26/02/2018
Série coup de cœur : The knick
Cette excellente série de Steven Soderbergh relate la vie d'un hôpital en 1900. A part la comique Scrubs, je n'ai pas regardé de séries en milieu hospitalier, comme Urgences ou Grey's anatomy, car j'ai de mauvais souvenirs de l’hôpital ( = mouroir pour vieux). Je craignais d'être mal à l'aise avec les maladies, le sang, la mort. Mais vu le casting (Clive Owen♥, acteur des Fils de l'homme, et Steven Soderbergh, réalisateur de Traffic et Ocean's eleven) je me suis laissée tenter.
Le premier quart d'heure met directement dans l'ambiance : un médecin joue sa réputation en testant une nouvelle technique, en opérant devant ses pairs une femme enceinte : l'opération échoue, la femme et son bébé meurent, le sang gicle de partout et j'ai failli rendre mon cacao. Mais la réalisation est si intense et le propos si passionnant que je suis restée devant l'écran. On voit l'incroyable évolution de la médecine en un siècle : "on va être révolutionnaire, on installe l'électricité dans l'hôpital ! Bon ok on sait pas encore trop comment ça fonctionne et on a fait cramer un patient..." "Cet homme est cocaïnomane ? Nous venons justement de découvrir une nouvelle substance qui va le désintoxiquer en moins de deux : l'héroïne !" "nous venons d'inventer une machine incroyable pour voir à l'intérieur du corps humain ! On appelle ça des radios ! Et justement les rayons X sont extrêmement bénéfiques pour le corps !"
Ici, pas de manichéisme, pas de gnangnan (le beau docteur toujours propre et poli va t-il épouser l'infirmière ?) Le héros est un médecin cocaïnomane et irascible, qui dévergonde la jeune infirmière innocente. Mais cette dernière n'est pas si naïve et en profite pour gravir les échelons... La seule vraie histoire d'amour se déroule entre une femme aisée, bienveillante donatrice de l’hôpital, et le fils de son domestique, à qui elle a permis de faire des études et de devenir un brillant médecin. Mais comme il est Noir, on lui refuse le droit d'exercer, et comme il est issu d'une famille pauvre, l'histoire d'amour est impossible, la femme doit se plier aux convenances de son rang. La série traite également de l'avortement illégal à l'époque et pratiqué par... une religieuse : elle aide les femmes, souvent prostituées, en leur distribuant des préservatifs.
Les dirigeants de l’hôpital et les médecins doivent ruser pour trouver des subventions ou monter en grade. La série est cynique et très réaliste, elle reflète son époque et interroge la nôtre : si la médecine a progressé, les mentalités (racisme, avortement, préjugés, corruption, ambition démesurée) beaucoup moins...
La deuxième saison se termine abruptement sur un cliffhanger intenable et la troisième saison a été... annulée ! Soderbergh l'explique ainsi : "elle devait se dérouler en 1947 et être tournée en noir et blanc anamorphique. il est possible que cette idée ait contribué au non renouvellement de la série". M'enfin !
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19/02/2018
Série coup de cœur : En analyse
A chaque épisode, un psy (Gabriel Byrne) fait face à un patient. Un dialogue, des questions existentielles. Toujours le même décor vieillot d'un cabinet de médecin. En huis clos, la caméra bouge peu, des champs contre champs, des gros plans. Les personnages restent assis sur leurs fauteuils. Seules scènes d'action : parfois ils se lèvent pour se faire un café. Suspense insoutenable : vont-ils prendre du sucre ou pas ? Un jour le héros a fait tomber sa tasse: je ne m'attendais pas à un rebondissement (cas de le dire) et à une telle scène d'horreur (un si joli pull taché !) j'ai fait un bond de deux mètres.
Je connaissais la réputation de la série, qui date de dix ans, mais je n'avais pas voulu me lancer jusque-là, peur que ce soit ronflant. Eh bien pas du tout : c'est passionnant et intense, et d'une grande finesse. Chaque épisode se consacre à un patient, que l'on revoit tous les cinq épisodes. J'avais hâte de connaître la suite et j'enchaînais pendant des heures. Une saison contient 45 épisodes de 25 minutes, et on a vraiment l'impression de s'immerger dans d'autres vies, à tel point que je n'ai pas pu encore regarder la saison 2, avec de nouveaux personnages, car je m'étais trop attachée aux premiers.
On suit par exemple Laura, le rendez-vous du lundi matin, dont on comprend au fil des séances que pour se sentir aimer et exister, elle a besoin de plaire et séduire tout le monde, dont son psy... Résistera t-il au transfert et à la drague insistante de sa patiente ? On suit aussi un couple qui ne cesse de se disputer et on en découvre peu à peu les vraies raisons complexes et profondes. Tout le monde peut s'y identifier : les problèmes de communication et leurs malentendus, les attentes trop élevées, croire que l'autre réagit forcément comme nous et devine ce que l'on pense et ressent...
Le psy traite également un pilote d'avion de chasse très narcissique et prétentieux, obligé par sa hiérarchie de consulter après avoir bombardé par erreur une école en Irak. Pour lui il n'a pas de séquelles car il est un dur, mais il dévoile peu à peu ses failles, et on finit par s'attacher à cet homme peu aimable de prime abord.
La série pose aussi ces questions : peut-on soigner et écouter quelqu'un que l'on n'apprécie pas, auquel on ne peut s'identifier ? Et au contraire, peut-on réussir à garder ses distances, ne pas se laisser submerger par les émotions à force d'entendre des gens malheureux ? Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Le héros a bien du mal à s'appliquer à lui-même l'écoute et les conseils qu'il prodigue. Son couple bat de l'aile et il doit lui-même voir un psy, où il se révèle sous un autre jour.
En analyse montre comment le patient se mure derrière une langue de bois, une fanfaronnade, comment le psy (et le spectateur) devine qu'il cache quelque chose, comment il l'amène à se confier sans le brusquer...
Je parlais toute seule à mon ordi pour poser les questions à la place du psy, mais à la manière d'un commentateur de match de foot :
"Nan mais j'y crois pas, tu dragues ton psy là ?"
"C'est ça essaie de nous faire croire que tu t'en fous !"
" Ouais en gros t'es anorexique quoi"
"Putain mais comment tu laisses ta nana te parler comme ça ? Mais quelle grognasse ! Pourquoi tu rampes à ses pieds alors qu'elle te traite comme un chien ? Mais quitte-là !"
"Bon c'est quoi ton problème ? T'arrêtes de tourner autour du pot ?"
Tact, diplomatie, finesse... Je ferais une super psy, j'en suis sûre.
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12/02/2018
Série à voir : Le bureau des légendes
Oui, les Français sont capables de faire de bonnes séries ! La preuve avec cette immersion au sein de la DGSE, dans Le bureau des légendes. On y forme les espions à envoyer dans d'autres pays sous une fausse identité, afin de récolter des renseignements et recruter des personnes sur place. On suit dans la première saison la préparation d'une nouvelle recrue, Sara Giraudeau, fille de, qui a les mêmes yeux que son père, joue très bien mais possède une insupportable voix suraiguë de petite fille et le physique d'une planche à pain. Personne ne se douterait que cette jeune femme fragile et naïve berne tout le monde.
Sa formation est fascinante, réaliste, comme le confirme le film de Frédéric Schoendoerffer, Les guerriers de l'ombre, sur les "clandestins" comme elle : le test du film Spy game avec Brad Pitt, repris dans la série, est réellement un exercice qu'on donne au novice : montrer une fenêtre d'un immeuble et lui demander d'y apparaître en moins de 15 minutes.
Le bureau des légendes révèle les problèmes d'identité qui se posent à l'espion lorsqu'il reste trop longtemps dans son rôle, dans un pays loin de ses proches, dont il cache l'existence. A force de convaincre tout le monde qu'il est un homme d'affaires célibataire, l'agent secret marié deux enfants finit par le croire. Beaucoup d'espions divorcent, une vie de famille est incompatible avec un éloignement de plusieurs mois sans possibilité de contact, et au retour, l'obligation de cacher son réel emploi :
"Salut chérie, je reviens de mon projet de planter des choux dans le désert, désolé, pas eu le temps d'appeler !
- T'étais où encore ? Chez une grognasse, c'est ça hein ?
- Mais non ma biche je te jure ! En fait j'avoue tout, j'étais en mission ultra secrète, je suis agent secret comme James Bond !
- C'est ça oui, prend moi pour une cruche !"
L'espion ne peut même pas briller en société en racontant ses aventures. Pour passer inaperçu et éviter les questions, il fait croire à ses amis qu'il exerce un métier inintéressant et rébarbatif. Tout le monde le prend pour le brave pépère fonctionnaire, comme Thierry Lhermitte dans La totale de Claude Zidi (ou son remake par James Cameron, True Lies avec Schwarzenegger.)
Pour soutirer des informations, certains agents sont parfois contraints d'user de leurs charmes et payer de leur personne... Car pour rencontrer monsieur Li, il vaut mieux avoir une bonne couverture, sinon il serait dans de beaux draps.
L'agent finit aussi par s'attacher à ceux dont ils soutirent des infos, parfois à leur insu, et un problème de conscience se pose lorsque ceux-ci sont démasqués et tués :
"alors comme ça t'as donné le secret de la centrale atomique à James Bond ?
- Mais pas du tout, c'est Gérard mon collègue planteur de choux...
- Tu n'es pas seulement un lâche, tu es un traître, comme ta petite taille le laissait deviner !
- Mais madame je vous jure !"
L'espion peut aussi tomber amoureux, ce qui est formellement interdit car compromet sa mission. C'est ce qui arrive dans Le bureau des légendes à Malotru (Mathieu Kassovitz). Puisqu’il ment et ne peut pas rester dans le pays infiltré, une histoire d'amour est impossible (on se demande aussi ce qu'il peut bien trouver à ce glaçon de Nadia el mansour, mais barre-toi mec).
Les enjeux des agents secrets sont formidablement retranscrits dans la série, surtout à travers le rôle incarné par Matthieu Kassovitz. Si ses grands yeux innocents convenaient parfaitement à son personnage romantique et timide d'Amélie Poulain, et à son rôle de poltron se rêvant glorieux résistant dans le très bon film de Jacques Audiard Un héros très discret, je trouve qu'il ne convient pas au personnage d'espion qui porte l'avenir de la France sur ses frêles épaules. Tous les autres acteurs sont formidables, à commencer par les rôles féminins. La quatrième saison verra l'arrivée des yeux de psychopathe et la voix grinçante de Matthieu Amalric, j'ai peur (rendez-nous Darroussin!)
A suivre : Engrenages
19:39 Publié dans Je suis culturée, On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : séries à voir | | Facebook
08/02/2018
Série à voir : Narcos
La traque par des agents de la DEA du plus célèbre narco trafiquant, Pablo Escobar. Sa vie est incroyable : né dans une hutte sans eau ni électricité dans une famille de 7 enfants, il devient l'un des hommes les plus riches du monde grâce au trafic de cocaïne. Sa fortune est estimée à 54 milliards de dollars, avec des dizaines de villa de luxe, un zoo, 1700 employés... Le strict nécessaire quoi. Il vise toujours plus haut :
« Vendre en Colombie ? Non, ciblons plutôt les Etats-Unis ! » ( 80 % de la cocaïne consommée en Amérique est fournie par Escobar).
« C’est sympa d’avoir du pouvoir, si je devenais président de la république ? Je vais me débarrasser de mon rival, ce sera encore plus facile. Je mets une bombe dans l’avion qu’il prend. Bon, il n’est pas monté dedans finalement et ya eu 100 morts pour rien. Mais fallait pas m’embêter aussi ! Quoi, vous voulez me foutre en taule, vous avez des preuves ? Eh ben na, je fais sauter le parlement où elles sont stockées. Vous n’êtes pas contents ? Je mets des bombes partout, dans les magasins, devant les écoles, je tue au hasard. Vous avez enfin des témoignages contre moi, vous pouvez me mettre en prison ? Ok, mais je la construis moi-même, et je m’enferme dedans avec tous mes copains, un terrain de foot, un jacuzzi, des putes et fiesta à volonté. Quoi ça ne vous plaît toujours pas ? Ben si c’est comme ça, je me casse, je m’évade, venez me trouver ! »
La série montre les paradoxes d'Escobar, capable de tuer froidement des centaines de personnes, mais qui chouchoute ses enfants et proches (comme le raconte dans cette interview son fils, il fait livrer des fleurs et des chocolats de Suisse à sa femme par jet privé. Une bonne idée toute simple à soumettre à votre conjoint pour la saint Valentin). Cet assassin est pourtant adulé par une partie de la population, car sa fortune lui a permis de créer des hôpitaux, des écoles et de donner du travail aux plus pauvres à travers son trafic de drogue.
Narcos, encore une preuve que la réalité dépasse la fiction. A voir, et en attendant, écoutez ici la musique du générique.
A suivre : Le bureau des légendes
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