30/06/2021
Les documentaires portraits et enquêtes
- Sophie Scholl, ces femmes qui ont fait l'histoire, Arte
Symbole de la résistance allemande, portrait de cette lycéenne brillante, qui avec son frère et d'autres amis a constitué le mouvement de la rose blanche et distribuait des tracts dénonçant la barbarie nazie. Elle et ses compagnons seront fusillés pour l'exemple, à l'âge de 21 ans. Les extraits de ses lettres m'ont donné envie de lire l'ouvrage qui les recueille.
- François Mitterrand et Anne Pingeot, fragments d'une passion amoureuse, La case du siècle, France.tv
Il l'a aimée en secret pendant 34 ans. François Mitterrand a écrit plus de 1 200 lettres à la mère de Mazarine, parfois plusieurs par jour, dont voici des extraits ici.
J'ai apprécié lire la correspondance de Napoléon à Joséphine, mais j'ai été gênée de découvrir celle-ci, peut-être parce que les auteurs nous sont encore proches dans le temps... J'ai trouvé le procédé un peu racoleur et gênant. Je n'aimerais pas qu'on lise mes messages intimes ! J'ai néanmoins découvert l'ancien président sous un nouveau jour : quelle fleur bleue ! Difficile d'imaginer que cet amoureux transi et presque naïf ait pu se concentrer sur sa tâche présidentielle en même temps !
- Sugar man de Malik Bendjelloul
L’incroyable histoire vraie d'un musicien dont les albums ont fait des flops en Amérique. Fauché, il est contraint de vivre de petits boulots. Pourtant, son talent est indéniable et sa voix éraillée, ses chansons à texte réalistes et poétiques rappellent voire surpassent Bob Dylan. Jusqu'à ce que 30 ans plus tard, on découvre qu'il est une immense star en Afrique du Sud, plus célèbre que les Rolling Stones... Une enquête pleine d'émotions et d'espoir, avec un artiste à la personnalité hors normes, humain, simple et philosophe.
- Les fils de Sam, en 4 épisodes sur Netflix
Panique à New-York en 1976 : pendant un an, des amoureux sont tués au hasard dans les rues. Le serial killer célèbre, le fils de Sam, est incarcéré. Mais cette série documentaire estime qu'il n’aurait pas agi seul mais avec l'aide d'une secte satanique, et les preuves sont troublantes... Une enquête intéressante, mais qui comporte le défaut de nombreuses séries documentaires Netflix : elle aurait pu être condensée en 2 ou 3 épisodes, inutile d'interviewer différentes personnes qui répètent toutes la même chose...
- Hollywood maudit : la porte du paradis, OCS
Un tournage désastreux emblématique qui a coulé la société United artist (de Chaplin), qu'on m'a enseigné à la fac de cinéma comme cas d'école.
16:29 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaire | | Facebook
28/06/2021
Nos données personnelles valent de l'or : les documentaires société
- Nos données personnelles valent de l'or, Cash investigation, en lien.
Big brother is watching you ! Pour ma part, depuis le rachat de whatsapp par facebook, j'ai constaté que les publicités s'insérant sur mon fil d'actu concernaient des sujets que je n'évoque jamais sur facebook, mais par messages whatsapp à mes amis...
Vos téléphones vous espionnent et collectent des données très personnelles sur votre religion, votre moral ou votre santé sans votre consentement. Par exemple, lorsque vous vous connectez sur des sites de santé, vous transmettez des informations qui vont être envoyées à votre insu à des entreprises appelées data brokers. C’est ainsi que vous recevez des publicités ciblées… Un marché colossal, estimé à 400 milliards d’euros en Europe.
Vous croyez qu’en éteignant votre téléphone, ou votre ordinateur, vous pourrez leur échapper ? Et bien non car ils ont un autre moyen de vous pister, votre carte vitale ! Dans la moitié des pharmacies françaises, les informations sur les médicaments que vous avez achetés sont transmises au plus gros data broker de données médicales au monde, IQVIA. Sans le savoir, 40 millions de Français seraient ainsi suivis.
- Homothérapie, conversion forcée, Arte jusqu'au 15/08 en lien.
Plongée délirante et effroyable chez des prêtres et associations sectaires qui prétendent guérir de l'homosexualité, à travers des exorcismes, des transes... Effarant.
- Travail, salaire, profit, Arte.tv, jusqu'au 19/10 en lien.
Lire mon article ici.
- Très chers colis ! Envoyé spécial, jusqu'au 10/07 en lien.
Lire mon article ici
A suivre : les documentaires portraits.
17:10 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaire, arte | | Facebook
26/06/2021
Travail, salaire, profit
Certains mots sont d’un usage si courant qu’on finit par les utiliser sans en interroger le sens. Comme celui de "travail". En français, le mot travail vient d'un instrument de torture et des douleurs de l'accouchement. En anglais, il signifie création, à partir d'un savoir-faire, ce qui pourrait se traduire en français par ouvrage, qui a donné le mot ouvrier. Dans les années 80, le mot ouvrier a été remplacé par celui d'opérateur : la notion de création a disparu.
On dit à un enfant : "tu vas bien travailler à l'école" pourtant le travail des enfants est interdit. Peut-on parler de travail pour les animaux ? On dit bien "un travail de fourmi".
Un tiers du travail s'effectue en dehors de l'entreprise : s'occuper des enfants, de la cuisine, du ménage... Pourtant ce n'est pas considéré comme un travail, tant qu'on ne reçoit pas de salaire pour le faire. Baby-sitter est un travail, mère au foyer, non. Mais quoi de plus primordial que de se nourrir et d'éduquer un enfant ?
Il est devenu normal et acceptable que le travail pour lequel on est payé soit pénible, ennuyeux voire inutile (la prolifération des bullshit jobs) tandis que le "vrai" travail qui fait sens est peu rémunéré (infirmier, assistante sociale...) voire carrément bénévole (pompier, aides dans les refuges d'animaux, de sans abris, les métiers artistiques... ) : "tu as la chance d'avoir publié un essai, une BD qui t'a rapporté la reconnaissance, la joie d'enseigner ou d'émouvoir et faire rire les autres, tu ne vas pas non plus demander d'être payé pour ça ? Non, si tu veux continuer tes films, fais-le sur ton temps libre non rémunéré et trouve un "vrai boulot" à côté !"
On ne travaille pas en priorité pour un salaire, mais pour un poste qui fait sens pour nous, on veut être reconnu ou se sentir utile. Sinon, personne ne postulerait pour des métiers éreintants et peu rémunérés comme infirmiers hospitaliers. Un ouvrier licencié dira "j'ai donné 20 ans de ma vie à cette boîte." Son travail, c'est sa vie. Les prisonniers préfèrent travailler que de rester dans leur cellule, et leur retirer leur emploi est une sanction administrative. Les gens préfèrent travailler que ne rien faire.
Malheureusement aujourd'hui, les emplois inutiles ou qui ne demandent que quelques heures de travail sur les 35 de présence, les "bullshit jobs" pullulent : des consultants payés grassement pour donner leur avis qui ne sera pas écouté, ou des cadres qui n'ont personne à encadrer, car ils ne connaissent pas la réalité du travail de leurs subalternes, qui se débrouillent seuls (ils se sont passés de leurs chefs pendant le télétravail imposé par le confinement). Des emplois administratifs superflus (désormais, surtout dans le privé, puisqu'on supprime les postes de fonctionnaires).
Ainsi, sur la vingtaine d'emplois que j'ai effectués, j'ai par exemple :
Vérifier des papiers déjà vérifiés, qui seront revérifiés derrière (je ne parle pas de documents nucléaires ultra sensibles, mais de notes de frais de 15 euros pour achats de trombones et stabilos).
Pire encore : dans un autre job, un cadre modifiait un de ses documents papiers avec un stylo : ajoutait un point, déplaçait une virgule, changeait un mot ou un chiffre. Je devais ensuite corriger cette virgule sur le même document, mais par ordinateur, puis l'imprimer, le redonner au cadre, pour qu'il le modifie à nouveau sur la version papier, qu'il me le redonne, pour que je le corrige encore sur l'ordi, que je le réimprime, que je lui redonne, qu'il le remodifie, que je recorrige.. parfois 17 fois. Tel Sisyphe portant son rocher. Pourquoi le responsable ne corrigeait-il pas lui-même son document sur son ordinateur ? Surtout que je ne comprenais pas de quoi il parlait, ces chiffres et termes techniques n'avaient pas de sens pour moi.
Et encore, ces métiers étaient inutiles, mais je travaillais continuellement : je prenais une note de frais, puis une autre, un document à modifier, puis un autre. Je voyais peu le temps passer.
A l'inverse, dans d'autres emplois, je n'avais rien à faire et je comptais les minutes jusqu'à la délivrance. Je faisais acte de présence : accueil debout devant l'entrée d'une école privée, où je devais dire bonjour à chaque parent et élève, parce que selon le directeur, faire le poireau dans le froid, c'était "plus prestigieux et respectueux" que de trôner assise dans ma loge. 20 minutes comme ça à chaque rentrée et sortie de classe, à me péter le dos et les genoux en me tortillant de douleur parce que je ne peux pas rester debout immobile, me sentir humiliée d'avoir chaque regard se poser sur moi, devoir répéter bêtement comme un perroquet "bonjour !" sans recevoir de réponse (un poteau n'est pas censé parler, les chiens lui pissent dessus). Puis rien d'autre à faire que de recevoir les éventuels appels pour les absences d'élèves et prévenir une mère que son gosse était malade pour qu'elle vienne le chercher. Le directeur m'avait interdit de téléphoner aux pères, car ce sont les épouses qui doivent s'occuper des morveux, et il n'était pas rare que les femmes me répondent énervées : "je suis en pleine réunion là, vous pouvez pas appeler son père qui est au chômage ?!!"
J'ai aussi travaillé à l’accueil d'une grande société, où je n'avais personne à accueillir, vu que les employés avaient déjà tous leur badge d'entrée pour passer le portique. J'avais la fonction de plante verte, pour le prestige de la société : "on va la poser là, ça fera joli dans le salon." De quoi l'entreprise aurait-elle eu l'air si personne n'était là pour accueillir un éventuel visiteur, si jamais il avait besoin d'aide pour appuyer sur le bouton de l'ascenseur ?
Sur le sujet actuel de la prolifération des métiers inutiles, qui entraînent dépression et aigreur, je vous conseille fortement le recueil de témoignages du regretté David Graeber : bullshit jobs.
- Travail, salaire, profit Arte.tv, jusqu'au 19/10
15:09 Publié dans On connaît le documentaire, Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, documentaires, bullshit jobs | | Facebook
23/06/2021
Très chers colis !
Le e-commerce a augmenté de 38 % en un an, à cause notamment du retour-produit, souvent gratuit.
Mais ce service a un coût... écologique : les colis peuvent parfois parcourir en camion ou en avion des milliers de kilomètres, afin d'être reconditionnés dans des centres de logistique disséminés partout en Europe, pour être remis en vente... Et réexpédiés ! Vous pensez renvoyer l'article à une adresse proche de chez vous, mais il est ensuite emporté en Pologne ou autre, car la main d'oeuvre y est moins chère et permet au pourtant multimilliardaire amazon de gagner quelques euros.... Malgré le coût catastrophique en pollution et embouteillage des camions sur les autoroutes. Quant aux produits rendus inutilisables et eux aussi renvoyés par les consommateurs, certains finissent dans des déchetteries de pays d'Europe de l’Est...
Ce reportage d'Envoyé spécial m'a sidérée : certaines personnes interrogées commandent 20 colis par semaine, et pour en renvoyer la moitié ! Je n'ai jamais rien acheté sur amazon (= le diable). Je comprends ansi mieux pourquoi mon empreinte carbone est faible (vous pouvez la calculer ici par ex) La question "combien dépensez-vous mensuellement en vêtements et électroménager" m'a étonnée : mensuellement ? tu veux dire annuellement ?? Pourquoi acheter des fringues alors que j'en ai plein mes placards au fil des années, et que les modes reviennent sans cesse (je peux ressortir des robes qui ont 20 ans par ex) ?
Sur les réseaux sociaux, je lis continuellement des gens qui se plaignent de leurs achats, qui ne correspondent pas à leur attente, défectueux, endommagés pendant le transport, qui n'ont pas été livrés. Ou pire, des gens qui se lamentent d'être pauvres. Pourtant ils continuent d'acheter des produits souvent inutiles, qu'ils doivent revendre ensuite pour récupérer un peu de sous, pour mieux acheter d'autres gadgets plus tard !
L'argument principal des achats en ligne est leur côté pratique, plus simple que de se déplacer en magasin. Pourtant : le livreur arrive parfois quand la personne est absente, et il faut aller chercher le colis à la poste (= antre de l'enfer, avec sa file d'attente interminable, ces gens qui s'impatientent et finissent immanquablement par râler et insulter la personne devant eux ou le guichetier, ce stress et ce bruit).
Pour savoir si un vêtement ou des chaussures nous conviennent, il faut les porter : on ne peut voir précisément la coupe ni la couleur exacte par photos. On doit donc souvent renvoyer l'article et retourner perdre du temps en enfer à la poste.
Ensuite, même si le produit nous convient, on se rend parfois compte qu'il est inutile, et on le revend sur d'autres réseaux, nouvelle perte de temps et déconvenues (je lis les échanges parfois lunaires entre acheteurs et vendeurs).
Sans oublier les sites frauduleux, les vols de données bancaires, et les avalanches de spams et newsletters qui suivent les achats... Mais pourquoi s'infliger ça ? Si ce n'est pour l'environnement, pour le bien-être des employés d'Amazon, faites-le au moins pour votre compte bancaire et votre santé : arrêtez d'acheter en ligne ! Pour vous en convaincre, regardez cet édifiant documentaire sur Amazon en lien.
Très chers colis ! Envoyé spécial, à voir en lien.
15:44 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : documentaire, écologie | | Facebook
22/06/2021
La fille de Ryan
1916, dans un village d'Irlande en bord de mer. Rosy est une jeune fille fantasque qui adore se promener en rêvant, ce que le curé et les habitants ne voient pas d'un bon œil. Elle s'attend à une vie aussi romanesque que les livres qu'elle dévore. Elle se marie avec le sérieux, gentil et cultivé maître d'école, de 15 ans son aîné (Robert Mitchum). Mais elle découvre vite que la vie de couple dans un village aux mentalités étriquées ne peut lui apporter ce dont elle rêve. C'est alors que des soldats anglais, les ennemis jurés de ses compatriotes Irlandais, s'établissent dans le village, avec à leur tête un beau major, traumatisé de guerre... Voir la bande-annonce en lien.
J'avais adoré La fille de Ryan à l'adolescence, et il tient toujours ses promesses aujourd'hui. Souffle épique, romanesque, comme les autres films de son réalisateur : Lawrence d’Arabie, Le pont de la rivière Kwai, Docteur Jivago... Pourtant à sa sortie, ce film sublime a été éreinté par la critique !
L'héroïne fait penser à Madame Bovary, femme passionnée souhaitant se libérer des carcans. Elle est sublimée par les décors absolument splendides de l'Irlande, la photo et la mise en scène. Chaque image est un tableau parfaitement agencé, une explosion de couleurs qui rappelle les impressionnistes immortalisant la côte bretonne. Rosy se promenant avec son ombrelle évoque La femme à l'ombrelle de Monet. Le décor appuie les pensées des personnages : la mer ensoleillée et infinie, les falaises qui les surplombent que l'héroïne gravit, représentent la grandeur de ses rêves. Les délicates fleurs de lys symbolisent son innocence et son amour naissant... Rosy est écrasée par la nature immense comme par le poids des traditions, menacée par la tempête comme par sa passion interdite... La mise en scène et les décors montrent à merveille les débordements de la passion. La scène d'amour cachée dans la forêt, entrecoupée de détails symboliques de la nature, est saisissante d'originalité et de naturel. Pourtant, à l'époque, ce parti-pris a été jugé ridicule ! "Le public va-t-il se laisser séduire par les orgasmes de pacotille et l'artisanat superficiel ?" ainsi a jugé Pauline Kael. J'ai pensé le contraire, la scène fait vrai : pas de hurlements simulés justement. On sent la journaliste aigrie et frustrée qui ne sait pas de quoi elle parle...
Malheureusement l'influence de Pauline Kael était grande. Ses critiques peu objectives, maniant les bons mots méchants et mesquins, détruisaient des réputations. Preuve de son manque de discernement : elle détestait Kubrik, surtout Orange mécanique et 2001 l'odyssée de l'espace, mais aussi Clint Eastwood et Meryl Streep ! A propos de la fille de Ryan, elle a écrit : "le vide apparaît à chaque image" alors que c'est justement tout l'inverse ! On pourrait même reprocher au film le contraire : d'être lourd de symboles. Chaque image est travaillée, arrière plan, second plan, tout à un sens !
Traumatisé par cet accueil incompréhensible pour moi, David Lean ne touchera plus une caméra pendant 15 ans... Une tragédie aussi grande que ces films : combien de chef-d’œuvre avons-nous perdus ainsi ? Aujourd’hui, la fille de Ryan a enfin obtenu son statut de film culte. Bémol pour moi : la musique de fanfare grotesque de Maurice Jarre, trop décalée et outrancière (on n'est pas dans Freaks !)
La fille de Ryan de David Lean, 1970 sur TCM cinéma
17:36 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma | | Facebook
18/06/2021
La commune, portraits d'une révolution
L'art de la propagande à travers la photographie, une bataille des images communardes et versaillaises qui nous rappellent qu’un témoignage n’est pas neutre...
En mars 1871, lorsque la Commune de Paris est proclamée, les photographes sortent pour la première fois de leurs ateliers et descendent dans la rue pour immortaliser l’histoire en marche. A l'époque, la lourdeur des appareils, la fragilité des plaques de verre et la longueur du temps de pause ne permettent pas des clichés sur le vif, comme le célèbre "mort d'un soldat républicain" de Robert Capa en 1936, qui photographie un combattant au moment où une balle l'atteint.
Pendant la commune, le sourd-muet Bruno Braquehais est considéré comme le premier photoreporteur de l’histoire. Il demande aux combattants de prendre la pose fièrement et les glorifie par ses compositions, en les montrant comme braves et courageux.
En juin, une fois la révolution terrassée, les clichés de Braquehais sont pour beaucoup censurés et interdits à la vente. La police s'en sert comme pièces à conviction pour identifier, traquer et condamner les insurgés. Le photographe qui voulait aider les communards en magnifiant leur cause, les conduit ainsi en réalité à la mort. Il meurt lui-même peu après, à 52 ans, ruiné.
A l'inverse, des photographes anti communards, tels André Disdéri et Ernest Appert, qui avaient quitté Paris au moment des émeutes et n'ont donc pas pris de photos des barricades, reviennent ensuite. Ils montrent Paris en ruine, accusant les communards d'avoir détruit la ville. Ils n'hésitent pas à prendre des clichés des fusillés et des cadavres dans leur cercueil et à les vendre, ce qui leur permet de s'enrichir considérablement, le morbide ayant toujours fait recette. Appert reconstitue même des scènes ayant ou pas existé, avec figurants et photomontage, se servant de l’impression du réel de la photographie pour bâtir une série d’images falsifiées baptisée « les crimes de la Commune ». Il se rend aussi dans les prisons pour photographier chaque communard, dans le but de les montrer affreux sales et méchants et de répugner le public. Pourtant, cela provoque l'effet inverse : il en fait des martyrs, et c'est grâce à ses nombreux portraits que les communards comme Louise Michel par exemple sont aujourd'hui célèbres.
Ainsi, le photographe communard qui voulait les aider avec ses clichés les a en réalité conduit à la mort et a été contraint de détruire ses photos, et le photographe anti insurgés qui voulait les dénoncer les a au contraire immortalisés en martyrs ! Quelle ironie du sort.
Je ne voulais pas regarder ce documentaire, ayant vu récemment cet excellent docu en lien, Les damnés de la commune et pensant ne rien apprendre de nouveau. Pourtant, si : on compte plus de fusillés en masse après les combats que de morts sur les barricades. Entre 10 et 20 000 personnes ont trouvé la mort, mais on a enterré leurs souvenirs comme leurs cadavres. J'ai ainsi découvert qu'au parc des buttes Chaumont 300 communards ont été jetés dans le lac, 800 emmurés derrière la cascade de la grande grotte. Aujourd'hui les enfants et les jeunes mariés traditionnellement pris en photo devant ce lieu ignorent son passé sordide... Seule une plaque commémore les 147 fusillés contre le mur du père Lachaise, mais le sacré cœur construit rapidement sur les cadavres "pour expier les crimes de la commune" n'en fait pas mention. Les fusillés tombaient en criant "la république ou la mort !" et c'est en hommage à un fusillé qu'a été composée la chanson l'internationale en 1871.
La commune, portraits d'une révolution, France5, la case du siècle, en lien jusqu'au 01/07
16:26 Publié dans On connaît le documentaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commune de paris, documentaire | | Facebook
16/06/2021
Antoinette dans les Cévennes
Antoinette devait profiter d'une semaine de vacances avec son amant (Benjamin Lavernhe, le marié du Sens de la fête, revoir sa danse en lien) mais ce dernier annule pour randonner à dos d'âne avec sa femme. Sans réfléchir, Antoinette part à ses trousses. A la place de son amoureux, elle rencontre Patrick, un âne récalcitrant...
En voyant la bande annonce au cinéma, j'étais circonspecte : encore une comédie française banale, sans saveur et lourde. Mais quelle bonne surprise ! Le pitch d'une simplicité désarmante est en réalité malin, tout coule de source. Dès la première scène, je suis tombée sous le charme : lors de la kermesse, l'héroïne, professeure des écoles, fait chanter une chanson un peu inappropriée à ses élèves, pour ensuite leur voler la vedette et crier à pleins poumons : amoureuse de Véronique Sanson. Elle parle en réalité d'elle et de sa situation :
Une nuit je m'endors avec lui
Mais je sais qu'on nous l'interdit
Et je sens la fièvre qui me mord
Sans que j'aie l'ombre d'un remords
Je ne veux pas qu'arrive le soleil
Quand je prends sa tête entre mes mains
Je vous jure que j'ai du chagrin
Si cet amour aura un lendemain
Quand je suis loin de lui
Je n'ai plus vraiment toute ma tête
Et je ne suis plus d'ici
Je ressens la pluie d'une autre planète
Comme Stevenson, Antoinette retrouve la paix intérieure en marchant seule : "l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage".
Un film rafraîchissant de vacances, parfait à voir en ce moment sur Mycanal.
Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, 2020
16:19 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook
15/06/2021
Bilan culture de mai
Oui je sais on est mi-juin. Mais j'étais trop occupée par ma nouvelle activité : faire un puzzle, alors que ma dernière expérience dans le domaine remonte au millénaire dernier avec un dessin Winnie l'ourson de 30 pièces. Je me suis donc fort logiquement lancée directement dans un puzzle 30 fois plus grand, un peu comme si quelqu'un qui ne connaît le sport qu'à travers les matchs de l'euro sur sa télé se lançait directement dans un marathon. Telle une poule devant un tournevis, je regarde chaque pièce une par une en me demandant ce qu'elle représente : un bout de chat ? une fleur ? Elle va à droite, à gauche ? Et la tâche n'étant pas assez facile, je suis daltonienne. J'avais réussi à regrouper des pièces de chat bleu (à moins qu'il soit noir ?) avant de me rendre compte en fait qu'elles représentaient le sol violet (marron ?) Je me retrouve actuellement coincée avec des pièces vertes et grises alors que je n'en vois pas sur le dessin. Je délaisse ainsi au bout de 3 semaines le puzzle (je tiens le bon bout : plus que... les 2 tiers) pour revenir à quelque chose que je connais un peu mieux : écrire des bilans. J'ai rédigé des critiques pour chaque film et documentaires, que je publierai plus tard, si je n'oublie pas comme souvent de le faire !
J'essaie toujours de voir ou d'écouter un documentaire par jour, mais je galérais et me concentrais tellement sur mon puzzle que je n'ai presque pas retenu ce que je regardais. Sur la trentaine de doc, je n'en retiens qu'une quinzaine :
DOCUMENTAIRES :
A voir absolument :
- La bataille de Tchernobyl à voir en lien
500 000 "liquidateurs" se sont sacrifiés pour éviter que la catastrophe de la centrale nucléaire empire et que la moitié de l'Europe soit inhabitable. Leur récompense ? une prime de 100 roubles (environ 100 euros) aucune reconnaissance de leurs nombreuses maladies qui les tuent à petit feu, enfin pour ceux qui ne sont pas morts rapidement... Effrayant.
- La commune, portraits d'une révolution, Fr5, en lien jusqu'au 01/07
L'art de la propagande à travers des photomontages anti-communards, ou à l'inverse des images magnifiant leur combat. Très instructif et toujours actuel : cette bataille des images communardes et versaillaises nous rappellent qu’un témoignage n’est pas neutre... Voir mon article ici.
- Sugarman de Malik Bendjelloul
L’incroyable histoire vraie d'un musicien dont les albums ont fait des flops en Amérique. Fauché, il est contraint de vivre de petits boulots. Pourtant, son talent est indéniable et sa voix éraillée, ses chansons à texte réalistes et poétiques rappellent voire surpassent Bob Dylan. Jusqu'à ce que 30 ans plus tard, on découvre qu'il est une immense star en Afrique du Sud, plus célèbre que les Rolling Stones... Une enquête pleine d'émotion et d'espoir, avec un artiste à la personnalité hors normes, humain, simple et philosophe.
Société :
A voir :
- Homothérapie, conversion forcée, arte jusqu'au 15/08
- Nos données personnelles valent de l'or, cash investigation jusqu'au 20/02
- Très chers colis ! envoyé spécial, jusqu'au 10/07
Pas mal :
- Travail, salaire, profit, épisode 1, travail. Arte.tv, jusqu'au 19/10
- Les fils de Sam en 4 épisodes sur Netflix
Portraits :
- Sophie Scholl, ces femmes qui ont fait l'histoire, Arte
- François Mitterrand et Anne Pingeot, fragments d'une passion amoureuse, La case du siècle, France.tv
- Hollywood maudit : la porte du paradis, OCS
Sciences et histoire :
- Retour à Tchernobyl, M6
- La guerre de Troie a bien eu lieu, France5, science grand format
- Naachtun, la cité maya oubliée, 2 épisodes
- Les ovnis envahissent l’Europe, Disney+
FILMS :
Coups de cœur :
- Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, 2020
- La fille de Ryan de David Lean, 1970
Les classiques incontournables :
- Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, 1978
Un film qui m'avait traumatisée adolescente. Aujourd'hui, me souvenant des scènes de roulettes russes et ayant vu des documentaires et images d'archives sur la guerre du Vietnam, le film est plus regardable. J'ai surtout été surprise par la longueur du mariage : une heure entière ! (sur 3 heures de film) je me demande si je n'avais pas vu une version courte auparavant.
- Papillon de Franklin J. Schaffner, 1973
Henri "Papillon" Charrière (Steve McQueen) condamné à tort pour un crime qu'il n'a pas commis, est condamné à vie au bagne de Cayenne. Il tente de s'évader à plusieurs reprises, avec l'aide d'autres malfrats (Dustin Hoffman).
Tiré d'une histoire vraie, un film culte effroyable sur les conditions dans les colonies françaises (enfermé 2 ans dans le noir, vraiment ?!) L'épisode qui m'a semblé le plus incroyable est l'escapade paradisiaque chez des Indiens recueillant Papillon, lui donnant une femme... En vérifiant, ce passage aurait été inventé ! Le film serait romancé : si Henri Charrière s'est bien évadé du bagne, il s'attribuerait en réalité les faits et évasions de plusieurs bagnards.
- Les monstres de Dino Risi, 1963
19 sketches interprétés par Vittorio Gassman♥ (Le fanfaron, Nous nous sommes tant aimés..) et Ugo Tognazzi (la cage aux folles) démontrant avec humour noir toute la bassesse humaine. Dommage que la chaîne C8 n'ait pas diffusé sa suite encore plus saisissante selon moi, Les nouveaux monstres...
Bien :
- Le vent se lève de Ken Loach, 2006
- Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret, 2020
- La vallée des loups de Jean-Michel Bertrand, 2016
- Les baronnes d'Andrea Berloff, 2019
Pas mal :
- Le canardeur de Michael Cimino, 1974
- Peppermint candy de Lee Chang-Dong, 2000
Bof :
- Le chat Potté de Chris Miller, 2011
16:17 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, documentaires, cinéma français | | Facebook