire que je chialais parce que je n’ai pas de chat.
Une heure après, on a sonné à la porte. Ca n’arrive jamais. (Je n’ai pas pu répondre, je dormais). Peut-être que c’était la voisine qui vérifiait si je n’avais pas ouvert le gaz pour faire sauter l’immeuble. Elle voulait peut-être me conseiller un bon psychiatre ou un antidépresseur.

La prochaine fois que je la croise, cette fois, je pars en courant pour me cacher.
Je crois que finalement, on ne sera pas copains avec les voisins.
Et vous, vos relations de voisinage ?
Vous avez trouvé Charlie le chat dans la photo ?
(en plus, le chat porte réellement ce nom ! J'ai joué à "où est Charlie" pendant 15 jours quand je l'ai gardé)